National / Martin Sourzac (Nancy) a pris tout son temps !

Longtemps cantonné à un rôle de doublure dans ses différents clubs, le gardien formé à Monaco a eu du mal à assumer le statut de grand espoir après avoir éclos très jeune. Il est enfin devenu, à 32 ans, un taulier de l’AS Nancy Lorraine. Le parcours d’un homme qui a pris son mal en patience, et qui n’a jamais lâché.

Par Emile Pawlik / Photos : Philippe Le Brech

Martin Sourzac est un garçon simple et disponible. Il n’a pas hésité à nous accorder un entretien de près de 2 heures pour évoquer sa carrière sous le soleil de la place Stanislas, à Nancy. L’occasion de revenir, sans langue de bois, sur un parcours fait de hauts de bas, jalonné d’anecdotes.

Une enfance au gré des déménagements

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Né le 25 mars 1992 à Vendôme (Loir-et-Cher), le jeune Martin vit au gré des mutations professionnelles de son père et sillonne la France. Il découvre le foot tardivement à Dijon, à l’âge de 8 ans, avant de déménager à Rouen, juste en face du stade Robert-Diochon. Comme un symbole : « J’ai commencé joueur de champ, mais j’étais « cata » (rires). Au challenge Pierre-Vas (tournoi benjamins réputé à Rouen), mon entraîneur m’a mis dans les buts et j’y suis resté. »

Après le petit club de Mesnil-Esnard, en banlieue de Rouen, il intègre l’US Quevilly : « J’avais aussi une proposition du FC Rouen mais sur le coup je sentais plus de feeling avec l’USQ. Leur projet sportif me convenait bien et le courant est bien passé avec le président Michel Mallet ». Le partenariat entre Quevilly et Le Havre permet à Martin de participer à des détections pour intégrer le centre de formation du HAC, mais la concurrence est rude : « Les deux joueurs de ma génération à l’avoir intégré sont Edouard Mendy et Brice Samba ! ». Excusez du peu !

Un formidable coup du destin

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Martin est repéré par Troyes après de bonnes performances en Gambardella. « Mais les dirigeants du centre de formation de l’Estac ne ressentent pas une confiance de la part de mes parents, qui ne connaissaient pas du tout ce milieu et qui étaient inquiets que je laisse tomber les études. Au final, leur refus m’a permis sur le finish d’intégrer un centre de formation encore plus prestigieux. »

Il déménage de nouveau, à Sens (Yonne) cette fois-ci. Il rejoint le FC Sens où l’entraîneur des U15 DH, faute de place, l’invite à aller faire un essai dans l’équipe 2 des moins de 18 ans. Le jeune portier donne satisfaction et se voit surclassé avec des coéquipiers plus vieux que lui. Grâce à de bonnes performances en Gambardella notamment, il est recruté par l’AS Monaco sur un formidable coup du destin. Yannick Renou, le recruteur qui l’avait repéré à l’ESTAC, intègre le club de la Principauté et rappelle Martin pour intégrer le centre de formation monégasque : « Yannick ne m’a pas oublié ! C’est une personne importante dans ma carrière. »

Mais il arrive un an après les joueurs de sa génération, ce qui complique son intégration : « Les premières semaines, je veux repartir parce que c’est la première fois que je quitte la maison. Mes parents me disent de rester et au fur et à mesure, ça va mieux, je joue de plus en plus et je signe un contrat aspirant à l’ASM. »

La victoire en Gambardella avec Monaco (2011)

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Avec la Gambardella, la belle histoire du portier continue en 2011 avec l’AS Monaco. « Ça a été un moment exceptionnel et une joie indescriptible. On était au stade de France avant la finale Lille-PSG et ça commençait à se remplir au moment des tirs au but. »

L’équipe composée, entre autres, de Layvin Kurzawa, Jessy Pi ou encore Dennis Appiah l’emporte après la terrible séance de tirs au but face aux Stéphanois. Un accélérateur de carrière qui n’a pas forcément été salutaire. « On a été lancé rapidement, mais on n’était pas tous prêts. En tout cas, moi, je ne l’étais pas. »

Son éclosion supersonique a en effet été ralentie par une intégration difficile dans le monde professionnel.
Il vit la descente de l’ASM en Ligue 2 en 2012, puis la remontée avec Danijel Subasic dans le rôle du gardien titulaire lors de la deuxième saison dans l’antichambre de la Ligue 1, en 2014.

