L’avant-centre du FC Martigues, natif de Manosque, est l’un des grands artisans de l’incroyable début de saison du club provençal, 2e du championnat.
Avec son mètre 87, Romain Montiel est en quelque sorte une « montagne » ce qui, pour un garçon né dans les Alpes-de-Haute-Provence, n’a rien de surprenant.
Ce qui est plus surprenant, en revanche, c’est de voir son nouveau club, le FC Martigues, promu de National 2, à la 2e place du classement en National. Et quelque soit le résultat de son match en retard, ce soir, à Cholet (l’entretien a été réalisé avant la défaite 2 à 0 sur le terrain de l’équipe de Stéphane Rossi, qui a donc mis un terme à une série de 16 matchs sans défaite pour Martigues), le club de la Venise provençale sera toujours dans le duo de tête, une place qu’une bonne dizaine de clubs aimerait occuper en fin d’exercice, car synonyme de Ligue 2. Au bout d’un moment, difficile de se cacher !
La Ligue 2, au stade Francis-Turcan, qui connu les grandes heures de la Division 1 entre 1993 et 1996, tout le monde y pense. Mais personne n’en parle.
Le sujet est tout à la fois récurrent et tabou. Il faut dire que la situation fait le larron : la Ligue 2, tout le monde la veut, sinon, à quoi bon « vivre ou survivre » dans ce championnat hybride, ou la plupart des équipes ne sont que de passage.
Le FC Martigues, lui, y fait en tout cas un passage très remarqué cette année. Il n’a perdu qu’un seul match, lors de la première journée de championnat, à Versailles (2-1), et encore, de l’aveu des « spécialistes », il aurait même pu s’imposer lors de ce match (depuis, le FCM s’est incliné une deuxième fois à Cholet, 2 à 0) !
On salive d’avance à l’idée de retrouver une affiche Martigues-Versailles décisive à la dernière journée !
Ce classement qui n’a absolument rien de flatteur à ce stade de la compétition, le FC Martigues, 3e attaque de la poule (28 buts marqués en 17 matchs) derrière Le Mans (31) et Concarneau (29), le doit à ses talents et aussi à l’épanouissement de Romain Montiel, impliqué dans 10 des buts marqués de son équipe (5 buts et 5 passes décisives, dont la dernière pour Amine Hemia, la semaine dernière, contre Borgo, est un pur régal !).
« Autour de moi, il y a du monde »
Si l’avant-centre martégal est aussi performant, c’est, comme il le dit, parce qu’il a les joueurs autour de lui : « Si je suis plus épanoui cette saison ? Oui, peut-être, c’est vrai, mais ce qui joue beaucoup, c’est le système de jeu de l’équipe, en 4-2-3-1, avec une pointe devant. En National, y’a beaucoup de coaches qui préfèrent jouer en 3-5-2. Là, avec le système du coach (Grégory Poirier), je suis moins esseulé devant, il y a du monde autour de moi. Et puis, le club et le coach me font confiance, c’est important ».
C’est vrai qu’avec Amine Hemia (6 buts, 2 passes) et aussi les deux feux follets Zakaria Fdaouch (4 buts, 5 passes) et Karim Tlili (5 buts, 3 passes), le danger vient de partout en attaque !
Et même s’il a reculé en numéro 6, Foued Kadir, l’ancien de la maison olympienne, valenciennoise et rennaise en Ligue 1 (39 ans !), n’a rien perdu de ses qualités offensives et de sa patte (3 buts et 2 passes).
Avec autant d’atouts, difficile de ne pas évoquer, donc, cette fameuse Ligue 2. « Oui, on en parle, mais pour rigoler, assure Romain Montiel; On ne se prend pas la tête, et on n’a aucune pression par rapport à ça. Cette série d’invincibilité en cours, c’est notre force mentale qui fait ça. En fait, sur le terrain, on ne calcule pas, on ne pense pas trop au nombre de buts que l’on va encaisser, mais plutôt au nombre de buts que l’on va marquer ! On est vraiment porté vers l’avant, avec quatre joueurs offensifs, donc c’est plus facile pour marquer. »
Neuf saisons à l’AJ Auxerre
A 27 ans, l’attaquant né à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), à seulement 100 kilomètres de Martigues – » J’y ai encore mes parents, mon frère et ma grand-mère » – est parti sur des bases élevées cette saison.
