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National 2 : Alès, le petit Saint-Etienne des Cévennes

Place forte du football professionnel jusqu’au milieu des années 90, l’Olympique d’Alès en Cévennes a connu une longue traversée du désert, au point de chuter jusqu’en DHR. Aujourd’hui, le club, à l’image de la ville, renaît de ses cendres en N2. Redevenu ambitieux, il jouit aussi d’une ferveur et d’un soutien populaire rare à ce niveau.

Vous avez souri en lisant le titre ? Vous pensez que la comparaison avec les Verts est exagérée ? Peut-être… Pourtant, après avoir passé une journée à Alès, beaucoup échangé avec les supporters et assisté au 32e de finale de la coupe de France face au Paris FC (1-2), on persiste et signe : cette ville, ce club, ce stade… tout ici transpire le football ! Le ballon rond, c’est un peu le poumon de cette cité minière de 40 000 habitants, enclavée, isolée, sans charme particulier, mais pas sans chaleur.
« On a le sang bleu et blanc » clame Laurent Ivaldi, abonné, venu spécialement d’Aix-en-Provence (lire son interview plus bas). Il n’est pas le seul à venir de loin. D’autres sont de Clermont-Ferrand, Paris, etc.

Les Alésiens veulent une équipe à leur image

Devant le bar des platanes, on affiche ses couleurs !

A Alès, l’histoire est partout. Elle est à la fois houillère et bien sûr sportive : car le foot a toujours fait partie de la vie de ses habitants, des durs au mal, qui savent mieux que quiconque ce que aller à la mine ou aller au charbon veut dire. Qui ont la notion du travail. L’Alésien est fidèle, chauvin, ouvert, chaud et fier de sa terre. Toujours prêt à s’enflammer. Prêt à soulever des montagnes. Et il veut une équipe à son image. Mais là, c’est un autre sujet…

Il est 10 heures du matin, ce samedi ensoleillé mais froid et venteux. Devant le bar des Platanes, à 150 mètres du stade Pierre-Pibarot, l’immense drapeau planté bien en évidence au bord de la route menace de s’envoler. Dessus, on peut lire l’inscription suivante : « Un seul Olympique dans le Gard, l’Olympique d’Alès en Cévennes ». Le message est clair : ici, on déteste Nîmes. On déteste le rouge !

Pourtant, le club voisin est souvent dans les conversations. D’ailleurs, quelques heures plus tard, dans les tribunes du stade municipal de la Prairie (l’ancien nom du stade Pibarot, jusqu’en 1980), en plein match face au PFC, on entend les spectateurs s’enquérir régulièrement du résultat de l’ennemi juré, en déplacement à Orléans pour son 32e de finale. On n’ira pas jusqu’à dire que l’élimination des « Crocos » a atténué la déception après celle des Alésiens, passés un peu à côté de leur match, mais puisqu’il faut bien sourire un peu…

En position de relégable

Il est 10 heures, et les premiers supporters sont là. A midi, ils seront une cinquantaine et à 14 heures, ils se rendront tous ensemble, tel un cortège, au stade, où le coup d’envoi est fixé à 15h30.
A l’intérieur du bar, un établissement qui fut partenaire du club, Simon Balme, le patron, nous accueille chaleureusement et enchaîne les cafés. Ici, la déco est « bleu et blanche ». Les affiches et les écharpes sont partout. D’ailleurs, tout le monde est habillé aux couleurs du club. Vous cherchiez le fief de l’OAC ? Vous y êtes. Les conversations tournent autour du club. L’inquiétude se fait ressentir. Parce que l’équipe de Hakim Malek n’est pas bien classée en National 2 (11e sur 14 et en position de relégable). Et ce joli parcours en coupe de France ne saurait atténuer la déception des résultats en championnat.

Le cadeau de Ribéry au gardien du stade

A deux heures du coup d’envoi, il y a déjà beaucoup de monde au stade Pibarot pour assister au 32e de finale de la coupe de France.

Attablé au fond du café, Victor Chighine, un « ancien » dirigeant des années 70, multiplie les anecdotes. Il parle de Thierry Gudimard, un attaquant des années 80, et de Franck Ribéry, « qui est revenu à Alès après son départ pour offrir une voiture à Pépone, le gardien du stade, et ça, peu de gens le savent… » Il aussi parle de Jean Sadoul, l’ancien président de la Ligue, et d’une histoire de repêchage de l’OAC, dont le pure alésien, décédé en 1991, n’aurait, selon la légende, pas été étranger…

Soudain, un mouvement de foule. « Les gars, c’est le bus du Paris FC ! ». En quelques secondes, le bar se vide. Tout le monde se précipite dans la rue pour huer le cortège parisien, dans une ambiance très bon enfant. On est quand même loin du folklore du sud ! Quelques instants plus tard, c’est Daysam Ben Nasr, l’un des joueurs du groupe N2, qui passe à pied devant le bar. Tout le monde le salue, certains posent en photos avec lui. Il est applaudi comme une star.

