Tout savoir et tout comprendre sur l’historique, le contexte, la rivalité et la situation actuelle des deux clubs de l’agglomération rouennaise, aux antipodes l’un de l’autre et pourtant à deux doigts de fusionner l’été dernier, et appelés à s’affronter dans un derby normand très attendu, mais placé sous haute surveillance !
Par Anthony BOYER / Photos Bernard MORVAN-FCR et QRM / Photo de couverture : Philippe Le Brech
Fusion. Nom féminin. Réunion en un seul groupe de divers éléments distincts. Exemple, la fusion de deux partis politiques. Larousse aurait pu prendre un autre exemple pour cette définition, comme la fusion de deux clubs de football. Surtout quand celle-ci est… politique !
Trois ans et demi après leur dernière confrontation officielle, en coupe de France, pendant la période Covid-19, le FC Rouen et Quevilly Rouen Métropole se retrouvent, cette fois en championnat. Ce qui n’était plus arrivé depuis la saison 2012/2013, du temps de l’US Quevilly.
Au 8e tour de la coupe de France, le 13 février 2021, à Diochon, un solide et sérieux QRM en passe de retrouver la Ligue 2 et entraîné par Bruno Irles, s’était difficilement imposé 1 à 0 (but d’Andrew Jung) face à un FC Rouen alors en National 2, mais dont les prémices du renouveau étaient perceptibles, sous la houlette de David Giguel d’abord, sous celle surtout, quelques mois plus tard, de Maxime d’Ornano.
Maxime d’Ornano, faiseur de miracles
Ce dernier, déjà faiseur de miracle au Stade Briochin, qu’il avait conduit en National en 2020, allait rééditer la même performance avec le FC Rouen en mai 2023, un an et demi après son arrivée en Normandie. Un retour dans l’antichambre du monde professionnel attendu par le peuple rouennais depuis 10 ans et un depôt de bilan avait précipité la chute en Division d’Honneur.
Voilà résumé en quelques mots ce qui différencie sportivement ces deux clubs géographiquement séparés d’un peu plus de 3 kilomètres seulement si l’on se réfère à la distance Diochon – Lozai, mais que tout oppose sportivement. Quant au rapport de force, il est vite vu : Le Petit-Quevilly et ses 23 000 habitants ne fait pas le poids à côté de Rouen et de ses 115 000 habitants.
Cohabitation et colocation
Le FCR et QRM sont des voisins qui se côtoient, parfois, qui cohabitent, le plus souvent. Ce sont des colocataires qui partagent le même stade, le mythique Robert-Diochon, et les mêmes installations d’entraînement, le fameux « terrain de la ferme », objet de convoitises et de querelles pendant de longues années.
Depuis cette saison, maintenant que les deux clubs évoluent au même échelon, quand bien même l’un a le statut pro (QRM) et l’autre le statut amateur, un turn-over est opéré. Quand le FCR joue à domicile le vendredi en National, c’est lui qui s’entraîne à « La ferme » toute la semaine qui précède le match, pendant que QRM retourne chez lui, là où il a grandi, là où ses détracteurs aimeraient qu’il retourne, à Lozai, où les locaux administratifs y sont spacieux et magnifiques. Et vice versa lorsque QRM joue à domicile, il prend possession de « La ferme » toute la semaine pendant que le FCR file sur ses terrains de repli, tantôt à La petite Bouverie, à 12 kilomètres de Diochon, au nord-est de Rouen, tantôt juste à côté, à 300 mètres, au complexe Pierre Le François. Pas simple.
Le micmac des vestiaires
Pour l’occupation des vestiaires, là encore, c’est tout un micmac. Surtout le soir des matchs de National du FC Rouen, quand les deux équipes, celle qui reçoit et celle qui visite, créent des embouteillages quand elles se croisent dans le même couloir long et étroit du stade, à droite en rentrant dans le hall. Une situation née de l’attribution à QRM, au moment de sa création en 2015, du grand vestiaire à gauche pour le nouvel occupant, avec les bureaux pour le staff, ceux-là même occupés par le FCR au temps de sa splendeur !
