Le club normand, blotti entre Deauville et Cabourg, est une anomalie dans l’antichambre du National. Mais il a gagné sa place sur le terrain, en grimpant de six échelons en huit ans. Et pour la conserver, il a misé sur Bruno Luzi, le coach faiseur de miracles avec Chambly.
Par Anthony BOYER
C’est peut-être parce que l’affiche annonçait un début de rencontre à 18h30 (au lieu de 17h30, heure officielle) que les Jaune et vert de Villers-Houlgate (prononcez « Vilère ») ont mis une heure pour lâcher les chevaux et face à Thionville Lusitanos, samedi dernier, dans cette affiche de promus en National 2 !
Ce n’est pas tout : le journal local, Le Pays d’Auge, avait pour sa part annoncé un coup d’envoi à… 18h. Même nous, d’ailleurs, n’étions pas informés du bon horaire : il aura fallu un message du jeune président Victor Granturco pour nous confirmer que le coup d’envoi était bien à 17h30. L’on comprend mieux pourquoi le champêtre stade André-Salusse a mis du temps à se remplir.
C’est un détail, bien sûr, mais qui a son importance, surtout quand on sait que le foot, a fortiori quand il se rapproche du semi-professionnalisme, est une somme de détails qui, additionnés les uns aux autres, font qu’un club va parvenir à ses objectifs ou non.
150 places en tribune
Le stade de Villers-sur-Mer, à quelques centaines de mètres à peine de la mer, à 10 kilomètres de Deauville et autant de Cabourg, dépareille un peu dans ce National 2 « 2.0 ». Les petites bourgades sont de plus en plus rares à ce niveau-là et, par la force des choses, seront de plus en plus rares. Une petite tribune d’à peine 150 places, trois mains courantes, une herbe certes verte mais un peu haute, un terrain difficile, bref, ça ressemble, sans vouloir être péjoratif, à une rencontre du dimanche après-midi en Régional.
D’ailleurs, on n’est pas loin de la vérité : voilà seulement, quinze mois, l’AS Villers-Houlgate évoluait encore en Régional 1. Et voilà seulement quatre ans, l’ASVH évoluait encore en … Départemental ! Quelle ascension !
Chambly, l’exemple
Il est 16h15. C’est l’ouverture des portes du stade, ou plutôt, du portique devant l’unique guichet. L’un des tous premiers spectateurs n’est autre que Thierry Granturco, l’ex-président du club (de 2016 à 2022, année où il a cédé son fauteuil à son fils aîné Victor), l’ex-maire de Villers, l’ex-président du FC Rouen, l’avocat aux barreaux de Bruxelles et de Paris, l’homme d’affaires, n’en jetez plus, bref, un homme influent au CV long comme le bras, qui paie sa place et fait marcher la buvette !
Le temps est estival sur la côte fleurie, mais apparemment, cela n’a pas été vraiment le cas ces dernières semaines : « T’as de la chance, c’est le premier jour de grand beau temps depuis un mois » lance Bruno Luzi, le nouveau coach, le Druide, dont on apprendra plus tard que sa venue récente était d’abord un rêve pour les dirigeants : quand ces derniers ne sont pas tombés d’accord avec Benjamin Morel, l’homme des accessions, ils se sont mis en quête d’un profil à la Bruno Luzi … sans savoir que, quelques semaines plus tard, ce n’est pas son clone qui débarquerait sur les bords de la Manche, mais le vrai Luzi en personne ! Celui dont les exploit avec Chambly ont résonné dans toute la France et et donné des idées aux « petits » clubs. Parce que Chambly est un exemple, Villers-Houlgate, qui se trouve des points communs avec le club de l’Oise, veut s’en inspirer pour continuer de se structurer, de grandir, de performer dans l’anti-chambre du National.
Chambly, la ressemblance
16h45. L’échauffement commence. Julien, l’un des bénévoles du club, est debout devant le « tunnel » des joueurs. C’est la deuxième fois qu’il vient. Il est de Saint-Lô, dans la Manche, à 1h30 de route. C’est le gardien de l’ASVH, Gaëtan Boisroux, qui l’a entraîné dans cette aventure. La passion également. C’est drôle, parce que ces deux garçons-là se complètent bien : si Julien fait office de « monsieur sécurité » le soir des matchs, Gaëtan, lui, est « monsieur assurance tout risque » pendant le match : le gardien multiplie les parades – il ne s’est incliné que sur un penalty imparable du Mosellan Amine Groune (0-1, 23e) – ce qui permit à ses coéquipiers de « rester en vie »… jusqu’à cette égalisation en fin de deuxième période, à la 80e, signée du « vétéran » Oumar Konté, entré en jeu dix minutes plus tôt !
