Le coach de l’US Lusitanos Saint-Maur (N2) revient sur sa carrière professionnelle de joueur (Auxerre, PSG, Bastia, etc.) et sur son métier d’entraîneur. Un entretien long et… profond !
Ancien milieu de terrain phare de l’AJ Auxerre, Yann Lachuer a vécu une carrière de joueur bien remplie. De Châteauroux à Châteauroux, le milieu de terrain, un des derniers numéros 10 à l’ancienne de D1, a disputé plus de 450 matches en pro.
Au PSG, à Auxerre, à La Berrichonne, au SC Bastia ou encore à Créteil, Troyes ou Orléans, l’actuel entraîneur de l’US Saint-Maur Lusitanos a trimballé sa vision du jeu et son sens du football, toujours avec une idée bien précise de ce que doit être ce sport. Une exigence que le double vainqueur de la coupe de France (2003 et 2005 avec Auxerre) et également champion de France 1996 (avec Auxerre encore, même s’il n’a disputé qu’un seul match cette saison-là), raconte pour 13heuresfoot, narrant ses souvenirs avec Guy Roux, son parcours « tout sauf linéaire », et, bien sûr, un mental qu’il a transposé du terrain à sa fonction de coach.
Yann, vous êtes un joueur dont l’image est invariablement attachée à Auxerre, avec une riche carrière. Mais vous êtes né du côté de Paris, à Champigny-sur-Marne, et avez fait vos armes en Île-de-France. Racontez-nous vos débuts.
Ca s’est passé de manière un peu atypique. Dans le sens où je n’ai pas fait de centre de formation. Ce n’est pas faute d’avoir voulu y rentrer, mais j’avais été refoulé de tous les clubs à qui j’avais écrit, quasiment à chaque fois. Puis je suis allé à Créteil, en D2, avant d’effectuer mes vraies premières classes en D3, après la descente. Je n’ai pas eu un cursus traditionnel. J’ai été recruté à 18 ans par Auxerre (en 1993), plutôt en post-formation, comme on appelle ça. A mon entrée dans le « monde adulte », j’ai un peu tâtonné, j’avais un profil atypique, je n’étais pas précoce sur le plan physiologique et athlétique, même si sur le plan du football ça allait.
Votre parcours, très tôt, se conjugue avec l’AJ Auxerre.
Oui, mais à l’image de ma carrière, ça n’a jamais été rectiligne. J’ai eu trois périodes à Auxerre, la première en arrivant de Créteil, où j’ai très peu joué, où il m’a fallu me mettre au niveau, j’ai dû progresser à tous les niveaux, footballistique, athlétique, mental, donc j’ai très peu joué. En revanche, j’ai beaucoup joué avec la réserve en N2. Ca correspondait aussi aux premiers trophées d’Auxerre, le titre de champion de France, le doublé, l’heure de gloire de l’AJ Auxerre. C’était difficile de se faire une place, donc j’ai demandé à être prêté à Châteauroux (D2). J’en avais un peu assez, j’avais fait le tour du National 2, des opportunités pour jouer professionnel, et ça s’est fait sur le tard, je suis parti en septembre (1996). A ce moment-là, Guy Roux avait un peu lâché l’affaire avec Yann Lachuer ! Il avait demandé à tous ses scouts de préparer l’après-Martins (Corentin Martins, joueur de l’AJA de 1991 à 1996). Et au bout de deux mois, ses scouts lui disent : ‘’On a trouvé’’, ‘’Ramenez-le moi’’, ‘’Bah c’est Yann Lachuer’’ !
« J’ai une flèche devant, il me faut un archer »
A La Berrichonne, ça se passe bien, avec plus de 30 matche, 10 buts et une accession en Division 1 !
J’ai fait mon année à Châteauroux, on est monté, et j’ai été nommé dans les quatre meilleurs joueurs de Ligue 2. Je suis revenu à Auxerre, car il me restait un an de contrat, même si je voulais continuer dans à La Berrichonne. C’est la deuxième période à l’AJA, où on fait 1/4 de finale en coupe Intertoto. Là, j’ai vraiment découvert la première division. Je suis parti libre au Paris Saint-Germain, j’ai joué à Bastia, et Guy Roux est revenu me chercher pour encadrer les jeunes. Il m’a dit ‘’J’ai une flèche devant, il me faut un archer’’. Donc tout ça résume ma carrière, qui n’a jamais été rectiligne, que ça soit au début, pendant, et presque à la fin (rires).