Une situation ubuesque
Le stade, le partage des installations, les vestiaires, les couleurs, l’appellation du club, les supporters, la rivalité, la fusion, la sécurité, sont quelques-uns des dossiers chauds nés de cette situation unique dans les annales en France, au point de donner lieu à des scènes ubuesques, la plus « célèbre » d’entre elles étant la configuration du siège social des deux entités.
Au fond du parking « officiel » du stade Diochon se trouve le « bunker » qui abrita jadis le centre de formation du FCR quand il fut professionnel, ça remonte ! Aujourd’hui, le bâtiment hébergent les bureaux administratifs des deux entités, qui se regardent en chien de faïence : à gauche en rentrant, ceux de la SAS (Société par actions simplifiées) QRM, et à droite ceux de la SAS FCR. Les salariés s’ignorent le plus souvent ou se saluent courtoisement, du moins ceux qui ont envie. Les staffs se respectent. Les dirigeants aussi. Mais gare à ne pas trop « fricoter » avec le voisin de palier, cela pourrait être mal vu.
Michel Mallet, le gestionnaire
L’on pourrait, comme ça, citer d’autres exemples de cette situation intenable sur la durée, née de la création du projet Quevilly Rouen Métropole en 2015. Un projet dont l’instigateur s’appelle Michel Mallet, chef d’entreprise respecté dans l’agglomération rouennaise et loué pour ses qualités de gestionnaire : c’est simple, quand Michel Mallet, ex-membre du ComEx à la Fédération, possède un euro dans les caisses, il ne dépense généralement jamais plus de 90 centimes. Voilà pour le portrait dressé par ceux qui ont côtoyé l’ancien président de l’US Quevilly, un club amateur au palmarès long comme le bras, devenu hyper-respecté grâce à deux campagnes mémorables en coupe de France en trois ans seulement, avec une demi-finale en 2010 et surtout une finale en 2012 !
Une brèche laissée ouverte par le FCR
Ces exploits à répétition donnent des idées de grandeur et de développement à Michel Mallet : si l’US Quevilly attire 40 000 supporters venus de Normandie au Stade de France, qu’est-ce qui peut empêcher d’en attirer ne serait-ce que 4 000 (ce n’est qu’un exemple) issus de l’agglomération rouennaise pour ses matchs de championnat ? Plusieurs conditions sont nécessaires à cela : grosso modo, rallier le monde professionnel et la Ligue 2 (Quevilly a goûté à l’ancienne Division 2 de 1970 à 1972), unir les forces en présence et quitter Lozai. Au moment du lancement de QRM, en 2015, le club est en CFA, l’équivalent du N2.
La ferveur ne « s’achète » pas
En fait, Quevilly profite de la chute administrative et sportive du FC Rouen – dont les déboires financiers ne cessent de s’accumuler depuis 30 ans – pour s’engouffrer dans la brèche. Pour s’assurer le monopole. Pour prendre une place dans le coeur de la population de la douzième agglomération de France (500 000 habitants). Sauf qu’il ne parviendra jamais à prendre la place du FCR dans le coeur des supporters rouennais, mais ça, il ne le sait pas encore.
L’idée de départ est bonne. Le projet est séduisant et ambitieux. Sauf que l’on ne tire pas un trait sur l’Histoire comme ça. Sauf que le coeur et la ferveur ne « s’achètent » pas. Pas plus qu’ils ne se décrètent. Et c’est peut-être l’une des erreurs commises à ce moment-là par Michel Mallet et son consortium d’investisseurs, qui ont, dans l’esprit des fervents supporters du FCR, voulu « passer en force », en faisant fi notamment de l’histoire, du logo et des couleurs de Rouen.
