Le deuxième meilleur buteur de l’histoire de la Division 2 s’était éloigné du foot pro pendant 10 ans pour travailler dans le monde de la banque et des assurances, avant de replonger dans un rôle d’entraîneur des attaquants au FC Annecy, en Ligue 2, pendant 15 mois. Convaincu de l’utilité de son poste, il a repris goût au haut niveau.
Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr
Photos Philippe LE BRECH

À Niort, il y a deux monuments. Les Chamois et la MAIF ! Samuel Michel (54 ans) connaît bien ces deux entités : Il a porté les maillots de chacune de ces entreprises qui font la renommée et la fierté de la préfecture des Deux-Sèvres. Et tant pis si l’une d’elles a disparu des championnats professionnels l’été dernier – l’association des Chamois Niortais (Régional 3) a fusionné avec l’UA Niort-Saint-Florent le mois dernier pour devenir « Chamois Niortais Saint-Flo », où évolue Hugo, l’un de ses deux fils, en R2 -, il reste toujours la reine des assurances pour faire rayonner Niort à l’échelle hexagonale.
Que le natif d’Amiens, dans la Somme – « Mais je n’y suis pas resté longtemps, j’ai grandi à Paris dès l’âge de 2 ans, à Garges-lès-Gonesse (Val d’Oise), rectifie-t-il » – ait bossé dans les assurances n’a à vrai rien dire de surprenant, tant avant cette seconde vie, il avait déjà « assuré » sur les terrains de Division 2 (devenue la Ligue 2 en 2002), ses clubs successifs n’ayant jamais eu à se plaindre de son rendement offensif. C’est simple, avec « Sam », comme on l’appelle dans le milieu (« Sammy, c’est plus pour la famille et les amis ! »), c’était … l’assurance de marquer des buts ! Beaucoup du buts ! 135 au total en 398 matchs dans l’antichambre de la première division, un chiffre qui en fait tout simplement le 2e meilleur buteur de l’histoire derrière Jean-Pierre Orts et ses 163 buts.
Une autre époque…
Bien sûr, c’était un autre temps ! Celui où il fallait passer 10 ans en D2 et marquer 100 buts avant de pouvoir goûter au Graal, la première division, « Alors qu’aujourd’hui, un jeune qui marque 10 buts en Ligue 2 file direct en Ligue1 ! A mon époque, on durait, c’était différent; pour signer pro, il fallait faire 15 ou 20 matchs sur la feuille, or aujourd’hui, un jeune signe pro même s’il a fait zéro match parfois ! », constate-t-il sans aucun regret ! Une autre époque… encore que, elle n’est pas si lointaine : Samuel Michel a stoppé sa carrière pro il y a 20 ans tout juste, en 2005, aux Chamois Niortais, avant d’en entamer une autre sur le banc. Pas toujours avec la reconnaissance du milieu.
Ses principaux faits d’armes ? Un intérim aux Chamois Niortais en Ligue 2 et des postes d’adjoint, et un poste de numéro 1 à Amiens en National. Aux Chamois Niortais, il fut propulsé entraîneur en chef en janvier 2008 par le président Joël Coué, avec Angel Marcos dans le rôle du superviseur en chef : « Avec Angel, on formait un binôme mais c’était lui le coach quand même, il avait beaucoup d’expérience, il prenait les décisions, il me drivait ».
La cicatrice amiénoise

