National 2 : non, Toulon n’est pas moribond !

Pendant que le club phare du Var, qui a connu les grandes heures de la Division 1, végète en championnat, l’association poursuit dans l’ombre son développement et sa politique sportive chez les jeunes. Rencontre avec trois acteurs majeurs du nouveau bateau « Sporting » !

On aurait pu vous parler, dans les grandes largeurs, de cette saison sportive pour l’heure très décevante en National 2. La quatrième consécutive à ce niveau après un bref passage en National, lors de la triste saison 2019-20, avortée pour cause de Covid, alors que le Sporting gisait en queue de classement.

Qu’il est loin le temps où le stade Bon Rencontre vibrait avec 8000 spectateurs et fêtait une accession en National (en mai 2019) après un succès 3 à 0 des joueurs de Fabien Pujo face à Mont d’Or Anse Foot (ex-Chasselay) !

Face à Marignane, pour le premier match à domicile de l’année 2023, et pour le dernier match de la phase aller, ils ne sont pas très nombreux à garnir ce stade qui ne demande pourtant qu’à vibrer. Mais combien sont-ils exactement ? 400 ? 500 ? Toulon ne mérite pas ça. Toulon mérite beaucoup mieux. Mais Toulon est en souffrance.

Quand les supporters débarquent dans les vestiaires !

Face à Marignane, un nul n’aurait pas constitué un mauvais résultat compte tenu de la prestation moyenne des joueurs d’Eric Rech, déjà le 5e coach à officier sur le banc en un peu plus de 3 ans et le limogeage de Pujo, le héros de la montée (Victor Zvunka, l’historique Luigi Alfano pour une énième pige, Ludovic Batelli et Michel Poinsignon sont passés par là ensuite).

Mais ce soir-là, le Sporting a fini par concéder une 8e et nouvelle défaite (0-2), provoquant la colère des derniers supporters, venus au coup de sifflet final jusque dans les vestiaires des Azur et or (!) pour réclamer des comptes. Surréaliste. A Toulon, même quand il ne se passe pas grand chose, il se passe toujours quelque chose !

Nassim L’Ghoul

Le Sporting vient déjà de piquer, malgré lui, sa première crise de l’année. Le président de la SASP qui gère l’équipe fanion, Claude Joye, ne s’est pas défilé et a rencontré la quarantaine de supporters, avant, dans la foulée, de provoquer une réunion de crise, à l’issue de laquelle l’entraîneur Eric Rech a été conforté dans ses fonctions. Rech, qui dira à propos des événements : « Cela fait 30 ans que j’entraîne et je n’avais jamais vu ça ».

La semaine suivante, pour la première journée de la phase retour, les Varois de l’ouest décrochaient un match nul 2-2 chez les Varois de l’est, à Fréjus/Saint-Raphaël, et repartaient de ce derby avec un peu plus de certitudes quant à leur qualité mentale et leur capacité à rebondir : menés 2 à 0, ils sont parvenus à revenir dans le match grâce à un doublé en fin de rencontre de leur goaleador Abdou Diallo, de retour au club l’été dernier après une saison énorme à Andrézieux (18 buts l’an passé).

Mercato : Fourrier retrouve Rech

Eric Rech, le coach de N2.

Le Sporting est-il sur la bonne voie ? Il faut l’espérer car la lecture du classement peut faire peur : 12e (sur 16), l’équipe est première relégable puisque, réforme fédérale oblige, 5 équipes descendent par poule, et même 6 dans deux des quatre poules de N2. Nul besoin de grand discours. D’ailleurs, Marcel Dib, le nouveau directeur sportif, arrivé sur les bords de la rade l’été dernier après six saisons dans un rôle identique à Aubagne (N3 puis N2), n’en a pas fait. Dans l’entretien qu’il nous a accordés, l’ancien international n’a pas caché sa déception devant la tournure des événements mais s’est aussi voulu résolument optimiste quant à la suite de la saison : « Je sens une amélioration » a-t-il dit.

