N2 / Luc Davaillon (Poitiers) : « L’approche psychologique du sportif m’intéresse »

Après 14 ans dans la Creuse, à Guéret, l’entraîneur du Stade Poitevin a posé ses valises en 2023 dans la Vienne, et permis à sa nouvelle équipe de monter, enfin, en National 2. Sa soif d’apprendre et de progresser ne le quittent pas, celle d’aller au plus profond de l’humain, quitte à se transformer en psychologue, non plus.

Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Photos : Philippe LE BRECH (sauf mentions)

Photo Philippe Le Brech

Luc Davaillon (46 ans) n’est pas le coach le plus connu du National 2, un championnat qui a vu son niveau s’élever avec la refonte de l’an passé et la suppression d’une poule, en plus des douze descentes de National en deux saisons (2022/23 et 2023/24). Un championnat qui a aussi vu son attractivité décupler, tant auprès des joueurs que des techniciens, on le voit avec la présence de plus en plus marquante de coachs habitués aux joutes du niveau supérieur, comme Mathieu Chabert (Cannes), Bruno Irlès (Bordeaux), Alain Pochat (Bayonne), Frédéric Reculeau (La Roche-sur-Yon), Romain Revelli (Bourges), Stéphane Masala (Chambly) ou Roland Vieira (Andrézieux).

Forcément, avec des techniciens d’expérience comme eux et un marché rendu plus compliqué, notamment avec l’émergence de « jeunes » coachs, difficile de se faire une place. A moins de terminer champion de son groupe à l’étage en dessous, comme c’est le cas la plupart du temps. C’est ce qui s’est produit pour Luc Davaillon, champion de National 3 pour sa première saison au Stade Poitevin FC en 2023/2024, sa deuxième à ce niveau après sa saison à Guéret, un club où il a passé 14 ans et qu’il a fait grimper à ce même échelon.

Une progression sans précipitation

Photo Philippe Le Brech

Luc Davaillon n’est pas le plus connu des coachs, mais aspire à le devenir. Pas pour flatter son ego. Mais pour se prouver à lui-même qu’il peut aussi être celui qui vient d’en bas et qui peut réussir, comme d’autres avant lui. Jusqu’où ? Nul ne le sait. Pour l’heure, son diplôme, le DEF, ne lui permet pas de viser mieux que le N2, à moins d’accéder en Ligue 3 avec son club.

La Ligue 3, le Stade Poitevin n’en parle pas du tout. Du moins pas en ce moment. Le club de la Préfecture de la Vienne veut d’abord s’installer et avancer pas à pas, sans précipitation. Le fossé est devenu tellement structurel avec les clubs du dessus, dont la plupart vient de Ligue 2 ou de Ligue 1, qu’il est inutile de brûler les étapes. Luc Davaillon ne sait d’ailleurs pas trop ce que brûler les étapes signifie, même si sa carrière a pris un coup d’accélérateur depuis six ans et les accessions de Guéret de Régional 2 à National 3 en (2020 et 2022). Puis celle de Poitiers, donc, de N3 en N2 en 2024.

Au lendemain d’une douloureuse élimination aux tirs au but à Chauvigny au 8e tour de la coupe de France, et juste avant de recevoir (et de s’imposer 1-0 à la 90e !) face à Granville, le natif de Châtillon-sur-Indre, une petite commune située dans un triangle entre Châtellerault, Tours et Châteauroux, a raconté son parcours, évoqué son arrivée à Poitiers, dévoilé quelques-uns de ses axes de travail, son approche et sa vision.

Interview :

« J’ai toujours voulu être entraîneur-compétiteur »

Photo Philippe Le Brech

Luc, avez-vous digéré l’élimination en coupe de France, qui aurait permis de faire parler de Poitiers en 32e de finale ?
C’est une grosse déception. Une qualification aurait permis de faire rentrer un peu d’argent dans les caisses, il faut être lucide par rapport à ça. L’élimination a aussi coupé la dynamique de l’équipe, sans compter qu’un 32e aurait été très intéressant pour nous. Mais on a mal commencé ce match. On a trop laissé Chauvigny s’exprimer. On est malgré tout revenu deux fois au score et on a même pris l’avantage. Cela a été compliqué, on s’est accroché, et puis il y a eu la séance de tirs au but, et ça a tourné de leur côté : notre gardien (Théo Louis) a eu l’opportunité de nous qualifier après avoir stoppé le tir du gardien adverse, mais il a frappé sur la barre.