Quand QRM réveille le FCR
C’est pour cela que, dès l’arrivée dans le microcosme du football amateur hexagonal de Quevilly Rouen Métropole, une appellation qui n’a jamais été acceptée dans le camp d’en face, l’accueil des supporters rouennais est hostile pour ne pas dire virulent. Sur les réseaux sociaux du FCR, les communicants, les contributeurs ou les « commentateurs » n’écrivent jamais le « vrai » nom de « l’ennemi », mais se font toujours un malin plaisir à écrire – volontairement – le terme « Quevilly » tout seul. Révélateur.
En réunissant les logos des deux clubs en un seul et même fanion, en optant pour les couleurs « Rouge et jaune » (l’US Quevilly évoluait en jaune et noir, le FCR en rouge), en s’appropriant le stade Diochon, antre des Diables Rouges, seulement « prêté » à l’USQ pour certaines affiches de coupe de France lorsque le club de Petit-Quevilly était vu d’un bon oeil et considéré comme un gentil voisin pas trop encombrant, Quevilly Rouen Métropole, QRM pour les intimes, s’attire les foudres du voisin. Pire, il réveille le camp d’en face, endormi et résigné depuis l’époque Thierry Granturco et la rétrogradation de National en DH en 2013.
Des fiançailles avant un mariage
Alors bien sûr, dans le projet QRM initial, figure la caution morale (et financière) Fabrice Tardy, le président de l’association FCR, celle-là même qui est « sauvée » par QRM lors du « rapprochement ». Car c’est bien d’un rapprochement dont il s’agit, et non pas d’une fusion. Les dirigeants parlent souvent de fiançailles avant le mariage.
La présence de Tardy, actionnaire de QRM, ne suffit pas à calmer les revendications et les velléités des supporters de Rouen, qui moquent constamment les affluences du voisin, et dont certains se rendent coupables d’actes d’incivilités – on ne compte plus le nombre de tags dans les travées du stade. Ceux-ci sont contre l’idée d’une fusion qui enverrait l’Histoire d’un monument du foot français aux oubliettes. Surtout avec un nom pareil ! Et ils sont « pour » que l’on retire la couleur jaune à Diochon…
Le volte-face de Fabrice Tardy
Mais tout ne se passe pas comme prévu. En 2017, alors que QRM vient de grimper d’une division dès sa deuxième année d’existence et qu’il est en passe d’en gravir un second d’affilée, le volte-face de Fabrice Tardy change la donne. De fusion, il n’en sera plus question… jusqu’à l’été dernier. Et dire que QRM avait déjà la bague au doigt.
Pendant sept ans, chacun roule sa bosse. Vit sa vie. Avec Manu Da Costa aux manettes (un ancien du … FCR !), resté sept saisons sur le banc, Quevilly Rouen accède rapidement en National (2016) et dans la foulée en Ligue 2 (2017) avant de redescendre aussi sec (2018).
Avec Bruno Irles, parti à Troyes à Noël 2022, il remonte encore en L2 (2021), assure deux maintiens avec Fabien Mercadal et Olivier Echouafni (2022 et 2023) mais Jean-Louis Garcia ne peut éviter la rechute (en 2024). Le FCR, pendant ce temps, comble progressivement son retard : National 3 en 2017, National 2 en 2019 puis National en 2023.
Rivaux en National, 12 ans après !
Le clou de l’histoire intervient à l’été 2024, quand QRM rejoint en National un FCR renaissant, qui a cru quant à lui pouvoir se mêler à la lutte pour l’accession en Ligue 2. On n’ose imaginer ce qu’il serait advenu si un tel scénario s’était produit. Comme lors de la saison 2012-2013, la dernière qui a vu les deux clubs s’affronter officiellement en championnat (en National déjà), il va donc y avoir un nouveau derby, ce vendredi. Le 14 décembre 2012, devant 3 789 spectateurs à Diochon, le FCR, alors entraîné par Didier Ollé Nicolle, s’était imposé 1 à 0 grâce à son buteur maison Julien Jahier face à l’USQ de Farid Fouzari.
