National / Julien Fernandez : “Sedan est un club atypique”

Le directeur sportif du CSSA raconte la genèse de sa venue voilà près de 7 ans. Il évoque le maintien, en bonne voie, et revient sur les précédentes saisons, faites de hauts et de bas. Surtout, il parle de la mentalité ardennaise, dont il est obligatoire de s’imprégner pour comprendre l’institution, et la mission dont il se sent investi.

Julien Fernandez ne le dira jamais, parce que ce n’est pas son genre, mais si le CS Sedan Ardennes est redevenu aujourd’hui un bon club de National, il y est aussi fortement pour quelque chose. Car on ne souhaite à aucun directeur sportif de connaître ce qu’il a vécu durant cette période de disette, où il a fallu faire avec des moyens très limités, avaler des couleuvres, subir des attaques, souffrir des décisions de la FFF au moment de la crise de la Covid, etc.

Un record… mais une seconde place

Dans le même temps, il a aussi vécu un événement qu’aucun club n’est parvenu à réaliser : enchaîner une série de 13 victoires de rang, sans encaisser le moindre but. C’était entre la J1 et la J13 de la saison 2019-2020, en N2, celle-là même qui allait s’arrêter net un soir de mars, le jeudi 12 pour être précis, sur décision de la FFF. Insuffisant cependant pour remonter puisque c’est le Sporting-club de Bastia qui était, à ce moment-là, en tête, à 9 journées de la fin.
Certains ne s’en seraient jamais remis. Pas Sedan. Pas les Sangliers. Pas une institution comme le CSSA.

Bien sûr, il a fallu un petit coup de pouce du destin la saison suivante, quand la FFF a repêché le club ardennais en National après une saison 2020-2021 où, hormis Lyon-Duchère, le dernier de la classe, aucune autre équipe n’est descendue. Une promotion ayant finalement eu valeur de réparation, même si, au siège du club, à Bazeilles, tout le monde s’accorde à dire que l’organe fédéral n’a fait qu’appliquer un règlement existant.

« Au mieux, j’aurais pu jouer en National 3 »

A 39 ans, Julien Fernandez entame sa 7e saison au club, sa 6e vraiment pleine : « Je suis arrivé le 22 octobre 2016, en cours de saison » raconte le natif de Fréjus, la ville où il a rencontré un certain Marc Dubois, président-actionnaire du CSSA depuis son rachat à l’été 2013, et qui réside dans le Var, à Saint-Raphaël.

Le football est fait de rencontres, et celle entre ces deux hommes, séparés d’une trentaine d’années, est à la fois solide et fructueuse. Suffisamment en tout cas pour traverser quelques tempêtes qui font la vie des clubs. « Avant ma venue à Sedan, je collaborais dans le département football d’un cabinet d’avocats, en collaboration avec des agents. J’étais conseiller sportif auprès de joueurs. J’ai fait ça pendant 13 ans, poursuit le Varois, titulaire d’une licence en Droit; Je n’ai pas terminé mon Master car j’étais de plus en plus impliqué dans mon quotidien de conseiller sportif. »

Quant au football, Julien est né dedans ! Dans la famille, on joue beaucoup au ballon ! Son regretté papa, bien sûr, et aussi son grand frère, Mattieu, gardien de l’Etoile Sportive Fréjusienne dans les années 90 et 2000, en National et en CFA. Julien, lui, évolue au poste de latéral, mais avoue, lucide : « Je n’avais pas le niveau pour faire du football mon métier. Au mieux, je pense, j’aurais pu jouer en National 3. J’ai juste participé à quelques entraînements avec Fréjus en CFA au début des années 2000, quand Thierry Ardisson et Bernard Tavano dirigeaient l’équipe. Etant un vrai passionné de football, j’étais également éducateur à la formation. »

D’abord conseiller du président

Avec Hocine Safa, le coordinateur du club, Yohan Di Tommaso, le frère du regretté David, et Marc Dubois, le président du CSSA.

