Romuald Marie : « Les Herbiers ? Une aventure humaine exceptionnelle »

A 34 ans, Romuald Marie est de retour en Vendée, à La Roche-sur-Yon (N3), après deux expériences au Poiré-sur-Vie et bien entendu aux Herbiers. Le latéral droit formé à Rennes revient sur l’épopée 2018 jusqu’en finale de la Coupe de France.

A force d’effectuer des allers-retours entre la Vendée et le reste de la France, il allait finir par s’épuiser et surtout par revenir ! A 34 ans, Romuald Marie, l’un des protagonistes de la finale de la Coupe de France 2018 face au PSG avec Les Herbiers, a opté pour un troisième retour dans cette région que son amie et lui adorent, à La Roche-sur-Yon, après des passages au Poiré-sur-Vie, en National, et bien sûr aux Herbiers, en National et aussi en National 2.

Un retour presque aux sources qui repose à la fois sur un projet de vie familial (ses beaux parents habitent à 25 kilomètres) et sur un projet sportif, avec La Roche Vendée Football, en National 3. L’objectif, évidemment, sera d’accéder en National 2, un niveau plus en rapport avec les ambitions du club phare de Vendée eu égard à ses installations (le stade Henri-Desgrange a une capacité de 9000 places dont 5000 assises), son passé (7 saisons en Division 2 entre 1984 et 1993 puis six saisons en National de 1994 à 1997 et de 2000 à 2003) et ses moyens.

Le National 2, l’équipe du nouvel entraîneur Frédéric Reculeau (ex-Luçon et Avranches en National), présent au 5e échelon français depuis 2013, l’a tutoyé de très près ces trois dernières saisons. En 2019-2020 tout d’abord, mais c’est le quotient qui a départagé La Roche-sur-Yon et Châteaubriant pour la montée. Ensuite, en 2020-2021, la Covid-19 est venue casser son élan alors qu’elle était en tête et invaincue. Enfin, en mai dernier, Saumur l’a devancée d’une courte tête (3 points) pour la première place. Imaginez un peu la frustration et le sentiment d’injustice.

Romuald Marie n’était pas encore là, lui (il évoluait à Trélissac en N2 la saison passée et à Annecy les deux saisons d’avant), mais connaît l’histoire par coeur. Il en a vu d’autres. Surtout, il a vu beaucoup de clubs : le Parisien (il est né à Longjumeau dans l’Essonne), formé au Stade Rennais, possède un CV long comme le bras, essentiellement noirci de lignes écrites dans les clubs de National où il a disputé pas loin de 250 matchs (Cannes, Red Star avec accession en Ligue 2, Le Poiré-sur-Vie, Paris FC avec accession en Ligue 2, Annecy aussi et bien sûr Les Herbiers, avec cette fameuse finale de coupe de France suivie, trois jours plus tard, d’une descente en National 2.

Après la rétro d’hier (Que sont devenus les finalistes de la Coupe de France ?) et l’interview de Sébastien Flochon, au tour de « Romu » de clore ce chapitre, mélange de bonheur et de douleur.

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« J’ai vécu le meilleur moment de ma carrière et aussi le pire en trois jours ! »

Romuald, quand on évoque le parcours en Coupe de France en 2018, qu’est-ce qui te vient en premier ?

L’aventure humaine exceptionnelle. On avait une équipe de copains, d’ailleurs, y’a encore plein de joueurs que j’ai souvent au téléphone ou avec qui on échange des messages, c’est fantastique. En fait, on a concrétisé une entente entre nous qui s’était développée tout au long de la saison. Avec Esteban Salles, Matthieu Pichot, Sébastien Flochon, et d’autres, on s’envoie des petits messages, on a gardé des contacts, forcément. Et puis y’a Quentin Bonnet qui joue avec moi à La Roche. Ce qu’on a vécu restera à jamais gravé dans nos mémoires. Cela a créé un lien fort entre nous. En plus, c’est arrivé lors d’une saison particulière, très compliquée sportivement, parce qu’on était très mal parti en première partie de saison en National. Mais on a fait une très bonne deuxième partie de saison, malheureusement, on est descendu quand même en N2 trois jours après la finale… Personnellement, j’ai vécu en trois jours le meilleur moment de ma carrière et le plus mauvais.