Une longue traversée du désert

La tribune bien pleine du stade Pibarot face au Paris FC, le 6 janvier dernier.

A Alès, la venue d’une équipe de Ligue 2 ravive le souvenir des belles années – le club a longtemps été l’un des bastions de la Division 2 -, mais personne n’est dupe : c’est juste une simple affiche de gala qui remet le club sur le devant de la scène et permet de faire parler de lui. Parce qu’au prochain match de championnat, contre Grasse, samedi, ils ne seront pas 3500 dans la tribune comme face au Paris FC, mais sans doute 500.

Les supporters, quant à eux, seront présents. Depuis quelques années, le mouvement socios se fait de plus en plus ressentir, surtout depuis la création du nouveau « Kop Cévenol Héritage », en hommage à l’ancien « kop cévenol » qui prenait place dans la vieille tribune « bois », comme ils disent.

Le stade municipal de la Prairie, à Alès, dans les années 50.

Juste avant la trêve, au 8e tour de la coupe, ils étaient une cinquantaine dans les tribunes du stade Turcan, à Martigues, pour la qualification nette et sans bavure chez le 3e de National (1-2). Et le mercredi soir, sur le site  » https://www.allez-ales.fr/accueil « , ils sont parfois des centaines à écouter ou participer aux débats de Mickaël Bertrand, l’animateur. Ces débats, on peut les suivre sur Facebook, où il existe aussi une autre page appelée « Union pour le renouveau de l’OAC ».

Pour un club de National 2, qui sort d’une très longue traversée du désert – le club a passé dix saisons au niveau régional après la liquidation judiciaire et la relégation de National en DH en 2003, l’année où un certain Franck Ribéry arborait le maillot de l’OAC -, et neuf autres en N3 (CFA2) -, cette ferveur est assez exceptionnelle.

Face au Paris FC, dans l’unique tribune de 3700 places assises (la deuxième tribune a été démolie en 2007), il n’a pas manqué grand chose pour voir le public s’enflammer et se soulever. C’est simple, à chacune des actions offensives alésiennes, c’était comme si les 3500 spectateurs récupéraient le ballon, débordaient et centraient ! En fait, il a un peu manqué cet esprit « coupe », celui qui permet aux « petits » de renverser des montagnes.

Basile : « Il faut un complexe sportif dédié »

La tribune du stade Pibarot, le 6 janvier dernier, bien remplie face au Paris FC en coupe.

Aperçu dans les travées de Pibarot, André Basile, qui habite à 2 kilomètres du stade, ancien joueur de l’OAC et aussi ancien entraîneur, aujourd’hui à la tête de Bagnols/Pont (Bagnols-sur-Cèze/Pont-Saint-Esprit) en Régional 1, n’est pas surpris par cet engouement : « L’OAC, c’est mon club de coeur, pose-t-il d’emblée. J’y ai vécu 4 ans exceptionnel comme joueur à la fin de ma carrière (il a notamment évolué en réserve à l’OM et en pro à Mulhouse, Perpignan et Istres en D2), on a joué 2 ans en CFA et on est monté en National (en 2000), j’étais le capitaine, il y avait un public exceptionnel, de l’engouement, et j’ai eu la chance de côtoyer deux coachs fabuleux, Marc Bourrier et Jacky Novi, qui m’ont beaucoup apporté pour la suite de mon parcours. Alès, c’est là que j’ai commencé ma carrière d’entraîneur, d’abord avec les U18 et le centre de formation, puis avec l’équipe seniors en DH. Le club a un passé important en D2, et on sent que, depuis quelques années, il se structure. Il est aussi en train de reconquérir pas mal de partenaires. Je pense que le National 2, c’est le minimum pour l’OAC. Il est à sa place pour l’instant. Pour franchir un palier, il lui faut un complexe sportif dédié, avec des surfaces synthétiques et « pelousées », et une structure d’accueil pour les jeunes afin qu’ils progressent et fassent un jour partie du groupe équipe première. »

A l’issue de cette élimination en coupe, et avant un déplacement à Toulouse en championnat (qui s’est soldé par un match nul 2-2), Laurent Ivaldi et « l’historique » Jean-Marie Pasqualetti, directeur sportif de l’Olympique, se sont confiés pour 13heuresfoot.