Julien Fernandez, qui a hésité avant de répondre “oui” à notre demande d’interview – « Depuis que je suis au club, j’ai dû donner entre 5 et 10 entretiens, la  plupart au journal local. Je ne recherche pas la lumière, je préfère que ce soit le coach et les joueurs qui soient mis en lumière » -, explique aussi qu’il a réfléchi à la proposition de Marc Dubois de rejoindre le club.

« J’ai accepté sa proposition par rapport à l’homme et son projet pour Sedan. En fait, je connaissais très bien le président. Il avait récupéré le club de Sedan (en 2013) et il faut savoir que durant la saison 2012-2013 j’accompagnais deux joueurs, Valentin Jacob et Mickaël Le Bihan. J’étais aussi venu à Sedan, à l’époque de Morgan Amalfitano et de Damien Tiberi. En septembre 2016, le club est alors dernier en National, et Marc Dubois prend la décision de reprendre les choses en mains; là, il me demande de le suivre et c’est comme ça que, dans un premier temps, je suis arrivé comme conseiller du président avec une mission de stratégie sportive. Très vite, il m’a chargé de trouver un nouvel entraîneur pour remplacer Colbert Marlot. Au moment où je suis arrivé, on sentait qu’il y avait une pression pesante liée à ce début de saison, et puis le club était dans une situation financière alarmante. C’est pour ça que les actionnaires ont repris le pilotage du club. »

Une sacrée première expérience !

Avec l’ex-sedanais Bissenty Mendy, aujourd’hui défenseur d’Annecy en L2.

Quand il arrive à Sedan, l’équipe compte un retard très important sur le premier non-relégable qui, sauf miracle, ne peut être comblé : « Là, je fais venir Nicolas Usaï comme entraîneur, et au mercato d’hiver, malgré les difficultés avec la DNCG, j’arrive à faire signer des joueurs comme Nadir Belhadj, qui avait déjà joué à Sedan en Ligue 1 et en Ligue 2, Axel Maraval, Koro Koné et je fais revenir dans les Ardennes Paco Borgniet. »

Pour sa première expérience en club, Julien est servi ! Il plonge déjà les mains dans le cambouis ! « Ce rôle de conseiller sportif, je l’ai occupé jusqu’en février 2017. Le président m’a demandé de beaucoup agir sur le domaine sportif. Ce n’était pas évident car il y avait déjà un directeur sportif, Pierre Mbappé (l’oncle de Kylian); on a essayé de collaborer mais, à la fois pour lui et pour moi, ce n’était pas simple. Déjà, sur la stratégie du mercato à Noël, cela venait de Nico (Usaï) et de moi. On a aussi fait venir Loic Dufau, Demba Thiam, on est parti de loin ».

Aux côtés de Nadir Belhadj.

Juste avant, en février 2017, Julien est nommé directeur sportif après le départ de Pierre Mbappé. Et puis, tout le monde se met à rêver. A croire au miracle. Sur la phase retour, le CSSA est 4e du championnat, mais ne peut éviter la relégation : pourtant, s’il bat Avranches à Dugauguez à la dernière journée, le maintien, miraculeux, est assuré. Malheureusement, l’équipe prend une énorme claque (1-4). « Personne n’aurait misé un centime sur Sedan à Noël et pourtant, on a failli réaliser ce miracle, se souvient Julien, éprouvé par cette fin de saison. On perd le match du maintien à la dernière journée. Ce fut une lourde déception. »

Ces premiers mois difficiles dans les Ardennes ont au moins un mérite : celui de lui faire prendre conscience de l’importance du club dans la région et de tout ce qu’il représente. « La période a été compliquée mais, honnêtement, une fois que vous entrez dans cette institution, vous êtes de plus en plus imprégné. Vous vous sentez investi d’une mission. J’avais la tête dans le guidon en arrivant et lors des deux saisons suivantes, si elles ont été très compliquées financièrement, avec le staff on a travaillé d’arrache-pied. J’ai le respect de l’institution, l’amour du club. Quand vous voyez tout ce qu’il représente pour les Ardennes, vous ne pouvez pas lâcher. »

« Aucun autre club hormis Lens, Marseille, Saint-Etienne et Bastia n’est aussi identitaire et populaire que Sedan »

