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Régional 1 : Valence renaît de ses cendres !

Promu en National 3, le club de la Drôme, qui a subi deux dépôts de bilan en 2005 et 2014 avant de devenir l’Olympique de Valence, s’est reconstruit autour d’une nouvelle équipe et d’un homme, Malik Vivant, chantre de l’éducation, de la jeunesse, de la formation et de la mixité.

Après la victoire 4 à 0 contre Velay FC, le 26 mai dernier, qui a scellé l’accession en National 3 de son équipe à une journée du terme, le téléphone de Malik Vivant n’a pas arrêté de sonner. Et ça a bien duré une semaine, le manège !

Bon, si vous voulez contacter le coach de l’Olympique de Valence, ce n’est pas bien compliqué : il suffit de se rendre sur le site officiel du club et de cliquer sur l’onglet « Régional 1 » et hop, le tour est joué : son 06 s’affiche en grand ! On n’ose même pas imaginer ce qu’il adviendrait si le club évoluait en pro : sans doute lui faudrait-il un secrétaire particulier !

« C’est vrai que la semaine qui a suivi la montée en National 3, je me suis retrouvé avec beaucoup d’appels et il a fallu filtrer, car je ne pouvais pas répondre à tout le monde, et en plus, on a eu plein de réunions, plein de dossiers administratifs à remplir » raconte l’homme du renouveau valentinois.

Les belles heures et les heures… sombres

Malik Vivant, le coach de l’Olympique de Valence.

Né dans le quartier de Valensolles, au sud de Valence, aux portes du soleil, comme on dit, Malik Vivant a tout vu dans la préfecture de la Drôme. Tout connu. Tout lu. Tout entendu. Tout vécu. Les belles heures. Les heures plus sombres.

Les belles heures, comme celles des années 80 et 90, quand la ville s’appuyait tout d’abord sur deux clubs pour rayonner. Une situation qui a duré jusqu’en 1992 avec la fusion du FC Valence (D3 et une saison en D2 lors en 1984-1985), et l’USJOA Valence (Union sportive de la jeunesse d’origine arménienne, D3 et accession en D2 en 1992), pour donner naissance à l’ASOA Valence.

C’était les années fastes. Avant celles, moins glorieuses, du milieu des années 2000 : deux rétrogradations en National (2000 et 2004) et nouvelle accession en 2005 en Ligue 2… refusée par la DNCG ! La fin du foot de haut niveau à Valence. Après un incroyable imbroglio juridique, l’ASOAV dépose le bilan. Retour en Division d’Honneur et création d’une nouvelle entité avec l’AS Valence, qui grimpera les échelons (accession en CFA2 en 2009 puis en CFA, l’équivalent du National 2, en 2011) avant un nouveau dépôt de bilan, en 2014… Cette fois, la chute est encore plus grande : c’est la Promotion d’Honneur qui attend les « Rouge et blanc ».

Didier Notheaux, le précurseur

De cette époque, le professeur agrégé d’éducation physique – son « vrai » métier -, au lycée Algoud-Laffemas, retient « les derbys entre le FC Valence et l’USJOA ! J’étais jeune ! Après, il y a eu Pierre Ferrazzi qui a structuré tout ça pour que ça monte en D2, et puis l’ère Didier Notheaux : lui, il fut un des précurseurs du jeu en zone. Il a apporté de la modernité dans le football ».

Le passé, c’est bien, mais Malik Vivant a un avis tranché sur cette période des années 80/90 : « Moi, je ne vis pas dans le passé. Je dis souvent aux gens, »Venez au stade », à tous les niveaux vous pouvez avoir une équipe qui mouille le maillot, qui produit du beau football, qui met de l’énergie… Vivre avec le passé, ça ne fait pas grandir un club, mais s’en souvenir, c’est bien. A l’Olympique de Valence, on a de belles pages à écrire et je préfère me projeter sur ça. »
Voilà pour le volet « historique ».

