Malgré la douleur de la perte de son papa, le nouvel entraîneur provençal (52 ans) ne s’est pas opposé à la publication de cet entretien, accordé mercredi midi, juste avant d’apprendre la terrible nouvelle…
Texte : Anthony BOYER / Photos : 13HF et FC Martigues
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Hakim Malek a eu la douleur de perdre son papa. C’était mercredi. Il a appris la terrible nouvelle entouré de son staff. Juste avant la séance d’entraînement programmée à 15h30. Il venait de saluer ses joueurs. Et dire qu’à midi, ce même jour, il était en ligne avec nous au téléphone pour un entretien d’une quarantaine de minutes.
Lorsque nous lui avions demandé de raconter la genèse de son arrivée sur les bords de la Venise provençale, mi-janvier, il avait évoqué son papa : « Je suis parti le jeudi en Algérie voir mon père qui est malade, racontait-il, et le vendredi, il y a eu une approche via mon agent. Les discussions se sont poursuivies durant le week-end, et ça s’est accéléré le dimanche. Je suis venu sur place le lundi et voilà, ça s’est fait assez rapidement. »
Hier soir, au stade Bauer, face au Red Star de Grégory Poirier – l’homme qui a propulsé Martigues de National 2 en Ligue 2 en trois saisons -, Hakim Malek n’était pas sur le banc. C’est son adjoint, Ibrahim Rachidi, qui a officié (défaite 1 à 0, but de Benali à la 46e). Le Marseillais, qui a notamment joué au Gazelec Ajaccio en National et en Ligue 2 (et aussi à l’OM, Marignane, Endoume, Consolat, Uzès et Cassis-Carnoux), avait déjà assuré l’intérim (1 victoire au Paris FC et 2 défaites face à Clermont et Grenoble) après l’éviction, le 16 décembre de Thierry Laurey.
Dans de telles circonstances, et par respect pour Hakim Malek et sa famille, s’est posée la question de la publication de cet entretien. Mais l’ancien coach d’Alès (52 ans) a été clair par texto : « Tu peux publier sans souci (…) Ces épreuves nous rappellent l’importance de profiter de nos proches et de vivre. Car tout peut s’arrêter ».
Objectif barragiste … ou mieux
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Intronisé lundi 20 janvier à la tête des Sang et or, Hakim Malek a une mission, difficile et passionnante, d’un peu moins de 5 mois : maintenir le promu en Ligue 2 BKT. Une mission qui semblait irréalisable voilà un peu plus d’un mois. Mais ça, c’était avant que les coéquipiers de Oualid Orinel ne remportent trois de leurs six derniers matchs, dont deux sur la pelouse du Paris FC (2e) et Dunkerque (4e), excusez du peu !
Et puis, il y a eu aussi cette première victoire à la maison, au stade Francis-Turcan – que l’équipe a enfin retrouvé après avoir évolué au Vélodrome et à Gueugnon en attendant les travaux de mises au normes ! – face à Amiens (3-0), le 24 janvier, pour la première du nouveau coach.
Vendredi dernier, devant les partenaires, après la défaite face à Troyes (1-2), Pierre Wantiez, le nouveau président du FCM, arrivé l’été dernier, a confirmé que, depuis quelques semaines, l’image du club avait changé : « Avant, on entendait dire que la présence de Martigues en Ligue 2 ne servait à rien… Je peux vous dire qu’aujourd’hui, de par nos derniers résultats et le travail accompli par tous, le discours et l’image ont changé chez nos adversaires. »
L’ex-dirigeant de Sochaux, Le Havre, Grenoble ou encore Valenciennes, a raison. Martigues ne prend plus de fessée. Est redevenue une équipe solide et compacte, qui ne prend pas beaucoup de buts (5 buts encaissés lors des six derniers matchs, après l’ère Laurey, et 6 buts marqués) et qui grappille des points. Bien sûr, les places de 16e (barragiste) ou, mieux, 15e, sont encore loin, mais il suffit de regarder où en était le club après la défaite à Troyes, le 13 décembre (4-0), au stade de l’Aube, pour comprendre le chemin parcouru (17e sur 18).
Mais ce n’est pas en quelques jours que Malek a pu tout chambouler. Dans cet entretien, il explique la manière dont il met en place certaines choses et évoque sa vision du football. Il parle aussi des étiquettes, parce qu’il faut bien l’avouer, sa nomination a été une surprise. Se justifier, Hakim Malek n’en a pas vraiment besoin. Son expérience, même si elle n’est pas trop (re)connue chez les dirigeants de clubs professionnels français, parle pour lui.
