Photo Fanch Hémery

Concarneau (National) : à quoi rêve Jacques Piriou ?

Photo Fanch Hémery

Le président des Thoniers, leaders du championnat après 12 journées, effectue un large tour d’horizon de l’actualité de son club, sans langue de bois.

Jacques Piriou, pense-t-il à la Ligue 2, le matin, en se rasant ? « Les jours où je ne me rase pas, je ne pense pas, » rigole-t-il ! Le président de l’US Concarneau pense surtout à bien s’entourer pour continuer à faire avancer son club, en tête du championnat National avec 6 points d’avance sur le 2e et le 3e. Cet été, il a prolongé – jusqu’en 2025 – son entraîneur très convoité, Stéphane Le Mignan, et il vient de recruter un directeur général (Kévin Le Brusq). Et sans vouloir tout… raser, Jacques Piriou pense aussi et surtout aux gros travaux nécessaires pour mettre le stade Guy-Piriou (du nom de son père) aux normes de la Ligue 2. Entretien.

Photo Pascal Priol

Le rendez-vous pour « 13 heures foot » avait été pris à la bonne franquette. « A la Concarnoise », comme on dit ici, du côté de la ville bleue… Au hasard d’une interview de l’attaquant Ambroise Gboho (déjà 5 buts en National sous le maillot des « Thoniers ») pour « Le Télégramme », Jacques Piriou passant par là, l’occasion a fait le larron, sans qu’il ne soit nécessaire d’insister.

Il faut dire que le président de l’US Concarneau savait où il mettait les pieds en donnant son accord puisque son grand copain et complice, Gilbert Guérin, le président de l’US Avranches, et son entraîneur, Stéphane Le Mignan, ont déjà eu les honneurs du « 13 heures » (l’attaquant Amine Boutrah aussi) !

« Né avec des chaussettes bleues »

Photo Pascal Priol

Il n’y a donc pas eu d’agenda (pourtant chargé) à consulter. Tout était dans la tête. « On fait ça la semaine prochaine ? Le mardi 15 je suis à la DNCG (budget accepté en l’état), donc le 16, ça va ? 11h ? » C’était calé en deux minutes.

Et le mercredi 16 novembre à 11h, Jacques Piriou était fidèle au rendez-vous. Bon pied (chaussettes bleues de rigueur puisqu’il est « né avec », dit-il), bon oeil : également aux couleurs de la mer par beau temps.

Et le temps est au beau fixe actuellement à l’US Concarneau. Mis à part le nuage de l’élimination prématurée au 7e tour de la Coupe de France sur le terrain du Vannes OC (N2) aux tirs au but (6-5), et les deux points perdus sur tapis vert contre Orléans, les Thoniers surfent sur une vague très porteuse en National (six victoires et deux nuls sur les huit derniers matchs).

« Porteuse » jusqu’où ? Jusqu’en Ligue 2 ? Leurs six points d’avance (un double joker de deux défaites) sur trois dauphins, Versailles et Martigues (deux promus de N2), ainsi que Dunkerque (un relégué de L2), les autorisent en tout cas à « rêver plus grand ».

Président de père en fils

A « rêver plus bleu » pour Jacques Piriou, 64 ans aux dernières vendanges, 57 licences à l’US Concarneau, qui se partage entre le club qu’il préside depuis 2003 (une interruption en 2008-09), son domaine viticole et ses restaurants à Banyuls et à Collioure, et le conseil d’administration des Chantiers Piriou, l’entreprise de construction et de réparation navales créée en 1965 à Concarneau par son père, Guy (le stade municipal où joue l’US Concarneau porte son nom car il a longtemps dirigé et présidé le club), et Michel, son oncle. Une double affaire de famille ? Pas que… Mais « Les Chantiers » et l’US Concarneau sont tellement indissociables que depuis maintenant des décennies, chez les Piriou, on est président de père en fils à bord des Thoniers.