Avant cela, il avait été l’adjoint de Faruk Hadzibegic et de Jacky Bonnevay, qu’il remplaça, puis retrouva son poste d’adjoint quand Denis Troch a été nommé. Ensuite, il s’occupa des U17 Nationaux. En novembre 2013, il devint l’adjoint de Sébastien Robert au Red Star, en National. Dans la foulée, il fut nommé entraîneur principal d’Amiens, en National, en juin 2014, avant d’être limogé six mois plus tard, juste après Noël, remplacé par un certain… Christophe Pélissier. Ce dernier venait juste de « faire monter » Luzenac en Ligue 2 (le club ariégeois fut interdit d’accession) avant de prendre son envol définitif au stade de Licorne, en 2016, avec le retour des Picards en L2, puis l’accession « Historique » en Ligue 1 à la dernière seconde de la saison 2016-2017 !
Ce n’est pas tant le fait de voir que son successeur a accompli de si belles choses qui a été difficile à vivre pour Samuel Michel, mais la manière dont il a été remercié par le président Bernard Joannin. Une décision qu’il n’a jamais vraiment digérée : « Ça m a un peu dégouté du foot pro, raconte-t-il aujourd’hui, plus de 10 après; en fait, l’injustice me révolte. Quand je suis remercié en milieu de saison à Amiens pour d’autres arguments que des résultats sportifs, bon ben là… C’est compliqué. J’étais investi à 300 %. J’étais venu seul sans ma famille. C’est vrai que Christophe Pélissier a fait quelque chose de très bien derrière moi, donc il n’y a rien à dire là-dessus. Mais j’aurais bien voulu voir la deuxième partie de saison à Amiens, aller jusqu’au bout, parce qu’on était en embuscade. Dans le foot, il faut toujours être en embuscade. »
Le goût de l’entreprise

Ce dégoût du foot pro a eu pour effet de le pousser à … pousser d’autres portes, celles du monde de l’entreprise. « J’ai des diplômes, assez diversifiés, J’avais fait une validation des acquis, j’ai fait un Master II à Rouen en marketing / management, sciences humaines / sciences sociales, j’ai une licence « banque assurance » et un BTS assistant manager. Je voulais voir autre chose. La MAIF, c’est une boîte connue et reconnue, et la banque, ça m’intéressait ! J’ai travaillé dans ces deux entreprises. En fait, chaque fois que j’ai une envie, je veux l’assouvir ! Mon épouse me dit souvent que j’ai eu la chance, jusqu’à présent, de toujours faire ce que j’avais envie de faire. Elle et mes enfants m’ont toujours laissé faire. »
Ces deux nouvelles expériences – il a continué aussi à entraîner en amateur, au niveau régional (à Aiffres et Saint-Liguaire), et même parfois à jouer pour le plaisir – lui ont permis de constater que, justement, les similitudes avec le foot professionnel étaient évidentes : « Notamment pour ce qui est du management, poursuit celui qui avait effectué ses débuts en pro à 18 ans au Red Star, en Division 2; pour moi, le management des grandes entreprises n’est vraiment pas loin de celui d’une équipe de football. C’est lié. On peut transposer le management d’une équipe de sport de haut niveau au monde de l’entreprise sans problème, les leviers peuvent être les mêmes, comme les objectifs, par exemple. D’ailleurs, certains anciens pros ont fait du management une activité de « consulting », comme Denis Troch et plus récemment Patrice Garande. Parce que la passerelle avec le foot est évidente ».
Ce goût pour l’entreprise, Samuel l’a eu dès que la fin de sa carrière a sonné : « Là, à 35 ans, il y a eu une révolution chez moi, comme une explosion intellectuelle dans mon cerveau, c’était incroyable ! En fait, je me suis aperçu que, quand j’étais joueur pro, j’étais uniquement centré sur moi-même. Je pensais qu’il n’y avait que le foot qui existait. Et là, quand j’ai arrêté, ça a été Hiroshima dans mon cerveau (sic), et j’ai compris que le monde, ce n’était pas moi. Du coup, j’ai eu envie de découvrir le milieu de l’entreprise ».
Saint-Pierre-et-Miquelon, quelle aventure !

