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Romain Armand : « J’ai été mis sur un piédestal trop jeune »

Espoir du football à qui l’on prédisait une grande carrière durant ses jeunes années montpelliéraines, l’attaquant a dû opérer une remise en question et repartir de N2 pour embrasser, sur le tard, une carrière pro, essentiellement en Ligue 2. Aujourd’hui, à 36 ans, il s’offre un ultime défi à Bourges.

Avec Versailles. Photo Philippe Le Brech

Romain Armand a évolué en Ligue 1, en Ligue 2, en National, et pourtant, il assure que sa meilleure saison sur le plan collectif a eu lieu… en National 2.
C’était à Sedan (saison 2014-2015), pas forcément le genre de destination qui fait rêver, surtout quand, comme lui, on vient du Sud – il est né à Orange dans le Vaucluse et a grandi dans un petit village, à Suze-la-Rousse, près de Bollène, dans la Drôme voisine -, mais ce qui s’est passé là-bas, dans les Ardennes, dans un club en reconstruction, tout juste promu de CFA2, l’a marqué à vie.

La main tendue d’Olivier Miannay

Avec Versailles. Photo Philippe Le Brech

Petit flash back. Eté 2014. Romain vient de quitter Colmar, en National (27 matchs, 6 buts), après une saison qu’il a rangée au rayon « chapitre à oublier », non pas pour la ville ou le club. Mais pour le coach, Damien Ott, avec qui cela n’a pas collé. Ce sont des choses qui arrivent.
L’attaquant effectue toute la préparation à Istres, qui vient de descendre en National et ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait : Ligue 2 ? National ? « Franchement, ça s’était bien passé, avec le coach Lionel Charbonnier, et juste avant la reprise du championnat, Istres apprend qu’il va repartir en National. Du coup, le club se retrouve sans budget et ne peut plus me faire signer, et là, je n’ai plus de club, plus rien. Olivier Miannay, le directeur sportif de Sedan, que j’avais déjà connu à Cannes en National, me relance à nouveau pour Sedan. Personne ne m’appelait. « Olive », c’est le seul qui m’a tendu la main. »

« Sedan, ce n’est pas Miami ! »

Romain Armand a déjà connu la L1, la L2 et le National, et voilà l’espoir du football français obligé, à 27 ans, de repartir en 4e division. Pour rebondir. « Quand j’ai signé en National 2, là je me suis dit : « Bon écoute Romain, tu fais déplacer toute ta famille à Sedan… Parce que j’ai eu la chance que mon épouse me suive partout tout au long de ma carrière… Sedan, ce n’est pas Miami hein ! Je ne la faisais pas rêver ! Bon, il fallait que je me bouge le cul, que je me fasse remarquer, que je marque, que je sois décisif, sinon, c’était grillé pour moi. Et ça a été le déclic. »

Avec Pau. Photo Philippe Le Brech

C’est donc à Sedan, où le coach Farid Fouzari réussit avec Olivier Miannay à créer un groupe qui survolera le championnat (105 points sur 120 possibles !), qu’il renaît au football : « Les joueurs s’entendaient à merveille ! On n’était quasiment que des revanchards ! On est monté à 6 journées de la fin, ça montre l’osmose qu’il y avait dans cette équipe. On a pris énormément de plaisir sur le terrain. Tous les matins, on jouait aux cartes avec Rudy Camacho, « Bati » Anziani et Medhy Guezoui ! Une fois, le coach a même décalé un entraînement de 30 minutes pour que l’on puisse jouer ! »

« Je suis redescendu très bas »