Laurent Ivaldi : « Cette ville pue le football! »

Originaire de Marseille, Laurent Ivaldi (53 ans), ce commercial en spiritueux, habite Aix-en-Provence et vient à chaque match de championnat à Pibarot. « Ma maman est Alésienne, raconte celui qui est aussi l’un des quatre fondateurs du nouveau groupe de supporters, le « Kop cévenol héritage »; j’ai passé toutes mes grandes vacances à Alès et mon amour pour l’OAC date de mes premiers matchs au stade de la Prairie, quand j’avais 10 ans ! Mon père m’emmenait avec lui. Le premier stade où j’ai mis les pied, c’est à Alès ! Et comme je le dis souvent, depuis ce jour là, j’ai pris perpète ! Et 40 ans après, malgré tout ce qui s’est passé à l’AOC, je suis toujours là ! »

Laurent Ivaldi (à droite), ici aux côté d’Erwan, leader du kop cévenol héritage.

Laurent, on voit des supporters, comme vous, venir de loin : c’est rare pour un club de N2, non ?
Oui, on a des supporters qui viennent d’un peu partout, c’est là que l’on voit qu’on a une aura assez particulière pour un club de ce niveau. On a des gens de Paris, Clermont, Bollène, Montpellier, Avignon, Aix, on en a aussi qui viennent de l’Ardèche voisine. C’est exceptionnel de voir un club de N2 ratisser aussi large. On voit bien que l’on est un club atypique.

Ce stade plein, face au PFC, ça vous fait quoi ?
Honnêtement, ça me fait quelque chose, parce que ça faisait quelques années qu’on ne l’avait pas vu aussi bien rempli. Il y avait eu Monaco en Coupe (en 2011), l’AC Ajaccio aussi, mais je ne me fais pas de faux espoirs non plus : je sais très bien que les 3/4 des gens qui sont venus face au Paris FC ne seront pas là samedi pour la venue de Grasse en championnat. C’est ça qui me peine. Mais il faut voir le bon côté des choses : dès qu’il y a un intérêt, dès que le club refait parler de lui, on sent que le potentiel est là, que les gens n’attendent que ça, mais on est confronté au quotidien.

Le stade Pibarot, en 1987, pour la demi-finale aller de la coupe de France face à Bordeaux, avec 17 000 spectateurs.

3500 spectateurs face à une Ligue 2, c’est significatif quand même…
Oui et ça me conforte dans mon idée : cette ville d’Alès, elle pue le football ! Il faut replacer les choses dans leur contexte : il n’y a que 40 000 habitants, ce n’est pas une mégapole, et dès qu’il y a un peu de résultats, un peu d’intérêt, on fait 3000 personnes au stade, c’est magique. j’ai connu le fameux match « historique » du club en 1987 et cette demi-finale de coupe France contre Bordeaux. On avait été éliminés sans perdre (2-2 à Alès à l’aller, 0-0 au retour). Il y avait 17 000 spectateurs ! La moitié de la ville était au match ! Il paraît qu’il y a eu 40 000 demandes de places pour ce match ! Il y avait des chaises d’écoliers sur la piste d’athlétisme et des gens partout, dans les arbres, sur les panneaux publicitaires ! C’est vraiment un club qui fait partie des « historiques ». C’est le plus titré du Gard, avec deux titres de champion de D2, il est centenaire, et c’est le deuxième club français le plus ancien à avoir accédé au professionnalisme en 1923, derrière Le Havre. Pour une petite ville comme Alès, c’est exceptionnel. Et sans leur manquer de respect, ce n’est pas Chambly ni Dunkerque, hein !

Devant le bar des platanes, fief de l’OAC.

Alès, un petit Saint-Etienne : la comparaison est-elle exagérée ?
Là, ça me fait plaisir d’entendre ça, parce que Saint-Etienne, c’est mon club français préféré. C’est le seul qui a réussi à fédérer toute la France derrière lui. Le grand Saint-Etienne, souvenez-vous, c’était l’équipe de France. Le PSG n’aura jamais toute la France derrière lui. L’OM non plus. Il y a un peu Lens. Moi, je me retrouve dans ça, c’est ce terreau minier, ce terreau ouvrier; à Alès, on aime ses joueurs, on aime son club où l’amour du maillot veut vraiment dire quelque chose. On ne veut pas de « starlettes », on s’attache à ces valeurs-là, on veut juste des « types » qui mouillent le maillot et collent à l’image de la ville. De nos jours, je sais que c’est de plus en plus difficile mais nous, supporters Alésiens, on s’attache à ces valeurs-là. Et c’est pour ça qu’on est déçu de la prestation de l’attitude de nos joueurs contre Paris FC en coupe. Je m’attendais à voir 11 tigres et j’ai vu 11 chatons. J’ai été très déçu par rapport à ça. On l’a évoqué dans l’émission de Mickaël mercredi dernier ( https://www.allez-ales.fr/accueil ) et on l’évoquera lors de la réunion avec les dirigeants (ce mercredi matin). Pour moi, l’état d’esprit prévaut, surtout en coupe de France. Là, j’ai eu l’impression de voir un match amical de début de saison. je suis frustré par rapport à ça, surtout qu’il y avait du monde et la possibilité de fédérer des gens. Il fallait se servir de ce match, or on est passé à côté sur ce plan là. Si on avait fait le match que l’on a fait à Martigues au tour précédent, le résultat aurait été tout autre. Mais on est une équipe à réaction : à domicile, on n’a jamais ouvert le score, vous imaginez ! On est toujours en train de courir après le score. C’est la grosse problématique de cette équipe, qui a des qualités et qui, dans le jeu, a le niveau d’une équipe de National, on l’a bien vu à Martigues où on leur a donné une leçon de football. Je m’attendais à voir le même genre de prestation.

