National 2 / Patrick Triaud (Angoulême) : « On sera récompensé un jour ! »

Vision à long terme, anticipation, responsabilité sociétale, éducation : le président du club charentais évoque les missions et l’ambition de l’ACFC, ainsi que les moyens mis en oeuvre pour y parvenir.

Par Anthony BOYER / Photos : 13HF et ACFC

« Envahissons Lebon ! » Attention, n’envahissez pas la pelouse, sous peine de sanction, hein, mais envahissez les tribunes du stade Lebon !

« Envahissons Lebon ! », c’est le slogan choisit en 2017 dans le cadre d’une campagne de communication, un domaine que l’ACFC (Angoulême Charente Football-club) maîtrise bien, et où son ton jeune et original lui permet de se démarquer.

« Envahissons Lebon, ça veut dire conquérir le local, explique Pierre-Emmanuel Allard, le (jeune) directeur général de l’ACFC (31 ans), présent depuis 2014. C’est notre objectif. On veut que les gens se disent, « tiens, ça c’est le logo du club de foot d’Angoulême », puis qu’ils se disent « Tiens, ça c’est le logo de l’ACFC », puis qu’ils disent ensuite « J’aime ce logo de l’ACFC ». « Envahissons Lebon », c’est une démarche de fidélisation et d’appartenance.

6e saison d’affilée en National 2

Fin juin 2024. La saison est terminée depuis plusieurs semaines, et la suivante se prépare. En National 2 pour la 6e année consécutive. Déjà. Au club house, Pierre-Emmanuel, « PE » pour les intimes, nous reçoit avec un bon café ! L’occasion d’échanger avec un garçon qui a le sens de la formule, arrivé ici dans le cadre d’un stage, et finalement jamais reparti ! Un garçon touche à tout, qui jongle entre les différentes casquettes, dont celles de directeur général, directeur sportif et responsable de la communication, entre autres. Rien que ça ! « J’ai un rôle multi-fonctions, c’est vrai. Et depuis mon arrivée en 2014, j’ai mis les mains un peu partout. J’ai notamment commencé par la com’. Et si je continue de garder ce volet aujourd’hui, dont l’enjeu est énorme, c’est parce que je pense qu’il faut s’imbiber, s’imprégner des valeurs du club, être présent partout, écouter, comprendre, afin de pouvoir retranscrire tout ça sur les réseaux sociaux. »

Un passé et un record

Patrick Triaud et Pierre-Emmanuel Allard.

Patrick Triaud, le président, est là lui aussi. Le chef d’entreprise – Il est PDG du groupe TDI Services (groupe Altiore), une entreprise experte en maintenance, sécurisation, gestion et administration informatique – a pris les rênes il y a 14 ans maintenant, et malgré un emploi du temps démentiel, il a trouvé un créneau pour nous parler de l’ACFC et balayer le passé, le présent et l’avenir.

Le passé, pour ceux qui s’en souviennent, est certes un peu lointain mais bien présent : Angoulême a longtemps joui d’une belle réputation en Division 2 (16 saisons, la dernière en 1983-84) et a joué en Division 1, certes pas bien longtemps, pendant trois ans, mais tout de même (de 1969 à 1972) ! Il a même fini 4e en 1970, juste après son accession mémorable, marqué par un record qui n’est pas près d’être battu : lors de la saison 1968/1969, l’attaquant Gérard Grizzetti, bien connu à Cannes où il a longtemps « tenu » une plage sur La Croisette (Le Goeland, tenue aujourd’hui par sa famille), a « planté 55 buts en 40 matchs (il a été élu joueur angoumoisin du siècle par La Charente Libre !). Une photo (en noir et blanc) de lui en action orne d’ailleurs l’un des murs de la grande salle du club, comme pour rappeler que le passé n’est jamais très loin. Tout cela inspire le respect et force l’admiration.

18 000 kilomètres en National 2 !

La photo de Gérard Grizzetti, recordman du nombre de buts marqués en D2 avec Angoulême, en 68/69.

On pourrait vous parler d’un second record, mais là, on touche un sujet sensible : savez-vous combien de kilomètres les joueurs de l’ACFC vont parcourir cette saison en National 2 ? 18 000 kilomètres aller-retour. 18 000… c’est à dire une moyenne de 1200 kilomètres par match ! Dingue. C’est la conséquence, « terrible et fragilisante » dixit Pierre-Emmanuel Allard, de la refonte des championnats et aussi du changement de poule. Angoulême devra aller à Cannes, Grasse, Saint-Raphaël, Toulon, Hyères, Marignane, Istres, Saint-Priest, Chasselay (GOAL FC), Rumilly, Jura Sud, pour ne citer que ces clubs-là (Bergerac est dans le même cas). Pas simple.

