L’ex-international algérien, revenu sur ses terres provençales en 2018 après une belle carrière, d’abord en amateur puis chez les pros (Amiens, Valenciennes, Marseille, Rennes, Séville, Getafe), a toujours dû gagner sa place, partout où il est passé. À 40 ans, il allie aujourd’hui le plaisir avec les résultats.
Foued Kadir n’était pas au courant qu’il était, à 40 ans, le joueur le plus âgé du championnat National. Mais il s’en doutait un petit peu. « Je pensais qu’il y aurait peut-être un gardien dans un club, plus âgé que moi. »
C’est en accordant un entretien au site de la Fédération (FFF) qu’il a appris cette nouvelle. Mais cela n’a pas changé pas sa vie ! En tout cas, ce statut de « doyen » du National ne lui confère pas plus de responsabilités qu’il n’en a déjà, lui qui est le capitaine du FC Martigues depuis l’arrêt en 2022 de son coéquipier Nadjim Abdou : « Je ne me prends pas la tête avec ça ! Pour moi, l’essentiel est de prendre du plaisir avec mes coéquipiers. J’essaie des les aider à gagner des matchs. »
C’est dimanche, un jour sacré, où le footballeur profite en général d’un peu de repos pour vaquer à d’autres occupation et couper avec le ballon rond. Mais Foued Kadir, lui, est là, face à nous, en visio, pour cet entretien « long format », pour parler football. Noa, sa petite dernière (1 mois) fait la sieste.
Moins de 48 heures auparavant, il était rentré à la pause en remplacement de Milan Robin sur la pelouse du stade Marie-Marvingt, face au Mans. Un match soldé par une défaite 2 à 0 qui a de nouveau relégué son équipe (3e) à 4 points de Niort (2e).
« Titulaire ou remplaçant, je réponds présent »
Depuis cette saison, Foued n’est plus forcément titulaire à chaque match. Un nouveau statut pour l’ancien professionnel de Valenciennes, Rennes, Marseille ou encore du Betis Séville, pour ne citer que ces clubs, qui demeure un cadre de son équipe, même si son coach, Grégory Poirier, ne l’aligne plus systématiquement dans le 11 de départ. « Déjà, j’ai eu un petit plus de soucis physiques cette saison, contrairement à la saison passée, où je jouais tout le temps. Maintenant, c’est vrai, je ne vais pas mentir, j’ai un peu mal vécu au début le fait que je sois remplaçant, surtout que c’est arrivé au moment où j’ai fêté mes 40 ans, début décembre dernier (il est né le 5 décembre 1983). Je ne sais pas si c’est une coïncidence mais c’est arrivé à moment-là. Je me suis dit que, peut-être, c’était dû à mon âge, peut-être qu’on a pensé que j’étais « fini » parce que j’avais 40 ans! J’ai eu une discussion à ce sujet avec le coach, Grégory Poirier, et le directeur sportif, Djamal Mohamed, mais ils m’ont rassuré et m’ont dit que cela n’avait rien à voir, que c’était des choix en fonction de la forme du moment, qu’il y avait d’autres joueurs qui étaient en forme, que l’équipe tournait bien, du coup, maintenant, tout est clair. Et je réponds présent, que cela soit comme titulaire ou comme remplaçant. »
Le débat est clos. D’ailleurs, il n’y a pas de débat. Sur le terrain, le Franco-algérien le prouve. Sa technique est toujours léchée, sa vision du jeu intacte, et il fait toujours autant jouer ses partenaires, dans une position de numéro 6, devant la défense, où il est amené à toucher beaucoup de ballons. Un poste qu’il a appris à « apprivoiser » au fil du temps, lui qui a construit sa carrière dans un rôle de meneur de jeu : « Mon poste de prédilection, c’est vrai, c’est en 10, mais au fil du temps, j’ai reculé, d’abord, en 8, lors de mes deux dernières saisons en D2 espagnole. C’est le coach, Julio Velasquez, que j’avais déjà eu au Betis Séville, qui m’a fait revenir à Alcorcon, qui m’a d’abord placé comme relayeur dans un milieu à trois, avec un 6 et deux 8. Ce poste de 8, je l’avais aussi occupé parfois avec Philippe Montanier à Valenciennes en Ligue 1, parce qu’il jouait dans le même système. »
N°10, puis n°8 et maintenant n°6 !
