Sa vie est un roman et un exemple d’intégration par le foot. Vingt ans après s’être illégalement échappé de son pays en guerre, Herman Koré court toujours. L’ancien clandestin ivoirien sans papiers vit désormais à Quimper où il travaille et continue à marquer des buts pour le Quimper Kerfeunteun FC (R1). On a suivi sa trace !
C’est l’histoire d’un « sans papiers », d’un clandestin ivoirien, qui a gagné le droit de rester en France en jouant au foot et en marquant des buts, jusqu’en National. 20 ans après son arrivée rocambolesque sur le territoire français, Herman Koré raconte son parcours du combattant et son incroyable itinéraire de vie. Marié à Charlotte, père de deux enfants, Lyanah (11 ans) et Yanis (8 ans), électricien de formation, et toujours affûté à la pointe du Sud-Finistère et de l’attaque du Quimper Kerfeunten FC (R1), « Papy Koré », comme on le surnomme désormais, n’a rien oublié.
Il a fait des pieds et des mains pour rester en France
2003-2023 : Herman Koré a fêté les 20 ans de son arrivée en France et il peut regarder fièrement le chemin parcouru. Les chemins de traverse, plutôt, car l’ancien clandestin ivoirien a forcé le passage en faisant des pieds et des mains pour être régularisé. Des mains car il a également joué au rugby et c’est d’ailleurs grâce à ce sport qu’il s’est évadé de Côte d’Ivoire – alors en guerre civile – en profitant de sa sélection en équipe nationale pour venir jouer la Coupe du Monde juniors 2003 en France. Et des pieds car c’est en jouant au foot et en marquant beaucoup de buts qu’est ensuite venu son salut de citoyen français. A l’arrache ! Avant un match important (décisif pour la montée de Saint-Lô en CFA 2) qu’il avait refusé de jouer si on continuait à le laisser sans papiers. C’était en 2009. Six ans après son arrivée en France. Six ans de galère à se cacher dès qu’il apercevait un uniforme. Six ans à ne pas trouver chaussure à son pied de footballeur dans des clubs professionnels (Tours, Dijon, Le Havre, Caen) car il était « sans papiers ». Herman n’a jamais évolué ensuite plus haut que le National, à Concarneau, où il a quand même participé à un quart de finale de la Coupe de France contre Guingamp en mars 2015 (élimination 1-2), mais son but était atteint : être un citoyen français libre. Et pas seulement parce qu’il s’était évadé de Côte d’Ivoire en 2003. Vingt ans après, Herman Koré s’est confié à 13 heures foot pendant une heure et 45 minutes : la durée d’un match de foot, mi-temps comprise !
Le parcours du combattant d’un ancien clandestin ivoirien
- Le foot des rues à Abidjan. « J’ai su très tôt que mon avenir n’était pas en Côte d’Ivoire »
« Tout gamin, à 8 / 10 ans, j’ai commencé le foot dans les rues d’Abidjan. On se mettait en ligne, un qui part à gauche et l’autre à droite. C’est comme ça qu’on formait les équipes. On n’avait pas de maillot, c’était soit avec des t-shirts, soit torse-nu, on mettait deux petits poteaux pour les buts et c’était parti. Pour faire plus moderne, on s’écrivait aussi des numéros dans le dos avec du kaolin mais ça partait avec la transpiration et il fallait les refaire à la mi-temps. On faisait des tournois, on jouait pour des bonbons, dans une bouteille de Cristaline à l’envers qui faisait office de coupe. Il y a des gens qui m’ont vu jouer et qui m’ont proposé de faire un essai à l’académie Jean-Marc Guillou. J’ai été retenu, des dirigeants sont venus à la maison, c’était l’un des deux grands clubs de Côte d’Ivoire mais ils sont aussi rivaux que Paris et