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Patrick Barul, l’oeil du recruteur

L’ancien joueur professionnel de Lens, Nice et Cannes s’est reconverti dans le recrutement. Actuellement sur le marché après une première expérience de 9 ans chez les « Sang et or », il écume les stades en espérant retrouver un projet et dénicher une perle rare !

Patrick Barul a reçu le Trophée de l’Aiglon du mois à l’OGC Nice, en mars 2023. Photo OGC Nice.

Patrick Barul (46 ans) n’a jamais mis les pieds à Poitiers. D’ailleurs, il ne sait même pas où c’est. Et se demande d’où vient cette « référence » que l’on peut lire à son sujet, lorsque l’on fait une recherche à son nom sur wikipedia : « Il commence sa formation au Poitiers Football-club », peut-on lire sur la page qui lui est consacrée.

« Je ne sais pas qui a sorti ça, je n’y suis jamais allé de ma vie ! Et je ne sais pas comment on pourrait faire pour le rectifier ! » s’étonne celui qui a commencé sa formation à Saint-Jean-de-la-Ruelle, à quelques encablures d’Orléans, la ville où il est né, où il a grandi, dans le Loiret. Et c’est à Saint-Jean-de-la-Ruelle qu’il s’est fait remarquer. « On cartonnait en jeunes. Mon entraîneur là-bas, Nabil Talmoudi, avait des connections avec l’AS Cannes, raconte-t-il; moi, je voulais aller à Strasbourg pour suivre des copains qui était parti là-bas. Et puis Cannes m’appelle. C’était Richard Bettoni au bout du fil. Je suis venu sur place voir les installations. C’était en 1992. J’avais 14 ans. Je me suis entraîné avec eux et ils m’ont dit « On te prend pour jouer en moins de 15 ans Nationaux ». Le club voulait être champion de France. Quand je suis rentré chez moi, j’ai dit à mes parents : « Je veux aller à Cannes ! ».

« En jeunes à Cannes, on était injouable »

Parul Barul rejoint La Croisette, le soleil et les palmiers. Il ne le regrettera pas. Il se construit un sacré palmarès chez les jeunes. « La première année, on est champion de France en 15 ans, idem en 17 ans la saison d’après et enfin, on gagne la Coupe Gambardella en 1995 ! On était injouable ! Pat (Vieira) a juste joué la finale de la Gambardella, parce qu’il était déjà titulaire avec les pros en D1. Il y avait aussi Adel Boutobba, Cédric Mouret, Romain Ferrier, Sébastien Renaud, Sacha Opinel, Sébastien Chabaud qui a joué ensuite à Nancy et Charleroi, Lilian Compan (Saint-Etienne, Montpellier, Caen), Mickaël Marsiglia, Anthony Braizat. A l’époque, l’AS Cannes avait ses équipes en D1, en D3 et en D4 ! C’était extraordinaire ! Même quand tu ne jouais pas en D3, tu jouais en D4, c’était déjà un bon niveau. Je me souviens que lorsque Pat (Vieira) est arrivé en D4 avec Pierre Dreossi, il a joué deux matchs puis il est allé directement en D3 et là, Luis (Fernandez), qui entraînait la D1, a dit : « Lui, je le prends »!

Des souvenirs comme ceux-là, Patrick Barul en a des tonnes. Il faut dire qu’il a eu le temps d’en emmagasiner tout au long d’une carrière professionnelle de 16 ans, à Cannes pour commencer (de 1996 à 1999, en D1 puis en D2 après la relégation du club azuréen en 1998), au RC Lens (D1, de 1999 à 2007, période entrecoupée d’un prêt d’une saison à l’OGC Nice en 2002-2003), à Nice pour de bon (D1, de 2007 à 2009) et enfin à Tournai, en D2 belge (2009 à 2011).

« Je me dis que si je suis dans le bon wagon… »

C’est après sa période à Tournai que son parcours prend un nouveau … tournant ! « En fait, quand je jouais en Belgique, j’habitais Lille, et ensuite, de temps en temps, je jouais le jeudi avec les anciens, et ça se terminait par un resto. Un jour, à table, Eric Sikora, qui venait d’être intronisé coach de l’équipe Une à Lens à la place de Jean-Louis Garcia (en septembre 2012), me dit dans la discussion que le club cherche quelqu’un pour aller observer les adversaires. Je lui réponds « Je suis là moi ! » et il me dit « Ouep mais t’as jamais fait ça », et là je lui sors « Ouep mais toi, t’as jamais entraîné non plus… » En fait, on se charrie un peu, parce qu’avec « Siko », on est amis. Et finalement, il me met à l’essai. »