Entre 2011 et 2013, il joue 18 matchs, principalement dans les coupes nationales. « Lorsque je joue, j’alterne le bon et le mauvais. Je n’étais pas prêt psychologiquement. Je n’étais pas du tout équilibré dans ma vie privée et je ne supportais pas la pression. » Le club du Rocher décide alors de l’envoyer en prêt afin de bénéficier de plus de temps de jeu.

Une première saison pleine à Bruxelles (2013-14)

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Prêté un an au RWDM Bruxelles (D2 belge) lors de la saison 2013-2014, il découvre le rôle de gardien titulaire et réalise une saison pleine (33 matchs disputés). Une saison étrange en raison de la situation financière et administrative du club. « Mon prêt devait entrer dans un processus de rachat du club par Monaco, mais voyant les dettes, Monaco s’est tourné vers le Cercle Bruges. En plus, avec les soucis financiers, les joueurs ne sont plus payés. Moi, j’avais la chance d’être payé par Monaco et on est relégué en fin de saison. »

L’occasion aussi de découvrir Bruxelles, « une ville où j’aimerais bien revivre un jour avec mon épouse ». Le plein de confiance, il rentre à Monaco avec la conviction qu’il peut assumer un rôle de titulaire. Mais lors de son retour au pied du Rocher, il n’en sera rien. Le club fait venir Paul Nardi de Nancy : Martin Sourzac comprend que sa chance est passée.

À Niort, en février dernier. Photo Philippe Le Brech

« C’est légitime parce que je n’ai pas été assez régulier malgré mon jeune âge. Le football n’attend pas et Monaco n’a pas le temps non plus. » Poussé vers la sortie, il part en essai de trois semaines au Club Bruges. Cette opportunité ne se concrétise pas, faute d’accord entre les Monégasques qui demandaient une indemnité et les Belges qui voulaient recruter le joueur libre.

A son retour, il n’est pas dans les plans du club et joue en réserve. « J’avais un très beau contrat et des opportunités ailleurs. Mais à Monaco, tu perds un peu la notion du salaire. Partir me demandait un énorme sacrifice que je ne voulais pas faire à l’époque. »

Au cours de cette saison, il se fracture un os du pied et ne joue pas de la saison. Pour sa dernière année de contrat, en 2015-2016, il joue avec Monaco en réserve (N2) et alterne les postes de 3e et 4e gardien de l’équipe première.

L’imbroglio de son arrivée avortée à Quevilly Rouen

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

En 2016, quand son aventure monégasque prend fin, il signe à Nîmes, qui évolue en Ligue 2. Gauthier Gallon, le gardien, se blesse et Yann Marillat, « un excellent gardien », est lancé. Martin occupe une fois de plus un rôle de doublure.

À la fin de la saison, il a l’opportunité de revenir sur ses terres normandes, mais le destin en aura voulu autrement. À l’été 2017, grâce aux contacts de son agent, il a la possibilité de signer à Quevilly Rouen Métropole, qui vient de monter en Ligue 2. Mais l’affaire ne s’est jamais faite. Il n’était jamais revenu sur cet épisode, et a souhaité expliquer la situation, 7 ans après . « Je faisais un gros effort financier, mais je me dis qu’il faut que je joue. En plus, j’ai la chance de revenir dans mon ancien club (l’US Quevilly est devenu QRM en 2015), avec le même président que lorsque j’étais jeune, dans la ville où j’ai tous mes amis. »

Lorsqu’il reçoit le contrat, les montants ne sont pas bons; il décide de se rendre sur place pour tout vérifier et le signer. « Je passe ma visite médicale, tout se passe bien. Mais personne ne m’appelle pour signer. » Emmanuel Da Costa, l’entraîneur de l’époque, lui assure qu’il jouera numéro 1 devant Dan Delaunay, le gardien qui a connu la montée lors de la saison précédente.

