National 2 : la présentation
des groupes A et B

J-2 avant l’ouverture de la saison en National 2, samedi. Un championnat qui va subir, deux saisons de suite, d’immenses chamboulements puisque, dans le cadre de la réforme voulue par la FFF, il passera de quatre poules de 16 équipes cette saison à trois poules de 16 en 2024-2025. Un écrémage en deux temps, avec d’abord cinq descentes par poule cette saison, et même six parfois si l’on y ajoute les deux moins bons 11e. Rebelote la saison suivante. Inutile de vous faire un dessin, ça va être l’enfer !

GROUPE A
Un quarteron de costauds

Qu’il est difficile de faire un pronostic dans ce groupe A, a priori très homogène. Certains annoncent cependant clairement la couleur comme l’AS Beauvais-Oise, qui entend retrouver au plus tôt le statut professionnel et la Ligue 2 qui fut longtemps son terrain de chasse avant une plongée dans l’oubli.
Sous l’impulsion de co-présidents ambitieux, Guillaume Godin et Sylvain Reghem, l’ASBO se reconstruit solidement et vient de terminer sur le podium du groupe B derrière le Paris 13 Atletico et le FC Fleury.
Boosté par une très bonne deuxième partie de saison grâce à une défense performante, l’ASBO a cette fois mis le paquet dans le secteur offensif, en engageant notamment Anthony Koura (119 matches de Ligue 2 avec Le Mans, Nîmes et Nancy), Mathieu Geran (Sedan, Nat.), Gaoussou Sackho (Frejus/Saint Raphaël, N2) et Mehdi Jaki, meilleur buteur de N3 Grande Aquitaine la saison dernière avec Les Genêts d’Anglet.
Le discours est plus prudent chez le voisin et rival, le FC Chambly-Oise, encore en Ligue 2 en mai 2021 et sous le choc de deux relégations consécutives. Le club, toujours dirigé par Fulvio Luzi mais sans son frère Bruno, repart d’une feuille blanche. Nouvel entraîneur (Fabien Valeri, auréolé d’une accession en National avec le Paris 13 Atletico), nouveau staff, nouveau directeur sportif (Salah Mahdjoub) et nouveaux joueurs (18 recrues !) avec seulement trois rescapés du dernier exercice en National !

Rouen, un géant qui se réveille

Les Diables rouges du FC Rouen surferont-ils sur leur superbe 2e partie de saison 2021-2022 ? (Photo Bernard Morvan)

Auteur d’une préparation prometteuse (5 victoires, 2 nuls contre des grosses cylindrées de National, Dunkerque et Versailles), le FCCO a misé sur la jeunesse avec quatre joueurs de 20 ans (Amine Cherni, Issiaka Karamoko, Noé Masevo et Lucas Valeri, le fils du coach), arrivés du Paris 13 Atletico, du Paris FC où des Lusitanos Saint-Maur.
Fabien Valeri a aussi emmené avec lui Joel Saki, son capitaine au Paris 13 Atletico, alors que Mamadou Diallo (meilleur buteur de la très relevée N3 d’Ile de France avec Le Blanc Mesnil) a été le premier renfort de l’été.
Le FCCO tempère les ardeurs de remontée immédiate. « L’objectif ? Réapprendre à gagner des matches, ce qui a été rarement le cas la saison dernière, et plus si affinités. Disons simplement que je suis très satisfait de ce que j’ai vu en préparation, mais qui reste à valider en compétition » se borne à déclarer Fulvio Luzi.
Non loin de la, un géant endormi est en train de se réveiller : le FC Rouen 1899. Les supporters normands ont retrouvé le sourire et le chemin du stade Robert-Diochon lors de la deuxième partie de la saison dernière, synonyme de sursaut bienvenu, avec l’arrivée du nouveau coach, Maxime d’Ornano, qui sort de trois ans et demi de succès à Saint Brieuc.
Certes, les Normands ont perdu leur perle offensive, l’Haïtien Mondy Prunier, parti à l’étage au dessus, au FC Versailles, mais qui a été remplacé par Christopher Ibayi, meilleur buteur de … Versailles la saison écoulée.
Franck Bertra (Lusitanos Saint-Maur) et Zana Allée (Saint-Brieuc) ajouteront au potentiel offensif des Rouennais qui seront testés dès samedi avec la réception de Beauvais à Diochon.

