National 2 : Fleury enfin à la table des grands !

Des trois clubs promus en National, seul le FC Fleury 91 n’a jamais connu cet échelon, qui sera amené à être remplacé par une Ligue 3 en 2026. Pour Le Puy Foot et le Stade Briochin, descendus ensemble en N2 en 2023, victimes de la réforme, ce retour s’accompagne de belles promesses.

Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Photos 13HF (sauf mentions spéciales)

C’est comme si les trois clubs s’étaient donné le mot. Comme s’ils avaient décidé de la date et de l’heure de la célébration. Celle de l’accession en National. Rendez-vous samedi 3 mai à 20 heures ! Pour le FC Fleury 91, la montée était tout de même un peu plus attendue que pour Le Puy Foot 43 et le Stade Briochin, les trois heureux élus pour le National 2025-2026. Avec 9 points d’avance sur son dauphin, le FC 93 Bobigny, et encore 9 points à distribuer, il ne fallait pas être un grand mathématicien pour comprendre que ça allait le faire pour les joueurs de David Vignes, impressionnants de régularité tout au long de la saison. On fait le point sur les trois promus en National !

Fleury au paradis !

Samedi soir, à Fleury, dans le petit stade Walter-Felder, champêtre et convivial, un peu plus d’un millier de supporters s’étaient rassemblés, dans la tribune et autour de la main courante, pour assister au sacre tant attendu des joueurs de Pascal Bovis, l’emblématique président du club.

À défaut de gâteau (le spectacle et la victoire), ils ont eu la cerise (l’accession) ! Les coéquipiers de Clément Badin sont passés au travers de leur match, perdu 2-1 face à Feignies-Aulnoye, mais le résultat est ailleurs : la défaite de Bobigny à Beauvais (3-2) a suffi au bonheur de tout un peuple rouge et noir, les couleurs préférés du président, fan du Milan AC et de l’OGC Nice.

David Vignes, 7 ans après !

David Vignes, le coach, va retrouver le National, qu’il avait quitté à Pau en 2018. Photo FCF91

Après une poignée de main un peu tendue avec Krzysztof Ziecik, son homologue de Feignies, David Vignes, le coach de Fleury, a ensuite fait comme tout le monde : il est resté debout, devant son banc de touche, encore un peu agacé par la défaite. Et puis il a suivi l’évolution du score à Beauvais. « Ils ne vont quand même pas marquer deux buts à la 96e et la 98e » a lancé un supporter au sujet de Bobigny, qui venait juste de réduire la marque à la 90e (3-2).

Et puis, la nouvelle est tombée. Beauvais a battu « Boboche ». Et David Vignes a étreint son staff, enlacé ses joueurs et son président. Il a savouré son bonheur. Et mesuré le chemin parcouru. Automatiquement reconduit en cas de montée, Vignes le Bayonnais (c’est sans doute pour cela que l’on a eu droit à l’hymne de l’Aviron Bayonnais pendant l’échauffement avant le match !), mais Palois d’adoption, va donc retrouver ce championnat National qu’il avait déjà connu deux fois avec son club de coeur, le Pau FC, à la fin des années 2000 et dans les années 2010.

Son dernier passage à ce niveau, lors de la saison 2017-2018, deux ans après avoir fait remonter le club, reste un souvenir douloureux. A l’époque, malgré l’assurance de son président, Bernard Laporte-Frey, de repartir pour un tour, ce dernier avait finalement changé d’avis. Et décidé de ne pas conserver l’enfant du club. Une cicatrice jamais vraiment refermée même si le temps a fait son oeuvre, et que d’autres clubs ont depuis garni son CV, Bergerac (N2), Bruges (D1 Belge, adjoint) et Mandel United (N1 Belge). Rien n’a jamais été simple pour ce tacticien qui entend croquer à fond dans le National l’an prochain, le dernier sous son format actuel avant le lancement de la Ligue 3 en 2026.

Bovis : « Je préfère le scénario de cette saison ! »

Pascal Bovis, un président discret et heureux.