Selon vous, elle est où, la place d’Alès aujourd’hui, sur l’échiquier du football ?
En National. Au-dessus, il ne faut pas rêver : pour aller en Ligue 2, soit tu as un très beau centre de formation et tu peux t’appuyer sur des jeunes, mais on n’a pas ça à Alès. Soit tu peux t’appuyer sur des moyens financiers mais là encore, ce n’est pas notre cas. Alors quand j’entends notre président, Didier Bilange (fondateur et PDG de Jubil intérim), parler de Ligue 2 …. Je connais le bassin économique alésien, je suis dubitatif, et quand je vois la situation actuelle en National 2, je signe dès à présent pour que l’on se maintienne en fin de saison parce que, pour moi, le projet cap 2024, il est en train de prendre du plomb dans l’aile.

Le joueur de l’OAC, Daysam Ben Nasr, salue les supporters en allant au stade.

Pourtant, le club a le soutien des collectivités et des partenaires…
Oui, la mairie est derrière le club, l’entente est bonne avec le maire Max Roustan et le premier adjoint, Christophe Rivenq, qui est venu passer un quart d’heure dans le kop; ils prennent conscience du poids du club dans la ville et dans les Cévennes : après le président Didier Bilange, la ville est le deuxième plus gros « partenaire « , ils ont refait la pelouse l’an passé, mais on parle d’une ville de 40 000 habitants, elle fait avec ses moyens. Il y a beaucoup à faire. On part d’une feuille blanche. On est limité. Sur le plan sportif, on vient de perdre notre buteur Abdoulaye Diaby parce que l’on ne peut pas s’aligner sur Thonon Evian qui a trois fois notre budget et qui est dans notre poule en N2. L’an passé, on n’a pas pu retenir non plus notre meilleur joueur, Maël Zogba, parti en National, à Epinal. On a des terrains d’entraînement dans un état catastrophique. Tout ça me fait dire que le N2, c’est déjà pas trop mal, et si le club monte en National, ce sera très bien.

Devant le bar des platanes.

Elle est comment, cette ville d’Alès ?
C’est une ville qui a vécu des temps difficiles à la fin des années 70 quand les mines ont fermé, avec un taux de chômage qui faisait partie des plus élevés de France, mais petit à petit, elle a réussi à relever la tête; il y a eu une petite impulsion au niveau de son économie, pas mal de nouvelles entreprises sont venues s’implanter. La ville est à la relance. C’est en train de payer : Alès est la ville d’Occitanie qui a le taux d’augmentation démographique le plus élevé après Montpellier : on gagne des habitants là où Nîmes en perd par exemple. On serait, d’après le dernier recensement, 44 000 habitants ! La ville a retrouvé un second souffle et on espère que ça va profiter au club. De plus, la mairie peut se servir du club en termes d’image : à la fin des années 80, quand l’équipe tutoyait les sommets de la Division 2, partout en ville on voyait une campagne d’affichage sur l’OAC, qui était alors le fer de lance des Cévennes, avec des panneaux partout. Et c’était vraiment ça, l’OAC : « le club des Cévennes ». C’était vraiment quelque chose. Toutes les entreprises du bassin alésien étaient partenaires du club et le soutenaient. C’est sur ça qu’il faut s’appuyer à nouveau.

A vous écoutez, cela nous rappelle un peu Gueugnon…
C’est fou, on voit les mêmes choses ! Je connais bien ce club, qui n’arrive pas à redécoller, qui est historique, sauf que Gueugnon s’est toujours appuyé sur les forges à côté, qui étaient le partenaire principal. Mais c’est encore plus flagrant à Gueugnon qu’à Alès, car là-bas, il y a le stade et rien d’autre ! Gueugnon, c’est 8000 habitants ! Quand tu es footballeur là-bas, tu n’as que ça à penser. J’ai beaucoup d’affection pour ce club. On est sur les mêmes valeurs. Des clubs comme ça, qui ont connu de belles heures, ont vu le football business arriver, et ils sont tombés. Ils n’arrivent pas à remonter et sont englués en N3. A Gueugnon aussi, ça pue le foot. C’est comme à Louhans, Montceau et même Thonon, dans les années 80… Ce sont des clubs que l’on voyait à La Prairie, il y avait aussi Rodez, Istres, Martigues… Oui, je dis « La prairie », parce que, pour moi, le stade Pibarot, c’est d’abord le stade de La Prairie, comme on l’appelait avant.