Quant à 13heuresfoot, Pierre-Emmanuel connaît. En revanche, Patrick Triaud (56 ans), lui, n’en a jamais entendu parler : « Les réseaux sociaux, quand bien même je bosse dans l’informatique, ça me gave », lance-t-il d’emblée, dans un franc-parler qui est un peu sa marque de fabrique. Un comble pour quelqu’un qui a fait de la cybersécurité son métier : « Je tracke les pirates » !

Bien évidemment, nous ne lui en tiendrons pas rigueur, d’autant moins que le chef d’entreprise, toujours « cash » dans ses réponses, connaît dorénavant le site. Autour d’un café et d’une bouteille d’eau, il a accepté de répondre à quelques questions sur le club, qui fut l’un des premiers, sinon le premier, à soutenir publiquement cet été les Girondins de Bordeaux – adversaire en coupe de France la saison passée – après l’accumulation de leurs malheurs. Et cela n’a rien à avoir avec le nom de « Triaud », qui fut longtemps accolé à celui des Girondins, du temps d’un certain… Jean-Louis Triaud. Il s’agit là plutôt d’une marque de respect et de reconnaissance de l’institution dans une même région, en Nouvelle-Aquitaine.

Patrick Triaud :

« L’humain est au coeur du sujet »

Président, nous sommes en période de recrutement (entretien réalisé au début de l’été) : quels sont les critères ?

Patrick Triaud.

Patrick Triaud : « On a dans notre politique de recrutement des passages obligés : un garçon qui vient au club doit forcément passer d’abord entre les mains de Pierre-Emmanuel (Allard) et de David (Giguel), le coach. Moi, je suis le dernier rempart, je suis là pour évaluer l’homme, même si David et « PE » l’ont déjà fait avant. L’idée, c’est d’avoir un regard à 360 degrés sur le « bonhomme ». On n’a qu’une seule envie : engager des gens avec des bonnes intentions et qui ont envie de partager le projet le plus longtemps possible. On fait attention à ne pas faire entrer le loup de la bergerie. C’est pour ça que, façon de parler, on réalise une enquête de voisinage. Le parcours de recrutement chez nous est un peu plus intense et a pour vocation à tout se dire, les droits et les devoirs. Tout cela est formalisé dans une lettre d’engagement, comme ça le joueur sait où il met les pieds et sait ce que l’on va lui donner. Il sait aussi ce que lui doit nous donner en retour. C’est très clair, et cela permet de se tromper de moins en moins. On préfère privilégier l’humain, qui est au coeur du sujet. Ce qui nous intéresse avant tout, c’est « avec qui on voyage et comment on voyage », même si je sais que certains vont nous dire qu’en faisant ça, on aura des joueurs « moins bons »…

Des liens de parenté avec Jean-Louis Triaud, l’ancien président des Girondins de Bordeaux ?

Patrick Triaud : « Mon père est né en Gironde mais on n’a pas cherché plus que ça… Je suis Charentais, je suis Angoumoisin et je vais mourir ici parce j’aime ma Charente. »

« On a bâti lentement, mais sûrement »

Comment vous êtes devenu président du club ?

Pierre-Emmanuel Allard.

Patrick Triaud : « Je suis président depuis 2010, j’étais déjà vice-président entre 2008 et 2010. En fait, on est venu me chercher, trois ans avant, en 2005, car on voulait que je rachète le club, qui venait de déposer le bilan (relégation de CFA à DH). Du coup, plusieurs entrepreneurs ont mis la main à la poche pour le faire repartir. Mon intention de l’époque, c’était de venir avec d’autres entrepreneurs, de laisser les gens travailler, d’aider le club. Mais en 2008, on est à nouveau revenu me chercher car Angoulême était au bord de la disparition. Là, j’ai remis le doigt dans l’engrenage, et depuis, je n’en suis plus sorti ! Le point de départ, ça a été le sauvetage puis de bâtir un club solide, avec des fondations d’entrepreneur, avec un projet, afin de le sécuriser, en s’appuyant sur des gens compétents. Il fallait construire et gérer un budget de manière réaliste, ce que l’on a fait, petit à petit. On a galéré, c’est vrai, mais on a bâti, lentement mais surement : on a remboursé 400 000 euros de dettes intégralement. Quand j’ai repris le club, le budget était en-dessous de 200 000 euros et aujourd’hui on est à 1,8 million, mais on va le baisser un peu cette saison. Pour « grossir » ce budget, je me suis aussi servi de mon réseau, sachant que les collectivités locales ont moins de moyens, même si, chez nous, elles nous accompagnent. On est en bon terme avec elles. C’est une culture ici : on ne peut pas travailler de manière collective ni construire une relation longue si on ne met pas les ingrédients, le respect et la confiance. C’est exactement comme cela que l’on fonctionne avec les collectivités et ça marche, parce que demain, avec le projet de stade, ils seront à nos côtés. Nous, on considère qu’il faut aller chercher l’argent chez les privés, tout en leur proposant une offre de très haute qualité. »

