National 2 / le fabuleux destin de Romain Paturel

Le nouvel entraîneur de l’AS Furiani Agliani évoque son parcours et raconte son arrivée sur l’île de beauté l’été dernier, qu’il doit bien sûr à ses résultats sportifs avec Mâcon notamment, mais aussi à une drôle d’histoire de bus…

Par Anthony BOYER

Sur le banc de Furiani, lors de la journée 1, face à Thionville. Photo René Casamatta / ASFA

C’est une histoire de destin. Ou de bonne étoile. C’est une histoire qui, une fois racontée, mène vers une autre histoire, puis vers une autre, puis… Une histoire sans fin.

En fait, c’est l’histoire d’un bus. Celui de l’équipe de football de Mâcon. Qui un soir de match de N2 à l’AS Furiani Agliani, un soir d’après-match même, en octobre dernier, ne peut pas repartir, la faute à une voiture mal garée, qui bloque le passage.

Prendre son mal en patience. Discuter. Rencontrer. Cela tombe bien, Romain Paturel (39 ans), le coach des Bourguignons à l’époque, est dans le partage et l’échange. Habituellement, les équipes n’aiment pas trop s’attarder après une rencontre, a fortiori après une défaite (ce soir-là, Mâcon avait perdu 2 à 0).

Là, c’est l’occasion de prendre le temps, de découvrir. Avec Patrick Videira, le coach de Furiani (aujourd’hui au Mans, en National), le dialogue s’installe. Avec les dirigeants bastiais aussi. Dans le football moderne, le temps est compté. L’on n’en a jamais assez. Cette fois, le temps est mis à profit, en attendant que cette voiture ne s’en aille et ne libère le passage…

Sans ce bus, qui sait si Romain Paturel, qui n’avait quasiment jamais évoqué cet épisode, serait entraîneur de Furiani aujourd’hui ? On peut pousser le bouchon un peu plus loin. Sans la descente – mathématique – de Villefranche de National en N2 en mai dernier (il fut adjoint d’Alain Pochat pour les dix derniers matchs de la saison)*, il est probable que le natif de Lyon serait encore là-bas.

« Avec des si… »

Remontons encore un peu plus le cours de l’histoire. Sans une douloureuse éviction de l’UF Mâconnais, début janvier de cette année, le coach n’aurait jamais signé chez le voisin caladois, presque dans la foulée…

C’est fou, non ? C’est fou de voir la manière dont le destin de cet ancien défenseur central (jusqu’en DH) à l’AS Misérieux-Trévoux, dans l’Ain, s’est écrit. Comme si tout ce qui s’était produit en relevait, même si, derrière cela, il y a aussi un travail acharné, couronné de nombreux succès : 4 accessions sur les 6 dernières saisons écoulées, et des talents révélés.
C’est peut-être aussi le destin qui a fait se rencontrer Romain Paturel, papa de deux enfants de 7 et 8 ans, et celle qui allait devenir son épouse, à l’AS Misérieux-Trévoux, quand il avait 18 ans. Imaginez qu’il n’ait jamais signé dans ce club. Avec des si…

Interview

« Je suis convaincu que les choses arrivent pour une bonne raison »

Photo ASFA

Romain, quel a été votre parcours de joueur ?
J’ai joué jusqu’au niveau DH, avec l’AS Misérieux-Trévoux, un club où je suis resté 18 ans; avant cela, j’étais dans le club de la la ville où j’ai grandi, à Villars-les-Dombes. c’est connu pour son « Parc des Oiseaux », dans la Dombes, dans l’Ain. J’y suis resté jusqu’à 15 ans.

D’où vient cette vocation d’entraîneur ?
J’ai commencé à entraîner assez jeune. D’abord, j’étais éducateur chez les tout-petits quand j’avais 16 ans, donc c’était quelque chose qui m’a plus très vite. J’ai passé mes diplômes dès que j’étais en âge de les passer, et à 20 ans, j’ai obtenu mon brevet d’état. J’ai entraîné toutes les catégories de jeunes à Misérieux et je jouais en même temps en seniors, j’étais défenseur central. À 27 ans, j’ai bifurqué vers l’entraînement des seniors et c’est là que j’ai arrêté de jouer. Je suis resté coach pendant 5 ans en DH à Misérieux puis j’ai passé et obtenu mon DES en même temps (diplôme permettant d’entraîneur jusqu’en National 2). La vocation est venue très tôt.