Parallèlement à son travail dans le « vrai » monde, Samuel Michel cherchait toujours à faire du football son métier. Quand la passion est là, elle ne vous quitte jamais ! « Quand on a passé autant d’années sur les terrains, l’envie est toujours là » explique-t-il. Du coup, il restait en alerte, comme on dit. Un peu comme un avant-centre qui ne touche pas beaucoup de ballons et qui attend, seul, devant les cages, la bonne occasion !
Et puis, un jour, dans le journal local, à Niort, un article l’intéresse : « C’était dans le courrier de l’Ouest ! L’article parlait de Sébastien Cuvier, qui revenait d’une expérience de 3 ans à Saint-Pierre-et-Miquelon, et il n’en disait que du bien. Il parlait d’une superbe aventure humaine et comme j’avais envie de m’échapper un peu… J’ai quand même une épouse et des enfants fantastiques ! L’article m’a donné envie, un club là-bas, l’ASIA Foot, cherchait un entraîneur, j’ai postulé et ça c’est fait ! Depuis quelques mois, la présidente du club, Ludivine Quédinet, qui est aussi présidente de la Ligue de Saint-Pierre-et-Miquelon, est membre du ComEx à la FFF avec Philippe Diallo. Elle est brillante. Elle fut la première femme présidente de Ligue en France. Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est un caillou de 8 km sur 5 km, en plein milieu du grand nord, près du Canada ! Là-bas, tu as besoin de quelque chose, tu l’as dans la journée ou le lendemain ! Ils essaient vraiment de se développer. Les gens y sont fantastiques ! »
Samuel a remis un pied dans le foot, mais il ne le sait pas encore, il va bientôt poser le deuxième, et en Ligue 2 ! Dire qu’il avait tiré un trait sur le monde pro… « Quelques mois après mon retour et ma mission de six mois à Saint-Pierre-et-Miquelon, je reçois un appel de Laurent (Guyot), qui entraîne Annecy en Ligue 2. Je l’avais connu à Guingamp, on avait joué ensemble, j’avais été son adjoint aussi à Sedan en Ligue 2. Il me dit « On est avant-dernier, on est à 7 ou 8 points du premier non-relégable, on ne marque pas de buts, est-ce que tu veux nous aider, nous donner un coup de main » ? Il restait 12 matchs au FC Annecy pour se maintenir en Ligue 2. C’était chaud, compliqué. J’en parle à mon épouse, et puis à la base, c’est juste pour 12 matchs, juste pour 3 mois… Par amitié, j’ai dit oui. Je ne faisais pas grand-chose à ce moment là. Je dis à Laurent, « Allez, banco ! » On a fini avec 24 buts marqués lors des 12 derniers matchs. C’est peut-être une coïncidence… Il y a beaucoup de coïncidences avec Annecy (ironique). »
Son CDD pas renouvelé à Annecy

Pour son premier match dans son nouveau rôle, Samuel se déplace à Saint-Etienne avec le FC Annecy : « Et là, je tombe sur Robert Malm qui commente le match ! Avec Robert, on était un peu concurrent à l’époque ! Je retrouve Olivier Dall’Oglio aussi, avec qui j’avais joué à Rennes, j’ai revu plein de copains comme ça, je pense à Christophe Marichez aussi, entraîneur des gardiens au FC Metz, qui fut mon coéquipier à Niort ! »
Le club haut-savoyard, satisfait de son apport dans un rôle « d’entraîneur chargé des attaquants », lui propose un CDD d’un an supplémentaire. Un an durant lequel le FC Annecy « surperforme », au point de terminer la saison à la meilleure place de son histoire (6e), avec un nombre de points jamais atteint en Ligue 2 (51). Mais l’aventure s’arrête. Samuel n’est pas reconduit. « Mon contrat n’a pas été renouvelé, je n’en dirai pas plus ».
Samuel ne souhaite pas polémiquer, mais il en a gros sur la patate. Il s’était replongé « à 300 % » dans le foot pro, et ça lui plaisait. « J’aime le lien avec les joueurs, j’étais proche d’eux. Je suis dans l’échange, mais surtout, j’essaie de connaitre l’homme avant le joueur, afin de voir quel levier activer avec lui. C’est important de créer une proximité, de voir comment est le joueur dans sa vie, comment il fonctionne, s’il est marié, s’il a des enfants, comme ça derrière tu peux inter-agir. »
« Entraîneur des attaquants, je pense que ça marche ! »