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Et puis, c’est le tournant dans cette affaire : Martin apprend par un ami journaliste à Paris Normandie que le club va faire venir Joan Hartock en provenance de Brest. Et si Hartock vient, ce ne sera pas pour goûter le cidre normand !

Martin sent l’entourloupe. Dans le même temps, Nîmes le rappelle pour lui proposer un contrat. « Je vais chez un ami dans l’arrière-pays normand pour réfléchir. Après une bonne soirée, le lendemain, je comprends que Nîmes me veut. Je prends mes affaires en ne le disant à personne, sur les conseils de mon agent et à la demande du Nîmes olympique, afin de ne pas divulguer l’information. »

Martin, classe, règle son hôtel à Rouen, prépayé par QRM. « Je file à Nîmes et le lendemain on me voit avec l’écharpe de Nîmes où je signe mon contrat. » Son agent a géré la situation et lui « laisse couler ».

Entre temps, le club rouennais avait communiqué sur l’arrivée de Sourzac et Hartock… Quelques jours plus tard, il signe un nouveau contrat à Nîmes. Une situation ubuesque comme seul le football peut en produire. « Aujourd’hui, je ferais autrement. Avec les réseaux sociaux, je me serais justifié car mes parents m’ont appris à être respectueux. J’aurais peut-être aussi plus assumé en allant voir le président pour lui annoncer que je partais, mais j’avais trop peur que le deal capote avec Nîmes. »

À Nîmes (2017-19), « Je prends une grosse claque »

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

De retour dans le Gard, il est lancé en Ligue 2 après la blessure aux ligaments croisés de Yann Marillat, sans grande conviction du côté du staff. « Je sens qu’il n’y a pas une grande confiance et ils recrutent Baptiste Valette au cas où il y ait un souci. Avant la blessure de Yann, le club décide de recruter un autre gardien (Baptiste Valette) pour compléter l’effectif. La hiérarchie est claire : Yann numéro 1, moi numéro 2 et Baptiste numéro 3. « Je suis lancé suite à la blessure malheureuse de Yann et les trois premiers matchs se passent bien. Je suis performant. On gagne. Mais après un lourd revers face à Niort à la maison (1-5, le 22 septembre 2017), où je fais un match correct, mais je ne suis pas décisif, je suis convoqué dans le bureau de l’entraîneur Bernard Blaquart qui m’annonce qu’il veut lancer Baptiste (Valette). Parce qu’il a un profil différent du mien et qu’il souhaite un gardien plus relanceur, qui prend plus de risque, dans son jeu. Je prends une grosse claque. »

« Après cet épisode, je me pose beaucoup de questions. Je me dis que ça se répète, même si je trouve cela injuste et immérité de sortir sur un match. Je donne sûrement l’impression aux différents staffs que je n’ai pas les épaules assez large pour être numéro 1. Et à partir de ce moment j’essaie de changer les choses. »

Après la montée en Ligue 1 de Nîmes en 2018, les « Crocos » recrutent Paul Bernardoni et de doublure, il passe numéro 3 avec encore une année de contrat à honorer. Il cherche une porte de sortie mais n’en trouve pas. Il fait des « super matchs » toute l’année avec l’équipe réserve en N2, ce qui lui permet de se maintenir en forme.