Pierre-Emmanuel Allard : « C’est ça la pierre fondatrice du club sous Patrick Triaud. C’est un rêve qui est devenu une ambition. Tout est parti d’une vision d’un homme. Mais c’est une vision qui a valu dix ans de sacrifices. »

Patrick Triaud : « J’essaie toujours d’être aligné entre ma tête, mon coeur et mes tripes. C’est un axe assez fort chez moi. Je préfère mourir avec mes idées qu’avec celles des autres. »

Allard : « La montée est une conséquence, pas un objectif »

Le stade Lebon.

Puisque l’on parle des partenaires, autres que les collectivités, combien apportent-elles ?
Patrick Triaud : On fait entre 1,1 et 1,2 million d’euros de chiffres d’affaires en partenariat privé. On a commencé avec un club entreprises de 20 partenaires, aujourd’hui on est entre 250 et 300 ! C’est l’axe de notre développement. Il y a un terreau. Tout ce que l’on fait, c’est pour pérenniser la structure, surtout si un jour on a le bonheur de monter en National. On est dans une logique de se dire « OK, on sera prêt demain » si jamais ça nous arrive, même si on sait que sortir de ce National 2 va être extrêmement compliqué.

Pierre-Emmanuel Allard : « En fait, la montée est une conséquence, pas un objectif. »

Président, quel est votre attachement au club ?

Patrick Triaud : « J’ai joué au foot à Angoulême, jamais plus haut qu’en équipe réserve, en DH, mais ça m’a marqué, et j’ai pensé que c’était important de rendre la monnaie de la pièce, comme on dit. »

Concrètement, quelle serait ou quelle doit être la place d’Angoulême sur l’échiquier du foot français ?

Dans le club-house…

Patrick Triaud : « D’abord il faut rappeler qu’Angoulême est une ville de 45 000 habitants, et avec l’agglo, on est 130 000. Ensuite, certes, Angoulême a joué en pro, et a même connu la Division 1, mais ça remonte déjà aux années 70. Angoulême, c’était plutôt un club de Division 2 avant. Après, il y a eu des dépôts de bilan, en 1997 et en 2005. Ce qui, de l’extérieur, donne une vision d’un club pas stable.

Je pense aujourd’hui que la place naturelle du club, ce serait de retrouver le National. Mais dans les conditions dont je vous ai parlé avant, c’est-à-dire en préparant en amont, en pérennisant, et non pas en arrivant comme ça, la fleur au fusil. C’est là-dessus que l’on travaille. Mais cela ne pourra pas se faire sans des infrastructures rénovées. »

« On a besoin de franchir un palier »

Justement, à propos des installations, où en est-on du projet d’évolution du stade : récemment, le Département, l’Agglo, les villes d’Angoulême et de Soyaux ont évoqué une mutualisation des deux stades, Chanzy et Lebon…

Pierre-Emmanuel Allard : « On a plusieurs formules possibles. La première, c’est la mutualisation des deux stades, celui du rugby, Chanzy, qui jouxte le stade Lebon, et les deux clubs, le SA XV (Soyaux Angoulême) et l’ACFC, jouent en compétition dessus; à la place de la tribune latérale, qui est démontable, serait construite une tribune en dur afin de permettre d’offrir de nouvelle offres commerciales aux partenaires. La deuxième formule, c’est que chacun reste chez soi, et le projet annoncé en 2023, au stade Lebon, avec la rénovation de la tribune Nord, et bien on le fait comme prévu au départ, avec une vie sept jours sur sept, un restaurant… Enfin, les collectivités réfléchissent aussi à une troisième possibilité : ça serait de faire une tribune mutualisée entre les deux stades, qui sont mitoyens, dans la perspective d’arriver peut-être un jour à Chanzy. Voilà les trois possibilités.