Si avoir un entraîneur chargé spécifiquement des attaquants est un luxe aujourd’hui en Ligue 2, compte tenu de la crise financière des clubs et d’une certaine réticence de leur part à élargir des staffs, a fortiori quand ils sont français, Samuel est cependant convaincu que ce rôle est utile. « C’est Guy Lacombe qui m’en avait parlé, qui m’avait dit que c’était important. Il y en a quelques-uns, on entend parler de Djibril Cissé à Auxerre en L1, il y a Grenoble en L2, et quelques autres. En Europe, il y a beaucoup d’entraîneur des attaquants, en France, ça commence aussi, mais là, avec la crise, parce que c’est aussi une question de moyens et de budget, on en verra de moins en moins. C’est dommage, parce que je pense que ça marche. On va être obligé de faire marche arrière. »
Une chose est certaine, Samuel a adoré ce nouveau rôle, qui lui correspond mieux. Il l’a d’autant plus apprécié qu’il n’avait pas toutes les contraintes du coach principal, mais seulement à gérer « la réussite » des attaquants. « Cette année, on fait éclore le petit Quentin Paris, 18 ans, qui a 4 buts (en 15 matchs), et un joueur comme Yohan Demoncy, qui n’avait jamais mis plus d’un but par saison, en a marqués 7 cette année ! C’est pour ça, quand je dis que ça marche, je le pense vraiment, après… »
« C’est tout un travail, un conditionnement, une mise en confiance… »

Évidemment, après avoir passé 10 ans loin du foot pro, il a fallu se replonger dans les exercices, « mais je je les ai toujours dans ma tête », dans le travail chronophage d’un staff pro : « Quand je suis arrivé, en février de la saison passée, j’ai regardé tous les matchs de la saison du FC Annecy avec le logiciel Wyscout, sur une tablette que j’avais à disposition, et j’ai aussi regardé tous les buts qui étaient marqués dans tous les championnats, la manière dont ils étaient marqués. Je faisais beaucoup de vidéos et après je m’inspirais de la façon dont ils étaient marqués pour adapter mes exercices, basés sur les angles de frappe, sur les situations de frappe, etc. Je travaillais beaucoup dans les 18 mètres : en fait, pour moi, cela ne sert à rien de faire frapper un attaquant de 20 mètres quand tu sais que 90 % des buts sont marqués entre le point de penalty et la surface de but. Entraîneur des attaquants, c’est aussi faire des retours aux joueurs à partir de la vidéo, sur les déplacements par exemple, avoir des discussions informelles, gérer l’activation le matin quand ils sont sur le vélo, sur le terrain, en dehors, mettre en confiance, parler, c’est tout un travail, un conditionnement, une mise en confiance. En fait, c’est un peu une partie du rôle de coach, sauf que tu n’es pas coach. Je ne donnais pas mon avis, je ne disais pas « Il faut sélectionner tel ou tel joueur », même si je pouvais donner mon ressenti si on me le demandait. Mais j’étais là avant tout pour travailler la réussite. »
« C’est la passion du foot qui m’anime ! »
Aujourd’hui, Samuel est rentré chez lui, près de Niort, à La Crèche. Il avoue avoir repris goût au foot de haut niveau. Mais s’il se verrait replonger à nouveau, ce serait toujours dans un staff : « C’est la passion du foot qui m’anime ! Je n’ai jamais recherché la lumière. J’aime partager. Là, aujourd’hui, je digère, parce que tu t’attaches. Forcément, je me suis repiqué au truc. La fin de saison 2024, on s’est serré les fesses les 12 derniers matchs mais cette année, c’était différent, parce que ça a roulé de suite, même si on a eu un coup de moins bien en janvier/février. Mais le club n’avait jamais marqué autant de points (51) ni fini aussi haut (6e en Ligue 2). Bon, quand tu vois que ça prend, qu’il y a des résultats au bout, c’est prenant, et tu te dis que tu ne sers pas à rien, et en plus, Annecy, c’est un bon club, une belle région, avec des joueurs cools. En fait, le foot n’a pas changé par rapport à mon époque, c’est juste que, avant, il n y avait pas de réseaux sociaux, donc quand on faisait des conneries, ça ne sortait pas. Et on en a fait des conneries aussi, on n’était pas mieux qu’eux ! »
Et le foot amateur dans tout ça ? « Avec mon diplôme, je peux entraîner jusqu’en Régional 1. Je ne sais pas si je vais passer le DES en VAE (validation des acquis), je vais réfléchir, ça me permettrait d’entraîner en National 2 ou National 3 ».
Samuel Michel, du tac au tac
« Je suis toujours un peu gamin dans ma tête »

