National 2 : Vincent Muratori, retour en « Grasse » et en haut de tableau

L’ancien joueur professionnel de l’AS Monaco et de l’AS Nancy Lorraine ne tarit pas d’éloges sur son club actuel, le RC Pays de Grasse, qualifié en 32e de finale de la Coupe de France. A 35 ans, il vise l’accession en National, sans doute son dernier challenge.

Photo RC Pays de Grasse

Du Chardon lorrain au XI de la rose. Visiblement Vincent Muratori aime bien les clubs qui piquent. Quand, le défenseur latéral gauche a senti que les épines lorraines commençaient à faner à la sortie du Covid, il a préféré partir avant de connaitre la redoutée descente en National, tant celle avec Monaco (de L1 à L2) dix ans plus tôt le marquait encore.

C’est au RC Pays de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, qu’il s’est entretenu physiquement, fin 2020. Mais le parfum de la compétition manquait trop au trentenaire alors c’est dans la commune où Chanel et Lancôme se sont installés qu’il a rechaussé officiellement les crampons en compétition. Ne lui parlez pas de pré-retraite pour autant, même après ses 231 matches en pro. C’est plein d’ambition que le joueur formé sur le Rocher retrouve le championnat de National 2 après ses années de formation. Pour le moins longtemps possible, il l’espère. Mais cette fois, après une montée.

Photo RC Pays de Grasse

Vous connaissez désormais votre tirage au sort en 32e de finale de Coupe de France : La Tamponnaise, un club de R1 de la Réunion. Abordable, non ?
C’est vrai. On aurait pu tirer un adversaire au-dessus de nous, ce n’est pas le cas. Après, chaque match à sa vérité et il ne faudra pas faire partie des surprises.

Vous en avez joué des matches à la reprise, juste après les fêtes. Les craignez-vous ?
Déjà, il n’y aura pas de neige et de terrain gelé comme cela a pu m’arriver avec Nancy à l’époque. C’est déjà ça. On va garder les mêmes exigences qu’un groupe professionnel avec un programme pendant les fêtes. Je fais confiance au coach (Loïc Chabas) pour ça (rires). On a un groupe sérieux, je n’ai pas de doute là-dessus.

Est-ce que ça faisait partie des objectifs de début de saison ?
Non. C’était et ça reste la montée car ces dernières saisons le club a trop souvent terminé 2e. Ce n’est pas dans les discussions. Evidemment, enchaîner les qualifications fait qu’on se prend au jeu, ça reste la Coupe de France.

Avant un déplacement à Fréjus-Saint-Raphaël samedi, vous êtes 5e : comment jugez-vous ce début de saison par rapport à vos ambitions ?
Il est bon dans l’ensemble. Le jeu fourni est cohérent. Il n’y pas de match où l’on est complètement passé à travers. La première mi-temps à Marignane a été délicate mais on avait bien corrigé. C’est encore perfectible parce que 5e, ça ne suffira pas pour monter mais c’est encourageant.

Photo RC Pays de Grasse

Plusieurs années à échouer dans la course à la montée. Est-ce que dans l’approche de cette saison, notamment cet été, des correctifs ont été apportés pour apprendre de ces erreurs et se dire que cette fois, c’est enfin la bonne ?
On a un effectif plus jeune. C’est un plus techniquement pour répondre aux demandes du coach. Cela favorise le feu au sol et la grinta. Cela nous aidera peut-être à débloquer certaines rencontres décisives.

Mais aussi de l’expérience avec vous et Paulin Puel (fils de Claude), deux joueurs qui ont réellement connu le football professionnel. Qu’apportez-vous ?
La rigueur du monde professionnel. Les joueurs sont tous passionnés, vivent du football mais il y a des détails du quotidien qu’on ne connaît que dans un vestiaire professionnel. Après, on ne se prend pas pour des autres, on aide juste le groupe auquel on appartient.

Comment vous êtes vous retrouvé à Grasse (N2) alors que votre dernier contrat c’était à l’AS Nancy Lorraine, encore en Ligue 2 ?
Cela faisait huit ans que j’étais à Nancy. A l’été 2020, après le Covid, le club avait besoin de liquidités et commençait à vendre ses meilleurs éléments comme Amine Bassi. Je sentais que ça allait mal tourner. Je ne voulais pas descendre avec ce club donc j’ai préféré partir.

Photo RC Pays de Grasse

Et donc Grasse ?
Je cherchais à m’entretenir dans le sud de la France vu que mes parents habitent dans le Vaucluse (il est né à Orange). Un ami m’a donné le numéro du coach. Je me suis entraîné avec eux. A l’hiver 2021, je souhaitais rebondir ailleurs, mais les touches ne se sont pas concrétisées. Alors, vu que ça se passait bien en séance, on a commencé réellement à discuter du projet avec Grasse. Il m’a plu, j’ai trouvé qu’il y avait un bon état d’esprit dans un club sain et structuré donc j’ai signé.

A 35 ans, c’est votre troisième et dernier club ?
Oui oui, je pense.

Donc pour rejouer à un niveau supérieur, il faudra monter…
Tout à fait (rires).