Le stade Chanzy accueille l’équipe de rugby de Pro D2 du SA XV.

Patrick Triaud : « Les discussions sont en cours. Quel que soit le projet choisi, il nous fera de toute façon franchir un gros palier. Et on a besoin de ça. C’est une vision politique, c’est nos politiques qui mouillent le maillot là. Les deux projets ont des avantages, mais aussi des manques. On va voir si on mutualise aussi la gouvernance. Une chose est sûre : il faut que l’on soit capable de proposer une très belle expérience à nos spectateurs, sinon on ne valorise rien. Il nous faut des moyens et on va aller les chercher. C’est l’objectif que je me suis fixé. Le club a quitté le National en 2004. C’était il y a 20 ans. On avait fait une étude sur des critères purement socio-démographiques : on était 121e ville en France, par contre, on avait des villes plus petites que la nôtre qui étaient quand même en Ligue 2, donc on s’est dit « c’est possible ». Mais attention, on ne fanfaronne pas trop : ce n’est pas parce qu’on décide de monter qu’on y arrive tout de suite, ça ne marche pas comme ça dans le football. »

« Angoulême doit être en National un jour »

Même en National, qui s’apparente à une petite Ligue 2 aujourd’hui, le club pourrait tenir ?

Patrick Triaud : « Oui, Angoulême pour moi doit être en National un jour. On travaille pour ça, c’est le projet à court terme, deux ou trois ans, et après, on se fixera d’autres objectifs, et arrivera ce qui arrivera. »

Pierre-Emmanuel Allard : « Ce qui est important, c’est le projet. Nous, on est au service de tout ça, on est juste de passage, c’est pour ça qu’il faut se poser les bonnes questions : qu’est-ce qu’il y a de mieux pour la ville, pour la collectivité ? Je prends l’exemple de Limoges, qui a un stade de dingue, avec Beaublanc, mais ils sont au niveau Régional. Quel dommage. »

« Avec le rugby, on est en train de créer une relation »

Où en êtes-vous en termes d’affluence à Lebon ?

Angoulême est célèbre pour son festival de BD.

Patrick Triaud : « On est entre 700 et 1000 le soir de match. C’est trop peu à notre goût. Mais en National 2, on est un des plus gros. C’est vrai qu’à côté, le rugby cartonne, ils font parfois 6000 ou 7000, et en moyenne 4000. »

La concurrence du rugby, avec le SA XV qui évolue en Pro D2 ?

Pierre-Emmanuel Allard : « On voit le rugby comme un partenaire qui nous ouvre beaucoup de portes, de par le fait qu’ils ont retracé le chemin du sport professionnel en Charente. Le rugby montre aux chefs d’entreprises l’importance et l’apport de miser dans le sport. Aux collectivités de montrer l’impact que cela a sur le territoire. »

Patrick Triaud : « C’était deux projets qui vivaient chacun de leur côté, mais avec des connexions, parce que Didier Pitcho (le président de Soyaux Angoulême XV) est un chef d’entreprise que je connais, et je connais beaucoup d’autres chefs d’entreprises aussi, dont certains sont partenaires à la fois du SA XV et de l’ACFC, parce qu’on est une petite ville. C’est pour cela que, depuis quelques mois, on regarde si on peut travailler ensemble, mener un projet en commun, avec une synergie à développer. »

« Le rugby a une image positive, oui mais… »

Allez-vous au rugby ? Et vice-versa ?

Patrick Triaud : « Bien sûr, je vais au rugby. Et quand on a reçu Bordeaux en coupe de France, l’entraîneur du SA XV était là, le directeur sportif aussi. J’ai été partenaire du rugby par le passé et je le serai à nouveau cette saison. Et vice-versa, Didier Pitcho était partenaire de l’ACFC jusqu’à il y a deux ou trois ans. »

Pierre-Emmanuel Allard : « En fait, il n’y avait pas de mauvaise entente, simplement, il n’y avait pas de relation. Et on est en train de créer ça. C’est juste le hasard, avec deux hommes, arrivés avec deux visions, Didier, au rugby, ancien joueur du RC Soyaux, qui a oeuvré pour la fusion (effective depuis 2010) avec le SC Angoulême, et Patrick, au foot, qui sont deux chef d’entreprises. »

David Giguel, le coach de l’ACFC en N2, depuis 2021. Photo ACFC.

