L’ex-gardien de but de Bourg-Péronnas et Toulon, formé à Nice, sa ville natale, et à Sochaux, est devenu un entraîneur dur, exigeant, rigoureux et cash. Un vrai général d’armée, qui n’aspire qu’à transmettre, progresser et gravir les échelons. Et à mettre de l’eau dans son vin !
Par Anthony BOYER / Photos : 13HF, FC Albères-Argelès et Besançon Foot
Mettre les mains dans le cambouis, ou plutôt les gants, Benoît Pansier sait ce que cela veut dire. Et on ne dit pas cela uniquement parce qu’il était gardien et qu’il a joué par tous les temps ! Mais parce qu’avant de côtoyer les championnats nationaux sur un banc, l’ancien joueur de Bourg-Péronnas et Toulon, notamment, a fait ses armes à des niveaux régionaux voire départementaux, là où les moyens sont souvent limités et où il faut user du système D. Et même s’il considère qu’il a « vagabondé » deux ans au Lavandou, un an à La Seyne, en Promotion d’Honneur, et six mois à Mouans-Sartoux, en DHR, où ce n’était « pas simple », les premières années de coach – dont une autre expérience avec la réserve de Toulon également – lui ont beaucoup servi.
« Sincèrement, je n’étais pas adapté pour ces niveaux-là, et ces expériences se sont révélées être des échecs plus qu’autre chose, reconnaît-il avec une lucidité rare dans le milieu. C’est d’ailleurs avec cette même lucidité – et aussi son côté « cash » – qu’à la question « Qu’est-ce qu’il t-a manqué pour faire une carrière de joueur en Ligue 2 » que lui, l’ancien gardien coté en National et en National 2, a répondu avec la plus grande franchise : « Le talent ».
« Le terrain me manquait trop »
« Honnêtement, entraîner en PHA et en DHR, c’était plus de la survie; poursuit-il. Mais à un moment donné, il faut bien manger… Cela m’a appris des choses, notamment sur la gestion humaine. Mais je ne suis pas fait pour ces niveaux-là. Ensuite, je suis parti deux ans à Fos-sur-Mer, comme responsable de la formation, une super-expérience, mais le terrain me manquait trop. Et puis, au moment où je pense que c’est mort, le projet du BF (Besançon Foot), en National 3, est arrivé de nulle part ! »
Attention, quand Benoît Pansier dit qu’il n’était pas « fait » pour ces niveaux-là, n’y voyez là aucune prétention : simplement, chez lui, son exigence, sa rigueur, sa discipline, son professionnalisme sont tels qu’il est presque impossible de retranscrire tout ça à l’échelle amateur. C’est pour cela que le natif de Nice (47 ans) a un profil qui se rapproche plus du haut niveau, et avec le National 3, il a déjà trouvé un échelon plus en rapport avec ses désirs, un échelon plus élevé (surtout depuis la refonte des championnats l’été dernier) où certains joueurs n’ont que le ballon pour métier.
Alors, quand l’autre club de Besançon, le « BF », lui a proposé un contrat, il n’a pas hésité : « Le club cherchait un coach, et puis, vous savez comment c’est, un agent, l’ami d’un agent, puis l’ami d’un ami d’un agent connaissait le directeur sportif de Fos-sur-Mer, James Strauss, à qui j’avais dit que j’aspirais à retrouver le terrain. On m’a appelé, et voilà, en 48 heures, ça s’est fait avec le Besançon Foot. »
« J’ai du mal à arrondir les angles »
Trois saisons et trois maintiens plus tard, le titulaire du DES – il peut entraîner jusqu’en National 2 – a ressenti le besoin d’aller voir ailleurs. Puis les portes qu’il avait entrouvertes à l’intersaison se sont tour à tour refermées, au point que le doute s’est à nouveau installé : « Je suis resté trois saisons à Besançon et à ce jour, c’est mon fait d’armes. J’avais fait trois ans à Sochaux, donc je n’arrivais pas en terrain inconnu, je connaissais la région, c’était un peu comme un retour aux sources. Mais après trois ans, j’avais la sensation d’avoir fait le tour, de tourner en rond, mon discours s’usait, et puis, il faut avouer aussi que j’ai un management très dur… C’est pour ça que, rester trois ans dans un club avec mes méthodes de management, c’est un exploit. Avec moi, c’est à la dure, à la militaire. J’ai du mal à arrondir les angles. Mais je tends vers plus de souplesse, parce que mon leitmotiv, c’est d’aller au plus haut niveau. Et je mettrai tout en oeuvre pour y aller. Si cela doit passer par un peu plus de rondeur dans les angles, alors OK. » L’exigence dont on vous parlait plus haut.