Marseille, et comme mon père était supporter de l’autre club, il a refusé que je signe. Donc j’ai continué à jouer au foot dans le quartier, je me débrouillais, je vendais aussi des cigarettes, je faisais monter des gens dans des camions pour les déposer où ils voulaient aller. Je n’allais pas trop à l’école. Des fois j’avais mon sac pour y aller, mais je m’arrêtais en chemin car il y avait un tournoi. J’ai quand même eu mon examen pour aller en 6e car la maîtresse a bien voulu me le faire passer après un tournoi où il y avait 15 000 francs CFA à gagner (25€). Et je suis allé jusqu’en 3e. Mais j’ai su très tôt que mon avenir n’était pas en Côte d’Ivoire. »
- International junior de rugby. « Je ne savais pas encore que je ne reviendrais pas »
« Dans la cité du port, le jeudi, mes copains partaient à l’entraînement de rugby et je me retrouvais tout seul. C’est pour ça que je m’y suis mis aussi. Et en 3e, mon prof de sports s’occupait d’une équipe qui était inscrite à un tournoi où les meilleurs devaient être recrutés pour la coupe du monde juniors en France. Il a vu mes qualités de vitesse, ma vision du jeu et il m’a pris comme capitaine. On était 1500 à être retenus pour les stages suivants. Après, j’étais dans les 500 gardés, puis dans les 50, puis dans les 30. Là, c’était bon pour moi pour partir en France où j’avais déjà un cousin qui jouait dans un club de rugby. Je ne savais pas encore que je ne reviendrais pas mais dans ma tête ça commençait à me travailler. En plus, j’avais surpris une conversation entre les dirigeants qui prévoyaient de nous laisser 400 000 francs CFA (600 €) au lieu du million prévu (1500 €) à notre retour à Abidjan. Je m’étais dit que je ne retournerais pas pour 400 000 francs CFA et ça m’a forgé dans mon envie de rester en France. A Paris, on était à Saint-Denis. On a perdu notre premier match contre l’Espagne et on a gagné les deux suivants contre la Pologne et la Bulgarie. On était donc qualifié. »
- Vieilli de deux ans. « Il fallait être majeur »
« J’avais 16 ans mais, avec la complicité de mes parents, on m’avait vieilli de 2 ans sur mon passeport car il fallait être majeur pour pouvoir quitter la Côte d’Ivoire pour jouer la Coupe du Monde en France. »
- La grande évasion. « On était 8 à s’échapper »
« Lors de la phase éliminatoire, on était surveillé de près par nos dirigeants car il y avait déjà d’autres ivoiriens qui avaient fugué lors de matchs précédents en France. Ils gardaient nos passeports. Mais comme on s’était qualifié, du coup, nous étions un peu moins surveillés. C’est ce soir-là que j’ai décidé de m’évader. On était quatre par chambre et j’avais un autre collègue qui était dans une autre chambre de quatre. On a sauté par la fenêtre et on est parti à l’arrêt de bus. Mais avant de monter dedans, je suis retourné chercher mon collègue. Ses trois copains de chambrée sont venus avec nous. On était huit à s’échapper. On avait repéré le numéro de bus quand on était arrivé, et on l’a pris dans l’autre sens, je l’ai pas payé d’ailleurs, et on est arrivé à la gare du nord. Trois de mes copains avaient de la famille à Paris, ils ont téléphoné et on est venu les chercher. Moi, mon cousin était à Tours, je croyais que c’était juste à côté, je l’appelle, il nous dit de venir. On monte donc dans le train et on se cache dans les toilettes car on n’avait pas d’argent pour le billet. Et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé tous les cinq à Tours ! »
- En cavale. « La galère a duré 6 ans »