Interview
« Peut-être que Martigues avait besoin de sérénité… »
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Hakim, il y avait déjà eu des contacts l’été dernier entre le FC Martigues et toi, quand Grégory Poirier est parti. N’as-tu pas été déçu de ne pas avoir été choisi ?
C’est sur que quand tu as la possibilité d’aller dans un club que tu connais, et en plus en Ligue 2, il y a toujours une déception, ça fait partie du jeu. En fait, il y avait juste eu des approches, des premières discussions, c’est tout. Mais ensuite, il y a pas mal de remue-ménage au club. J’avais discuté avec l’ancienne direction et quand la nouvelle direction est arrivée, elle a pris une autre option, elle avait d’autres choix, d’autres priorités, ce qui est compréhensible.
Beaucoup de noms plus connus que le tien avaient circulé l’été dernier, comme celui de Pascal Dupraz par exemple. Idem après l’éviction de Thierry Laurey en décembre : as-tu l’impression de ne pas être un premier choix ?
Non, je n’ai aucune gêne par rapport à ça. Dans le football, il y a des statuts, de l’expérience… Après, si tu considères que Pascal Dupraz, par exemple, a plus d’expérience que moi dans le monde professionnel, je peux le comprendre, mais je ne me formalise pas là-dessus. Je n’ai pas d’ego par rapport à ça. Il y a des gens qui décident, qui ont des critères. Est-ce que j’étais le 12e choix sur la liste ou bien le 1er mais dont personne n’a parlé ? Ça, personne ne le sait (rires).
« C’est quoi un entraîneur de Ligue 1 ? »
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Oui mais dans le foot, il y a des noms, des statuts, c’est comme ça…
Il y a des gens qui ne le savent pas, mais j’ai entraîné en Ligue 1 à l’étranger (1), j’ai joué la Ligue des Champions africaine. C’est quoi un entraîneur de Ligue 1 ? C’est quelqu’un qui a entraîné Toulouse et Evian ou quelqu’un qui a joué deux fois la Ligue des Champions africaines ? Après, c’est toujours pareil, c’est une question d’échelle des valeurs. Moi, je ne suis pas exposé en France, c’est un fait. Parce qu’avant, je n’avais pas le diplôme non plus (il est titulaire du BEPF aujourd’hui). Ce statut, j’en ai souffert, parce que souvent, en France, pour faire une carrière, il faut une certaine étiquette, il faut être identifié « entraîneur de Ligue 2 » pendant des années ou « entraîneur de Ligue 1 ». Il faut changer cette vision d’esprit.
Dieu merci, aujourd’hui, des entraîneurs arrivent de nulle part comme Will Still, Francesco Farioli, donc ça fait réfléchir les dirigeants qui se disent « Il y a de nouvelles formes de compétences ». Il y a aussi des coachs comme Eric Roy, qui n’ont pas exercé pendant longtemps dans le championnat français, qui démontrent qu’ils peuvent y arriver. Je pense que tu peux avoir travaillé à l’étranger ou dans d’autres divisions en France, et avoir d’autres compétences. Regarde Pierre Sage, et d’autres, comme Karim Mokeddem, un super-coach, c’est pareil.
Ce mode de réflexion est réducteur par rapport aux compétences de certains, ce qui ne veut pas dire que ceux qui bénéficient de ces étiquettes L1/L2 ne sont pas compétents, bien au contraire. Simplement, par choix, en France, on s’est orienté vers ces coachs-là, qui ont cette expérience de la Ligue 1 ou de la Ligue 2. Par exemple, moi, en Afrique, je suis identifié « Ligue 1 », parce que j’ai déjà exercé dans ces championnats-là, et très souvent, les décisionnaires vont vers ce qu’ils connaissent.
Mais en France, on ne s’intéresse pas aux championnats africains, où il y a pourtant de super-coachs, comme Sébastien Desabre (sélectionneur de la République démocratique du Congo), Patrice Beaumelle (Mouloudia clud d’Alger), Alexandre Jurain (TP Mazembé en RD du Congo), Julien Mette (Rayon Sports FC au Rwanda), Amir Abdou (ex-sélectionneur de la Mauritanie), on parle de garçons qui entraînent des internationaux tout de même. Il y a Eric Chelle aussi : quand tu es comme lui à la tête d’une sélection nationale comme le Nigeria, tu as des joueurs qui jouent en Premier League, en Bundesliga… Il faut des compétences pour driver ces gars-là.