Son arrivée à Nancy : le déclic (2019-21)

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Après Nîmes, Martin Sourzac rencontre le club parfait, même si l’histoire n’est pas forcément idyllique au début. Il est transféré à l’ASNL, sur les conseils de Vincent Muratori (joueur à Nancy de 2012 à 2020), qu’il a connu à Monaco. « J’ai toujours eu envie de venir jouer à Nancy, ça avait l’air génial. »

La nomination de Jean-Louis Garcia à la tête du club au chardon joue enfin en faveur du gardien. Le technicien, qui a des accointances avec les agents du portier, le voulait déjà à Troyes. Après la signature de Baptiste Valette en numéro 1, l’entraîneur nancéien pousse pour que Martin Sourzac soit la doublure. « Je lui serai éternellement reconnaissant pour ça. » D’autant que Valette et Sourzac se connaissent bien puisqu’ils ont déjà travaillé ensemble pendant deux ans à Nîmes.

Durant la saison, il bosse et se cantonne à son rôle de doublure, qu’il assume. « Je commence à me faire à l’idée que je vais être doublure toute ma carrière. Je me dis que j’ai déjà de la chance de pouvoir vivre ma passion. »

La saison 2018-2019 passe avec seulement trois petits matchs au compteur. La saison suivante, les résultats des Lorrains ne sont pas bons. Garcia décide de le lancer à la 22e journée contre le Paris FC (1-1) : « Je me dis que c’est mon moment, qu’il temps pour moi de jouer car j’en suis capable, je l’ai prouvé dans un contexte de match de maintien extrêmement difficile, et que enfin mon heure arrive. Je suis prêt. »  Son travail avec un préparateur mental lui permet aussi de se rendre compte qu’il a vraiment le niveau pour être, enfin, numéro 1.

Chambly : “Je me suis demandé si je devais continuer” (2021-22)

À Niort, en février dernier. Photo Philippe Le Brech

Malgré une grosse envie de prolonger, cela ne se concrétise pas “pour différentes raisons”. La famille Sourzac quitte Nancy la mort dans l’âme avec la crainte de ne jamais revenir. Martin prend la direction de Chambly en National « avec le frein à main ». « Les discussions commencent très tôt avec le coach des gardiens qui me veut absolument. On m’explique que les deux gardiens titulaires en Ligue 2 vont partir, qu’un cycle s’ouvre avec moi. Cependant, quand j’arrive, je vois encore un gardien présent (Xavier Pinoteau) et je sens un réel malentendu. J’apprendrai par la suite, en fin de saison, qu’on ne lui avait pas du tout tenu le même discours au niveau de la hiérarchie. Puis vient le début de saison. »

Finalement, Sourzac commence la saison, mais dès la première rencontre face à Boulogne-sur-Mer, il est victime d’une commotion cérébrale. A son retour, trois semaines plus tard, il retombe mal et se blesse au ligament interne du genou : sans doute sa reprise a-t-elle été trop hâtive après sa commotion. « Tu perds tes repères dans l’espace donc tu augmentes tes chances de mal retomber ou de perdre l’équilibre ».

Le jour de ses 30 ans (le 25 mars), il subit un grave choc aux cervicales contre Créteil : nouvelle commotion. Il est très bien entouré par le personnel du club, des gens « exceptionnels » dans un club humain. « Je n’oublierai jamais le soutien du coach Bruno Luzi, du Président Fulvio Luzi, des salariés (Maxime et Marius) mais surtout de Vincent Planté, même si avec lui tout ne s’est pas parfaitement bien passé à Chambly au niveau de la communication et de la compréhension de certaines choses qui resteront entre nous. Vincent a été présent dans les moments difficiles et j’ai compris que c’était quelqu’un de très bien humainement. Par la suite, j’ai eu des séquelles pendant un an. Je me suis demandé si je devais continuer. Parce que quand ta femme te regarde à la télé, qu’elle te voit sortir sur civière et qu’elle n’a pas de nouvelles, ça laisse des traces. Après, j’aime tellement ce que je fais que je me suis remis en selle et j’ai pu revenir à Nancy. »

Retour à Nancy en 2022 : enfin un tournant positif !