Sur le banc, avant la rencontre, Bruno Luzi fume sa clope. Comme d’hab’. Il discute avec Patrice Garande, l’ex-coach de Caen, venu en voisin. Luzi parle d’abord de la pluie et du beau temps : « Ici, on n’a pas de problème d’arrosage ! ». Puis, forcément, de Chambly. L’on ne sait plus trop pour quelle raison les souvenirs de l’accession en National (2014) et du premier match remontent à la surface : « C’était contre Istres, à Fos-sur-Mer, au stade Parsemain, dans un stade de 12 000 places quasiment désert ! On avait pris un but très rapidement sur une grossière erreur et là, on s’était tous regardé sur le banc en se demandant combien on allait en prendre ! » Ce soir-là, Chambly en avait pris 2, mais en avait mis 3 ! Les débuts d’une belle histoire en National qui se poursuivit même jusqu’en Ligue 2 !
Mais Villers-Houlgate n’est pas Chambly, quand bien même la ressemblance existe : petite ville, petit budget, petit stade, petite tribune, petits moyens, gros coeur et esprit de famille. La ressemblance est frappante.
Le dinosaure, emblème de la ville
Au bord du terrain, les Granturco sont là. Il y a Thierry, le papa. Et Victor, le fils. Le premier nous raconte l’histoire du dinosaure, emblème de la ville qu’il a administrée : « Nous sommes à côté des Falaises des Vaches Noires, qui sont un gisement paléontologique, et sur ces terres argileuses ont été découverts des fossiles de dinosaures ».
Le second nous dit OK pour un entretien à la fin du match, « 20 minutes si on gagne, 10 minutes si on fait match nul, par téléphone si on perd », plaisante-t-il. L’entretien durera 23 minutes !
Il est 17h30. Le président de la Ligue de Normandie, Pierre Leresteux, est présent pour remettre le trophée de champion de N3. Le match commence. Julien François, le coach de Thionville, suspendu, est debout en tribune, juste derrière le banc de touche de son staff. Il donne énormément de la voix. Son équipe a vraiment le match en mains, mais ne concrétise pas au tableau d’affichage, sauf sur penalty. « Il aurait dû y avoir 2 à 0 pour Thionville à la pause », dira Luzi après la rencontre.
Les dirigeants de l’ASVH tablaient sur 500 personnes au stade : grosso modo, ce fut ça, avec beaucoup plus de monde autour de la main courante que dans la tribune, il est vrai vite remplie car petite.
En face, un groupe de supporters fait beaucoup de bruit et attire l’attention du délégué, qui leur fait rappeler qu’il est interdit de s’asseoir sur la main courante. Ce sont des supporters du Havre, venus encourager le numéro 9 de Thionville, Ibrahim Baradji, un ancien de Gonfreville ! Ils ont même prévu quelques fumigènes !
« Retourne faire des spaghettis ! »
La fin du match approche. Il y a bien longtemps que l’arbitre de la rencontre, Alexandra Collin, ne tient plus le match. Ses décisions sont de plus en plus contestées et contestables. « Retourne faire des spaghettis » entend-on depuis le terrain : on taira volontairement l’auteur de ces propos, l’intéressé se reconnaîtra !
Pour ne pas avoir su plier le match, Thionville Lusitanos concède finalement l’égalisation après que l’équipe de Bruno Luzi a enfin un peu lâché les chevaux et mis l’intensité dans la dernière demi-heure. Les Jaune et vert croyaient eux aussi que le match commençait à 18h30…
Interview 1
Victor Granturco : « Une énorme fierté d’être en N2 ! »
S’il est né à Bruxelles, en Belgique, Victor Granturco a de sérieuses attaches à Villers-sur-Mer, sur la côte fleurie, où a grandi sa mère. Et depuis la Covid, il est venu s’installer dans cette petite ville de 2500 âmes, où il a ouvert des restaurants, et où sa passion pour le foot l’a conduit au club, qu’il préside « officiellement depuis 2022, mais je suis présent depuis le lancement du projet 2016, j’étais d’abord secrétaire général ».
C’est quoi le « projet » du club ?