Cela demande confirmation samedi face à Sète, lanterne rouge. Le Sporting n’aura pas le droit à l’erreur à Bon Rencontre où il n’a gagné que deux fois cette saison en sept matchs et où il s’est déjà incliné à quatre reprises. Dit comme cela, on peut comprendre la colère des supporters après Marignane sans pour autant cautionner leur acte. C’est aussi pour inverser cette spirale infernale que les dirigeants ont enrôlé hier soir l’attaquant de Moulins-Yzeure (N2), Bertrand Fourrier, passé la saison passée par Le Puy (N2), club avec lequel il a accédé en National (il a aussi évolué à Aubagne, sous les ordres d’un certain… Eric Rech).

Un club qui a une histoire, une âme

On aurait donc pu vous parler uniquement du volet sportif du Sporting, mais un grand tour du propriétaire dans les locaux du club, situés sous l’une des trois tribunes du stade Bon Rencontre, a fini de nous convaincre : Toulon est un « putain » de vrai club. Et en coulisses, n’est pas si moribond que le classement de son équipe fanion peut le faire penser.

Sporting-café, boutique, musée, bureaux, salles de réunion, salle de fitness, locaux customisés, chambres pour les pensionnaires du centre d’hébergement (18 places), salle de vie : c’est tout simplement digne d’un club professionnel.
Et puis il y a l’histoire. Elle est partout. Sur les murs, avec ces photos d’époque et ces articles jaunis. Derrière les vitrines du musée, et même sur les fauteuils, aux couleurs traditionnelles du club, azur et or ! Sans oublier l’emblème, la rascasse !

Il n’y a pas que le stade, à l’anglaise, qui possède une âme : elle transpire aussi dans les locaux, ou Yann Bodenes, président de l’association depuis l’automne 2019, et Guillaume Deville, ex-président de l’association et aujourd’hui directeur opérationnel, véritable lien entre les amateurs et la SASP, sont nos interlocuteurs d’un jour. Ravis de parler de « leur » sporting (Guillaume est Toulonnais, Yann est originaire de Grimaud mais a joué au Sporting, avant d’oeuvrer à La Valette et au Las). Ravis aussi d’évoquer la formation, les satisfactions et les points noirs. Ravis, surtout, de nous contredire sur un sujet : « Non, le Sporting n’est pas moribond ! » On a dit ça, nous ?

A l’asso : « Notre ambition, c’est de faire de la formation »

Yann Bodenes (à gauche) et Guillaume Deville.

Revenons en arrière : en 2016, le Sporting Toulon Var fusionnait avec son voisin, Toulon Le Las : près de 7 ans après, la fusion est-elle digérée ?
Guillaume Deville : A force de remplir des dossiers administratifs, je connais la date par coeur ! C’est le 7 juin 2016 qu’a vu la naissance du nouveau club, né de la fusion entre Toulon Le Las et le Sporting Toulon Var, pour devenir le Sporting-club de Toulon, son nom d’origine : c’était d’ailleurs une des conditions sine qua non pour Claude Joye, le propriétaire de la société. Pour lui, c’était fondamental de reprendre ce nom-là. Après, cette fusion, elle est tout sauf compliquée. Tout le monde nous prédisait la « guerre », les conflits entre les anciens dirigeants du Las et les anciens du Sporting Toulon Var, et finalement il s’est passé tout le contraire, pour une raison simple : on parle une seule et même langue, le football ! Donc ça s’est bien passé. On a dû quand même faire des choix par rapport à toutes les équipes des deux clubs. Yann (Bodenes) était encore entraîneur au Las quand les deux clubs ont fusionné. Pour la partie associative, on a eu une coprésidence pendant 3 ans, partagée entre un membre de chaque club, Marc Chiapello pour Le Las et moi-même, afin de remettre en équilibre le nouveau bateau sporting. Marc Chiapello ayant pris du recul, on a placé Yann (Bodenes) à la tête de l’entité : il a une légitimité sportive, il a connu le Sporting quand le club était professionnel, il a même été pensionnaire au centre de formation, il est « ultra-diplômé ». C’est la caution sportive de la formation toulonnaise.

La fameuse rascasse !

La fusion a-t-elle boosté les effectifs ?
Guillaume Deville : Oui, mais on a ensuite dû réduire la voilure, c’était difficile d’absorber tout le monde. Et puis dans toute fusion, il y a des gens qui ne s’intègrent pas au projet, si bien que la deuxième année, on a eu une baisse.

