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RC Pays de Grasse (National 2) : enfin la bonne année ?

Eliminé en 16e de finale de la coupe de France par Rodez (L2) malgré un match maîtrisé et trois poteaux (0-0, 5-6 tab), le club azuréen, bien calé en haut de tableau de N2, va pouvoir se consacrer à son objectif d’accession en National, après être venu « mourir » deux fois en trois ans à la 2e place  !

Le 11 de départ du RC Pays-de Grasse face à Rodez.

Le football regorge d’histoires. Comme celle des poteaux carrés d’Hampden Park, le stade de Glasgow, en Ecosse, qui a abrité la finale de la coupe d’Europe des clubs champions en 1976, entre Saint-Etienne et le Bayern de Munich. Ces fameux poteaux carrés qui sont entrés dans la légende, Dominique Bathenay et Jacques Santini les avaient heurtés à la 34e et à la 39e minute. Pour les supporters des Verts, pas de doute : si les poteaux, désignés responsables de la défaite 1 à 0, avaient été ronds, « Sainté » aurait gagné !

Au stade de la Paoute, à Grasse, les poteaux sont ronds. Et rien ne dit que, s’ils avaient été carrés, les joueurs du RC Pays de Grasse – club né de la fusion entre le Racing-club de Grasse et l’US Plan-de-Grasse en juillet 2022 – se seraient imposés samedi en 16e de finale de la coupe de France face à Rodez (17e de Ligue 2). Rien ne dit qu’une des trois tentatives de Sahmkou Camara, Herman Ako ou le remuant rentrant Tony Badalassi aurait terminé au fond des filets ruthénois. Seulement voilà, aucune n’est allée au fond !

Une campagne historique

Ultra-dominateurs dans le jeu pendant 90 minutes, et seulement inquiétés sur coups de pied arrêtés, les Azuréens ont finalement craqué à la toute fin de la séance des tirs au but, après que Aymen Souda a manqué une balle de 8e de finale, trouvant le gardien formé au PSG, Sébastien Cibois, sur sa trajectoire…

« La meilleure équipe n’est pas passée, le football est ingrat, j’ai déjà vécu ce genre de situation, donc il faut être respectueux par rapport à ça » : les propos de Didier Santini, le coach arrivé sur le banc du RAF à la fin du mois de novembre dernier, après le limogeage de Laurent Peyrelade, ne consoleront sans doute personne, mais ils témoignent à la fois de la sportivité de l’adversaire et de la performance du 3e de National 2 (2e avant la journée de championnat qui s’est déroulée dans le même temps samedi !). Une performance à des années lumières de la prestation livrée face à La Tamponnaise, au tour précédent, qui avait certes vu la qualification 1 à 0 du Racing, mais dans la douleur. Une inhibition due sans doute à l’enjeu : le club n’avait jamais atteint les 16es de finale de la coupe de France.

« Je n’avais qu’une envie, c’est que le stade explose, mais c est comme ça… C’est difficile à avaler, on a eu la balle de qualif… Mais je suis fier de la prestation qu’on a livrée, même si on est déçu car on méritait de passer, détaillait Loïc Chabas, le coach du RCPG, l’enfant du club (40 ans dont 30 ans de licence au Racing), à la tête des troupes depuis 2013. Je me demandais jusqu’à quand on arriverait à tenir ce rythme et en fait, plus le temps passait, plus on mettait Rodez en difficulté, j’ai été agréablement surpris de ce que l’on a pu produire, maintenant, on va se consacrer au championnat, on en est à la moitié, où il y a une belle aventure là aussi à vivre. Il faut se servir de ce match, de cette expérience. »

Ce scénario cruel et cette élimination aux tirs au but, sous les yeux de Claude Puel et du plus âgé de ses deux fils, Grégoire (Paulin, le plus jeune, était titulaire sur le front de l’attaque grassoise !), les joueurs du président Jean-Philippe Cheton l’avaient déjà vécu la saison passée. C’était au stade Francis Turcan, à Martigues, lors du 4e tour. Là encore dominateurs, ils n’étaient pas parvenus à marquer et s’étaient inclinés aux tirs au but.

Pas très chanceux à la loterie, le RCPG ne l’est pas non plus sur le tapis vert. Depuis l’arrivée à la tête du club en juin 2019 du jeune chef d’entreprise (38 ans), l’équipe fanion, qui fonctionne en SAS (Société par actions simplifiées), et s’appuie sur un budget d’environ 1,3 million d’Euros, a terminé deux fois à la place du dauphin, en 2020 et en 2022. Un vrai Poulidor du National 2 !

L’injustice de la saison 2019-2020

La tribune d’Honneur du stade de La Paoute affichait complet.

La saison passée, le Racing n’a rien pu face à la furia martégale : les Provençaux ont fini la saison en trombe, 6 points devant, et sont montés en National. En 2020, c’est la FFF qui a coupé l’herbe sous le pied des Grassois, longtemps leaders mais tout juste devancés par le FC Annecy au moment de l’arrêt des championnats !

Sans avoir pu défendre leurs chances à fond, sans même avoir pu recevoir Annecy lors de la phase retour (Grasse s’était imposé à l’aller en Haute-Savoie !), les Azuréens ont injustement vu les portes du National se refermer devant eux. Aujourd’hui, Annecy est en Ligue 2, un niveau dont le Racing espère se rapprocher, en accédant, enfin, en National.