Trois jours après la finale face au PSG, il y a ce match du maintien à Béziers…

On est passé par toutes les émotions, parce qu’on était dans un autre monde, avec cette finale tout d’abord, Clairefontaine, le Stade de France, et juste après, il y a eu le retour à la dure réalité du championnat, avec ce match à Béziers… Ce retour en bus de Béziers aux Herbiers, après le match, je m’en souviens encore… Il y a la défaite, la descente… Ce que j ai connu là… En fait, on est redescendu très rapidement sur terre. Malgré la descente, je suis resté aux Herbiers la saison suivante, en National 2, avec l’objectif de remonter immédiatement. Le club avait essayé de conserver le maximum de joueurs mais ce n’était pas facile car la Coupe en avait mis certains en lumière. On n’est pas passé loin de l’accession : on était en tête à deux journées de la fin, on perd à Andrézieux et Le Puy nous passe devant et monte à la dernière journée.

Ce parcours en coupe de France, tu te souviens de tous les matchs ?

Oui, j’ai quasiment joué à tous les tours, sauf en demi-finale, contre Chambly : je revenais de blessure et le coach, Stéphane Masala, a préféré ne pas prendre de risque. Il m’a préservé et m’a dit, « T’inquiète pas, tu joueras en finale » (rires !). Je lui ai dit « J’espère ! » Mais j’étais présent avec le groupe H24 pour cette demi-finale, comme si j’étais le 17e sur la feuille ! C’est bizarre, mais après coup, je pense que ce match contre Chambly, à Nantes, avec un public à fond derrière nous, on l’a vraiment bien maîtrisé. A la limite, dans les derniers tours, on a eu des matchs plus « simples », entre guillemets, parce que ça a tourné en notre faveur, je pense au match à Auxerre (3-0), où notre gardien, Matthieu Pichot arrête un penalty à 2 à 0 pour nous : ce soir-là, on a pratiqué un super football. Je me souviens qu’après le match, des joueurs ont dit que ce que l’on avait proposé était incroyable. En revanche, comme souvent en Coupe, on a eu des matchs très compliqués dans les premiers tours : à Châteaubriant, on est mené 1 à 0 et on égalise à la fin avant de faire la différence en prolongations. Idem à Angoulême, en 32es, je me souviens d’un match extrêmement compliqué, terminé aux prolongations là encore. Mais c’est la coupe, c’est normal !

« Sincèrement, on pensait que Grenoble allait faire le taf… »

Trois jours après le Stade de France, il a fallu jouer le maintien à Béziers, le vendredi soir. Raconte-nous ça…

Béziers, 3e, peut encore terminer 2e et monter directement en Ligue 2 si Grenoble, 2e, fait match nul à domicile contre Sannois-Saint-Gratien qui joue le maintien. Béziers est obligé de gagner contre nous. On avait été relégable en première partie de saison, mais là, on pensait avoir fait le plus en battant Laval 3-2 chez nous quatre jours avant la finale, malheureusement, cette dernière journée de championnat a été le théâtre d’un incroyable concours de circonstances. Grenoble a perdu à domicile, et nous… Pfff, il faisait chaud, on n’était clairement pas dedans, et sincèrement, on pensait que Grenoble allait faire le taf. En fait, je ne sais pas comment dire, on était plus dégouté que Grenoble ait perdu que par notre propre défaite. On avait un groupe de qualité, et je pense que si on s’était maintenu, beaucoup de joueurs seraient restés, on aurait peut-être pu jouer un rôle en haut de tableau la saison suivante, on ne sait pas.

Avant ce match de Béziers, et après Paris, aviez-vous peur de descendre ?