Aucune rancoeur vis à vis d’Alexandre Durimel, qui a manqué son tir à la fin ?
Aucune, non ! Il avait d’abord marqué dans la première séance des tirs, et puis il a raté sa tentative dans la deuxième. Bon, voilà, c’est comme ça. Quand on est monté de N3 en N2 il y a un an et demi, c’est lui qui avait marqué le penalty de la victoire à la 94e à Montlouis, chez le leader, à l’avant-dernière journée, ce qui nous avait permis de passer en tête. D’ailleurs, après l’élimination à Chauvigny, un de ses partenaires n’a pas manqué de rappeler ça, parce que ce soir-là, à Montlouis, tout le monde ne se bousculait pas pour aller tirer ce penalty à la dernière minute (rires) ! Non, vraiment, il n’y a aucune rancoeur à avoir. On est juste déçu parce qu’on n’a pas abordé le match de la meilleure des façons.

Photo Philippe Le Brech

Il paraît que vous avez fracassé une glacière à la mi-temps du match ? Il vous arrive souvent de vous mettre en colère ?
Je vois que vous êtes bien informé ! Ce n’était pas une glacière, mais une malle pour transporter les équipements ! D’ailleurs, il faut que j’aille en acheter une. J’ai demandé à Nadège, la secrétaire, où elle l’avait achetée. Elle ma dit que c’était la première fois que je me mettais dans un tel état ! On en a rigolé. Ce genre de colère, pour que cela soit utile, il faut que cela soit rare. Quelqu’un qui crie tout le temps, on ne l’entend plus. En général, je suis assez calme.

J’essaie de ne pas réagir à chaud, je parle rarement après les matchs, c’est pareil dans la victoire, où on peut vite s’emballer alors que l’on a juste gagné un match. Je préfère laisser les choses retomber et parler avec la raison plutôt qu’avec l’émotion. La vérité, c’est que j’étais très-très déçu, très-très en colère ce soir-là. Mais après le match, mon rôle était de féliciter Chauvigny et de ne pas « détruire » mes joueurs, cela n’aurait pas été intelligent.

« Je voyais l’importance de me former »

Avec l’ES Guéret. Photo Philippe LE BRECH

Parlons de vos débuts dans le foot : quand et où avez-vous commencé ?
J’ai toujours baigné dans le football. Dans ma famille, on est très impliqué dans le monde associatif. J’ai commencé à 5 ans. La commune de Châtillon-sur-Indre, où je suis né, touche presque l’Indre-et-Loire, ce qui fait que l’on était très orienté vers ce département. J’ai joué à Loches (Indre-et-Loir), où j’ai effectué mes débuts en seniors à l’âge de 16 ans et demi en Promotion d’Honneur. Je jouais avant-centre, puis 9 et demi, 10. J’ai passé deux années au lycée à Châteauroux, durant lesquelles je m’entraînais avec La Berrichonne, et le week-end, je jouais en championnat avec Loches. Je suis parti à 22 ans à Joué-lès-Tours, en CFA2, pendant deux ans et demi puis j’ai signé à Amboise, en DH, où j’ai joué pendant deux ans et demi.

En parallèle, vous avez-suivi un cursus universitaire ?
Après mon BAC ES (économie et social), j’ai fait une fac de sociologie mais ce n’était pas pour moi. En fait, je savais déjà que je voulais faire de ma passion, le football, mon métier. J’ai passé mon Brevet d’État à 21 ans et mes diplômes d’initiateur 1 et 2. Après la fac, je suis devenu responsable d’une école de foot à Chambon-sur-Indre, à côté de Loches; ça m’a confirmé que je voulais faire ça. J’ai fait un retour à la fac de sport à Orléans un peu plus tard, où j’ai passé un DEUG, et après, vers 27 ou 28 ans, je suis retourné dans la vie active. J’avais déjà bénéficié des emplois jeunes, et il fallait que je trouve un club qui puisse me financer ma formation pour le DEF à Clairefontaine. J’ai trouvé un poste dans un petit club de Première division de district, dans la Creuse, à Dun-le-Panestel, à l’Entente Sportive Dun-Naillat. J’ai privilégié cette voie-là. J’ai pu développer le club, me lancer, tout en continuant de jouer. Avoir les rênes d’un club sur le plan technique, quelque soit le niveau, c’était une bonne expérience. Je voyais l’importance de me former. Donc c’est dans ce village de 1000 habitants que j’ai pu passer mon DEF, on est même monté en Régional !