La suite de votre parcours vous a emmené à Bourg et à Rumilly, c’est ça ?
Oui, j’ai eu les U19 à Bourg (FBBP 01), on est monté en championnat de France. J’ai eu la chance aussi de détecter des joueurs à potentiel et de les accompagner à mon échelle vers le monde professionnel comme Amine El Ouazzani (actuellement à Braga) ou Malcom Bokélé (actuellement à Göztepe, en Turquie, et passé par les Girondins de Bordeaux). Puis j’ai eu les seniors II à Rumilly où j’étais également responsable technique du club en parallèle. Puis je suis allé à l’UF Mâconnais, où j’étais là aussi responsable technique, où on a développé un projet de club, et j’ai eu la charge des seniors Régional 1 et on est monté jusqu’en National 2, en deux ans. Et enfin, il y a eu ces 3 derniers mois de la saison passée avec Alain Pochat à Villefranche-Beaujolais, en National.

Cette vocation, elle est venue comment ?
Je n’avais pas de grosses qualités de joueur, si ce n’est celle d’analyser assez bien ce qui se passait sur le terrain et de le transmettre à mes coéquipiers si besoin; c’était ça ma qualité première. Observer ce qui se passait, transmettre aux autres, ça m’a toujours intéressé. J’étais tourné vers ça. Très vite, j’ai senti que je ne pourrais pas être joueur professionnel, et puis, quand je suis arrivé à Misérieux, à mon époque il n’y a avait pas encore tous ces contrats d’apprentissage que l’on voit maintenant, ce n’était pas simple, mais j’ai eu l’opportunité de passer mes diplômes. Je sentais que c’était quelque chose qui me motivait : la compétition avec les jeunes, la proximité avec les gens, les échanges, les partages des émotions, la gestion d’un groupe, je sentais que toutes ces choses-là, qui font que je continue de faire ce métier aujourd’hui, me correspondaient assez bien, que c’est tout cela qui m’animait.

Vous êtes donc un autodidacte…
Il a fallu apprendre, se construire, même si je continue d’apprendre. Avoir cette adrénaline-là, avoir un rôle différent, c’est quelque chose qui m’emballait; et puis faire évoluer le comportement des joueurs, les faire progresser, les amener à vouloir partager le projet qu’on met en place, ce sont des éléments importants pour moi. Tout cela m’a amené à continuer dans cette voie. Et puis j’ai eu les opportunités qui m’ont permis de le faire, notamment au club de l’AS Misérieux-Trévoux, alors que j’étais tout jeune. J’avais 27 ans quand j’ai pris les seniors, et à partir de ce moment-là, j’ai arrêté de jouer. Et puis ça s’est enchainé.

Quel type d’entraîneur êtes-vous ?
Je suis un entraîneur qui échange beaucoup avec les personnes de l’entourage, les joueurs, les dirigeants, le staff, afin d’ avoir un maximum d’éléments sur le contexte, l’environnement autour du groupe. J’ai des idées bien précises sur ce que je veux que l’équipe soit capable de produire : nous devons imposer ce que nous voulons faire sur le terrain, en étant acteur et entreprenant. J’aime faire évoluer mon équipe dans un projet de jeu ambitieux avec une certaine maîtrise pour poser des difficultés aux adversaires. J’aime donner beaucoup de liberté aux joueurs pour ne pas les inhiber dans la prise de décision, ce qui permet notamment aux plus créatifs de pouvoir s’épanouir et de déstabiliser les adversaires. Je suis convaincu qu’un groupe peut réussir de bonnes choses quand la notion de plaisir se retrouve au centre de la pratique, que ce soit plaisir de faire des efforts, d’évoluer ensemble, d’utiliser le ballon, de marquer des buts, mais aussi de défendre collectivement. Pour mettre en place tous ces éléments, il faut bien évidemment avoir le ballon le plus possible, et utiliser des espaces à des endroits précis du terrain pour gagner en efficacité offensivement.
J’aime observer les équipes d’Arteta ou Guardiola, mais je m’inspire aussi beaucoup du management des coachs et de ce point de vue-là, Ancelotti est le meilleur exemple selon moi. Je n’ai pas de système préféré que qu’il soit, l’animation est prioritaire, nous devons occuper des positions pour en libérer d’autres et créer des décalages par le travail collectif et le jeu de passes.