De Besançon à Argelès…
À Besançon, le foot, le foot, ça a l’air compliqué, non ? « C’est compliqué au Racing surtout, pas au Besançon Foot. Le BF, c’est un club qui s’est retrouvé en National 3 sans avoir vraiment voulu y être, qui a profité des différents dépôts de bilan du Racing; à la base, c’est un club de PHA de quartiers, qui a fusionné avec d’autres clubs, qui a gravi les échelons parce que ça a bien travaillé. Mais il n’a pas les structures d’un club de National 3. On se partageait juste le stade Léo-Lagrange pour les matchs de championnat. D’ailleurs, quand je suis arrivé, les deux clubs étaient en N3, comme cette saison d’ailleurs. Pour le derby, y’avait 1500 à 2000 personnes. Après, le Racing a toujours fait du monde, c’est le club historique. Mais les deux ne s’entendent pas. Moi, par exemple, j’avais des contacts avec David (Le Frapper, aujourd’hui coach à Bourg-en-Bresse/Péronnas, en National), mais je n’en avais pas avec son prédécesseur, Jean-Marc Trinita. »
Finalement, après une inter-saison où il a bien cru ne trouver aucun projet, est arrivé Albères-Argelès, toujours en National 3, dans les Pyrénées-Orientales, à côté de Perpignan. « Je connaissais très bien l’ancien coach, Guillaume Boronad (de 2017 à 2022), avec qui j’avais joué à Toulon, et qui a fait monter le club de Régional 1 en N3. En discutant avec lui, je lui ai dit que je cherchais un nouveau challenge, et il m’a dit que le coach de la saison passée, Raphaël Girardot, allait partir, et derrière, ça s’est fait vite. »
Au pays du rugby
En terre d’ovalie, Benoît découvre un club jeune (il est né en 2006 de la fusion entre l’ASEA Sorède, situé sur le territoire des « Albères », qui regroupe plusieurs petites communes, et le FC Argelèst), avec un peu plus de moyens : « On a 650 000 euros de budget contre 350 000 euros au BF » et surtout une équipe où la plupart des joueurs ne font que du foot. Je peux travailler avec un groupe où je n’ai que quatre joueurs qui bossent à côté, mais comme ce sont les quatre cadres de l’équipe, alors on s’entraîne le soir. On a trois contrats fédéraux. On a vraiment des bons joueurs, un bon groupe, un bon effectif, avec Pascal Vié, qui a joué à Martigues, Marignane et Canet, Toufik Ouadoudi, qui a joué au Puy et à Canet, Max Ferri, l’ex-gardien du Canet, Quentin Martin (ex-Villefranche, Bourg, Béziers)… Bien sûr, en termes de structures, on reste un club amateur, on n’est pas Alès, Gueugnon, Mâcon, Jura Dolois ou Louhans-Cuiseaux, pour ne citer que ces clubs-là. Il ne faut pas oublier qu’Albères-Argelès était en Régional 1 il y a 4 ans et demi. »
Le National 3, plafond de verre ? Comment exister au pays du rugby ? Quid du football à Perpignan et dans sa région ? Un rapprochement est-il possible comme ce fut le cas avec Canet et la capitale de la Catalogne ? « Le National 3 a des exigences, répond Pansier; notre club n’a pas d’histoire, et ça, c’est difficile, parce qu’on est dans une région ou le football n’est pas la priorité. Mais il a de l’ambition. Tant qu’Albères-Argelès restera tout seul, ça sera compliqué. Il faudrait se rapprocher de Perpignan, faire un club Perpignan-Argelès. Perpignan est quand même une grande ville. Pour Canet (N3), c’est pareil : ils ont juste un peu plus de