Au match retour, le 4 mai 2013, devant 1 425 spectateurs au stade Lozai, Quevilly et Rouen faisaient match nul 1-1 (but de Rémy Dugimont à la 6e pour le FCR et égalisation d’Oussoumane Fofana à la 87e pour l’USQ). Le point commun entre ces deux derbys ? Valentin Sanson. L’actuel défenseur du FC Rouen (32 ans) était dans le camp des Jaune à l’époque. Il était même de la partie en finale de coupe de France, présent sur le banc au Stade de France avec l’USQ face à Lyon, lancé la même saison en National par un certain Régis Brouard.
Régis Brouard, du jaune au rouge
Dans un récent entretien, ici même, à la question « L’entraîneur que tu as perdu de vue et que tu aimerais revoir » Sanson avait répondu « Régis » (Brouard). Douze ans après, et même s’ils s’étaient recroisés à Diochon lorsque Bastia est venu y jouer en Ligue 2, les « vraies » retrouvailles ont donc eu lieu puisque l’ex-coach du Sporting a remplacé Maxime d’Ornano le 4 novembre dernier.
Et dire que Régis Brouard était la priorité de Michel Mallet l’été dernier lorsqu’il s’est agi de trouver un successeur à Jean-Louis Garcia et de repartir d’une feuille blanche ! C’est vrai que Brouard, qui a entraîné l’USQ de 2008 à 2012, club avec lequel il a vécu tant de belles choses – accession en National, maintien en National, demi-finale puis finale de coupe de France ! – n’a laissé que des bons souvenirs dans la maison quevillaise. Et même si la séparation avait été douloureuse – les deux hommes ont été un peu fâchés avant de se rabibocher -, l’idée de revenir 12 ans en arrière avait de la gueule, même si dans le foot, comme dans la vie en général, il n’est jamais évident de revenir à ses premières amours.
Un derby qui ne manque pas de sel
« Le Druide », comme on le surnommait à Lozai, a décliné poliment. Le retrouver aujourd’hui dans le camp d’en face, sur le banc du FC Rouen, un club hyper-populaire comme il les aime (Bastia, Red Star, Nîmes…), rajoute forcément du sel à ce derby qui n’en manque déjà pas et qui fera, contrairement à la saison 2012/2013, le plein à Diochon (guichets fermés et 8000 spectateurs attendus). La « faute » évidemment à tout ce que l’on vient de raconter et qui n’a fait qu’exacerber une rivalité nouvelle, pour ne pas dire une haine viscérale des Rouge envers les Jaune.
En octobre dernier, dans l’émission sportive du quotidien Paris Normandie, « Parlons Sport », Michel Mallet l’a dit : « On sera attentif à l’organisation du match. Ce qui me va bien, c’est que le FCR recoive à l’aller (…). On verra comment les choses se passent. Il y a eu quelques excès ces dernières saisons, à l’extérieur du stade. C’est dommageable. Ma hantise, c’est qu’il y ait un incident un jour. »
La fusion avortée cet été
N’y voyez aucune menace. Ce n’est pas le style du chef d’entreprise dont la prise de parole, en plus d’être rare, est toujours mesurée et pondérée. Sauf que là, pour une fois, Michel Mallet – qui n’a pas donné suite à notre demande d’interview – a quelque peu dérogé à sa règle : la fusion avortée cet été, la rivalité, les projets, l’avenir, l’approche du derby, les objectifs, les finances, la sécurité (1) – le derby fait l’objet d’un arrêté préfectoral – et la communication agressive et provoc’ de son homologue du FCR, Iwan Postel, les sujets n’ont pas manqué et il n’a rien éludé face aux deux journalistes « questionneurs », Victorien Lenud et Grégory Caru-Thomas.