Photo Philippe Le Brech

Ensuite, vous partez à Guéret…
Au bout de 3 ans à Dun-Naillat, sincèrement, je pense que j’avais fait le tour. Le club ne pouvait pas aller plus haut. Je voulais retrouver des joutes au moins de niveau régional. J’ai rencontré quelqu’un à Guéret, du coup, j’ai privilégié la vie privée et c’est comme ça que je me suis retrouvé au club de l’US Guéret où j ai pris l’équipe des U19. Cela m’a permis de finir la partie théorique du DEF (il avait la partie technique, Ndlr). Guéret, c’était une opportunité; à l’époque, les seniors évoluaient en DHR mais le club avait déjà joué en DH. Les deux premières années, pour compléter mon cursus de formation, je m’occupais d’une classe foot en 6e et en 5e. La classe sportive existait déjà pour les 4e et les 3e, alors j’en ai créé et développé une au lycée, et c’est là que j’ai obtenu un emploi. Avec les 19 ans PH, on est monté en DH, on a même gagné le championnat de jeunes en DH. Cela m a conforté dans mon travail.

Pendant 4 ans, j’étais au quotidien avec les jeunes du collège et du lycée. Ensuite, il y a eu un changement de présidence. C’est là que je suis passé entraîneur des seniors, en DH, alors que je jouais encore et qu’on venait de monter quelques années plus tôt. En fait, j’ai arrêté de jouer à 34 ans. Lors de mes premières saisons, on est descendu, on est monté, on est redescendu puis on est remonté, mais ce qui était intéressant, c’est que les jeunes que j’avais formés en scolaire commençaient à arriver en seniors, donc ça a valorisé mon travail.

Et c’est avec quelques-uns de ces jeunes que l’on est monté en National 3 en 2022 (le club n’avait plus évolué à ce niveau depuis la saison 1996-1997). Mais on n’avait pas trop de moyen pour rivaliser avec les autres équipes de N3, et on n’a pas existé. Lors de cette saison, paradoxalement, alors que j’entraînais pour la première fois à ce niveau, il a fallu que je trouve un travail à côté parce que les emplois associatifs avaient cessé. J’ai travaillé à l’association « Remise en jeu » de Robert Salaun : c’est une structure qui remet en selle scolairement des jeunes par le biais du sport. Au total, je suis resté 14 ans à l’ES Guéret, dont 10 à la tête de l’équipe 1 seniors. Dans ma vie privée, il y a eu une séparation, donc j’étais libre de partir.

Comment expliquer qu’une ville chef-lieu comme Guéret, même si le rugby y est roi, ne puisse pas s’installer en N3 au foot ?
Certes c’est une préfecture, mais il n’y a que 100 000 habitants dans le département, qui est le moins peuplé de France. On n’a jamais eu quelqu’un qui puisse mettre des moyens suffisants pour développer encore plus le club. Je vous le disais, on est monté en N3 avec des jeunes, et d’autres formés à Tours ou Limoges ou dans les environs, et dans l’équipe, il n’y avait que deux jeunes qui n’avaient jamais signé de licence jeunes à Guéret, ça donne une idée de la formation au club. Avoir des jeunes de la 6e à la terminale nous permettait d’avoir une structure efficace; c’est ça nous a permis de monter en N3. Quant au rugby, on a réussi à les concurrencer : on est allé jusqu’à 2000 personnes au stade pour l’accession !