moyens que nous, mais ils ont la même problématique : un jour, un mécène est arrivé, mais le jour où le mécène s’en va… Ils ont eu cette réflexion et tenté le rapprochement avec Perpignan; géographiquement, c’était justifié, parce que Canet est juste à côté, alors qu’Argelès est à 25 kilomètres de Perpignan. Mais cela leur a plus coûté qu’autre chose, parce que Perpignan, où la politique sportive est le rugby, a jeté l’éponge. C’est incroyable que la capitale de la Catalogne n’ait pas un club de foot au moins en National. La Catalogne, c’est le Barça tout de même ! »
« L’objectif ? Un bon maintien en N3 »
Sportivement, le FC Albères-Argelès, coprésidé par Raymond Vazquez et Mickaël Lafond, a livré une première partie de saison intéressante (7e à la trêve), qui s’est terminée par un 0-0 sur le terrain de Bayonne, une équipe que Pansier voit bien accéder en National 2 la saison prochaine (lire l’interview « du tac au tac »), même si, pour l’heure, c’est la réserve de Toulouse qui est en tête. « Le National 3 est relevé, c’est dû à la refonte des championnats. Après, est-ce que c’est notre poule qui est plus relevée ? Je ne sais pas, mais c’est dur : les écarts sont faibles. Notre objectif, c’est un bon maintien. C’est la première fois que les dirigeants prennent un coach de l’extérieur, avec quelques joueurs aussi de l’extérieur. On a un peu professionnalisé le club, au niveau du staff et du fonctionnement, avec un adjoint / préparateur physique (Maxime Moretti), un entraîneur des gardiens, Hicham Rhoufir (demi-finaliste de la coupe de France 2010 avec Quevilly), un intendant sportif (Damien Potteau), un kiné (Nicolas Cladiu) et un team manager (Logan Ropero). Mais le point noir, c’est la coupe de France, on a été sorti tôt (élimination au 5e tour face au FC Comtal, club de R2, sur le score de 2 buts à 1). »
Une grosse déception, parce qu’un parcours en coupe est synonyme de médiatisation : « Le club manque de notoriété et c’est en ce sens que la coupe aurait servi. Je comprends la position des dirigeants, mais le problème, c’est que j’ai 25 joueurs à concerner : or, si du 18e au 25e, aucun ne joue contre un club de Régional 3 en coupe, quand est-ce que je le fais jouer alors ? Parce qu’il faut garder tout le monde concerné. Aujourd’hui, le jeune joueur de 20 ans, il veut jouer : ce n’est plus comme à mon époque, où on était content d’être à l’entrainement, d’être dans le groupe. C’est là que, parfois, les discours dirigeants / coachs diffèrent. Mais je comprends : la coupe, ça fait rentrer de l’argent au club et ça engendre une médiatisation. »
Benoît Pansier, du tac au tac
« Passion, travail, rigueur »
Meilleur souvenir de ta carrière ?
J’en ai plusieurs ! J’ai vécu pas mal d’épopées en coupe de France, avec différents clubs, Bourg-Péronnas notamment (1/4 de finale en 1998 et 8e de finale en 2003). Et avec Toulon, on a quand même fait un 16e de finale à Clermont (en 2005). Ce sont des souvenirs marquants. Mais peut-être que mon plus beau souvenir, c’est la montée de CFA en National avec Toulon en 2005. On monte à la dernière journée contre Saint-Priest devant un stade de Bon Rencontre plein. Je pense que ça passe avant la coupe parce que c’est l’aboutissement d’une saison, ce n’est pas éphémère.