Au début, Guy Roux n’était pas convaincu donc… C’est intéressant, ce n’est pas linéaire, vous avez réussi à le faire changer d’avis !
Je n’arrête pas de répéter ça à mes garçons, mais au-delà du don et des qualités évidemment footballistiques, il faut du travail au quotidien, mais il faut surtout un mental. Là, c’était une endurance mentale. A Auxerre, je suis arrivé à un moment où ils récoltaient les fruits d’une longue politique, c’était un peu l’apogée du club. Il fallait attendre, être patient, et puis surtout, il fallait être prêt ! Parce que le jour où vous aviez 15 minutes à jouer, il fallait montrer des signes, que vous pouviez assurer l’après. Guy Roux fonctionnait comme ça. Quand la relève était prête, il laissait partir le titulaire, il le monnayait, et il gardait un niveau de performance.
C’était très très formateur sur le plan mental, mais il ne fallait pas lâcher le morceau. C’est ce que j’ai fait, et c’est comme ça que j’ai un peu retourné la situation. Au départ il n’avait plus confiance en moi car il estimait que je ne progressais pas forcément, mon passage à Châteauroux lui a prouvé le contraire, même s’il n’était pas fan des prêts. Ma fierté, au-delà des trophées, c’est d’avoir gagné l’avis de Guy Roux. Et de manière très sincère, il disait qu’il s’était trompé sur moi. Bon, il ne s’est pas trompé beaucoup dans sa carrière, mais voilà, je suis peut-être une exception; ça a été une fierté de partir libre au PSG, et de revenir avec le brassard de capitaine, pour encadrer la nouvelle génération, des Cissé, Mexès, Kapo… Quand vous ne lâchez rien, que vous continuez de travailler, à un moment donné vous avez les récompenses. Benzema a remporté le Ballon d’Or à 34 ans, mais aujourd’hui, les jeunes générations, la nouvelle société, il leur faut tout très vite. Benzema ou moi, on est des contre-exemples.
« Certains se trouvent des excuses, mais ne trouvent pas des solutions »
Jean-Marc Furlan, qui vous a entraîné, parle de « football multifactoriel » : c’est un peu de ça dont on parle depuis tout à l’heure.
C’est ça, et c’est aussi le mental. Comme je dis toujours, certains se trouvent des excuses, mais ne trouvent pas des solutions. Ce que j’en ressors de tout ça, c’est qu’avec la persévérance, le travail, en toute humilité, vous récoltez les récompenses. Ce qu’on ne maîtrise pas, c’est le temps. La patience, à un moment donné, c’est de prendre le temps, et de retourner une situation.
Le foot a changé, donc ?
Non non non ! Le foot n’a pas changé, car l’exigence du haut niveau est la même. Ce qui a changé c’est le public, c’est l’entourage, la communication, la presse. Mais le foot n’a pas changé, les buts font la même taille, le terrain c’est la même chose, on joue à onze… C’est plus l’humain qui a changé. Et pas forcément dans le bon sens, notamment sur le plan mental. Quand on voit les clubs français, on n’est pas calibré pour le haut niveau, ce n’est pas vrai.
C’est votre regard d’entraîneur, mais aussi d’ancien joueur ?
D’ancien joueur, surtout. Avant, il fallait faire 50 matches pour être reconnu en Ligue 1, passer des étapes. Voilà, Guy Roux disait qu’il fallait ces 50 matches pour être prêt, que si tu n’avais pas fait 20 matches en Coupe d’Europe, eh bien tu n’étais pas un joueur européen… C’étaient des critères à deux balles, mais c’étaient de vrais critères. Aujourd’hui, tout va très vite, tu fais 5 matches en L1, t’es déjà transféré, etc. Auxerre a subi ça dans les dernières années. Mais forcément, vous n’avez pas tout à 16 ou 18 ans pour faire face au monde professionnel. Alors il y a des exceptions comme Mbappé, mais il y a des lacunes pour moi. C’est logique, voilà. Pour moi le niveau général du foot français baisse, parce que tout va très vite et on a galvaudé le niveau de formation.