Là, on est 704 contre 956 la saison passée, mais c’est un choix, on a pris le parti de faire de la qualité après avoir fait de la masse en foot à 11. On a changé notre fusil d’épaule. Parce qu’à Toulon, la vocation est de faire de la formation de qualité, de former des jeunes et d’essayer de présenter des équipes dans les meilleurs niveaux de championnat possibles. On a donc limité volontairement cette saison, afin de privilégier la qualité au niveau de l’école de football. En fin d’exercice, on devrait finir entre 750 et 800 licenciés.

En décembre dernier, le centre d’hébergement réhabilité, à l’endroit même de l’ancien centre de formation, a été inauguré.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
Guillaume Deville : Comme le site du Las a disparu au profit de Toulon Elite Futsal et du rubgy à XIII, c’est là notre principale difficulté : les terrains d’entraînement, et la gestion des plannings.

Yann Bodenes : Et puis aussi, avant, il n’y avait que trois championnats régionaux, or maintenant, on a des championnats régionaux dans toutes les catégories d’âge, en U14, U15, U16, U17, U18 et U20. Et en plus, on a conservé au moins deux équipes par génération, et même trois parfois. Donc c’est problématique pour les plannings.
Guillaume Deville : On n’a pas de coeur de vie, comme un centre avec des terrains autour. En nombre de licenciés, on a touché notre plafond de verre la saison passée.

Comment cohabitent l’asso et la SASP ?
Guillaume Deville : Par convention, on partage les même locaux administratifs à Bon Rencontre, sous la tribune où se mettaient à l’époque nos supporters, mais celle-ci est actuellement fermée. On l’a ouverte deux fois en National, pour les supporters du Red Star et de Créteil, en 2019-2020, mais à chaque fois, cela nécessite des moyens humains, 12 personnes. Cette tribune abrite l’ancien centre d’hébergement du centre de formation historique du Sporting, qui a été réhabilité récemment et inauguré le 10 décembre 2022. Il reste quelques travaux à prévoir avec d’autres bureaux administratifs, pour bénéficier de plus de place encore. C’est paradoxal mais plus on a de la place, plus on en a besoin !

Et les relations entre les deux entités ?
Yann Bodenes : les deux structures sont très fortement imbriquées, à tel point, d’ailleurs, que dans le langage de tous les jours, ici, à l’asso, quand on dit « président », on pense « Claude Joye ». Heureusement qu’on l’a… Dans tous les clubs où je suis passé, j’ai toujours connu les difficultés à cette période de l’année, quand ils attendent les subventions vers mars/avril, mais ici, à Toulon, non, car on a cette chance d’avoir cet actionnaire majoritaire, Claude Joye, qui permet au Sporting d’avoir une certaine stabilité.

Guillaume Deville : Claude Joye a mis en place une méthode de management avec un CODIR qui dirige, et un COPIL. Moi, je fais l’opérationnel sur les deux structures, car tout est lié. Si l’asso coule, façon de parler, la SASP a une obligation de la soutenir, il doit y avoir un équilibre entre les deux structures, aux entités juridiques bien distinctes.

Yann Bodenes : Pour ce qui est de l’asso, le budget de fonctionnement oscille entre 700 et 900 000 euros en fonction des saisons. L’an passé, on a un peu trop grossi à cause de la Covid, on ne s’en est pas rendu compte, on a eu une grosse charge d’équipes inscrites en championnat. C’était une saison de transition. Et puis on a subi toutes les augmentations, multipliées par 11 équipes. On a une présenté une équipe dans tous les championnats de Ligue : d’ailleurs, on est un des rares clubs à être représenté partout à ce niveau, en féminines, en futsal. Mais malheureusement, on n’a plus nos U19 Nationaux qui sont descendus la saison passée, et notre objectif d’avoir une équipe en U17 Nationaux n’a pas été atteint, nos U16 R1 ayant terminé 2e derrière le Cavigal Nice. On n’est pas passé loin, et aujourd’hui, le Cavigal est 4e avec deux joueurs qui étaient chez nous l’an passé et que l’on avait recruté pour monter, qui dormaient là, au centre d’hébergement, comme à l’époque du centre de formation. Cette année on est leaders en U17, avec cette génération là. Par ailleurs, l’an passé, sur 9 finales de coupe du Var possibles, le Sporting en a disputées 6 et a gagné les 6, c’est du jamais vu !