Le pire souvenir ?
C’est la descente, la seule que j’ai connue, de National en CFA, lors de ma dernière saison à Bourg, en 2004. Cette saison-là, je me suis blessé au dos, je n’ai malheureusement pas disputé tous les matchs, c’était aussi ma première saison en National, et même quand je jouais, je n’étais pas à 100 %. Une saison de merde.
As-tu déjà pris des cartons rouges ?
Oui, quelques-uns… Mais pour un gardien, je pense que j’en ai pris un peu plus que ce que je ne n’aurais dû. Mon caractère, mon style de jeu avec ma capacité à jouer haut, et donc à être moyen dans la couverture de ma défense, ont fait que… En fait, j’étais un gardien à l’ancienne, bon sur sur sa ligne et dans les 18 mètres, mais peu à l’aise dans le jeu en dehors de mes 18 mètres, et parfois, je m’aventurais loin de ma surface et il m’arrivait de découper l’attaquant.
Qualités et défauts sur un terrain ?
Qualités, le jeu sur ma ligne, la technique, la prise de balle, plongeon, détente, les sorties aériennes… mais à l’époque, nous, les gardiens, on était vachement jugé sur notre jeu aérien : c’est beaucoup moins le cas maintenant. Aujourd’hui, cet aspect du jeu est devenu anodin et plus du tout prioritaire. J’étais un gardien à l’image de Lionel Letizi, très sobre sur sa ligne, toutes proportions gardées.
Justement, Letizi, le Niçois comme toi : c’est un modèle ?
Oui, j’allais le scruter aux séances à Nice. J’ai eu la chance de faire des entraînements spécifiques avec lui, j’étais ce gamin qui admirait son « grand frère ». Jusqu’à en avoir même des mimiques sur mes déplacements, ma manière de jouer.. On a un peu la même morphologie, la même nonchalance, un peu les même caractéristiques. En plus, au-delà de ses qualités de joueur, c’est un homme en or.
Une erreur de casting dans ta carrière ?
Oui, avoir quitté Toulon pour Fréjus. Je ne veux pas dévaloriser Fréjus, parce que pendant deux ans, le club fut mon employeur, mais quand on a connu Toulon… Si c’était à refaire, je n’y serais pas allé, parce que passer de Bon Rencontre avec plusieurs milliers de supporters à un stade de … Le samedi, quand je jouais à Fréjus, ça sentait la merguez alors que, un an avant, à Toulon, ça sentait les fumigènes. Pour la motivation, c’était compliqué. Je n’y arrivais pas. Ce n’était pas un problème d’équipe, car on avait une bonne équipe à Fréjus, mais je n’arrivais pas à me transcender et les deux saisons que j’ai fait là-bas, en terme de rendement, sont mes deux plus pourries.
Un club où tu aurais rêvé de jouer ?
J’y ai joué, mais en jeunes, c’est l’OGC Nice; j’aurais aimé y faire ma carrière si j’avais eu le choix. C’est mon club de sang, c’est ma ville. J’allais avec la Brigade Sud au stade du Ray quand j’étais jeune. Je suis Niçois quoi ! J’y reviens à toutes les vacances.
Un match qui ressort de ta carrière ?
(Rires) Bayonne – Toulon en National : là-bas, ce soir-là, on avait été héroïque, j’avais fait cinq ou six arrêts déterminants. C’était Alain Pochat sur le banc d’en face, que je viens juste d’affronter à nouveau à Bayonne avant Noël en N3 avec Albères-Argelès (0-0). Après ce match Bayonne-Toulon, je me souviendrai toute ma vie de ce que m’a dit le directeur sportif André di Scala à la fin : « Lundi tu passes au bureau, et tu signes pour la durée que tu veux au Sporting » ! Je lui en avais voulu de m’avoir dit ça. En fin de saison, il me lourde de Toulon ! C’est le football.