Patrick Triaud : « On a aussi le football féminin à Soyaux, on a voulu se rapprocher en 2019, mais cela a échoué. Pour en revenir au rugby, c’est un sport avec moins de divisions; beaucoup de municipalités privilégient aussi ce sport parce que les budgets, à échelon égal que le foot, sont moindres. Et il y a autre chose aussi : le rugby a une image plus positive en termes de valeurs, même si c’est une idée que je ne partage pas forcément. Bien sûr que le rugby dégage des valeurs, mais le foot amateur aussi, à 95 %, parce que malheureusement, il y a 5 % d’idiots. »

Pierre-Emmanuel Allard : « Le foot a 40 ans d’avance en matière de professionnalisme. Le rugby, c’est récent, ça date de 1995/1996, et on voit d’ailleurs que les frasques commencent à arriver, qu’il y a aussi le phénomène de starification qui s’installent, qu’il y a des bad buzz aussi. »

Patrick Triaud : « Les politiques devraient miser sur le football « populaire » entre guillemets, pour tirer les gamins vers le haut, les éduquer, leur donner des moyens pour qu’ils ne dérivent pas. C’est aussi pour cela que l’on investit sur la formation à l’ACFC. »

Pierre-Emmanuel Allard : « En lançant en septembre notre académie ACFC, qui est un outil formidable, on s’est dit aussi que l’on pouvait apporter quelque chose à côté du foot, avec des activités culturelles, de l’aide au devoir et du sport en général, en croisant le chemin de l’ACFC. Et puis si certains s’inscrivent un peu plus dans le projet foot, tant mieux. Là, pour l’instant, on répond à une attente des parents, le mercredi apres midi. »

Plus d’infos sur l’académie : https://acfcfootball.net/ouverture-de-lacademie/

Quid du niveau de la formation chez les jeunes ?

Pierre-Emmanuel Allard : « On est en Régional 1 chez les jeunes. On essaie d être cohérent, tant chez les jeunes que chez les seniors : on essaie avant tout de former des jeunes angoumoisins et des jeunes angoumoisines, de les aider à trouver une place dans le club, dans un rôle ou un autre. Ici, le problème c’est qu’au delà de 17 ans, nos jeunes partent faire leurs études à Bordeaux ou Poitiers, et encore, s’ils ne sont pas recrutés, pour les meilleurs, par les meilleurs clubs. On aimerait quand même monter un jour en 17 nationaux avec des jeunes charentais. »

« On a une responsabilité sociétale »

Comment décririez-vous votre club ?

Patrick Triaud.

Patrick Triaud : « Le club, si je le résume (il réfléchit), c’est un club à mission, qui a une responsabilité sociétale. Pour remplir cette mission, il va s’appuyer sur trois piliers : le sport de haut niveau; la formation et l’éducation, qui vont ensemble; et l’inter-connection entre tous les mondes (politique, associatif, entrepreneurial, économique, social, éducatif) au coeur de la cité, parce que ce sont des mondes qui ne se parlent pas toujours. C’est pour ça que je dis que le club a une mission. Je sais, c’est un peu à la mode, on entend beaucoup parler de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), mais on doit garder une seule valeur centrale : l’homme. C’est lui qui doit être au coeur du sujet. Qu’il soit joueur, éducateur, dirigeant, bénévole, salarié, etc.

On est un club avec des valeurs familiales et aussi avec des valeurs de sérieux. Il y a une exigence qui est posée, parce que la bienveillance sans exigence, c’est de la complaisance. Et L’exigence sans la bienveillance, c’est de la maltraitance. Nous, on est dans la bienveillance. On veut que l’institution soit respectée. Que le projet soit compris et partagé. On a lancé une initiative autour de l’académie, elle doit être le véhicule de tout cela. Un garçon qui va rentrer chez nous, quelque soit son âge, son rôle, il doit être meilleur humainement en sortant. On va essayer d’adapter un parcours pour ces jeunes, de les faire grandir, de les former, en partant du primaire jusqu’à bac + 2, dans le respect des valeurs de la République. »
Pierre-Emmanuel Allard : « Le foot est le seul outil qui réunit les gens malgré leur différence. Alors, ça ne dure qu’un temps, qu’un instant, certes. Mais on ne trouve ça nulle part ailleurs. »

Un mot sur la communication du club : à l’ACFC, elle est … originale et différente. C’est une volonté ?