Chartres toujours placé, jamais gagnant

L’autre cador du groupe sera sans aucun doute le C’Chartres Football de Jean-Pierre Papin, toujours placé, pas encore gagnant mais qui a renouvelé sensiblement son effectif avec le départ de plusieurs cadres. La bonne campagne de matches de préparation (une seule défaite) a mis en lumière un recrutement judicieux avec les renforts de Kevin Bru (Versailles), Diaranke Fofana (Sedan), Loïc Gagnon (Granville) ou Alexis Gouletquer (Le Mans).
Derrière ce quarteron, plusieurs outsiders semblent se dégager à commencer par l’US Saint Malo, qui a recruté fort, avec le serial buteur Sebastien Persico, de retour dans un club qu’il connaît bien (33 buts entre 2017 et 2019), Guillaume Heinry, qui a connu la Ligue 2 avec Bourg en Bresse et Chambly, ou Sofiane Baroug (Laval).
Cinquième la saison dernière, Blois a changé d’entraîneur (l’ex-auxerrois er caennais Cedric Hengbart a la place de Loic Lambert) mais a su garder son buteur, le très convoité Jordan Popineau (17 buts la saison écoulée).
Le Granville de Sylvain Didot espère se relancer après un exercice compliqué avec l’apport de Mamadou Magassouba (Bastia Borgo) et Vincent Créhin qui a beaucoup marqué en National notamment pour le voisin Avranches.
Beaucoup de choses ont changé à Vannes (président, joueurs, mais pas l’entraîneur, Pierre Talmont), beaucoup moins à Poissy, qui a su attirer le gardien Michael Salamone (Annecy), Wilfried Alledji (Versailles), Amadou Konate (Sète) et le très expérimenté Ernest Seka (ex-Nancy).
Les Voltigeurs de Chateaubriant et Saint Pryvé Saint Hilaire ont prouvé qu’il était possible de faire bien avec des moyens limités, et ils seront encore le poil a gratter d’un championnat avec trois réserves pros très jeunes (Caen, Guingamp, Rennes).
Un mot enfin sur les deux promus, le Racing Club de France et le Evreux FC-27, qui ont surclassé la saison dernière leur groupe respectif de N3, en Ile de France et en Normandie. Sur leur lancée, une belle surprise n’est pas du tout à exclure de ce côté là, même si le Racing a perdu son canonnier, Balamine Savane, qui s’est envolé pour … la Bolivie !!!

GROUPE B
Fleury et les relégués

Est-ce enfin la saison du FC Fleury 91 ? Voilà plusieurs années que le club de l’Essonne flirte avec l’accession en National pour finalement échouer au port. En mai, il a terminé sur les talons du Paris 13 Atletico, à un tout petit point, malgré une fin de saison en boulet de canon et l’euphorie de son goleador, Anthony Petrilli, 23 buts au compteur en championnat.
Mais le président Pascal Bovis ne se décourage pas. Il ne lésine pas sur les moyens dans l’espoir que son équipe masculine lui offre les mêmes frissons que son équipe féminine, quatrième de D1 Arkema la saison passée.
Le FC Fleury 91 a donc conservé toutes ses forces vives, dont le redoutable Anthony Petrilli, et a encore renforcé son très bel effectif, en particulier avec les signatures de deux cadres du Stade Briochin (National), Valentin Lavigne et Théo Bloudeau.