Ces derniers ont obtenu quelques infos et parfois même des aveux, comme lorsque Michel Mallet est revenu sur la fusion « épisode II », avortée : « L’idée, c’était d’allier la ferveur populaire du FC Rouen, parce qu’il faut reconnaître l’évidence, Rouen est porteur de plus d’engouement, avec la rigueur de Quevilly. Vous savez, quand j’étais petit, j’ai vu tous les matchs du FCR en Division 1 et en Division 2 », disait-il. « La fusion, c’était le deal de départ, en 2015. Le projet avait été validé par les politiques, dont le maire de Rouen de l’époque (Yvon Robert) et par Fabrice Tardy (ex-président du FCR), qui est revenu en arrière contre toute attente. Si on veut aller au haut niveau, il ne faut qu’un seul club, ça coule de sens. Maintenant, si on veut rester en National… On peut continuer comme ça pendant longtemps, avec deux clubs… On s’est rapproché fortement pour que les planètes s’alignent. On n’est pas passé loin l’été dernier. Il y a eu des erreurs, on en a sans doute fait au départ en 2014 ou 2015. »
Des concessions… sauf sur le nouveau nom
Visiblement, le président de QRM, pourtant enclin à faire des concessions sur de nombreux sujets (numéro d’affiliation du FCR, retour aux couleurs rouges et blanches, etc.) et à revoir sa copie de départ, en a gros sur la patate. Il n’a pas digéré que l’actuel président de la Métropole, qui est aussi le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, donne un blanc-seing au duo composé du Turc Tarkan Ser et du Néerlandais Iwan Postel, respectivement fondateur et vice-président de la société turque Black Eagle, spécialisée dans l’achat et la vente de jets privés, pour la reprise du FCR.
Mallet défendait un dossier « local » porté par des chefs d’entreprises de la région : « J’aurais aimé que le maire de Rouen mette autant d’énergie pour qu’une fusion des deux clubs s’envisage avec des acteurs locaux qu’il ne l’a fait pour permettre l’arrivée d’autres personnes non issues de la région ».
Toujours au cours de cette même émission animée par Paris Normandie, Michel Mallet a reconnu avoir évolué dans sa réflexion et que le nom du futur club était un point d’achoppement, mais pas la raison de la non-fusion. L’on est donc passé tout près de voir la création d’un FC Rouen Quevilly, comme il le souhaitait, puisqu’il n’était pas enclin à retirer le mot « Quevilly ».
« Faire un FC Rouen Quevilly, c’était tout a fait envisageable. C’était répondre au sens de l’histoire, avait-il confié lors de cet entretien; c’était reconnaître à Rouen sa prédominance dans la hiérarchie, et on conservait aussi Quevilly pour tout ce qu’il a représenté dans le football normand. Quand on a joué nos campagnes en coupe de France, il y avait plein de Rouennais présents à Caen ou au Stade de France. Le FC Rouen a été fondé en 1899, Quevilly juste après, en 1902, avec chacun des beaux palmarès, l’un plutôt chez les professionnels, l’autre plutôt chez les amateurs. L’idée, c’était d’associer deux forces, d’allier la ferveur populaire de Rouen avec la rigueur de Quevilly. Pas de faire disparaître l’un ou l’autre des deux clubs. Pour moi, c’est un rendez-vous manqué. »
Le feu et la glace
Aujourd’hui, Michel Mallet ronge son frein. Et s’est résolu à repartir non pas d’une feuille blanche, parce que les fondations sont là et solides – même avec un directeur général (Arnaud Saint-André) parti au chevet des Girondins de Bordeaux avec encore quelques doigts de pied à QRM -, mais pour un ou plusieurs tours en National, avec l’objectif que QRM, l’un des dix clubs professionnels du championnat (6 millions d’euros de budget), retrouve un jour la Ligue 2.