Un des buts de Yann Lachuer avec Bastia :
Pourtant, énormément de joueurs français sont titulaires dans tous les plus grands clubs en Europe.
En France, on forme des joueurs individuellement très bons. Mais collectivement, dans la culture du football, la lecture du jeu, l’intelligence de jeu, on est des cadets par rapport à l’Espagne ou d’autres pays. Après, c’est ma philosophie de football, voilà, et je rejoins Karim Benzema quand il dit que le foot est un sport collectif. Mais la société a changé, elle est plus individualiste, l’amour du maillot, tout ça… Ce n’est pas une critique. Le foot est juste un reflet de la société. Il faut vivre avec son temps, je ne dis pas que c’était mieux avant, mais je fais juste le constat qu’on galvaude des étapes importantes, et que le niveau du foot français baisse.
Dans cette idée de mental, vous revenez à Auxerre une 3e fois, en 2001, après un an au PSG et deux au SC Bastia. Vous y restez cinq ans. Pourquoi ?
Je suis revenu car Guy Roux m’avait vendu le projet de la jeune génération à encadrer. Il s’est battu pour me récupérer auprès de Bastia. Je m’étais relancé pendant deux ans au SCB, l’opportunité s’est présentée au bon moment, c’était une reconnaissance du travail accompli, de la maturité, il m’a donné le brassard et les clefs du camion. Comme j’ai dit dans le football il faut de tout, des précoces ou des joueurs comme moi, qui arrivent sur le tard; ça ne m’a pas empêché de faire ma carrière.
Ce qui est drôle, c’est que le curseur était inversé. Vous êtes parti jeune, et vous êtes revenu dans la peau de l’ancien. L’expérience, vous l’avez trouvée à Paris et Bastia.
A Paris, c’était l’arrivé de Michel Denisot, je suis arrivé blessé, mais n’empêche que j’ai remporté un Trophée des Champions, il n’y en pas 30 titres à remporter dans le foot français, je suis fier d’avoir rapporté ça au PSG. Après, pour moi, c’était une étape, j’ai connu deux présidents, trois entraîneurs, j’arrivais d’Auxerre, le PSG c’est une machine à laver, soit ça passe, soit ça ne passe pas. J’ai été blessé quasiment toute l’année, ça fait partie des expériences, qui m’ont endurci, enrichi, mais j’ai un petit regret, car je n’ai pas réussi dans un des plus grands clubs français. Ca fait partie d’une carrière.
« Je me suis éclaté à Bastia ! »
Et là… Créteil, Auxerre, Châteauroux, Paris, puis la Corse !
J’avais des a priori sur le football corse. J’étais un peu à la cave à Paris, et donc Bastia m’appelle, j’y suis allé, j’ai discuté avec le coach Frédéric Antonetti, et ça a collé tout de suite. Ils avaient cette politique, comme Auxerre, de relancer des joueurs à relancer, des jeunes. Je suis rentré complètement là-dedans. Je me suis éclaté pendant deux ans. La Corse est une vraie terre de football, avec toute sa passion, sa ferveur, un cadre de vie exceptionnel, et à Bastia il y a un vrai club, une histoire et un passé. Ca m’a parlé en tant que fan de foot. Ca avait une cohérence d’aller à Bastia, et je me suis régalé.
Il y a eu un autre come-back dans votre carrière, à la fin, après Auxerre, à Châteauroux. Là encore, c’est le projet, l’amour du foot qui expliquent cela ?
Ce qui a fait mes choix, ce sont les valeurs humaines. Les choses simples, avec du travail, un coach qui porte ça. Pour Châteauroux, je ne sais pas si c’était bien ou pas bien, le côté affectif a joué, venir aider en Ligue 2. Avec le recul, je n’avais pas fait le deuil de la Ligue 1, je n’étais pas prêt. J’ai fait une saison très moyenne, blessé tout de suite. Ca n’a pas collé. L’année d’après, cette fois, j’étais préparé à ça, je signe à Orléans (2008), et je me suis éclaté, en National 2 ! J’ai pris du plaisir, j’ai marqué des buts, on était relégables et on a fini 3es, et derrière j’ai embrayé sur un poste d’entraîneur à l’USO.
