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Lorient, le nouveau port d’attache de Concarneau !

C’est comment un match de Ligue 2 délocalisé ? Contraints de disputer leurs 19 matchs « à domicile »… à l’extérieur, en raison des travaux du stade Guy-Piriou, les Thoniers ont trouvé trois terres d’accueil à Guingamp, Brest et aussi Lorient où 13heuresfoot a assisté à la journée-type.

La solidarité bretonne a bien fonctionné. Contraints de délocaliser leurs 19 matchs à domicile, en raison des travaux de mise aux normes Ligue 2 de leur stade Guy-Piriou, les Thoniers de l’US Concarneau ont trouvé des terrains d’accueil à Guingamp (deux rencontres, toutes deux déjà jouées), à Brest (9 rencontres) et à Lorient (8 rencontres) où ils viennent de « recevoir » Saint-Etienne (défaite 0-1) et dernièrement Dunkerque (victoire 4-3). 13 heures foot y était.

Lorient, le port à côté

Les bénévoles au départ du bus. Photo DV.

Même si, pour aller jouer au Moustoir, les Concarnois doivent franchir la « frontière » entre le Finistère et le Morbihan, Lorient, c’est le voisin naturel, la porte à côté. « Le port à côté » disent les Thoniers quand ils naviguent dans les eaux territoriales des Merlus.

Les joueurs de Stéphane Le Mignan n’y étaient évidemment pas comme chez eux, mais tout a été organisé pour qu’ils se sentent le mieux possible. « On a été super bien accueilli par le club et par la ville », rapporte Manon Puloch, la responsable marketing et communication à l’US Concarneau.

Contre Saint-Etienne (samedi 23 septembre dernier, 0-1), ce n’était pas la première fois de son histoire que l’US Concarneau jouait « à domicile » à Lorient. En 2015, en quart-de-finale de la Coupe de France, les Thoniers, alors en CFA, avaient déjà « reçu » Guingamp (L1) au Moustoir (élimination 1-2) où ils s’étaient vraiment sentis chez eux. Nicolas Cloarec, leur coach de l’époque, le rappelait dernièrement dans les colonnes du « Télégramme » : « Ce que je retiens, c’est qu’on avait déplacé une ville entière dans un stade. Il y avait 18 000 personnes au Moustoir, pour 19 000 habitants à Concarneau ! Le stade était à nous, c’était fou. »

6010 spectateurs pour Saint-Etienne à Lorient

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

Contre Saint-Etienne, ils n’étaient « que » 6010. Le maximum qu’aurait pu accueillir le stade Guy-Piriou s’il avait été aux normes. « Chez nous, cette saison en Ligue 2, tous les matchs se seraient joués quasiment à guichets fermés, c’est ça le plus rageant ! Contre Saint-Etienne, on espérait entre 7 et 8 000 car c’était à Lorient, donc plus près de Concarneau (trois quarts d’heure de route) que Guingamp (deux heures) ou Brest (une heure et demie), mais surtout parce que c’était contre Saint-Etienne », reconnaît Manon Puloch. « Donc même si on a fait beaucoup plus que contre Bastia (1875) et Annecy (922) à Guingamp, ou que contre Caen (3001) à Brest, on était un peu déçu. On s’y attendait quand on avait vu l’avancée de la billetterie, qu’elle soit sur place, à Concarneau, ou en ligne, mais il faut bien admettre que ce n’est pas simple à organiser. Même si Lorient est le site le plus proche de Concarneau, il y a quand même de la route à faire et on ne va pas au match aussi facilement et naturellement que quand on est sur place. »

Contre Dunkerque, samedi dernier, ils n’étaient d’ailleurs plus que 1921 mais, lorsque Pape Ibnou Ba a achevé de renverser complètement le match en arrachant la victoire dans le temps additionnel (4-3, 90′ +4), les supporters ont fait du bruit comme s’ils étaient… 6000 à Guy-Piriou ! « On a vécu beaucoup d’émotions. C’est vrai que ça fait quelques semaines, voire quelques mois qu’on n’avait pas vécu ça, ça remonte à Guy-Piriou. Ce sont des moments très agréables pour une équipe et pour un club », a confié le coach Stéphane Le Mignan au « Télégramme ».