« L’objectif a toujours été clair »

L’objectif a toujours été clair, c’est d’essayer de se maintenir pendant ces deux années qui vont être extrêmement compliquées avec ces six relégations. Pour l’instant, on s’en tient là et on verra au fur et à mesure de l’avancement de la situation s’il y a lieu de réfléchir à d’autres perspectives.

« Jusqu’au tribunal administratif » pour les deux points en moins

Photo Fanch Hémery

Si on a décidé d’aller jusqu’au bout dans cette affaire de joueur paraît-il suspendu, c’est qu’on a l’intention de récupérer quelque chose. A partir du moment où Il y a deux clubs (Concarneau et aussi Avranches, qui a perdu 4 points dans les mêmes conditions) qui ont une lecture identique sur un règlement, si on nous donne tort, ça veut dire que ce règlement n’est pas bien écrit.

A ce moment-là, il faut peut-être revoir le problème pour que ce soit plus clair pour tout le monde. La logique veut aujourd’hui que ces points soient récupérés. A Avranches comme à Concarneau, on estime qu’on était légitime à faire jouer notre joueur (Tom Lebeau à Concarneau et Victor Daguin à Avranches), qu’ils n’étaient pas suspendus. Si ça coince, on aura fait le maximum pour essayer de récupérer ces points et s’il faut aller jusqu’au tribunal administratif, on ira jusqu’au tribunal administratif.

La Coupe de France : « Quatre éliminations de suite aux tab »

Quatre éliminations de suite aux tirs au but (SC Bastia en 32es, US Montagne au 5e tour, Stade Briochin au 6e tour et le Vannes OC au 7e tour), ça commence à faire beaucoup. Cette fois, à Vannes, c’était une nouvelle grosse déception car la Coupe de France fait partie de l’ADN du club. On aurait voulu vivre encore des belles soirées de coupe, comme contre le Red Star (0-0), car ce soir là (11/11) c’était un peu un match de coupe. Mais c’est la loi du sport et il n’y a pas grand-chose à rajouter.

Le Mignan et Le Brusq : « Faire avancer le club »

Pour Stéphane Le Mignan, ma priorité à la fin de la saison dernière c’était de le faire re-signer, ce qui a été fait, et ensuite, pour Kévin Le Brusq, j’avais affiché depuis quelques temps que je cherchais un directeur général pour me seconder et orchestrer un peu mieux l’organisationnel du club et amener une certaine expérience. On y va par petites touches pour faire avancer le club.

Avranches et Gilbert Guérin : « On s’est connu en s’engueulant »

Avec Gilbert Guérin. Photo US Concarneau

Gilbert, c’est quelqu’un qui m’a tendu la main quand on est monté en National et qui m’a ouvert ses portes à Avranches, à tous points de vue, sportif et financier, pour savoir comment fonctionnait une équipe de National. Cela crée des liens d’amitié et en plus le personnage est assez atypique dans le système, on s’est créé une belle amitié à travers tout ça. Avant, on avait dû s’engueuler une fois, et c’est comme ça que l’on s’est mieux connu.

On avait eu un parcours parallèle mais Avranches est monté avant nous en National. Sur mes conseils, Gilbert a même aussi acheté une parcelle de vignes du côté de Collioure et on vinifie sa production. Là, c’est moi qui lui ait tendu la main !

La Ligue 3 : « Cette refondation est terrible pour les petits »

Pour la Ligue 3, on n’en est nulle part compte-tenu de la refondation des groupes mais on espère que ce troisième niveau professionnel va devenir naturel à partir du moment où les groupes seront à 18 équipes. Mais pour nous, les petits clubs, cette refondation est terrible car l’approche sportive de tout ça, c’est de garder les professionnels et évincer les clubs amateurs qui se retrouvent en National 2. D’où l’importance de faire les travaux pour que le stade soit au niveau des infra-structures qui seront demandées, pas loin de ce qui existe aujourd’hui en Ligue 2.