On était vraiment encore dans l’euphorie de la finale et en même temps, on s’est replongé dans le championnat, en sachant qu’il existait une possibilité de descendre mais quand même… Il fallait une catastrophe, et elle est arrivée malheureusement. A la fin du match, perdu 4-1, on a su qu’il y avait beaucoup de temps additionnel à Grenoble, qui était déjà revenu de 1-3 à 2-3. Les 22 joueurs attendaient le résultat. Béziers pour peut-être fêter la montée, et nous… Et après, il y a eu deux salles deux ambiances. Béziers a explosé de joie, et nous…

Quels souvenirs gardes-tu de la finale ?

Tellement de choses ! Jouer devant près de 80 000 personnes, pour moi qui suis parisien en plus, face à des joueurs qui, quelques mois plus tard, disputaient la coupe du Monde ! J’avais plus de 150 personnes de mon entourage au match : là aussi, ça a été un peu compliqué à gérer, il a fallu que je fasse un tableau et tout, pour noter les gens qui venaient. Heureusement, via le club, on a eu des facilités pour acheter des places en amont. Après, je ne pensais pas qu’autant de personnes me répondraient quand j’ai mis un mot sur Facebook !

Un mot sur ta venue à La Roche VF ?

J’avais déjà passé 4 ans en Vendée au Poiré et aux Herbiers. Mon épouse me suit depuis dix ans, et là, on a envie de se poser. C’est un projet sportif et familial. Après, concernant l’équipe, on n’est pas mal, avec des anciens des Herbiers, des jeunes qui étaient là en N2 après la saison 2017-18, et des anciens comme Charly Charrier, Quentin Bonnet, qui était dans ma chambre à Clairefontaine pour la finale. On a une très bonne équipe. On a l’étiquette de favori, on le sait, ça fait 3 ans que le club flirte avec la montée. Mais on est attendu chaque week-end, comme lors du derby de La Roche face au club voisin y’a une semaine, on a joué devant 2000 personnes! Ils veulent tous un peu notre peau !

Hier soir, La Roche VF a enregistré sa deuxième victoire en deux matchs en championnat de N3 en battant Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (2-1). Lors de la première journée, les joueurs de Frédéric Reculeau s’étaient imposés 2-1 dans le derby de La Roche, sur le terrain en synthétique de La Roche ESOF (2-1).

Romuald Marie, du tac au tac

Ton club de coeur ?
Un club où j’ai joué ? Le Red Star

Club préféré ?
Arsenal

Un stade ?
Le Vélodrome

Pour un Parisien…
Oui mais j’ai grandi avec 1993, et tout ça…

Une ville ?
Rome

Ton match référence ?
Lens en 1/4 de finale de Coupe, je me déboîte l’épaule au bout de 5 minutes, on me la remet sur le terrain, et tout ce que je voulais faire, ce soir-là, ça marchait !

Un match de légende ?
France Brésil 1998, la finale, c est mythique.

Ton pire match ?
Y’en a eu beaucoup (rires) !! Y’a eu des matchs, parfois, ça a été très compliqué, t’as pas les jambes, etc, avec Annecy, j’en ai eu quelques uns, compliqués, mais lesquels, je ne m’en souviens pas.

Ton meilleur souvenir sportif (autre que la finale) ?
La montée en L2 avec le Red Star.

Un coéquipier ?
J’en ai eu beaucoup au centre de formation mais le joueur qui m’a le plus marqué, c’est Kevin Lefaix, il n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû avoir, c ‘était un attaquant phénoménal. J »ai joué avec lui au Poiré et au Red Star, un régal !

Le joueur le plus fort avec lequel tu as joué ?
Au centre, à Rennes, Jirès Kembo Ekoko.

Le coach que tu as perdu de vue et que tu aimerais bien revoir ?
je suis quelqu’un un qui garde pas mal le contact, au début, Patrice Carteron, que j’ai au à Cannes, mais les chemins se sont écartés, et au Parsi FC, j’ai apprécié Réginald Ray, tant le coach que la personne. Alors je dirais Réginald Ray.