Le Kop cévenol héritage, à Martigues, en décembre dernier, en coupe de France.

Ce mercredi, les dirigeants de l’OAC reçoivent les supporters…
Je trouve que les supporters ne sont pas assez accompagnés. On est en N2, vous avez vu la ferveur ? J’ai déjà évoqué ce sujet en assemblée générale. J’en ai parlé au coach Hakim Malek. Je lui ai dit « Coach, chaque samedi, est-ce que vous voyez des équivalents de kop comme le nôtre, à part Cannes et Toulon peut-être ? » « Franchement, même Cannes et Toulon, ça n’est pas comme nous » a-t-il répondu. Il a vu que l’on était 50 à Martigues en coupe, 70 à Toulon, en N2, et on n’a pas les résultats pour nous. Si demain on est en National, on joue devant 2000 personnes à domicile et on a 100 personnes dans le kop, c’est ça qui est rageant. C’est frustrant parce que je sais le potentiel de cette ville, on le voit avec ce match de coupe face au Paris FC, ça frémit. Il y a toujours cette petite étincelle qu’ont les clubs historiques. Il suffit de pas grand chose. On va voir avec le club comment on peut faire pour avancer ensemble.

On n a pas parlé du Nîmes Olympique…
(rires) C’est tabou ! Alès-Nîmes, c’est la vraie rivalité. Y’a des mecs qui se sont inventés un derby avec Nîmes et Montpellier, parce qu’Alès a disparu du paysage, mais quand tu as connu les Alès-Nîmes des années 70/80, c’était autre chose que les Nîmes – Montpellier, vraiment, et en plus, on n’en a pas perdu beaucoup !

Alès serait-elle encore plus une ville de foot que Nîmes ?
Le foot est important aussi là-bas mais Nîmes, c’est quand même trois fois Alès en termes de population. Si Nîmes descend en N2, ce qui ne serait pas pour me déplaire, vous verrez qu’il y a aura plus de monde à Alès qu’à Nîmes… si on se maintient. Nîmes est une ville de foot, c’est indéniable, c’est un club qui a compté et qui a un palmarès aussi, mais je le répète, le club doyen du Gard, c’est Alès, le club le plus titré du Gard, c’est Alès. Les Nîmois n’aiment pas trop qu’on leur rappelle ça, mais c’est la vérité. C’est un peu comme Lyon et Saint-Etienne, la préfecture contre la sous-préfecture, les riches contre les pauvres… Dans les années 80, on disait que Nîmes était la banlieue d’Alès au niveau foot !

En 1970, à Alès, 20 000 spectateurs pour un match Nîmes-OM en coupe de France.

On voit bien que vous êtes obnubilé par Nîmes : pendant le match face au PFC, les gens suivaient en même temps leur 32e de finale à Orléans…
Bien sûr ! Il y a une rivalité qui ne s’éteindra jamais. L’été dernier, même en amical, on était 2000 au stade, on sentait qu’il n’en fallait pas beaucoup pour que l’étincelle se déclenche, mais ça reste du foot. C’est clair que la période que Nîmes vit actuellement, on ne vas pas pleurer, on n’a pas oublié que nous, on s’est retrouvé en Division d’Honneur et même une saison en DHR (en 2006-2007), alors peut-être que les mouches sont en train de changer d’ânes. Ils ont quand même d’autres moyens. Il y a beaucoup plus d’entreprises. Même si nous, petit à petit, ça revit, mais on reste enclavé, avec une population qui n’a pas un pouvoir d’achat transcendant. On fait avec nos petits moyens. Les Cévenols sont des gens qui ont une parole, qui fonctionnent un peu à l’ancienne : je suis d’origine corse, je me retrouve beaucoup dans les Cévenols, dont on a coutume de dire que ce sont un peu les Corses de l’intérieur. Il y a vraiment une identité, je le vois au niveau des joueurs comme Théo Peyrard, le vice-capitaine, ou Yann Djabou, le capitaine : ce sont nos symboles, des joueurs de club qui se dépouillent sur un terrain, des types qui ne vous trahiront jamais. On cherche à s’identifier à des joueurs comme ça, qui colle à la ville, au terroir, à la mentalité cévenole.

Le stade Pibarot a accueilli l’ancien capitaine du Brésil et du PSG, Rai, lors de la venue du Paris FC, dont il est l’un des actionnaires.

Pourquoi avoir accolé le mot « héritage » au « kop cévenol » ?
« Kop Cévenol héritage », c’est une façon de rendre hommage à l’ancien « kop cévenol », un des groupes de supporters mythiques, qui était avant dans la tribune Bois, celle où je suis rentré la première fois quand j’étais gamin. On était proche du terrain, ça sentait le cigarillo et la saucisse. Avec le mot « héritage », c’est une forme de respect et de reconnaissance envers eux. C’est un peu comme un retour vers le futur !