C’est un projet d’amour pour le foot et un projet familial. Quand on est arrivé, le club était en Départemental 2 (l’équivalent de la PHB). On est venu donner un coup de main dans une ville où l’on vit, où l’on connaît les gens, et que l’on aime bien. Et vous savez comment c’est : on commence par donner un peu, puis beaucoup puis énormément, et on se prend au jeu !
Cette fusion avec Houlgate (la fusion a été actée en 2017), elle est née comment ?
En fait, on s’est aperçu que l’on était une copie conforme du club voisin de Houlgate, avec une école de foot en souffrance, une baisse des licenciés seniors, etc. On s’est dit qu’il fallait fusionner, et pour l’équipe seniors, on a pris 4 ou 5 joueurs. Sur ce territoire dépourvue de gros clubs, ou tout au moins de clubs structurés, on a senti qu’il y avait un boulevard. On a lancé une école de foot qui a été labellisée, on a fait une école des devoirs, on a acheté des mini-bus, on a lancé une section féminine, tout ça est allé au-delà de l’équipe première. Un gros travail a été effectué. Le nombre de partenaires et licenciés a évolué. On est monté jusqu’en Régional 2 et il y a la Covid qui nous stoppe alors qu’on est 2e derrière une équipe que l’on avait battu 12 ou 14 à 0 (rires) ! On a rongé notre frein. On a continué à structurer, à développer le club, on a fait revenir Eric Ledeux, l’entraîneur qui a fait plusieurs accessions de suite, qui est aujourd’hui adjoint en N2, comme quoi nous n’avons pas la mémoire courte à Villers. On sait faire des clins d’oeil et remercier ceux qui ont donné. Et puis on est passé de Régional 2 à National 2 en trois ans…
On a quand même l’impression que c’est surtout le club de Villers plutôt que celui de Houlgate…
Houlgate, c’est 1800 habitants. Je vais vous faire une confidence : on a fait valider cet été en AG le retrait du nom de Houlgate dans l’appellation du club. Parce qu’en fait, la Ville d’Houlgate ne fait aucune effort et n’apporte pas un euro. Ils avaient l’avantage d’avoir le CREPS, qui est devenu le CSN (Centre sportif de Normandie), mais avec les Jeux Olympiques (le Centre a accueilli des délégations dans le cadre de leur préparation), il y a eu de gros travaux, on n’y a même pas accès, donc cela n’a plus aucun sens. Il ne reste presque plus rien d’Houlgate. Juste quelques bénévoles.
Et la municipalité de Villers, dont votre papa fut maire avant de démissionner, elle vous suit ?
La nouvelle municipalité nous suit, mais j’ai envie de dire, encore heureux ! Si elle n’avait pas suivi, il aurait fallu qu’elle soit sacrément costaude dans ses explications. Le stade est sous dérogation cette saison, un synthétique est sorti de terre juste à côté, des travaux ont commencé sur notre pelouse, on va mettre le terrain aux normes, il faut des locaux pour l’infirmerie, le contrôle anti-dopage. Et puis il faut aussi pouvoir assurer la sécurité des supporters adverses… C’est vrai qu’on va recevoir le supporter de Biesheim et le mettre en parcage derrière quatre grilles (ironique)… Encore une fois, il y a les textes de la FFF et l’application de ces textes. Donc la municipalité suit, à son niveau, c’est pour ça que la création d’un club de territoire multiplierait les ressources par deux ou trois… Avant, il y a 30 ans, on pouvait monter en CFA, le football ne coutait pas aussi cher. Aujourd’hui, tout coûte cher, mais c’est juste un kiffe. Sur le chemin du retour de Créteil, on était content, et pourtant, on avait perdu 3 à 0. On était en 2e division de District quand ils étaient en Ligue 2, on a été accueilli par Sammy Traoré, par le DG de Créteil Rui Pataca, moi j’avais les packs d’eau sous le bras, et c’est pour ça que le profil de Bruno est important, on ne voulait pas quelqu’un qui pense que la Côte Fleurie, c’est riche, que c’est un puis de pétrole, que le président allait allonger la planche à billets… Il ne fallait pas un coach qui se prenne pour une star.
Le N2, justement, c’est un autre monde pour vous, non ?
L’histoire est merveilleuse, mais, c’est vrai, d’un coup, on se rend compte qu’on est dans un autre monde. À Créteil, on avait des étoiles plein les yeux… On a fait des photos du stade, des vestiaires, des bancs de touche en se disant « peut-être qu’un jour on aura des bancs de touche comme ça », on a pris en photos les écrans géants… C’est difficile de regarder des clubs comme ça dans les yeux. Il y a une réelle différence de niveau, surtout avec la réforme de la FFF. D’ailleurs, Bruno Luzi, le nouveau coach, nous a dit à l’intersaison, « On ne monte pas d’une division, mais d’une division et demie » ! Il a bien résumé le truc.