Mixité et formation

L’Olympique de Valence, le jour du match de la montée.

Pour beaucoup, si Valence a retrouvé, voilà quelques jours, le niveau « national », fut-il le 5e échelon, la ville et le club le doivent en partie à Malik.

Le coach – depuis 2016 – de l’OV, âgé de 49 ans, a permis de gravir trois marches en sept ans, depuis sa prise de fonction.

Surtout, il a relancé le ballon rond dans une ville où le rugby commençait à prendre beaucoup de place (avec Valence-Romans, qui retrouve la Pro D2). Il a structuré le nouveau club crée en 2014 au moment du dépôt de bilan de l’AS Valence et proposé un projet basé sur la formation et la mixité. Il ne pouvait, de toute façon, en être autrement.

De son enfance dans les quartiers, il en tire aussi une grande fierté et s’en sert au quotidien : « Etre né dans le quartier de Valensolles, et d’y avoir grandi, c’est une richesse que m’ont donné mes parents et dont je me nourris. Ce quartier a une belle mixité sociale, dans le sens noble du terme. Il regroupe 2 000 habitants et c’est là où, dans les années 60, il y a eu les premiers immeubles et où une association de quartier a été fondée et s’est ensuite bien développée. J’ai commencé le foot à Valensolles, qui jouissait d’une belle réputation en matière de formation et où il y avait de belles équipes de jeunes. »

Directeur sportif à l’AS Valence

L’homme idoine du football valentinois, qu’il connaît sur le bout des crampons, n’a fait que de courtes infidélités à sa ville, et pour la bonne cause ! « Je suis parti en sports-études au lycée Daudet à Nîmes puis j’ai intégré le centre de formation du Nîmes Olympique à l’époque de Pierre Barlaguet, Gérard Bernardet et René Girard. J’ai effectué ma formation là-bas, c’était durant la saison 91/92, quand Laurent Blanc et Eric Cantona y jouaient en Division 1 ! Je ne suis resté qu’un an, et ensuite, je suis revenu en 1992 au moment de la fusion entre l’USJOA et le FC Valence, pour jouer en CFA2 à l’ASOA Valence. Puis je suis allé à Villefranche-sur-Saône en CFA (1997) pour me rapprocher de Lyon où je faisais mes études de Staps. Enfin, j’ai joué au SC Abbeville en Picardie (1998) car j’ai été muté à Amiens nord, dans les quartiers sensibles, pour mon premier poste de prof ! Enfin, je suis revenu à Montélimar puis Valence. »

Voilà pour le CV sportif du Valentinois qui, avant son retour à la naissance de l’OV en 2014, était encore directeur sportif de l’AS Valence deux ans plus tôt, en CFA : « J’ai démissionné deux ans avant que ça ne coule… A la création de l’OV, on s’est servi de nos structures de formation que l’on avait mises en place avec Jean-Marie Vergnes, l’ancien président. Repartir en PHR, ça avait fait mal… Et avec une seule montée chaque saison, ça a rendu les choses difficiles, longues. Quand Jean-Marie (Vergnes) a repris le club en 2014, il n’y avait plus rien. Il a fallu tout reconstruire. Aujourd’hui, Alain Palacci a pris sa succession (en août 2022) et, avec le comité directeur (Eric Theobald, Jacques Diagana, Xavier Montala et Pierre-Jean Veyret), il va continuer de structurer le club, sur le plan sportif et administratif aussi ».

Un pôle d’excellence de foot amateur

Joueur amateur et professeur agrégé d’éducation physique et sportive, Malik a un penchant pour tout ce qui a trait à la jeunesse, à la formation.