Le pire match de ta carrière ?
Certains de mes matchs avec Fréjus en CFA, je me disais « Il ne faut pas que je reste, cela ne sert à rien ». Je n’étais pas épanoui, mais j’étais payé, et pas mal payé… D’ailleurs, le club payait bien les joueurs pour les faire venir, sinon, les joueurs ne viendraient pas.
Un stade mythique ?
Le Ray à Nice. Même si, contrairement à la plupart des Niçois pure souche, j’adore l’Allianz Riviera (le nouveau stade de Nice, inauguré en 2013), quand il est plein, y’a une ambiance de malade. Je suis un des rares niçois à kiffer l’Allianz !
Un coéquipier marquant dans ta carrière ?
À Sochaux, j’ai côtoyé des garçons qui ont fait une grosse carrière, mais si je dois en ressortir un, je dirais Camel Meriem, il aurait dû faire une carrière à la Zidane. C’est le meilleur joueur avec lequel j’ai joué.
Et le meilleur feeling sur le terrain ?
Sébastien Soulas à Toulon. Lui aussi, c’est pareil, il aurait dû faire une meilleure carrière.
Combien d’amis dans le football ?
Omar Daf, mon ami d’enfance, avec qui j’ai joué à Sochaux, c’est la famille.
Un adversaire qui t’a impressionné ?
L’attaquant Do Marcolino (ex-Laval, Angers, Amiens), quand il jouait à Vannes, m’avait mis un hattrick en National et m’avait impressionné, à tel point que Jean-Louis Garcia, notre coach à Toulon, voulait le récupérer la saison d’après; finalement, il l’a récupéré, mais plus tard, à Angers. Et je citerais aussi quelqu’un avec qui j’ai joué et qui a aussi été un adversaire, c’est Mesut Bilici, un attaquant redoutable.
Un coach que tu as perdu de vue mais que tu aimerais revoir ?
Parfois je l’ai au téléphone, c’est une personne que j’ai eu comme entraîneur, et pourtant, à ce moment-là, notre relation n’était pas au top, c’est Jean-Louis Garcia. Une référence. C’est le meilleur coach que j’ai connu, et pourtant, j’en ai connu beaucoup, Francis Gillot à Sochaux, Faruk Hadzibegic, Jean Fernandez, des noms plus ronflants, mais Jean-Louis… J’aurais aimé bosser avec lui, même si je sais qu’il bosse beaucoup avec Manu (Nogueira), qui est un pote, mais là, je ne sais pas si Jean-Louis reprendra à nouveau un club. J’aurais aimé le côtoyer dans un staff.
Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Non, aucun. Joueur, je me projetais déjà en tant que coach, donc j’essayais d’apprendre. Je n’étais pas un joueur chiant. J’étais sérieux, bosseur, rigoureux, respectueux. J’avais un sale caractère mais je n’étais pas un « falabrac », je n’étais pas Ruffier ! Moi, c’est plus la sobriété, Letizi, Lloris… Je n’étais ni bruyant ni bouillant. J’étais dans mon coin. D’ailleurs, pas sûr qu’à l’époque on aurait pu penser que je deviendrais entraîneur, car je n’étais pas un meneur d’hommes, je ne faisais pas de bruit dans le vestiaire, je ne criais pas à la mi-temps ou à la fin d’un match. Par contre, j’en faisais plus que les autres. J’arrivais le premier, je partais le dernier.
Une causerie ?
Oui, celle de Didier Christophe à Bourg, il avait repris l’équipe en National, je crois que c’était le match du maintien; il avait fait une causerie un peu à la Pascal Dupraz. Il avait demandé à quelques épouses et familles de joueurs de dire un petit mot en vidéo, j’avais trouvé ça fabuleux. D’ailleurs, je l’ai imité une fois.
