Après avoir connu la Ligue 2 (de 2008 à 2011) et le Stade de France, le VOC est retombé en N3. La faute à un dépôt de bilan en 2014 et le départ de son ex-président et généreux mécène, qui avait aidé à installer les Morbihannais en National 2. Le club repart encore de zéro, avec l’envie d’une reconstruction pérenne, à base d’identité locale.
Souvenez-vous il y a quatorze ans, en 2009, le Vannes Olympique Club, pensionnaire de Ligue 2, s’offrait une folle épopée en coupe de la Ligue. Après avoir passé cinq tours et écarté deux équipes de L1 (Valenciennes et Auxerre), les joueurs de Stéphane Le Mignan s’en allaient composter leur billet pour le stade de France sur la pelouse du Stade du Ray, en éliminant un troisième club de l’élite, l’OGC Nice, en demi-finale (1-1, 4-3 tab).
Mais, avec trois buts encaissés dans les 15 premières minutes (défaite 4-0), la finale face au Bordeaux de Gourcuff, Chamakh et consorts a été aussi brutale que le parcours fut remarquable.
Les temps ont changé
Bien sûr, cette soirée du 25 avril 2009 n’est pas le seul vestige de l’âge d’or connu par le Voc dans la première décennie des années 2000. « En tant qu’amoureux du Voc, mais aussi de l’OM, le grand souvenir que je garde de cette époque c’est la confrontation au Vélodrome, pour les 1/4 de finale de la coupe de France 2007 », rembobine le Maire de Vannes, David Robo; « J’étais en présidentielle, et j’avais même eu la chance de toucher la coupe aux Grandes Oreilles. Je conserve l’émotion d’il y a 15 saisons, aller au stade de France, jouer en Ligue 2, pour une ville comme la notre c’est extraordinaire. » « Tout cela a participé à écrire la plus belle page de l’histoire du club », en convient l’actuel président, Daniel Boraud.
Depuis, les temps ont bien changé et le Voc a dû écrire plusieurs nouveaux chapitres. Dans l’actuel, l’ex-deuxième club phare du Morbihan après le FC Lorient se retrouve désormais au même niveau que ses voisins de la GSI Pontivy, du Stade Pontivyen ou encore de Locminé, en National 3. « Et attention, il y en a cinq dans la charrette ! », fait noter le Maire. « Malgré notre récente victoire face au leader (1 à 0 face à l’AS Vitré, aujourd’hui 3e), on est toujours dans la zone rouge. Il ne faudra pas se louper, même si je sais que le club continuerait à vivre en R1 (le VOC est classé 12e sur 14 après 7 journées mais compte un match en retard, la rencontre à Pontivy face au GSI ayant été reportée). »
Lui entretient un rapport particulier avec le sport : « Je suis un grand fan, depuis tout gamin. Plutôt dans mon canapé que sur le terrain… Mais oui, je suis accro au sport ».
Une décennie en montagnes russes
Même si Vannes est loin d’y être, ce ne serait qu’un « bas », comme a déjà connu le club morbihannais au cours des dix dernières années traversées comme des montagnes russes, le faisant ainsi chuter dans la hiérarchie nationale.
Emmené par Stéphane Le Mignan, désormais sur le banc du voisin de l’US Concarneau en Ligue 2, le Voc était monté en National en 2005, puis en Ligue 2 en 2008 avant d’y rester jusqu’en 2011. Après trois nouvelles saisons en National (2011 à 2014), une dette de 500 000 euros avait obligé le club à déposer le bilan.
C’est donc de la DSE, la 7e division, qu’est reparti le Voc, né de la fusion entre le Véloce Vannetais et le Vannes FC en 1998. Touchés mais pas coulés, les Bretons sont remontés de trois divisions pour atteindre le National 2 en 2018. Un redressement sportif accompagné, une saison plus tard, d’un coup de pouce financier, « entre 50 000 et 150 000 euros par an » de la part de leur nouveau président, Maxime Ray, Lorientais d’origine, qui oeuvrait dans la finance. Son arrivée en 2019 avec un projet de National puis de Ligue 2 « en quatre ans », et la venue de joueurs chevronnés du championnat, semblaient montrer que le Voc était relancé. Des promesses pas forcément tenues en championnat où les Vannetais naviguaient souvent dans le ventre mou. Il y eut bien un coup d’éclat, en coupe de France, pas plus tard qu’en 2022, lorsque le PSG et Mbappé (auteur d’un triplé) étaient venus à la Rabine (0-4).