Entraîner en Ligue 2, est-ce un aboutissement pour toi ?
Non (rires). Beaucoup de gens peuvent penser que, comme je suis un nouveau visage qui arrive en Ligue 2, je suis censé être comme le jeune qui arrive, mais cela fait 21 ans que j’entraîne. Et j’ai entrainé à d’autres niveau que Martigues. Quand je suis au Mouloundia (Alger), j’ai 8 ou 9 internationaux dans l’équipe, je joue 5 compétitions sur 3 continents, on a un match tous les trois jours, on fait 68 matchs par saison…
« Evoluer en N3 ou en N2, c’est une richesse de mon parcours »
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As-tu l’impression de devoir constamment te justifier par rapport à ça ?
Non, c’est le fonctionnement du football français qui fait que je ne suis pas connu dans l’Hexagone, donc j’accepte le fait que l’on me présente comme un « jeune entraîneur », par rapport au niveau. Mais le temps passe et les gens oublient : en 2014, j’étais déjà en Ligue 2 (adjoint de José Pasqualetti, à Nîmes). Mais je le comprends. Il y a aussi le pouvoir de la presse et l’effet du temps sur les choses qui jouent. On peut considérer que je n’ai pas beaucoup d’expérience en France, mais avoir à me justifier, je n’en ai pas besoin, j’ai mon expérience, qui est ce qu’elle est, j’ai mes compétences, et puis voilà.
Pourquoi les dirigeants du FC Martigues t-ont ils choisi, selon toi ?
J’ai eu quelques explications, mais il faut savoir que quand j’ai été choisi, j’ai quand même eu d’abord un très gros entretien, et à la fin, ce n’était pas du tout sûr que cela soit moi. Les dirigeants cherchaient un garçon en capacité de coller avec cette équipe de Ligue 2 qui s’est construite très rapidement, avec des garçons pour la plupart des Sudistes. Ils avaient besoin de quelqu’un qui connaissait le contexte et le club, qui avait géré des joueurs pros. C’est sûr que c’était des éléments qui jouaient en ma faveur. Sans rien enlever aux autres entraîneurs, je ne suis pas certain que tous connaissent Martigues et le Sud comme moi je les connais (Hakim Malek est originaire de Rognac et habite Vitrolles, sur l’étange de Berre).
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Et puis, évoluer en National 2, en National 3, c’est aussi une richesse de mon parcours. Dans cette équipe du FC Martigues, il y a des garçons qui ont joué en N2, d’autres en National, d’autres en Ligue 2 déjà, d’autres sont étrangers ou d’origine étrangère, Algérienne ou Marocaine, voilà… Mon parcours est un avantage je pense par rapport à tout ça, parce que j’ai déjà évolué dans tous ces microcosmes. Je suis certes un jeune entraîneur de Ligue 2 Française mais sans prétention, je pense avoir beaucoup d’autres atouts que certains autres entraîneurs, par rapport à tout ce dont je viens de parler, par rapport à la pluralité de ce que représente un groupe.
C’est quoi la différence entre coacher Alès en N3 et coacher Martigues en L2 ?
La plus grosse différence, c’est la capacité à gérer l’enchaînement des matchs et les déplacements. Là, par exemple, on va au Red Star, la semaine est courte, il faut être bon au niveau de la récupération et de la planification. il faut être plus pointu. En N3, les déplacements ne sont jamais très longs. Sinon, sur le contenu, sur les idées, sur le travail, il n’y a pas de différences : le football, ça reste le football. Regarde ce que fait Damien Ott depuis qu’il est à Cannes, c’est exceptionnel. C’est un entraîneur de gros calibre qui entraîne en N2. Je ne pense pas qu’il a changé sa façon de voir le football ou sa personnalité. Pierre Sage pareil : il s’est adapté aux exigences du niveau, je ne pense pas qu’il a changé sa personnalité.
« Je ne suis pas arrivé en jetant un gros pavé ! »
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As-tu déjà réussi à changer quelque chose depuis ton arrivée ?