Et depuis son retour au FC Martigues, en 2018, où il est venu boucler la boucle, « chez lui », Foued occupe ce poste de 6. Très attaché à sa ville, l’ancien international algérien (25 matchs, 2 buts et une coupe du monde disputée en 2010) espère participer au retour de son club dans le monde professionnel, qu’il a connu dans les années 90 lorsqu’il était un jeune joueur, avant de partir à l’âge de 17 ans, sans jamais jouer avec les seniors. « Tout a commencé grâce à mon père, Lahcen C’était un fou de foot. Je commençais à peine à marcher qu’il m’avait déjà mis un ballon dans les pieds pour jouer avec lui ! Le foot, c’est vraiment une transmission de père en fils et j’essaie de transmettre ça aussi à mes grands enfants (il est aussi papa de deux autres garçons, Ilhan, 10 ans, et Eden, 7 ans). J’ai commencé à Martigues, chez moi, dans ma ville. Le FCM, c’est mon club. Je suis 100 % Martégal. »
Oui mais voilà. A 17 ans, c’est le départ. Un crève coeur. « Cela a été une déception de quitter Martigues, où j’avais joué de l’âge de 6 ans jusqu’à mes 17 ans, où ça se passait super bien, où j’avais tous mes copains, mais finalement, je m’en suis relevé. » A l’époque, Foued évolue en moins de 18 ans. Il est « 2e année ». Et il lui reste une « 3e année » à disputer à ce niveau. Sauf que le club veut l’intégrer en équipe III seniors, en amateurs : « Moi, je voulais vraiment faire ma dernière année en jeunes. Je trouvais que c’était compliqué, à 17 ans, d’aller jouer en seniors, surtout que j’étais « gringalet » à l’époque ! J’ai eu l’opportunité d’aller à Gignac, à côté de chez moi, pour faire cette troisième année en moins de 18 ans. Pour m’amuser. Et d’ailleurs, j’ai pris beaucoup de plaisir cette saison-là. En fait, c’est simple, je ne me voyais pas encore aller en seniors chez les amateurs, je trouvais que je n’étais pas prêt physiquement. »
Gignac, Beaucaire, Troyes, Cannes…
Après sa dernière année chez les jeunes à Gignac, Foued signe à Beaucaire. Le club est en National cette saison-là – pas une réussite ! – et il joue en réserve, en Division d’Honneur (Régional 1). « C’est grâce à mon père que je suis allé là-bas. Il avait un ami qui jouait à Beaucaire, il lui a demandé si le coach pouvait me prendre à l’essai pour la réserve. J’ai fait quelques entraînements, ça s’est super bien passé, et je me suis retrouvé en DH seniors (R1). La même année, je passais le bac, je faisais les aller-retour avec mon père, qui a toujours été là pour moi. Et puis, j’ai commencé à faire quelques entraînements avec le groupe National, entraîné par Jean-Jacques Eydelie, mais sans jamais disputer de match officiel. C’était exceptionnel pour moi ! Je me souviens que, pour aller aux entraînements de la « National », je ratais parfois le lycée, parce que j’aimais le foot plus que tout ! ça m’a permis de voir ce que c’était que de s’entraîner tous les jours et j’ai pu toucher au monde professionnel, entre guillemets. »
Après Beaucaire, c’est le grand saut. Direction Troyes, dans l’Aube. « Là encore, c’est grâce à mon père (sourire) ! Il avait un ami qui connaissait bien le papa de Karim Ziani, à l’époque joueur à l’ESTAC. Grâce à cet ami, je fais un essai en réserve avec la CFA, je m’en souviens bien, car on termine la semaine par un match amical et il y a Karim (Ziani), de même que Rafik Saïfi, qui sont là, parce qu’ils sont en instance de départ. Du jour au lendemain, me voilà qui joue avec deux internationaux Algériens ! Pour moi qui suis Algérien, tu imagines… »