Des rituels, des manies avant un match ?
Toucher ma barre au coup d’envoi, notamment. J’en avais plein d’autres !
Une phrase, un dicton ?
Le travail surpasse le talent, alors que le talent échoue face au travail.
Pourquoi as-tu pratiqué le foot, quand tu étais gamin ?
C’est mon père qui m’a transmis le virus. C’était sa passion. Il m’a initié au foot, à La Victorine, à Nice, puis j’ai intégré l’OGC Nice où j’ai suivi des amis. J’y ai passé cinq ans de U15 jusqu’à la réserve de CFA où on s’entraînait très jeune, parce qu’il n’y avait pas de 18 ans nationaux; j’avais eu des formateurs comme Gaby Desmenez, Daniel Sanchez, Hugues Buffat…
Tu ne pensais qu’au foot ?
Oh oui, j’étais un malade de foot, je le suis toujours d’ailleurs. Le foot, c’était une obsession. Je voulais réussir. C’est un trait de caractère fort chez moi, mais dans le foot, parce que dans la vie, je ne suis pas du tout comme ça. Dès que ça touche au football, je deviens fou furieux, c’est ma vie, et je dirais même, c’est ma thérapie, une drogue : quand je ne vais pas bien, je me mets un match de foot !
Que t’a-t-il manqué pour franchir le cap et jouer en Ligue 2 ?
Le talent. Ce que j’ai réalisé, je le dois à 90 % au travail. Je n’avais même pas le talent pour jouer au niveau où j’ai joué. J’ai arrêté à 35 ans parce que mon cerveau était usé. Usé de mon surplus de travail, d’investissement, tout ce travail invisible que je me suis imposé pendant quinze ans, avec une hygiène de vie draconienne, à la limite de la folie. Je pesais les aliments, je me couchais à 23 heures… J’avais conscience que je n’avais pas le talent pour jouer ne serait-ce qu’en National, mais j’ai réussi à gravir des échelons grâce au travail.
As-tu déjà marqué un but ?
Malheureusement non !
Si tu n’avais pas été footballeur ?
J’aurais peut-être fait l’Armée.
Quand as-tu su que tu allais devenir coach ?
Très jeune, quand j’avais 18 ou 19 ans. C’est une vocation. Celle-là je l’avais ! Je l’ai toujours eu en moi. C’est paradoxal. Autant quand j’étais joueur, j’avais l’image de quelqu’un de humble, autant j’ai l’image d’un coach hautain, prétentieux, sur de lui… Après, je sais que j’ai des qualités pour ce métier de coach, et j’aspire à aller plus haut. Ce qui n’empêche pas le travail : je suis pareil, j’arrive trois heures avant la séance et je repars deux heures après, ça, ça n’a pas changé ! Je m’impose la même rigueur de travail que si j’étais en Ligue 1. J’ai commencé avec les gardiens, à Bourg, j’avais l’école des gardiens, même à Sochaux, parfois, on nous envoyait coacher une équipe de jeunes.
Les entraîneurs qui t’ont inspiré ?
