National / Ottman Dadoune (FBBP 01) : « Je marche à l’affect »

L’histoire d’un ancien maçon-charpentier qui a pris son envol sur le tard et qui, à force de mental, de travail et de persévérance, s’est construit une solide réputation d’attaquant, au point de devenir professionnel. Un parcours fait de hauts et de bas, inspirant pour de nombreux « galériens ».

Par Anthony BOYER / Photo de couverture : Marion Poirier – FBBP 01

Photo @2v.production / Vincent Chabrier

Dans la vie, il y a deux choses que sait très bien faire Ottman Dadoune. C’est construire une maison et marquer des buts ! Construire une maison, travailler sur les toits, toucher à la charpente et à la maçonnerie, c’est ce que le natif de Nîmes (Gard) a longtemps fait avant d’embrasser une carrière de joueur de foot à plein temps, à l’âge de 23 ans.

Un âge tardif pour éclore mais le grand attaquant d’1,92 mètres (81kg) s’est bien rattrapé. Certes son décollage n’a pas été immédiat mais depuis sa demi-saison très réusie à Louhans-Cuiseaux en National 3 en 2018 (15 matches, 12 buts), il s’est forgé une belle réputation, surtout en National.
Premier contrat fédéral à 23 ans et demi.

Bien sûr, tout n’a pas été rose non plus depuis la signature de son premier contrat fédéral à Louhans à l’âge de 23 ans et demi, parce que la carrière d’un football, a fortiori celle d’un avant-centre dont chaque statistique est scrutée de près. Parce que l’ancien joueur de Bourgoin-Jallieu, où il a effectué ses débuts à l’âge de 19 ans en seniors, en CFA2 (N3, 2 matchs seulement la première saison), a aussi souffert d’un manque de confiance de la part du coach de l’époque. Mais il s’en est plutôt bien sorti.

Louhans puis Chambly en National (2018-19, accession en Ligue 2), puis Villefranche (2019-20, National), puis Quevilly-Rouen (2020-22, National puis accession en Ligue 2 avec un premier contrat professionnel) puis…. Puis les blessures, une expérience très mitigée au Puy-en-Velay, encore en National, une demi-saison « bizarre » à l’Olympique Charleroi, en Belgique (N1), un retour à la trêve, en janvier dernier, à Fréjus/Saint-Raphaël, en National 2, pour retrouver un peu de confiance et du temps de jeu…

Debuts à 10 ans et demi

A Diochon, face à QRM, avec le FBBP 01. Photo Philippe Le Brech

Le parcours d’Ottman est un peu en dent de scie. Avec des hauts et des bas, comme quand vous montez et descendez en ascenseur.

Et si l’on vous parle d’ascenseur, c’est parce qu’Ottman a aussi bossé dans le domaine, comme il le raconte dans cet entretien à coeur ouvert, où il n’hésite pas à parler de sa famille, du rôle de son oncle en particulier, de sa vie d’avant, de son mental, du travail, de la diététique, etc. De sa passion, tout simplement.

Le parcours d’Ottman, 30 ans aujourd’hui, est classique d’un joueur qui n’est pas passé par un centre de formation et qui, fait rare, n’a jamais joué dans le club de la ville où il est né, à Nîmes. A cela, une explication : « Si je n’ai jamais joué à Nîmes Olympique, c’est parce qu’avec ma maman, on a déménagé à Bourgoin-Jallieu, la ville dont elle est originaire, quand j’avais 10 ans et demi, et à cet âge-là, je n’avais pas encore démarré le foot. Je m’y suis mis, justement, à mon arrivée là-bas, au club de Nivolas-Vermelle, un club de district, juste à côté de Bourgoin. »

Rebond au FBBP 01

Malgré deux dernières saisons plus compliquées, donc, le FBBP 01 et son coach David Le Frapper l’ont choisi pour animer le front de l’attaque dans une équipe promue de National 2, et dont les infrastructures, magnifiques, sont l’héritage des saisons passées en Ligue 2 au milieu des années 2010 et d’une culture rugby également (l’Union sportive bressane Pays de l’Ain évolue en « Nationale », l’équivalent de la 3e division, après avoir plusieurs fois fréquenté la Pro D2).