Le match se passe bien. Le coach Carlos Lopez lui propose alors de signer en CFA. A l’issue de sa première saison, le club tombe en CFA2. La saison suivante, Foued dispute les six premiers mois, avant qu’une nouvelle opportunité ne s’offre à lui : « Je marque 6 ou 7 buts et puis j’ai l’opportunité d’aller à Cannes en National. Comme je vois que ça ne bouge pas trop pour moi à Troyes, même si je goûte aux entraînements des pros avec Jean-Marc Furlan, je me dis que Cannes, en National, c’est une belle évolution sportive. Et en plus, je reviens près de ma famille aussi, dans le Sud. »
Là encore, c’est son papa qui est à l’origine de tout : « L’ami de mon père, qui avait un énorme réseau, entend dire que Cannes cherche un milieu offensif. Et c’est comme ça que je signe là-bas en janvier. C’est marrant parce que juste avant de signer, je dispute un match amical contre l’OM avec Cannes, et je marque un but à Fabien Barthez ! On gagne 1 à 0 ! C’était les débuts de Nasri ! »
« J’avais toujours tout à prouver »
A Cannes, Foued arrive sur la pointe des pieds et va, petit à petit, se faire sa place, jusqu’à s’imposer : « Je fais six premiers mois intéressants et puis le club me prolonge de 2 ans. En fait, c’est mon histoire ça ! Mon parcours, c’est ma force ! A chaque fois que je suis arrivé dans un club, j’étais celui qui arrivait d’en bas, sur la pointe des pieds, sans faire de bruit, souvent avec un statut de remplaçant, et partout je me suis fait ma place. J’avais toujours tout à prouver et surtout, je n’avais rien à perdre. J’ai bossé, bossé, c’est ce qui a fait aussi ma force, et j’ai gagné ma place quasiment dans tous les clubs où je suis passé. »
La suite de sa carrière le conduit chez les grands, d’abord en Ligue 2, à Amiens, qu’il découvre à l’âge de 23 ans, et à Valenciennes, en Ligue 1, à 25 ans. Puis c’est L’OM, Rennes, l’Espagne et la Liga, la coupe du monde avec l’Algérie… Quel parcours !
En 2018, à 35 ans, Foued met un terme à sa carrière pro et revient à Martigues. Le club végète alors en National 2 et joue devant 300 personnes. « Et encore, la moitié des gens, c’était nos familles ! Mais j’avais toujours eu ça dans un coin de ma tête : revenir à Martigues et aider le club à retrouver le haut niveau. Malheureusement, on a perdu 2 ans avec la Covid, et 2 ans, dans une carrière, c’est beaucoup. Je suis revenu en même temps que notre ancien capitaine, Nadjim Abdou (qui a stoppé sa carrière en 2022), qui a eu un peu le même parcours que moi, qui a été pro à Martigues il y a plus de 20 ans et qui a dû s’exiler en Angleterre. On a passé un premier cap avec l’accession en National en 2022. J’aimerais bien qu’on en passe un second en accédant en Ligue 2. Ce serait l’occasion de finir en apothéose et pourquoi pas de faire une dernière saison à ce niveau avec mon club formateur, mon club de coeur. Ce serait la cerise sur le gâteau. C’est dommage d’avoir manqué le coche la saison dernière. »
« Les gens bloquent sur Borgo, mais… »
C’est vrai que, la saison passée, le FC Martigues a vraiment laissé passer une occasion unique quand, à deux journées de la fin, et alors que le club du président Alain Nersessian occupait la place de leader, s’était lourdement incliné 3 à 0 sur la pelouse de la lanterne rouge, Borgo. Un résultat qui avait suscité l’incompréhension. « Tout le monde « bloque » sur ce match, parce que Borgo était dernier et déjà relégué en N2, mais pour moi, la montée ne s’est pas perdue là. Il y a d’autres matchs avant celui-là où on a pris des buts dans les dernières minutes, je pense à celui de Nancy à Francis-Turcan, juste avant d’aller à Borgo, quand on se fait égaliser à la fin (1-1). Si on avait tenu le score à 1-0, on aurait jouer la montée en Ligue 2 chez nous à la dernière journée contre Versailles. Je peux comprendre que tout le monde nous parle de ce match-là, à Borgo, mais en face, les gars voulaient se montrer, sortir un gros match, ils n’avaient rien à perdre… Dans le foot, ce n’est pas parce que tu es premier que tu vas gagner 5 à 0 chez le dernier. »