Pour Romain Armand, donc, il y a un avant et un après Sedan. Avant Sedan, c’est le parcours classique d’un espoir qui connaît le haut niveau très tôt : « J’ai été mis sur un piédestal trop jeune, et je suis redescendu très bas ».
A 12 ans, il signe un contrat de 8 ans à l’AS Saint-Etienne ! « J’étais le seul de mon âge au centre de formation. J’étais bien encadré, le petit chouchou. Il y avait Bafé Gomis avec moi… Mais l’éloignement des parents a été compliqué. Je suis passé d’un collège de 300 élèves dans un petit village à Suze-la-Rousse à un collège-lycéee de 2000 élèves à Tézenas du Montcel, à Saint-Etienne. J’étais perdu. Le club a été correct avec moi. Ils m’ont laissé rentrer pendant un mois pour essayer de me ressourcer mais cela n’a pas suffi. Alors j’ai resigné à Bollène. Et là, je me suis fait remarquer lors de rencontres inter-districts, notamment par Montpellier, où j’ai signé à l’âge de 13 ans. J’étais très content d’y aller. Je suis tombé dans un club très « famille ». D’ailleurs, je suis toujours en contact avec Laurent Nicollin, le président. Et quand j’y retourne, c’est comme si je n’étais jamais parti. C’est pour ça que, aujourd’hui, je dis aux parents que c’est difficile, avec tous les recruteurs qu’il y a, de passer au travers des mailles du filet. Je pense que si tu es bon, même dans le club de ton village, tu réussiras. »

« Je n’étais pas assez sérieux »

Avec Montpellier. Photo Philippe Le Brech

Centre de formation du Montpellier HSC, demi-finale de Gambardella (il est le meilleur buteur de son équipe cette saison-là), équipe réserve de CFA où il affole les compteurs puis, forcément, les pros. La Ligue 2 tout d’abord. La Ligue 1 ensuite. La progression est linéaire. L’avenir est tout tracé. Mais il y a un hic. Romain le reconnaît aujourd’hui : « Avec la réserve de Montpellier, je ne bossais pas assez. Je n’étais pas assez sérieux. Je sortais, j’allais en boîte de nuit, ça ne pouvait plus passer au bout d’un moment. Pourtant, quand j’arrive en Ligue 2, même si je ne suis pas titulaire, je mets quand même 3 buts, mais je suis rattrapé par mon manque de travail et de sérieux. »

« Je mets un doublé et Courbis me fait signer 3 ans ! »

Quand Rolland Courbis arrive pour sauver le club d’une relégation en National, en 2007, Romain demande à Ghislain Printant et Pascal Bails, qui viennent d’assurer un bref intérim à la place de Jean-François Domergue, ce qu’il doit faire : retourner s’entraîner avec les jeunes en réserve ? « Ils me disent de rester avec les pros, que c’est peut-être la chance de ma vie… Et là, on fait une opposition, je suis dans l’équipe qui gagne 2 à 0 et je mets le doublé ! Rolland Courbis me demande si je suis pro, je lui dis non, et il me dit « bah je vais te faire signer 3 ans » (rires) »
Si Rolland Courbis est évidemment une personne qui l’a marquée – avec lui, le club remonte en Ligue 1 en 2009 -, son successeur, René Girard, lui laisse un souvenir bien plus mitigé. Et dire qu’il le recroisera quelques années plus tard, au Paris FC !

« J’étais content, je croquais un peu la L1 ! »

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

« A Montpellier, Girard m’avait associé devant à Olivier Giroud, parfois il me mettait sur le coté, parfois sur le banc, mais j’étais super content, je croquais un peu la Ligue 1, de temps en temps je rentrais en jeu, et du jour au lendemain, il ne m’a plus pris dans le groupe. Il m’a dit que je devais aller m’entraîner avec la réserve : bon, cela ne m’a pas posé de problème, d’autant que j’étais quelqu’un du club, je connaissais tous les joueurs du Centre, dont j’étais issu. En fait, René Girard prétexte un truc et me dit « On doit être un nombre pair dans mon groupe ». Là, après l’entraînement, j’apprends par mes coéquipiers qu’ils ont fait un footing en forêt. Donc il faut être un nombre pair pour faire un footing en forêt (rires) ?! Là, c’est parti « en sucette » ! Michel Mézy m’a défendu, il a demandé à René Girard de me laisser tranquille, mais j’ai dû partir à Cannes, en National. J’ai résilié mon contrat même si le président Nicollin ne voulait pas; mais d’un autre côté, ça m’a permis de me relancer aussi. A Cannes, on avait un effectif pour monter en L2 : je pense que si Victor Zvunka, qui était plus dur qu’Albert Emon, plus cool, avait été là depuis le début de saison, on serait monté, même si ce n’était pas le même National qu’aujourd’hui. Il y avait Bastia, Guingamp, Strasbourg, Paris FC, Niort, Créteil, Amiens, c’était autre chose, hein ! »