Très vite, il se projette. Au point que l’histoire dure depuis six ans et demi aujourd’hui.  » Je me suis imprégné du club et de ses valeurs, raconte celui qui a appris à aimer le CSSA, qu’il qualifie « d’atypique » : « Oui, Sedan est un club atypique car pour moi, en France, hormis Lens, Marseille, Saint-Etienne et Bastia, aucun autre club n’est aussi identitaire et populaire. Et j’insiste sur ces deux mots. Etre salarié du CSSA, c’est se voir confier une mission. Personnellement, j’ai appris chaque jour un peu plus sur l’histoire du club, de la ville, du département, de la région. D’ailleurs, dès 2018, j’ai mis quelque chose en place qui perdure : à chaque début de saison, pendant la préparation, j’organise une réunion avec les joueurs et le staff et on leur montre, au travers d’un reportage vidéo, notamment celui des “Ardents Sedanais”, toute l’histoire du club, de la ville et du département, la guerre, les épopées, afin qu’ils comprennent le contexte, qu’ils connaissent l’histoire, parce que, contrairement à d’autres clubs, et sans leur manquer de respect, ici il y a quelque chose de lourd et d’important. Et si tu n’a pas conscience de cela, c’est dur de porter le maillot après… A partir du moment où tu as vraiment travaillé pour ce club et tout donné avec le coeur et humilité, tu restes marqué à vie. »

« Au courage et à la force du travail »

Avec Roger Lemerre, ancien sélectionneur de l’équipe de France et ancien entraîneur du CSSA.

L’importance du contexte. Julien Fernandez insiste beaucoup là dessus dans le recrutement. Même si ce n’est pas simple, car les générations ont changé notamment… L’importance de connaître l’homme aussi. Celui qui va enfiler le maillot floqué du sanglier, le maillot d’un club qui a plus de 100 ans d’histoire, doit être préparé : « Dans ce montage vidéo, Zacharie Noah, le père de Yannick, qui a joué au club, dit qu’il faut avoir la mentalité et l’état d’esprit sedanais pour réussir ici. Ce qui est vrai. Cette mentalité, on peut l’acquérir par la connaissance du club. Lorsque je suis arrivé en 2016, je connaissais le CSSA, parce que j’y étais venu à plusieurs reprises. J’avais échangé avec des dirigeants, mais je ne connaissais pas toute son histoire : il a fallu que je fasse un énorme travail pour m’imprégner, comprendre et connaître l’histoire et le contexte. Dans le reportage vidéo, il y a une phrase que j’aime bien : Si Sedan veut rêver d’aller en haut, ce sera au courage et à la force du travail, à l’image de la population ardennaise ».

Arrivé donc à Sedan pour accompagner le Président Marc Dubois, et reprendre en mains le secteur sportif, Julien Fernandez a ensuite passé 4 saisons en National 2 (2017-2021) où il s’est passé beaucoup de choses. Dans la difficulté, le club a tenu bon. Il rembobine le film. « Ces quatre saisons ont été compliquées et frustrantes. Même quand la situation était financièrement compliquée, on était discret dans la communication, afin de rester positif. Mais je sais que, quoi qu’il se passe à l’avenir, je serai très fier toute ma vie d’avoir travaillé au CSSA. J’aurai une partie de mon coeur tatoué Vert et rouge, pour toujours. »

  • Saison 2017-2018

« Là, on reconstruit avec peu de moyens mais on arrive à conserver des joueurs qui étaient en National et qui font encore une fois des efforts importants. On constitue une ossature compétitive, avec des Maraval, Thiam, Mangan, Zeghdane , Borgniet, Grain, Chadili, Daury, Bila … et on complète avec des jeunes joueurs inconnus, faute de moyens, comme Rayan Ghrieb, qui explose cette saison à Dunkerque, Karim Bouhmidi, Babacar Diop, un attaquant Canadien, Yuma, qui mettra quelques buts (5 en 7 matchs) mais qui s’était longuement blessé en début de saison. J’avais un accord avec Geoffray Durbant mais le coach voulait un joueur plus expérimenté, du coup, il viendra deux ans ans après. On termine 2e derrière Drancy, coaché par Malik Hebbar, qui réalise une saison exceptionnelle. La poule était compliquée. On a pris du retard au départ, à cause de certains aléas. Il avait fallu gérer une descente, rebâtir un effectif. »