Retrouver le National est une chance pour Ottman, qui entend bien la saisir et n’a pas tiré un trait sur la division supérieure, qu’il a trop peu goûtée à Quevilly Rouen, freiné par les blessures.

La délivrance au Mans

A Diochon, face à QRM, avec le FBBP 01. Photo Philippe Le Brech

Pour lui, la délivrance est intervenue à la 6e journée, au Mans, quand il a inscrit son premier but, avec la complicité du gardien certes, vingt minutes après son entrée en jeu en 2e période. Il aurait même pu « mettre » un doublé s’il n’avait pas manqué un face à face juste après. Un échec qui n’a pas eu de répercussion sur le résultat final puisque son équipe s’était imposée 2-1 après s’être déjà imposée à Dijon en ouverture de la saison.

Pour s’inscrire dans la durée en National et éventuellement retrouver le monde pro, « Otto » le sait : il devra être performant, enquiller les buts (4 titularisations, 1 but cette saison), et, s’il y parvient, son club ne devrait, lui non plus, pas être loin en fin de saison de son unique objectif de maintien. Quand bien même le FBBP 01 reste sur une « grosse » défaite à domicile, au stade Marcel-Verchère, face à Paris 13 Atlético (0-3). Mais vous connaissez le National : parfois, vous perdez quand on vous attend le moins, parfois vous gagnez aussi quand on ne vous attend pas…

Interview :

« Je me suis repassé le film 50 fois dans ma tête… »

Photo Marion Poirier / FBBP 01

Ottman, raconte-nous ta vie d’avant… Celle que tu avais quand tu travaillais.
J’ai commencé à bosser tôt. Après mon bac pro maintenance, je bossais dans les ascenseurs. Le problème, c’est que c’est un travail où les déplacements sont nombreux, et comme je ne voulais pas rater le foot, j’ai mis une croix là-dessus. J’ai choisi la solution de facilité en rentrant dans l’entreprise de mon oncle Ahmid, BAK Maçonnerie-Charpente (à Cessieu), comme maçon-charpentier; ça m’a garanti d’être chaque soir à l’entraînement ou à la salle, et j’ai fait ça pendant 3 ans. J’étais sur les chantiers jusqu’au moment d’aller à Louhans-Cuiseaux.

Donc si je te demande de me construire une maison, tu en es capable ?
Oui, même si j’ai perdu un peu la main ! Mais je me souviens de pas mal de choses. J’avais la chance d’être avec mon oncle qui m’a donné des responsabilités. Avec le recul, même si c’était un métier dur et physique, cela reste une super expérience; ça m’a forgé. On travaillait dans le chaud, dans le froid… Je n’aimais pas forcément ça, parce que dans ma tête, je ne pensais qu’au foot, mais comme j’étais avec mon oncle, et que j’ai une excellente relation avec lui, ça allait. Parfois j’étais absent, je prenais des « brasses » de sa part, il m’engueulait, mais sur le plan physique et surtout mental, ça m’a aidé. J’ai le souvenir d’avoir bossé sur des toits par moins 7 ou moins 9 degrés… J’avais les mains et les pieds gelés, ou inversement, l’été, on transpirait énormément, c’est pour ça aussi que j’ai beaucoup de respect pour ceux qui font ce métier-là.