Claude Joye, l’actionnaire majoritaire et président de la SASP Sporting-club de Toulon.

Le Sporting a-t-il une politique ambitieuse pour les féminines ?
Yann Bodenes : Les féminines évoluent en Régional 1, on nous vend la création de la Division 3, ok, mais tout ça coûte de l’argent. On a investi cette saison mais apparemment beaucoup moins que les autres, je pense à Cannes et Monaco… On n’a pas les moyens de jouer en D3. On n’est pas prêt. Quand je suis revenu au Sporting pour entraîner la réserve, en 2016-2017, on avait l’équipe une en CFA, l’équipe II en CFA2 et la D2F, c’était énorme en termes de déplacements et de coûts. Là, les filles sont 10es sur 12, on ne devrait pas descendre, mais bon… On a quand même fait venir des joueuses de l’extérieur, c’est pour cela que l’on mène une réflexion là-dessus : aujourd’hui, l’ambition du Sporting, c’est de faire de la formation, et on en fait de la très bonne au niveau des jeunes filles, sauf que le gap est un peu dur à franchir quand elles passent en seniors.

Le stade de Bon Rencontre.

Et le futsal ?
Yann Bodenes : On a du futsal aussi, et en termes financiers, c est comparable au secteur féminin, voire plus, et ça déteint sur la professionnalisation du foot féminin, car la Fédération tend vers cela. On a recruté un coach de futsal (Mustapha Mesgguid), qui était adjoint quand Toulon Elite a été champion de France en 2019. C’est une référence, des joueurs sont venus pour lui. On a créé les seniors futsal y a 3 ans, on est monté immédiatement de Départemental 2 en D1, et là on est en régional, avec un objectif de maintien cette saison. Là aussi, on verra, soit on joue la montée, soit on joue au niveau départemental.

Guillaume Deville : Le futsal évolue dans un championnat où l’on ne doit pas rester longtemps, un peu comme le National en seniors. Et ne perdons pas de vue que l’association a pour but de promouvoir la formation.

Dans l’organigramme des éducateurs, on retrouve certains anciens joueurs…
Guillaume Deville : Oui, on a par exemple Marc Zanotti et Michaël Rebecq qui s’occupent respectivement des U18 et des U20. On a aussi Luigi Alfano et Franck Luccini, le nouveau directeur technique, intronisé à ce poste après l’audit réalisé par Jean Tigana à son arrivée (avec Christian Damiano et Richard Bettoni), car on s’est aperçu qu’il fallait quelqu’un à plein temps pour gérer tout ça. Luigi (Alfano), lui, est à la cellule recrutement/supervision. On a aussi John Mendy, qui a touché un peu à la D2 à la fin des années 90, et Samir Ben Hassine, qui a joué au Las. Enfin, je n’oublie pas les anciens joueurs emblématiques de Toulon, Marcel Dib, qui occupe le poste de directeur sportif à la SASP depuis l’été dernier, et Jean-Marc Ferreri, au développement.

La concurrence à Toulon ?
Yann Bodenes : Des gens nous raillent et nous appellent le Sporting Toulon Est, parce que l’on est implanté à l’Est de Toulon. On s’attelle à régler ce problème et c’est à nous de changer cette image, d’ailleurs, Franck Luccini a bien identifié le problème et travaille là-dessus. En fait, dans les petite catégories, U6, U7, U8 et U9, on n’attire pas tout le public de Toulon, et je ne parle même pas de Toulon Provence Méditerranée (l’agglomération), mais essentiellement les enfants de l’endroit où l’on est implanté, à Toulon ouest; ça portera ses fruits mais ça prendra du temps. Après, on a de la concurrence, il y a aussi beaucoup de clubs autour qui ont progressé, qui travaillent très bien. Mais on voudrait quand même que les enfants toulonnais, quand ils veulent faire du foot, viennent au Sporting-club de Toulon.