L’essai est transformé. L’histoire avec le club du Pas-de-Calais va durer 9 ans. « Oui, l’essai est concluant. Je vais voir mon premier match à Laval le vendredi (Lens évoluait alors en Ligue 2), puis en début de semaine suivante, on fait le débrief , « Siko » me dit ce qui va et ce qui ne va pas. Là, Antoine Sibierski, qui est directeur sportif, me dit que le club ne peut plus dépenser d’argent, qu’il ne peut pas me payer. Je lui dis « ok » quand même, parce que, dans ma tête, je pense que la situation ne durera pas, que la situation du club s’arrangera, et que si je suis dans le bon wagon, ils penseront à moi pour l’avenir. »

Superviseur bénévole à ses débuts

Du coup, voilà Patrick Barul en baroudeur des stades, dans le costume du superviseur bénévole ! Pendant plusieurs mois, il fait ses observations de match, le samedi et le dimanche, car le vendredi soir, à ce moment-là, c’est championnat ! Avec lui, il y a Didier Sénac, le directeur du recrutement : « Pour moi, Didier, c’est le boss en la matière. Il a l’oeil. C’est lui qui m’envoie faire le scouting le week-end en Belgique ou en National, et le vendredi soir je supervise les adversaires de Ligue 2. Je fais ça pendant 6 mois. Puis la saison suivante, l’homme d’affaires Hafiz Mammadov arrive au club avec Gervais (Martel) qui me dit « On te garde ». Et surtout, Gervais me paie et en plus, c’est rétroactif. La classe ».

Le nouvel entraîneur du Racing s’appelle Antoine Kombouaré. Là, « Pat » Barul intègre la cellule recrutement, en plus des observations de matchs. Alain Casanova, le remplaçant de Kombouaré (en 2016), ne change rien à ses prérogatives. Observation de match et recrutement, sauf que, cette fois, « Pat » part plus loin. « Et c’est après que j’ai exclusivement intégré la cellule recrutement. J’ai arrêté les observations. Mais avec le plan social que le RC Lens a connu, en 2021, après le deuxième covid, tout s’est arrêté. Et je dois dire que les dirigeants du Racing ont été plus que corrects avec moi. »

« Je n’avais pas la fibre pour entraîner »

Avec l’AS Cannes, en 1997. Photo Serge Haouzi

S’il a choisi cette voix, c’est parce qu’il pense qu’il a l’oeil. Entraîneur ? Pas pour lui. « Après ma carrière de joueur, j’ai passé mon BE1 à Clairefontaine, mais je n’avais pas la fibre pour entraîner. J’aime le recrutement, mais le problème c’est qu’il n’y a pas beaucoup de poste et la concurrence est dure aussi. Tu gagnes bien ta vie, c’est sûr, même si c’est incomparable avec ce que tu gagnes quand tu es joueur. Pour bien gagner sa vie après sa carrière de joueur, il faut être directeur sportif, comme Florent Ghisolfi à Nice par exemple aujourd’hui. »

Au total, « Pat » Barul a passé plus de 15 ans en Artois. Au RC Lens. Forcément, ça marque. « Même si le club est un peu moins « famille » qu’avant, il est vraiment à part. Les gens, là-bas, ne vivent que pour le Racing. C’est impressionnant. On le ressent toute la semaine, quand on a perdu un match. Cet engouement, c’est extraordinaire. Pendant 9 ans, au recrutement, je pense sincèrement que j’ai bien fait mon job. On a fait du bon boulot avec Didier Sénac et Cyrille Magnier, et tous ceux qui m’ont chapeautés, je pense à Florent Ghisolfi, Jocelyn Blanchard, Antoine Sibierski, Didier Roudet et Eric Roy aussi. On n’avait beaucoup moins de moyens qu’aujourd’hui. »

« Les joueurs, on les voit une dizaine de fois »

