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Newsouest, le site serviteur du foot amateur breton

Depuis bientôt 15 ans, le sud-finistérien Christophe Marchand consacre son temps au site qu’il a lancé et ses dimanches à donner tous les résultats en live, du National 3 au Départemental 3 ! Un travail de fourmi qui concerne 500 matchs et 75 divisions à travers toute la Bretagne ! Aujourd’hui, il est devenu LA référence !

Le dimanche, c’est sacré. Certains en profitent pour aller à la messe, d’autres pour déjeuner en famille tandis que pour tous les footballeurs amateurs, c’est jour de match.

En Bretagne, un rituel dominical accompagne une immense majorité des joueurs de District au National 3, avant, après, et même pendant les rencontres. Ce phénomène, c’est le site newsouest.fr, créé en 2011 par Christophe Marchand, et plus particulièrement l’onglet « Live » en haut à droite de la page d’accueil.

« Je m’étais dit que si c’était techniquement jouable de couvrir en Live les matchs de haut niveau comme le fait L’Equipe, ça devrait également l’être pour les niveaux régionaux ou de district ». Et c’est de là qu’il a lancé la machine en 2013, récoltant aujourd’hui les fruits de son idée un peu folle.

« Je me suis rendu sur un match de Régional 3 il y quelques semaines, et ça m’a bluffé de voir les gens dans les tribunes connectés sur le site. Il y avait des jeunes, mais aussi des personnes de 70-80 ans, rembobine-t-il. A la mi-temps, le speaker a annoncé les résultats du groupe de R3 en direct, comme il le ferait à la pause d’un match de Ligue 1 ou Ligue 2 ! »

Concrètement, ce sont 500 matchs de 75 championnats différents allant de Départemental 3 (Finistère), Départemental 2 (Morbihan, Côtes-D’Armor, Île-et-Vilaine) au National 3, couverts en live : début du match et coup de sifflet final bien entendu mais surtout les buteurs ainsi que leurs passeurs avec le minutage du but, en direct ou presque. Tout cela grâce à un système bien rodé.

« Je prends plus de plaisir à couvrir et voir des matchs de D1 que de National »

« Les clubs ont la main sur leur match et mettent à jour instantanément. Les scores de certains matchs ne sont pas renseignés sur le site alors soit les membres du club m’envoient un SMS  avec les infos pour que j’actualise, soit je rentre moi-même les résultats manquants. Le dimanche soir, je peux finir à minuit voire une heure du matin. Un joueur que j’ai croisé récemment pensait qu’on était une dizaine à s’occuper du site » se marrerait presque la pieuvre.
Un dévouement énergivore dont il tire la récompense dans l’utilisation faite de son outil.

« Le dimanche, ce n’est plus mon site, c’est celui des clubs, ils se l’approprient. Et c’est ça le succès. Je n’en retire pas de fierté, soutient-il. Mon plaisir, c’est d’avoir les retours des clubs, comprendre que j’ai créé un outil important pour eux qui valorise leurs joueurs et leurs structures. En quelque sorte, c’est un site d’utilité publique. ».

L’idée est partie de son attachement pour le foot « d’en bas », qu’il a côtoyé durant sa jeunesse. « Je prends plus de plaisir à couvrir et voir des matchs de Départemental 1 que de National, car je suis issu de ce monde là. Je sais ressentir ce milieu-là. C’est le foot qui me raccroche à mon enfance. J’étais un joueur de niveau district, ça m’est arrivé de jouer en D1. Je me souviens que lorsque j’ai marqué un but, j’étais tout heureux de voir mon nom dans le journal. Je me mets dans la tête des joueurs de D1, D2, D3, l’outil est super en ce sens. Et puis dans 10-20 ans, ils pourront taper leur nom sur internet et montrer à leurs enfants quelques articles du site », imagine-t-il dans un franc plaisir d’offrir.