Le coordinateur du Pefa (pôle d’excellence de football amateur) Briffaut raconte : « J’ai monté beaucoup de structures durant toute ma carrière. J’ai créé beaucoup de sections sportives dans les établissements où j’ai enseigné, dont une en 2004 à Valence, dans un collège en zone sensible, à Jean Zay, quartier du Polygone. En 2010, je voulais qu’il y ait une continuité après le collège et donc faire la même chose en lycée et c’est comme ça que j’ai lancé une section au lycée où j’enseigne, au lycée polyvalent Algoud-Laffemas, d’abord avec les garçons, ensuite avec les filles, puis avec le futsal. Et aujourd’hui, c’est devenu un gros pôle, le pôle Briffaut, avec plus de 200 sportifs, dont une centaine de footballeurs. Ce qui fait que, dès le plus jeune âge, en 6e, les enfants s’entraînent à raison de 4 séances par semaine. Et à partir de la classe de 4e, c’est-à-dire en pré-formation, ils s’entraînent tous les jours jusqu’au lycée, toujours dans le temps scolaire. Et à 18 h, ils ont fini le foot et les études ! C’est vraiment une section sportive d’excellence. »

Un pôle où le projet est clair : réussite scolaire, excellence sportive et réussite socio-éducative.
Les rugbymen professionnels du VRDR (Valence Romans Drome Rugby), de retour en Pro D2, les handballeuses féminines du pôle espoirs de la Ligue et les handballeurs masculins du VHB, complètent ce pôle stratégique chapeauté par Malik.

« On a fait les choses dans l’ordre »

Forcément, la passerelle entre l’OV et le pôle football est toute trouvée. « Quand on a reconstruit le club, l’Olympique de Valence, en 2014, on voulait vraiment que la formation soit son ADN, parce que j’entends souvent les discours « Une ville comme Valence, mériterait mieux… » Non, une ville comme Valence, elle a ce qu’elle mérite, c’est tout », poursuit Malik; c’est le travail qui fait que le club existe. Il y a eu deux dépôts de bilan, on n’en veut pas un troisième, donc il faut qu’on reconstruise par la formation des jeunes. C’est pour ça que l’on a consacré plus des 2/3 du budget du club à ça. Lors de la restructuration du club, on a fait les choses dans l’ordre. On a été labellisé par la FFF, on est le premier pôle d’excellence de foot amateur (Pefa) à l’avoir obtenu, en 2014, à l’initiative de François Blaquart (ex-DTN). On a les 4 composantes de la famille du foot dans le lycée : des garçons (depuis 2010), des filles (depuis 2011), du futsal (depuis 2013) et aussi 9 arbitres que l’on a formés avec Roland Viallet, le conseiller technique régional en arbitrage du district de Drôme-Ardèche. »

L’exemple de Montpellier

Cette saison, hormis le dernier match à domicile, celui de la montée, qui a tout de même attiré près de 2000 spectateurs à Montélier, à 10 kilomètres à l’est, l’Olympique de Valence a disputé toutes ses rencontres dans son antre, le stade Georges-Pompidou (14 000 places), partagé avec le rugby : « Je ne vois pas le VRDR comme une concurrence, mais plutôt comme une synergie entre les sports collectifs, poursuit Malik Vivant; On a mutualisé beaucoup de disciplines, mais je trouve qu’en France, on n’est pas assez développé comparé à d’autres pays en termes de structures que l’on peut mettre en oeuvre dans le temps scolaire pour les sportifs de bon niveau, voire de haut niveau. Il y a des synergies positives qui peuvent se créer entre les différents sports collectifs valentinois. Le tissu économique et la ville répondent présent, alors, un peu à l’image de Montpellier, une ville très sportive, Valence peut le devenir aussi. »

Pelouse partagée

Ambitieux pour sa ville, Malik l’est aussi pour son club, même s’il sait que la saison prochaine ne sera pas simple en National 3, une division dont le niveau sera automatiquement relevée avec les 22 descentes de National 2 (les 5 derniers de chacune des 4 poules et les deux moins bons 11es).