« Mon oncle a été un repère et un exemple »

A Diochon, face à QRM, avec le FBBP 01. Photo Philippe Le Brech

Tu parles beaucoup de ton oncle…
Oui, c’est le frère de ma mère. C’est quelqu’un dont je suis très proche. J’ai passé énormément de temps avec lui. Et quand je bossais dans son entreprise, je vivais chez lui. Mes parents m’ont éduqué d’une certaine manière, et lui, il a eu un autre rôle. Il est très compétiteur, même sur le chantier, il est maniaque, il ne lâche jamais. Par exemple, quand il faisait super-froid, il te disait « Non, il ne fait pas froid, c’est dans ta tête »… Des choses simples, comme ça, qui aident à te forger mentalement. Parfois, quand je n’arrivais pas à faire quelque chose, quand je voyais une barrière, il me poussait. C’était à la dure. Mais ça fait partie de mon parcours. Et quand j’ai eu cette opportunité de partir à Louhans, il m’a dit « Fonce ». Et depuis, il me suit tout le temps, il regarde mes matchs à la télé, il se déplace quand il peut.

On a l’impression que ton oncle a joué un peu le rôle d’un second papa, non ?
Non, parce que malgré la distance, mon père Abdelkader a toujours bien joué son rôle. C’est juste que, « physiquement », forcément, mon oncle, je le voyais tous les jours, comme j’étais tout le temps avec lui. Et puis j’étais dans une période de ma vie, à l’adolescence, où j’avais besoin d’avoir une éducation. Ma mère a fait mon éducation, mon père aussi, à distance, et mon oncle a été un repère sur d’autres choses. Il a été aussi un exemple. Ce qu’il a fait, partir de rien, puis avoir son entreprise… Quand je vois tout ce qu’il a bâti, je me dis que, quand on se donne les moyens d’y arriver, on y arrive.

Photo @ugopch_ 2

Le parallèle avec le foot est tout trouvé…
Moi, ma passion, c’est le foot, et lui, sa passion, c’est la maçonnerie-charpente, on se « vanne » beaucoup avec ça ! Il a apporté sa pierre à l’édifice dans mon éducation. D’ailleurs, dans la famille, on lui dit en rigolant, « ton fils, c’est Ottman » (rires), et à moi, on me dit « Tu vas chez ton père », alors que l’on est oncle et neveu (rires), c’est une belle relation.

Tu as grandi à Nîmes, puis tu es parti à Bourgoin-Jallieu : pourquoi ?
Mes parents se sont séparés, c’est pour ça, et à l’âge de 10 ans, on a déménagé. Ma mère, Yasmina, est originaire de Bourgoin. Elle y est retournée pour s’installer. Je suis toujours en relation avec mon père, bien sûr, il est dans le Sud, près de Cavaillon. On échange beaucoup.

Pourquoi fais-tu du foot ?
Parce que c’est ma passion. Même si j’ai commencé tard, j’ai accroché avec ce sport. J’ai toujours eu l’objectif d’être footballeur.

Un désaccord avec Bourgoin Jallieu

Photo @_ms._.design_

Revenons sur ton parcours : à quel âge as-tu commencé ?
Vers 10 ans et demi – 11 ans, à Nivolas-Vermelle. J’y suis resté jusqu’à mes 18 ans avant d’intégrer les 19 ans Ligue Honneur de Bourgoin-Jallieu. Je fais une saison avec eux, je termine meilleur buteur et j’intègre les seniors en PHR, où je fais plusieurs saisons. Je suis performant mais l’entraîneur de l’équipe de CFA2 ne compte pas sur moi. Et petit à petit, je commence à faire des entraînements avec l’équipe une, puis des bancs, puis des rentrées, et puis je fais une saison (2016-17) avec 7 rentrées et je marque 7 buts. Mais je devenais de moins en moins patient, j’avais 22 ans, je voulais partir. Mais cela n’a pas été évident, parce que je n’avais pas trop de « stats », pas trop de temps de jeu, pas trop de vidéos non plus, donc en fait, je n’avais pas grand chose à montrer aux autres clubs, et finalement j’ai eu un coup de chance : le coach de Bourgoin (Laurent Rugel) se fait virer et ils font venir Fabien Tissot. Avec lui, je suis aligné dès les matchs de préparation et c’est parti ! Je suis titulaire en championnat, je suis meilleur buteur de la poule, je suis appelé en sélection du Rhône-Alpes, et à la trêve (12 matchs, 7 buts), on est premier invaincu, mais à ce moment-là, j’ai un désaccord sur le plan contractuel avec le club : je travaillais encore dans l’entreprise de mon oncle et on s’était mis d’accord pour que je démissionne pour me consacrer au foot, on était tombé d’accord sur une somme, mais cet accord n’a pas été tenu. J’ai attendu jusqu’à la trêve et là, j’ai eu Louhans-Cuiseaux, qui m’offrait un contrat fédéral, donc j’y suis allé, je mets 13 buts avec eux, ce qui fait 20 buts en cumulé sur une saison. Et là, je pars à Chambly, en National.