« A chaque fois qu’on voyait un policier, on était mal. Si on nous avait demandé nos papiers, on n’en avait pas, donc il valait mieux tout faire pour éviter cette situation. Dès que je voyais un policier, je ne courais pas tout de suite mais je pressais le pas, et dès que j’étais à l’abri des regards, je partais. Tout ce qui était bagarre, les embrouilles comme ça, j’évitais tout, et la galère a duré six ans car je n’ai eu mes papiers qu’en 2009. Mais je suis le seul des huit à avoir dû attendre aussi longtemps pour être régularisé. Bon, il y en un qui s’est fait prendre à voler dans un magasin et il avait été renvoyé au pays. Un autre est parti en Italie où son frère travaillait, il s’est intégré là-bas. Un autre est parti à Paris chez un oncle, il est retourné à l’école et il a eu ses papiers. Donc on s’est retrouvé à deux chez mon cousin à Tours, mais ça ne pouvait pas durer longtemps car il vivait en couple et notre présence posait évidemment des problèmes. Heureusement, mon copain a rencontré une fille qui l’aimait bien, ils sont partis vivre ensemble, ils se sont mariés et ils ont eu deux enfants, des jumelles. Lui aussi a fait sa vie et sa situation s’est régularisée. Il ne restait que moi. »
- De Tours à Paris. « 20 € le but et la vie parisienne »
« Pendant que j’étais à Tours, j’ai trouvé dans la banlieue un petit club corpo, à Saint-Cyr-sur-Loire, où on me payait 20 € le but. J’étais plus jeune que les autres, j’allais plus vite et techniquement, j’étais au-dessus. On me donnait le ballon, je courais et je frappais. Un jour, on a gagné 12-0, j’avais marqué les 12 buts et je suis rentré avec 240€ ! C’était énorme pour moi. Comme une première paye. J’avais acheté un jean et des chaussures. J’avais fait aussi un essai au Tours FC où j’ai joué un peu en U18, un entraînement et un match amical peut-être, mais sans papiers je ne pouvais pas faire plus. Et au bout de six mois, je suis reparti trois mois à Paris, chez un copain d’enfance qui était bagagiste à l’aéroport. J’ai fait aussi un essai concluant au Paris FC, la première était en National je crois, mais il y avait toujours le problème des papiers qui m’empêchait de travailler et de trop traîner dans la rue. C’était compliqué pour moi. Je trouvais que tout le monde était pressé et que les gens couraient dans tous les sens pour prendre le train ou le métro, pour aller au boulot ou pour rentrer chez eux. Je pensais qu’il se passait quelque chose et je courais aussi en découvrant la vie parisienne où personne ne se dit bonjour. »
- Le faux-départ pour l’Irlande. « Ramassé par la police des frontières »
« J’étais revenu chez mon cousin à Tours et j’appelle ma soeur en Irlande où je voulais la rejoindre. Elle m’envoie 200€ sur le compte de mon cousin et je prends le train pour Cherbourg où je devais embarquer. Mais je ne sais pas pourquoi je suis descendu à Caen et j’ai demandé où il y avait un club de foot. On me montre le Stade Malherbe et grâce au gardien et au coach des 18 ans Nationaux, j’ai pu dormir au centre de formation. Le lendemain, j’ai fait un entraînement, le coach a vu mes qualités, mais il y avait toujours le problème de ma situation. Il m’a conseillé d’aller à Saint-Lô qui était un club partenaire de Caen. Mais moi je ne savais pas où c’était et je suis remonté dans le train pour aller à Cherbourg. Là je paye 50€ mon billet et j’attends. Sauf que l’Irlande c’est un autre pays et je me suis fait ramasser par la police des frontières. J’avais bien un nouveau passeport, que mes parents m’avaient envoyé à l’ambassade à Paris, en se débrouillant car au pays c’est business. Et avec cette fois ma vraie date de naissance qui montrait que j’étais mineur. Mais il n’y avait pas de visa donc ça servait juste à indiquer de quel pays je venais. On m’arrête. C’était le 20 décembre 2003. »