Comment êtes-vous perçu en N2 ?
D’abord, derrière cette success story familial, parce que j’ai pris la suite de mon père, parce que mon petit frère est attaquant chez les jeunes, il y a un gros travail de fait. On n’a jamais voulu se prendre pour des pros mais on a toujours voulu imposer une rigueur et un fonctionnement pas commun dans les clubs amateurs. C’est sans doute pour ça qu’on a étonné voire agacé les clubs alentours. Villers, c’est 2500 habitants. On a les féminines en R1, une équipe B masculine en R2, une équipe C masculine en D1, les U18 en Région, le club est doublement labelisé (école foot + section féminines), un stade qui se met aux normes… Et comme l’appétit vient en mangeant, cette National 2, on a envie d’y rester, d’y performer. En tout cas, je peux vous dire que c’est une énorme fierté d’être là. D’autres clubs comme Dives-Cabourg ou Deauville sont en N3 depuis des décennies mais n’ont jamais joué en CFA ou en N2. Dans le Calvados, il y a eu Lisieux en CFA (N2) y’a 30 ans, Mondeville il y a 20 ans et Vire la saison passée, qui a fait l’ascenseur, et c’est tout.
Justement, quid du rapprochement avec Dives-Cabourg ?
Il faut rappeler que l’on est sur un territoire aisé, certes, mais composé de résidences secondaires, avec une population de personnes âgées. Le bassin ici est dépourvu de grandes industries; à Villers, on a surtout des artisans, des bars, des restos, des hôtels : c’est pour ça qu’on a discuté avec Dives-Cabourg. On est conscient qu’on est le trouble fête, entre Deauville-Trouville (R1) d’un côté, et Dives-Cabourg (N3)de l’autre. Mais clairement, on ne peut pencher que d’un côté. La réforme des championnats a fait que les clubs ont vu que c’était compliqué de rester en National 3, et nous, pendant ce temps, on leur est passé sous le nez, on s’est faufilé, du coup, est-ce que ce n’est pas le meilleur moment de faire ce club de territoire dont on parle depuis toujours ? D’avoir un club de la Côte fleurie ? On échange avec la direction de Dives-Cabourg, c’est déjà ça. Selon moi, ce passage-là est inévitable, parce que, si on lit entre les lignes, cette réforme de la FFF tend vers des grands clubs dans des grandes villes, et ce message, je peux vous dire qu’on se le prend en pleine face quand on va devant la DNCG, quand on discute avec les services compétitions et juridiques : on l’a bien vu, le nom de notre club était mal orthographié quand on est arrivé devant la DNCG l’été dernier.
Et au niveau du budget, à combien s’élève-t-il ?
On a 500 000 euros de budget. C’est, de loin, le plus petit budget de National 2. Il y a des clubs de N3 qui ont un plus gros budget que le nôtre. En fait, on cumule la plus petite ville et le plus petit budget ! On est ce village gaulois qui fait « chier » tout le monde (sic). On voit bien le sens dans lequel pousse la FFF, qui veut du Beauvais, du Créteil, du « nouveau » Chambly, du Fleury, du Epinal, et nous, derrière, on bataille. C’est pour ça que cette fusion est nécessaire. C’est un projet à court ou moyen terme mais certainement pas à long terme.
Racontez-nous comment l’idée d’enrôler Bruno Luzi est venue ?