Les travaux au stade : « Ma préoccupation principale »

Que l’on monte ou pas, les travaux vont être engagés, les budgets sont décidés, avec l’état, la ville, le département et la région, donc aujourd’hui plus vite ça démarrera, mieux je me porterai et moins j’aurai d’angoisse de savoir quand ce sera terminé. Il faut reculer la petite tribune qui se trouve en face de la grande, sur les côtés ça va, et déplacer le terrain tout en gardant cet esprit du stade qui fait sa particularité et son charme. Il y a aussi différents agencements et le parking visiteur à prévoir, la vidéo-surveillance… C’est maintenant une question de planification. En cas de bonne surprise avec une montée en Ligue 2, ce serait un désastre de ne pas avoir un outil de travail opérationnel en tout début de saison prochaine ! C’est actuellement ma préoccupation principale.

L’affaire de la rumeur d’un retour de Fahd El Khoumisti : « On s’est expliqué avec Thierry Gomez (Le Mans) »

Fahd El Khoumisti, auteur de 20 buts la saison passée avec Concarneau, avait été élu meilleur joueur de National 2012-22 avant de signer au Mans. Visuel FFF

Je ne veux pas remettre une couche là-dessus mais j’ai eu Thierry Gomez, le président du Mans, au téléphone et on s’est expliqué. Le problème est réglé. Je lui ai dit que depuis que Fahd El Khoumisti est au Mans, je ne l’ai jamais eu au téléphone ou en texto, et que le coach et moi, on n’avait fait que répondre aux questions des journalistes qui se renseignaient de façon légitime en raison de la rumeur qui faisait revenir Fahd à Concarneau.

Mais j’ai précisé que le jour où il ne serait plus sous contrat au Mans, je l’accueillerai avec grand plaisir s’il le souhaite à Concarneau.

Didier Deschamps : « Tout notre soutien »

Je l’ai eu la semaine dernière (il y a maintenant deux semaines) au téléphone pour lui dire que j’étais très déçu de ne pas être dans sa liste de sélectionnés au poste de latéral gauche (ndlr : Jacques Piriou a joué jusqu’en D4 à l’USC et dans l’équipe des « Cadets de l’Ouest » avec Yvon Le Roux). Plus sérieusement, je lui ai souhaité bon courage pour la suite et assuré tout notre soutien, celui du club et de la ville (Didier Deschamps a un pied-à-terre à Concarneau).

Le match à Paris 13 ce soir : « Seul Avranches a gagné à Paris 13 »

Tous les matchs sont difficiles et notamment les déplacements, ça le sera évidemment aussi quand on ira en février-mars au Mans, à Nancy, à Versailles et à Châteauroux, ou plus tard au Red Star et ailleurs, mais là, en plus, c’est sur un synthétique et dans un environnement compliqué où FFF TV peut à peine filmer. Il n’y a que l’US Avranches de mon copain Gilbert Guérin qui a gagné à Paris 13 (0-1, le 23 septembre).

Ce soir, à 19h30, championnat National (journée 13) : Paris XIII Atletico – US Concarneau.

Lien pour voir le match : https://ffftv.fff.fr/video/6268626811001/j13-i-paris-13-atletico-us-concarneau-19h15-en-direct 

Capture d’écran D. V.

Jacques Piriou du tac au tac

« Quand il y a 4500 spectateurs à Guy-Piriou, il faut voir ça ! »

Photo Christian Rose Cornouaille photo

La plus grande émotion ?
Le quart de finale de la Coupe de France contre Guingamp à Lorient en 2015.

La pire émotion ?
Quand on avait dû attendre trois quarts d’heure, lors de la dernière journée, pour savoir si on se maintenait en CFA 2 ou si on descendait en DH (saison 2007-08)… Nous, on avait gagné contre Lorient B (3-1), mais ça dépendait d’un autre match qui se jouait à Brest (Brest B – Châteaubriant: 1-1) et qui avait commencé avec du retard.