Pendant ce temps, Iwan Postel, son homologue du FCR, se pavane sur tous les stades, multiplie les selfies avec les supporters et fait le buzz sur les réseaux sociaux où il distille les « petites phrases » et les déclarations plus provocatrices les unes que les autres. La plus célèbre ? « L’ambition, c’est minimum d’être en Ligue 2 et à moyen terme d’être en Ligue 1. Tous les deux ans, nous devons franchir un palier. Les gens vont dire que je suis fou mais j’ambitionne que le FC Rouen soit en Ligues des champions d’ici sept ans. » C’était en octobre. Et cela ne nécessite aucun commentaire. Pourtant, Postel, qui vit à l’hôtel, continue d’en faire sur sa page Facebook, comme pour justifier ses prises de position et son ton cash. On a peut-être déniché un nouveau Donald Trump, roi en matière de communication. Ce qui est certain, c’est que tout oppose les deux hommes forts, dont l’image colle parfaitement à leur club : Postel, c’est le feu, Mallet, la glace.
Iwan Postel, ce communiquant
L’on sait que cette nouvelle façon de communiquer du successeur de Charles Maarek à la tête des Diables rouges ne plaisait pas trop à Maxime d’Ornano, une personne plutôt discrète. Pas sûr que cela plaise non plus à Régis Brouard, même si avoir de l’ambition n’a jamais été une tare… sauf peut-être en France où il a toujours été mal vu de l’afficher. Question de culture, sans doute. Du moment que l’omnipotent Iwan Postel n’interfère pas dans le travail du nouveau technicien rouennais, il ne devrait pas y avoir de problème. Comme le dit l’adage, « Chacun son métier, et les moutons seront bien gardés » ! On verra aussi quelle sera sa communication après le passage du club devant la DNCG, fin décembre.
« Parfois, ça me fait sourire » a confié à ce sujet Régis Brouard sur le plateau de Kop Normandie, l’émission de BFM Normandie, le 25 novembre dernier. Ce soir-là, le nouveau coach rouennais, qui n’a jamais caché sa position au sujet d’une fusion – « Je l’ai toujours dit, même au temps de l’USQ, c’est inéluctable, il faut un seul club » – était interrogé par les consultants David Fouquet, son ancien adjoint pendant 4 ans à l’US Quevilly, et Romain Djoubri, ex-coach du FC Rouen en DH (2014-2017) et des féminines du Havre. La communication de Postel ? Brouard : « J’entends, j’écoute, on me dit… Mais moi, je ne suis concentré que sur mes objectifs, et ils sont clairs, c’est la montée dans six mois ou dans un an et demi. »
Qui veut faire un nouveau stade ?
La Ligue 2, le FC Rouen et ses 4 millions d’euros de budget annoncé – dont 630 000 euros de subvention de la Métropole Rouen Normandie, la même que celle allouée à QRM depuis cette saison (il touchait 210 000 l’an passé) – ambitionne aussi d’y accéder, comme l’a clamé Postel, et surtout de ne pas y rester. Et ce n’est pas le début de saison poussif et décevant de son équipe qui lui a coupé les ailes. Même s’il a conduit à un changement d’entraîneur.
On rappellera juste que le club n’a plus goûté à la Ligue 2 depuis la saison 2003-2004, ce qui ne lui interdit pas de rêver et d’y retourner. Cette saison ou la suivante. Après tout, et c’est Michel Mallet qui a pris cet exemple, le Paris FC était très loin au classement à la trêve lors de la fameuse saison 2016-2017 – celle qui a vu QRM accéder en L2 – avant d’effectuer une superbe phase retour et de monter (grâce à un repêchage après des barrages pourtant perdus face à Orléans). Un exemple valable pour les deux clubs, qui possèdent le même nombre de points en championnat (15), à 7 longueurs d’Orléans (2e) et à 6 de Dijon (3e et barragiste).