- En garde à vue puis en foyer d’accueil. « Une place pour moi à Saint-Lô »
« Comme je suis mineur, on ne me renvoie pas en Côte d’Ivoire, on me cherche une place dans un foyer d’accueil pour jeunes. Mais il n’y avait plus de place à Cherbourg et comme il était tard, on me met en garde à vue. Le lendemain, j’apprends qu’il y a une place pour moi à Saint-Lô et ça fait tilt dans ma tête car l’entraîneur de Caen m’avait déjà parlé de Saint-Lô pour le foot. Au foyer, je leur ai dit que je voulais reprendre mes études pour avoir un diplôme et j’ai passé en deux ans un BEP électro-technique à Coutances et ensuite un bac pro. On m’avait aussi demandé au foyer si je faisais du sport et l’éducateur m’a donc accompagné pour m’inscrire au club de foot de Saint-Lô. »
- A Saint-Lô (2004 à 2010). « Ils sont nuls, essaye-moi, je suis meilleur qu’eux »
« A Saint-Lô, c’était pour jouer en équipes de jeunes, mais en arrivant, j’ai vu la première qui s’entraînait (alors en CFA, c’est à dire N2) et j’ai dit à leur coach, c’était Olivier Joba, que ses attaquants n’étaient pas bons. Je lui lance ça cash : « Ils sont nuls, essaye-moi, je suis meilleur qu’eux ! ».
Le week-end suivant, ils avaient un match amical contre la Maladrerie Caen. Le coach me dit, « Toi tu parles beaucoup, on va voir ce que tu vaux ». On me prête des chaussures, j’étais remplaçant, on était mené 1-0, un attaquant se blesse, je rentre, je mets un doublé et je fais une « passe dé ». Ensuite j’ai commencé avec la réserve, j’ai mis quatre buts je crois, et c’est comme ça que j’ai été pris en équipe A et que j’ai joué mon premier match contre Vannes. Ensuite j’ai joué avec Thomas Vauvy en attaque. J’ai été repéré, j’ai fait des essais au Havre (2004) et à Dijon (2005), ça se passait bien, mais à chaque fois ça coinçait à cause de ma situation de sans papiers. Donc je reviens à Saint-Lô, je fais mes gammes et les années passent. Mais je n’avais que des primes de match, pas de fixe, que des primes de 75€ par match gagné. A un moment, je me suis rebellé, et de 75€ de prime de victoire je suis passé à 300€ de fixe puis à 800 € la saison d’après. Plus les primes. Mais c’était versé sur le compte d’un autre joueur donc c’était compliqué pour moi. »
- La régularisation (2009). « Le maire dînait avec le préfet »
« Dans la vie de tous les jours ce n’était pas facile pour moi. Sans papiers, je n’avais pas de compte, je ne pouvais pas passer mon permis de conduire. Et je ne pouvais pas travailler alors que j’étais devenu indispensable à l’équipe car j’étais décisif et je marquais des buts. J’ai donc dit que la situation ne m’arrangeait plus et j’ai refusé de jouer un match décisif pour la remontée en CFA 2 (N3). C’était juste avant le coup d’envoi. Il y avait encore deux matchs derrière, mais si on gagnait celui-là, on était sûr de remonter. On était dans le vestiaire après l’échauffement, Olivier Joba préparait l’équipe, et j’ai dit « Moi je ne joue pas. On me promet que je vais avoir mes papiers, je ne les ai toujours pas, je les attends encore, alors si vous pensez que vous pouvez gagner sans moi, allez jouer ! ». Le gardien, un bon pote à moi, a dit que lui non plus ne jouerait pas. Le latéral droit et un des deux défenseurs