Rapports tendus avec René Girard

Avec Pau. Photo Philippe Le Brech

Le chapitre René Girard n’est pas clos. Sept ans après son départ de Montpellier, Romain le recroise en L2, au Paris FC ! « Si cela a été chaud ? J’aurais préféré oui, plutôt que cela soit hypocrite ! Quand j’apprends qu’il arrive, j’appelle mon agent, je lui dis « Ecoute, ce n’est pas possible, je ne peux pas rester ». Du coup, mon agent appelle René Girard qui lui dit qu’il n’a rien contre moi, au contraire, qu’il va s’appuyer sur moi. OK, pas de souci. Je le vois, il me fait un câlin, et là, je me dis « y’a un loup quelque part ! ». Je marque, il me met sur le banc le match d’après, et puis, il y a cette anecdote incroyable, c’est la plus belle ! Un jour, il donne le groupe dans le vestiaire et je ne suis pas dedans. Je me lève, je vais voir le kiné pour qu’il me fasse un massage, je ne m’énerve pas. Là, des joueurs vont voir le coach et ils lui demandent pourquoi je je ne suis pas dans le groupe. René Girard leur répond que je suis suspendu ! Suspendu ? Mais je n’avais pas pris de carton… Comment je pouvais être suspendu ? Son adjoint, Stéphane Gili, qui est le coach du Paris FC aujourd’hui, me demande si je suis suspendu, je lui réponds « bah non ». En fait, j’apprends que c’est une personne du club – Je n’ai jamais su qui -, qui a dit ça au coach ! Je ne me suis pas énervé, peut-être que le coach n’attendait que ça pour me virer. Finalement, il me fait jouer titulaire ! Ce n’est pas tout, pendant la Covid, il m’appelait et me disait « je vais m’appuyer sur toi la saison prochaine ». Dans le même temps, d’autres clubs me sondaient et me disaient, « On a eu ton coach, il te laisse libre, du coup, est-ce que tu veux venir chez nous ». J’étais obligé de mettre le haut parleur sur mon téléphone pour que les gens autour de moi me croient ! C’était incroyable ! »

Près de 300 matchs de Ligue 2

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

A 36 ans, Romain prépare aujourd’hui sa reconversion. Il espérait la passer à Pau, son 6e et dernier club de Ligue 2, où il passé deux saisons (2020-2022, 68 matchs, 12 buts), lui qui a déjà évolué à Montpellier donc (2006-09, 25 matchs, 3 buts), mais aussi à Clermont (prêt, 2009-10, 24 matchs, 5 buts, puis 2011-2013, 54 matchs, 7 buts), Orléans (2016-17, 30 matchs, 6 buts), au Gazelec Ajaccio (2017-19, 61 matchs, 17 buts) et au Paris FC (2019-20, 22 matchs, 7 buts).