Mais au fait, ça consistait en quoi, exactement, recruteur au RC Lens ? « On est trois dès l’avant saison, et on se répartit des zones géographiques. Par exemple, moi, France, Belgique, Portugal. Un autre va faire Serbie, Croatie, Suisse, etc. Et en deux mois, on doit avoir vu toutes les équipes de ces championnats. On épure. Bien sûr, on ne se déplace pas partout. Certains matchs, on les regarde en vidéo. Mais ça fait quand même beaucoup de matchs. Une fois qu’on a fait ça, il y a des joueurs qui ressortent, et ceux-là, tu vas les revoir deux ou trois fois. Entre temps, on a eu des réunions techniques, et le coach te dit où il y a des manques dans son équipe. Donc tu sais ce qu’il te faut. Ensuite, on va croiser « ses » joueurs avec ceux des autres recruteurs du club, afin d’avoir plusieurs avis, parce qu’on n’a pas forcément la même sensibilité. Je vais aller voir deux ou trois fois les joueurs de l’autre recruteur, et lui va aller voir les miens. Entre temps là encore, certains joueurs sont sortis de la liste, et peut-être que d’autres se seront rajoutés. Après, cela voudra dire que ces joueurs, à nous trois, on les aura vus une dizaine de fois. Si on est unanimes sur un joueur, là, le directeur sportif ou l’entraîneur prennent la main et vont aller en profondeur. En général, au club, 90 % du recrutement, c’était des joueurs « que l’on faisait », que l’on avait vus au préalable. Après, il y a toujours le coach qui veut faire « son joueur », le directeur sportif qui veut lui aussi faire « son joueur », et Gervais (Martel) aussi, qui aimait bien faire « son joueur ».

« Trading » et « one shot »

Avec les anciens du RC Lens. Photo X.

Quelques exemples ? « Oui, l’arrière gauche égyptien, Karim Hafez (2016-18), ou encore le défenseur John Bostok (2016-2018), l’attaquant Yoann Touzghar, qui venait d’Amiens en National (trois saisons de 2012 à 2015, 91 matchs et 35 buts), l’arrière-droit de Nantes, Fabien Centonze (2018-19), tous ces joueurs, on les a faits avec pas beaucoup de moyens. L’idée du RC Lens, ce n’était pas seulement de faire du trading, parce qu’on ne pouvait pas tout faire : nous, on voulait aussi prendre des joueurs pour monter en Ligue 1. C’est pour ça qu’on a pris des joueurs confirmés comme Danijel Lujboja, qui avait 35 ans (2013-14) : là, c’est du one shot, on sait très bien qu’on ne va pas faire de plus value. Dans le même ordre d’idée, on avait pris aussi Adamo Coulibaly (2013-15), un attaquant qui jouait en Hongrie et marquait beaucoup. Eux, tu sais qu’ils vont te mettre des buts. Idem avec Ahmed Kantari* (2013-15), ce n’était pas du trading, mais c’était pour monter en L1 (ce que le club a fait en 2014). En fait, c’est quand tu es plus à l’aise en Ligue 1 que tu peux faire du trading, comme a fait Lens cet été en prenant Andy Diouf de Bâle, ou avec Loïs Openda, qui est parti à Leipzig (pour 42 millions d’euros et 6 millions de bonus). Mais nous, à l’époque, on ne pouvait pas se permettre de prendre des jeunes, il fallait qu’on monte. »

*Ahmed Kantari vient d’être intronisé entraîneur de Valenciennes, en L2.

A Cannes comme chez lui

Avec l’AS Cannes, en 1997. Photo Serge Haouzi

Depuis un peu plus de 2 ans, « Pat » Barul tourne dans les stades. Va voir des matchs. Reste au contact. Développe son réseau. Attend une opportunité. L’autre jour, il était dans un stade qu’il connaît bien, à Coubertin, à Cannes, là où il a vu les débuts de Zidane et Micoud à son arrivée au club en 1992.
Ce soir, l’affiche propose un match de National entre le leader, l’AS Cannes, et la lanterne rouge, Bourgoin-Jallieu. Surprise, c’est le moins bien classé qui s’impose 1 à 0. Dans le salon VIP, beaucoup reconnaissent l’ancien dragon azuréen. L’ancien joueur et agent, le retraité Félix Lacuesta (ex-Saint-Etienne, Bastia, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Lille, Monaco et … Cannes) vient taper la discute avec lui. David Lisnard, le maire de Cannes et grand supporter des Rouge et blanc, le reconnaît et vient le saluer. Patrick reconnaît des visages, serre des poignes. Il est presque chez lui ici. « J’habite à Cannes en plus, ma femme est d’ici ».

« Des Sotoca, c’est très rare »

Patrick Barul, en novembre dernier, dans les rues de Cannes. Photo 13HF.