A ce rythme, il devrait battre son record en National, qui date de la saison 2017-2018, lorsque son club formateur, l’AJ Auxerre, l’avait prêté au FC Chambly (9 buts en 22 matchs de championnat et 7 buts en coupe de France) : « J’ai passé 9 saisons à Auxerre ! J’y ai été recruté par Gilles Rouillon, alors que je jouais à Istres, où j’ai passé deux saisons en pré-formation entre 13 et 15 ans. Il m’avait repéré lors de rencontres inter-régionales. Et je ne suis parti d’Auxerre qu’à l’âge de 24 ans, après deux prêts, à Chambly donc, puis au Mans, toujours en National ».
Le Manosquin, qui a commence le football à Saint-Auban, à l’US CASA (Château-Arnoux-Saint-Auban), de débutant à poussin, « parce que mes parents habitaient alors à Château-Arnoux », et qui a poursuivi « plus bas », à l’EP Manosque jusqu’à l’âge de 13 ans, « parce que mes parents ont déménagé ! », a tout de même tâté de la Ligue 2 à Auxerre, mais il a surtout vu les coachs défiler : « Quand je suis revenu de Chambly (National), où j’avais effectué une bonne saison en prêt, avec une demi-finale de coupe de France face aux Herbiers (élimination 2 à 0), j’ai redemandé à être prêté, parce qu’à ce moment-là, Auxerre manquait de stabilité au niveau des staffs. Le Mans (National) était intéressé, alors j’y suis allé, et on est monté en Ligue 2 ! »
« Mon objectif, c’est clairement de retrouver en Ligue 2 »
Avec Martigues, Romain, récent papa d’une petite Bianca de 7 mois, dispute déjà sa sixième saison en National (Chambly, Le Mans, Béziers, Bourg 2 saisons), avec, dans un coin de la tête, l’idée de retrouver la Ligue 2, connue avec l’AJA : « C’est clairement un objectif d’y retourner ». C’est dire si le vainqueur de la coupe Gambardella 2014 (avec l’AJA) commence à bien connaître ce championnat : « Le National est plus équilibré je trouve cette saison, et je ressens beaucoup plus de pression, notamment à cause des six descentes, ce qui fait que beaucoup d’équipes jouent de manière défensive. Après, parmi les équipes qui m’ont fait bonne impression, il y a le Red Star et Versailles ».
Signer chez un promu, dans un club qui n’avait plus connu cet échelon depuis 10 ans, cela ne lui a pas posé le moindre problème. « Je voulais aller dans un club où, déjà, je pouvais jouer, et où on me faisait confiance. Je savais en venant ici que le coach voulait imposer tel système de jeu. Je connaissais déjà l’environnement car j’ai joué à côté, à Istres, pendant 2 ans. » Et puis je ne suis pas loin de chez moi, à Manosque, j’y suis attaché, j’y retourne assez souvent. »
« Martigues, un club familial et atypique »
Meilleur souvenir sportif ?
Ma victoire en coupe Gambardella avec Auxerre (en 2014, victoire 2 à 0 en finale contre Reims).
Pire souvenir sportif ?
Le descente de National en National 2 avec Béziers (La FFF avait arrêté les championnat National à 9 journées de la fin, Béziers était 16e sur 18).
Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Aucun !
Pourquoi as-tu choisi d’être avant-centre ?
Pour marquer buts (rires) ! Quand j’étais petit, je voulais toujours marquer, à chaque match ! L’an passé, j’ai un peu joué en milieu de terrain ou comme deuxième attaquant, et à Auxerre, j’avais commencé milieu droit mais ce n’était pas ma tasse de thé !
Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
OM-Auxerre, Auxerre avait gagné 1 à 0.
Ton geste technique préféré ?
Un crochet.
Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualité ? Finisseur. Et défaut ? Les gestes techniques peut-être… On m’a déjà dit que j’étais nonchalant mais pas du tout, c’est peut-être une image, due à la façon dont je me tiens, à ma posture, droite.
Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
Avec Chambly.
Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Béziers.
Le club où tu as failli signer ?
Y’en a quelques-uns mais pas un en particulier.
Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le Real Madrid !
Un stade mythique pour toi, un public ?
Le stade Bollaert.
Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un, mais tu as droit à 2 ou 3) ?
Raphaël Calvet (Le Mans et Martigues aujourd’hui), Romain Philippoteaux (AJ Auxerre) et Grégory Berthier (AJ Auxerre).
Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
Vincent Créhin (Le Mans).
Coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?
Romain Philippoteaux.
Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Si je l’ai perdu de vue, c’est que je n’ai pas envie de le revoir (rires).
Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Karim Mokeddem.
Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
On ne sait jamais qui je peux croiser à l’avenir ! Donc je ne dis rien !
Un président marquant ?
Fulvio Luzi.
Un président à oublier ?
Pareil… Je ne dis rien, on ne sait jamais (rires) !
Une causerie de coach marquante ?
Oui, une de Bruno Luzi (Chambly), avant un déplacement à Pau, il fallait à tout prix gagner, il nous avait mis face à nos responsabilités. Il avait employé des mots un peu « crus ».
Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Bloc très bas. On m’a demandé de faire ça.
Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Une bagarre entre deux joueurs de Chambly le lendemain de la demi-finale de coupe de France perdue à Nantes contre Les Herbiers.
Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Ludovic Obraniak je pense… J’ai joué avec lui à Auxerre. Non, Benjamin Corgnet (Bourg-en-Bresse) !
Combien de véritables amis dans le foot ?
Une dizaine.
Des rituels, des tocs (avant un match ou dans la vie de tous les jours) ?
Je mets toujours la chaussette gauche avant la chaussette droite, j’écoute toujours la même musique aussi. Du zouk.
Une devise ?
Le destin a fait son choix.
Un chiffre (signification) ?
Le 9.
Un plat, une boisson ?
Souris d’agneau et Perrier-citron.
Hobbies ?
Je m’occupe de ma fille, Bianca.
Musique, cinéma ?
Du zouk, du rap commercial. J’aime bien le rythme et les mélodies du zouk. J’aime bien les films à suspense.
Termine la phrase en un mot ou deux : tu es un joueur plutôt …
Finisseur.
Ton meilleur match ?
Avec Bourg-en-Bresse, contre Orléans, j’avais mis un triplé. On avait gagné 3-1 (novembre 2020). Voir vidéo ci-dessous
Ton pire match ?
Un match de préparation avec Auxerre que j’avais disputé comme milieu droit.
Ton plus beau but ?
Avec Le Mans, contre Laval, devant 20 000 spectateurs au MMArena du Mans, pour le derby ! On avait gagné 1-0. Voir vidéo ci-dessous
Ton plus beau raté ?
En finale de la Gambardella, contre Reims.
Un match de légende pour toi ?
Le dernier France-Argentine, en finale du Mondial.
Un modèle d’attaquant ?
Fernando Torres.
Une idole de jeunesse ?
Fernando Torres.
Ta plus grande fierté ?
Ma fille.
Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
Kiné.
Le FC Martigues, en deux mots ?
Familial et atypique. Atypique parce que c’est rare de voir un club comme ça, où tout le monde s’entend bien.
Qu’est-ce qui t’a manqué pour jouer un peu plus en Ligue 2 ?
De la maturité, de l’expérience, voilà ce qui me manquait, et un peu de chance aussi.
Le milieu du foot, en deux mots ?
Bizarre et incroyable !
Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photo de couverture : Guillaume Boitiaux – FC Martigues
Photos : FC Martigues / FCM – Guillaume Boitiaux / Eric Cremois EC Photosports