Le plus beau stade au monde ?
Le plus mythique: le Maracana devant lequel je suis passé et le Camp Nou, c’est plus près, et là j’y suis allé plusieurs fois.

Avec Stéphane Le Mignan. Photo Fanch Hémrey.

Le plus beau stade en National ?
J’aime beaucoup celui d’Orléans car il est resté à taille humaine et il est bien foutu.

Le meilleur entraîneur de l’US Concarneau ?
Stéphane Le Mignan.

L’entraîneur que tu ne reprendrais pas ?
Je sais qui mais je ne le dirai pas. Il n’avait pas le diplôme pour entraîner à notre niveau et on ne le savait pas.

La plus belle causerie d’avant-match ?
Notre ancien entraîneur, Nicolas Cloarec, est très très fort pour ça. Je me souviens notamment de sa causerie en 1/8e de finale de la Coupe de France, à Croix (2015), quand on s’était qualifiés aux tirs au but (0-0, 4-1).

Photo D. V.

Une anecdote ?
En DH, l’équipe s’était déplacée à Léhon (Côtes d’Armor) pour jouer le samedi alors que le match était programmé le dimanche. Les gars étaient surpris qu’il n’y ait personne au stade et c’est le gardien qui les avait renseignés. On y est retourné le lendemain et on a pris 4-0.

Le meilleur joueur de l’US Concarneau ?
Dominique Le Gall, un avant-centre qui était pharmacien. Avec lui, on serait peut-être monté en 2e division à la place de Guingamp s’il avait fini la saison. Mais il avait été blessé en Coupe de France à Douarnenez (triple fracture de la mâchoire).

Le joueur que tu ne reprendrais pas ?
Je préfère ne pas répondre mais il y en a plusieurs à égalité.

La dernière plus grosse prime accordée ?
Une double prime pour la victoire contre Villefranche (4-1 le 21 octobre). C’était après notre qualification en Coupe de France contre Saint-Brieuc et comme on avait fait un public intéressant et que ça avait bien marché, ça me permettait de faire un petit geste commercial.

Avec l’entraîneur du milieu des années 2000, Živko Slijepčević. Photo Christian Rose Cornouaille photo

La plus grosse colère dans les vestiaires ?
Il y en a eu quelques unes et des mémorables mais ça date un peu. Il faudrait demander aux joueurs, certains s’en souviennent sûrement.

La plus grande troisième mi-temps ?
Après la victoire en Coupe de France (7e tour) contre le FC Nantes en 2009 (3-0). Je revenais d’Australie le matin donc ça a dû me faire 48h sans dormir.

Le top à l’US Concarneau ?
La communauté qui tourne autour du club : les bénévoles, les dirigeants, les accompagnateurs et le public. Il faut voir ça quand il y a 4500 spectateurs à Guy-Piriou !

Le flop à l’US Concarneau ?
Le décalage complet par rapport aux subventions attribuées par les collectivités. On est sur un global de 120 000 € contre une moyenne de 490 000 en National.

Le contact le plus connu dans ton répertoire téléphonique ?
Didier Deschamps.

Le dernier texto envoyé ?
Il regarde : A Jean-Guillaume Gloaguen, notre responsable de l’école de foot. Je lui demande si c’est vrai qu’il y a un arrêté municipal interdisant tous les terrains de Concarneau en raison de la météo.

Le dernier texto reçu ?
Il me répond que oui. Pour deux jours.

Le rêve de Jacques Piriou ?
Laisser le club le plus haut possible et dans les meilleures conditions le jour où j’arrêterai. Ce serait la satisfaction du travail accompli.

Le cauchemar de Jacques Piriou ?
Que les travaux au stade ne suivent pas suffisamment en cas d’accession en Ligue 2.

Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr / Twitter : @2nivergos

Photo de couverture : Photo Fanch Hémery

Photos : Fanch Hémery, Pascal Priol, Christian Rose Cornouaille Photo et Denis Vergos.

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