centraux ont dit pareil. Je ne m’attendais pas à ça. Quatre titulaires en moins alors que l’adversaire était déjà dans le couloir pour entrer sur le terrain ! Le coach ne m’a pas engueulé, il m’a dit : « Je comprends, le maire est là, je vais aller le voir ». L’équipe adverse était sur le terrain, l’arbitre nous appelle, personne ne vient. Il s’est trouvé que ce même soir, le maire, Monsieur François Digard, devait dîner avec le préfet. Je lui ai expliqué ma situation, il n’était pas au courant, il m’a dit : « Je voyais ton nom dans le journal, je ne savais pas qu’il y avait un problème, va jouer, tu auras tes papiers lundi ». Le match c’était contre Ouistreham. J’ai joué, on a gagné 6-1, j’ai marqué trois buts et réussi une passe décisive. Je devais donc aller le lundi à la préfecture mais la trésorerie principale était juste à côté et il y avait un car de police. J’ai cru à un piège pour me renvoyer au pays et je me suis sauvé. C’est la préfecture elle-même qui m’a rappelé le mardi en me disant que j’avais été attendu le lundi, que j’étais le seul noir sans papiers que la préfecture invitait à venir les chercher et qui ne venait pas ! Ils avaient repris ma date de naissance vieillie (le 25 février 1984 au lieu de 86), mais je n’ai rien dit. Je me suis tout de suite inscrit au permis de conduire et, avec Charlotte, ma future femme, on a ouvert à la Caisse d’Epargne un compte joint que l’on a toujours depuis. Et j’ai trouvé tout de suite du travail. Ma vie de citoyen français commençait. J’ai encore fait un an à Saint-Lô, on est redescendu en DH (R1), mais j’ai mis 21 buts, je jouais libéré. Avant je jouais avec la haine car je voulais tout casser pour être régularisé. »
- L’AS Vitré (2010-11). « L’année du décès de ma mère »
« Je suis resté un an à l’AS Vitré (CFA 2) où je touchais 2000€ par mois mais ce n’est pas ma meilleure saison car j’ai subi le contre-coup du décès de ma mère. Comme j’avais enfin mes papiers, j’étais retourné deux semaines en Côte d’Ivoire pour la revoir et elle est décédée juste après. Je ne l’avais pas vue depuis sept ans. Donc ce n’était pas une bonne saison pour moi mais j’avais quand même réussi deux bons matchs contre l’US Concarneau où je me suis retrouvé la saison suivante. Je ne touchais plus que 1000€ par mois mais en jouant une division plus haut (CFA). »
- Les années concarnoises (2011 à 2018). « 1/4 de finale de Coupe de France et montée en National »
« A Concarneau, il y a eu des hauts et des bas mais, avec Saint-Lô, c’est le deuxième club où je suis resté aussi longtemps. J’ai d’abord fait fait cinq belles saisons en CFA (N2), mais l’année suivante, après être monté en National, c’était plus compliqué pour moi car j’étais souvent victime de la concurrence. Il y a aussi le quart de finale de la Coupe de France contre Guingamp (défaite 1-2 en 2015) mais je n’étais que remplaçant car j’avais pris un coup au genou en 1/8e de finale à Croix (0-0, 1-4 aux tab). Ma dernière saison en National (2017-18), je n’ai pas beaucoup joué non plus car il y avait aussi Charly Dutournier et Saïd Idazza devant. Cette année-là, je n’ai mis qu’un but, mais un beau, un ciseau acrobatique sur un centre de Kelly Irep contre Boulogne (victoire 1-0 le 22/09/2017). Ce but, je l’avais dédié au président Jacques Piriou car c’était son anniversaire. Mais après cette saison, j’étais un peu dégoûté et je voulais arrêter. »
- L’US Trégunc (2018 à 2020). « 24 buts en championnat plus 8 en Coupe de France »
