Depuis 2014, Christophe Lécuyer (42 ans) préside à la destinée de l’AF Virois, qu’il a fait monter de Régional 2 jusqu’au sommet de la N3 normande. En parallèle, il est le correspondant de RMC pour l’Ouest de la France.
Un souvenir personnel pour introduire notre sujet du jour. Le 11 novembre 2017, le FC Chambly Oise, le club dont je suis dirigeant et à l’époque en National, se déplace à Vire pour le compte du septième tour de la Coupe de France.
Sous des trombes d’eau et dans un match interrompu par une panne d’éclairage, mon équipe, réduite à 10, est rudement secouée par un hôte alors en Régional 1 (ex Division d’Honneur) et Chambly ne s’en sort que par un but en fin de partie de Thomas Henry, aujourd’hui attaquant au Hellas Vérone, en Série A italienne (1-0).
Un petit miracle accentué par l’égalisation normande refusée au bout du temps additionnel pour un hors jeu qui ne sautait pas aux yeux…
Cinq mois plus tard, le FC Chambly atteignait pourtant les demi-finales de la Coupe de France (0-2 contre les Herbiers devant 38 000 spectateurs au stade de la Beaujoire à Nantes).
Une épopée tient parfois à trois fois rien. Jamais en effet, cette saison là, le club de la famille Luzi n’était passé aussi près de l’élimination que sous le déluge du Stade Pierre Compte…
J’avais beaucoup aimé le comportement et la générosité de notre adversaire, la belle et saine ambiance qui régnait dans les tribunes et l’accueil cordial des dirigeants virois, notamment du premier d’entre eux, le président Christophe Lécuyer. Un président pas tout à fait comme les autres. Un enfant du bocage normand, fortement ancré dans son territoire, originaire de Villedieu-les-Poelles. Ce qui lui fait dire en éclatant de rire : « Je suis né dans la ville des Cloches (Villedieu) et j’ai fini dans la ville des andouilles (Vire) ».
« Le sport est ma passion, ma vie »
Vire, 12 000 habitants, 17 000 avec la commune nouvelle de Vire-Normandie (qui a absorbé quelques villages voisins), une ville qui a vu naître Michel Drucker et Stéphane Guy, et où Elisabeth Borne a été élue députée, avant d’être nommée à Matignon.
Christophe Lécuyer vit désormais à Vire, mais il est passé par la commune toute proche de Saint Sever. « Là bas, j’ai été joueur, arbitre et dirigeant dès l’âge de 15 ans, explique-t-il. Je traçais le terrain, je tenais la buvette. Et j’ai aussi été conseiller municipal à 21 ans. Le sport est ma passion, ma vie, j’essaie de lui rendre tout ce qu’il m’a donné. »
En 2014, l’ancien président de l’Association Football Virois lui propose son fauteuil. « J’ai senti une adhésion, j’y suis allé, en sachant que je ne serais rien sans les licenciés et les dirigeants, dit-il. »
Invaincu en National 3 cette saison
Vire est alors en DSR (Régional 2). Entraîné depuis plusieurs saisons par un pur virois, Cédric Hoarau, l’AFV est aujourd’hui co-leader invaincu de la N3 Normande (quatre matches, quatre victoires) et qualifié pour le 7e tour de la Coupe de France où l’attend demain dimanche un déplacement au Havre Caucriauville (Régional 2).
Christophe Lécuyer (42 ans) pourra être au match. Il lui arrive en effet d’en manquer un de temps en temps car au même moment, son métier lui commande d’en commenter un autre.
Journaliste de la radio VFM, qui émet sur la Basse Normandie, le président virois est aussi correspondant dans l’Ouest de RMC, pour qui il suit notamment Le Havre et Caen, en Ligue 2. « Heureusement, ces deux clubs font une bonne saison, et les diffuseurs les retiennent souvent pour les matches décalés, poursuit-il. En général, ça se goupille donc bien, mais il arrive que je commente un match pendant que mon équipe joue. Alors, j’ai un œil et demi sur le match que je commente et un demi œil sur Fuchs TV, la plateforme qui diffuse le N3 (il se marre !). Je l’avoue, parfois c’est l’inverse quand il ne se passe pas grand chose sur le match de Ligue 2, et on en déconne à l’antenne ! »
Le foot est son monde. Proche de plusieurs joueurs professionnels, notamment de Raphaël Guerreiro, l’international portugais du Borussia Dortmund, dont il a été le témoin de mariage, Christophe Lécuyer nourrit une passion sans borne pour l’AF Virois, dont il a porté le budget à environ 450 000 euros. « Grâce a une soixantaine de partenaires fidèles et le soutien de la Mairie de Vire qui nous accompagne vraiment, en particulier sur nos infrastructures qui progressent régulièrement » dit-il.
Invaincu en National 3 cette saison
De mieux en mieux garni (750 spectateurs samedi dernier pour la venue du voisin Saint Lô, soit beaucoup plus que les standards du N3), le Stade Pierre Compte accueillera-t-il de la N2 la saison prochaine ? « On réalise un très bon début de saison et si le National 2 se présente, on ne crachera pas dessus, sourit le Président. Mais sans vouloir faire du Guy Roux, je continue à dire que l’on vise … le maintien ! Avec la réforme des championnats nationaux et le nombre de descentes en fin de saison (cinq et même six selon les poules), il sera de plus en plus compliqué de se maintenir en National 3. Si l’AF Virois devient un bon club de N3, c’est parfait, c’est à notre taille. J’ai calculé qu’il faut 30 points pour se maintenir. On en a déjà douze et il reste vingt deux matches, ça devrait le faire …. »
Et en Coupe ? Le tirage au sort a offert à l’AF Virois la perspective d’un 8e tour à Pierre Compte contre le Stade Malherbe de Caen, le grand voisin ! « Ce n’est pas un objectif, c’est un rêve, dit Christophe Lécuyer. Malherbe, j’en suis supporter depuis tout petit. La moitié de nos joueurs sont passés par leur centre de formation. Certains de nos supporters sont aussi abonnés à Caen. Accueillir Malherbe à Vire en coupe, ce serait extraordinaire. Mais on a un 7e tour très difficile dimanche (demain) à Caucriauville, le club où ont grandi Vikash Dhorasoo, Édouard Mendy ou Souleymane Diawara… Et Caen n’a pas non plus un match facile à Saint Malo (N2). »
Pour Christophe Lécuyer, le couronnement ne serait-il pas de commenter en direct sur RMC un match AF Virois – Stade Malherbe de Caen le samedi 20 novembre ?
Jean-Michel Rouet / Mail : contact@13heuresfoot.fr
Photos : AF Virois