Croquer dans la pomme, Pascal Bovis, le président, entend lui aussi le faire, mais pas seulement : « On ne monte pas pour redescendre dans un an, prévient-il. » Pour ce chef d’entreprise passionné, respecté et écouté, l’attente a également pu sembler longue – l’accession est passée sous le nez lors des trois dernières saisons – mais elle n’est rien à côté des 36 années de présidence au club : « On n’est pas monté l’an passé mais en même temps, c’est peut-être mieux de ne pas arriver comme ça, en National… Je préfère sincèrement le scénario de cette saison. »

Casquette visée sur le crâne et t-shirt à l’effigie du club, Pascal Bovis est resté un long moment sur la pelouse, un peu en retrait, au milieu de la foule, comme pour mieux savourer cet instant magique. L’homme, discret, n’est pas du genre à se mettre en avant. Puis il a été sommé par le speaker de monter sur le podium pour rejoindre les joueurs et le staff, alors il s’est exécuté.

Aujourd’hui, le patron du groupe éponyme, une boîte familiale fondée par son père en 1977, spécialisée dans les transferts et déménagements industriels ainsi que la manutention lourde, mesure le chemin parcouru. Son club entre dans le grand monde : « Quand je suis arrivé, le club était au plus bas niveau. En 4e division de District. Et à l’époque, il y avait aussi la Promotion de 3e division, puis la 3e division de District, puis le Promotion de 2e division, etc ! Cela doit faire 15 montées je crois ! On a une histoire qui ressemble un peu à celle de Chambly ». Elle lui ressemble tellement d’ailleurs que même le petit stade Felder, au complexe sportif Auguste-Gentelet, ressemble à l’ancien stade des Marais du FCCO (en un peu mieux !), celui qui a laissé place au nouveau (et très envié) stade Walter-Luzi.

Au stade Bobin, à Bondoufle, l’an prochain ?

Le Stade Walter-Felder était bien rempli pour le match de la montée.

Bien sûr, il reste encore deux journées de championnat (à Bobigny le 10 mai et contre Haguenau le 17 mai) pour décrocher le titre de champion de N2, mais les dirigeants peuvent déjà se pencher sur le prochain exercice qui n’aura rien à voir tant le fossé est énorme entre le National (10 clubs professionnels sur 17 cette saison) et le National 2.

Et les chantiers sont nombreux, on pense au budget – « On aura le plus petit budget de National » et au stade : « Les dirigeants résonnent dans le temps long, les joueurs, eux, sont dans le présent, et c’est normal, poursuit Bovis, qui avoue n’avoir jamais douté cette saison, « hormis aujourd’hui (samedi face à Feignies). Même quand on a perdu contre Bobigny chez nous en janvier, je n’étais pas inquiet, parce que ce match-là, on méritait de le gagner. Bobigny, c’est costaud aussi, mais on avait un effectif peut-être plus important, et peut-être plus de sérénité aussi. On a été très réguliers ».

La mascotte du FC Fleury 91.

Quid du stade Felder ? Bovis : « Là, en National, on rentre dans la cour des grands, ça n’a plus rien à voir. On va affronter des clubs qui, pour certains, ont des stades de Ligue 1 ou de Ligue 2, avec un public, une organisation autour, une structure, des infrastructures… Donc il faut aller vite, il faut qu’on s’y mette aussi ! Le challenge sera compliqué, mais la finalité, pour nous, c’est d’être en Ligue 3 dans un an. Pour le stade, on va discuter, rien n’est défini. Normalement, la saison prochaine, on jouera au stade Bobin, à Bondoufle, comme les filles (D1 Arkema), dans une enceinte de 17 00 places. Quand on affronte Sochaux ou d’autres équipes de ce standing, je pense qu’il est préférable de les recevoir dans ce type de stade. Et puis je n’ai pas envie que l’on soit trimballé à gauche et à droite. Ici, à Felder, c’est très familial, très convivial, mais ce n’est pas du niveau du National d’aujourd’hui, et ça, tout le monde en a bien conscience, le maire en premier lieu. On est un peu comme Chambly à l’époque, sauf que pour eux, le nouveau stade est arrivé trop tard. Fleury est un club bien organisé, structuré, avec des féminines en D1 Arkema, donc on a déjà une certaine expérience du haut niveau. Simplement, maintenant, il faut regarder les infrastructures. »

« Grand Paris Sports », nouvelle appellation ?

Dans les vestiaires, avec les joueurs, le président et le coach.

