Stéphane Rossi : « Cholet a évolué dans le bon sens »

Après neuf mois sur le banc de « son » club, le FC Bastia-Borgo, qu’il a contribué à maintenir en National grâce à trois places gagnées au classement et un repêchage in extremis, l’entraîneur, qui a toujours l’île de Beauté dans le sang, est de retour à Cholet, en National, après un premier passage de 18 mois en 2020/2021.

Plus que jamais fidèle et amoureux de sa Corse natale, Stéphane Rossi a contribué aux belles heures du CA Bastia et du SC Bastia. Pour la deuxième fois de sa carrière, il pose néanmoins ses valises sur le banc du SO Cholet, après une première expérience d’une saison et demie, de décembre 2019 à juin 2021, déjà en National, un niveau qu’il connaît sur le bout des doigts. Sa nomination dans les Mauges, fin mai dernier, en a surpris quelques-uns, même s’il avoue être à l’époque parti en bons termes avec son président, Benjamin Erisolglu. Simplement, il avait pointé du doigt des infrastructures insuffisantes et incompatibles avec les ambitions du club.

Stéphane Rossi n’était pas resté longtemps sans club : en novembre dernier, il a retrouvé le banc du FC Bastia-Borgo (devenu aujourd’hui le FC Borgo) et son ami et président Antoine Emmanuelli, qui l’a rappelé pour remplacer Albert Cartier. La mission était simple : redresser un club bon dernier de National après 12 journées et seulement 5 points (0 victoire, 5 nuls et 7 défaites).

Sur le terrain, avec Rossi, le FCBB redresse la barre et gagne trois places (7 victoires, 5 nuls et 10 défaites, 31 points au final). Le maintien est loupé de peu à la toute dernière journée de championnat face au FC Sète (1-2), mais la rétrogradation administrative des Héraultais fait le bonheur des Corses, repêchés grâce à leur 15e place (premiers relégables). C’est dire si, finalement, Stéphane Rossi contribue au maintien de son club.

Toujours disponible dès qu’il s’agit de parler de football, l’entraîneur, qui avait aussi pris une part prépondérante dans le renouveau du Sporting-club de Bastia avec une accession en National 2 (en mai 2019), avant d’être écarté à l’automne suivant, a pris – à la veille de l’ouverture du championnat de National contre Avranches (1-3) – le temps de poser son regard sur ses expériences passées et sur la saison 2022-2023. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur un passionné du ballon rond, dont le grand fait d’armes est d’avoir permis à l’ancêtre du FC Borgo, le CA Bastia, de goûter à la Ligue 2 !

« A Cholet, nous sommes en reconstruction »

  • Qui était Stéphane Rossi, le joueur ?

C’est toujours difficile de s’analyser alors je vais répéter ce que l’on me disait. J’étais un joueur surtout technique. Dans un 4-2-3-1 aujourd’hui, je serais n°10. Je pouvais jouer aussi un peu plus bas éventuellement. J’allais parfois sur un côté, mais la vitesse n’était pas ma qualité forte. J’étais adroit sur coup franc avec un bon pied droit. Mais ça m’est arrivé de marquer du gauche. Et même de la tête (rires).

  • Pourquoi l’appel du banc était-il une évidence pour toi ?

Je m’en rends compte avec le recul. Très jeune, j’ai hérité du brassard de capitaine dans les équipes où j’évoluais. À l’époque j’avais des aptitudes à analyser le jeu, celui de l’adversaire. Mais aussi de voir ce qu’il se passait dans un vestiaire. Ça demandait un investissement supplémentaire de s’intéresser à tout. Mais j’aimais ça.
J’ai commencé comme entraîneur joueur dans mon village de Cervione. C’est là où je me suis mis à appréhender le métier de coach. J’avais des amis dans l’équipe, mais je devais faire des choix dans mon onze de départ, prendre la parole à la mi-temps. Cela m’a fait franchir un palier. Et très vite, je me suis retrouvé avec Antoine (Emmanuelli) au CA Bastia. D’abord comme coach de l’équipe B, puis à la tête de l’équipe première au bout de six mois.

  • Pendant plus de 15 ans tu as grandi et fait grandir le CA Bastia. Que retiens-tu de ces années aux côtés du président Emmanuelli ?

Au-delà du sportif, je retiens une chose importante : un climat de sérénité, les conditions de travail et ce quelles que soient les circonstances. En vingt ans, il n’y a jamais eu de panique à bord, de personnes pour prendre la place des autres. Nous étions toujours dans l’analyse, le travail. Nous avancions petit à petit et cela permettait à la fois au club, aux joueurs et à moi-même d’être en confiance. La saison dernière, j’ai retrouvé ça malgré la difficulté dans laquelle se trouvait l’équipe dans la course au maintien. On pourrait peut-être parler un peu d’inconscience, mais c’est ce qui a permis au CAB de passer du CFA2 à la Ligue 2. Et c’est pour ça que je reviens à Cholet. J’ai senti que depuis mon premier passage, le club avait évolué dans le bon sens. Toutes les conditions sont réunies pour bien travailler.

