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Valentin Liénard : « J’essaie de donner une image positive du foot »

À près de 26 ans (il les fêtera le 11 janvier), Valentin Liénard n’est pas qu’un simple joueur amateur. Sa notoriété dépasse le cadre des terrains. En parallèle de sa carrière – il évolue à Thonon Evian Grand Genève en N2 -, le défenseur s’est fait un nom sur les réseaux avec ses vidéos, dont sa série QDF (Que du foot) sur YouTube. Aujourd’hui, le créateur de contenu cumule plus d’un million d’abonnés.

Photo Thonon Evian GG FC

Originaire du sud de la France, Valentin Lienard a rapidement été repéré par le club professionnel de sa ville, l’OGC Nice. L’exigence et l’acharnement au travail, il l’a connu dès le plus jeune âge avec le confort d’avoir sa famille à ses côtés. « Ça change, tu sors d’un club de village, où t’es le meilleur de ton équipe et surclassé. D’un coup, tu te retrouves entouré de joueurs qui sont tous comme toi voire meilleurs. J’ai eu une année d’adaptation où je n’étais pas bon, je ne me retrouvais pas. Mais on s’habitue à cette exigence et c’est ça qui fait réellement progresser. Heureusement que j’étais proche de ma famille. »

Après les Aiglons, il parcourt la région. Chez les jeunes, il évolue au niveau national, à l’AS Monaco et au FC Istres, puis il rejoint Le Cannet-Rocheville, à côté de Cannes, en National 3. « Je me suis éloigné de ma famille par étapes, ça s’est fait progressivement. » Depuis, le jeune footballeur a – quasiment – changé chaque saison de club (Louhans-Cuiseaux B, Agde, Limoges, Saint-Priest B, Villefranche/Saint-Jean/Beaulieu et Jura Dolois), excepté la saison du Covid (à Alès, de 2019 à 2021).

12 clubs à 25 ans

Avec le coach Bryan Bergougnoux et le directeur sportif Olivier Chavanon. Photo Thonon Evian GG FC.

« Je n’ai pas spécialement choisi de changer de club à chaque fois. Il y avait plein de paramètres différents. Istres et Limoges ont tous les deux déposé le bilan, Limoges s’est retrouvé en D1. Istres a fermé son centre de formation et a perdu son statut pro. Tu n’as pas d’autre choix que de partir. Villefranche / Saint-Jean / Beaulieu (à côté de Nice) est descendu en Régional 1 et ce ne sont pas mes ambitions. J’ai rejoint Saint Priest ou le TEGG (Thonon Evian Grand Genève) pour avoir l’opportunité de jouer plus haut. Il y a eu aussi certaines réalités de la vie. Je suis parti d’Agde car ils me donnaient 650 euros, et aussi d’Alès car j’avais l’opportunité de me rapprocher de ma famille. Ce sont des paramètres différents mais qui s’expliquent un minimum. »

Visuel Thonon Evian GG FC.

Cette réalité est souvent connue des jeunes footballeurs qui errent en National 3 à cause de la différence de professionnalisme et de structures dans les clubs. « Dans l’idée, j’avais souvent envie de rester. Si j’avais pu faire plein d’années à Istres et monter avec le club, je l’aurais fait. Si à Saint-Priest, ça c’était bien passé, je serais resté. Si j’arrive à trouver un club où je peux me stabiliser ça sera parfait. »

Désormais en National 2 à Thonon Evian Grand Genève, Valentin, qui fêtera ses 26 ans vendredi 11 janvier, progresse doucement dans sa carrière footballistique. « L’entraîneur du TEGG, Bryan Bergougnoux, cherchait un latéral. Greg’ Campi, son adjoint, que j’ai connu à Villefranche-sur-Mer, nous a présenté et ça a matché. J’ai eu un premier mois compliqué. Je ne me retrouvais pas, je n’étais pas assez bon. Là, l’adaptation se passe de mieux en mieux. On voit la différence de niveau chez les joueurs, dans l’effectif, aux entraînements. C’est cool parce que t’as l’impression d’avancer quand t’es entouré de joueurs comme ça et ça devient de plus en plus facile. »