Mais dans le Béarn, tout ne s’est pas passé comme prévu. « J’étais bien à Pau. J’aurais pu prolonger d’un an mais on me proposait 2 ans voire 3 ans ailleurs. J’étais dans un projet club, je voulais être accompagné, formé, pour jouer un rôle, pour faire le lien entre le staff et la direction, j’étais prêt à tout, même à encadrer les jeunes. Finalement, il n’y a rien eu… »

Avec le Gazelec Ajaccio. Photo Philippe Le Brech

L’avant-centre, qui comptabilise près de 300 matchs de L2 au compteur, est ensuite parti à Versailles la saison passée, en National, pour une dernière pige. Une expérience qui a tourné court (7 matchs, 1 but) : « Versailles, c’est un club ambitieux, avec de belles installations, mais quand il y a eu cette histoire avec le coach, ça m’a « tué » (Youssef Chibhi a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour avoir filmé des femmes à leur insu, Ndlr). Je suis père de famille, je ne pouvais pas continuer avec ce mec, parce que là, on ne parle plus de football, on parle de choses assez graves; ça a cassé le truc dans le vestiaire. C’est dommage, il y avait un groupe avec quasiment que des joueurs de L1 et L2, on s’entendait très bien. Mais je n’ai aucune amertume. Et puis j’ai dû subir une opération – Romain reviendra sur ce chapitre plus loin -, et j’ai résilié. La seule chose un peu compliquée à Versailles, ce sont les supporters, qui ne sont pas nombreux. On voit bien que, hormis au Red Star et au PSG, c’est compliqué en région parisienne. »

Bourges Foot 18, son ultime défi

Avec Bourges Foot 18, son nouveau club. Photo Bourges Foot 18.

Du coup, Romain s’est installé en début d’année dans le Cher, à Bourges, où, avec sa compagne Aurélie, il a acquis une propriété – un ancien moulin – avec un immense terrain de 10 hectares pour ses… chevaux ! « Les chevaux, c’est le domaine de prédilection de mon épouse ! En fait, on cherchait une propriété qui pouvait coller à nos projets futurs. Quand je jouais à Orléans, on a adoré la région, le centre de la France, la Sologne. Ici, il y a un environnement propice pour les chevaux. Mon épouse, qui a grandi à Montpellier, côté Camargue, a fait du Western, une discipline de l’équitation. Je m’y suis intéressé, de la même manière qu’elle s’est intéressée au foot. Elle voudrait faire de l’élevage et de la reproduction de Quarter Horse, une race américaine. Là, on a rentré deux pouliches Quarter Horse. Elle possède aussi ses diplômes pour être assistante vétérinaire, elle pourra allier les deux. »

Et lui dans tout ça ? « Je vais construire un terrain de foot de 600 m2 dans ma propriété afin d’organiser des stages pour les jeunes pendant les vacances scolaires. Mes enfants sont inscrits au club de Bourges Foot 18. A force de les accompagner, j’ai rencontré les dirigeants et le président Cheikh Sylla m’a proposé un projet de reconversion pour m’occuper des enfants, et comme je voulais jouer encore un peu, j’ai signé pour évoluer en National 2. Je ne voulais surtout pas arrêter sur une opération. J’ai encore à donner, à apporter. C’est un choix familial. En plus, je connais le coach, Jamal Alioui, c’était l’adjoint de Cris à Versailles. Là, comme j’ai été écarté pendant de longs mois à cause de mon opération, je me prépare individuellement. De toute façon, je ne peux pas jouer avant le 1er octobre, compte tenu de ma reclassification en amateur. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de bouger. J’ai envie donner un coup de mains au club. Je me languis de retrouver le terrain ! »

La maladie de Crohn : « Je pensais à ma vie »

Avec Colmar. Photo Philippe Le Brech

Quant à l’opération qu’il a subie cette année, elle est liée à la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, détectée chez lui en 2017, alors qu’il évoluait au Gazelec Ajaccio. « Cela ne me dérange pas d’en parler, je l’ai toujours fait. En fait, la maladie de Crohn peut engendrer des problèmes inflammatoires, comme des kystes, et là, j’en ai eu un très mal placé. C’est arrivé plusieurs fois déjà durant ma carrière mais je m’étais juste fait inciser, parce que je voulais continuer à jouer à tout prix, mais là, la douleur était telle qu’il a fallu mettre un protocole en place avec le chirurgien, pour enlever vraiment la source, et ça a duré 9 mois. »