Le discours est peut-être différent de celui de Thierry Laurey, je ne sais pas s’il est meilleur ou moins bon… Encore une fois, chacun a sa façon d’entraîner, de voir les choses, loin de moi d’avoir un mot disgracieux à l’encontre de quelqu’un qui m’a précédé. Simplement, je pense que l’approche est différente dans le sens ou j’ai pu côtoyer différentes cultures. Je suis très calme, très tranquille. Peut-être que le groupe martégal avait besoin de ça, de sérénité. Je suis assez sûr de mes idées. La première des choses, cela a été de dispenser ça. Après, doucement, je mets des choses en place. J’ai la malchance de ne pas avoir beaucoup de temps donc j’y vais avec parcimonie. Chaque semaine, on touche un sujet important pour moi dans ma façon de jouer. Il est certain que je n’arriverai pas à ce que j’ai en tête, parce que je n’ai ni la trêve hivernale ni la préparation estivale derrière moi sur lesquelles m’appuyer et pouvoir construire quelque chose. Mais chaque semaine, je mets un truc en place. Je ne suis pas arrivé en jetant un gros pavé, ni en disant « Les gars, voilà, j’aime jouer comme ça, on va jouer comme ça », non. Dans un litre, on ne fait rentrer qu’un litre, pas un litre et demi.
Un exemple de quelque chose que tu as eu le temps de mettre en place ?
Notre façon de défendre. Aujourd’hui, c’est différent de ce que l’équipe faisait avant. J’aime défendre des espaces. Je n’aime pas défendre sur des hommes; ça, c’est la première chose. J’aime défendre en avançant. On l’a vu sur les trois premiers matchs, sauf sur la première mi-temps contre Troyes. C’est un élément important. Sinon, on a vu que l’on était en capacité à se procurer des occasions. J’aime construire, j’aime le jeu. Sur ces aspects-là, on a progressé en trois semaines je pense. Il faut entretenir ça et surtout le bonifier.
« Le foot est un sport humain »
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Depuis quelques semaines, on retrouve l’ossature de l’équipe qui est montée de National en L2 la saison passée…
Bien sûr, ça joue… Après, quand je suis arrivé, Ibrahim Rachidi (son adjoint, qui a assuré l’intérim après l’éviction de Laurey) les avait déjà remis en place, pour certains, et derrière, je suis resté dans cette continuité. Et puis, je connaissais déjà cette équipe, je l’avais affrontée avec Alès en coupe de France l’an passé à Turcan, je savais qu’il y avait beaucoup de complémentarité entre les joueurs et quand tu es dans l’urgence, tu dois gagner du temps. Donc cela ne veut pas dire que les autres joueurs sont condamnés, ni que les choix sont effectués en fonction de « ceux qui étaient là avant et ceux qui ont été recrutés », non, surtout pas. Mais pour gagner du temps dans une organisation d’équipe, il faut trouver des complémentarités, et là, elles existaient déjà, donc ça, on n’a pas à le refaire. Par contre, on peut le bonifier plus rapidement. La base est là. Après, il y a quand même une réalité : ceux qui étaient là avant, ils ont une forme d’identité et d’appartenance au club qui est plus forte. On peut penser qu’ils auront encore plus envie de défendre ça que d’autres. Mais c’est juste une option que je pose, qui peut me faire gagner du temps et donner un peu d’allant. Là, sur les trois matchs, on l’a retrouvé, je pense.
Hakim, on dit que tu es quelqu’un de sympa, gentil… mais au foot, parfois, il faut être ferme, se faire respecter…
Je n’aime pas me comparer à lui, parce que c’est impossible, mais est-ce que Carlo Ancelotti, qui est le « must du must », jugé extrêmement gentil par ses joueurs, extrêmement respectueux et agréable, te donne le sentiment de ne pas pouvoir être ferme par moments ? Je suis gentil dans la vie, et même au quotidien avec mes joueurs, parce que je sais poser les limites et qu’elles sont claires. Si tu vas au delà de ces limites, je suis en capacité à être une autre personne. Le foot est un sport humain. Il faut avoir un relationnel cohérent avec les joueurs. Sinon ça ne peut pas fonctionner. Attention, cohérent, cela ne veut pas dire « être le bon copain ». Cela veut dire que dans les rapports de base, il y a un rapport de respectabilité entre mes joueurs et moi. Je suis quelqu’un d’empathique, d’agréable, ok, mais j’ai des limites, celles que ma fonction m’autorise ou que l’humain autorise. Et si tu les dépasses, on va rentrer dans une zone de conflit ou une zone de non-satisfaction où là, la casquette, elle prévaut sur le côté amical. Là-dessus, j’ai une capacité à jongler.