À Orléans, en octobre 2023. Photo Philippe Le Brech

De retour à l’ASNL grâce à la volonté d’Albert Cartier et de Gennaro Bracigliano, l’entraîneur des gardiens nancéien, Martin est mis en concurrence avec Abdoulaye Diallo, numéro 1 programmé. Il sent une hésitation du coach quant à la hiérarchie et joue crânement sa chance.

Malgré une bonne préparation du portier formé à Monaco, c’est Diallo qui commence. Mais ce dernier se blesse dès le premier match contre Bourg-en-Bresse. « C’est un autre tournant dans ma carrière, positif cette fois. Malheureusement pour lui et heureusement pour moi, j’entre en jeu et après je n’ai plus bougé de cette place de titulaire ».

Martin rassure une équipe nancéienne friable. Il conquiert rapidement le public exigeant de Marcel-Picot. Après une saison en dents de scie marquée notamment par le limogeage d’Albert Cartier et le retour au poste d’entraîneur de Benoît Pedretti en février, l’ASNL joue son maintien à Bourg-en-Bresse, lors de la dernière journée. Sans Martin, blessé, à son grand désarroi : « Je me suis fait mal contre Martigues (J32) et je force un peu contre Le Puy (J33, défaite 1-2), un match qui me marquera à vie. On avait tout pour fêter le maintien et l’adversaire a dit non. À Bourg, je le vis depuis la tribune parce que le staff accepte que je vienne avec Lucas Deaux, qui était suspendu. Dans tous les cas, je serais venu en supporter. Devant mon écran, ça n’aurait pas été possible. On essayait d’aider l’équipe. D’ailleurs, ce n’était pas un cadeau pour Diallo, en manque de rythme, de jouer le dernier match. Malgré le match nul (3-3, synonyme de 13e place et de relégation), j’avais l’intime conviction qu’on allait se faire repêcher, qu’on allait éviter la mort de cette institution du football.”

Un été 2023 mouvementé

À Orléans, en octobre 2023. Photo Philippe Le Brech

Malgré des propositions, Martin reste fidèle à Nancy et décide de ne pas laisser tomber son club. Sedan est exclu des championnats nationaux par la DNCG, ce qui fait les affaires de l’AS Nancy Lorraine, repêchée après avoir été dans un premier temps rétrogradée en National 3 à titre conservatoire (Nancy a été repêché en deuxième instance à la DNCG). Une période qu’il a très mal vécue. « Je suis parti en vacances avec mon épouse et mon petit, mais j’étais très stressé, je ne dormais pas. Mon téléphone sonnait toutes les cinq secondes. On avait un groupe avec les joueurs, on échangeait constamment. Je ne me suis pas reposé. Ce ne sont pas des bons souvenirs. J’essaie à mon humble niveau d’aider à la survie du club; ça me prenait tout mon temps et mon énergie. »

À la reprise, il se blesse au mollet et passe proche de la rupture du tendon d’Achille. « Avec le recul, j’étais arrivé trop dispersé et pas prêt à faire une saison. Ça m’a permis de me reposer, de prendre du recul et de voir Marco (Giagnorio) performer et de revenir fin septembre. »

Une saison 2023-2024 en montagnes russes

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Après un début de saison compliqué, Benoît Pedretti est limogé alors que Nancy s’enfonce à la 17e place du classement. Homme emblématique de la cité ducale, Pablo Correa reprend l’équipe en main le 18 novembre, avec des effets salvateurs. Par ses qualités de management, il redresse, avec son staff, une équipe en manque de confiance. « On gagne 1-0 contre Rouen et ils nous demandent de leur faire confiance et d’être persuadé qu’on ne va pas jouer le maintien jusqu’au bout. Il a ajusté tactiquement quelques modifications qui se sont relevées importante, notamment dans la volonté de jouer vers l’avant pour marquer des but. »