Juste avant de parler de votre parcours de coach, il y a une dernière identité chez vous : la Bretagne. Elle peut se voir à travers deux choses, une sélection en équipe régionale en 2008, et puis il y a Mathis, votre neveu, formé à Rennes ! (Il joue à Amiens, en L2).
Ce sont mes origines. Le côté sympa en sélection, c’est qu’il y avait mon frère aussi. C’est la seule fois où j’ai pu jouer avec lui. C’est l’originalité du football, des sélections comme ça ! Pour mon neveu, il a connu lui aussi un début de carrière atypique. Il était un joueur pilote au centre de formation, puis il n’entrait plus dans la philosophie de jeu avec le changement de direction. Il a mangé son pain noir, et il est revenu par la petite porte à Amiens, en U19 nationaux, et il a signé son premier contrat pro. Depuis il essaie de faire sa place. L’année dernière, il a pas mal joué quand Amiens cherchait son maintien. Cette saison il est un peu impatient, en recherche de temps de jeu. Mais comme moi, c’est un joueur collectif, il a besoin des autres pour que son jeu soit valorisé. Il a un peu mon ADN. Il a du potentiel, à lui de le valoriser. Mais voilà, il est dans le cursus des Lachuer, il n’aura rien tout cuit, à lui d’aller chercher les choses et de s’imposer. Le haut niveau c’est ça, c’est la place aux forts, sinon ça ne s’appellerait pas l’élite.
» Je dis aux joueurs Ecoutez et récoltez »
Ce que vous dîtes là, vous lui donnez comme conseils, comme à vos joueurs aujourd’hui en tant qu’entraîneur ? Votre carrière de joueur vous sert forcément en tant que coach ?
Tout à fait. Pour Mathis, je ne lui donne pas trop de conseils, il a déjà un entraîneur à Amiens ! Mais oui, j’essaie de transmettre mes valeurs, ma philosophie et mon regard du foot à mes joueurs, basée sur le travail, l’humilité, le plaisir. J’aime que mes équipes jouent au foot, qu’il y ait du contenu. Il faut évidemment de l’exigence, au haut niveau, dans le football de compétition. Je parle beaucoup foot de compétition en National, car il y a un gap avec le haut niveau.
Ma plus grande difficulté c’est de toucher ces nouvelles générations, qui n’ont pas la même éducation que moi, le même vécu, et le rapport au travail est différent. Encore une fois c’est un parallèle avec la société. La concentration, l’écoute, ce sont des choses défaillantes dans le footballeur moderne. Je leur dis ‘’celui qui écoute, il va récolter. Ecoutez, récoltez’’. Il y a le résultat du match, mais il y a le contenu.
Ca fait déjà 10 ans que vous entraînez. Il y a des longues périodes, comme à Orléans (2009-2012) ou Romorantin (2018-2022), et des plus courtes. Ce n’est, encore une fois, pas rectiligne…
C’est la carrière d’un footballeur ! Il y a eu Créteil oui, où j’arrive en cours de saison, les dés étaient déjà jetés, car je n’avais pas fait le recrutement, et puis il y a la réalité du football moderne, le contenu était plutôt bon à Créteil, mais on ne marquait pas assez. Des fois, ça ne fonctionne pas, vous ne savez pas pourquoi. A Saran, juste avant, je suis resté un an, mais je me suis éclaté, j’étais en charge des jeunes, des U19, la R1, avec une montée en N3 avec une moyenne d’âge de 20 ans. Orléans, j’ai relancé le club, avec la montée en National, j’ai tout façonné, j’ai mis les premières pierres à l’édifice, même si tout s’est arrêté plus tôt que prévu.
« Furlan m’a donné envie d’être coach »
Vous finissez votre carrière à l’USO, et vous passez donc coach en 2009. Vous aviez pensé à votre reconversion ?