On a recréé ce club il y a 5 ans quand on était dans les bas-fonds, dans une brasserie d’Alès, avec Mickaël, qui s’occupe du site allez-ales.fr, Martial et Jean-Christophe, qui tient la page Facebook « Union pour le renouveau de l’OAC ». On a décidé de faire quelque chose et, deux ans après, le club a présenté son projet Cap 2024. Récemment, on a reçu Toulon en championnat, j’étais sur la pelouse, et quand j’ai vu le kop, j’ai eu les larmes aux yeux. Je me suis revu dans les années 70/80. J’étais comme un gamin. Ce soir-là, je me suis dit : « On est en train d’y arriver ! ». C’est du boulot, du temps, de l’argent et de la passion. Mais on a le sang bleu et blanc.

Jean-Marie Pasqualetti : « La routine ne doit pas s’installer »

Jean-Marie Pasqualetti, directeur sportif de l’OAC.

Il a pris sa première licence à l’Olympique d’Alès en Cévennes en 1990, quand il avait 16 ans, 4 ans après avoir suivi son papa, José, venu terminer sa carrière de joueur chez les Bleu et blanc (de 1986 à 1990), avant d’y entamer celle de coach. Depuis, Jean-Marie Pasqualetti n’a plus bougé, sauf une fois… Mais pas très loin : le Bastiais – « mais je me sens surtout Alésien » – a signé au Nîmes Olympique, où il a passé trois saisons en National (de 2003 à 2006). Sa seule infidélité. Pour le reste, l’ancien défenseur, aujourd’hui âgé de 49 ans, a tout vu, tout connu et tout vécu avec son club de coeur : la Division 2, la descente aux enfers (jusqu’en DHR) et aussi la (lente) remontée dans les championnats nationaux. C’est aussi à Alès que, après sa carrière de joueur, il a endossé le rôle d’entraîneur en DH et en CFA2, entre 2010 et 2016, avant d’endosser le poste de directeur sportif. Rare dans les médias, Jean-Marie Pasqualetti, qui préfère l’ombre à la lumière, évoque le projet « cap 2024 » et son rêve de voir un jour l’OAC retrouver le monde professionnel.

Jean-Marie, on a bien vu, avec ce match face au Paris FC, qu’il y avait une grosse attente à Alès…
Oui, et les Alésiens sont capables de revenir vite au stade, à condition qu’ils se reconnaissent dans l’équipe. Les affiches de coupe de France ont toujours une saveur particulière, et le public répond toujours présent : en 2011, alors qu’on était en DH (Régional 1), on avait éliminé Nîmes en National, la tribune était pleine aussi, contre Monaco aussi la même année, j’étais sur le banc en tant que coach. En championnat, quand on est monté de N3 en N2 en 2022, on a parfois eu 2000 personnes au stade. Il y a une histoire ici. Les Alésiens aiment le football. Ils ont en mémoire l’OAC des années 80. Cette saison, dans notre poule, en N2, il y a aussi Toulon, qui pour moi fait partie de ces clubs historiques, Thonon aussi, même si leur histoire est plus récente, et Cannes bien sûr. Et il y a eu Sète l’an passé. Ce sont des clubs, à l’instar d’Alès, qui ont compté dans le foot français.

Ce poids de l’histoire peut-il être un frein aux ambitions de l’OAC ? Ne vit-on pas trop dans le passé ici ?
Un frein, je ne pense pas. Depuis 2003, on a un peu disparu de la vie des Alésiens après cette descente de National en DH, si bien que le club n’a pas eu trop de références durant ces 20 ans, à part peut-être au travers de quelques matchs de coupe, ou lors des accessions de DH en CFA2 (en 2013) puis de National 3 en National 2 (en 2002), où l’engouement était bien présent. Ce n’est pas un frein : je vois ça comme une difficulté, un défi, celui de remontrer aux Alésiens qu’il y a un bon club, qui existe depuis longtemps, et qu’il y a un train qui a redémarré, avec de nouvelles ambitions.

Hakim Malek, le coach de l’équipe de N2.