Une petite photo du stade Coubertin qui terminera sur son nouveau compte Linkedin, là où il faut se montrer, là où il faut dire ce que l’on fait et que l’on est « dispo », et hop, c’est déjà l’heure du coup d’envoi. Même en National 2, on peut dénicher des pépites ! « Bien sûr, si un joueur me tape dans l’oeil, je le garde dans un coin de ma tête, mais, surtout, je vais le revoir jouer ! Après, de la N2 à Ligue 1, il y a un fossé, même si je sais que des Florian Sotoca, bien sûr que ça existe, mais après… Sotoca (qui a joué à Narbonne en CFA2, à Martigues en CFA et à Grenoble en National), quand il a signé à Lens, tu sais que ce n’est pas du trading. Il jouait à Grenoble à ce moment-là (Grenoble était monté en L2). On s’est demandé si on ne pouvait pas trouver mieux, et finalement, il s’est adapté à la la Ligue 2 puis à la Ligue 1, puis au haut de tableau de la Ligue 1 et puis il s’est adapté à la Ligue des Champions ! Mais des joueurs comme lui, c’est très rare. Et s’il y en avait beaucoup d’autres, on les verrait avant, sinon, cela voudrait dire qu’ils sont passés entre les mailles du filet, mais ça, aujourd’hui, il y a tellement de recruteurs aujourd’hui, que ce n’est pas possible. Jo Clauss ? Pareil. Et celui qui a tout fait pour qu’il vienne, ce n’est pas un recruteur, c’est Alexandre Pasquini, l’analyste vidéo : il l’a mis en valeur auprès du staff au travers de montages vidéos, avec ses stats. Il nous l’a bien vendu et franchement, quelle belle vision de sa part, et quelle réussite ! Parce que personne ne le connaissait ici à Lens. »

« J’ai quand même un CV »

A Bollaert-Delelis. Photo X

Si Patrick va voir des matchs et tournent sur les terrains – la semaine suivante, il est allé voir Fos (N3) contre Annecy (L2) en coupe de France -, c’est parce qu’il est sur le marché. Le réseau, c’est important. « J’essaie de le faire savoir un peu plus maintenant, poursuit-il.  J’ai eu des contacts. On m’a dit « Oui… Je vais voir… », c’est difficile. J’ai 9 ans d’expérience dans le recrutement, ce n’est pas rien. J’ai quand même un CV. Je pense que je fais bien mon travail. Et avec Didier Sénac, j’ai vraiment été à bonne école à Lens, où l’on a fait du système D. »

« Je suis cool, oui, c’est ma nature »

Et si Patrick Barul payait son allure un peu nonchalante, cool, peut-être même trop cool ? Et s’il n’était pas dans le moule ? Et si, tout simplement, il ne savait pas se vendre ? « C’est ma nature », réplique-t-il ! « Ma carrière, c’était comme ça ! Je me souviens qu’à Nice, le coach, Gernot Rohr, me disait « Ah vous les Antillais, c’est toujours tranquille » ! Mais Tranquille quoi ? Oui je suis tranquille, mais quand il faut bosser, je bosse, et quand il faut taper du poing sur la table en réunion (il mime le mouvement), je le fais. Et quand ton entraîneur et ton président te demandent « Bon alors, ce joueur, on le fait ou on le fait pas ? », et qu’il faut poser ses c… sur la table, hé bien je suis là ! Même ma femme me dit ça, que je prends tout à la cool. En juin, je suis allé voir le tournoi de Toulon, je voyais tous les scouts… beaucoup me disaient « Pat, comment ça se fait, t’as pas trouvé un projet » ? Je me demande comment c’est possible. Parce que l’oeil, je l’ai. » À Poitiers aussi, ils se demandent comment c’est possible !

Patrick Barul, du tac au tac

« Je n’ai marqué qu’un seul but… la honte ! »

Photo RC Lens.

Meilleur souvenir sportif ?
Mon premier match en pro, avec Cannes, contre Bastia, en 1996, à Coubertin. C’est Guy Lacombe qui m’avait pris dans le groupe et fait rentrer. On avait fait 1-1. Je ne me souviens plus des buteurs !