Au départ, on voulait un entraîneur du profil de Bruno Luzi. On est un club jeune, à petit budget, avec un terrain compliqué, sans expérience. On voulait garder notre coach de l’an passé, Benjamin Morel, mais nous ne sommes pas tombés d’accord. Là, on s’est dit qu’il nous faudrait un coach à la Luzi, qu’il nous faudrait une « chambly », un club familial, avec des conditions difficiles, qui a besoin de roublardise. On a reçu des CV lunaires. On a reçu des coachs, certains nous ont dit, pensant faire un geste, « Non mais attendez, l’argent, ce n’est pas un problème, il me faut juste 6000 euros par mois » … Si, là, l’argent, ça devient clairement être un problème ! On est loin du compte. Du coup, on enchaîne plusieurs rendez-vous. Certains coachs auraient sûrement été très pertinents en N2, mais pas chez nous. Et on s’est dit « Il faut qu’on trouve le numéro de Bruno Luzi ». On pensait que c’était inatteignable, il a le BEPF, il a entraîné en Ligue 2, il va rebondir en National, et on l’appelle, on le reçoit au stade, on part manger en ville, il se lève à la fin du repas, il va fumer une cigarette, il revient et il nous dit « C’est bon ». Le côté familial, le côté petit poucet, l’aventure humaine, ça lui a plu. En termes d’environnement club, il a retrouvé quelque chose qui ressemble à ce qu’il avait connu avant, alors qu’on ne pouvait pas s’aligner sur certaines propositions financières qu’il avait reçues. Il a eu un coup de coeur et nous aussi. Maintenant, tout le monde le sait, la saison va être rock’n’roll, en plus, vous avez vu la poule cette année ? Donc au niveau de l’organisation des déplacements, de la logistique, là aussi, on est entré dans une autre dimension, et on cherchait quelqu’un justement qui garde son calme, qui nous aide avec son carnet d’adresses, son expérience, à pouvoir exister en N2. On a essayé de conserver le noyau dur de l’an passé. Certains joueurs ont traversé les divisions depuis la R2, on en a une moitié, quand même, on a essayé de recruter intelligent, on vient de donner des des contrats fédéraux pour la première fois, mais on est encadré.
Vous leur donnez combien, aux joueurs ?
On leur donne de l’amour ! Et pas plus de 2000 euros. Malheureusement, on a les Dieux du foot qui ne sont pas avec nous. Cet été, on a recruté Amadou Diallo de Toulon : premier match, il met un but et une passe dé et la semaine suivante, son titre de séjour arrive à expiration (il est Guinéen). Depuis, alors que l’on a fait la demande de renouvellement dans les temps, il n’a même pas encore le récépissé, qui est juste la preuve qu’il y a une demande en cours et qu’il peut être présent sur le territoire français de manière légale. Offensivement, vous avez vu, il manque. On avait aussi recruté un milieu de terrain de Granville (N2), Kevan-Brimau Nziengui, un international gabonais, mais il s’est fait les croisés contre le Maroc en éliminatoires de la CAN… On va voir si on peut faire un autre Fédéral pour le remplacer, ce n’est même pas sûr (le club a officialisé ce mercredi la venue du milieu de terrain Madou Touré, formé à Valenciennes et joueur l’an dernier à Paris 13 Atletico, Ndlr.).
Interview 2
Bruno Luzi : « J’avais envie de revivre une aventure »
Il a toujours le sens de la formule. Et souvent une clope au bec, avant ou après le match. Bruno Luzi (59 ans) est toujours ce coach truculent, un peu hors du temps, qui a construit sa renommée en même temps qu’il a construit son club, Chambly, l’accompagnant de la la première division de District jusqu’en Ligue 2 ! Comme beaucoup de ses collègues estampillés « coach de National », Luzi s’était quelque peu ému, à l’été 2023, qu’on ne pense pas ou plus à lui pour reprendre une équipe de ce niveau. Peut-être en raison de cette fameuse étiquette « coach de Chambly ».
Du coup, il s’en est allé faire une petite pige en National 3 à Compiègne avant, cet été, d’accepter la proposition de la famille Granturco, à Villers-Houlgate. « Il y a beaucoup de jeunes coachs qui arrivent aussi, explique-t-il; après, oui, il y a eu un trou après Chambly. Je ne dirais pas que cela a écorché l’image mais en tout cas cela ne l’a pas améliorée non plus. Mais cet été, j’étais plus préparé que l’été précédent. Parce que c’est surtout la première saison qui a suivi Chambly qui été dure, quand tu sors de National… Je me suis dit que j’allais avoir plein de clubs, tu parles, que dalle, et là, c’est dur, t’es vite oublié, je ne comprenais pas. Mais aujourd’hui, c’est différent. J’ai digéré. J’ai compris. Je sais « que ». C’est pour ça que revenir dans le circuit, c’est important, et puis le terrain, c’est mon truc. Les autres clubs voient aussi que je suis en action, qu’on fait du travail ici. Dans une nouvelle région. Une belle région ! »
