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Valentin Lavigne (Fleury) : « Je prends autant de plaisir en N2 qu’en L1 ! »

De la Ligue 1 avec Lorient au National 2 avec Fleury en passant par la L2 et le National, Valentin Lavigne (28 ans) a tout connu. Ses blessures auraient pu le pousser à stopper sa carrière. Mais l’attaquant a continué par « passion du foot ». Entretien riche avec un homme épanoui et un joueur accompli.

Photo FC Fleury 91

Dans le bus qui emmène les joueurs et le staff de Fleury à Belfort (l’entretien a eu lieu vendredi), l’ambiance est joyeuse. Valentin Lavigne nous donne rendez-vous pour un peu plus tard. A ses côtés dans la chambre d’hôtel, le buteur Anthony Petrilli. Le lendemain, Fleury concédait sa première défaite de la saison (3-0) et perdait sa place de leader du groupe de National 2.

International U20, buteur lors de son premier match de L1 avec son club formateur Lorient en août 2014 à Monaco (2-1), le Breton (28 ans aujourd’hui), qui compte 21 matchs de L1 (3 buts) et 47 de L2 (3 buts) avec Lorient, Brest, Laval et le Paris FC, était destiné à une toute autre carrière.

Mais les blessures l’ont ralenti. L’attaquant, qui a ensuite rebondi en National à Concarneau et Saint-Brieuc (78 matchs, 14 buts) se dit pourtant « ni aigri ni revanchard ». « Je suis juste heureux de me réveiller tous les matins pour aller jouer au foot », confie celui qui a choisi cet été de redescendre d’un niveau en signant un contrat de 2 ans à Fleury. Généreux et altruiste sur le terrain, toujours de bonne humeur, c’est le coéquipier presque idéal…

« Ce que fait Concarneau, c’est juste magnifique ! »

Sous le maillot du Stade Lavallois. Photo Philippe Le Brech

Avec neuf buts marqués, vous avez réussi votre plus belle saison sur le plan statistique avec Saint-Brieuc l’an dernier en National. Pourquoi avez-vous signé en National 2 à Fleury ?
Je sais que ce choix a étonné beaucoup de monde. J’avoue que si j’avais eu des propositions en L2, j’y serais allé. Mais ça n’a pas été le cas. J’ai eu des opportunités dans des clubs de National. Mais si c’était pour jouer en National, je serais resté à Saint-Brieuc où j’étais très bien. Mais venir en région parisienne, c’est d’abord un choix de vie. J’avais vraiment passé une bonne année quand j’étais au Paris FC. Fleury m’a contacté très tôt; ça me tentait bien de revenir en région parisienne et de voir autre chose que la Bretagne, même si j’y retournerai. Ma compagne va aussi avoir plus d’opportunités pour son travail de community manager. On n’a pas encore d’enfant. C’était le bon moment pour profiter de la dynamique de Paris. On habite juste à côté, à Châtillon (Hauts-de-Seine). Mais attention, je ne suis pas venu ici juste pour me promener à droite à gauche. Je reste focalisé à fond sur le foot.

Comment s’est passée la transition avec le National et la Bretagne ?
Très bien. On a des longs déplacement en bus pour aller jouer dans l’Est mais sincèrement, je kiffe à fond ! A Saint-Brieuc, les gens étaient au top humainement, mais ça restait quand même parfois compliqué au niveau des structures. A Fleury, on est vraiment mis dans un certain confort. Les installations sont dignes d’un bon club de National ou de L2. Il y a un bon projet ici ! Le président Pascal Bovis est passionné, proche de ses joueurs et cherche à monter en National depuis des années. Je suis persuadé que tout est réuni pour qu’on fasse une bonne saison.