  • Saison 2018-2019

« En fin de contrat, Nicolas Usaï retournera dans le sud et ira ensuite entraîner à Châteauroux en Ligue 2. Il venait juste de passer son diplôme d’entraîneur professionnel chez nous (BEPF) et après coup, je pense que cela n’a pas joué en notre faveur, car il était absent une semaine par mois, même si c’est pareil pour les autres clubs quand leurs coachs passent le diplôme. C’est un coach qui était venu au départ pour sauver le club en National et il s ‘est retrouvé en National 2, avec pas beaucoup de moyens. Sébastien Tambouret arrive en remplacement de Nicolas Usai. Je l’avais connu quand il coachait des joueurs que je conseillais (Tambouret était entraîneur des U19 du CSSA). Cette saison-là, on a eu encore moins de moyens que lors de la précédente. Par exemple, la prime de match, c’était 90 euros brut : très faible pour le niveau N2 ! De nombreux joueurs avaient fait des efforts considérables. Malgré tout, on termine à la 3e place, et sans une victoire sur tapis vert de Saint-Maur Lusitanos en fin de saison, on aurait fini 2e derrière Créteil qui a survolé le championnat. »

  • Saison 2019-2020
Lors de la saison 2021-22, celle qui marque le retour du CSSA en National !

« On n’avait pas des gros moyens au sportif, mais on était moins limité. J’ai vu des joueurs qui avaient compris le contexte, ce qui a permis d’avoir des fondations. Du coup, cette saison-là, j’ai réussi à faire le mercato que je souhaitais. Le coach Tambouret voulait plutôt des joueurs d’Auxerre, de Metz, où il avait entraîné en U19, comme Maxime Bourgeois, Lilian Fournier, Diadie Diarra, Giorgi Jobava, Moustapha Kaboré, Julien Michelet, mais c’était compliqué, j’estimais que ce n’était pas la meilleure solution… Du coup, après des réunions et différents échanges avec le staff, j’ai pris la responsabilité de recruter des joueurs que le coach ne connaissait pas du tout ( avec la même stratégie que les recrutements de Harvey et Bekhechi, un an plus tôt) des garçons comme Bissenty Mendy, Yasser Baldé, Titi Eboa, Geoffray Durbant, Edwin Quarshie et Aziz Dahchour… Des joueurs, que je voulais déjà faire venir les années précédentes. Avec eux, j’ai ressenti des ondes positives. Ils se sont fondus dans le moule. Yasser Baldé, à son arrivée, on aurait dit qu’il était là depuis toujours, idem pour Aziz Dahchour, avec qui j’ai discuté un mois pour le faire venir : il sortait de Drancy en National et avait beaucoup de propositions. Et puis, est arrivée cette série de 13 matchs et de 13 victoires avec zéro but encaissé ! Mais on a commencé à avoir des blessures, comme celles de Quarshie et Constant, notamment, des joueurs importants. De plus, Durbant jouait diminué, alors que c’était notre atout n°1 devant. Il s’est aussi passé des choses bizarres, avec une série de cartons rouges, dont trois contre Haguenau à domicile (0-0)… »

Le 12 mars 2020, la FFF annonce la fin des championnats. Sedan, 2e derrière Bastia, a baissé de rythme et n’accède pas en National. « On espérait quand même monter pendant la période Covid car la FFF avait envisagé la solution de stopper les championnats à Noël, comme ça, toutes les équipes se seraient affrontées une fois et auraient joué les mêmes équipes. Et si cette solution avait été choisie, on serait monté en National au même titre que Grasse et Rouen dans deux des trois autres poules. Et là, on serait resté dans la continuité, avec des prolongations automatiques prévues dans les contrats du coach et des joueurs. Malheureusement, on a encore pris un coup derrière la tête, et après ça, cela n’a pas été simple. On a pris la décision de repartir sur un nouveau cycle, d’injecter du sang neuf, avec des joueurs moins impactés par cette déception et cette décision. Beaucoup de joueurs ont été sollicités. Beaucoup de gens ont été marqués en interne. Sébastien Tambouret est arrivé en fin de contrat, il avait 2 ans de plus automatique prévu dans son contrat en cas de montée. Malheureusement on n’est pas monté. » Après cette déception avec la non montée, la Covid …le président souhaitait insuffler un dynamisme nouveau.