« J’ai gagné sept championnats »

Le Stade Poitevin FC, version 2025-26. Photo Philippe Le Brech

La récompense de vos années à Guéret, c’est votre arrivée à Poitiers…
En 2024, Philippe Nabé, le président du Stade Poitevin, m’a appelé. Et j’ai signé 2 ans. Le projet « Poitiers » me rapprochait aussi de ma famille. C’est valorisant d’être contacté grâce à ses résultats d’entraîneur. Depuis que j’ai le DEF, j’ai gagné sept championnats. J’ai toujours eu une grande confiance en moi quand au fait de gagner des championnats. Et puis Poitiers, ça ma toujours un peu suivi. Quand on est monté en « National » avec les U19 de Guéret, il fallait gagner à Poitiers et on a gagné ! Quand j’étais à Joué-lès-Tours, on bataillait pour monter en CFA avec Poitiers déjà : on avait fini derrière eux mais on avait gagné à la Pépinière (l’ancien nom du stade Michel-Amand) ! Je n’avais que des bons ressentis.

Pourtant, dans les médias, il s’écrivait des choses sur le Stade Poitevin : on disait que le club n’allait pas bien financièrement, qu’il y avait un trou : ça ne vous a pas freiné ?
Il y avait des rumeurs, oui, mais c’était le moment pour moi de partir de la Creuse et de me lancer un nouveau challenge professionnel, quand bien même la presse évoquait des soucis financier au club. Il s’est raconté et écrit beaucoup de choses sur le club, mais je voulais montrer que j’étais capable de monter, quelque soit la division, parce que je pensais que j’en étais capable. Mais je ne me suis pas trop attardé là-dessus. Le président m’avait assuré que j’aurais un effectif pour faire un bon championnat de N3, même si on sentait bien que le club était sur un projet plus modeste que les saisons précédentes, avec trois joueurs recrutés au CA Neuville, un club qui descendait de N3 en R1, un autre de Portes Entre Deux Mers, qui descendait aussi de N3 en R1, et moi, qui descendais aussi de N3 en R1 avec Guéret. Parce que juste avant mon arrivée en 2023, le club jouait la montée et s’est retrouvé à jouer la maintien. C’est pour ça que le président ne m’a pas mis de pression. Mais dans l’équipe, il restait quand même de l’expérience avec Alexandre Durimel, Cédric Jean-Etienne, Makan Makalou, des joueurs qui avaient connu le National et le N2, ça faisait une base solide. Mon objectif, c’était qu’en février et mars, on soit à portée de fusil de la première place.

Travail psychologique et force collective

Le stade Michel-Amand de Poitiers situé à Buxerolles. Photo Philippe Le Brech

Il y a eu un travail psychologique à faire également…
Quand j’avais affronté Poitiers avec Guéret en N3, j’avais identifié des choses importantes sur le plan psychologique : on était venu jouer chez eux en début de saison, on avait fait match nul 0-0 et j’avais senti une tension chez eux quant au fait de déjà perdre des points. En arrivant à Poitiers, j’ai voulu retirer tout de suite cette tension, que j’ai également ressentie quand on perdu 1-0 à Bourges-Moulon, parce que pour jouer une montée, il faut être capable d’encaisser les coups, d’être patient. On a travaillé sur cet aspect-là, en dédramatisant les choses, en restant focus sur l’objectif de faire la meilleure saison possible en se disant que si on avait une opportunité de monter en fin de saison, il faudrait la saisir. Et comme on avait les joueurs et les capacités pour le faire, on y est parvenu. On n’avait pas ciblé Montlouis mais plutôt Tours et Vierzon qui à mon sens avaient les meilleurs effectifs de la poule, notamment Tours.

Et puis il y a eu cette avant-dernière journée à Montlouis, entre le leader et son dauphin…
Cet avant-dernier match chez eux est devenu le match de la montée. Il fallait arriver là-bas à 3 points si on voulait avoir une chance, et finalement, on y est allé avec 2 points de retard. Notre travail psychologique et notre force collective et mentale devaient nous servir pour ce match-là, et c’est ce qui s’est passé. On était sur 9 victoires d’affilée avant Montlouis, où c’était un vrai match de coupe, et puis Alexandre Durimel marque le penalty à la 94e…

« Réussir à dédramatiser le résultat »

Photo Philippe Le Brech

Concrètement, ce travail psychologique, comment l’avez-vous opéré ?
C’est un travail au quotidien avant l’entrainement, après, pendant… Il faut réussir à dédramatiser le résultat. Ce qui est important, c’est la performance. Et pour moi, le résultat ne sera que la conséquence de la performance.