« Je veux retrouver le National avec Fleury »

Sous le maillot du FC Lorient. Photo Philippe Le Brech

Vous avez rejoint une équipe où le noyau dur (Petit, Sert, Gamiette, Enzo Bovis, Sery, Sanches, Petrilli…) est présent depuis plusieurs années…
Il n’y a que des bons mecs dans ce groupe ! Dès mon arrivée, j’ai ressenti une bonne alchimie. Avec Théo Bloudeau qui vient également de Saint-Brieuc, on essaye d’ajouter notre expérience à cette équipe qui se connaît déjà bien. Je pense que le club applique la bonne méthode pour monter. Un noyau dur qui est déjà habitué à jouer ensemble avec 3 ou 4 recrues comme moi. J’ai signé deux ans. Je veux retrouver le National avec Fleury.

Le 22 octobre dernier contre Wasquehal, vous avez-vécu un moment très fort. Racontez-nous…
On était mené 3-0 chez nous à la mi-temps. Anthony (Petrilli) marque le but de l’égalisation à la 87e. Et moi celui du 4-3 à la 96e minute… C’était une émotion incroyable. La célébration, la communion avec les copains et les gens dans le stade, c’était magnifique. C’est pour vivre de tels moments que je joue au foot. C’est certes de la N2 mais j’ai ressenti autant de joie que pour mes buts en L1 ou en National. Le foot, les émotions, ce n’est pas juste qu’une question de niveau. Gagner de cette manière, était déjà inespérée. Et moi, c’était mon premier but avec Fleury. Je joue plutôt relayeur en ce moment, je n’ai jamais été un joueur qui était obnubilé par ses « stats » mais ça fait quand même plaisir de signer mon arrivée à Fleury de cette manière.

« Je ne suis ni frustré, ni aigri ! J’aime le foot ! »

Photo FC Fleury 91

Vous nous racontez tout ça avec beaucoup d’enthousiasme et de passion. Il n’y a quand même pas une pointe de regrets chez vous de vous retrouver aujourd’hui en National 2 à 28 ans ?
Les gens me posent souvent cette question. Il me disent, après ce que tu as connu, la L1, les stades pleins, etc., ce n’est pas trop dur ? Ils sont surpris et parfois bluffé de me voir dans cet état d’esprit, épanoui et heureux. C’est certain qu’à ma place, avec le même parcours que moi, la L1 à 20 ans puis les blessures, beaucoup auraient arrêté le foot. Mais moi, je n’ai jamais été dans le doute. Je ne me suis jamais posé cette question. Que ce soit en L1, L2, National, N2 ou même encore plus bas, je prendrai toujours du plaisir à jouer au foot. J’aime le foot en général. Ce qui me fait vibrer c’est d’être sur un terrain tous les jours, d’aller m’entraîner tous les matins. Je ne suis ni frustré ni aigri même si je joue aujourd’hui à un niveau moins huppé que la L1.

Quand vous repensez à vos débuts en L1 avec Lorient, vous vous dites quoi ?
Que je vivais alors dans un monde parfait. Mais c’était un peu celui des bisounours… Je jouais en L1 dans le club de ma ville où j’avais été formé. J’avais une belle vie, j’étais insouciant et je n’avais pas aucun problème. Mais je ne connaissais que les bons côtés du foot et de la vie. Je ne vais pas dire que ma première blessure a été un mal pour un bien… Mais elle m’a fait grandir. Mon parcours m’a fait grandir. J’ai compris que le foot était un vrai métier. Ça peut paraitre surprenant mais dans ma tête et mes attitudes, je suis beaucoup plus pro aujourd’hui alors que je joue en N2 que quand j’étais en L1. Je ne regrette pas mon parcours. Avant, j’étais un peu trop sage, trop propre sur moi. Je n’avais pas la dalle. Tout ce que j’ai vécu m’a endurci et m’a fait comprendre des choses.

