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National 3 : l’ES Lambres
dans la cour des grands

Après avoir vécu un été rocambolesque, le club nordiste va finalement découvrir, comme prévu, et pour la première fois de son histoire, le 5e échelon français. Coup de projecteur sur les « Verts » de Lambres et son coach principal, Benjamin Roix.

Photo Nello Benedetti

Ils l’ont fait ! Après de multiples péripéties, les joueurs de l’Entente Sportive de Lambres-lez-Douai, club d’une petite ville accolée à Douai, dans le département du Nord, seront bel et bien sur la ligne de départ en National 3, le 27 août !
Lambres-lez-Douai. Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, le club n a cessé de faire parler de lui, au-delà même de ses prouesses sportives. Car cet été, c’est l’extra-sportif qui a pris le dessus !
On rembobine. Quelques jours après la fin du championnat de R1, Saint-Amand (2e au classement général), conteste la montée du concurrent direct, pointant du doigt ses infrastructures. La requête est jugée irrecevable. Lambres est bien promu en N3. Ouf !
Pourtant, quelle angoisse début août au sein du club quand il reçoit, par erreur, un courrier annonçant sa non-accession, avant que la Ligue, fautive sur le coup, ne fasse machine arrière.
Bien sur, pour les installations, « tout le monde est au courant, la Mairie, la Ligue » lance Benjamin Roix, coach de l’équipe première. « Tout le monde met tout en œuvre pour que tout soit prêt pour la première réception, en septembre. Nos deux premiers matchs se disputeront à l’extérieur, ce qui nous laisse du temps. Les collectivités ont vite réagi vite après la montée, 60 000€ ont été dépensés pour les nouveaux vestiaires, 40 000€ pour l’agrandissement des terrains, ce n’est pas rien. » raconte celui qui découvrira la N3.

L’appel du coaching

Lorsqu’il arrive au club en 2020, Benjamin Roix, alors âgé de 28 ans, prend les commandes d’une équipe de R1, un niveau où il n’avait jamais coaché.
Après une carrière de joueur amateur et une ultime blessure, l’appel du coaching se fait sentir. Il effectue ses classes à Douai et Gœulzin dans les catégories jeunes, puis à Écourt-Saint-Quentin (village proche de Douai/Arleux dans le Nord) en seniors, où il passe 3 ans et demi dans un club familial qui l’a vu s’élever. « Quand j’étais joueur, j’ai eu une blessure en DH à Biaches. Je ne supportais plus de regarder les copains jouer pendant que je restais sur le côté. Alors j’ai décidé de donner un coup de main en équipe réserve à Écourt. Je ne pensais pas faire plusieurs saisons. Au départ, je venais pour 6 mois (rires). Mais je m’y sentais bien. Et puis on est montés de Départemental 2 en D1 puis en Régional 3, c’était incroyable pour le club ! Là, j’ai eu la proposition de Lambres en R1, juste après. J’ai accepté. »

La Covid-19 entre en jeu à ce moment-là et le championnat s’arrête. Un mal pour un bien, estime Benjamin. Le club enchaîne à ce moment-là quelques défaites. La suite ne s’annonce pas réjouissante.

Puis les beaux jours reviennent, les résultats aussi. Quand on demande au jeune coach si la montée en N3 était dans un coin de sa tête, sa réponse est formelle : « Pas du tout (rires), on venait de reprendre après un long arrêt. On avait quitté le championnat après un début de saison horrible avec 4 matchs pour autant de défaites. Alors quand on a repris après la période Covid, l’objectif était le maintien en R1, et puis on a commencé à enchaîner les matchs et les victoires, même à glaner des points inimaginables contre les gros clubs de la poule, qui ont des budgets immenses. On s’est dit qu’il y avait quelque chose à aller chercher, ça a payé ! On n’aurait jamais cru le faire ! L’argent est important mais ça ne fait pas tout. C’est l’esprit d’équipe qui a primé et qui a payé. »

« Ils découvrent quasiment tous le N3 »

Photo Nello Benedetti

A l’inter-saison, l’ESL comble un départ clé en défense centrale et un autre au poste de gardien par six arrivées. Avec un groupe étoffé, composé d’anciens du club, « les monuments », dont certains ont tout connu au club, les montées, les descentes, et aussi du sang frais, presque tous les postes sont doublés.
Le mercato est surement terminé pour Lambres qui ne souhaite pas empiler les joueurs, mais laisser un temps de jeu cohérent à chacun. Même si la porte reste ouverte, précise le coach.

Pour épauler Benjamin Boix, un adjoint et préparateur physique (David Després), un entraîneur en charge des gardiens (Christopher Mayeux) et deux bénévoles, dont le père de Benjamin, sont venus compléter le staff.

Dans ce groupe de 22 joueurs, peu ont gouté au monde semi-pro : d’ailleurs, au club, ils sont tous amateurs et ne jouent que pour la passion. Un casse-tête pour Benjamin, qui doit allier vie personnelle et professionnelle des joueurs avec les entraînements et les matchs : « Ils sont tous là pour la passion, c’est beau quand on voit que la plupart des joueurs n’ont pas que l’argent à la bouche. On a eu ce souci là lors du recrutement, et ça m’agace. 22 joueurs, ça veut tout et rien dire : je me rends compte qu’après ces 5 semaines de préparation, je suis sans cesse obligé de m’adapter, car il y a les congés, les vacances. Quand un gars me dit « Ben, je pars 3 semaines », je ne peux qu’accepter ! Ils bossent toute l’année, je ne peux pas les priver de leurs congés. Je n’ai pas honte aujourd’hui de dire qu’on est loin d’être prêts. Il y a les pépins physiques, on joue sur un synthétique car les terrains ne sont pas utilisables : la mairie n’arrose qu’après 19 h, les lignes ne sont pas encore tracées. Ce n’est pas une vie de délimiter les terrains avec des coupelles (rires) ! On n’a pas les buts non plus. La mairie, la Ligue, sont au courant, tout le monde se met en quatre pour que tout soit prêt pour la réception du RC Lens le 17 septembre. »

Une saison 2022 à prendre avec des pincettes

Cette année, les règles changent pour les relégations en R1. De deux auparavant, les descentes passent à quatre ! La N3 des Hauts-de-France compte cette année quatre équipes réserves professionnelles (LOSC, RC Lens, VAFC, Amiens SC), de quoi donner du fil à retordre aux clubs amateurs. Et il faudra aussi compter sur des clubs bien implantés dans le foot régional comme l’US Vimy, Feignies-Aulnoye ou encore l’Iris Club de Croix.

« Rien n’est joué d’avance, on va se donner à chaque match et essayer de créer la surprise. Un match à la fois, on n’a pas un effectif énorme, on n’a pas d’argent, on va jouer avec nos principes et nos valeurs, on tirera les conclusions à la fin de l’année » prévient le coach. On a hâte de voir.

Texte : Charlotte Gruszeczka / Mail : cgru@13heuresfoot.fr

Photos : Charlotte Gruszeczka et Nello Benedetti