Meilleur souvenir de joueur ?
Les montées ! J’ai eu la chance d’en faire deux en Ligue 1, l’une avec le Stade Malherbe de Caen, et l’autre avec En Avant Guingamp, donc forcément, ce sont des souvenirs dont on se souvient.
Pire souvenir de joueur ?
Quand je me suis fait les croisés, avec les Chamois Niortais, à Strasbourg, dans un choc avec Jean-Christophe Devaux, c’était dans le jeu. J’avais 30 ans, je me suis posé plein de questions à ce moment-là, est-ce que je vais rejouer, tout ça…
Ton premier match en pro ?
Je crois que c’était contre Nîmes, il y avait Jean-Louis Zanon… Non, contre Avignon, il y avait Patrick Cubaynes, un sacré joueur ! C’était avec le Red Star. Je me souviens qu’un joueur m’avait mis une tarte ! C’est rigolo, parce qu’on en parlait récemment avec un joueur à Annecy, qui me demandait si, à mon époque, il y avait de la tactique ! Non mais comme si avant, le foot, ce n’était que des duels physiques !

Ton plus beau but ?
C’est marrant parce que sur l’application mobile que vient de concevoir l’En Avant de Guingamp, d’ailleurs très bien faite, il y est dessus ! Du coup, ce but, je l’ai revu ! C’était avec Guingamp donc, contre Châteauroux je crois, un ballon que je reprends de volée, qui va en lucarne opposé ! Mais pour moi, dès que le filet tremblait, c’était un super but (rires) !
Ton plus beau loupé ?
Il y a une action qui m’a marqué, je ne sais pas pourquoi, c’était en U17 Nationaux avec le Red Star : il n’y a plus personne devant le but, je n’ai plus qu’à la pousser, et là, je ne sais pas ce que je fais, je la mets à côté ! Et il y en a une autre aussi avec Sochaux, sous la neige : après une frappe de loin, le ballon tape la transversale, le gardien recule et tombe dans le but, moi j’arrive à fond, tout seul, je mets plat du pied et ça part au-dessus ! Un raté incroyable !
Ton geste technique préféré ?
J’aimais bien crocheter et enrouler, un peu à la Thierry Henry, je maîtrisais bien ce geste. Dans les entraînements spécifiques à Annecy, je disais aux attaquants d’arrêter de frapper fort, mais de croiser au sol, d’enrouler côté opposé.

Tes qualités et des défauts sur un terrain ?
J’avais un temps d’avance sur les autres, je lisais bien le jeu. J’avais une très bonne technique mais pas de grosses qualités athlétiques, malheureusement. Mes qualités m’ont quand même permis d’avoir une petite carrière un peu sympa en Ligue 2. Mes défauts, c’est que je n’avais pas un gros volume de jeu, même si je courais quand même, hein, mais quand je vois les garçons aujourd’hui…
La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Au Stade Malherbe de Caen, même si avec Guingamp c’était très sympa aussi ! Mais à Caen, il y avait tout, Luc Borelli dans les cages, on avait une grosse équipe, on s’entendait bien, on se retrouvait le dimanche au décrassage, quand ça existait encore (rires), on mangeait des huitres, c’était génial ! Je faisais du foot un peu pour ça, pour être avec les copains. Je me suis d’ailleurs marié en fin de saison à Caen cette saison-là.
Une erreur de casting ?
Sûrement que j’en ai fait, mais comme je le dis toujours, quand tu prends une décision, tu penses que c’est la bonne, et ce n’est qu’après que tu sais si c’était la bonne ou pas, donc ça ne sert à rien de se dire que c’était une erreur de casting.
Un coach marquant ?
J’en ai eu quelques-uns quand même, Robert Herbin, alias le Sphinx, au Red Star, à mes débuts : c’est lui qui m’a lancé quand même ! J’ai eu Patrice Le Cornu, mon formateur, malheureusement décédé, Pierre Mankowski, Guy Lacombe, j’ai eu beaucoup de « noms », ce qui fait d’ailleurs peut-être de moi ce que je suis aujourd’hui, en tant qu’éducateur. Je me suis inspiré de tous, de ce qu’ils faisaient de bien et de pas bien. J’ai eu aussi Philippe Hinschberger aussi, qui habite dans le coin, pas loin de Niort, où je viens de revenir aussi, donc on est en contact, comme avec d’autres aussi.
Un club où tu as failli signer à l’époque mais cela ne s’est pas fait au dernier moment ?
Oui et c’est un énorme regret ! J’ai failli signer à l’AS Saint-Etienne quand je suis revenu au Red Star après un passage à Rennes qui ne s’était pas très bien passé. Le Red Star ne veut pas me lâcher, ou demandait peut-être un peu trop d’argent, bref, ça ne se fait pas, et je décide bêtement de ne plus aller à l’entraînement ! Quinze jours après, Guingamp se présente, et le club me laisse partir à Guingamp. Mais quel regret de ne pas être allé à Saint-Etienne, ce club mythique !
« J’ai failli signer à Saint-Etienne ! »