Pire souvenir ?
Y’en a eu quelques-uns ! Une blessure à l’épaule et un match en coupe d’Europe contre Parme, en UEFA, avec le RC Lens : je suis sur le terrain, on est dans le temps additionnel, Francis Gillot m’appelle et me dit les autres résultats. Nous, on est à 1-1, on est qualifié, et là, je dégage le ballon sur un attaquant, il part au but et il marque. On perd 2-1… Je peux te dire que ça marque, merde… Heureusement, on s’est qualifié car on a gagné le match suivant à l’extérieur, mais bon…

As-tu déjà marqué un but ?
Oui, en coupe d’Europe, contre des Suédois. C’est le seul but que j’ai marqué dans ma carrière. La honte (rires) ! J’ai une anecdote : à l’époque, France Football avait fait un article sur les joueurs qui avaient plus de 150 matchs de Ligue 1 et qui n’avaient jamais marqué. Un journaliste m’avait contacté pour ça, je ne l’ai pas super bien pris, hein… Je lui ai dit « Attend, tu crois que je suis le clown de France Football ou quoi ? » Il y avait aussi Planus, Toulalan, dans le même cas que moi ! A ma décharge, je ne montais pas sur les coups de pied arrêtés, donc je réduisais mes chances aussi de marquer !

Latéral ou milieu ?
Mon poste de formation, c’est milieu. Quand je suis monté en D3 avec Cannes, Guy Lacombe m’a mis à ce poste de latéral, que je n’aimais pas trop, mais il m’a fait rentrer arrière-droit pour mon premier match en pro, donc j’ai continué là. Mais j’alternais milieu ou arrière droit, et je dépannais même parfois à gauche. Avec le recul, je pense que ça m’a desservi. Le foot a changé, c’est athlétique, physique, des joueurs comme moi, il y en avait plein, comme des Florent Balmont. Mais on en voit moins.

Tu préférais jouer en 6 ?
Ah ouaip, largement !

Photo X

Mais pourquoi n’as-tu pas pu t’imposer à ce poste ?
Le RC Lens m’a recruté au poste de latéral droit. Je leur ai dit que je pouvais jouer milieu, alors je dépannais, mais pour eux, j’étais arrière droit. Je n’étais pas le titulaire indiscutable. Il y avait Eric Sikora, qui est une légende à Lens. Mais je faisais mes matchs, à différents postes. On me disait « Ce week-end on a personne à gauche, tiens vas-y ! ». Je pouvais jouer partout.

Combien de cartons rouges ?
3 ou 4. Défensif, j’étais obligé d’envoyer un peu.

Un geste technique ?
Contrôle-passe. Pour moi, c’est le meilleur geste technique en foot. C’est Guy Lacombe qui m’a appris ça.

Pourquoi as-tu pratiqué le foot ?
Mon père jouait au foot, en DH, et quand j’étais petit, je le voyais comme le meilleur joueur du monde ! Il m’emmenait partout, aux matchs, aux entraînements, il jouait à Orléans, en réserve, quand l’équipe fanion était en D2, avec Robby Langers, Henri Zambelli, Bruno Germain. Quand je suis venu jouer une fois à Orléans, au stade de la Source, en coupe de France avec Lens, ça m’a fait bizarre. Mes parents sont toujours là-bas.

Si tu n’avais pas été footballeur ?
Je ne me suis jamais posé la question.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
J’étais technique, à l’écoute. J’avais tout le bagage, mais mes défauts, c’est que, une fois arrivé en pro, je me suis reposé sur mes acquis. Avec du recul, je me dis que j’aurais dû travailler beaucoup plus. Je pense que j’avais des qualités pour faire une meilleure carrière. Quand je suis arrivé à Lens, je me suis dit « ça y est ». J’avais signé 5 ans, donc… ça va… Je faisais comme les pros confirmés alors que j’étais jeune et que j’avais tout à prouver. J’ai commencé à me bouger le cul (sic) lors de ma dernière saison, quand j’étais en fin de contrat, et d’ailleurs, ils m’ont fait re-signer. Mais j’aurais dû, en arrivant au club, me dire « Putain Sikora (titulaire et concurrent au poste de latéral droit), je vais le manger », façon de parler, mais non. On me disait « Tiens, Pat, tu joues ce week-end » je répondais « Ouep c’est cool ». Ou alors « Pat, tu ne démarres pas ce match, tu es remplaçant », je me disais « ouep bah c’est pas grave, je fais le voyage avec le groupe, je vais rentrer un quart-d’heure, je vais prendre la prime, j’ai mon salaire »… Enfin tu vois, quoi…

La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Mes premiers matchs en pro à l’AS Cannes et la première année à Lens, où je découvrais le très haut niveau. Mes saisons avec Francis Gillot, que j’adorais.

Une erreur de casting ?
Avec du recul, si j’avais été bien conseillé, je n’aurais pas dû aller à Lens, parce que là-bas, il y avait un joueur emblématique qui jouait au même poste que le mien, Eric Sikora, et je savais que ça allait être compliqué. Mais l’agent est allé là où il y avait le plus de commission… Au final, je ne peux pas dire que je regrette car Lens, c’est 20 ans de ma vie, c’est une institution, je m’y suis fait beaucoup d’amis, les gens et la région sont extraordinaires. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière.