D’autant moins simple que l’équipe de rugby, qui retrouve la Pro D2, foulera elle aussi le stade : « On a besoin de jouer sur une pelouse de qualité tout de même, pour le projet de jeu que l’on met en place, affirme-t-il; parfois ça a été compliqué… Y’a 2 ans, je me souviens qu’en coupe de France, quand on avait affronté Paris FC (L2), la pelouse était dégradée, il y avait eu aussi des intempéries avant les matchs de rugby et ça… Bon, là, des travaux ont démarré, on nous remet une pelouse neuve. »

« Dommage que les filles ne montent pas en D3 »

Le club au logo semblable à celui de Croix-de-Savoie (devenu ensuite Evian Thonon Gaillard), – « On nous le dit souvent, parce qu’il y a du rouge et du blanc, nos couleurs historiques, mais il y a le kiosque Peynet dessus, qui est un des symboles de Valence », – visera le maintien, avant, plus tard, de rêver plus haut.

De là à revivre un jour le National (dernière saison à ce niveau en 2004-2005), voire la Ligue 2 (2003-2004), il y a beaucoup d’étapes à franchir. « Mais c’est carrément le projet, coupe toutefois Vivant; On a de bonnes structures et infrastructures, une formation reconnue, on fait partie des 4 ou 5 gros clubs de la Ligue Aura (Auvergne Rhône-Alpes), nos équipes de jeunes jouent au plus haut niveau régional partout, on a même nos U17 en Nationaux, on a deux équipes féminines en R1 et R2, bref, tout est mis en place pour que nos équipes fanions grimpent et suivent l’exemple de l’équipe de Régional 1 garçons, qui est montée en N3 avec 22 ans de moyenne d’âge, quelques cadres comme Rafik Boujedra (ex-GFC Ajaccio, Bourg-en-Bresse et Quevilly Rouen en Ligue 2) et Hassen Fellak (Ain Sud Foot et Bourgoin en N3), où 70 % des joueurs ont été formés au club. Je pense que peu d’équipes peuvent se targuer de cela et pour nous, ça récompense tout le travail que l’on a mis en place. Pour les filles, on a le même système de formation que chez les garçons, elles bénéficient des mêmes outils. Ces dernières saisons, elles ont échoué en barrage d’accession et cette saison, elle ne vont pas monter en D3 alors qu’elles sont 2es derrière l’OL et qu’elles ont une différence de buts de plus de 100 (+123 Ndlr) ! C’est dommage qu’il n’y ait qu’une seule accession; ça risque de mettre en péril notre structure féminine. C’est regrettable mais je mise sur un repêchage. »

« Avec humilité en National 3 »

Quant au National 3, faut-il en avoir peur ou est-ce un challenge excitant ? Vivant : « ça m’excite plus que cela ne me fait peur ! On ne se donne pas de limite. L’Olympique de Valence ressemble plus aujourd’hui, de par sa structuration et ses outils, à un club de N3. On utilise les GPS, la vidéo, le logiciel MyCoach pro, on se donne les moyens en matière d’optimisation de la performance d’essayer de réduire tout ce qui est aléatoire. On va rentrer dans ce championnat avec humilité. En N3, beaucoup d’équipes ont la moitié de leurs effectifs sous contrat. Nous, on devra continuer à structurer le club administrativement et financièrement pour avoir de l’ambition. On fera venir 4 ou 5 joueurs avec un peu d’expérience. Il ne faudra pas se tromper. D’autant qu’on reçoit beaucoup de CV. On gardera nos jeunes et on élargira le groupe fanion en intégrant deux ou trois jeunes à fort potentiel, qui sortent du groupe U18 ou Espoirs. On souhaite conserver ce projet de jeu qui pilote l’ensemble des équipes du club. Pour moi, le collectif est plus fort quand l’équipe est soudée et concentrée sur un objectif. On veut aussi conserver ce noyau dur de bénévoles et dirigeants que l’on a autour de l’équipe fanion et du staff, un noyau mobilisé autour d’eux. »

Un budget proche de 800 000 euros ?