  • Saison 2020-2021

« Pfff … Je vais passer sur ce chapitre… En plus le championnat s’est très vite arrêté, et il n’y a pas beaucoup de choses positives à dire. Par contre, ce qui a ramené des bonnes ondes, c’est l’arrivée en cours de saison d’Olivier Saragaglia en décembre 2021, alors qu’on était à l’arrêt, en pause Covid, et que l’on ne savait même pas si la saison allait reprendre. On a malgré tout rejoué un match en février au Gazelec Ajaccio, avant d’être à nouveau à l’arrêt. On a quand même pu faire un parcours intéressant en coupe de France et disputer un 8e de finale contre Angers. Avec Olivier Saragaglia, on a retrouvé ce qu’on avait connu avec Nicolas Usai : un professionnel, un travailleur consciencieux. En plus d’être un bon coach, c’est un homme de qualité avec des valeurs, qui envoie des ondes positives sur tout le monde. Il a réussi à redynamiser le vestiaire, le groupe. Même en interne, la joie de vivre est revenue. Et puis, l’été suivant, on remonte en tant que meilleur 2e, c’est le karma, le destin ! Là, on se dit que Sedan a mangé son pain noir ! »

« Sans un modèle économique, ça sera compliqué de retrouver
le monde pro »

Aujourd’hui, Sedan est en National. C’est bien. Mais le club a connu tellement mieux…

Le coach, Olivier Saragaglia (à droite) en compagnie de son adjoint, Madjid Adjaoud, l’une des « figures » du club.

« Quand le club a évolué en Division 1 et en Division 2, il a marqué les esprits, d’abord avec les deux succès en coupe de France (1956 et 1961), une période lointaine certes, mais gravée à jamais; après, ils ont eu une période creuse, puis, vers la fin des années 90, Bruno Metsu, Patrick Rémy et Alex Dupont ont ravivé la flamme, le club est revenu en L2 puis en L1, a fait deux nouvelles finales de coupe (1999 et 2005), et a livré des matchs qui sont entrés dans l’histoire, comme le fameux 5-1 face au PSG. Et puis, de nouveau, il y a eu la descente aux enfers. »

Sedan peut-il rejouer en L2 ou L1 un jour ?

« Le président l’a dit : si il n’y a pas un modèle économique derrière, ce sera très compliqué voire impossible. La différence avec des clubs comme Nancy, Le Mans, Dunkerque, c’est le potentiel démographique et économique. Je prends l’exemple de notre association CSSA : aujourd’hui, elle n’a aucun terrain affilié, aucune structure municipale affiliée, contrairement à toutes les associations sportives de France, et tout ça, c’est une charge supplémentaire pour le club, dont la gestion des infrastructures privées, l’entretien, les charges, et aussi l’association représentent une partie importante du budget, contrairement aux autres clubs. Le club souffre d’un manque de soutien. Il faut savoir que si on était au plus haut niveau, il y aurait des créations d’emplois au club et ça serait bénéfique pour le club, la ville , le département et la population… »

Le maintien semble en bonne voie…

Benjamin Gomel et Sedan face à Nancy, le 10 avril dernier.