Si, tactiquement, il ne change pas forcément l’équipe titulaire mise en place par son prédécesseur, le génie uruguayen métamorphose son équipe physiquement. « Qu’il neige, qu’il pleuve, on allait sur le terrain pour bosser avec une intensité physique énorme. »

L’équipe entame une folle remontée et une série historique de six victoires d’affilée lors de l’arrivée du coach qui leur sort la tête de l’eau. Depuis l’arrivée de Pablo Correa, les Nancéiens sont tout simplement la meilleure équipe sur le plan comptable, mais ce n’est pas suffisant et le sort s’acharne. Le peuple nancéien a la douleur de perdre Nicolas Holveck, son président, qui se battait contre un cancer depuis trois ans. Le soir même, l’ASNL joue à Sochaux mais le coeur n’y est tout simplement pas. « On prépare le match et on y pense beaucoup. Je me dis que c’est quitte ou double. C’est soit on les explose, soit on se fait exploser. On s’est fait exploser (défaite 4-1). Il y avait rien. Que ce soit l’arbitre ou nos joueurs, on n’a pas été bons. Ça n’a pas été facile. »

« Je reste serein pour cet été »

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Alors qu’il reste quatre matchs de championnat et que Nancy est encore dans le coup mathématiquement pour la montée en Ligue 2, Le Mans vient s’imposer 6 à 3 (J31) à Picot… Les espoirs s’envolent. Dans le même temps, les actionnaires tirent la sonnette d’alarme et annoncent une possible fermeture du centre de formation, ce qui n’inquiète pas outre mesure Martin : « Je reste serein. Les actionnaires ont de l’ambition pour la saison prochaine. On est en contact avec Krishen Sud (l’un des actionnaires) pour évoquer tout ça. Je suis persuadé que si Pablo Correa (qui a prolongé jusqu’en 2026) et Mickaël Chrétien représentent à eux deux les garants du projet et l’avenir du club. Avec eux, ça va bien se passer. Pour le centre de formation, c’est différent : les actionnaires feront leur choix mais j’espère que les jeunes et les éducateurs du club qui sont d’une grande qualité pourront toujours fièrement représenter Nancy la saison prochaine. »

Avant de partir en vacances dans sa maison de famille en Vendée, Martin Sourzac et ses coéquipiers souhaitent finir en beauté avec la réception de Châteauroux vendredi et un dernier déplacement à Villefranche pour clôturer la saison et finir le plus haut possible. Une promesse pour l’emblématique portier nancéien : revenir un an plus tard sur la place Stanislas, comme cet après-midi ensoleillé, afin de fêter une montée en Ligue 2 et permettre aux Nancéiens de crier leur joie une bonne fois pour toute, eux qui ne demandent que ça !

Martin Sourzac, du tac au tac

« Picot, c’est mythique ! »

À Orléans, en octobre 2023. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La victoire en Gambardella avec Monaco et la montée avec Monaco (2012-2013) et Nîmes (2017-2018) en Ligue 1, et quand on a concrétisé notre maintien cette saison aussi, avec Nancy, ça a été un réel soulagement. On ne voulait pas revivre la même chose que la saison dernière, ça avait été un vrai traumatisme.

Pire souvenir sportif ?
La saison passée, deux matchs à domicile, le premier contre Le Puy (alors qu’elle jouait le maintien, l’ASNL s’était inclinée 2-1 devant un stade plein et avait manqué deux pénaltys !) et le second contre Bourg-en-Bresse (1-2). C’était « cata »… Un vrai traumatisme.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je viens d’une famille où mes oncles et tantes sont dans le domaine de la médecine et cela m’aurait plu d’en faire mon métier. Cependant, j’ai plus un profil économique que scientifique et pour la PACES (première année commune aux études de santé, Ndlr) cela aurait était compliqué.