Parfois, on peut faire 1-1 après avoir mené et livré un bon match comme c’est arrivé l’an passé à Châteauneuf-sur-Loire, en encaissant un but à la 87e. Il faut l’accepter, alors que nous, dans le vestiaire, on a commencé à s’engueuler. Mon travail a été dédramatiser parce que, jusqu’à la 87e, la performance était bonne. Ce n’était pas rendre service de s’en prendre à untel ou untel ou à un joueur fautif que l’on risquait de « perdre » mentalement pour les matchs d’après, tout ça parce qu’on avait pris un but. On avait même discuté de tout ça avec les joueurs sur le parking, tard le soir, au retour du match, le dimanche. En fait, il n’y a pas eu d’intervention spécifique. C’est juste un travail au quotidien sur l’environnement de l’équipe et le climat que l’on peut y mettre autour, quand on prépare et joue un championnat.

« Je n’ai jamais eu de plan de carrière »

Passer un jour le BEPF, c’est quelque chose qui vous intéresse ?
Je n’ai pas été pro, même si j’estime être un professionnel du foot, et je n’ai pas non plus entraîné plus de 5 ans au niveau national, donc pour l’heure je ne peux pas le passer mais c’est quelque chose qui m’intéresse, qui m’attire. On verra si la vie professionnelle et privée me le permettent. Je n’ai jamais cherché à me vendre et je n’ai jamais eu de plan de carrière.

Avec l’ES Guéret. Photo Philippe Le Brech

Du coup, vous continuez votre formation en quelque sorte : comment faites-vous pour toujours vous améliorer ?
J’estime que je suis en formation continue. Et puis je curieux, je m’intéresse à ce qui se passe dans les autres sports, la façon dont les athlètes sont préparés, la manière dont les coachs interagissent avec eux. Cela me permet d’enrichir mes compétences. Mon ex-compagne jouait au basket, du coup je me suis intéressé à ce sport. J’aime aussi le fonctionnement de Claude Onesta au hand.

En fait, j’aime pas mal de sports, le volley, le basket aussi, je suis souvent allé voir des matchs à Limoges, mais avec nos compétitions et nos entraînements, ce n’est pas évident d’y aller. J’aime le rugby aussi tant pour l’aspect stratégique que psychologique. Je pense que l’on a besoin de toutes les cultures sportives pour s’enrichir et s’améliorer. J’ai eu la chance d’être formé en Ligue du Centre avec des personnes très compétentes. Quand j’ai passé mon Initiateur 1er et 2e degré, mon CTD (conseiller technique départemental) en Indre-et-Loire était Patrick Pion, qui est aujourd’hui DTN adjoint (directeur technique national). J’ai toujours été intéressé par l’approche psychologique du sportif : il y a des lectures pour ça et j’ai fait mon mémoire là-dessus, lors de la remise à niveau de mon DES. C’est quelque chose dont on parle peu alors qu’elle est à mon sens une part très importante de la performance du joueur, or on parle plus de l’approche athlétique, des GPS, des datas…

« Le système que je préfère ? Le 4-3-3 »

Photo Stade Poitevin FC.

Vous sentez-vous plus une âme de formateur ou d’entraîneur ?
Je suis les deux ! Mais je suis surtout compétiteur. Le match le week-end, c’est ce qui m’intéresse. J’ai entraîné les jeunes de toutes les catégories, de 10 ans jusqu’en seniors, certains sont arrivés à l’âge de 25 ans à accéder en National 3, on a participé à des championnats de France avec le sports-études que j’ai créé à Guéret, et qui a permis de constituer notre équipe de N3 : ça, c’est mon âme de formateur. A un moment donné, j’étais formateur la semaine et compétiteur le week-end parce que je jouais avec Guéret en championnat pour gagner des matches. Dès que j’ai obtenu mon DEF, j’ai voulu prendre des seniors, quelque soit le niveau, parce que je voulais être confronté à des hommes et les gérer. En fait, j’ai toujours voulu être entraîneur-compétiteur.