Autre sujet à l’étude, le nom du club, qui pourrait changer. « Il va falloir en discuter. Soit on va vers le Département et à terme, on devient le « Grand Paris Sports », soit la ville met les moyens… Mon idée, c’est de pérenniser le club au delà de ma simple personne. Pour perdurer, il lui faut de l’immobilier, c’est la base, il faut que l’on travaille là-dessus sur les trois prochaines années, cela va au-delà du sportif. Il faut un hôtel à côté du stade par exemple. Et puis, je n’oublie pas que l’on a beaucoup de jeunes qui sortent de chez nous : contre Feignies, c’est Kyliane Dong (Troyes), un jeune de chez nous, qui a donné le coup d’envoi : il va partir au FC Augsbourg en Bundesliga et on n’a même pas touché 5000 euros pour ce gamin, ce n’est pas normal. »

« Avant, on était les Prisonniers »

Pascal Bovis ne boude pas non plus son plaisir de voir l’image de son club transformée : « Il faut garder notre esprit de famille. On a quand même réussi un sacré tour de force, parce que je n’oublie pas que quand on jouait dans les petites divisions, on était « les prisonniers » (en référence à la prison de Fleuy-Mérogis). On a « changé » le nom de la ville et là, on lui a donné une image et une connotation positives, ainsi qu’à l’agglo, et ça, ça vaut cher quand même. Ici, c’est avec la sueur que tout a été fait. Tout a été construit à la force du poignet, à l’image des locaux derrière le stade Felder (il nous montre le club house et les bureaux administratifs, à côté du terrain d’entraînement des féminines). On n’est pas un club de vedettes, contrairement à ce que l’on pense. » Pourtant, le FC Fleury 91 traîne aussi cette image de club « qui a les moyens » : « On met les moyens comme il faut, il ne faut pas oublier qu’on a les filles en D1, rectifie Bovis ».

Salah Madjoub : « C’est quand ça devient dur que les durs se mettent à jouer »

Sur le plan sportif, le FC Fleury a fait preuve d’une grande régularité tout au long de la saison : aucune défaite jusqu’à la trêve de Noël, une seule défaite en déplacement, à Feignies-Aulnoye, bête noire des Floriacumois (défaite à l’aller et au retour), une solidité reconnue, notamment en défense, que même les 4 buts encaissés lors des deux derniers matchs ne peuvent effacer (3e meilleure défense des trois poules), un bilan de 59 points en 28 matchs (meilleur total des trois poules avec Le Puy Foot), bref, c’était, de l’avis de tous, l’année ou jamais pour Fleury !

Salah Madjoub, le conseiller auprès du président, et Enzo Bovis, l’un des joueurs du FC Fleury.

Pour Salah Madjoub, arrivé l’été dernier comme « conseiller auprès du président », passé par … Chambly, la montée en National est « un aboutissement » : « Je suis vraiment content pour Pascal Bovis. Cela fait tellement longtemps que le président se bat pour atteindre le troisième niveau national… C’est important pour lui et pour le club qui continue de grandir, de se construire, témoigne celui qui avait déjà passé 6 ans au club entre 2011 et 2017 – « J’étais entraîneur adjoint, on avait notamment fait la montée de N3 en N2 avec le coach Bernard Bouger » – et qui connaissait forcément très bien le contexte. « Le staff et les joueurs ont fait un boulot extraordinaire. Maintenant, c’est quand ça devient dur que les durs se mettent à jouer (sourire) ! Voilà, on sait que le National, ce n’est pas la même chose : à nous de nous mettre au niveau et de faire en sorte que ça marche. On sera prêt, surtout quand on a un capitaine d’industrie comme on a avec Pascal Bovis, je n’ai pas de doute. »

L’expérience du Stade Briochin

Visuel Stade Briochin

Pour le Stade Briochin, l’accession était moins attendue : l’US Saint-Malo avait caracolé en tête de son championnat jusqu’à Noël avant que les Girondins de Bordeaux ne montrent les crocs en début d’année. Et puis… Les Griffons, revenus de nulle part, enfin, pas tout à fait quand même, ont su surfer sur leur campagne de coupe de France (éliminés en 1/4 de finale face au PSG), dans un stade Fred-Aubert à moitié rénové mais sur une pelouse en mauvais état. Ils ont aligné 11 succès de rang (mieux que Le Puy Foot et ses 10 succès de rang !), série en cours. Qui pouvait suivre ce rythme infernal ? Tout simplement personne. « On a performé en première partie de saison, il faudra sur-performer lors de la deuxième partie » avait prédit ici même, à Noël, Gwen Corbin, le coach de Saint-Malo.