Forcément, vous avez dû garder des liens forts avec le club de Misérieux-Trévoux…
Oui, et puis c’est le club où j’ai rencontré ma femme, où j’y ai mes amis d’enfance. Récemment, j’ai beaucoup de copains qui sont venus me faire un coucou en Corse. Ils sont ravis pour moi et puis ils ont pu découvrir l’ïle. L’AS Misérieux-Trévoux a fait une publication sympa sur moi aussi dernièrement… C’est l’endroit où j’ai grandi, où j’ai fait un long passage.

La Corse, vous connaissiez ?
Non. J’étais juste venu deux jours pour les 35 ans de mon épousé, près d’Ajaccio, sinon je connaissais très peu.

« J’accorde beaucoup d’importance aux relations humaines »

Quand on reprend le fil de votre carrière, on a vraiment l’impression que le destin vous suit… Il y a vraiment quelque chose de « philosophique », qui relève presque du mysticisme, dans votre parcours…
Vous avez mis le doigt sur un trait de ma personnalité. Je suis convaincu que les choses arrivent pour une bonne raison. Quand je suis dans un projet, j’ai toujours pour ambition que le club dans son ensemble soit mieux quand je pars que lorsque j’arrive, au niveau sportif et au niveau structurel aussi. Bien sûr, il y a toujours mieux ailleurs, j’ai pour habitude de dire qu’il arrive de bonnes choses aux bonnes personnes, avec toute l’humilité que je me dois d’avoir. J’essaie d’être une bonne personne, j’essaie d’être le meilleur possible, avec mes proches, avec les personnes avec lesquelles je travaille, avec mes amis. Alors en effet, j’ai la chance que cela se passe toujours bien, mais en même temps, j’entretiens toujours cette volonté là : quand j’ai eu des périodes plus dures, comme j’en ai connues récemment à Mâcon, je sais que c’est pour une bonne raison, je sais qu’il va y avoir quelque chose de mieux ou de différent. Je sais que ma famille et moi, parce que j’associe toujours ma famille à mon parcours de vie, on y retrouvera toujours notre compte. J’accorde beaucoup d’importance aux relations avec les personnes, plus même qu’à l’aspect purement professionnel de notre travail, parce que je pense que c’est ce qui nous nourrit et nous enrichit le plus. Cela colle aussi avec ma façon de manager les joueurs : je pense qu’avant d’entraîner des joueurs, il faut connaître les hommes afin de gagner en efficacité et adapter son management. Je suis convaincu que cette manière d’être amène cet enchaînement de bonnes choses : regardez, je me suis fait « arrêter » à Mâcon et j’ai rebondi à Villefranche en National à 10 kilomètres de chez moi pour un challenge hyper-excitant, avec Alain Pochat, un coach que j’apprécie et que je continue d’apprécier, un passionné et quelqu’un d’entraînant. Et avec des gens que je connaissais depuis 15 ans parce que Villefranche, c’est à côté de chez moi. Et puis il y a eu ce match Furiani-Macon…

Oui ?
On perd à Furiani au match aller, avec Mâcon, en N2, contre une très bonne équipe, et puis, au moment de partir avec le bus, il y a une voiture qui nous bloque. Du coup, ça traîne, on reste une heure et demie bloqué, et là, on prend le temps de discuter avec le coach adverse (Patrick Videira), avec son adjoint (Cédrik Ramos), avec les dirigeants du club de Furiani… et tout ceci m’amène là. Je crois vraiment en ça, et je vais continuer d’y croire.