Des fumigènes au stade de La Paoute !

On ne dévoilera pas le nom de celui qui nous a récemment soufflés cette phrase à l’oreille – « Cette saison, c’est peut-être notre année » – , mais c’est quelqu’un de bien placé au club ! Il est évident que si les joueurs de Loïc Chabas produisent le même niveau de jeu lors de la deuxième partie de saison que face à Rodez, ils ne seront pas loin de leur objectif.

A 2 points du leader avec un match en moins

Bien calés dans le haut de tableau, à 2 points du nouveau leader Marignane-Gignac, les joueurs de la capitale mondiale des parfums ont cependant un match en moins, tout comme Jura Sud et Lyon Duchère, les autres prétendants. L’accession devrait revenir à l’un de ces quatre clubs, qui se tiennent dans un mouchoir de poche, même s’il ne faut pas enterrer les ambitieux Fréjus/Saint-Raphaël et Hyères.

Le coach, Loïc Chabas (à gauche) avec l’un de ses deux adjoint, Nicolas Soumah.

Dès samedi, il faudra se remettre dans le bain avec un déplacement sur le terrain de la réserve d’Auxerre. « Contre Rodez, ce qui m’a rassuré, c’est que je n’ai pas eu l’impression que l’on disputait un match de coupe, analysait le directeur général du club, Thomas Dersy, lui aussi arrivé dans les valises du président Cheton il y a bientôt 4 ans. On a fait un match maîtrisé, comme s’il s’agissait du championnat. On n’a pas surjoué. On a vu aussi nos qualités et nos défauts ».

Facile de deviner lesquelles. Solidité défensive, esprit de groupe, abnégation, bloc-équipe, activité pour les qualités, auxquelles s’est ajoutée cette saison du jeu, de plus en plus de jeu.

Ce n’est pas une qualité, mais plutôt une politique, celle de la fidélité et de la stabilité : à Grasse, quand on perd trois matchs d’affilée, ce qui est rare (mais cela s’est tout de même produit aux journées 10, 11 et 12 à Marignane-Gignac, contre Canet-en-Roussillon et à Fréjus/Saint-Raphaël), pas de révolution de palais, pas de réunion de crise comme cela peut se produire ailleurs dans le Sud ! Le staff, les dirigeants et les joueurs sont soudés. D’ailleurs, la réaction ne s’est pas fait attendre : depuis ce passage délicat, le Racing a repris sa marche en avant avec trois succès consécutifs et un nul (10 points sur 12).

Et les défauts ? Manque de puissance et réalisme en attaque, exacts reflets des 90 minutes produites face à Rodez, malgré la présence aux avants postes du meilleur buteur de la poule, Dame Gueye (13 buts en 15 matches, deuxième meilleur total des quatre groupes de National 2 confondus derrière Arnold Vula, 14 buts, Racing-club de France 92).

Une identité « azuréenne » voire « locale »

Le gardien Florian Camus.

Gueye, Sénégalais de 27 ans formé à l’académie Diambars, est véritablement le seul joueur de l’équipe à ne pas être du cru : « Je crois que c’est vraiment ce qu’il faut mettre en avant chez nous, poursuit Thomas Dersy; c’est ce côté identitaire. Car hormis Dame, Kevin (Chatelain) et si l’on considère que Vincent Muratori (ex-AS Monaco et Nancy) a été adopté, tous les autres viennent de notre département des Alpes-Maritimes, Grasse, Cannes, Le Cannet, Nice, et deux viennent du Var. »

Le DG va même plus loin : « A notre niveau, en National 2, on ne doit pas être beaucoup de clubs non plus à avoir notre actionnaire qui est de Grasse et un staff avec des gens de Grasse aussi. Avec le directeur sportif, Romain Henry, on axe là-dessus. »

De cela, il en tire une force évidente. C’est là-dessus que le RCPG entend capitaliser. Et aussi, bien entendu, sur sa belle campagne de coupe de France, notamment les deux dernières affiches disputées sur le terrain en synthétique du complexe de La Paoute, du nom de ce quartier situé en contrebas de la ville, à chaque fois devant plus de 2000 spectateurs.

Le capitaine Nicolas Medjian.

Mais personne n’est dupe : c’est l’événement et la renommée de cette compétition qui expliquent la présence de près de 2500 personnes pour la venue de Rodez, une formation qui s’était tout de même qualifiée sur les terrains de Saint-Etienne et Monaco lors des tours précédents ! C’est aussi la bonne image laissée par le XI de la rose, comme on l’appelle ici, qui peut fidéliser un peu plus de monde en championnat.

Les coéquipiers de l’infatigable milieu de terrain et capitaine Nicolas Medjian (34 ans), présent depuis 2008, auront forcément besoin de soutien lors de la phase retour en championnat. Surtout qu’ils recevront Jura Sud, Lyon Duchère, Marignane-Gignac, Fréjus/Saint-Raphaël et Hyères, c’est-à-dire tous ses principaux concurrents de la première partie de tableau !

Si, dans les tribunes, les spectateurs et les supporters sont eux aussi au même niveau que lors de ce match de coupe face à Rodez, alors le RCPG pourrait s’épargner une réputation. Celle d’éternel second.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Romain Boisaubert / RC Pays de Grasse