Un million de followers

Photo LAB

C’est à 20 ans que Valentin Liénard a créé sa chaîne YouTube. Qu’il paraît loin le temps où le Niçois faisait ses vidéos de 5/6 minutes, tout seul, depuis sa chambre ! Désormais, « Val » possède sa série, le QDF, et des professionnels qui travaillent pour lui. « Avec un de mes meilleurs pote de collège, Nicolas Irr, on cherchait une idée. Et on s’est dit, « c’est fou, il n’y a pas un seul gars sur YouTube qui joue à un niveau correct en National et qui montre un peu comment il a intégré un centre de formation, comment il s’est retrouvé dans un club, qui montre son quotidien ». » Son ami d’enfance lui suggère donc l’idée d’une chaîne Youtube. « Je lui ai dit « c’est mort je ne vais jamais mettre ma tête sur YouTube ». »

« Finalement, je me suis dit « c’est quand même une idée pas dégueu’ donc je le fais, et voilà, on est parti de là. » A 20 ans, il réalise une saison complète en National 3, à Agde. C’est là que celui qui mène une double vie – footballeur / youtubeur et instagrameur – décide de documenter son quotidien de footballeur : il commence à produire du contenu accessible à tous. « On s’est toujours dit, avec Nico, « dès qu’on arrive à gagner un peu de sous, au lieu de le garder pour nous, on va réinvestir ». Si on gagnait 2000 euros, au lieu de les garder, on voulait progresser, donc on préférait payer quelqu’un pour qu’il travaille avec nous. Si on gagne 4000 euros on va reprendre une autre personne. »

Une vidéo de QDF (« Que du foot »), la chaîne YouTube de Valentin Liénard

Aujourd’hui, deux personnes le suivent au quotidien, cadreur et monteur, et deux autres personnes « montent » le contenu à distance, depuis Nice. De temps en temps, Nico et Val emploient des auto-entrepreneurs s’ils ont besoin d’une main d’œuvre supplémentaire, nécessaire sur certains contenus.

« Le foot n’est pas toujours bien aimé et n’a pas toujours une bonne image. Si j’arrive à donner une image positive du foot, tant mieux, c’est ce que j’essaie de faire. Montrer le côté sérieux et pro qu’on a dans nos divisions et en même temps que les gens kiffent et qu’ils aient un bon divertissement, voilà ce que je veux. »

« Si un club me dit « tu ne peux pas faire de contenu », je n’y vais pas » »

Vous le reconnaissez, en bas à droite ? Valentin (accroupi, au centre) a évolué chez les jeunes avec Kylian Mbappé à l’AS Monaco. Photo DR

Après avoir beaucoup « vagabondé » en National 3 au cours de sa carrière, Valentin nourrit des objectifs footballistiques en parallèle de ses projets. Il reste cependant réaliste sur la dure réalité du football semi-professionnel. « Quand tu commences le foot, t’as envie de finir pro mais la réalité te montre que ce n’est pas si simple. Je veux aller le plus haut possible. Déjà, j’aimerais arriver à m’imposer dans un club comme le TEGG en National 2 puis avoir la chance de continuer cette ascension avec le club, ou bien arriver à jouer plus haut. Le sportif prime avant tout mais je suis obligé d’être un peu réaliste. Il y a pas mal de gens qui bossent avec moi, donc je ne peux pas être égoïste. Si un club me dit « tu viens chez nous mais tu ne peux pas faire de contenu » je réponds non. »

Rien que la chaîne YouTube « QDF » regroupe près de 400 000 abonnés.

A Thonon Evian, le YouTubeur se retrouve. Le club lui laisse l’opportunité de continuer sa série et ses créations de contenu. « Cette saison, je veux gratter le plus de minutes en N2 possibles et arriver à monter avec le club. »
Valentin Liénard souhaite également élargir son travail de vidéaste. « Je veux continuer à faire progresser le QDF mais aussi faire d’autres projets. On va développer les formats courts et lancer une chaîne Twitch. Je veux tenter d’autre choses. Sur la chaîne Twitch on va recevoir des abonnés une fois par semaine et essayer de résoudre leurs problématiques en rapport avec le foot. »

C’est donc avec plein d’ambition que Valentin entame cette année 2024 !

Valentin Liénard du tac au tac

Photo Thonon Evian GG FC.

Ton meilleur souvenir sportif ?
Le Mondial de Montaigu avec les U17 de l’AS Monaco en 2015. C’était le premier tournoi où je me suis dit « ça commence à être sérieux ».