« Depuis 6 ans, j’ai gagné 75 % de mes matchs »

L’équipe de l’AS Furiani Agliani a remporté deux de ses trois premiers matchs de championnat en N2. Photo ASFA

Il y a comme une sortie de destin…
Bien sûr, mais il n’y a pas que ça ! Il faut travailler dur, avoir des résultats : là, j’en suis à quatre montées sur les six dernières saisons, avec les U19 du FBBP 01 (en championnat de France), la réserve de Rumilly (de R2 en R1), et avec Mâcon (de Régional 1 en National 2, en deux ans). Les équipes que j’ai dirigées ont gagné plus de 75 % des matchs sur ces 6 dernières années. Mais je crois aussi aux instants à vivre et à partager qui nous amène à rencontrer des personnes de qualité, avec qui j’ai plaisir à échanger. L’histoire du bus, je ne la raconte pas souvent, il y a peu de personnes qui sont au courant de cela.

Sous le maillot de l’UF Mâconnais. Photo UFM

Patrick Videira a donc joué un rôle dans votre venue ? Et prendre sa succession, quand on sait le travail qu’il a réalisé à Furiani, n’est-ce pas compliqué ?
Je ne sais pas si, sans Patrick, je serais quand même venu ou pas. En fin de saison dernière, j’étais en contact avec des clubs de National 2 et de National 3 sur le continent quand l’intérêt de Furiani est arrivé; à ce moment-là, mon nom circulait dans certains clubs. Et à la suite d’un échange avec Patrick, il m’a demandé mon CV et l’a transmis au club. Ce qui est certain, c’est que sans Patrick, à mon sens, il n’y aurait pas eu cette proximité dans mes relations avec les dirigeants, qui s’est faite via son avis. Avec Patrick, on n’a jamais évoqué le sujet. Il m’a simplement dit qu’il allait faire passer mon CV, mais après, je ne sais pas comment ça s’est passé, je ne sais pas ce qu’il leur a dit. Mais je pense que cela aurait été très compliqué s’il n’était pas intervenu, ça oui. Ensuite, par rapport à l’héritage de Patrick, ce que je peux dire, c’est que c’est très rare de passer après un coach dont le passage a été très réussi dans son club. En plus, un long passage de 6 ans, réussi, parce que ce que Furiani a réalisé en matière de structuration, d’énergie déployée dans la mise en oeuvre de la réussite du projet, c’est exceptionnel. Moi, je découvre ça au quotidien et c’est tout à leur honneur, cela montre aussi pourquoi ils ont réussi. Après, est-ce que c’est difficile de prendre sa succession ? Non, parce qu’on est différent, notamment dans nos tempéraments, même si on a des similitudes dans certains aspects du jeu. Il a fallu aussi communiquer avec les dirigeants, les joueurs, le staff, pour qu’ils comprennent ma manière de travailler et ma façon d’être, et il a fallu que je m’adapte également à eux et à ce qui a été fait avant. L’idée, c’était de trouver le meilleur équilibre pour que chacun y trouve son compte, pour qu’on arrive à travailler tous ensemble, en utilisant l’héritage laissé, tout en essayant avec mes idées, mes convictions, d’améliorer ça. Je suis sûr d’une chose, c’est qu’il y a de grandes chances que l’on fasse moins bien puisque il a fini 3e en National 2 et ça c’est très fort, mais il y a aussi une possibilité que l’on fasse mieux, même si on sait que le championnat va être plus relevé. En fait, ce n’est pas difficile dans la mesure où les relations sont saines. Simplement, c’est juste un autre projet.

