National 2 : Julien Faubert, la tête dans son Etoile

Intronisé à la tête de l’Etoile FC Fréjus/Saint-Raphaël le 7 mars dernier, l’ancien joueur de Bordeaux revient sur sa nomination, qui s’inscrit dans un cursus de formation au métier d’entraîneur. Pour l’heure, il ne voit pas plus loin que cette fin de saison avec un maintien à assurer. Première étape contre Lyon La Duchère ce week-end.

Photo Alexandre Plumey

Main dans les poches, voix posée et idées claires. A le voir marcher entre la pelouse et les vestiaires du stade Louis-Hon, en passant par son bureau ou la pièce de convivialité, la sérénité accompagne Julien Faubert, nouvel entraîneur de l’Etoile Fréjus Saint-Raphaël FC depuis le 7 mars.

Conscient de la délicate situation comptable du club fréjuso-raphaëlois, qui a d’ailleurs coûté son poste à son prédécesseur (Charly Paquille), l’International tricolore (un match, un but et avec le N°10 qui plus est) se sait attendu. La pression n’effraie pas celui qui fut l’adjoint de Jean-Guy Wallemme à l’Etoile FC (2021-2022). Au contraire.

La survie d’un club qu’il a appris a apprécié depuis son arrivée en tant que joueur en 2019 avant d’entraîner différentes équipes (U15, U17 puis les U18 et la réserve en Régional 2 depuis ce début de saison) l’a suffisamment motivée à accepter le challenge. Au-delà d’ambitions personnelles sur un banc de touche qu’il se refuse d’aborder avant que son unique priorité actuelle ne soit actée : le maintien en National 2.

Photo Alexandre Plumey

La tâche ne sera pas simple sur les dix matches restants. Les Varois sont 9e, à 3 points du premier relégable, Alès, et avec le même nombre de points que le 11e, Toulon, un rang synonyme aussi de descente en fonction des calculs complexes de fin de saison et de la refonte des championnats (*).

Le Havrais (39 ans), formé à l’AS Cannes, se refuse de trop calculer pour l’heure. Il a des matches à regagner. Entretien avant son baptême du feu contre Lyon-la Duchère, demain (samedi à 18h) à la maison. De quoi retrouver le chemin du succès après sept rencontres sans victoire (4 nuls et 3 défaites) ? Ces mêmes Lyonnais qui sont les derniers a avoir perdu contre les Varois en championnat, le 7 janvier, au match aller (2-0).

*Au terme de la saison 2022-2023, les 5 derniers de chaque groupe de National 2 sont relégués en National 3 (équipes classées de la 16e à la 12e place). Les deux moins bons 11es des quatre groupe de N2 descendront également en N3. Pour déterminer ces deux moins bons 11es, un mini-championnat sera calculé avec les équipes classés de 6 à 10 de chaque groupe.

Photo Philippe Corbin

Julien, avez-vous hésitez une seconde avant d’accepter le poste ?
Pas une seconde. On a fait appel à moi car il fallait sortir le club de cette situation délicate. C’est ce qui prime avant tout. Donc j’ai répondu présent. Le club m’a accompagné depuis le début de ma reconversion, ils m’ont mis dans les meilleures conditions pour découvrir mon futur métier et me former. C’est mon éducation : quand on me donne, je rends au centuple.

Trois points d’avance sur le premier relégable : la situation a-t-elle été un moteur ou un frein dans votre réflexion ?
Ce n’est pas une question de moteur ou de frein. Je n’avais pas besoin de moteur ou de motivation. La situation sportive est un facteur important certes. Dans le football, amateur ou professionnel, tout le monde dépend de l’équipe première. Quand l’institution est en danger, c’est tout le club, les joueurs, les 1000 licenciés, les éducateurs ou les employés administratifs… Pour l’avoir vécu même au haut niveau, c’est primordial de sortir ensemble de cette situation.

Photo Alexandre Plumey

Vous n’étiez plus au contact directe l’équipe depuis votre prise en charge de la réserve. Vous gardiez un oeil dessus ?
J’étais en relation avec le coach en place de par mon poste d’entraîneur de la réserve avec les redescentes, etc. Quoi qu’il arrive, j’ai l’esprit club. J’aime à dire que c’est mon club aussi car ils m’ont tendu la main et accompagné dans mon évolution. J’ai continué à venir voir l’équipe A, ce qui est normal quand on fait partie d’un club. J’ai cette culture du monde professionnel et donc cette culture hiérarchique. La vitrine du club, c’est l’équipe première et il faut la soutenir.

Votre relation et cet attachement à l’Etoile FC peut surprendre car vous n’êtes pas natif de la région, ni formé au club. Comment la définiriez-vous ?
Plus que bonne. Je me calque sur ma carrière. On a des résultats, il se passe des choses, on ne progresse que par le travail. Je me remets beaucoup en question. La direction a senti ça en me voyant travailler. Et à l’inverse, j’ai senti que j’avais affaire, malgré ce qu’on peut penser, à des gens humains. C’est un feeling.

Lors de son arrivée à Fréjus/Saint-Raphaël, en 2019. Photo Philippe Corbin.

Qu’avez-vous appris de votre premier passage sur le banc en N2 aux côtés de Jean-Guy Wallemme (2021-22) ?
Je suis en quête d’apprentissage. Je suis persuadé qu’on apprend jusqu’à sa mort. J’apprends de tout le monde, de ce qui va et surtout de ce qui ne va pas. J’aime beaucoup réfléchir, choisir entre le maximum d’options. J’ai appris à son contact, notamment sur le coaching du haut niveau. Mais j’aime aussi avoir mon propre avis sur certaines situations. J’ai appris, j’apprendrai demain et dans dix ans.