Les déplacements des supporters

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

6010 contre Saint-Etienne. 1921 contre Dunkerque… Le déplacement des supporters reste, pour la chargée de marketing et de communication, une des très grandes problématiques de ces matchs délocalisés. « On a passé un partenariat avec une société de co-voiturage, StadiumGO, mais pour l’instant les supporters n’en profitent pas vraiment. Ils préfèrent se déplacer entre eux. On aurait bien aimé aussi organiser des navettes mais c’est difficilement envisageable car il y a tellement de zones d’ombres et d’incertitudes quant au nombre de spectateurs potentiels que c’est très compliqué pour nous à anticiper et à gérer. On n’a pas non plus pu mettre en place de formules d’abonnements en raison de nos matchs dans trois stades différents. On ne se plaint pas mais je crois que les gens ne s’imaginent pas la quantité de travail qu’il faut abattre pour notre première saison en Ligue 2 dans ces conditions. Déjà, du National à la Ligue 2, le cahier des charges de la licence club n’a rien à voir. Il doit répondre aux nombreuses demandes de la LFP, et quand en plus il faut jouer à domicile dans trois stades différents, ça multiplie tout. S’il n’y avait qu’un seul stade encore ça irait, mais trois c’est énorme, rien qu’en déplacement de matériel que l’on ne peut pas stocker. »

Quand ça bouchonne aux entrées…

Contre Saint-Etienne, il y a d’ailleurs eu un « couac » aux entrées où ça a bouchonné pour quelques centaines de spectateurs qui ont raté le début du match. « Ce n’était pas un problème de billetterie mais une question de sécurité », explique Manon Puloch. « On a été lâché par une entreprise de sécurité et il nous a donc manqué 32 agents affectés à la palpation pour sécuriser l’accès au stade. » Contre Dunkerque, tout s’est bien passé mais il y avait aussi malheureusement beaucoup moins de monde…

Quarante bénévoles en bus à Lorient

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

« On se déplace à cinq la veille des matchs « à domicile » et on passe toute la journée du vendredi sur place. Le samedi, on a cinq ou six personnes qui viennent le matin pour nous donner un coup de main dans la manipulation de certains panneaux lourds, comme le tableau publicitaire des interviews ou l’arche de la LFP qui est heureusement resté sur place pour nos deux matchs de suite à Lorient, contre Saint-Etienne et Dunkerque », précise Manon Puloch. « Et l’après-midi, on a une quarantaine de bénévoles qui arrivent en car pour s’occuper des buvettes, de la restauration, de l’espace VIP et de l’environnement du terrain. Sans eux, ce serait tout simplement impossible. »

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

Le bus pour Lorient lors du match face à Saint-Etienne, c’était une première qui, par sécurité, sera reconduite durant toute la saison. Avant, à Guingamp, contre Bastia (0-0) et Annecy (1-1), et à Brest, face à Caen (défaite 0-2), c’était en mini-bus que les bénévoles se déplaçaient.

Ce qui ne change pas ce sont leur tenue : des marinières estampillées USC. Et le coeur à l’ouvrage est lui aussi toujours présent pour servir à boire ou mettre la main à la pâte, sur les billigs et les planchas, du côté des stands des galettes-saucisses où, contre Saint-Etienne, les 54 douzaines de crêpes et les 340 saucisses se sont envolées comme des petits pains avant le début de la seconde période. Après le match, le retour en bus a pris un peu de retard mais, quand on aime l’USC, on ne compte pas ses heures. Encore moins en Ligue 2 pour « les matchs à domicile à l’extérieur ».