Lors du premier match de N2 cette saison face à Thionville (2-0). Photo René Casamatta / ASFA

Votre venue en Corse, à l’AS Furiani-Agliani, c’est un projet familial aussi…
Oui. J’ai deux ambitions : la première, c’est de me dire qu’en arrivant à l’âge de la retraite, je ne me serai jamais levé le matin en me disant qu’il faille aller travailler. La deuxième, c’est qu’à travers ce métier-là, on puisse avoir un parcours de vie qui nous emmène vers des horizons différents, tout en respectant l’équilibre familial : il faut que cela convienne à tous les membres, parce que la famille est prioritaire. Là, c’est notre premier déménagement, on part dans l’inconnu, on va voir comment les enfants vont s’adapter. Et puis ma femme doit retrouver un travail. L’idée, c’est de faire, d’entreprendre. Si ça ne va pas, on n’aura aucun regret car on ne pourra jamais dire « ah ouaip peut-être que… ». Non ! Nous on y met tout notre coeur pour cela réussisse. Pour l’instant, c’est plutôt positif, les enfants sont arrivés samedi, en avion, 3 heures avant le match (entretien réalisé avant le match de la journé 1, Furiani-Thionville, 2-0) !

Avant de devenir coach, aviez-vous envisagé un autre métier ?
J’ai toujours eu le foot dans ma tête. J’ai fait des études pour être professeur des écoles, et en même temps je passait mon brevet d’état. Il a fallu choisir, du coup j’ai bossé beaucoup plus pour obtenir le BE que pour le concours de professeur des écoles que j’ai raté le plus normalement du monde ! Quand j’ai obtenu ce poste à Misérieux, c’est devenu un peu plus concret. Le métier de professeur des écoles m’aurait certainement plu. J’aime bien travailler avec les enfants. Mais la grosse différence entre le football et l’école, c’est qu’on vient au foot par envie. Parfois ce n’est pas toujours le cas pour l’école, et il aurait peut-être fallu que j’appréhende cette nuance.

Cédrik Ramos, son adjoint sur le banc de Furiani.

Vous avez un coté pédagogue ?
Oui, parce que je commence à avoir fait quelques clubs, j’en suis à mon cinquième en 20 ans. On sent que le message arrive à passer sans trop de difficultés avec les joueurs. Je ne dis pas que, parfois, cela ne passe pas aussi bien avec certaines personnes d’un club, ça, ça peut arriver, mais avec les joueurs, généralement, je n’ai pas trop de problème. J’aime prendre le temps d’expliquer, de démontrer précisément mes attentes pour emmener les joueurs avec moi. Donner du sens à ce qu’on va faire me paraît essentiel pour que le projet de jeu soit partagé par le plus grand nombre et du coup efficace. D’ailleurs, je garde des liens avec eux, avec ceux que j’ai entraînés aussi, que ce soit des jeunes que j’ai coachés à Bourg, ou des joueurs de Mâcon, de Misérieux-Trévoux ou de Rumilly aussi.

Quand vous entraîniez à Bourg, Rumilly et Mâcon, vous habitiez où ?
J’étais à Chaleins (Ain), à 40 kilomètres de Mâcon, à 9 kilomètres de Villefranche. Il y a juste la période de Rumilly, où là, j’avais une heure trente de route, mais cela n’a duré qu’une seule année : si j’étais resté à Rumilly, on aurait déménagé.

« Il y a beaucoup de défis à relever »

Cette nouvelle poule de National 2, elle donne un peu le tournis, non ?
C’est génial ! Il y a des supers clubs, certains qui arrivent du dessous, qui sont en train de se structurer, d’autres, historiques, qui ont un passé dans les divisions supérieures. Il y a des supers joueurs aussi. On était sur des saisons plutôt à 26 journées, là on passe à 30, c’est plus long, mais c’est très excitant et très intéressant, il y a beaucoup de challenges et de défis à relever, c’est ce qu’on aime !

Villefranche a finalement été repêché en National : ça vous a soulagé ?

Au printemps dernier, sous le maillot de Villefranche en National. Photo Ralph Neplaz.