Fleury, un exemple pour Saint-Malo

Guilaume Allanou va rempiler sur le banc du Stade Briochin. Photo Stade Briochin

Mais c’est Saint-Brieuc, avec son président – entraîneur – directeur sportif – partenaire – chef d’entreprise (et accessoirement père de famille !), Guillaume Allanou, et son équipe sereine, très expérimentée, notamment derrière (L’Hostis, Angoua, Kerbrat, Le Marer, Diakhité, Boudin), qui a sur-performé et profité d’une fragilité soudaine et, peut-être, d’une inexpérience côté malouin. Et aussi de la chute vertigineuse des Girondins où, il faut le reconnaître, il fallait être sacrément costauds pour supporter la pression et faire fi de tous les soucis extras-sportifs.

Bien sûr, Les Herbiers, La Roche-sur-Yon et Bourges ont animé cette deuxième partie de saison mais ils partaient de trop loin. Après avoir annoncé en cours de saison son retrait, Guillaume Allanou, récemment admis au BEPF pour l’année 2025-2026, va finalement rempiler. Ce qui ne sera pas le cas de Christophe Kerbrat (38 ans), absent depuis le match de coupe face au PSG (hernie discale) : l’emblématique défenseur met un terme à sa riche carrière.

Aujourd’hui, on se met à la place de l’US Saint-Malo : en Ile-et-Vilaine, la déception doit être à la hauteur des immenses espoirs de montée suscités par cette première partie de saison parfaite. Mais l’USSM peut s’inspirer de l’exemple de Fleury, 1er ex aequo en 2024 (mais devancé au goal average direct pour la montée par Paris 13 Atlético), 1er ex aequo en 2023 (devancé au goal average direct par Epinal) et 2e en 2022. Tout vient donc à point…

Le Puy éteint Cannes

La joie des Ponots après leur victoire à GOAL FC samedi dernier, qui les propulse en National. Photo Sébastien Ricou / LPF 43

Pour Le Puy Foot, alors là… Chapeau ! Sans doute plombé la saison passée par leur campagne de coupe de France (1/4 de finaliste face à Rennes) et finalement devancé sur le fil par Aubagne dans la course à la montée, le club du président Christophe Gauthier, quand bien même il a dû repartir d’une page au 3/4 blanche durant l’été, avec un effectif très rajeuni, est resté fidèle à ses principes de jeu – et là il faut saluer le travail du coach Stéphane Dief – et sur ses idées de recrutement. Et là, en matière de recrutement, le mérite en revient à Olivier Miannay, dont l’énorme réseau en National, en N2 et même en N3, a encore servi les intérêts du club.

Stéphane Dief – Olivier Miannay, les artisans

Stéphane Dief. Photo Sébastien Ricou / LPF43

Le chef étoilé, qui a déjà vécu deux accessions en National avec Le Puy sous l’ère Roland Vieira (2019 et 2022), connaît la recette. Les ingrédients ? Un peu d’expérience (Lebeau, Ben Fredj), du flair, le tout agrémenté de joueurs dénichés à l’étage du dessous – Adinany (Raon-l’Etape) l’an passé, Ghemo (Agde), Sakho (réserve de Montpellier) cette saison – ou dans des clubs un peu moins « réputés » de N2, venus se faire un nom en Haute-Loire (Adelaïde de Jura Sud), Diebold de Haguenau, Soualhia d’Avoine, Bouleghcha de Wasquehal, etc.).

Et c’est au plus fort de la tempête, quand il y a eu ce nom-match en 16e de finale de la coupe de France à Dives-Cabourg (élimination 1 à 0), cette grave blessure de l’avant-centre Marvin Adelaïde (compensé en partie par le retour de Mohamed Ben Fredj) et le départ à Montpellier de Nicolas Pays, que les Ponots se sont recentrés sur l’essentiel : le groupe, l’objectif et le jeu. Onze victoires (dont dix d’affilée) et un nul ont fini de mettre tout le monde d’accord, même l’AS Cannes, son plus gros concurrent, dont le creux du mois de mars (deux défaites consécutives à Hyères et contre Angoulême) a été fatal.
Les Cannois, partis d’un peu loin cette saison, auront de plus grandes ambitions encore la saison prochaine mais risquent de ne pas être les seuls si les rumeurs de l’arrivée des Girondins de Bordeaux dans leur poule se confirme, sous réserve bien sûr du passage devant la DNCG. L’été pourrait bien réserver quelques quelques surprises.

  • Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
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