« L’entraîneur de l’US Trégunc (juste à côté de Concarneau), Hubert Castets, m’a persuadé de reprendre le foot en R1. Et cette saison-là (2018-19), on est tout de suite monté en N3 et j’ai marqué 18 buts en championnat plus 8 en Coupe de France. Mais la saison suivante, je m’étais fait une déchirure et j’ai arrêté au début de la poule retour. A la fin de la saison, le club devait redescendre en R1 mais il avait finalement été repêché en N3. »
- Le Quimper Kerfeunteun FC (depuis 2020). « C’est ma dernière saison »
« Le coach de Quimper Kerfeuteun me contacte mais je voulais d’abord bien me soigner. Ensuite c’est le président, Yannick Crenn, le PDG de Locarmor, une entreprise de location de divers matériels de chantier, qui m’appelle. Comme je ne travaillais qu’en intérim, je lui ai dit que je voulais un CDI et une voiture de fonction. On s’est mis d’accord. Il m’avait dit aussi qu’il me prêterait une de ses grosses voitures pour partir en week-end si je marquais 20 buts. La première saison a été interrompue par le Covid mais la deuxième j’ai marqué 22 buts, on est monté de R2 en R1, et je suis parti en week-end avec la voiture du patron après avoir fait le plein à la boîte ! Aujourd’hui, c’est ma quatrième saison à Quimper Kerfeunteun mais c’est la dernière. C’est sûr et certain. Je vais sur mes 38 ans, mon corps m’envoie des signaux, il faut savoir dire stop. »
Herman Koré, du tac au tac
« Si j’avais eu mes papiers plus tôt, j’aurais été pro »
Le meilleur souvenir de footballeur ?
« Si je dois n’en donner qu’un ou deux : mon but contre Niort (Ligue 2) qui qualifie Concarneau pour les 16es de finale de la Coupe de France (1-0 en janvier 2015). Et le déplacement à la Réunion avec l’US Concarneau en Coupe de France (novembre 2014). »
Le pire ?
« Ma saison en CFA 2 à l’AS Vitré (2010-11) après le décès de ma maman. »
La plus belle victoire ?
« Contre Châteaubriant en Coupe de France avec Concarneau » (victoire 2-0 au 8e tour le 6 décembre 2015).
– Il rigole car son but (le deuxième) avait fait polémique (voir la vidéo de Newsouest) : « J’avais marqué de la tête en me mettant à quatre pattes car j’avais le temps pour le faire avant que le gardien ne revienne. C’est un geste que je ne regretterai jamais car je l’ai fait, je l’avais pensé, et je l’avais même prévu quand Ntep l’avait fait avec Rennes contre Reims (mai 2014). J’étais au stade. Alors aucun regret. »
Le but qui a fait polémique :
La pire défaite ?
« Avec l’US Trégunc : 6-0 à Brest, contre la réserve du Stade Brestois en N3 (25/01/2020). »
Le plus beau stade ?
« Le stade de Sedan (Louis-Dugauguez). D’abord sous la neige pour un match remis (13 janvier 2017) en National avec l’US Concarneau, mais on y était retourné en février (victoire 0-2). »
Le meilleur entraîneur ?
« Olivier Joba à Saint-Lô. »
Le meilleur président ?
« Jacques Piriou à Concarneau. Il a toujours été honnête avec moi. Tout ce qu’il m’a promis, il l’a tenu. »
Ton plus beau but ?
« Le ciseau acrobatique sur le centre de Kelly Irep contre Boulogne en 2017 (National). »
Le but contre Boulogne :
Le match où tu as marqué le plus de buts ?
« 12 buts avec le club corpo de Saint-Cyr-sur-Loire dans la banlieue de Tours (2003). »
Le meilleur vestiaire ?
« Celui de Saint-Lô. »
La causerie d’avant-match la plus marquante ?
« Toutes celles de Nicolas Cloarec à Concarneau. Il est doué pour ça. Après ses discours d’avant-match, j’étais prêt à partir à la guerre pour mettre la tête là où l’adversaire mettait le pied. »
Une anecdote qui n’est jamais sortie du vestiaire ?