Ton meilleur souvenir sportif ?
Mes deux montées en Ligue 2, avec Chambly (2019) et avec Quevilly Rouen (2021). Mais je placerais celle de QRM un peu devant, parce que j’avais fait une grosse saison (32 matchs, 14 buts), alors qu’à Chambly, j’étais souvent remplaçant (30 matchs, 6 buts). Chambly, c’était ma première saison en National, j’étais arrivé dans un rôle de « super sub », mais j’avais quand même fait une bonne saison en termes de ratio buts/temps de jeu, mais à QRM, j’étais un joueur sur lequel on comptait, j’étais un des joueurs les plus utilisés.

Visuel FBBP 01

Pire souvenir sportif ?
Ma saison blanche tronquée par une blessure après la montée avec QRM, en Ligue 2. J’ai eu Bruno Irles comme coach jusqu’à Noël avant qu’il ne parte à Troyes, on avait travaillé un an et demi ensemble. Puis Fabien Mercadal est arrivé. Il a été avait été très correct, il me connaissait du National, il aimait bien mon profil : quand il est arrivé à la trêve, il m’a donné ma chance et permis de revenir, malheureusement, j’avais une déchirure aux quadriceps mais les protocoles n’étaient pas bons et à chaque fois ça « re-pétait », malgré ça, j’ai eu un peu de temps jeu (8 matchs) mais ça a « repété » et là, j’ai décidé d’aller me faire soigner au Centre de médecine du sport à Lyon par le kiné de l’équipe de France, Alexandre Germain, qui m’a repris en main. Depuis, je n’ai plus jamais rien eu.

Combien de buts marqués ?
Franchement, je ne saurais pas dire. Même sur Internet, je pense que ce n’est pas bon, car on ne voit mes « stats » qu’à partir de CFA2, à mes débuts, avec Bourgoin-Jallieu. Je ne les compte pas.

Mais ta meilleure saison, tu as compté ?
Oui c’était 14 en championnat, avec Quevilly Rouen en National. La coupe ? Je ne compte pas. J’ai fait pas mal de passes dé aussi.

Plus beau but ?
Contre le Red Star à Bauer en septembre 2019, je jouais à Villefranche : je reçois un ballon en « une » de Thomas Robinet, et je la mets en piqué, c’était David Oberhauser le gardien je crois. On avait gagné 2 à 0 et j’avais mis un doublé.

Voir le doublé en vidéo :

Ton plus beau raté ?
C’était ce week-end (entretien réalisé juste après le succès du FBBP 01 au Mans, avant la rencontre face au Paris 13 Atletico), au Mans, après avoir ouvert le score : je pars de mon camp, je fais une longue course, je passe devant le défenseur, j’arrive devant le gardien, je tergiverse un peu et le gardien la sort du genou. Je dois mieux finir, c’était un face à face cadeau.

À Charleroi, j’ai fait exprès de prendre un rouge !

Visuel QRM

Le club où la saison tu as pris le plus de plaisir ?
Quevilly Rouen.

Une erreur de casting ?
Oui. Le Puy-en-Velay… Euh non, Charleroi ! Charleroi, parce qu’au Puy, il y a quand même eu des bonnes choses, et puis j’ai rencontré Olivier Miannay là-bas, un super-mec.