Justement, le président Didier Bilange avait lancé le projet « Cap 2024″… or 2024, on y est : et sans préjuger de ce qui va se passer cette saison, sera-ce un échec si l’OAC n’est pas en National ?
Non, parce que le projet Cap 2024 a été posé sur la période de la Covid. En fait, avant ça, on était un club actif mais on n’affichait pas encore des ambitions qui permettent d’avoir des échéances de progression et de structuration, ni qui permettent aux supporters alésiens de voir quelles étaient nos perspectives. A partir du moment où le projet Cap 2024 a été exposé et validé, la démarche a été de l’expliquer en interne puis aux gens de l’extérieur. D’un coup, le club est redevenu très ambitieux pour les années a venir et la première étape de ces ambitions, c’était que le club, autour de 2024, ait pu commencer à se restructurer à tous les niveaux, administratif, financier, sportif. C’était aussi que le club, autour de 2024, soit un vrai club de National 2 prétendant à la montée avec l’ambition finale d’être en National. C’est pour ça que si on n’accède pas en National cette saison, on restera tout de même sur une idée de progression et de continuité … si on finit mieux classé que la saison passée, c’est à dire si on finit mieux que premier non-relégable. En fait, c’est simple : si on termine moins bien classé, ça sera une descente en N3, voilà. Du coup, on est condamné à faire mieux que la saison passée. Et donc, si on y arrive, on sera dans une forme de continuité, de progression, de structuration, d’avancée.

Ne pas accéder en National ne serait donc pas un échec ?
Il est évident que la montée en National, ça serait un échec si on n’y arrivait pas à notre 3e année de National 2, mais l’essentiel, pour nous, c’est d’avoir une vision à long terme sur le club et de se dire « comment on peut continuer à le structurer ? ». Si on est amené à rester en N2, cela ne remettrait pas en questions nos ambitions. Mais le danger, ce serait de rentrer dans une routine comme on l’a fait en N3 où l’on est resté longtemps (neuf saisons) avant de monter. On s’est rendu compte qu’en étant ambitieux un peu plus tôt, on aurait peut-être déclenché cette accession en N2 plus rapidement. Donc pour nous, idéalement, le National 2, ce serait pour 3 ou 4 ans avant d’enchaîner sur autre chose.

On a l’impression que le club est à un virage…
Dans notre réflexion, on sait que le National est difficile, tant pour y accéder que pour y rester, et avec la réforme de la FFF, le niveau va se resserrer, et il faudra vraiment faire partie des meilleures équipes. Pour y arriver, il faudra des bases solides, tant structurelles que financières, parce que le sportif, on ne le maîtrise jamais. On peut estimer avoir une équipe qui va jouer la montée et puis descendre, et inversement. Le sportif reste la partie aléatoire. Ce que l’on veut, c’est qu’à partir du moment où le sportif nous permettrait de franchir cette étape là, d’aller en National, les à côtés fassent que l’on puisse être en capacité de se stabiliser, à travers un budget, des partenaires, une organisation. Je pense que ce virage dont vous parlez, on l’a déjà pris déjà en sachant que si on passait de N3 en N2, ce qui est arrivé l’an passé, on changerait déjà un peu de monde, en raison de la concurrence, des budgets, de la DNCG, etc. On s’était déjà un peu préparé à ne pas dépendre que du sportif. Le tournant était déjà là, en posant ce projet « cap 2024 », qui a obligé à réfléchir aux échéances à moyens termes, financièrement et au niveau des infrastructures, du budget, etc. Du coup, le maintien ou la non accession ne nous fera pas basculer dans le fossé.

Vous le trouvez comment ce championnat de N2 ?
Je le trouve très intéressant et d’un bon niveau, il y a des matchs d’une grand intensité et beaucoup de très bons joueurs : souvent, ce sont des garçons recalés de centres de formation, qui se retrouvent en N3 ou N2 à 20 ans et qui, quelques années plus tard, avec un peu plus de bouteille, deviennent de très bons joueurs de N2. C’est un bon championnat, relevé. Tout le monde dit que la poule sud est est la plus difficile, je peux l’entendre mais je n’en suis pas convaincu. On rencontre de belles équipes et c’est plaisant. Il y a un fossé entre le N3 et le N2, avec des joueurs quasi professionnels, qui n’ont la tête qu’au football.

Souvent, on entend que dans cette poule sud, les terrains sont en moins bon état, qu’il y a plus de duels, beaucoup de derbys…
La poule sud est est plus serrée athlétiquement, il y a des des paroles, parfois de l’intimidation, mais le niveau est bon. On n’a pas rencontré beaucoup d’équipes qui fermaient le jeu. Après, on a peut-être cet « avantage » de ne pas jouer beaucoup de derbys, donc il y a moins l’emprise régionale, de part notre situation géographique. Dans le sud ouest par exemple, il y a peut-être un plus grand plaisir à produire du jeu. Maintenant, en Rhône-Alpes ou en région parisienne, ça ne doit pas être facile non plus de jouer.
La place d’Alès, selon vous, aujourd’hui, c’est laquelle ?
Ce club peut aller en National. Il y a un public qui répond présent. Après, Didier Bilange, le président, souhaiterait que, suite au projet « cap 2024 », le club puisse redevenir professionnel. Il n’y a pas 36 façons d’y arriver. Il n’y en a que deux : cela passe soit par une accession en L2 d’ici quelques années, mais il y a beaucoup de chemin pour y arriver, ou alors, il y a une autre possibilité d’y arriver, si le National passe pro. Pour l’instant, le seul chemin pour y parvenir, c est la Ligue 2. Mais on est loin d’être un club de Ligue 2. En revanche, avec le National, on n’aurait pas à rougir.