« L’équipe a besoin d’assurances et de certitudes »
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Tu as tout résumé. On dirait que tes qualités de coach, c’est ce qui faisait défaut à Martigues en première partie de saison…
Encore une fois, je ne veux pas parler de Thierry Laurey, je ne le connais pas. Peut-être que Martigues avait besoin de sérénité ? Je suis quelqu’un de très confiant. Parce que j’ai toujours travaillé dans ma vie. Et le travail est toujours récompensé. Je suis sûr de mes compétences. Attention, je ne suis pas un phénomène, mais ce que je t’avance, je le maîtrise. C’est important de le dégager. Je pense que contre Troyes, on a vu deux mi-temps. À la pause, je ne me suis pas énervé, mais j’ai été très clair dans ce que j’ai dit, parce qu’il y a des responsabilités. Je dis « les gars, il faut oublier cette mi-temps, on va rééquilibrer les choses », mais je n’ai pas les glandes à cet instant-là, comme il peut m’arriver d’en avoir. Je pense qu’actuellement, envoyer des gueulantes, ce n’est pas le meilleur chemin. Tu peux aussi être ferme sans agresser les joueurs ou sans les faire sentir incompétents. Cette équipe de Martigues a besoin de certitudes, d’assurance, de croire en ses qualités. Pas de recevoir des coups de marteau sur la tête.
Questions de supporters. Commençons par celle de Jean-Marc, alias « Le Marchito », supporter du FCM. Il te demande « Comment vois-tu la fin de saison avec l’interdiction de recrutement ? Vois-tu ton avenir au FCM en cas de maintien ou descente en National ? Où en sont Steve Shamal et Bevic Moussiti-Oko ? Un mot sur la venue de Rayan Hassad (OM) ?
La fin de saison, je la vois de la même manière que depuis que je suis arrivé (rires), puisque je sais que l’on est interdit de recrutement. Donc il n’y a rien qui change dans la difficulté de la tâche. On ne peut pas recruter, voilà. J’essaie de tirer le maximum de cet effectif. On doit être en capacité, le staff et moi, d’extraire 110, 115 ou 120 % de ce que peut donner cet effectif. Ne pas pouvoir recruter n’a pas d’impact sur ma façon de penser, de travailler, ou sur ma motivation. Ensuite, tout le monde sait que j’ai signé jusqu’en fin de saison, pour 5 mois. J’ai pris tous les risques. Ce n’est pas dans mes mains. Mais bien sûr, j’aimerais bien rester, que cela soit en cas de maintien ou de relégation, afin d’enclencher un cycle réel qui me corresponde complètement, afin de poser une vraie préparation et un vrai projet de jeu qui colle à mes idées. Maintenant, on verra.
Steve Shamal revient de blessure. Avec Bevic (Moussiti-Oko) et Simon (Falette), ce sont les garçons qui ont la plus grosse expérience de ce niveau. Là, ça fait trois semaines que je les découvre. Steve revient bien. Il est dans des bons standards aux entraînements. Et avec Bevic, s’ils retrouvent leur état de forme, ils auront de vraies cartes à jouer et seront de vrais apports pour nous. Ils savent qu’ils étaient peut-être en dessous des attentes, je ne sais pas, je n’étais pas là en première partie de saison, et là, aujourd’hui, ils savent ce que j’attends d’eux. Ils ont un CV, ils ont de l’expérience, ils doivent reprendre leur place par rapport à des performances. Pour ça, ils doivent « bagarrer » à l’entraînement et bouger ceux qui jouent aujourd’hui. Là, ça fait trois matches que l’équipe donne satisfaction, donc dans ces cas-là, souvent, il n’y a pas lieu de bouger. Après, c’est aux entraînements qu’ils doivent montrer qu’ils sont au-dessus de ceux qui jouent, et ça, ça leur appartient. Ils savent que je compte sur eux.
Quant à Rayan, il s’est entraîné avec moi cette semaine, je l’ai vu, je vais continuer à le voir, il est prévu pour la réserve et il faut rester mesuré car entre le Régional 1 et la Ligue 2, il y a quand même un gros écart. Même si on pense qu’il a du talent et même s’il peut survoler la R1, il y a trois divisions quand même entre les deux niveaux.