« Loïc Landre ? Il n’a rien compris, c’est malheureux pour lui… »

Sous le maillot du Stade Briochin. Photo Philippe Le Brech

En voulez-vous à Loïc Landre qui a brisé votre ascension quelques mois après vos débuts en L1 en vous blessant gravement au genou gauche sur un tacle ?
Je ne lui en veux même pas.. Si un peu quand même. Il avait pris huit matchs de suspension. Mais il a récidivé ensuite… Il a blessé d’autres joueurs comme Youssef Atal (Nice). Ca montre que lui, n’a rien compris, qu’il n’a tiré aucune leçon après m’avoir fait ce tacle. C’est malheureux pour lui.

Vous avez connu le monde pro et maintenant les amateurs. Où avez-trouvé le plus de franchise ?
Chez les pros, j’ai vécu des injustices. Il y a forcément plus de franchise dans les rapports humains chez les amateurs. On se dit peut-être plus facilement les choses. Moi j’ai aussi mon caractère. Je suis plutôt entier, pas lisse. Je n’ai jamais joué un rôle pour plaire aux autres ou à un entraîneur. Si je suis autant épanoui aujourd’hui, c’est que l’état d’esprit qui règne dans un club amateur me correspond peut-être davantage.

« J’ai toujours raisonné en termes de collectif »

Sous le maillot de l’US Concarneau. Photo Philippe Le Brech

Vous donnez l’impression de toujours vous fondre dans les groupes où vous êtes passé ?
C’est mon éducation qui m’a donné ce goût d’aller vers les autres, de partager. Sur un terrain, cela ne m’a jamais déranger de courir et de me dépenser pour faire briller le copain.

J’ai toujours raisonné en termes de collectif. Le foot, c’est aussi de l’humain, des rencontres, des découvertes, des voyages. C’est tous ses côtés que j’apprécie aussi. Partout où je suis passé, j’ai noué de belles relations et j’ai essayé de laisser une belle image de moi.

Un petit mot sur un de vos anciens clubs, Concarneau qui est en tête du National…
Chaque vendredi, je regarde les matchs de Concarneau et Saint-Brieuc sur FFF TV. Ce que fait Concarneau, c’est juste magnifique. Je prends un plaisir énorme à les regarder jouer.

Il faut saluer le travail du coach Stéphane Le Mignan. Il a réussi à concerner tout son groupe, même ceux qui jouent moins. Quand un coach arrive à créer une telle alchimie, il a tout gagné.

Valentin Lavigne, du tac au tac

« J’ai toujours apprécié faire la Madjer ! »

Première fois dans un stade ?
Évidemment le Moustoir ! J’ai commencé à 6 ans le foot au FC Lorient et j’y ai connu mes premiers match ! Même si j’allais souvent à Chaban-Delmas voir les Girondins car j’avais de la famille en Gironde.

Avec le Stade Briochin la saison passée en National. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir de joueur ?
Forcément mes buts en Ligue 1 qui étaient des moments magnifiques. Mais je dirais que mes meilleurs souvenirs restent liés au centre de formation à Lorient. On avait une vraie bande de potes, c’était incroyable !

Pire souvenir de joueur ?
Sans hésiter ma blessure contre Lens le 22 novembre 2014 après un bon début de saison à Lorient en ligue 1. Je me blesse devant ma famille, c’était un moment compliqué.

Une manie, une superstition ?
Plus jeune j’adorais prendre un bain chaud l’après midi avant les matchs. C’est le truc à ne pas faire (éclats de rires)… Mais bon, j’ai arrêté depuis.

Le geste technique préféré ?
La Madjer ! J’ai toujours apprécié faire ce geste , que ce soit pour marquer ou dans le jeu.

Avec l’US Concarneau en National en 2019. Photo Philippe Le Brech

Qualités et défauts sur un terrain ?
Je dirais généreux… Courir et me sacrifier pour les autres n’a jamais été un problème. Mais justement, des fois je suis trop généreux et je ne pense pas assez à moi, surtout offensivement. J’ai toujours préféré faire une bonne passe que de marquer un but. Sinon je dirais, un peu nerveux, même si je me suis calmé !