Au Red Star, en mars dernier. Photo Philippe Le Brech

Ta principale qualité et ton principal défaut ?
Dans la vie de tous les jours et même sur le terrain, je suis quelqu’un de calme qui essaie de dégager un maximum de sérénité. Mais parfois, selon les fins de matchs ou les situations, cela m’arrive d’être impulsif. Mes qualités : je pense être quelqu’un de juste et à l’écoute en dehors ou sur le terrain en règle générale je souhaite que le match se déroule dans le meilleur état d’esprit possible et que le meilleur gagne.

Que t’a-t-il manqué pour vraiment t’installer en Ligue 1 selon toi ?
A l’époque, quand je suis lancé à Monaco à 19 ans, je pense sincèrement que je n’étais pas prêt mentalement. Je n’avais pas d’équilibre au niveau vie privée. Sportivement, techniquement, j’avais les qualités, mais il me manquait encore ce coté « joueur » et prise de risque notamment au niveau de mon jeu au pied. Aujourd’hui, j’ai beaucoup évolué dans ce domaine et je suis un tout autre gardien.

À Niort, en février dernier. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
J’aurais aimé jouer à Nantes parce que c’est pas loin de la Vendée et Dortmund aussi. Je regarderai leur match en Ligue des champions, mais je serai pour Paris (rires).

Le meilleur match de ta carrière ?
Quand on est allé au Red Star l’année dernière, je fais au moins dix arrêts (Nancy s’incline 1-0). D’ailleurs, à chaque fois que je vais à Bauer avec Nancy, je fais des gros matchs !

Le pire match de ta carrière ?
Mon entame de match contre Valenciennes en 16e de Coupe de la Ligue avec Monaco (26 septembre 2012) a été compliquée. Je me souviens avoir repoussé un ballon sur mon défenseur et il y a eu but… Mais par la suite je sors plusieurs arrêts décisifs et on finit par se qualifier (4-2 après prolongation). Quoi qu’il en soit, ce match résume bien mon début de carrière, sans doute de l’immaturité et de l’irrégularité mais à la fois je n’avais que 18 ans. Le club croyait beaucoup en moi mais mes performances étaient trop irrégulières pour m’imposer dans un club comme Monaco.

À Orléans, en octobre 2023. Photo Philippe Le Brech

T’aimes le foot en général ? Regarder des matchs, la Ligue des champions, suivre l’actualité des autres clubs…
J’aime bien couper. Je regarde beaucoup la Ligue 2, moins la Ligue 1 parce que je trouve que c’est très fermé. Je regarde la Ligue des Champions aussi, l’Euro et la Coupe du Monde, mais pas les phases de poules, ça m’énerve ! Je commence à regarder quand il y a de l’enjeu.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Je n’y suis jamais allé mais les stades de Dortmund et du Real pour ce qu’ils représentent. Et pour moi, Marcel-Picot est mythique : ça fait pas mal d’années que je suis au club, et chaque fois que je rentre dans ce stade, je me dis “quelle chance j’ai d’y jouer !”

Un public qui t’a marqué ?
Le Public de Marcel Picot à Nancy chantent souvent « Qu’importent la division, ils seront présents » et c’est vrai, faire 10 000 spectateurs en moyenne en National cette saison, c’est exceptionnel ! Je les respecte beaucoup pour ça et notamment lors des déplacements où ils prennent du temps sur leur vie privée. Je garde aussi en mémoire le magnifique public des Costières, à Nîmes, où l’ambiance était exceptionnelle.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
Renaud Ripart, Alexandre Cropanese, Lucas Pellegrini et Baptiste Aloé. Mais tous sont différents.

À Avranches, vendredi 3 mai dernier. Photo Philippe Le Brech

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné dans ta carrière, contre lequel tu t’es dit « ce soir, ça va être compliqué » ?
En National, ça ne m’est pas trop arrivé, sans aucune prétention. Par contre, lors de la finale de Gambardella, il y avait un jour, Idriss Saadi, à « Sainté »… Je savais qu’il jouait déjà en pro et que ça allait être difficile (Saadi évolue aujourd’hui à Andrézieux, en N2).