La maladie de Crohn, « tu la gardes à vie. Tu as un traitement tous les 15 jours ou tous les mois – une piqûre -, ça dépend du protocole, mais depuis Ajaccio, je le vis parfaitement bien, je ne perds pas de poids, je n’en prends pas, je ne souffre pas. Aujourd’hui, certains gastro-entérologues sont très pointus là-dessus. J’ai été contacté par des associations qui étaient surprises que je puisse allier sport de haut niveau et maladie. On m’a même proposé d’être le parrain de certaines associations. »

Avec Colmar. Photo Philippe Le Brech

« En fait, je vis avec la maladie. Quand j’ai perdu 8 kilos à Ajaccio, ce qui m’a fait rater les 6 premiers mois quasiment, je ne pensais pas au foot, qui était secondaire; je pensais à ma vie. Je faisais des siestes de 4 heures parce que j’étais fatigué, j’allais aux toilettes alors que je n’avais pas mangé, je n’avais pas faim… Aujourd’hui, je n’y pense plus sauf les jours de piqûre. Je jouais avec cette maladie mais je profitais de chaque moment, je « kiffais » ma vie. »

S’il assure vivre comme avant, la maladie a cependant changé une chose : son mode alimentaire. « Au début, j’ai eu plusieurs sons de cloches, certains me disaient de ne pas manger ceci, d’autres cela, donc j’ai fait mon propre « mix ». J’évite la tomate, le citron, les poivrons, les boissons gazeuses, mais j’arrive quand même à manger de tout. Je sais que l’avocat, par exemple, est très bon pour moi : il évite les inflammations, il panse l’intérieur, c’est cet aliment qui m’a redonné goût à la nourriture et aidé à retrouver un équilibre. De toute façon, tu le sens ce que tu as envie de manger… »

Romain Armand, du tac au tac

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La montée avec Orléans de National en Ligue 2 en 2016. J’ai fait trois montées mais celle-là était belle. On était un peu à la rue à mi-saison et il y a eu un match qui a fait basculer la saison, contre Marseille-Consolat : on perdait 2-1 et je mets un doublé pour gagner 3-2 à la fin, j’en ai encore des frissons quand j’en parle !

Pire souvenir sportif ?
La descente en National aux barrages en 2019 avec Le Gazelec Ajaccio, pff…. Ce retourné incroyable du Mans à la 96e… Je m’étais projeté pour rester dans ce club, j’avais eu des contacts avec Lens et Paris FC et des personnes comme Christophe Ettori et Olivier Miniconi avaient fait les efforts nécessaires pour me garder. Je ne nous voyais pas descendre. On n’avait jamais été relégables, sauf à la dernière journée.

Combien de buts marqués dans votre carrière ?
58 en Ligue 2 et toutes compétitions confondues, plus de 100, mais le nombre exact, je ne sais pas.

Plus beau but ?
Avec le Paris FC, contre Caen. Une frappe en dehors de la surface, en déséquilibre, ça a fait barre rentrante !

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

Plus beau loupé ?
Un penalty ! Je n’ai jamais mis de triplé en Ligue 2 et j’ai eu l’opportunité, avec le Paris FC, d’en réaliser un, mais le gardien l’a arrêté !

Pourquoi pratiques-tu le football ?
J’ai toujours aimé le foot, notamment l’époque de 1993, il y avait une ferveur énorme autour de l’OM et de voir ça, ça m’a donné envie de jouer.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Mes déplacements, l’adresse devant le but, et j’allais vite, mais maintenant un peu moins (rires). Défauts : mon jeu de tête et je suis râleur.

Avec Sedan. Photo Philippe Le Brech

Le club ou l’équipe où la saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Sedan.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Colmar. Pour le coach, Damien Ott. Pas pour le club et les supporters. Tu peux le mettre, je n’ai rien à cacher !