« Avec le recul, j’ai été un peu fou de lancer tout ça »

Mais s’il a toujours véhiculé cette caractéristique depuis le lancement de son site il y a maintenant 13 ans, cela ne fait que depuis 2018 qu’il a pu en tirer le bénéfice financier. Car si Newsouest a désormais la côte en Bretagne, ce n’était pas forcément le but recherché à la base par le Sud Finistérien de 43 ans qui réside à Plomelin.

A 30 ans, et en parallèle de son activité de correspondant pour Le Télégramme, Christophe Marchand cherchait à se réorienter après avoir manqué le concours d’instituteur et pointait donc au chômage. « J’arrivais à un âge où je n’avais rien à perdre. Je me suis dit ’’pourquoi ne pas lancer ce type de site’’, car ça n’existait pas. Ça allait avec le fait que j’aimais bien écrire, et que ça s’inscrivait dans la continuité de ce qui est mon vrai métier : être correspondant. Je me considère d’ailleurs toujours ainsi », explique celui qui disserte chaque jour de la semaine – sauf le dimanche ! – sur tous les clubs omnisports du Finistère pour alimenter son site internet.

Et c’est donc en suivant son envie, qu’il a monté le projet, sans particulièrement fixer de cap. « Je partais d’abord avec l’idée de faire quelque chose qui me plaisait sur la période sans emploi. Au début c’était plus une passion qu’une activité, surtout que je partais de zéro. Chaque jour je repartais d’une feuille blanche. Et puis ça m’a plu le premier jour, puis le lendemain, puis la semaine, 2 ans … Et ça va faire 15 ans. »

Une passion débordante qui a poussé l’amoureux du foot très amateur à se plier en quatre pour subvenir à ses besoins. « Ce n’était pas viable financièrement au début car j’ai toujours tout réinvesti afin de réaliser les nouvelles versions du site. L’argent n’était pas un objectif, c’était un moyen de continuer. Quand je n’arrivais pas à en vivre, j’envoyais environ 150/200 articles par mois au Télégramme en tant que correspondant, auquel il fallait ajouter la dizaine quotidienne pour le site. J’ai mené cette double vie pendant 8 ans pour pouvoir joindre les deux bouts. C’est vrai qu’avec le recul, j’ai été un peu fou de lancer tout ça. »

« Aller sur Newsouest est devenu un rituel, quelque chose de mécanique »

Un investissement colossal, de chaque instant, avant que le projet ne le lui rende aujourd’hui. En attestent ses 70 fidèles partenaires qui permettent la gratuité du site pour les utilisateurs, ce que Christophe Marchand met un point d’honneur à conserver.

Mais d’autres résultats sont aussi parlants de la nouvelle dimension qu’a pris Newsouest et sa partie « Live », au point où son inventeur se confond en Frankenstein : « Je me sens dépassé, confie-t-il. J’ai une hantise : celle que le serveur ne puisse plus suivre. Les sites internets ont des scores plutôt réguliers, moi j’enregistre des pics anormaux le dimanche. C’est l’équivalent d’un stade de Ligue 1 en pages vues sur une seule journée. Mais les chiffres ne sont pas importants, je préfère me dire qu’aller sur Newsouest est devenu un rituel, quelque chose de mécanique. »

Ce qu’il est possible d’affirmer, surtout que l’outil a trouvé en les Bretons le public parfait : « Sur le match de la montée de Régional 1 en N3, Paotred-Dispount – US Montagnarde l’année dernière, il y avait 2 200 spectateurs dans le Finistère-Sud. Presque 2 000 aussi pour la finale de la coupe du Morbihan. Ici, le foot amateur déchaine les passions. »

De quoi assurer la prospérité de Newsouest et de son « live » ? « Le site a un côté vulnérable, tout peut s’arrêter du jour au lendemain s’il y a un bug ou que j’ai un pépin de santé. Je suis heureux aujourd’hui, je le serai demain et pour le reste on verra. Je vis juste le moment présent. »

Texte : Alexandre Le Bris / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @lebrisfutalex