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le PSG. Je suis Parisien à la base, même si je suis né à Amiens, mais de l’âge de 2 ans jusqu’à mes 23 ans, j’étais à Paris, à Garges-lès-Gonesse, en banlieue, et je jouais au Red Star.
Pourquoi as-tu pratiqué le football quand tu étais petit ?
Mes parents m’ont mis dans le foot pour ne pas que je traîne dans la rue le mercredi après midi et le week-end, parce que voilà, on était en banlieue parisienne, même si à mon époque, on n’avait aucun problème de « vivre ensemble ». Et puis parce que j’étais passionné. Tout petit, j’avais un ballon avec moi. Mes parents étaient rassurés de me savoir au foot.
Pourquoi attaquant ?
Je voulais être gardien de but au début, j’avais effectué des essais, et mon père m’a dit « non, non, non…! » il m’a mis devant, et je suis resté devant, voilà, c’est tout simple ! Parfois, les histoires, comme ça, c’est tout bête !
Tes débuts ?
Au FCM Garges-lès-Gonesse, j’y ai fait toute ma formation. Mon papa entraînait au club. J’y ai joué en cadets nationaux première année. J’avais terminé meilleur buteur d’un tournoi international cadets. C’est comme ça que le Red Star m’a repéré j’y ai signé en cadets 2e année et après, ça a décollé ! Je suis resté au Red star de 16 à 22 ans ! C’est un super club et de voir la manière dont il a rebondi aujourd’hui, je suis vraiment content ! On ne jouait pas à Bauer mais à Marville à mon époque, et on voit bien la différence depuis qu’ils rejouent à Bauer. D’ailleurs, comme disent les supporters dans leurs chants, le Red Star, c’est à Bauer ! Il y avait un joueur à Annecy, Yohan Demoncy, qui me chambrait avec ça et me chantait cette chanson ! Mais c’est tellement vrai.
« Un club mythique, c’est une certaine philosophie »