Bien sûr, puisque la mission qui nous étais confiés, à Alain et son staff, c’était de laisser le club en National. Donc la mission est accomplie. Quant on est arrivé, la situation était périlleuse, et après un match perdu à Châteauroux (à deux journées de la fin), il a fallu s’accrocher à cette 13e place, certes synonyme de descente mais aussi de premier « repêchable », donc on est resté focus là-dessus, en sachant qu’il y avait de bonnes chances que finir à cette place-là pourrait suffire. On était conscient de ça. Quant on voit la réaction que l’on a eue après le dernier match de la saison face à Nancy (victoire 2-1), ce n’est pas une réaction d’un club qui va descendre, mais d’un club satisfait d’avoir fini 13e après tout ce qu’il venait de connaître durant la saison (changement de coach, perte de points sur tapis vert…). Donc c’est plutôt un soulagement de finir à cette place-là. On est satisfait de ce que l’on a fait avec le coach et le staff : on aurait pu faire un peu mieux, mais pas beaucoup mieux, en raison de la qualité des effectifs que l’on a affrontés sur les 10 matchs qui restaient à notre arrivée. Je pense notamment au match contre Avranches chez nous (J31), où on avait été plutôt bons, mais on avait perdu. C’est LE regret. Parce qu’alors, on serait allé à Châteauroux (J32) devant eux au classement, et cela aurait peut-être été différent… Mais avec des si…

À Villefranche, vous avez découvert le poste d’adjoint : ça vous plaît ?
Je n’ai pas la prétention de dire que je veux rester numéro 1, j’aime découvrir des choses, par contre, pour être adjoint, il faut que j’ai des idées communes avec la personne avec laquelle je travaille, et puis c’est un rôle complètement différent, que j’ai découvert là, pendant trois mois avec Alain, c’était très intéressant, on est très acteur sur le terrain. On est beaucoup dans le partage, avec moins la notion de prise de décision, donc moins de noeuds au cerveau la nuit. Mais on est quand même dans la gestion d’effectif, dans la notion d’entraînement, dans la conception, dans l’analyse vidéo… Il y a beaucoup de choses qui se rapprochent du poste de numéro 1 mais il n’y a pas certains aspect négatifs. Ce qui rend ce rôle de numéro 1 intéressant, c’est cette prise de décision, cette adrénaline en plus que tu as en plus dans les choix. Numéro 2, ça peut me convenir sans problème mais numéro 1 me plaît beaucoup même si je n’en fais pas une priorité.

Et si le club de Furiani-Agliani monte en National**…
Le CA Bastia était en National et jouait comme nous à Erbajolo, donc c’est possible… Après, c’est sûr que quand vous allez à Nancy, à Sochaux, à Dijon ou au Mans en National, c’est différent… Il y a des paliers à passer en terme de développement infrastructurel, et ce n’est pas le plus simple pour les dirigeants de clubs car cela dépend des collectivités et on sait bien que ce n’est pas évident.

Photo UF Mâconnais

Le club de Furiani en quelques mots ?
Le club est mené par des dirigeants passionnés, compétents, qui ont su le structurer pour répondre aux exigences des championnats nationaux. Les infrastructures sont cohérentes pour pouvoir bien travailler même si il y a des contraintes importantes liées au partage du terrain avec d’autres clubs notamment. Mais le partage est fait en bonne intelligence avec les autres utilisateurs et cela se passe très bien. Le sportif, le médical sont très bien structurés avec des staffs compétents et fournis pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Le club est aussi très bien structuré pour le recrutement, l’observation de joueurs, ce qui permet de compenser les départs chaque saison. L’ambiance générale est extraordinaire avec des personnes dévouées qui rendent ce club atypique et très agréable. L’organisation de Furiani permet aussi l’accueil des enfants corses qui veulent pratiquer pratiquer le foot et les dirigeants mettent beaucoup de choses en oeuvre pour promouvoir le foot des plus petits aux plus grands.

Un petit mot sur Mâcon ?
Oui ?