L’habillage du terrain

Sur le terrain proprement dit, à Lorient, comme à Brest d’ailleurs, l’essentiel de la panneautique (panneaux publicitaires des partenaires de l’US Concarneau) se fait en écrans LED, donc ça simplifie les choses. « Mais il ne faut pas oublier l’habillage des vestiaires, de la zone mixte, des couloirs et de la salle de presse avec la communication de la Ligue de Football Professionnel (LFP), ça demande beaucoup de travail et on y passe plusieurs heures. Et il faut s’adapter à la configuration des trois stades et à leur mode de fonctionnement spécifique », rappelle la chargée de com’.

504 Stéphanois dans le parcage « visiteurs »

« Il faut aussi gérer le parcage « visiteurs » qui est plus ou moins occupé. Pour le match de Saint-Etienne à Lorient, les supporters stéphanois étaient 504. Au niveau de la sécurité, c’est à nous de les accueillir, mais à l’intérieur du stade, c’est leur agence qui gère. Ils ont un process bien huilé et nous ça nous convient très bien comme ça. » Contre l’USL Dunkerque, c’était encore plus simple à gérer car il n’y avait aucun supporter dunkerquois dans le parcage « visiteurs » !

Des langoustines dans les loges

« Pour Saint-Etienne, on avait environ 350 partenaires répartis dans différentes loges selon les prestations offertes que l’on essaye de calquer sur la base des formules « Carré or », carré bleu » ou « carré rouge » que l’on proposait quand on était chez nous au stade Guy-Piriou. Mais on ne fonctionne pas de la même façon à Guingamp ou à Brest où on avait accueilli environ deux cents partenaires. On doit s’adapter aux différents lieux et au nombre. » Et l’adaptation fait parfois très bien les choses car contre Saint-Etienne, au Moustoir, certains privilégiés ont même eu droit à des langoustines.

Interview / Guy Jannez (bénévole) :

« On est très bien reçu partout ! »

Guy Jannez, derrière la buvette ! Photo DV

Impossible n’est pas… bénévoles concarnois ! Guy Jannez, le responsable des bénévoles, raconte comment se déroule et s’organise une journée « à domicile… à l’extérieur » !

Guy Jannez, il y a un lien de parenté entre vous et Guillaume Jannez, le capitaine des Thoniers ?
« Non, pas du tout, ça s’écrit de la même façon mais il n’y a aucun lien de parenté. »

Vous êtes le responsable des bénévoles à l’US Concarneau, c’est un travail à plein-temps ?
« Peut-être pas à plein-temps mais c’est vrai que ça demande beaucoup et de plus en plus de temps avec tout le matériel à préparer et à déplacer… »

Combien d’heures par semaine ?
« On est pratiquement aux 35h (sourire) mais il faut le faire et on va le faire jusqu’au bout. »

Comment se passent les matchs « à domicile » à l’extérieur ?
« Déjà la préparation : on envoie le lundi un message aux bénévoles pour savoir s’ils seront absents ou présents. Ensuite, le mercredi, avec l’aide de Sophie Sellin, on liste les postes pour les buvettes et les stands de restauration. Et le vendredi après-midi, avec le soutien de nos partenaires qui nous prêtent deux véhicules pour chaque déplacement, on charge le matériel, c’est-à-dire l’arche sous lequel passent les joueurs à leur entrée sur le terrain, les panneaux BKT, les planchas et les billigs pour la restauration, les gobelets pour les buvettes, de façon à ce que tout soit prêt pour le samedi matin. On est six à partir vers 8h30 / 9h pour aller faire la mise en place avant que les autres bénévoles n’arrivent vers 16h en bus au stade. Et au retour, le bus repart à 21h30 pour que l’on puisse tous se retrouver au stade Guy-Piriou à Concarneau pour faire un petit casse-croûte entre bénévoles. »

C’est lourd à gérer ?
« C’est très très lourd à gérer et heureusement que l’équipe de bénévoles est très soudée et volontaire. »

Quel est le poste le plus compliqué ?
« La restauration et les buvettes. C’est vraiment lourd car on n’est pas chez nous et il faut tout déplacer. »