Quid de vos infrastructures ?
Le stade Pibarot, jusqu’à il y a 2 ans, servait à la fois pour les matchs et pour les entraînements aussi. La collectivité a investi sur une nouvelle pelouse la saison dernière ce qui nous a permis d’avoir un bon terrain et de basculer sur un terrain d’entraînement, le terrain du Moulinet, le terrain historique puisque c’était déjà là que je m’y entraînais quand j’étais pro à l’époque de la Division 2. La difficulté, c’est le nombre de terrains pour l’ensemble du club. Il faudrait que l’on arrive à avoir 2, 3 ou 4 terrains supplémentaires avec une utilisation exclusive du club. Deuxième point, qui n’est pas propre à la ville ou au club, c’est la capacité d’entretenir les pelouses, que cela soit l’été avec l’été avec les contraintes d’arrosage, l’hiver quand elles s’abîment vite, etc. On travaille aussi sur l’amélioration de notre outil de travail, qui est un axe de notre projet cap 2024 : mais c’est un des points les plus lents, parce que trouver des terrains, construire, aménager, cela ne se fait pas du jour au lendemain. En résumé, compte tenu de notre ambition sportive, il faudra automatiquement que cela s’accompagne par une meilleure qualité de l’outil de travail.

Souvent, pour réussir, on dit qu’il faut allier le côté populaire, le tissu économique et la volonté politique : Alès a-t-il tout ça ?
On n’a pas un bassin économique très grand si l’on compare avec nos voisins montpelliérains ou même nîmois, après, cela faisait longtemps que le club avait disparu. cela faisait 20 ans qu’il avait quitté le N2. Les entreprises ont un peu oublié le foot, mais la coupe de France et la montée qu’on a vécue il y a un an et demi ont montré que les gens étaient attentifs aux signaux qu’on leur donnait, comme avec ce match face au Paris FC, où il y avait plus de 3000 spectateurs. On existe, on a besoin des entreprises comme partenaires financiers, il y a de l’activité, de la vie. Même si les grosses entreprises d’il y a 40 ou 50 ans ont plus ou moins disparu, d’autres, plus petites, se sont installées à Alès, où il y a un certain renouveau et un certain dynamisme depuis plusieurs années. Et la Ville, au travers de son maire Max Roustan et de son premier adjoint Christophe Rivenq, ont toujours soutenu le club et le soutiennent toujours : ils sont attentifs à cela, et font en sorte que les entreprises du bassin recommencent à aimer le foot et si possible participe au financement du football alésien. Il y a aussi une démarche à faire de notre part : on doit montrer qu’un club de National 2, et a fortiori un club de National, a un impact économique et financier pour les entreprises ou les partenaires, en matière d’hôtellerie, de restauration, de la vie des licenciés, etc. Le foot est une activité économique, même si en N2 aujourd’hui, cela coûte beaucoup plus cher qu’avant, et que cela demande des moyens. Mais cela génère aussi de l’activité.

Quel budget avez-vous cette saison en N2 ?
L’an passé, nous avions 1,5 million d’euros et cette année, nous avons 1,7 million. On savait, dans notre projet cap 2024, qu’en passant de N3 avec 800 000 euros, il faudrait en arriver là. C’était prévu et si on accède en National, le budget est anticipé et ciblé, et potentiellement atteignable compte tenu du bassin économique.

Un dernier mot sur les supporters : c’est rare de voir autant de ferveur en N2…
C’est rare de voir autant de personnes investies à ce niveau, c’est vrai. C’est bien, et ça fait partie des éléments nécessaires dans la vie d’un club, de la capacité à créer une ambiance à Pibarot. C’est bien qu’il y ait de plus en plus de personnes qui aient envie d intégrer le kop des supporters et, à l’image de notre ambition, on a toujours gardé la philosophie d’un club professionnel, même si notre projet date de 3 ou 4 ans. On se doit aussi d’aller dans ce sens-là au niveau des supporters, qui sont de plus en plus nombreux. Maintenant, il faut voir quels liens il peut y avoir entre le club et eux, comment fonctionner avec eux et dans quels domaines, et que veulent-ils exactement. Mercredi (demain), nous les rencontrerons, ce sera le moment d’exposer les attentes des uns et des autres. Je sais par exemple que le Kop cévenol héritage ne fonctionne pas en association : on l’a vu au 8e tour de la coupe de France, quand on s’est déplacé à Martigues, cela engage des responsabilités. Il faut fixer des cadres.

Texte : Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06

Photos : Olympique d’Alès en Cévennes et DR.

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