Le club où tu aurais rêver de jouer ?
Tu vas trouver ça bizarre mais quand j’étais à l’AS Cannes, le club où je voulais absolument jouer, c’était Bordeaux, et en plus, il y avait la passerelle Cannes-Bordeaux à ce moment-là. Dans les années 90 , les Girondins, c’était le top ! Après, le rêve absolu, c’était Barcelone.

Ton meilleur match ?
Un match à Cannes contre Strasbourg, et aussi un Monaco-Lens : j’étais injouable ce jour-là ! Il y avait Gallardo et Simone en face, et je leur ai marché dessus ! Quand je suis revenu en état de grâce à Lens, avec Joël Muller, qui m’a longtemps boycotté, il m’a jeté en pâtures au Vélodrome, l’année où Drogba jouait à l’OM (2003-04). Pour ce match, il y avait beaucoup d’absents à Lens à cause de la CAN et Joël Muller m’a dit « Tiens, tu vas jouer ce week-end » mais s’il avait pu prendre le magasinier du club à ma place, il l’aurait fait. Là, dans ma tête, je me suis dit « Attend toi, tu fais une grave erreur » ! J’ai fait un super match et il ne m’a plus sorti de l’équipe !

Ton pire match ?
Un Montpellier – Lens, avec Fodé Mansaré face à moi : il m’avait fait l’amour !

Un stade mythique ?
Lens forcément ! Et y a aussi le stade où tout le monde veut jouer, c’est le Parc des Princes. La première fois que j’y ai joué, j’avais Raï devant moi… J’ai souffert aussi (rires) !

Un coéquipier marquant ?
Cyril Rool, à Lens. Quand tu le vois de loin, que tu ne le connais pas, sur un terrain, tu penses que c’est un boucher, qu’il est méchant, mais c’est le mec le plus gentil qui puisse exister. C’est un footballeur hors pair, avec une main à la place du pied. Un top joueur ! Olivier Dacourt aussi. Et je citerais Jérôme Leroy, un génie du football.

Des amis dans le foot ?
Olivier Dacourt, Cyril Rool, Mickey Marsiglia, j’en ai d’autres, Sébastien Chabert, etc.

Le coéquiper avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Vitorino Hilton. Quand tu joues à côté de lui, c’est facile. Jérôme Leroy aussi.

Celui qui t as le plus impressionné ?
Mansaré, Raï, Ronaldinho.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Djimi Traoré, à Lens.

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Guy Lacombe et Francis Gillot.

Un coach que tu n’as pas… (il coupe direct !)
Joël Muller.

« J’étais fan absolu de Johan Micoud »

Un président marquant ?
Gervais (Martel, président de Lens).

Une causerie ?
Les causeries de Fred Antonetti.

Une consigne impossible à comprendre ?
Les consignes de Joël Muller.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Vieira, Dacourt.

Des rituels, des tocs ?
Toujours le même caleçon.

Un dicton ?
Le travail paie.

Passions ?
Mon fils. Il a 21 mois, il s’appelle Gabriel. En fait, les footeux, souvent, à 20 ans ils sont posés, ils sont pères de famille, mais ils ne voient rien de la vie. Et une fois leur carrière terminée, certains divorcent, mais pas tous bien sûr, et ils veulent voyager, faire plein de choses, sortir. Moi, je me toujours dit que je voulais profiter, voyager, sortir, profiter avant. Et me poser après. Sinon, je me suis mis au padel aussi. On joue entre amis. Et la marche.

Un modèle de joueur ?
A Cannes, mes modèles, c’était Zizou (Zidane) bien sûr, mais surtout Johan Micoud. J’étais fan aboslu de lui !

Une idole de jeunesse ?
Alain Giresse.

Un match de légende ?
C’est Argentine – Angleterre en coupe du Monde avec Maradona, et aussi le France – Brésil de 1986. Et bien sûr la finale du Mondial 1998 France – Brésil.

Ta plus grande fierté ?
Mon fils.

Le foot en deux mots ?
(Rires) Un milieu de requins. Maintenant que je suis passé de l’autre côté, je le vois encore plus.

Texte : Anthony BOYER – Mail : aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : 13HF

Photos : 13HF, DR, OGC Nice, RC Lens

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Voir aussi l’émission de Nice-matin, GYMTONIC, avec comme invité Patrick Barul :