  • Tout entraîneur corse rêve de passer par le SC Bastia. Avec le recul, regrettes-tu cette histoire d’amour qui s’est mal finie ?

Absolument pas. En Corse – sans manquer de respect à qui que ce soit – il y a le Sporting et après les autres. C’est le club historique de l’Île, une institution avec un palmarès. Le club était au plus mal et je n’ai pas hésité une seule seconde lorsque l’on m’a proposé de prendre l’équipe. Je me devais d’y aller. Avec le club j’ai tout connu : j’ai été spectateur, joueur à 16 ans et demi en 3e division, entraîneur. J’ai grandi avec le Sporting. Aujourd’hui le club est à la place qui doit être être la sienne, c’est-à-dire dans le monde professionnel. En espérant qu’il atteigne de nouveau la Ligue 1. Je suis content d’avoir fait partie du renouveau.

  • Comment vois-tu cette nouvelle saison de national avec une équipe de Versailles faisant figure d’ogre avec son recrutement galactique ?

Sur le papier, Versailles a une équipe incroyable. Mais tous les ans, le foot montre que ce ne sont pas forcément les plus gros budgets qui montent. Je vais reprendre l’exemple du CAB. L’année de la montée en Ligue 2 (en 2013), nous avions le plus petit budget, mais il y avait de la rigueur, de l’envie, de la volonté, de la solidarité. Nous avions une équipe, un état d’esprit. En National, tous les matchs sont difficiles. Sans ces valeurs, tu ne peux pas envisager une montée ou un maintien selon tes ambitions. À Cholet, nous sommes en reconstruction avec 90% de l’effectif renouvelé. Nous souhaitons faire un bon départ pour travailler dans la sérénité. On verra au fil des semaines si nous devons regarder en haut ou en bas. Dans tous les cas, la préparation a été bonne.

  • Première fois dans un stade ?

À Furiani. J’avais 8 ans et le Sporting accueillait l’Olympique de Marseille.

  • Première sur un banc de touche ?

Ce n’est pas un premier banc. Mais j’avais 18 ans et je voulais donner un coup de main à l’éducateur en place. Juste par plaisir. Je me souviens que chez les minimes au CA Bastia, il y avait Pascal Camadini qui était sur le terrain.

  • Meilleur souvenir d’entraîneur ?

Plus qu’un match, je veux retenir chacune des montées avec le CA Bastia. Chaque saison c’était un exploit. Avec en point d’orgue évidement la montée en Ligue 2.

  • Pire souvenir d’entraîneur ?

En CFA contre Montpellier. On perd 8-1 là-bas. Il y avait 13 ou 14 pros et non des moindres (Carotti, Lacombe). De notre côté, nous étions diminués et très vite ça a été la galère. Je ne souhaite à aucun coach de vivre ça.

  • Le joueur qui t’a le plus marqué ?

L’année de notre montée en Ligue 2, N’Golo Kanté était impressionnant du côté de Boulogne. L’année suivante, je le recroise en Ligue 2 à Caen. Il ne me laissait pas indifférent.

  • Ton style de jeu ?

C’est avant tout une philosophie de jeu réaliste. Ce n’est pas un jeu de transition ou de possession. C’est savoir s’adapter aux qualités et défauts de l’équipe en face. Etre aussi fort en bloc haut, en bloc bas ou sur un jeu médiant.

  • Un coach ?

Ce sont toujours ceux que l’on a eu jeune qui nous marque. Je dois mon premier match en 3e division à Pierre Alonzo, le papa de Jérôme Alonzo. Il était au centre de formation de Paris et était venu à Bastia pour aider à développer le notre.
Il y a eu aussi Emile Daniel, un entraîneur qui était toujours très franc. Un jour, je joue 90 minutes et le lundi matin je suis convoqué dans son bureau. Et là, il me dit : « La prochaine fois que tu me fais un tel match, tu ne rejoues plus jamais. »
Jean-Pierre Cristofari a aussi été important. C’est lui qui m’a fait venir au CAB alors que je voulais rester avec mes copains au SCB. Il est venu me chercher à la maison et à convaincu mon père. Ce choix m’a permis de faire une grosse saison, puis de signer à Toulon.

  • Une équipe de légende ?

Plus qu’une équipe, j’ai été marqué par Maradona. Du coup, j’ai beaucoup aimé l’Argentine de 78/86 et le Napoli de 86/90 aussi. J’avais la chance en Corse de recevoir les chaînes italiennes et d’en profiter.

Textes / Julien LEDUC

Photos : SO Cholet et DR