C’est plus simple à Lorient qu’à Guingamp ou à Brest ?
« Lorient c’est quand même plus près de Concarneau et on a été très bien accueilli. On a à disposition tout ce que l’on a demandé, il n’y a aucun souci. Brest c’est quand même une demi-heure supplémentaire, Guingamp, plus d’une heure encore de plus, mais sinon on a été très bien reçu dans tous les stades où on doit se déplacer. »

Au nombre de galettes-saucisses et de bières vendues, Saint-Etienne à Lorient, c’était équivalent à un gros match à Guy-Piriou ?
« C’est beaucoup moins et ça n’a même rien à voir. Au niveau de la restauration, c’est à peu près l’équivalent, mais pour la boisson c’est beaucoup moins. Il y a la route du retour à faire… Et alors qu’ici, à Concarneau, la buvette du bas restait ouverte une heure ou une heure et demie après le match, là-bas, à Lorient, Guingamp ou Brest, on ferme à la 70e minute. C’est dans le protocole. »

Toute cette troménie (procession lors des fêtes religieuses en Bretagne), c’est le passage obligé pour vous retrouver chez vous en Ligue 2 la saison prochaine ?
« On va faire l’effort. Il faut absolument qu’on y soit. Mais s’il n’y avait pas les bénévoles, je ne sais pas comment le club ferait. C’est vraiment difficile, mais les bénévoles sont présents et je pense qu’ils le seront toujours. »

Faut-il être retraité pour être bénévole à l’USC ?
« Il vaut mieux car on a plus de temps, mais on a aussi des bénévoles actifs, qui sont au boulot toute la semaine et qui font l’effort d’être là en plus le samedi. »

Les bénévoles ne fatiguent-ils pas ?
« Si, ça commence, mais ils en veulent tellement qu’ils s’accrochent et on se motive entre nous. Il y a une très bonne entente. »

Entre bénévoles, cette situation vous éloigne ou vous rapproche ?
« On se serre les coudes donc ça nous rapproche dans la difficulté. Les bénévoles sont très motivés pour donner un coup de main au club, il n’y a aucune défection, tout le monde est présent, c’est encourageant. Et on a aussi la chance d’avoir la direction et les présidents qui nous encouragent. Si on demande quelque chose, automatiquement c’est accepté. »

Mais ne risquez-vous pas de perdre des bénévoles sur la durée d’une saison aussi lourde ?
« On verra cet hiver mais non, pour l’instant c’est même plutôt le sens inverse. On a trois ou quatre nouveaux qui voient bien que c’est très difficile et qui souhaitent donc se rapprocher de nous pour nous aider. »

Comment se passe un samedi-type pour le bénévole ?
« Pour la quarantaine de bénévoles qui viennent à partir du samedi après-midi, le départ se fait à 15h du stade Guy-Piriou. Quand c’est à Lorient, ils y sont une heure après, et là ils se mettent à travailler, à préparer les buvettes, faire la mise en place et les sandwiches, il en faut aussi pour la sécurité et pour les bénévoles eux-mêmes. Il y a deux heures de temps où on est vraiment le nez dans le guidon. »

Arrivez-vous à maintenir l’esprit concarnois à l’extérieur ?
« Au niveau des bénévoles, on a un bon groupe de purs et durs, ils gardent la fibre car le maillot est là (il pose une main sur son coeur). »

Vous devez être pressés de retrouver vos marques à Guy-Piriou ?
« Il est temps. Il est même plus que temps. C’est fatiguant et ça serait bien que quelqu’un du service des sports de la mairie de Concarneau soit présent pour la préparation et le chargement du matériel à chaque match à domicile que l’on doit jouer à l’extérieur. Et que cette personne soit également présente pour assister à la mise en place dans les stades qui nous accueillent et voir ce qu’il s’y passe. C’est énorme. Vraiment énorme. Les quarante bénévoles ne sont pas là pour faire de la figuration. C’est énormément de travail. »

 

Textes : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos / Contact : dvergos@13heuresfoot.fr

Photo de couverture : Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football (sauf mentions)

Photos Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football (et Denis Vergos)

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