Marcel Dib (SASP) : « On pensait jouer le haut de tableau »

Marcel Dib (62 ans) a connu les grandes heures du Sporting ! Il a même participé à l’accession en Division 1, l’ancêtre de la Ligue 1, dès sa première saison varoise, en 1982-1983.

Le club y séjournera dix ans de suite, avant de littéralement tomber aux oubliettes, malgré un ultime sursaut en 1996 avec un retour en Division 2, pendant deux saisons.

Pendant ce temps, Marcel Dib, lui, se construit un beau palmarès, à l’AS Monaco notamment (huit saisons, de 1985 à 1993), où il devient international (6 sélections), puis à l’Olympique de Marseille, dans sa ville natale, pour l’opération « remontée » lorsque le club phocéen fut rétrogradé en D2. Une fois la mission remplie, Marcel Dib met un terme à sa carrière : il a alors 35 ans et devient directeur sportif de l’OM.

« J’ai une histoire avec cette ville, ce club »

L’été dernier, à la demande de Claude Joye, le président de la SASP Sporting club de Toulon, il a rejoint la rade et quitté Aubagne, où il occupait le poste de directeur sportif depuis 6 ans. Exit le trio Tigana-Bettoni-Damiano. Place à Marcel Dib. « Après l’OM, j’avais arrêté le foot, je me consacrais à mes affaires (il a tenu une brasserie, le Dib’s café, dans un centre commercial de La Ciotat, et aujourd’hui, il tient une paillotte, le Tiki beach, sur la plage à Saint-Cyr-sur-Mer), et puis j’ai remis un pied dedans en 2014, à Aubagne. Auparavant, j’avais donné un coup de main à Michel Scotto, quand il était président de l’AS Cannes, en National, mais il a vendu le club en 2009, donc on n’est pas allé plus loin. »

Sa venue à Toulon ? Il assure que c’est Claude Joye qui l’a convaincu : « Je venais de temps en temps voir des matchs du Sporting, le club de mon club de coeur. Je n’oublie pas que c’est ici que j’ai signé mon premier contrat professionnel et qu’on est monté de D2 en D1. J’ai quand même une histoire ici, avec cette ville, ce club, j’ai effectué l’armée à l’arsenal, il y a les liens du coeur. Et puis, j’ai pensé que c’était une façon de boucler la boucle. Il y a une histoire dans ce club. C’est le club d’une ville qui aime le football. Pour moi, dans le Var, c’est ici, à Toulon, que le football doit se passer. On est dans une ville sportive, où les gens aiment le foot, le hand, le rugby, où les gens aiment le sport. On faisait 14 ou 15 000 spectateurs déjà de mon temps, quand le Rugby marchait bien à l’époque des Gallion, Herrero, Dominici, etc. Il y avait deux grandes équipes à Toulon. Mais je pense que c’est quand même une ville de foot : si le Sporting retrouve le monde pro, vous verrez qu’au centre de formation, il y aura des jeunes d’un peu partout, et au stade, ça repartira, on aura du monde à Bon Rencontre, et peut-être que les infrastructures suivront. »

« Jouer à Bon Rencontre, ça devrait être un plus »

Depuis le début de saison, le Sporting déçoit. Il reste une seconde partie à bien négocier : le nul enregistré à Fréjus/Saint-Raphaël, dans le derby varois (2-2), doit servir de détonateur et lancer une série : « Oui, on est déçu de la première partie de saison, on est déçu du classement. On pensait jouer le haut de tableau même si on se doutait que cela ne serait pas facile, car il y avait encore le traumatisme de la saison passée, quand le club a failli descendre. Les joueurs ont été affectés. Et puis, on s’est aperçu qu’à Bon Rencontre, ils n’étaient pas libérés, qu’ils avaient les pieds qui tremblaient quand il avaient le ballon, alors qu’avant, c’était une force de jouer à domicile; ça devrait être un plus de jouer à Bon Rencontre, où personne ne venait gagner avant. Mais là, depuis le début de l’année, on sent tout de même une amélioration, un meilleur état d’esprit. Aujourd’hui, l’objectif est de remonter au classement, de faire revenir le public au stade. J’aimerais que les gens se reconnaissent dans cette équipe, qu’ils voient des buts. Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que ça s’est mal goupillé en début de saison. On a pensé que la machine allait démarrer et à chaque fois, y’a eu un grain de sable. On est dans une situation délicate. Il n y a qu’une seule solution : gagner des matchs. »