Inversement, celui que tu n as pas envie de revoir ?
(rires !) C’est salaud comme question ! A Cannes, la 2e saison, je n’ai pas trop accroché avec, comment il s’appelait déjà… Il venait de Marseille. On n’avait pas d’affinités. Ah oui, Albert Emon. Une année compliquée…

Ton plus beau but ?
Avec le PFC contre Lyon Duchère, l’année où on fait les barrages contre Orléans (saison 2016-17 en National).

Une causerie de coach qui t’a marqué ?
Forcément, ça dépend du contexte, alors la causerie allait avec l’événement. Celle qui m’a marqué, c’est au match retour des barrages d’accession en L2 avec Paris FC à Orléans, Réginald Ray avait fait intervenir nos familles, je m’en souviens bien car les premières images, c’est mon épouse qui a fait un message avec ma petite aux couleurs du PFC, ça m’avait touché. Tout le monde avait été touché. On arrivait de tellement loin avec le PFC, je crois qu’on était limite relégable à la trêve, d’ailleurs, le coach était sur la sellette mais avait été soutenu par tout le groupe. Je crois qu’on a encore le record du nombre de buts encaissés en National, avec 18 buts seulement (c’est exact, Ndlr  !).

Qu’est ce qui t’a manqué pour être un joueur de L2 (il n’a disputé que 6 matchs avec le Red Star) ?
Sincèrement je pense que j’avais les qualités, quand on est monté avec le Red Star, le club a fait le choix de prendre un joueur plus expérimenté que moi. Je ne reproche pas ce choix. J’aurais aimé qu’on me témoigne un peu plus de confiance. Y’a eu des moments où j’aurais pu y aller, comme après ma première année à Cannes, en 2009, j’avais 21 ans et j’avais été approché par Sedan à l’époque qui était en Ligue 2, et là encore ils ont pris un joueur plus expérimenté. C’est un petit regret, même si je n’en ai pas vraiment, j’ai toujours donné ce qu’il fallait sur le terrain.

La finale au Stade de France

Mardi 8 mai 2018, au Stade de France, à Saint-Denis, finale de la Coupe de France : Les Herbiers (National) – PSG (Ligue 1) 0-2 (0-1). 73 772 spectateurs. Arbitre : M. Lesage. Buts : Lo Celso (26′), Cavani (74′ sp).
Avertissements.- Les Herbiers : Pichot (73′). PSG : Berchiche (15′).
Les Herbiers : Pichot – Marie, D. Fofana, Dequaire, Pagerie – Flochon (cap.), Vanbaleghem (Dabasse, 62′), Eickmayer (Couturier, 88′) – Bongongui, Germann (Gboho, 63′), Rocheteau. Entraîneur : S. Masala.
PSG : Trapp – Daniel Alves (Meunier, 86′), Marquinhos, Thiago Silva (cap.), Berchiche – Lo Celso, Thiago Motta (Draxler, 68′), Rabiot – Mbappé (Pastore, 86′), Cavani, Di Maria. Entraîneur : U. Emery.

Le parcours des Herbiers jusqu’en finale

  • 5e tour : JS Coulaines (DH) – Les Herbiers Vendée Football : 1-4
  • 6e tour : Voltigeurs de Châteaubriant (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 1-5 ap
  • 7e tour : Balma SC (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 0-3
  • 8e tour : Les Herbiers Vendée Football – SO Romorantin (National 2) : 2-1
  • 1/32es de finale : Angoulême Charente FC (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 1-2 ap
  • 1/16es de finale : FC Saint-Lô Manche (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 1-2
  • 1/8es de finale : AJ Auxerre (Ligue 2) – Les Herbiers Vendée Football : 0-3
  • 1/4 de finale : Les Herbiers Vendée Football – RC Lens (Ligue 2) : 0-0, 4 tab à 2
  • 1/2 finale : Les Herbiers Vendée Football – FC Chambly Oise (National) : 2-0

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Stéphane Valade, VHF et La Roche Vendée Football.