Ton plus beau but ?
Je ne pense pas que ce soit le plus beau. Mais c’était évidemment le plus important , celui contre Monaco, le 10 août 2014 lors de la première journée de Ligue 1 sur Canal + a 21h. Je rentre à la 81e minute, ce sont mes débuts en L1 et je marque à la 87e minute. On gagne 2-1 là-bas.

Le joueur le plus fort que tu as affronté ?
Au vu de ce qu’il fait maintenant : Mbappé. Mais à l’époque il était à Monaco et ne jouait pas trop. Donc je dirais Pogba. En équipe de France U20, on avait joué contre les espoirs et on avait pris une jolie fessée.

Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
Je vais avoir du mal à en nommer d’un seul .. Je dirais Seko Fofana et Mario Lemina. En jeunes, ils étaient déjà très forts et en pro, Raphaël Guerreiro, toujours simple mais très efficace.

Photo FC Fleury 91

L’entraîneur ou les entraîneurs qui t’ont marqué ?
Beaucoup d’entraîneurs m’ont marqué , sachant que je fonctionne pas mal à l’affect ! A Lorient, j’ai eu de très bons formateurs comme Pierrick Le Bert , et j’ai eu la chance d’avoir Julien Stéphan et Franck Haise aussi ! Dans le monde pro, ce serait Christian Gourcuff et Sylvain Ripoll. J’ai été éduqué à bien jouer au foot et c’était un vrai plaisir !

L’entraîneur que tu ne voudrais pas retrouver ?
Ah ah bonne question ! Je ne fais pas trop de langue de bois , donc je dirais Denis Zanko connu à Laval et Fabien Mercadal au Paris FC (désolé je sais que vous l’appréciez à 13heuresFoot !). J’étais prêté par Lorient au Paris FC et j’ai bien senti que je n’étais que de passage … Ça n’a pas collé.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Laval. Je revenais de 8 mois de blessure. J’étais hors de forme et je n’étais prêté que 5 mois … Quand j’y repense, c’était impossible que ca fonctionne. J’aurais dû rester à Lorient et retrouver du rythme petit à petit.

Sous le maillot du FC Lorient. Photo Philippe Le Brech

Le club, l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Lorient ! Depuis que j’ai 6 ans jusqu’à 24 ans, j’ai évolué sous les couleurs des Merlus. Je connais le club, la ville, les éducateurs par cœur ! C’était magnifique. J’ai pris aussi énormément de plaisir à Saint-Brieuc, avec les moyens qu’on avait, on a fait de très bonnes choses ! Les gens sont très gentils, c’est un club saint !

Ton club ou tes équipes préférées ?
Je n’ai jamais été supporter d’une équipe spécialement, mais j’aime bien suivre les clubs parmi lesquels je suis passé.

Ton joueur ou tes joueurs préférés ? Un modèle ?
J’aimais beaucoup Eden Hazard quand il était à Chelsea. Sinon Kevin de Bruyne, je suis fan !

Un stade mythique ?
J’ai joué au Vélodrome et c’est vrai que c’est impressionnant !

Sous le maillot du Stade Brestois. Photo Philippe Le Brech

Bretagne ou Région Parisienne ?
Je suis obligé de dire la Bretagne, j’y ai toute ma famille et je pense que j’y retournerai plus tard !

Mais j’ai toujours aimé la vie parisienne. C’était déjà un kiff quand j’étais au Paris FC et je profite encore plus aujourd’hui à Fleury

Le milieu du foot, en deux mots ?
Il faut le vivre de l’intérieur pour le comprendre.

Combien d’amis dans le milieu du foot ?
Énormément, je me suis toujours bien intégré dans tous les clubs où je suis passé.

Activités pratiquées en dehors du foot ?
J’adore le sport en général, donc j’en pratique énormément, mais en ce moment je dois avouer qu’on joue énormément au ping pong avec Antoine Petit notre gardien, au grand désarroi de notre prépa physique à Fleury !

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech et FC Fleury 91