Ce n’est pas totalement le même effectif que lors de votre passage en tant qu’adjoint…
C’est une nouvelle histoire. Il y a des joueurs que je connais, des joueurs que je connais moins, d’autres que j’ai connu en réserve. On crée un relationnel, un échange. Et j’essaie d’imposer ma patte tactique. On sait qu’on a peu de temps mais il faut la mettre en place.

Quelle est-elle justement ?
Le football se joue avec le coeur, la passion, avec la définition de détester perdre et d’aimer défendre. Je ne vais pas m’étendre sur l’aspect tactique mais j’ai quelques principes dans ma tête que j’ai pu apprendre pendant ma carrière et appliquer avec mes équipes pendant ma formation.

Lors de son arrivée à Fréjus/Saint-Raphaël, en 2019. Photo Philippe Corbin.

Joueur, vous qui étiez tantôt défenseur ou attaquant sur votre couloir droit : l’entraineur est plus offensif ou défensif ?
J’aime avoir un équilibre dans une équipe. Il faut avoir la volonté d’attaquer pour marquer des buts parce que c’est le but du football, mais si on en n’encaisse pas, on ne perd pas. Il faut essayer de trouver un équilibre : ne pas s’économiser pour attaquer et tout faire pour défendre.

Dans la situation actuelle, c’est surtout ne pas perdre…
Pas perdre oui et non parce qu’avec des nuls on n’avance pas. L’aspect psychologique sera essentiel. Les joueurs ont des qualités. Elles ne se sont pas envolées. La volonté de ne pas perdre doit exister mais ne doit pas nous brider. Travailler sur l’aspect mental est important, encore plus aujourd’hui.

Adjoint, on vous a vu très actif sur le banc, moins quand vous étiez à la tête des U17. Est-ce lié à la fonction ou à la catégorie ?
Au statut. Adjoint, on se doit d’épauler son entraîneur quand on a un regard et un recul différent. En sachant nos limites, on peut se permettre d’intervenir quand il le faut. J’ai un peu ce profil, j’ai pas ce souci d’intervenir. Je suis persuadé qu’on a plus de solutions avec deux paires d’yeux et deux cerveaux. C’est à moi de trancher mais j’aime avoir plusieurs avis.

En passant vos diplômes, devenir numéro 1, c’était un coin de votre tête ? A quelle échéance ?
Je n’avais qu’une seule échéance : apprendre. Comme dans mon métier de footballeur, je ne fais pas les choses à moitié. Je viens du monde pro, j’aime quand c’est calibré, préparé. Me projeter ? J’ai d’abord besoin d’apprendre et de passer des étapes. Mon but premier c’est de sortir le club de cette situation.

Chaque année le club annonce vouloir monter, le président Alexandre Barbero l’a rappelé avec ses mots à la soirée des partenaires cet été et ça coince. Cette saison encore plus. Pourquoi ?
Je n’ai pas d’analyse sur ça parce que ce n’est pas le moment. Je le répète, mais actuellement c’est la situation comptable qui est au dessus de tout. L’institution est en danger et d’abord il faut faire ce travail et on verra par la suite. La première pensée n’est pas d’analyser ce qui va ou ne pas, c’est d’être le plus performant possible sur ces dix derniers matches.

Votre carrière, vous en parlez aux joueurs ?
Ça peut m’arriver mais je parle surtout de l’aspect passion, du don de soi à 120 ou 150%. Je ne vais pas les saouler avec mon passé de joueur. Ce sont eux les acteurs sur le terrain. Mon passé de joueur n’y fera pas grand chose, c’est mon présent d’entraîneur qui peut leur apporter des repères, des consignes pour que ce soit important pour eux.

Julien Faubert, du tac au tac

« Grant nous a diffusé Gladiator tout le long de la causerie sans dire un mot. Même pas une consigne. »

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Pour la passion. J’avais réellement toujours un ballon sur moi. Je passais des heures à jouer dehors, juste pour le plaisir. Quand j’ai compris que je pouvais en faire mon métier, un des meilleurs métiers du monde selon moi, c’est venu naturellement.

Meilleur souvenir sportif ?
Mon premier match professionnel avec Bordeaux contre Marseille. J’ai dû rentrer cinq minutes au Vélodrome (7 août 2004).

Pire souvenir sportif ?
Une défaite en demi-finale du championnat d’Europe avec les Espoirs en 2006 (contre les Pays-Bas).

Plus beau but ?
Un but à Saint-Etienne avec Bordeaux, une demi-volée en lucarne (avril 2006, 1-1).

https://www.youtube.com/watch?v=sJ_HI0lISWI&t=76s

Ton geste technique préféré ?
Le centre.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Ma vitesse comme qualité et sinon je suis un râleur.

L’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
Bordeaux, les deux saisons (2005-2006 et 2006–2007) où on joue la Ligue des Champions et celle d’avant où on termine deuxième.

Et le moins ?
En Ecosse, à Kilmarnock en 2015-2016.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
J’ai joué au Real donc je l’ai fait.

Le club où tu n’aurais pas pu jouer ?
Tottenham.

Un public qui t’a marqué ?
Besiktas, en Turquie.

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling ?
Rio Mavuba.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Cristiano Ronaldo.

Un coéquipier ou coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Riccardo, mon coach à Bordeaux de 2005 à 2007.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Avram Grant à West Ham. Avant un match, il nous a diffusé Gladiator tout le long de la causerie sans dire un mot. Même pas une consigne.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Marcelo, du Réal Madrid.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Rêve et méfiance.

L’Etoile FC, en un mot ?
Potentiel.

Texte : Alexandre Plumey / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter @AlexandrePlumey et @13heuresfoot
Photos : Philippe Corbin et Alexandre Plumey