A Fontenay-Le-Comte en CFA (N2) avec Concarneau (07/11/2015). J’étais remplaçant et j’avais oublié mon maillot au vestiaire et il a fallu aller le chercher quand Nicolas Cloarec a voulu me faire rentrer. On n’a perdu deux minutes, il n’en restait plus que trois dans le temps additionnel, il y avait 2 à 2 alors qu’on avait mené 2-0, et je mets le but de la victoire 3-2. Mais le coach ne m’a pas félicité, il m’a engueulé pour avoir oublié mon maillot. »
La personne qui t’a le plus aidé ?
« Il y en a trois : Olivier Joba à Saint-Lô, Pascal Laguillier à Concarneau et Yannick Crenn à Quimper Kerfeunteun. »
Le plus bel encouragement ?
« Pascal Laguillier, à l’US Concarneau, quand il m’a accompagné et aidé à me remettre en jambes après ma fracture de la malléole d’une cheville (décembre 2013). »
La plus grande peur ?
« Quand j’ai eu cette fracture et que j’ai cru que le foot était fini pour moi. A l’hôpital, on n’avait pas détecté tout de suite la fracture, on croyait que c’était une entorse et mes ligaments se sont collés sur ma malléole. J’ai dû subir une nouvelle opération et j’ai été éloigné des terrains pendant sept mois… Bon, quand j’étais sans papiers, j’ai eu pas mal de frayeurs aussi en croisant des policiers. »
Un regret de footballeur ?
« De ne pas avoir eu mes papiers plus tôt. »
Tu aurais voulu et pu être professionnel ?
« Je suis sûr et certain que si j’avais eu mes papiers plus tôt je l’aurais été. »
Ton point fort ?
« La puissance et la vitesse. »
Ton point faible ?
« Je suis râleur. Je discute beaucoup avec les arbitres et je peux comprendre que ça énerve mais c’est parce que j’ai horreur de l’injustice. »
Combien de cartons rouge ?
« A Saint-Lô, j’en ai pris plein. J’ai même pris une suspension de dix matchs mais c’était à mes débuts et je n’étais pas habitué aux injures racistes et aux crachats au visage. On m’a souvent appelé Bamboula. Je répondais en y allant aux poings. J’ai dû prendre au moins dix cartons rouge. »
Combien de buts en championnat ?
« Largement plus de 100. »
Le partenaire qui t’a le plus impressionné ?
« Tony Théault. J’ai joué deux ans avec lui à Saint-Lô (2008 à 2010). Un ailier gauche qui avait une main à la place du pied gauche. Il a joué aussi à Avranches. C’était comme Gourm’ (Christophe Gourmelon) à Concarneau mais en plus technique et en plus vif. On se trouvait les yeux fermés. »
L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
« Guillaume Jannez (le capitaine des Thoniers à l’US Concarneau en Ligue 2). On a joué longtemps ensemble mais j’ai également joué contre lui avec Saint-Lô et Vitré. C’est un faux lent. Au démarrage, il a des problèmes avec les petits gabarits vifs, mais à l’arrivée, avec ses longues jambes (il mesure 1,96m), il est toujours là. Et il a aussi le sens de l’anticipation. »
Tu aurais voulu être international ivoirien au foot ?
« J’aurais voulu. D’ailleurs j’ai une anecdote que je n’ai jamais dite. Une fois, j’ai reçu un appel de la fédération ivoirienne de foot qui me disait qu’on me suivait pour la sélection. C’est quand j’étais à Saint-Lô. J’ai cru que c’était une blague. Je ne saurai jamais si c’était vrai car j’ai raccroché… Au téléphone c’était bizarre quand même, le club aurait dû recevoir une lettre. »
Ta plus grande fierté ?
« Avoir réussi à fonder une famille et, malgré mon handicap de départ, avoir une maison à mon nom. »
Textes : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos
Photos : Fanch Hémery, Christian Rose Cornouaille Photo et DR.
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