Le départ brutal d’un généreux président
Et puis patatra. Le président Maxime Ray, généreux mécène, annonce son départ en avril 2022, sur fond de désaccords avec la mairie. La goutte d’eau étant l’impossibilité d’organiser un match de gala entre équipes professionnelles à La Rabine. « Il y a eu une incompréhension sur ce match amical. C’est une erreur technique et administrative de mes services », assume le Maire David Robo. « Je ne préfère pas revenir sur cette période pas forcément agréable pour le club. C’est une décision personnelle de Maxime Ray qu’il faut respecter, même si c’est dommage pour le club et ses ambitions », commente le président Daniel Boraud. Et pour cause : « Il est bien évidement que le départ de Maxime Ray, qui était un mécène très généreux, a amené à revoir le budget. Personnellement, je n’ai pas les moyens de financer dans la même mesure. »
Arrivé à dans le coin en 1975, puis progressivement installé comme « petit partenaire » du Vannes OC, le natif d’Orléans Daniel Boraud est devenu vice-président du club en 2002 : « C’était pour prêter un coup de main au niveau des finances, rembobine-t-il. J’aime bien le foot, j’ai aussi un fils qui y jouer. En plus de mon rôle de partenaire, ce sont ces trois éléments conjugués qui ont fait que je me suis investi au Vannes OC. »
Parti en 2006 pour raisons professionnelles, il a été recontacté en 2019 pour revenir. Avant de se voir propulsé président du club, une fois le départ de Maxime Ray acté.
C’est avec cet oeil d’ancien chef d’entreprise qu’il a géré les difficultés financières connues par le club. « Personnellement, je n’ai pas les moyens de financer le club dans la même mesure. A partir du moment où le budget passe de 1,3 millions d’Euros à 950 000 Euros, et que vous avez des joueurs de N2 voire du niveau au-dessus, vous ne pouvez pas vous permettre de continuer à les rémunérer. Vous ne pouvez pas non plus avoir les mêmes dépenses générales pour le club », détaille le président. « On a pris des décisions financières drastiques qui n’ont font pas plaisir à tout le monde. Mais il a fallu les prendre. »
Un souhait de sérénité et de pérennité
C’est ainsi que la saison 2022-2023, en National 2, a démarré pour le Voc, sans ses leaders techniques et en pleine modification interne. Des éléments trop déstabilisants pour éviter la descente au club vannetais, 14e la saison passée (sur 16) avec 16 défaites en 30 matchs.
Reparti sur un nouveau cycle pour cette nouvelle saison, en National 3, l’objectif n’est pas que sportif. « Repartir de zéro ? Oui, c’est la bonne formule. On doit remettre des fondations sur des budgets que l’on connaît, développer nos partenariats au maximum. Vannes est une belle ville, avec un beau stade, des infrastructures de qualité et des partenaires fidèles. Il faut développer tout ça. On veut rebâtir des fondations pérennes », clame Daniel Boraud. « Et ce n’est qu’après cette construction qu’on pourra retrouver le niveau hiérarchique supérieur. »
David Robo va dans son sens : « Je souhaite avant tout un futur serein. J’ai le sentiment qu’à Vannes et en Morbihan, on a de quoi construire avec l’identité locale, en formant ou en récupérant des jeunes qui ne sont pas pris dans les clubs professionnels du coin. Certes, le sport, c’est avant tout des résultats sportifs. Mais avoir des jeunes attachés au maillot, fiers de leur identité, ça me procure aussi des émotions ».
Le Voc n’est pour l’instant que 12e de sa poule, mais il est porteur de promesses, symbolisées par l’attaquant Junior Burban. Lui est né à Vannes, a débuté dans un des clubs de la ville, avant de rejoindre le FC Lorient à ses 12 ans. Dix ans plus tard, pas conservé par les Merlus, l’attaquant est revenu « chez lui ». Et il marche sur l’eau en ce début de saison, avec déjà 5 buts inscrits en 6 journées. Tristan Boubaya, 34 ans, est lui aussi revenu sur ses terres bretonnes. Capitaine de l’équipe, il est venu ajouter une sacré touche d’expérience à l’équipe d’Hervé Brouard. Le milieu de terrain a connu la réserve du FC Lorient, ou les Herbiers. Plus récemment, il a disputé deux saisons chez le voisin de l’US Concarneau, en National. L’année dernière, il évoluait encore au Mans, dans un troisième niveau national où, au total, il a disputé près de 140 matchs. Un leader d’âme, incontestablement, dont aura besoin le Vannes OC dans sa reconstruction.
Texte : Alexandre Le Bris / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @lebrisfutAlex
Photos : Philippe Le Brech et VOC.
Photo de couverture : VOC.