Le club où tu as failli signer ?
J’ai eu des contacts avec Auxerre, Lens, ce sont des clubs qui me plaisaient, on était allé loin dans les discussions mais à l’époque j’ai senti que j’allais avoir plus de temps de jeu au Paris FC. Lens et PFC jouaient les barrages et le PFC m’avait dit, « que l’on monte en Ligue 1 ou que l’on reste en Ligue 2, on te veut », alors que Lens ne me faisait une proposition que si le club restait en Ligue 2, ce que je peux comprendre, et Auxerre aussi, quand j’étais à Pau, à la fin de ma première saison, j’ai souvent eu Jean-Marc Furlan au téléphone, c’est quelqu’un avec qui j’aurais aimé travailler, il pue le foot, il fait bien jouer ses équipes, mais voilà, peut-être que l’on a pensé que j’étais un peu trop vieux. A 19 ans, après la Gambardella, Newcastle et Chelsea s’étaient intéressés à moi, le président Nicollin est intervenu pour me donner plus, ce qui ne se faisait pas trop à l’époque, et ça m’a touché.

Avec Paris FC. Photo Philippe Le Brech

Premier match en pro ?
C’est un match où j’étais remplaçant contre Châteauroux, en Ligue 2, avec Ghislain Printant et « Pascalou » (Pascal) Bails, qui avaient repris l’équipe avant que Courbis n’arrive. J’avais tiré sur le poteau quand j’étais entré en jeu.

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
Le Real Madrid.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Je n’y ai jamais joué mais je dirais le stade Vélodrome. Dans un stade où j’ai joué, je dirais Lens. J’ai joué au Parc de Princes aussi, avec Montpellier, c’est exceptionnel. Le Chaudron (Saint-Etienne) aussi, c’est très bien.

Un coéquipier marquant ?
Geoffrey Jourdren. On a été formé ensemble. C’est un ami. On a crée des liens forts. Quand tu le connais, il est loin de l’image que certains journalistes ont donné de lui à une époque. Il est très intelligent. Actuellement, il est au Montpellier HSC. Il a passé tous ses diplômes, il entraîne les jeunes gardiens du club.

Avec Pau FC. Photo Philippe Le Brech

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Kevin Dupuis à Orléans. On jouait à deux attaquants, on avait envie de « se faire marquer » l’un l’autre, on n’était pas en concurrence, on avait une relation saine, sur et en dehors du terrain, on avait fini à plus de 10 buts chacun.

Combien d’amis dans le foot ?
Quatre.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Ben Arfa, quand il était jeune.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Xavier Mercier, à Montpellier. Il est parti a l’étranger. On avait beaucoup de feeling. Là, il est revenu en Belgique (au RWD Molenbeek).

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Albert Cartier, au Gazelec Ajaccio. C’est quelqu’un qui ne lâche jamais. J’aimerais bien aller manger un morceau avec lui.

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

Y’a-t-il des personnes qui ont compté plus que d’autres dans ta carrière ?
Oui, il y a la famille Nicollin, ils m’ont appris à grandir, à devenir un homme, et Olivier Miannay aussi : c’est quelqu’un qui compte dans ma carrière. Il a toujours cru en moi. Il m’a toujours tendu la main. Les deux fois où on a travaillé ensemble, ça s’est bien passé, parce que j’avais envie de lui rendre sur le terrain. Quand on marque des buts, tu as tout le monde derrière toi, et quand tu es moins en réussite, il n’y a plus grand monde : Olivier, lui, a toujours été là.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Je l’ai dit tout à l’heure, Damien Ott. Et René Girard aussi, que j’ai recroisé au Paris FC, et bien recroisé même (rires) !