Honnêtement, je n’y avais pas forcément pensé. J’y ai vraiment pensé sur la fin en rencontrant Jean-Marc Furlan (à Troyes, en 2006-2007), qui m’a donné envie d’être coach. Il a mis des mots sur ma façon de voir le foot, ça m’a servi de déclic. Et puis ça s’est fait naturellement. Je devais être entraîneur-joueur, mais je n’avais pas les diplômes, et il y a eu la rééducation de ma blessure des croisés, avec en plus l’objectif de montée. Je n’ai pas tout bien fait, je l’avoue, notamment la rééduc ! Mais on est monté dès ma première année, et j’ai passé mes diplômes dans la foulée, sur les années suivantes.
Autre belle expérience, Romorantin, en N2, après Orléans, Saran et Créteil. Désormais vous entraînez l’US Lusitanos Saint-Maur. Quel est votre regard sur votre parcours jusqu’à présent ? Qu’est-ce qui vous porte ?
Le SO Romorantin vient me chercher en novembre 2018 alors qu’ils n’avaient que 5 points, et on réussit à se sauver. C’est un petit club familial, avec peu de moyens, il y a également eu les saisons Covid, c’était spéciale, malgré ça on a fait un 16e de finale de Coupe de France, avec une bonne équipe. Et puis cette année, Saint-Maur Lusitanos, un nouveau challenge… Mais je vous avoue que je prends de moins en moins de plaisir, car le fossé se creuse avec les nouvelles générations, c’est de plus en plus compliqué, l’écoute, ça se distend un petit peu. Même si je suis encore content de faire ce que je fais, qu’il y a toujours la passion de transmettre notre vécu. Encore une fois, aux joueurs d’écouter et de prendre. Je n’ai rien inventé sur l’exigence du football, et je suis toujours curieux d’apprendre et découvrir, de me nourrir d’autres coaches. Après, voilà, je fais du Yann Lachuer, avec une partie de Guy Roux, de Jacques Santini, de Jean-Marc Furlan, d’Antonetti… Il y a ce melting-pot-là, et je fais du Yann Lachuer.
Yann Lachuer, du tac au tac – Le joueur
« Un jour, on a dit que j’étais le Iniesta français ! »
Meilleur souvenir sportif ?
Je ne suis pas bon dans ces questions-là, car je n’ai pas un souvenir qui me vient directement. Tous l’ont été, toute ma carrière.
Pire souvenir sportif ?
Pareil, il y a eu des périodes plus compliquées, mais pas vraiment. Allez, on va dire une défaite, quand vous prenez des 4-0 à domicile… Avec Troyes, contre Monaco et il reste une demi-heure, c’est long (rires). En Coupe d’Europe aussi avec Auxerre, à Eindhoven, on perd, Mexès se fait expulser, il reste 30mn. Tu te dis que ça va être long…
Quelles étaient tes qualités et défauts sur un terrain ?
Ma vision du jeu, je voyais les choses avant les autres, et ma justesse technique, ça me permettait de donner du temps à mes partenaires, de fluidifier le jeu. Je savais où j’allais mettre le ballon, ça donnait du temps à Djibril Cissé par exemple, qui allait déjà vite. Double-lame. Mes défauts, c’était ma vitesse de course. Heureusement, j’avais ma vitesse d’exécution. Le plus gros compliment qu’on m’a fait, il n’y a pas longtemps, c’est qu’une personne m’a dit ‘’tu étais le Iniesta français’’. Ca me plait bien !
Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Ce serait difficile d’occulter Auxerre, bien sûr. L’année de Châteauroux avec la montée en Ligue 2. Bastia aussi, et même à Troyes, où on joue le maintien, tout… Mais c’est vrai qu’à Auxerre, notamment le dernier passage, ça reste marquant.
Le club où tu as failli signer ?
A Marseille, quand je signe à Paris, Rolland Courbis me voulait, j’étais son choix numéro 1 ! J’ai failli signer à Lens, à Parme… En début de carrière à Nancy avec Olivier Rouyer, c’était ça ou Auxerre… Montpellier, Nantes.
Le club où vous auriez rêvé jouer ?