« Aujourd’hui, notre ambition est déjà, de se maintenir en National, dans un championnat où figurent 6 équipes qui ont le statut pro et qui ont l’ambition de monter. Il y a aussi Versailles qui a mis des moyens extraordinaires pour viser la montée, sans oublier les clubs qui connaissent bien le N1 comme Villefranche, Bourg-en-Bresse, Concarneau, et qui ont l’habitude de jouer la montée depuis quelques saisons. En étant rationnel, cette saison et la saison prochaine, il faut tout d’abord obtenir le maintien. Et si on a la possibilité de voir plus haut, il faudra jouer le coup à fond. C’est pour ça qu’en début de saison, le président a parlé d’accession dans les 3 ans, si il arrive à mettre en place un modèle économique. »

La saison 2022-23 avait pourtant très mal commencé : comment avez-vous fait pour redresser la barre ?

« C’est vrai qu’on était « mal barré » en début de saison (3 défaites et 4 nuls pour commencer). Il fallait obligatoirement un temps d’adaptation car le coach a souhaité repartir sur un nouveau cycle, même si la saison dernière était positive, avec une équipe construite pour le National 2 au départ, puisque l’on a été repêché en National mi-juillet. Il a instauré de nouveaux principes de jeu, un nouveau style. Le coach voulait plus de possession. Le schéma est passé à un 4-3-3. Les nouveaux joueurs ont eu un temps d’adaptation et les anciens joueurs ont dû s’adapter eux aussi, le temps d’assimiler les nouvelles exigences du coach. Mais on est resté serein car on connaît la qualité du coach et son investissement, et lui-même avait confiance dans les joueurs. »

Quid de la saison prochaine ?

« Depuis le mois de septembre, comme chaque saison, il y a un travail préparatoire avec un suivi des joueurs listés. En parallèle, on fiche et répertorie des nouveaux joueurs sur la saison en cours. On commence à échanger de plus en plus avec le staff même si le contexte est différent, car le maintien n’est pas assuré. »

Si vous deviez faire un « 11 » des joueurs que vous avez fait venir à Sedan ces dernières saisons ?

« Pas simple… Bon, je ne vais pas citer des joueurs qui sont encore sous contrat, ça évitera des discussions et débats dans le vestiaire actuel ( rires ) ! Ainsi, je vais mettre dans le 11, des joueurs uniquement qui ne sont plus au club. Dans les buts, Maraval, qui est actuellement en L2 à Nîmes. Latéral droit : Demba Thiam, qui a fait deux bonnes saisons en L2 et qui joue la montée avec Dunkerque. Pour le poste de latéral gauche : Nadir Belhadj, un joueur et un homme de grande valeur. Pour les deux centraux : Yasser Baldé, actuellement en L2 avec Laval et Biss’ Mendy, capitaine d’Annecy en L2. Deux garçons extraordinaires, avec les valeurs de Sedan. Calvet, en milieu défensif devant la défense, qui ne triche jamais sur un terrain. Deux milieux relayeurs : Borgniet, l’Ardennais et Edwin Quarshie, qui fait une très bonne saison au Mans. Un milieu offensif, en soutien des deux attaquants : Rayan Ghrieb, un des meilleurs joueurs du N1 cette saison. Enfin, pour les deux attaquants, Koro Koné qui évolue en Suisse et qui a joué la Ligue Europa il y a deux saisons avec le Servette de Genève et « Geo » Durbant, qui est aujourd’hui en L2 à Laval. Des bons joueurs et des bons mecs ! »

Le centre d’entraînement du CSSA, au domaine de Montvillers, à Bazeilles, où se trouvent le fameux château de Montvillers (XVIIIe siècle), le siège du club, plusieurs autres bâtiments comme l’ancien centre de formation et l’Orangerie, ainsi que les quatre terrains (deux pelouse, deux synthétiques), dont le terrain d’honneur David Di Tommaso, renommé en mémoire de l’ancien joueur décédé. Le parc fait 14 hectares.

Lire aussi : interview de Marc Dubois, président du CSSA

https://13heuresfoot.fr/actualites/marc-dubois-il-faut-developper-lattractivite-de-sedan/

Lire aussi : interview de Aziz Dahchour, joueur de Sedan :

https://13heuresfoot.fr/actualites/national-aziz-dahchour-sedan-tout-le-monde-nous-voyait-mort/

Texte : Anthony BOYER / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : CSSA et DR