Une causerie de coach marquante ?
La causerie, la première de ce style, avant le match de Consolat, avec Orléans. On a vu des témoignages de nos familles sur l’écran : ça ne se faisait pas trop encore et c’est devenu à la mode. Disons que ça fait toujours quelque chose de voir ses enfants à l’écran; ils m’adressaient un message, comme ça, en vidéo. Personne ne parlait. Toute la salle était en larmes. Après ça, on avait tous envie de gagner. Cela a même été un choc. C’était Olivier Frapolli le coach.

Avec Clermont. Photo Philippe Le Brech

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
En réveil musculaire, on m’a demandé, le jour du match, de faire de la muscu… Je n’ai jamais compris.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
A Montpellier, en jeunes, Ghislain Printant, le coach en CFA, n’avait qu’une envie, c’était de renter chez lui après la séance, mais il fallait avant ça que l’on ramène la corbeille de linge, et en fait, on ne la ramenait jamais, il attendait, et nous on restait longtemps sous les douches, on le faisait exprès, il en avait marre !

Le footballeur le plus connu de ton répertoire ?
Olivier Giroud.

Des rituels, des tocs ?
Oui, mais ça dépendait du moment, écouter la même musique quand j’avais marqué, certaines frappes à l’entrée de la surface à l’échauffement, enroulée, pour se mettre en confiance, des choses comme ça.

Une devise ?
Ne jamais rien lâcher.

Avec le Gazelec Ajaccio. Photo Philippe Le Brech

Un plat, une boisson ?
Le gigot d’agneau et le cuba libre (rires). Je ris, parce que mon épouse n’est pas loin !

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Quand j’étais jeune… Je n’ai pas compris les efforts qu’il fallait faire pour y arriver. Je marquais beaucoup chez les jeunes et j’avais aussi marqué 25 buts avec la réserve en CFA en 24 matchs. Je me suis reposé sur ça. J’ai oublié de faire les efforts, défensifs notamment, et même de courir tout simplement, je le regrette un peu aujourd’hui. Plus tard, j’ai eu des coachs comme Albert Cartier notamment, qui m’ont montré les efforts à fournir, ce que je ne faisais pas avant. Ils m’ont fait me surpasser, m’ont montré ce qu’était vraiment le haut niveau. J’ai compris qu’il fallait se donner à fond pour réussir. Si j avais enchaîné les saisons à 20 ans comme je l’ai fait à partir du Gazelec à mes 29 ans, je pense que j’aurais eu l’opportunité de jouer en Ligue 1.

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

Termine la phrase en un mot : tu es un attaquant plutôt…
Adroit.

Un joueur de légende ?
Pauleta et Fernando Torres.

Un match de légende ?
France-Brésil 1998. Cela aurait pu être le dernier France Argentine…

Un modèle de joueur ?
Lilian Compan. Il m’a beaucoup appris. Il était serein, calme devant le but. On a joué ensemble à Montpellier et ensuite à Cannes. Un jour, je l’ai vu faire un ciseau du mauvais pied, et je lui ai fait remarquer : il m’a dit qu’il n’y arrivait pas avec son bon pied (rires) ! Un top mec !

Avec Bourges Foot 18, son nouveau club. Photo Bourges Foot 18.

Ta plus grande fierté ?
Mon épouse Aurélie et mes trois enfants, Aron 14 ans, Loan 12 ans et Lily 2 ans. Ils m’ont poussé à ne pas arrêter ma carrière.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un milieu compliqué… Plus tu es droit, moins tu réussis… il faut être un serpent, fermer sa bouche quand il le faut, savoir arrondir les angles…

Le club de Bourges Foot 18 ?
Le président, Cheikh Sylla, est ambitieux. Les installations, pour un club de N2, sont bonnes. Le coach, que j’ai connu à Versailles l’an passé, est ambitieux lui aussi, bosseur, il a connu le haut niveau en France et en Italie, il impose sa culture du travail. Bourges est une ville sportive, c’est un beau projet. Le recrutement a été intelligent, sans moyens colossaux.

 

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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