Patrick Triaud : « On est authentique. On est dans la vérité. On a même vu des clubs nous copier ! Et c’est très bien. Ce que l’on veut, par exemple, quand on dit « Envahissons Lebon », c’est communier, partager. On n’a a jamais dit « La Ligue 2, c’est demain », on essaie d’être différent, c’est culturel au club. »

« Le passé ne nous freine pas, on s’en inspire »

Etes-vous nostalgique des années 70/80 ?

Le stade Lebon. Photo ACFC.

Patrick Triaud : « (catégorique) Non. À Angoulême, comme ailleurs, y’a des gens qui disent « c’était mieux avant »… Nous, on a une vision très claire des choses, de l’endroit où l’on veut aller et de comment et avec qui y aller. Le passé doit nous inspirer. Je suis là parce que j’ai joué ici, je viens du « passé », mes meilleurs amis sont des footeux avec lesquels j’ai joués. Je n’oublie pas ça, ce sont mes racines. Le passé est important pour moi. Ce sont mes fondations. Le foot m’a éduqué. Mais ne suis pas nostalgique. Je suis inspiré. Je veux que les gens respirent l’humain, qu’ils s’aiment. Je veux faire quelque chose de beau ici. J’ai besoin de ça.

Cela fait 16 ou 19 ans que je suis là, sans compter mes années de joueurs, qui représentent plus de 15 ans : à 19 ans, je suis venu jouer ici, en équipe B, jusqu’en DH à 32 ans, j’étais avant-centre; puis je suis allé dans les clubs voisins. J’ai été entraîné par Hervé Goursat (l’un des « historiques » du club) ! Donc au total, toutes ces années au club, ça fait 2/3 de ma vie. Le foot m’a porté. Ce que j’ai lancé dans mon entreprise, il m’a semblé que c’était opportun de faire pareil dans le foot.

Vous savez, les entrepreneurs ont besoin de challenge, je ne déroge pas à ça, je me nourris de ça, parce que j’aime bâtir, j’aime créer des choses de manière collective. Ici j’ai une équipe solide, avec Pierre-Emmanuel, avec Pauline pour le club entreprises, deux personnes jeunes, avec lesquelles je partage les valeurs et la vision. Et avec tous les autres. On est sur la bonne voie. On sera récompensé un jour. »

Pierre-Emmanuel Allard : « Le passé pèse positivement et négativement. Il ne faut pas que cela soit un boulet. On ne doit pas l’oublier. Simplement, il faut trouver un équilibre, entre respect et humilité, et inversement, il faut innover et développer, ce n’est pas facile, surtout quand on reprend un club. Cela nécessite de faire des choix. Parfois douloureux. Parfois, on fait bouger les meubles pour le bien du club, parce que l’environnement bouge. »

Patrick Triaud : « Le passé ne nous freine pas. On s’en inspire, on s’est reconnecté, on a reçu l’ensemble des joueurs qui ont joué au club, en mars dernier, il y aura des liens. Vous savez, quand vous menez un projet dans lequel vous êtes assez ferme sur certaines valeurs comme l’engagement, l’exigence, etc., forcément, certains ne s’y retrouvent pas, donc il y a eu une scission, c’est vrai. Il ne faut pas le cacher. Là, le 12 septembre 2025, le club aura 100 ans, on va faire quelque chose. Il faut respecter le passé mais il faut aussi respecter ce qui se créé. »

Pierre-Emmanuel Allard : « On a retrouvé un club pillé quand on est arrivé, qui venait de traverser deux dépôts de bilan et il n’y avait pas beaucoup de monde présent pour aider à reconstruire… Après, plus ça devient solide, plus les étages sont grimpés, plus les gens adhèrent et nous aident, mais ce n’est pas évident. On a un noyau d’anciennes gloires dans le Grand Angoulême, ravis de répondre présents quand on organise des manifestations, ils sont les premiers à reconnaître le travail que réalise Patrick, mais aujourd’hui, le foot demande une énergie telle qu’il ne leur est plus possible de s’investir, de retourner dans le milieu. »

Patrick Triaud : « C’est ce que je vous disais, cela fait 16 ans que je suis président, quand il y a un choix à faire entre le foot ou des repas de famille ou des anniversaires, et bien c’est le foot qui passe en premier…  »

Lors des deux premières journées de National 2, l’ACFC a fait 1-1 sur le terrain des Genêts d’Anglet (journée 1) avant de s’incliner 2 à 0 à Lebon face à Hyères (journée 2)..

 

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : 13heuresfoot et ACFC

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