Boulogne repart d’une page blanche

Qui peut empêcher les hommes de l’entraîneur Habib Boumezoued de décrocher enfin le Graal ? Forcément, les deux noms qui viennent immédiatement à l’esprit sont ceux des relégués de National, l’US Creteil Lusitanos et l’US Boulogne Côte d’Opale, qui vont tenter d’amortir une chute douloureusement vécue et de rebondir au plus vite.
Boulogne était le plus ancien pensionnaire du National (depuis 2012) et ses (nombreux) supporters ont la nostalgie de la saison passée en Ligue 1 (2009-2010). Tomber en N2 a été dur à accepter au stade de la Libération et le président Reinold Delattre a décidé de repartir d’une page blanche avec un nouvel entraîneur, le rigoureux Christophe Raymond, qui a déjà occupé le poste (2010-2012) et sort d’expériences d’adjoint à Reims et Nîmes.
L’USBCO a été le premier à reprendre l’entraînement, il y a déjà deux mois, et a renouvelé son effectif en profondeur, privilégiant les jeunes de la région. Mais quatre de ses cadres ont accepté le défi de la relance, et non des moindres : fort de son riche passé (Lyon, Guingamp, Caen, La Corogne, Celta Vigo), Claudio Beauvue est en effet toujours là, comme Junior Senneville, Alexis Busin et Sébastien Flochon qui attaqueront fort le championnat avec la réception du FC Fleury 91…
L’US Creteil Lusitanos a également fait largement table rase du passé. L’emblématique président Armand Lopes a passé le témoin à Bassam Al Homsi, et tout le secteur sportif a été restructuré, avec Helder Esteves revenu au club comme directeur sportif. Un nouvel entraîneur a aussi été nommé, Stéphane Masala, l’homme qui a conduit Les Herbiers en finale de la Coupe de France 2018 contre le PSG (0-2).
Et l’effectif a été bouleversé en profondeur. Il reste quelques anciens (Araujo, Pereira, Chergui…) mais la cellule recrutement a eu du travail avec les arrivées d’Enzo Valentim (Stade de Reims), Clément Jolibois (Angoulême), Nadjib Baouia (Sète), Atila Fontinha (Laval), les attaquants Daouda Gueye (réserve de l’OM) et Victor Glaentzlin (Le Mans), ainsi que le gardien Papa Demba Camara, qui a connu la Ligue 2 à Grenoble.

Créteil comme en 2019 ?

L’US Créteil (ici Enzo Valentim en blanc) remontera-t-il directement en National, comme en 2019 ? (Photos EC Photosports)

L’USCL sort de fortes périodes de turbulences, après un séjour prolongé en Ligue 2, mais la dernière fois que le club est tombé en N2 il est remonté aussitôt (saison 2018-2019).
Pour le reste, le groupe est essentiellement partagé entre le clan parisien (Lusitanos Saint Maur, FC 93, Sainte Geneviève) et le clan de l’Est (Belfort, Haguenau, Épinal, et les promus Besançon et Colmar), complétés de quelques isolés, le Picard Saint Quentin, rajeuni et avec un nouveau coach (Johan Jacquesson), le Nordiste et promu Wasquehal, et un autre promu, le Corse Furiani Agliani, qui est sorti vainqueur d’une N3 Corse-Mediterannée particulièrement relevée et sera redoutable à prendre dans son chaudron bastiais d’Erbajolo.
Mais les principaux challengers du trio de favoris (Fleury, Boulogne, Creteil) semblent à attendre du côté de Bobigny et d’Epinal, respectivement 4e et 5e de ce groupe B la saison passée.
Pourtant bien armés, les Spinaliens n’ont jamais vraiment répondu aux espoirs d’accession caressés par leurs dirigeants qui ont malgré tout joué la carte de la continuité en changeant simplement d’entraîneur pour confier les rênes à Fabien Tissot, qui connaît le club comme sa poche pour avoir déjà passé sept ans au stade de la Colombière, sur le terrain ou sur le banc…
Quant au FC 93, c’est un des clubs franciliens qui monte en s’appuyant sur une belle jeunesse (quart de finaliste de la Coupe Gambardella 2022). Là aussi, l’entraîneur est nouveau (Christophe Taine) et le groupe a été enrichi par le retour de Julien Chevalier et les signatures de Lassana Konte (Poissy), Anthony Ménard (Gazelec Ajaccio) et de l’excellent Issa Niakate (Lusitanos Saint Maur).
A ce propos, le club du Val de Marne repart avec un groupe sensiblement modifié et un nouveau coach, Yann Lachuer. On se réjouira enfin du retour de Colmar et de Besançon à ce niveau, les Bisontins eux aussi confiés à un nouveau technicien (David Le Frapper) et qui ont réussi le plus beau coup du mercato sur le papier avec le renfort de Mevlut Erding…

Texte : Jean-Michel Rouet / Mail : jmrouet@13heuresfoot.fr

Photos : Eric Cremois / EC Photossports (sauf mentions)