Le club mythique en France selon toi ?
Le Red Star, Le Havre, Paris. Un club mythique, pour moi, c’est une certaine philosophie.
Un coéquipier marquant ?
J’ai eu de supers coéquipiers, je ne voudrais pas les blesser mais c’est vrai qu’il y a un joueur… Il m’a recontacté d’ailleurs il n’y a pas longtemps sur Messenger, c’est Éric Stéfanini, quand j’ai démarré au Red Star. Il avait un pied gauche magique. Il jouait derrière moi et à l’entraînement, ce qu’il faisait était incroyable, des centres, des reprises, des volées… Il me disait toujours, « Quand tu es aux abords des 18 mètres, tombe, et je m’occupe du reste ». Et derrière, il mettait des coups francs incroyables ! C’est une anecdote qui me revient mais j’en ai plein d’autres, j’ai joué avec de tels joueurs, je pense à Safet Susic, Steve Marlet, William Gallas, notamment…
Dans le jeu, tu avais des affinités avec un joueur en particulier ?
Frédéric Garny à Sochaux ! Sur les 23 buts que j’ai mis cette saison-là, il m’en a donnés beaucoup ! On était amis, nos femmes, nos enfants, se voyaient. On est toujours amis d’ailleurs, il est au Montpellier Hérault SC.
Le coach marquant ?
Guy Lacombe, tactiquement. Et le Sphinx, c’était mythique : un jour, on va jouer à Rouen, et Herbin, au bout d’un quart d’heure, me lance « Sammy, bouge toi, cours » et cinq minutes après, je marque un but, et là, je cours vers lui, et je lui fait « Alors, y’a rien là ? » et l’équipe se replace pour l’engagement. Et puis là, il fait un changement : je me dis « tiens, mais il sort qui ? » et je vois que c’est moi qui sors… Évidemment, je n’étais pas content. Il vient à ma rencontre, il me sert la main et me dit « Je crois Sammy que tu voulais me dire quelque chose, viens t’asseoir à côté de moi sur le banc, on va discuter » ! Je peux te dire que je n’ai plus jamais fait ça de ma vie après un but ! Il m’avait calmé direct !
Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
J’essaie depuis un moment d’entrer en contact avec Edwin van Ankeren, un « golgoth », très gentil, un super gars, j’ai joué avec lui à Guingamp. On arrive un peu tous à se contacter grâce aux réseaux quand même, d’ailleurs, récemment, j’ai retrouvé un de mes anciens partenaires à Garges-lès-Gonesse, Bruno Pasqualini, un Antillais, qui est en Guadeloupe maintenant.
Un président ?
Jacques Prévost, des Chamois Niortais, qui étaient proches de nous. Même Serge Viard à l’époque au SM Caen. Et puis, bien sûr, Noël Le Graët à Guingamp, même si ce n’était pas lui le président à l’époque.
Une causerie marquante ?
Celles de Guy Lacombe, c’était quelque chose ! On avait vraiment l’impression d’un acteur, il haussait le ton, il venait, il nous parlait…
« Je préférais être titulaire en Ligue 2… »

Que t’a-t-il manqué pour être un bon joueur de Division 1 ?
Un volume de jeu plus conséquent peut-être. Je n’avais pas forcément beaucoup confiance en moi. En fait, je préférais jouer titulaire en Division 2 plutôt que remplaçant en Division 1. J’étais un peu un gamin dans ma tête, je le suis toujours d’ailleurs ! Peu importe le niveau, je voulais jouer au foot. Je n’ai pas beaucoup joué en Ligue 1, je n’ai dû faire qu’une petite cinquantaine de matchs (2 buts).
Une consigne de coach jamais comprise ?
Quand j’étais à Sochaux, Faruk Hadzibedjic voulait me faire jouer milieu droit, mais ce n’était pas mon poste, je n’avais pas de vitesse, même si je n’étais pas lent, alors je rentrais à l’intérieur, mais il fallait que ça marche, et il me l’a fait comprendre, en me disant « Ok, mais sinon, tu retournes sur le côté » !
Ton poste de prédilection ?
9 et demi, il me fallait un mec devant moi, j’ai eu la chance de jouer avec des supers 9, je pense à Fabrice Fiorèse, à Guingamp, avec qui j’avais aussi un super feeling sur le terrain. On a dû mettre une trentaine de buts ensemble, c’est pas mal. « Fio » avait le sens de l’appel en profondeur on se trouvait les yeux fermés.
Des rituels, des tocs, des manies avant de jouer ?
Non, plutôt la routine, les gestes habituels, qui m’aidaient à me concentrer, à rentrer dans ma bulle.
Une devise ?
Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.
Tu étais un attaquant plutôt comment ?
Opportuniste, technique et qui avait un coup d’avance.
Tu es un entraîneur plutôt comment ?
Proche de mes joueurs, à l’écoute, déterminé.
Un modèle d’attaquant quand tu étais petit ?
Marco Van Basten. Lui, vraiment, c’était la classe.
Le milieu du foot ?
Compliqué, génial et tendu.
- Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
- Photos : Philippe LE BRECH
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