L’ancien joueur du Milan AC, formé à Toulouse, ouvre une nouvelle page de sa carrière et endosse le costume d’entraîneur. C’est dans son Var natal, à Draguignan, en Régional 2, que le buteur le plus rapide de l’histoire d’une finale de championnat d’Europe U17 effectue ses premières armes !
Il est 19h et le soleil se couche déjà sur le stade Louis-Gilly, à Draguignan (Var). Les joueurs de l’équipe de Régional 2 ne le savent pas encore, mais la séance concoctée par Kevin Constant, le nouvel entraîneur, sera intense, et ils s’en souviendront longtemps !
La saison dernière, le natif de Fréjus, âgé de 35 ans, a mis un termes à sa carrière de joueur après une « pige » de quelques mois à l’AS Estérel, aux Adrets-de-l’Estérel, en Départemental 1. En plein milieu du célèbre massif varois, Kevin s’est amusé aux côtés d’autres anciens joueurs professionnels comme Samir Henaini, Damien Moulin, Nicolas Verdier ou encore Antoine Goulard. Dans la course à l’accession en Régional 2, l’AS Estérel a finalement été devancée par Draguignan, un club qui a lancé quelques carrières, dont celle d’entraîneur de Hervé Renard à la fin des années 90.
Sollicité par le président du Sporting, Julien Sette, dès l’annonce du départ de Rudy Riou, dont l’objectif d’accession a été atteint, Kevin n’est pas venu tout seul. Il a emmené dans ses bagages son jeune frère Bryan, 28 ans, formé à l’OGC Nice (où il a disputé quelques matchs de Ligue 1 et même de Coupe d’Europe à Limassol) avant d’embrasser une carrière amateur (Fréjus, Sedan, Schiltgheim, Sainte-Maxime, Villefranche/Saint-Jean/Beaulieu).
Vêtu de noir et de blanc, les couleurs du Sporting-club de Draguignan, sourire aux lèvres, l’ancien joueur professionnel, détendu, répond aux questions. Les anecdotes fusent. Avec lui, on pourrait parler football toute la nuit !
Ses débuts : « Je voulais jouer tout de suite »
Pétri de talent, Kevin Constant l’était. Indécis et impatient, il l’était aussi. Dès son plus jeune âge le jeune varois d’origine guinéenne s’attirait déjà les convoitises des plus grands clubs et centres de formation français, même s’il hésitait à pratiquer d’autres sports : « J’ai commencé à Fréjus à 8 ans, jusqu’à mes 13 ans. Après, j’ai failli faire de l’athlétisme et de la boxe mais j’ai choisi le foot. A 13 ans, on m’a contacté pour effectuer un essai à Toulouse, puis à Cannes, Monaco, Nice et Strasbourg. J’ai eu des offres un peu partout. J’ai pris la décision d’aller à Toulouse car je m’y suis très bien senti en allant là-bas et des joueurs que je connaissais y allaient aussi. J’y ai passé 7 ans avant d’aller à Châteauroux pour obtenir un peu de temps de jeu en Ligue 2. J’ai fait tous les bancs de touche de Ligue 1 à 17 ans mais j’étais impatient, je voulais jouer tout de suite, je n’avais pas encore cette mentalité de prendre le temps et attendre de saisir ma chance. Surtout, je voyais que les autres jeunes de ma génération de l’équipe de France U17 (championne d’Europe en 2004) jouaient, et moi j’étais tout le temps remplaçant. En allant à Châteauroux, j’ai pu me montrer et ensuite j’ai pu aller au Chievo Verone (Série A italienne) pendant un an. Ensuite, le Milan AC m’appelle et me dit que je serai pris en cas de départ de Seedorf. Seedorf reste encore un an donc j’ai patienté un an de plus (Genoa, Série A italienne) avant de signer là-bas. Après mon passage à Milan, j’ai fait 2 ans en Turquie, en D1, à Trabzonspor, 6 mois à Bologne (série A italienne) puis un an en D1 Suisse, à Sion. »
Son record aux championnats d’Europe U17
Douze secondes. C’est le temps qu’il lui aura fallu pour délivrer l’équipe de France en finale du championnat d’Europe des moins de 17 ans (2-1 face à l’Espagne, à Châteauroux). Car si Kevin est notamment connu pour son passage au Milan AC, il est aussi un enfant de la génération 87. Celle des Samir Nasri (l’autre buteur en finale), Hatem Ben Arfa, Jérémy Menez ou encore Karim Benzema. Et le Fréjusien appartenait à cette génération dorée. Avec émotion, il revient sur son but, le plus rapide de l’histoire de la compétition, face à l’Espagne de Piqué et Cesc Fabregas. « C’est une séquence qu’on avait travaillé à l’entraînement, deux jours avant le match. On fait l’engagement, on envoie le ballon sur le défenseur central, moi j’étais sur le côté droit donc je fais un premier appel pour attirer le défenseur avant de retourner dans la surface. Jérémy Menez prend l’espace pour faire le centre et Ben Arfa, Nasri et moi devions finir l’action dans la surface. C’est moi qui hérite du ballon et qui marque le but au bout de 12 secondes ! C’est clairement le plus beau souvenir sportif de ma jeunesse. On parle d’un titre de Champion d’Europe avec l’Equipe de France, tout de même ! »
Nouvelle aventure, nouveau challenge
Originaire de Fréjus, Kevin a conscience que le Var n’est pas le terrain de jeu préféré des recruteurs. Raison pour laquelle il décide de créer sa propre académie. De quoi lui donner goût au monde du coaching : « Avoir monté cette académie avec les jeunes, ça m’a beaucoup plu, et avoir entraîné des jeunes de 13, 14 et 15 ans, permettre à certains de jouer à haut-niveau, ça m’a donné goût à ce métier-là même si ça reste deux mondes différents, deux passions différentes, deux pressions différentes. Quand j’étais joueur je n’ai jamais ressenti la pression alors qu’en tant qu’entraîneur, on a la pression du résultat, on est obligé de gagner et de transmettre ce que l’on sait. Je suis déterminé et j’ai vraiment envie de bien faire à ce niveau-là. Je passe le BEF en mars, ce qui ne sera pas facile mais je suis très impliqué, je sais ce que je veux et je vais me donner à fond pour l’obtenir et aller le plus loin possible. Après, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, il faut être patient. J’ai eu d’autres propositions que Draguignan, à des niveaux plus élevés, mais je ne voulais pas aller trop vite, ni griller les étapes. »
Draguignan : « L’objectif, c’est la stabilité »
Depuis le 18 juillet, l’équipe seniors de Draguignan est sur le pont. Le nouvel entraîneur délivre les objectifs : « C’est une année de transition pour le club, que ce soit au niveau des joueurs ou des dirigeants. On a eu des consignes de recrutement avec seulement des joueurs issus du bassin dracénois : ça n’a pas été facile d’attirer du monde mais on y est arrivé. L’objectif, c’est la stabilité. Il faudra faire bonne figure cette saison et se maintenir afin de viser un objectif plus élevé la saison prochaine. »
Rendez-vous dimanche 4 septembre pour la 1ère journée de championnat R2 où les Dragons se déplaceront à La Londe-les-Maures.
Texte : Melvin Brun (avec A. B.)
Mail : mbrun@13heuresfoot.fr
Photos : SCD et DR