« Enfin, on a envie de retrouver, à moyens termes, le National 2, avant, pourquoi pas, d’aller chercher encore au-dessus. Mais pour cela, il faut travailler dans la continuité, ne rien chambouler. C’est aussi ça, la force d’une équipe. Cette saison, je voulais que tout le monde s’entraîne quatre fois par semaine, contrairement à la saison passée, où on avait manqué le coche de peu à la dernière journée. Je veux garder ce rythme. »

Côté finances, le club, qui s’appuyait sur un budget proche de 650 000 euros, travaille pour le grossir et le faire passer à 800 000. « On espère que nos partenaires vont continuer à nous soutenir. Il faut que, économiquement, on soit solide. Il faut donner à l’OV les moyens de ses ambitions. On a développé les secteurs marketing et commercial. Maintenant, quand on vient au stade Pompidou, ça commence vraiment à ressembler à quelque chose ! On a une panneautique LED, on a fait une animations dans les loges, c’est positif. On a des anciens qui sont revenus comme Frédéric Tremblay, un ancien joueur dans les années 80 et ancien speaker aussi du temps de la D2 : il fait revenir les anciens et anime les loges. »

Alors, Valence, une ville de foot ? Là encore, Malik a son avis : « Oui ! Après, le stade se remplit souvent quand il y a des grosses affiches. Aujourd’hui, on se souvient surtout de ces moments-là, de ces gros matchs. Mais ça, c’est un peu pareil pour toutes les villes. Il y a de l’effervescence quand il y a de la réussite, quand ça tourne, comme avec le handball, qui a grandi, et le rugby bien sûr aussi. »

Pour Rafik Boujedra, la boucle est bouclée

« C’est un joueur emblématique qui était déjà revenu au club après ses années de formations à l’Olympique Lyonnais. Il a aussi été le premier contrat fédéral que l’on a pu faire à l’Olympique de Valence cette saison. Il apporte son expérience à un groupe jeune. » Voilà comment Malik Vivant parle de Rafik Boujedra, revenu à Valence, ou plutôt… rentré chez lui, à Valence, après dix saisons d’exil !

Flashback. C’est la saison 2012-2013, et l’Ardéchois – il est originaire de Tournon, à 10km de Valence, de l’autre côté du Rhône – dispute sa deuxième saison à l’AS Valence. Une saison pleine, en CFA, durant laquelle le joueur, arrivé à l’âge de 12 ans à l’Olympique Lyonnais, où il a côtoyé Nabil Fekir, s’était fait remarquer lors de sa deuxième saison en seniors, en 2012-2013.

« Je suis Ardéchois de naissance mais je me considère comme un Drômois, car mes parents ont déménagé à Valence quand j’étais petit, alors … Et puis, de Tournon pour rallier la Drôme, il n’y a qu’un pont à franchir ! », confiait-il lors de sa signature à QRM, en 2017.

En 2013, donc, il prend son envol et démarre une carrière professionnelle. D’abord au Gazelec Ajaccio, où il évolue en National puis trois saisons en Ligue 2, entrecoupées d’une autre saison à Bourg-en-Bresse, également en Ligue 2. Puis direction Quevilly-Rouen, toujours en Ligue 2 avant de revenir – visiblement, il aime bien les come back ! – à Bourg, pendant deux nouvelles saisons, en National.

Après un dernier crochet par Le Puy (N2, accession en National en 2022), Le milieu offensif franco-tunisien (il fut appelé en sélection U20 de Tunisie et également en U23), rentre au bercail, à Valence, l’été dernier : « Je reviens dans le club où j’ai explosé (sic), c’est le bon timing, les planètes sont alignées », confiait-il l’été dernier au Dauphiné, lors de sa signature à l’OV; « ça va me permettre de préparer ma reconversion. J’ai envie de devenir coach. »

Le pari valentinois est réussi ! Rafik, âgé aujourd’hui de 29 ans, a contribué à l’excellent parcours du club drômois cette saison, et à son retour dans les championnats nationaux, en National 3, neuf ans plus tard ! Et ce n’est peut-être pas terminé !