On rappellera aussi que le stade Diochon, certes historique et véritable monument, partagé par trois clubs (les rugbymen, relégués de Pro D2 et actuels leaders de Nationale, y évoluent également), conserve toujours ce côté vétuste qui sera forcément un frein à ses grandes ambitions, compte tenu de sa capacité et des normes – notamment de sécurité – toujours plus drastiques imposées chaque saison par la LFP. Là encore, Iwan Postel a la solution : acheter un terrain et en construire un nouveau stade, si possible un grand, à la « portée internationale », modulable, de 40 à 50 000 places, avec « une main d’oeuvre étrangère » pour aller « cinq fois plus vite ». C’est dit.
La Métropole entre en piste
De son côté, la Métropole a lancé voilà quelques mois le projet de construction d’un futur stade « à spectacle », d’une capacité de 15 000 à 25 000 places, construit à l’emplacement de l’actuel parking du Zénith et du Parc des Expositions, à 2 kilomètres de Diochon, à 8 kilomètres du centre-ville, juste à côté de l’autoroute A13 pour Paris.
Mais le projet ne se fera pas du jour au lendemain : « Ce n’est pas une affaire d’un an », a rappelé le président de la Métropole, Nicolas Mayer-Rossignol, lors d’une réunion de la Fédération des culs rouges (2), en septembre dernier, avant d’évoquer une échéance « large » à 8 ans, même si « ça sera peut-être moins », et de parler d’agrandir Diochon dans le même temps.
Place au derby, place au jeu !
Hier (mercredi), dans le quotidien Paris Normandie, le vice-président de la Métropole et chargé des sports, David Lamiray, déjà là au moment des premières discussions en 2014 autour du projet QRM, s’est montré plus précis : « Depuis 2015, la Métropole a injecté 10 millions d’euros pour la mise aux normes de Diochon (…), on lance des études à la fois sur la construction d’un nouveau stade et l’agrandissement de Diochon (…) On travaille sur les installations pour avoir un terrain (d’entraînement) supplémentaire ». L’élu métropolitain a également évoqué le volet sécuritaire autour du derby de ce vendredi en National et « une très forte appréhension des supporters de QRM et de ses dirigeants ».
Oui, parce qu’avec tout ça, on l’aurait presque oublié, il va y avoir un match de football dans un stade Diochon en ébullition entre un FC Rouen qui a opéré son redressement (2 victoires de suite depuis l’arrivée du nouvel entraîneur, 3 avec la coupe) et un QRM au profil plus « physique », qui a trouvé son rythme de croisière : 8 points pris lors des 4 derniers matchs et une qualification en coupe sur le terrain du leader de la L2, le Paris FC.
Dans ce laps de temps, QRM aurait même dû s’imposer à Aubagne (1-1) et contre Orléans (1-1) ! Quatre points de perdu pour l’équipe de David Carré, sans quoi elle figurerait logiquement dans le premier tiers du classement. Et maintenant, place à l’essentiel, le jeu !
1. La préfecture de la Seine-Maritime, qui a classé ce match « à risques », a réduit à 200 le nombre de supporters de QRM autorisés dans le stade, sur les 700 places, environ, que compte le parcage visiteurs de Diochon. Et neuf supporters du FC Rouen ont été suspendus de matchs pendant 6 mois.
2. La Fédération des culs est une association influente régie selon la loi 1901, fondée en 2013, qui regroupe des amoureux du FCR afin de peser sur l’avenir du club.
Championnat National (J14) – vendredi 6 décembre 2024, à 19h30, au stade Diochon : FC Rouen – Quevilly Rouen Métropole. Regardez le match en cliquant ici : https://ffftv.fff.fr/video/x93cyz2/j14-national-i-fc-rouen-1899-vs-qrm-en-direct-19h15
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Texte : Anthony BOYER / Twitter @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
– Photos : Bernard MORVAN / FCR et QRM
– Photo de couverture : Philippe Le Brech
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