Que s’est-il passé à Charleroi ?
Je sors d’une saison compliquée au Puy en National, je me dis que c’est peut-être le moment d’aller à l’étranger, j’avais beaucoup d’amis qui avaient goûté à ça, alors je me dis « pourquoi pas » ? L’Olympique Charleroi en National 1 (D3) veut me recruter (à ne pas confondre avec le Sporting Charleroi, en Division 1), je me renseigne sur le club, tout le monde ne m’en dit que du bien, donc allez ! J’arrive là-bas, jour de match, je suis dans le groupe, on est dans le vestiaire, et là, je vois le président rentrer avec un sac à dos, il s’assoit, il se change, il met ses crampons, son maillot… Putain… là je me dis… Et en fait, il se met titulaire sur la feuille de match, à mon poste. Le président ! 42 ans ! Alors ok, il avait eu une belle carrière, il avait joué en pro, en Division 1, mais j’ai pris ça comme un manque de respect, il ne s’entraînait pas avec nous. En fait, lui, il vient, il kiffe, il se fait plaisir, c’est son club… Là, je me dis « On n’est pas en France ». J’échange avec lui, on se brouille un peu. En plus, il y avait beaucoup d’écarts dans les date au moment où on devait recevoir les salaires. J’ai pensé que ce serait mieux de partir, d’autant que Fréjus/Saint-Raphaël (N2) voulait me recruter. Donc je suis parti là-bas.

Photo @ugopch_

Pourquoi cela n’a-t-il pas marché au Puy ?
Je sortais de ma saison blanche avec QRM en Ligue 2, j’avais déjà été contact avec le club via Olivier (Miannay), ça avait matché direct, le coach (Roland Vieira) me voulait depuis quelque temps déjà, mais je suis arrivé en méforme. Il m’a fallu du temps. Je pense que j’ai commencé à retrouver mon niveau en novembre/décembre par-là; avant ça, parfois, je faisais un bon match, parfois j’étais moyen, parfois j’étais nul, je n’étais pas constant, je sentais que je n’étais pas dans ma meilleure forme, mais à la trêve, le coach voit que je reviens bien, me remet titulaire, mais je n’avais pas la confiance, je suis quelqu’un qui marche à l’affect, alors une fois que ça n’a pas matché entre nous deux… Je n’arrive pas à faire semblant, je suis brut de décoffrage. Si je suis énervé, tu le vois, si je suis joyeux, tu vas le voir aussi. Une fois que c’est cassé, c’est cassé. Après, quand la descente en National 2 a été actée mathématiquement, à cinq journée de la fin, j’ai été écarté, tout comme d’autres joueurs. Olivier a fait en sorte d’être bienveillant avec moi, pour éviter les embrouilles. Le club a été très droit avec moi; ça arrive dans une carrière, avec moi, ça s’est toujours bien passé dans tous les vestiaires, mais ça n’a pas matché avec le coach, ça fait partie d’une carrière. Il fallait des coupables, peut-être que, compte tenu de mon vécu en National, on attendait beaucoup plus de moi, et d’autres aussi qui ont été tenus pour responsables. De la première à la dernière journée, on n’est jamais sorti de la zone rouge. Voilà, c’est un constat. Chacun a son avis.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Un seul en Belgique, mais c’était dans un contexte particulier, parce que j’ai fait exprès de le prendre : je voulais ma lettre de sortie pour me tirer (sic), je venais de faire deux passes décisives et de mettre un but dans ce match, donc je me suis dit « Si je termine le match, ils ne vont pas vouloir me libérer, ils vont me dire qu’ils comptent sur moi », du coup, je suis allé vers un joueur adverse, je lui ai mis une claque, et j’ai pris carton rouge (rires).

J’ai pris 2000 euros net de prime en deux matchs à Fréjus !