J’ai deux mentors. Il y a Jean-Louis Garcia, ancien gardien comme moi, même rigueur, même exigence, même caractère, avec l’obsession du moindre détail. Après, quand je l’ai eu à Toulon, ça avait matché moyen, parce qu’il est « casse-couilles ». Mais les deux meilleures saisons que j’ai faites, c’est avec lui, j’avais atteint un niveau que je ne pensais pas pouvoir atteindre. Il est toujours derrière toi, il ne te lâche pas, il te met la pression, il te crie dessus. Mais il fait aussi constamment aller au-dessus. Je suis un peu comme ça avec mes joueurs. Et j’ai Pep Guardiola. Bien sûr, je n’ai jamais « pratiqué » Guardiola, alors que Jean-Louis, oui, c’est plus concret. Mais je reste un pro-guardiola, j’aime le jeu de possession, au point d’en être obsédé et fermé à tout autre football, mais j’ai dû évoluer dans ma réflexion : Guardiola, il a les meilleurs joueurs du monde… Faire ce qu’il fait, tu ne peux pas le faire avec Nancy par exemple (rires). Avec Argelès, Besançon ou la réserve du Sporting de Toulon, ce n’est pas possible non plus. Est-ce que l’on veut mourir avec ses idées ou bien essayer d’évoluer, parce que tu as envie de progresser, de durer, d’aller vers un plus haut niveau ? J’ai pris cette deuxième option, en essayant toutefois de garder les grands principes de jeu.
Justement, tes principes de jeu ?
Aujourd’hui, j’insiste aussi beaucoup sur les valeurs de combativité et de générosité, de solidité dans les duels, parce que le N3 le demande. Tout en conservant le cadre du jeu. Je suis beaucoup plus adepte d’une défense à 4, j’essaie de bâtir mes effectifs à partir de ce socle, mais cela m’est arrivé de jouer à 5 ou à 3, même si je ne suis pas un grand fan. Ensuite, est-ce que je joue avec une sentinelle devant la défense, ou deux numéros 6… ? Je ne suis pas fermé. Mais j’ai une obsession depuis 2 ou 3 ans, que je n’avais pas avant : c’est de faire du pressing, très haut. Je trouve qu’en N3, on arrive toujours à chiper des ballons, parce que les défenseurs sont avant tout des défenseurs justement, et pas des gros relanceurs. Et puis on met beaucoup plus l’adversaire en difficulté en allant le chercher, en le pressant. Depuis quatre saisons que j’entraîne en N3, j’ai noté que, dans l’ensemble, les joueurs n’aimaient pas attendre. Le bloc bas, ils n’aiment pas trop : ça tombe bien, parce que je préfère que mon équipe soit active plutôt que passive. Après, j’ai toujours cette haine de prendre un but, je préfère gagner 1 à 0, j’aime bien être « meilleure défense » même si je ne l’ai jamais été, là, avec Argelès cette saison, on n’est pas trop mal (6e défense).
Que manque-t-il a un entraîneur comme toi pour toucher le monde pro ?
Il faut des résultats et un réseau, et bien sûr le diplôme ! Mais tu ne peux le passer que si tu es dans une structure pro, c’est dur. Adjoint en pro un jour ? Oui, si j’ai de grosses affinités avec le coach, sinon, non. En revanche, je suis ouvert aux U17 ou aux U19 dans un centre de formation pro, là oui, ou une réserve pro.
Qui va monter en N2 dans ta poule ?
Bayonne et Toulouse sont les plus armés. Bayonne a une équipe très puissante, très N2, elle a le profil. Toulouse, on a pris le feu chez eux, on a perdu 4 à 0. Mais ce jour-là, il y avait eu 9 redescentes de pros, de joueurs de 20/23 ans. Mais c’est une réserve pro, ils ne joueront pas tout le temps avec une équipe comme ça.
Le foot, en trois mots ?
Passion, travail, rigueur.
- Un peu d’histoire ! Pourquoi le stade d’Argelès s’appelle-t-il stade Eric Cantona ? « Nous cherchions à donner un nom de footballeur marquant à ce stade (inauguré le 30 août 2019), expliquait sur France Antoine Parra, le maire d’Argelès; Dans notre département, c’est rare ! On a pensé à Eric Cantona car il a une histoire liée avec Argelès-sur-Mer. Son grand-père a fait partie des Républicains qui ont fui le franquisme en 1939 et il a été interné au camp d’Argelès ». Le jour de l’inauguration, Eric Cantona était présent en compagnie de sa famille.
Texte : Anthony BOYER / Twitter @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
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