Ton pire souvenir sportif ?
La descente avec le VSJB (Villefranche / Saint-Jean / Beaulieu) de National 3 à Régional 1 en 2022. Ça a été difficile parce que je me projetais sur du long terme là-bas, il y avait un contexte que j’aimais bien mais à cause de la descente j’ai dû changer de club.

T’as marqué combien de buts dans ta carrière ?
Trois en seniors. Je suis latéral (rires) ! C’était deux en réserve en plus !

Ton plus beau but ?
C’était chez les jeunes à Istres en demi-finale de la coupe régionale et on pouvait jouer l’OM en finale. J’ai marqué le but de la qualification. Je n’en ai pas mis beaucoup donc je m’en souviens facilement (rires).

Ton poste préféré sur le terrain ?
Latéral droit, c’est là où je suis le meilleur.

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
Depuis petit, mon frère y jouait ça m’a influencé, je ne voulais faire que ça.

Ton geste technique préféré ?
Je ne suis pas le joueur le plus exotique du monde… mais la feinte de frappe !

Sous le maillot de Jura Dolois, la saison passée, en National 3. Photo Jura Dolois.

Tes qualités et défauts sur un terrain ?
Qualités : la hargne, la détermination, l’endurance. Défauts : je ne vais pas être le joueur le plus technique qui va faire des passements de jambes ou des roulettes.

L’équipe où t’as pris le plus de plaisir ?
La saison dernière (2022-2023) avec Jura Dolois. Une très belle saison en National 3. On finit 3e, je joue presque tout les matchs. On ne monte pas mais bête de groupe, bête d’équipe.

Le club où tu rêverais de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Le FC Barcelone.

Un match qui t’a marqué ?
On perd en prolongation mais j’étais en National 3 à Limoges : on fait 8e tour de Coupe de France. On joue Villefranche-en-Beaujolais (National) et je fais un gros match : après ce match, Villefranche me met une semaine à l’essai (sous la direction d’Alain Pochat). C’est là que tu te dis « Ok, je peux vraiment me rapprocher du monde pro »; ça a été un déclic.

Un coéquipier qui t’a marqué ?
Mon pote Jordan (Aidoud). Dans le foot, c’est rare d’avoir des amis qui durent et lui c’est vraiment devenu un frérot. J’ai joué avec lui à Alès (2021-22) et à Jura Dolois (2022-23).

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Kylian Mbappé, même si ça a été un coéquipier aussi à Monaco.

Avec son coach Grégory Campi au VSJB (Saint-Jean-Cap-Ferrat / Villefranche-sur-Mer / Beaulieu-sur-Mer), à côté de Nice, en N3. Photo DR

Un coach que t’aimerais revoir ?
C’est fait, je l’ai retrouvé cette saison : c’était Greg Campi (adjoint à Thonon Evian GG).

Une causerie de coach marquante ?
Celles de Greg Campi : il arrivait toujours à trouver un truc nouveau pour arriver à motiver le groupe.

Une consigne de coach  jamais comprise ?
La saison dernière, j’avais un coach qui n’aimait pas que les latéraux repiquent dans l’axe pour centrer. Ce centre côté pied intérieur, il n’aimait pas. Quand il s’est rendu compte qu’on mettait pas mal de buts comme ça, il a changé d’avis.

Une anecdote de vestiaire ?
Greg Campi qui en pleine causerie jette son téléphone de colère.

Photo LAB

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
J’ai le père de Kylian Mbappé mais ce n’est pas un joueur. Je dirais Malang Sarr.

Une devise un dicton ?
Fluctuat Nec Mergitur (« Il est battu par les flots, mais ne sombre pas », la devise de la Ville de Paris).

Tu es un joueur plutôt…
Efficace.

Un modèle de joueur ?
Philippe Lahm.

Une idole de jeunesse ?
Messi.

Photo LAB.

Un plat, une boisson ?
Pizza coca.

Tes loisirs ?
La création de contenus, le sport automobile.

Un film culte ?
Rocky.

Dernier match que tu as vu à la TV ?
OM-OL (le 6 décembre 2023).

Thonon Evian Grand Genève en deux mots ?
Un club ambitieux et professionnel.

Le monde du football en deux mots ?
Extraordinaire et horrible, il peut te faire vivre les meilleurs comme les pires moments.

Texte : Olesya Arsenieva / Twitter : @ArseneviaO

Photos : LAB, Thonon Evian Grand Genève FC et DR

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