Photo @2v.production / Vincent Chabrier

Ta plus grosse prime de match ?
2000 euros net, à Fréjus/Saint-Raphaël la saison passée : il restait deux matchs de championnat, le président a dit « si vous gagnez les deux derniers matchs, vous aurez 2000 euros net, si vous n’en gagnez qu’un, vous aurez 1000 euros net », et on a gagné les deux !

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je ne me suis jamais posé la question, mais après le foot, j’aimerais rester dans le milieu.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le Real Madrid (rires !).

Tu es né à Nîmes mais tu n’y a jamais joué : c’est un regret ?
Oui. Un petit regret. Nîmes Olympique, c’est un club que je suivais beaucoup mais comme après, j’ai quitté la ville… Je n’ai jamais joué contre eux. Cela ne me fera rien de particulier d’aller y jouer, surtout que ce ne sera pas au stade des Costières (Nîmes évolue au stade des Antonins depuis deux ans).

Tu as vu l’état du stade des Costières, à l’abandon…
(Il marque un temps d’arrêt) Ça fait mal au coeur.

Photo @ugopch_

Un coéquipier marquant (tu as droit à deux ou trois ?
Pour sa folie Medhy Guezoui, que j’ai côtoyé à Chambly, et puis aussi, il était impressionnant par son altruisme. J’ai une anecdote à son sujet : il vient d’arriver à Chambly en cours de saison, avec un statut fort, on joue contre Tours, on mène 2 à 0, il n’avait pas encore marqué depuis son arrivée, et là, je rentre en jeu. Il y a une contre-attaque, la défense de Tours abandonne, il se retrouve tout seul face au gardien, je suis à côté, il peut marquer facile s’il met un plat du pied et il décide de me faire une offrande, je n’ai plus qu’à la pousser dans le but vide… Chapeau ! (Il répète une deuxième fois) Chapeau ! Lui il m’a impressionné sur ça. C’est quelqu’un de bon vivant, qui est toujours de bon conseil. Après, Kalidou Sidibé, Joachim Eickmeyer, Joris Correa, je pourrais en citer plein. Techniquement Yassne Bahassa et Manoubi Haddad m’ont impressionné à QRM, on a formé une doublette fantastique avec Andrew Jung, franchement, y’en a.

Un défenseur marquant ?
Mickaël Nadé, avec qui j’ai joué à Saint-Etienne.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné dans ta carrière ?
Bayal Sall, quand il était à Lyon-Duchère, tu sentais que lui… Bon, bah, c’était « Le ballon-Le joueur »…

Le coéquipier avec lequel tu tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Andrew Jung.

Combien as-tu de vrais amis dans le football ?
Je les compte sur le doigt d’une main.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Quand je retourne à Bourgoin, je revois les anciens coéquipiers… (Il réfléchit) Oui, Thibault Jaques, avec qui j’ai joué à Chambly, les frères Doucouré aussi, Joachim Eickmeyer.

« Avec Bruno Irles, c’était exceptionnel »

Photo FBBP 01

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Bruno Irles, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Laurent Rugel à Bourgoin.

Un président ou un dirigeant marquant ?
Michel Mallet à QRM.

Une causerie de coach marquante ?
J’ai connu deux styles de causeries différentes, les causeries de Bruno Luzi, c’était vraiment avec le coeur, un meneur d’hommes, où l’aspect humain était mis en avant, et celles de Bruno Irles, très pro, toujours ciblées et c’était toujours très juste. Mais ma réponse est faussée parce que, ce que j’ai vécu avec Bruno Irles, c’était exceptionnel, on avait une super relation aussi. Donc forcément, je le mets devant.

Visuel FBBP 01

Ton appli mobile favorite ?
Instagram.

Un souvenir de vacances ?
À Zanzibar.

Le joueur le plus connu de ton répertoire, c’est qui ?
Youssef Belaïli.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Comme spectateur, je dirais le Groupama Stadium à Lyon, sinon comme joueur, Le Havre. Quand j’y ai joué avec QRM, y’avait du monde.