J’aurais rêvé de jouer à Saint-Etienne et Lens. Mon agent de l’époque c’était Romain Arghirudis, un ancien lensois en plus.
Un stade mythique ?
Je vais vous surprendre, car ce n’est pas dans les grands standards. L’ambiance de fou que j’ai vécu, c’est à Utrecht aux Pays-Bas. Un bruit de fou. Un public connaisseur, comme partout aux Pays-Bas. Alors après il y a eu Liverpool, Arsenal, en Coupe d’Europe, mais Utrecht… Même si pour moi, le stade mythique, c’est Liverpool, Anfield, avec les chants qui filent la chaire de poule.
Le coéquipier qui t’a le plus impressionné ?
Moussa Saïb, à Auxerre. Un des joueurs sous-côtés.
L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Il y en a deux, où j’ai été en difficulté. Ashley Cole à Arsenal, et Eric Abidal à Lyon.
Un coach marquant ?
Tous. Maintenant que je suis coach en plus, j’ai appris de tous. Même Jacques Santini, alors que je ne l’ai eu qu’un an (à l’AJA). Mais Furlan, Antonetti, Guy Roux, Victor Zvunka à Châteauroux, tous ont marqué ma carrière. Jacky Leméé plus jeune à Créteil.
Une causerie de coach marquante ?
Celui qui m’a le plus touché, c’est Jean-Marc Furlan. Pas une causerie particulière, mais car il ressortait toujours une citation, et parlait de l’actualité. Il avait toujours une citation en rapport avec le match et l’actualité.
Yann Lachuer, du tac au tac – L’entraîneur
« Détail, persévérance, travail, mental »
Meilleur souvenir sportif ?
Les accessions. Que ça soit en N1 avec Orléans, à Romorantin, quand on bat Blois dans le derby, une saison où on se sauve. A Saran en N3, quand on se sauve alors qu’on devait descendre.
Pire souvenir ?
La descente en CFA avec Créteil. Quand tu ne remplis pas tes objectifs, ce n’est pas la saison la plus fun. Les retours dans les clubs, ce n’est pas toujours couronné de succès…
Le club que tu rêverais d’entraîner ?
Le prochain.
Meilleur joueur entraîné ?
A Saran, j’avais un joueur au-dessus. Toutes proportions gardées, mais il était au-dessus. Sinon, pas vraiment.
Un président ?
Le président de Romorantin, qui m’a dit un jour que j’étais trop professionnel.
Ta philosophie de jeu ? Ton style ?
Plutôt offensif, plutôt une maîtrise du jeu, savoir ce qu’on fait.
Ton match référence avec toi sur le banc ?
Plusieurs, mais le dernier qui me revient comme ça, c’est en Coupe de France il y a deux ans, contre Orléans. Ou j’ai parlé du derby avec Blois avec Romorantin, on avait un plan, et tout s’est bien passé.
Ton pire match avec toi sur le banc ?
en N2, contre Lorient, avec Romorantin, avec Régis Le Bris qui dirigeait la réserve. On avait pris 4-0. Une leçon.
Tu es un entraîneur plutôt…
Exigeant, qui peut-être chiant à la longue, car je ne lâche pas les joueurs. Car je sais que le haut niveau c’est du détail, de la persévérance, du travail, du mental, de l’endurance mentale. Comme je suis un gagneur, je me donne à fond, engagé à 2000 %. Des fois à la longue ça peut paraître pénible. Mais je pense que c’est une qualité d’entraîneur.
Tes passions, en dehors du foot ?
J’aime la politique, je m’y intéresse. J’aime l’Histoire aussi, mais j’ai une mémoire de poisson rouge ! J’aime bien aller visiter, dans une ville, faire le petit train etc. (rires). Mais deux heures, après j’ai tout oublié ! La dernière fois, on était passé à Avignon, je ne me souvenais de rien. Mais je suis curieux, ça m’intéresse. Le sport en général aussi bien entendu. La semaine dernière, j’ai regardé un reportage sur Yannick Noah et son fils. J’essaie de m’intéresser aux autres, à la réussite des autres. La politique, l’Histoire, je suis curieux de tout.
Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD
Photos : US Lusitanos (et DR)