« J’ai pris tous les risques »
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Laurent, supporter d’Alès, me pose cette question : « Hakim, est-ce que tu as des regrets sur ta période alésienne ? »
Laurent, je le connais très bien. Des regrets ? J’ai des regrets sur la deuxième saison (2023-2024), après le maintien en National 2 en 2023. Si j’ai un regret, il est sportif. Parce que, dans mon diagnostic, entre les deux saisons, j’aurais dû être plus lucide. Dans cette analyse d’intersaison, j’aurais dû faire preuve de plus d’objectivité et de moins d’émotion par rapport à ce que l’on avait accompli, et là, j’aurais choisi une autre orientation. C’est toujours facile de le dire après, mais il faut aussi savoir faire son auto-critique. Peut-être que l’on s’est laissé griser par ce que l’on venait de faire et du coup on a été moins lucide. On aurait dû se concentrer davantage sur l’analyse de nos forces et sur notre recrutement. C’est ça qui me dérange. Après, humainement, je n’ai pas de regret. J’ai rencontré des gens formidables. Alès, c’est un club qui pue le football. C’est une ville qui pue le football. J’ai vécu des relations humaines très fortes. Je me suis impliqué à 200 % dans le projet. J’y croyais et j’y crois encore parce que je vais le suivre.
Paul, supporter de l’OAC, qui fait des kilomètres chaque samedi pour suivre Alès, te demande : « Que réponds-tu à ceux qui disent que tu as lâché Alès ? »
(Il marque un temps d’arrêt). Il y a des choses que je ne peux pas dire… Même si je trouve que ce n’est pas totalement juste, je les comprends. Ceux qui disent ça sont certainement ceux qui avaient beaucoup d’attente envers moi, et ça me peine qu’ils pensent ça. On m’a donné beaucoup de crédit, beaucoup de force et d’amour dans ce club. Il y avait des attentes autour de moi. Mais quand une opportunité comme celle-ci se présente, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que c’est très compliqué de la refuser. Quand tu es en N3, que tu vas dans un club de Ligue 2… ça n’existe pas ! Parce que le fonctionnement du football est ainsi. Je veux leur dire que, pendant deux saisons, j’ai refusé des clubs en National et en D1 en Algérie, j’ai refusé un club saoudien, ce n’est pas rien, où les émoluments étaient supérieurs à ce que je touchais à Alès et à ce que je touche à Martigues. J’ai refusé parce que j’avais un engagement moral et sportif. J’ai estimé à ce moment-là qu’il n’y avait pas d’intérêt à y aller. On peut aussi se dire que dans le football, il y a des cycles et des challenges que tu ne peux pas refuser. Alors je trouve que ce n’est pas totalement juste, mais je les comprends.
Paul te demande aussi quelle est ta part de responsabilité dans la descente d’Alès de N2 en N3 la saison passée ?
Elle y est ma part de responsabilité, bien sûr, par rapport à cette inter-saison. J’en ai parlé. On sait ce qui s’est passé à l’intérieur du vestiaire, entre les anciens et les nouveaux, la guerre des egos et tout ça, cela a été très compliqué, mais encore une fois, cette descente, si on est honnête, elle intervient dans un championnat avec cinq descentes (du 10e au 14e, Alès ayant terminé 10e). Sur une saison normale, on doit être en N2 encore, et on a vu l’intersaison. On s’est battu jusqu’au bout, et si il n’y a pas l’affaire de Bordeaux, celle de Niort, on est en N2. Une semaine avant le début de saison, on ne savait pas encore si on repartait en N3 ou en N2. Mais pour répondre clairement à la question : j’ai ma part de responsabilité dans l’intersaison, mais pas dans le reste de la saison, parce que je finis 10e. J’ai donné le maximum.
(1). Hakim Malek a notamment entraîné : Alès (N2, N3), Hyères (N2), Paradou AC (D1 Algérienne), Mouloudia Alger (D1 Algérienne), Al-Khor (adjoint de Bernard Casoni, Qatar), Nîmes (L2, adjoint de José Pasqualetti), Le Pontet (N2), Marseille-Consolat (N2), El Eulma (D1 algériene).
Mercredi 5 février 2025, 23e journée de Ligue 2 BKT : Red Star 1 – 0 FC Martigues, au stade Bauer.
- Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
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