Avez-vous un style de jeu préférentiel ?
J’ai utilisé plusieurs systèmes depuis le début de ma carrière mais celui que je préfère, c’est le 4-3-3 avec une pointe basse, sauf que parfois on n’a pas les joueurs pour le faire, ou alors on en a d’autres et ça nous pousse à explorer autre chose. Le 4-3-3 est une porte d’entrée vers les 30 derniers mètres et la largeur, cela permet de mettre le ballon dans la zone de finition et d’avoir des joueurs qui arrivent de derrière. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup.

« Il fallait valider le travail effectué à Guéret »

Photo Stade Poitevin FC

Est-ce que le fait de ne pas avoir été un joueur pro vous oblige à en faire encore plus, à prouver encore plus ?
La montée avec Poitiers en N2 l’an passé m’a facilité les choses. Pour avoir du crédit, c’était important d’avoir des résultats sportifs tout de suite, même si, encore une fois, le président ne m’avait pas mis de pression. Mais après Guéret, il fallait que je valide tout le travail effectué là-bas dans une autre structure, dans un club différent, beaucoup plus pro, avec des joueurs au quotidien sous son aile, avec un staff conséquent.

C’est quoi, l’objectif du Stade Poitevin, à long terme ?
C’est de faire monter Poitiers un jour au niveau professionnel. Je travaille au quotidien pour ça. On est en train de structurer les choses pour retrouver le monde pro (le Stade Poitevin a évolué en D2 une saison en 1995/1996 et aussi quatre saisons entre 1970 et 1974, Ndlr). L’an passé, pour le retour en N2, il fallait se maintenir sportivement. Cette année, intégrer la première partie de tableau peut être la seconde étape après le maintien (à la trêve, malgré un revers le week-end dernier à La Roche-sur-Yon 4-0, l’équipe de N2 est classée 7e sur 16 après 13 journées de championnat).

Avec 10 buts marqués en 13 matchs, l’attaque de Poitiers peine : seul Granville fait moins bien (9 buts). Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord, fin septembre et début octobre, on a subi deux défaites marquantes qui ont fait mal, à Avranches 4-0 et contre Bordeaux chez nous (0-3). Prendre 4-0, ça arrive, Avranches a été très bon ce jour-là, et nous plus que moyens. Donc encaisser 7 buts en 2 matchs, c’est difficile à digérer à la fois pour les joueurs et pour moi. J’ai voulu enrayer cette dynamique négative en me focalisant sur l’animation défensive et en instaurant un bloc plus compact, ce qu’on a réussi à faire, car après ces deux défaites, on n’a encaissé que 2 buts (à Saint-Malo), lors des 5 matchs qui ont suivi (entretien réalisé avant la dernière défaite 4-0 à La Roche-sur-Yon le 12 décembre). Ensuite, devant, on a eu des pépins : après la blessure de Makan Makalou, qui a eu une rupture du tendon rotulien l’an passé puis, à son retour, une rupture du tendon d’Achille, on fondait beaucoup d’espoirs sur l’arrivée d’Olivier Boissy en provenance de Bourges, mais il a un problème de santé qui va l’éloigner des terrains pendant un moment. Ansley Panelle répondait aussi à nos attentes mais il vient de se faire une déchirure en coupe après avoir eu des problèmes articulaires. Donc voilà… Tout ça fait que cela a été difficile de marquer des buts.

« Ce qui m’intéresse, c’est l’homme avant le joueur »

Photo Stade Poitevin FC

Quel type d’entraîneur êtes-vous ?
Je pense être proche des joueurs. J’aime beaucoup aller dans le vestiaire avant l’entraînement, après, pour échanger, pas que sur le foot, parce que j’aime bien connaître leur personnalité. Le parcours de joueur, c’est une chose, mais c’est réducteur : ce qui m’intéresse, c’est de connaître l’homme, son histoire de vie.

C’est comment, Poitiers, comme ville ?
C’est une ville agréable à vivre, assez « foot ». Le stade est au milieu d’un quartier. On est une porte de sortie vers le milieu rural, et on en a une autre vers Paris. C’est dynamique. Poitiers coche plein de points positifs. C’est une ville universitaire aussi. Je connais bien Tours, où j’ai passé ma jeunesse : on peut faire un parallèle : Poitiers ressemble au Tours d’il y a 25 ans, avant que cela ne se développe, et prend la même direction.

  • Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Philippe LE BRECH (sauf mentions spéciales)
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