Que cela soit en Ligue 2 ou National la saison prochaine, Foued a, évidemment, envie de continuer encore une saison. Au moins. « Oui, parce que je me sens bien physiquement ! Je me sens prêt à jouer encore une saison, mais ça dépend aussi de mes dirigeants, de ce qu’ils veulent faire, mais moi, je me sens encore au niveau, j’ai encore les jambes et l’envie, franchement, j’aime tellement le foot ! Le jour où j’irai à l’entraînement à reculons, là, ok, je dirai « stop », mais ce n’est pas du tout le cas actuellement. Je ne me prends pas la tête, parce que je sais que la fin est plus proche que le début ! »
Et l’après football ? « On verra ! Je compte jouer le plus longtemps possible, tant que mon corps me le permet et tant que j’en ai envie. Bien sûr, je pense à ma reconversion, on en parle d’ailleurs avec les dirigeants du FCM; ça peut être dans le staff, en tant qu’adjoint ou entraîneur des attaquants, je ne sais pas, mais là, je veux jouer le plus longtemps possible, même en N2 ou en N3. Après, en dessous de N3, je ne suis pas certain que le plaisir, la seule notion qui compte, soit le même… Une chose est sure, après ma carrière, je ne me vois pas coach principal : gérer 25 mecs, c’est trop compliqué. Parce que le foot, c’est du management aujourd’hui. »
Foued Kadir, du tac au tac
Es-tu content de succéder à Thomas Vincensini dans cette rubrique ?
(Surpris) Bien sûr (rires), mais… je ne le connais pas !
Meilleur souvenir sportif ?
La Coupe du monde 2010 avec l’Algérie. J’ai disputé les trois matchs de poule, malheureusement, on ne s’est pas qualifié. C’est quand même le meilleur souvenir de ma carrière.
Pire souvenir sportif ?
C’est encore lié à la Coupe du monde et à l’Algérie : en 2014, j’ai participé à toute la campagne de qualification au Mondial, je suis dans la liste des 30 puis au dernier moment, le sélectionneur m’a enlevé de la liste des 23. J’ai eu énormément de mal à le digérer et à passer à autre chose.
Combien de buts marqués ?
Aucune idée (rires) ! Je ne compte pas. Marquer n’a jamais été une finalité chez moi. J’ai toujours pris beaucoup plus de plaisir à faire une passe décisive. J’ai toujours eu ça dans l’âme. Je préfère régaler mes coéquipiers mais attention, je ne vais pas mentir, marquer procure aussi énormément de plaisir !
Ton plus beau but ?
Avec Amiens contre Nantes, en Ligue 2 : un enroulé pied gauche en pleine lucarne !
6, 8 ou 10 ?
Sincèrement, je préfère jouer en 10, le poste que j’occupais quand j’avais les jambes ! Je n’ai plus trop les jambes pour aller de l’avant, me retourner vite, c’est pour ça qu’avec le temps, j’ai reculé; je vais finir gardien bientôt peut-être (rires) ! C’est en 10 que j’ai pris le plus de plaisir aussi dans ma carrière, à régaler mes coéquipiers, à faire des passes décisives. Après, avec l’expérience et l’âge, on joue différemment. On va moins vite que les jeunes certes mais on anticipe plus vite, voir avant de recevoir, voir avant les autres… Après, la technique, ça ne sert perd pas, ça a toujours été une de mes plus grosses qualités.
Ton geste technique préféré ?
Le contrôle orienté.
Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités : technique, vision du jeu, capacité à faire jouer mes partenaires et à leur donner de bons ballons au bon moment, capacité à répéter les efforts même si, avec l’âge, un peu moins aujourd’hui, mais avant, j’étais pas mal physiquement. Pour mes défauts, le jeu de tête et l’impact physique, qui n’a jamais été mon fort même si je n’ai pas peur d’aller au duel.
Et dans la vie de tous les jours ?
Je pense être généreux, gentil, parfois trop gentil… Pas facile comme question même si je me connais bien. Pour les défauts, je suis mauvais perdant.
Le club, l’équipe ou la saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Sans hésitation, avec Valenciennes, en Ligue 1, on avait une équipe qui ne payait pas de mine mais qu’est-ce qu’on était solidaire sur le terrain ! On était bons tous ensemble. J’ai pris un pied énorme. Le stade était plein, on arrivait à taper de grosses équipes, on faisait des gros matchs. J’avais Philippe Montanier comme coach, c’est quelqu’un qui a compté pour moi. C’est marrant, parce que Grégory Poirier, mon coach actuellement à Martigues, était en formation avec lui la semaine dernière dans le cadre de son BEPF, et Philippe Montanier lui a parlé de moi. « Il t’apprécie » m’a dit Grégory Poirier en parlant de lui. C’est réciproque, je garde un très bon souvenir de Montanier, il m’a fait énormément progresser. Je voudrais associer aussi son adjoint Michel Troin, lui aussi m’a fait progresser, que cela soit à Cannes ou ensuite à Valenciennes, et quand Philippe Montanier est parti en Espagne, il y a eu avec Daniel Sanchez avec qui c’était sympa aussi et avec qui ça s’est super bien passé.
Le club où tu as failli signer ?
A l’époque, j’ai le choix entre l’OM et Monchengladbach (Allemagne), avec Lucien Favre. Deux propositions concrètes. Je suis tiraillé entre les deux. L’OM, c’est l’OM… Je suis de Martigues, je suis supporter depuis tout petit, ça ne se refuse pas ! Lucien Favre, lui, voulait me fait jouer à mon poste, derrière l’attaquant, à l’époque, ils sont dans les 3 ou 4 premiers en Bundesliga, qualifiés en 8e de finale de la Ligue Europa, un championnat tourné vers l’offensive, pour moi c’est parfait. Mais j’ai fait le choix du coeur. Je vais à l’OM. Je ne regrette pas mon choix. C’est comme ça.
Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Plus jeune, j’étais fou de Zidane et Del Piero. J’aimais beaucoup la Juventus de Turin. A la play station, je prenais toujours la Juve ! Donc, la Juve !
Un stade et un club mythique pour toi ?
Le Vélodrome ! C’est le stade où mon père m’emmenait tout petit. J’y ai d’abord joué contre l’OM puis ensuite en portant le maillot de l’OM. Le Vélodrome, c’est le Vélodrome.
Un public qui t’a marqué ?
Je ne vais pas redire le Vélodrome… Celui de Lens m’a marqué, en plus j’ai disputé les derbys du Nord, avec Valenciennes, et aussi Geoffroy-Guichard (Saint-Etienne). Mais le Betis, c’est vraiment pas mal, et les derbys avec le FC Séville, c’est chaud !
Un coéquipier marquant ?
Riyad Mahrez.
Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, sur le terrain ?
J’ai beaucoup aimé la relation que j’ai eu pendant une saison à Rennes avec Jean II Makoun, qui jouait derrière moi en 6. Il se retournait et me trouvait directement, je savais comment me placer avec lui.
Combien d’amis dans le foot ?
Très peu.
Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné dans ta carrière ?
J’ai eu la chance de jouer contre Cristiano (Ronaldo) et Messi, donc…
Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Rabah Sadaâne, qui m’a sélectionné pour la première fois en équipe nationale d’Algérie. Je n’ai pas eu l’occasion de le revoir depuis. Il a été comme un deuxième papa pour moi.
Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
L’actuel coach de Getafe, où il est revenu d’ailleurs, Jose Bordalas : j’avais signé à Getafe, il est arrivé et avec lui je suis devenu tricard, sans aucune raison. Bon, il aime les guerriers, les combattants, la grinta, il n’aimait pas trop les joueurs de ballon ! Du coup, je ne rentrais pas dans ses plans.