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
J’aimerais vraiment revoir Danijel Subasic (ex-gardien de l’ASM, Ndlr), je pense qu’on se rappellerait de bons souvenirs.

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
J’aimerais bien revoir Bernard Blaquart. Je ne lui en veux pas du tout par rapport à mon passage à Nîmes. Après mon premier match avec Nancy, il m’avait envoyé un super message en disant qu’il regrettait un peu ce qu’il avait fait et qu’il était content pour moi. J’aimerais bien revoir ce monsieur car c’était une belle personne. Et aussi Monsieur Ranieri, « Le Mister » comme on devait l’appeler : j’ai énormément aimé l’homme avant tout.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Parfois, dans un stade bruyant, quand le banc me fait des gestes (il mime des grands gestes avec ses bras), je ne comprends pas tout !

À Orléans, en octobre 2023. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus connu de ton répertoire, c’est qui ?
Kylian Mbappé ou Radamel Falcao. Kylian, je l’ai connu en réserve quand je suis à la cave à Monaco, il était U19. Il ne se souvient pas de moi, je pense.

Des rituels, des tocs, des manies ?
J’envoie toujours un message à mon épouse, 1h30 avant le match. Je suis quelqu’un d’assez croyant donc je prie pour que les joueurs adverses comme les nôtres ne se blessent pas.

Tes passions dans la vie ?
La famille, c’est hyper important pour moi. J’aime aussi beaucoup tout ce qui touche aux montres, leur valeur, etc. J’aime beaucoup le tennis, je suis plutôt fan de « Djoko » (Djokovic). J’aime bien l’univers de la mer, des bateaux.

Qu’est-ce que t’aimes faire quand t’es chez toi ?
Je suis un bon vivant ! Je ne peux pas toujours le faire, mais me poser en terrasse, prendre un verre, j’aime bien. J’aime bien les jeux-vidéos rétros, j’y jouais quand j’étais petit. Je joue sur des vieux PC, mais seulement aux anciennes versions, je n’aime pas les nouvelles.

Ton endroit préféré à Nancy ?
La Place Stanislas, évidemment ! Le parc de la Pépinière et la vieille ville de Nancy.

À Orléans, en octobre 2023. Photo Philippe Le Brech

L’application mobile que t’utilises le plus ?
Instagram.

Un modèle de gardien ?
Keylor Navas, même s’il n’est pas dans le critère des gardiens grands et athlétiques, mais j’aime la sérénité qu’il dégage. Il sait beaucoup mieux utiliser ses qualités que les autres gardiens.

Une idole de jeunesse ?
Mickaël Landreau, un Nantais, un mec qui vient de la région vendéenne donc ça me touchait pas mal.

Ta plus grande fierté ?
Je suis fier de mon parcours qui a été semé d’embûches, fait de hauts et de bas. Je suis fier d’avoir su garder mes objectifs en tête, même si ça a été compliqué, et d’être arrivé là où je suis aujourd’hui.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Surprenant et déroutant.

Après le foot, t’envisages de faire quoi ?
J’ai comme modèle de réussite et de professionnalisme notre ancien Président Monsieur Holveck. Sa carrière est exceptionnel et inspirante. En toute humilité, je me suis beaucoup renseigné sur son parcours. Depuis 2016, je me forme dans le domaine de la finance et gestion des entreprises, j’aimerais, pourquoi pas, rester dans un club pour gérer cette partie là. En tout cas, cela me passionne, notamment la partie structurelle et administrative d’un club de football. Cela me permettrait de garder un lien avec ma passion. Mais avant tout vivons, l’instant présent, le sportif est ma priorité. Je sais qu’il me reste de belles et longues saisons devant moi.

À Nancy ?
Ce serait bien !

Texte : Emile Pawlik – Twitter: @EmilePawlik

Photos : Philippe Le Brech

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