Rafik Boujedra du tac au tac

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en ligue 2 avec le Gazelec Ajaccio en 2014.

Pire souvenir sportif ?
La descente de Ligue 2 en National avec Quevilly Rouen.

Plus beau but marqué ?
En sélection U23 avec la Tunisie, en match amical, je mets une reprise du pied gauche en pleine lucarne !

Plus beau loupé ?
Je n’ai pas de souvenir particulier, mais sans doute un face à face avec un gardien et je fais le mauvais geste, je pense.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est ma passion depuis mon plus mon plus jeune âge et c’est le plus beau sport au monde.

Ton but le plus important ?
Mon premier but en ligue 2 avec Bourg-en-Bresse. Le club n’avait pas encore gagné en début de saison et j’arrive tard dans le groupe, à la fin du mercato; et pour mon premier match, c’est la première victoire de l’équipe (2-1 contre Dijon, 3e journée) et après ça, on a lancé une dynamique incroyable pour un club promu.

Ton geste technique préféré ?
La feinte de frappe, un geste sous-côté pour moi.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Pas beaucoup ! Je dirais 3 au maximum.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je voulais être journaliste sportif ou avocat.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Altruiste, au service de l’équipe, technique et très bonne vision de jeu comme qualités. Défauts ? Pas assez égoïste, pas assez « tueur » et trop perfectionniste par moments.

Le club ou l’équipe (ou la saison) où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La première saison de Bourg-en-Bresse en Ligue 2, on pratiquait un football incroyable avec un groupe humainement incroyable. C’était huilé, on mettait pas mal d’équipes en difficulté avec notre 4-4-2 en losange. Mais la saison que l’on vient de vivre avec l’Olympique de Valence fut incroyable aussi, avec une équipe humainement incroyable, de supers personnes et en plus de ça, on monte en N3, chez moi !

Le club où tu n’aurais pas dû signer, l’erreur de casting de ta carrière ?
Je n’ai pas de regret. Je suis quelqu’un qui croit au destin donc toutes mes expériences ont forgé l’homme que je suis et le joueur.

Le club où tu as failli signer (tu peux le dire maintenant, il y a prescription) ?
L’AC Ajaccio en Ligue 2, c’était juste avant de resigner au Gazelec Ajaccio. J’ai vraiment hésité car le discours du coach Pantaloni et l’intérêt du club m’avaient touché : mais quand tu as été « gazier » un jour, tu ne peux pas jouer pour le club « ennemi »… Enfin, c’est ce que je pense bien que j’ai de très bons amis là-bas et je connais de très bonnes personnes.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Comme j’ai été formé à l’Olympique Lyonnais, forcément, l’OL. J’ai souvent rêvé, jeune, le soir dans ma chambre au centre, que je jouais à Gerland, le stade de l’époque quand j’y étais… Mais ce n’était qu’un rêve ! La réalité, c’est qu’à ce moment-là, c’était vraiment le grand OL avec des joueurs incroyables qui accumulaient les titres de champions !

Un stade et un club mythique pour toi ?
Santiago Bernabeu où il y’a le plus grand club au monde et pour moi, il n’y a pas de débat : c’est le Real Madrid !

Un public qui t’a marqué ?
Celui du Gazelec Ajaccio ! Là-bas, c’est vraiment la ferveur quand tu joues pour eux… Il ne peut rien t’arriver, tu es porté par tout un stade. Ils supportent vraiment et même quand tu les croises dans la rue ou quand tu fais tes courses, ils veulent prendre des photos, discuter… Le Gazelec, c’était vraiment le kiffe !