Le club est descendu en N3 après votre départ, et vous n’étiez pas relégable quand vous avez été évincé… Alain Griezmann, le président, aurait-il pris une mauvais décision en se séparant de vous ?
Il a pris une décision, c’est son rôle, je ne suis pas là pour juger. Ce que je peux dire, c’est que je suis arrivé en 2020, je suis resté trois ans et demi, j’ai passé des moments merveilleux à Mâcon, avec des gens agréables, j’ai eu une bonne relation avec mon staff, les joueurs et également le président, on savait qu’un jour ça s’arrêterait… Il y a eu d’autres personnes qui sont arrivés au club quand on est monté en National 2 et qui ont plus ou moins mis le bazar… C’est plus avec eux que cela a été compliqué mais pour le reste, non. Nous avions créé de très bonnes relations avec mon président et sa famille ainsi qu’avec les vice-présidents, on a fait deux montées d’affilée en remportant 90 % de nos matchs, un 32e de finale de coupe de France, ce sont des choses que l’on oublie pas. Cela aurait pu se finir différemment, cela aurait pu continuer mais on sait que dans ce métier là, cela se passe comme ça parfois. J’ai partagé des valeurs humaines avec beaucoup de membres du club.

N’y a-t-il pas eu divergence sur les objectifs ? N’y a-t-il pas eu un problème de communication, avec deux discours, un discours de montée en National et un autre de stabilisation du club en N2 ?
L’objectif du club était clair : quand on était en National 3, c’est-à-dire lors de la saison 2022-23, l’idée c’était d’arriver en National dans les 5 ans. Au bout d’un an, on est monté en National 2, donc si je sais bien compter, il restait 4 ans pour atteindre le National et être dans le projet du club. Mais si ça devait arriver plus tôt, évidemment… On aurait pu faire mieux en termes de résultats. Je ne sais pas s’il y avait une différence de discours, parce qu’on était ambitieux aussi avec mon staff, on voulait finir le plus haut possible, après, il y a ce que l’on a envie de faire et ce que l’on fait : on a eu des blessures, des erreurs de choix, je ne me dédouane pas de mes responsabilités, mais on était dans le tableau de marche pour faire une bonne saison en N2. On était plutôt en accord, avec le président, sur ce que l’on devait faire. Après, il a le rôle de choisir, de prendre des décisions, ce qu’il avait déjà fait avant et ce qu’il refera. Tout est toujours discutable. Prendre des décisions n’est pas un problème. Il faut en prendre pour avancer.

Mâcon peut-il un jour évoluer en National ?
Mâcon peut potentiellement devenir un club de National dans le futur de par le dynamisme qu’il y a dans cette ville, notamment sur le plan sportif, avec des installations de qualité, je pense à l’aviron, au rugby, à l’athlétisme. Le foot était resté en retrait de ce développement là mais en même temps, le club a joué pendant longtemps en Régional 1, et à cet échelon, le stade Pierre-Guérin est un super-stade, mais quand, en l’espace de deux saisons, vous vous retrouvez en National 2, dans ce même stade, forcément les infrastructures ne se développent pas comme ça du jour au lendemain et ne suivent pas. La ville essaie de combler ce retard. On a mis en place, quand j’y étais, beaucoup de choses au club pour le structurer et le développer. Il faut juste que les infrastructures rattrapent le niveau sportif, il y a des choses à faire, comme mutualiser avec le rugby, même s’il y a eu cette descente en N3. Mais je pense que Mâcon va continuer d’avancer et remonter, c’est la volonté du président, des dirigeants et du staff.

Des nouvelles d’Alain Griezmann ?
Non, je ne l’ai pas eu depuis que mon aventure à Mâcon s’est arrêtée.

*Le FC Villefranche-Beaujolais, relégué mathématiquement, a finalement été repêché en National après la sanction infligée par la DNCG aux Chamois Niortais.

** L’AS Furiani a remporté ses deux premiers matchs de championnat de N2 à domicile, au stade Erbajolo, face à Thionville et Beauvais, et s’est incliné sur le terrain du FC Balagne. Vendredi 6 septembre, l’ASFA se déplacera à Fleury dans le cadre de la 4e journée de N2 (19h).

 

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : 13heuresfoot et GFA Rumilly-Vallières

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