Vous parliez de club structuré, est-ce que cela vous a étonné ?
Je ne connaissais pas le club, donc on va dire que j’ai été agréablement surpris. Je ne compare pas avec l’AS Nancy Lorraine car c’est une autre dimension et qu’il y avait plus de cent salariés. A Grasse, c’est d’une taille moindre mais tout est bien structuré et les rôles sont bien définis. Le président accompagne l’équipe, Thomas Dersy, le directeur général, gère le club au quotidien et le sportif s’articule également bien. Il n’y a pas de doublons. Ce n’est pas donné à tout le monde, même en L2, il y a parfois des personnes dont on ne connaît pas leur fonction au club.

Et le championnat de N2 ?

Sous le maillot de l’AS Monaco.

Je le connaissais depuis quelques années déjà car j’avais joué en réserve avec Monaco. La poule du Sud-Est a toujours été très relevée. C’était bon pour notre formation à l’époque. Ça se confirme encore aujourd’hui, car les équipes qui parviennent à monter ne sont pas ridicules une fois en National. On le voit avec Martigues et Annecy qui se portent bien aujourd’hui par exemple.

Bon, le club de l’Ouest des Alpes-Maritimes, c’est Cannes (N3) ou Grasse (N2) ?
(Rires.) Bonne question. C’est vrai que la rivalité, que j’ai découverte une fois ici, je la ressens plus avec les joueurs qui sont là depuis longtemps. Elle existe réellement. En prenant un peu de recul, cela parait dingue qu’en si peu de kilomètres (12 kilomètres entre les deux stades), il y ait deux clubs de cette ampleur qui annonce rêver de la même chose : jouer en Ligue 2.

Mais économiquement, démographiquement, sportivement, est-ce possible ?
Je ne sais pas, il y a plein de critères qui entrent en jeu et qui nous passent au-dessus à nous, joueurs. Chacun a son histoire, a ses envies, ses pistes de développement mais en regardant bien et en voyant comment se passe le monde professionnel, que ce soit pour les sponsors, les subventions, les jeunes et leur formation… Tu pourrais faire un club énorme finalement.

Un peu comme Evian-Thonon-Gaillard ou Arles-Avignon par le passé ?
Un peu oui. Après, je souhaite aux deux clubs d’y arriver. Et encore plus si c’est Grasse qui y parvient en premier.

Vincent Muratori, du tac au tac

Avec Torben Joneleit, Djamel Bakar et Sylvain Monsoreau à Monaco.

Ton meilleur souvenir sportif ?

La montée en L1 avec Nancy en 2016.

Le pire souvenir sportif ?
La descente en L2 avec Monaco en 2011.

Pourquoi as-tu choisi d’être défenseur ?
Parce que j’aime bien défendre. Je prends plaisir à ça, même jeune ce n’était pas du tout un problème.

Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
Euh… au Vélodrome je pense.

Ton geste technique préféré ?
Le tacle.

Tes qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
J’aimerais aller plus vite et en qualité : l’abnégation.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
A Monaco, la première année (2007-2008).

Le club où tu as failli signer ?

Avec Puygrenier à Monaco. Photo S. H.

A Troyes, quand j’étais à Nancy. Tout est OK le dernier jour du mercato mais finalement le président Rousselot a refusé que je parte.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Monaco, donc c’est fait.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Je suis né dans le Vaucluse donc évidemment le Vélodrome. Toute ma famille est pour Marseille.

Un public qui t’a marqué ?
Le Vélodrome surtout, mais aussi Geoffroy-Guichard et Bollaert. Quand tu joues pour ces clubs, tu reçois un soutien du public qui doit être dingue.

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling (entente dans le jeu) ?
Romain Grange quand il rentrait sur son pied droit et que je pouvais passer dans son dos à Nancy.

Photo S. H.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Bonne question… Bernardo Silva à Monaco.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Guy Lacombe.

Un président marquant ?
Le président Rousselot à Nancy.

Un président à oublier ?
Joker

Une causerie de coach marquante ?

Pablo Correa. Il te faisait des causeries et t’avais qu’une envie c’était de jouer. Pas forcément la bagarre ou le combat mais d’aller sur le terrain pour jouer.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Jean Fernandez (à Nancy). Plusieurs fois, il a demandé aux latéraux de ne pas dépasser le milieu de terrain et aux milieux, en 6, de toucher le moins de ballon possible. Ne me demande pas pourquoi…

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Joker.

Une racontable ?
Lucas Bernardi trouvait que j’avais un sac à dos trop moche pour les déplacements donc il m’a acheté un bagage de luxe. Bon ok, j’avais un pauvre sac à dos mais quand même (rires).

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Clement Lenglet.

Le plus charismatique ?
Lucas Bernardi (Monaco). Il dirigeait tout sur un terrain.

Tes passions en dehors du foot ?
Le VTT …

C’est conseillé pour un sportif de haut-niveau ?
Aujourd’hui et à mon âge oui. Et puis j’ai un électrique.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Intense et plaisir.

Texte : Alexandre PLUMEY / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @AlexandrePlumey

Photos : RC Pays de Grasse, S.H. et DR