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un), mais tu as droit à deux ou trois ?
Jimmy Nirlo à Bourg-en-Bresse, même dans les moments difficiles, notamment quand je me suis blessé, il était toujours là pour moi. C’est devenu un frère. J’ai aussi beaucoup aimé Pablo Martinez au Gazelec Ajaccio et Stanislas Oliveira à Quevilly Rouen. Je pourrais en citer beaucoup d’autres bien sûr, mais comme je n’ai droit qu’à 3 !

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Mohamed Larbi au Gazelec, c’était le kiffe de jouer avec lui, il était vraiment fort et on se comprenait les yeux fermés. Sofiane Atik aussi à Bourg-en-Bresse : quand on jouait ensemble, c’était quelque chose ! Et enfin, Marvin Gakpa, le joueur le plus doué avec lequel j’ai joué en professionnel : lui, il te cassait les reins ! En fait, je m’entendais bien avec tous les joueurs de ballon, qui prônaient le jeu !

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Sofiane Boufal avec Angers en Ligue 2, c’était incroyable, il m’avait choqué, il était au-dessus techniquement et il dribblait avec facilité.

L’équipe qui t’a le plus impressionné ?
Metz en Ligue 2, avec les Bouna Sarr et Yeni Ngbakoto, et j’en passe ! Ils étaient au-dessus physiquement et dégageaient une force et une puissance incroyables.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Samuel Umtiti, avec qui j’étais à L’OL.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Thierry Laurey, le premier coach qui m’a fait signer professionnel; il était au Paris FC cette saison, en L2.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Ouh là… Si j’en dis plus, je vais me fâcher avec eux alors j’utilise mes jokers, mdr !

Un président ou un dirigeant marquant ?
Fanfan Tagliaglioli, paix a son âme, l’ancien président du Gazelec Ajaccio; je n’ai jamais vu un président autant amoureux de son club. Après, j’ai souvent évolué dans des clubs familiaux dans ma carrière donc je dirais tous les présidents que j’ai eus, que ce soit Christophe Gauthier au Puy qui est un homme en or ou en encore Gilles Garnier le président de Bourg-en-Bresse, qui a permis au club de se professionnaliser. Et aussi mes dirigeants actuels à l’OV !

Une causerie de coach marquante ?
Les causeries de Karim Mokeddem à Bourg, c’était quelque chose ! C’est un grand tacticien et un super homme, avec des valeurs proches des miennes. Il mettait des extraits de films comme Gladiator ou d’autres films cultes, tout ça pour nous transcender avant les matchs ! Je trouvais ça bien.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
J’utilise beaucoup ma tête et j’essaie de comprendre à chaque fois. Je n’aime pas comprendre…

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire, c’est la devise !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Alassane Plea : il joue a en Allemagne, au Borussia Monchengladbach.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion (en dehors des clubs où tu as joués) ?
Le Racing-club de Lens : incroyable ! C’est la meilleure ambiance que j’ai vue ! Même en Ligue 2, le stade était toujours plein.

Des rituels, des tocs, des manies ?
Toujours la chaussette gauche avant la droite, comme Zizou, mdr !

Une devise, un dicton ?
Jouer au foot c’est très simple mais jouer un football simple est la chose la plus difficile qui soit.

Tes passions dans la vie ?
Ma famille et le foot.

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Je dirais que physiquement, à l’époque, je n’étais pas prêt, j’étais tout frêle.

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu étais un joueur plutôt …
Technique.

Un modèle de joueur ?
Benzema. C’est un attaquant complet.

Une idole de jeunesse ?
Ronaldo Luis Nazario, le meilleur joueur de tous les temps pour moi !

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
Liverpool-Milan AC, finale 2005 de la Ligue des champions qui se termine aux penaltys : Milan AC mène 3 à 0 puis Liverpool revient à 3-3 et s’impose aux tirs au but !

Ta plus grande fierté ?
Mes trois enfants ! Et d’avoir pu rendre fier mes parents.

L’Olympique de Valence, c’est un club plutôt…
Ambitieux et travailleur.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué et passionnant ! Deux mots contradictoires !

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Olympique de Valence