Un président ou un dirigeant marquant ?
Marcel Salerno à Cannes. Il était dévoué, un peu fou-fou, mais je sentais que c’était une bonne personne, attachant.
Tu as été un excellent joueur mais qu’est-ce qu’il t’a manqué pour être un top joueur ?
Le parcours. Je ne suis pas passé par un centre de formation. J’ai connu tous les championnats amateurs avant de signer mon premier contrat pro à Amiens en Ligue 2 à 23 ans. Si j’avais eu un parcours classique, peut-être que ma progression aurait été différente. Peut-être que je n’aurais pas fait la même carrière. Ce qu’il m’a manqué, c’est d’avoir ma chance plus jeune, de signer pro plus jeune, de jouer des matchs de haut niveau plus jeune. Et là, peut-être que j’aurais été un très-très bon joueur. Mais je ne regrette pas mon parcours, je suis fier de ce que j’ai réalisé, partir d’en bas pour arriver en Ligue 1 et en coupe du Monde, c’est exceptionnel.
Une anecdote de vestiaire ?
On joue contre la Libye avec l’Algérie, au Maroc. C’est Vahid Halilhodžić notre coach. Pendant tout le match, on se fait insulter et cracher dessus par les joueurs adverses, et ça part « en live » en fin de match, bagarre, bref, on rentre aux vestiaires et le président de la Fédération, Mohamed Raouraoua, furieux, nous hurle dessus, il nous dit « Vous êtes une honte, vous faites honte au pays, c’est quoi ces histoires ? En venir en mains sur un terrain c’est catastrophique… », nous, on était tous la tête baissée, un peu honteux, et puis, là, Vahid Halilhodžić entre dans la pièce, chemise blanche déchirée, cheveux en pétard, et il hurle « C’est ça ! ça c’est équipe, ça c’est solidarité » (il imite l’accent), et là, on se regarde entre nous et on se met tous à rire, et le président sort du vestiaire !!!
Une ville, un pays ?
Séville, en Espagne.
Une appli mobile ?
L’Equipe.
Le joueur le plus connu de ton répertoire, c’est qui ?
Raïs M’Bolhi, c’est un de mes amis, c’est le gardien de la sélection algérienne.
Es-tu maniaque ?
Au foot non. Dans la vie de tous les jours, un peu. Je n’aime pas laisser traîner mes affaires. J’aime bien que ce soit propre et bien rangé.
Une devise, un dicton ?
Travail et humilité, c’est ce que je dis à mes enfants.
Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu es un joueur plutôt …
Technique.
Dernier match vu à la télé ?
En Ligue des Champions, Atlético-Inter. Un super match !
Dernier match vu en tant que spectateur ?
J’ai amené mes deux grands enfants, qui habitent dans le Nord, voir Lens – Strasbourg, je voulais leur montrer l’ambiance de Bollaert.
Ta plus grande fierté ?
Avoir joué la coupe du monde sur le plan du foot, et dans la vie de tous les jours, ma famille.
Le club de Martigues ?
Un club qui a des ambitions et qui aurait sa place en Ligue 2.
La force de votre équipe ?
La solidarité, le collectif. On n’a pas de joueur qui sort du lot ou qui drible tout le monde. L’aspect tactique aussi, la façon qu’on a d’attaquer et de défendre tous ensemble. On a la meilleure défense du National, ça en dit long sur notre mentalité.
Le milieu du foot, en deux mots ?
Je ne veux pas être trop négatif… Ce n’est pas un milieu qui me plaît trop… C’est malheureux, parce que c’est du business avant tout.
Qui aimerais-tu voir te succéder dans cette rubrique ?
Andrés Iniesta !
Championnat National – Vendredi 22 mars 2024 (Journée 26) : FC Martigues – US Avranches Mont-Saint-Michel, à 19h 30, au stade Francis-Turcan. En direct sur Dazn1
Texte : Anthony BOYER – aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06
Photo de couverture : Philippe Le Brech
Photos : Philippe Le Brech
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