Cela passe par un succès contre Sète samedi. C’est si simple à écrire…

Marcel Dib, du tac au tac
« Je suis un directeur sportif qui aime ses joueurs ! »

Meilleur souvenir sportif ?
La victoire de la finale de la coupe de France

Pire souvenir sportif ?
La finale de coupe d’Europe perdue contre le Werder de Brême à Lisbonne… On devait disputer la finale de la coupe de France le samedi suivant, mais il y a eu le drame de Furiani…

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
Parce qu’à 7 ou 8 ans, chez moi, dans mon immeuble, y’avait un mur, je jouais seul au ballon, et puis on m’a décelé un don pour le foot et j’ai pu réaliser mon rêve de devenir professionnel; ça a mis un peu de temps mais j’y suis arrivé. J’ai vu vers 10 ou 11 ans que je faisais partie, avec Laurent Roussey, des meilleurs jeunes de mon âge du côté de Marseille.

Geste technique préféré ?
C’était le crochet.

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais râleur, peut-être que j’aboyais un peu trop, sinon j’étais un gagneur ! Et je n’ai jamais douté sur un terrain.

Le club ou l’équipe où vous avez pris le plus de plaisir ?!
Je pense que c’est la première année en première division avec Toulon, quand j’ai remplacé Christian Dalger, à Bon Rencontre, c’est là qu’on m’a découvert, si je peux dire.

Le club où vous avez failli signer ?
L’AS Roma.

Le club où vous auriez rêvé de jouer ?
Liverpool.

Un stade et un club mythique ?
Le Parc des Princes, j’aimais bien disputer les finales là-bas.

Un public ?
Olympiakos Le Pirée.

Plus beau but ?
En coupe de France avec Monaco face à Gaëtan Huard : un piqué ! (l’OM s’était imposé 4-3 en 1989, l’AS Monaco avait pris sa revanche en 1991, 1 à 0).

Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling ?
Bruno Bellone.

Le joueur adverse le plus impressionnant ?
Safet Susic au PSG.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Paganelli !

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Je les vois tous ! Je suis encore en contact avec tous !

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
J’étais bien avec les coachs, je n’ai pas eu de problèmes avec eux, j’ai toujours accepté les décisions.

Un président marquant ?
Le président Campora à Monaco.

Vous êtes un directeur sportif plutôt…
Je suis un directeur sportif qui aime ses joueurs.

Une causerie de coach marquante ?
Les causeries de Rolland Courbis.

Une anecdote de vestiaire ?
Avec Tony Cascarino, à l’OM, dans le vestiaire, il ouvre son sac, il chaussait du 46, et là, il avait deux pieds droits, il s’était trompé, il me dit « il me faut une paire », on va voir Mireille, qui occupait le poste de magasinier : elle me répond qu’elle n’a que des petites tailles, 41 ou 42, et Tony répond « C’est pas grave », il a joué avec et il a marqué deux buts … de la tête ! Un phénomène.

Combien de véritables amis dans le foot ?
Deux ou trois.

Une devise ?
Non, moi je pense juste qu’il faut vivre la vie, pétiller, rigoler, ne pas faire la gueule.

Un match inoubliable de votre carrière ?
Je dirais mon dernier match, au Vélodrome, avec l’OM, qui nous permet de monter en D1, contre Sochaux.

Une idole de jeunesse ?
Maradona.

Votre plus grande fierté ?
D’avoir mes enfants et mes petits enfants près de moi.

Que vous a-t-il manqué pour être un top joueur ?
Etre né un peu plus tôt. J’ai été découvert un peu tard, mais je n’ai aucun regret.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Des hauts et des bas. Mais footballeur, c’est le plus beau métier du monde.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Sporting club de Toulon et 13HF