« J’ai été surpris qu’ils me contactent »
Et cette arrivée à Villers, comment a-t-elle vu le jour ? « J’ai d’abord été surpris qu’ils m’appellent parce que je savais qu’ils étaient montés de N3 en N2, donc la première question que je me suis posée, c’est « pourquoi ils ont changé de coach ? », raconte Bruno Luzi. « Ils m’ont expliqué qu’ils ne s’étaient pas mis d’accord avec mon prédécesseur. Donc à partir de là, j’ai accepté de venir à Villers pour les rencontrer ! Je me suis retrouvé dans le discours du père et du fils Granturco. Ils devaient recevoir d’autres entraîneurs après moi, mais ils m’ont dit, « Si t’es d’accord, on y a va », et j’ai dit « allez, c’est parti » ! J’avais deux touches en attente mais on ne sait jamais (il prend une grande respiration)… Voilà, j’ai trouvé quelque chose qui me botte, ça m’a plu ! J’avais envie de revivre une aventure, et puis il y a le niveau, le N2, qui est plus beaucoup plus intéressant. Je ne veux pas cracher dans la soupe, mais la pige en N3, à Compiègne… J’y suis allé parce que je connaissais le président et que c’était à côté de chez moi, voilà. Là, à Villers, c’est une histoire sympa, un championnat relevé, encore plus qu’avant, avec Beauvais, Fleury, Créteil, Chambly, Epinal, ce sont des noms, et c’est très costaud. Et Thionville aussi, on a vu une belle équipe, ils vont se maintenir tranquille. Le championnat est plus costaud que celui que j’avais découvert avec Chambly il y a plus de 10 ans. C’est un « National 2 plus », sans les équipes de bas de tableau de l’an passé ; ça va être une saison passionnante ! »
Une chose est certaine, Bruno Luzi n’est pas venu pour l’argent ! « Non, ce n’est franchement pas l’objet ni le projet, pourtant, les loyers sont très chers ici (rires) ! J’ai quand même eu une proposition correcte à ce niveau-là. Tu sais, je suis dans l’affect : si ça me parle, si ça me prend, ce sont ces choses-là qui vont me faire avancer, bien plus que si tu me dis qu’il y a 1000 balles de plus. Moi, je ne suis pas là-dedans. »
« Ici, les loyers sont chers ! »
Du coup, le nouveau coach de Villers-Houlgate a emmené sa petite famille avec lui, et quitté l’Oise : « Oui, on habite ici, à Villers, près du restaurant Le Mermoz; on est à 50 mètres de la mer. J’ai toujours ma maison à Chambly. Dès que l’on pourra y aller deux jours, un week-end, on ira, mais les enfants sont entrés à l’école, en maternelle. Donc ça va être un peu difficile, mais bon, de temps en temps, on leur fera manquer un lundi ! »
Quant au FC Chambly Oise, il y retournera sur le banc adverse, en fin de saison : « On les reçoit en janvier et on ira pour l’avant-dernier match, peut-être que l’on devra jouer quelque chose là-bas ! Et peut-être que eux aussi joueront quelque chose, on ne sait pas ! » Ce match à Chambly, dans un stade qui porte le nom de son papa, Walter Luzi, est encore loin. Verser dans un excès d’émotion ? Beaucoup trop tôt. Ce sera forcément différent lorsqu’il s’agira de jouer là-bas.
Face à Thionville, samedi dernier, ses joueurs ont fait preuve de courage et d’abnégation pour prendre un point presque inespéré compte tenu de la domination mosellane pendant une heure : « Surtout, ce qui me fait plaisir, c’est que cela faisait trois fois que l’on était mené et là, c’est la première fois qu’on revient au score, c’est bien, parce qu’un nul, c’est un nul, et à ce niveau là, ça compte, surtout que Thionville est une équipe costaude, athlétique. Ensuite, on a stoppé la spirale de trois défaites. Et puis, tu as beau dire des choses à tes joueurs quand tu es entraîneur, mais tant qu’ils ne les vivent pas, tes paroles n’ont pas le même impact : là, au moins, ils ont vécu le truc, ils se sont souvenus qu’à un moment donné, ils ont mis l’intensité qu’il fallait. Maintenant, ils pourront se dire « on sait comment faire » pour retourner une situation. C’est vraiment un bon point parce qu’on était mal embarqué. A la mi-temps, j’ai positivé. On devait être mené plus que 1 à 0, mais Thionville n’a pas mis le deuxième but, ce qui nous a permis de rester en vie, et d’égaliser. »
Lire aussi l’article de 13HF sur Kevan-Brimau Nziengui :
https://13heuresfoot.fr/actualites/national-2-brimau-nziengui-linternational-gabonais-de-granville/
Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
Photo de couverture : 13HF / Photos : 13HF (sauf mentions spéciales)
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