Des manies, tes rituels avant un match ?
Non. Je ne suis pas superstitieux.

Une devise, un dicton ?
J’aime bien les citations sur le mental, sur le travail. Quelqu’un avait dit, « Le talent ne suffit pas, parce qu’un jour, le travail dépasse le talent ». Quand j’ai commencé le foot, je faisais partie des plus nuls, et à force de travail, de travail, de travail (il répète), j’ai dépassé certains joueurs qui étaient passés par des centres de formation, parce que j’ai connu des joueurs très talentueux, mais il n’y avait pas de travail derrière. Au bout d’un moment, le travail et la persévérance te font aller au-delà du talent.

Râleur et mauvais perdant

Photo @2v.production / Vincent Chabrier

C’est un complexe de ne pas être passé par un centre de formation ?
Pas du tout.

Tes traits de caractère dans la vie de tous les jours et sur un terrain ?
Je suis impatient, râleur, et sur un terrain, je suis râleur aussi, trop exigeant, très mauvais perdant.

Selon toi, que t’a-t-il manqué pour être un bon joueur de Ligue 2 ?
Je me suis déjà repassé le film cinquante fois dans ma tête ! Si je n’avais pas eu mes soucis physiques l’année où on monte en Ligue 2 avec QRM, j’aurais peut-être pu montrer de belles choses, parce que je suis convaincu que j’ai les qualités, et puis ce n’est pas comme si c’était un fossé entre le National et la Ligue 2. J’ai été prolongé à QRM quand on est monté en Ligue 2, après je me suis fait mal pendant la préparation, j’ai perdu trop de temps, j’ai manqué jusqu’en avril quasiment. Donc je n’ai rien pu montrer en Ligue 2; à partir de là, je sais que ça va être compliqué de retrouver ce niveau.

Photo A. B. / QRM

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu es un attaquant plutôt …
Généreux.

Un modèle de joueur ?
Cristiano Ronaldo.

Un match de légende ?
Les « Real Madrid – Barcelone » de la grande époque.

Un plat, une boisson ?
La viande, je ne suis pas fan de poisson, sinon les gratins. Je suis un gros mangeur, je consomme ! Mais je fais attention. J’ai appris à découvrir la nutrition, d’ailleurs, c’était Sarah, l’épouse de Bruno Irles, qui m’a aidé à me perfectionner dans ce domaine. Je m’y tiens toujours. Bon, j’ai toujours mon pêché mignon, l’Ice Tea à la pêche. Mais je n’ai jamais eu de problème de poids, au contraire, quand j’étais plus jeune, j’étais trop maigre, j’ai dû prendre des compléments alimentaires pour en prendre.

Tu as le temps pour des passions ?
Non, je suis quelqu’un de très casanier. Quand je reviens à Bourgoin, avec mes frères, on joue au badminton, au padel.

Photo FBBP 01

Films ou séries ?
Film. Training day, avec Denzel Washington, ou Je suis une légende avec Will Smith.

Dernier match regardé à la télé ?
Lyon-Marseille (entretien réalisé 72 heures après le match OL-OM).

Dernier match pro que tu as vu en live ?
Lyon-PSG, quand Neymar jouait encore.

Un chiffre ?
Le 21. Le jour de la naissance de ma fille, Neïlya, qui a 5 mois.

Le FBBP 01 en deux mots ?
Un club sain, familial, avec des gens bienveillants, avec de très belles installations, bien meilleures que dans beaucoup de clubs. On a tout pour bien travailler.

Le milieu du foot, en deux mots ?
C’est le plus beau métier du monde mais (il réfléchit)… Et un milieu de… Non, sinon je vais être vulgaire.

Texte : Anthony BOYER / Twitter @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

  • Suivez-nous sur nos réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Instagram) : @13heuresfoot
  • Contactez-nous (mail) : contact@13heuresfoot.fr