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Jeffrey Baltus : « Dans ma situation, le Népal était une opportunité »

Le gardien de 31 ans, qui a quitté le FC Rouen en juillet, s’est engagé pour deux mois dans un club népalais, le Lalitpur City FC, dont le championnat a démarré le week-end dernier.

Avec Lalitpur City. Photo DR / Lalitpur City

C’est à Katmandou au Népal, à plus de 10 000 kilomètres de la France, que Jeffrey Baltus a posé ses valises pour une pige de deux mois. Le gardien francilien, qui a quitté le FC Rouen au mois de juillet, et fêtera ses 32 ans le 20 décembre prochain, a signé dans l’une des neuf franchises qui composent la « Nepal Super League » : le Lalitpur City FC.

Pour son premier match, le club de la province de Bagmati a battu Butwal Lumbini FC samedi (2-0). Tous les matchs du championnat se déroulent dans un même stade, le Dasarath Rangasala de Katmandou. Il y a huit matchs de saison régulière, puis des play off qui s’achèveront fin décembre.

Avec Lalitpur City. Photo DR / Lalitpur City

Même s’il a dû partir loin de sa famille, Jeffrey Baltus a donc choisi de se ressourcer loin de la France après une fin difficile en Normandie. La carrière du gardien martiniquais formé à l’INF Clairefontaine puis à l’AJ Auxerre n’a jamais été linéaire. Elle a été jalonnée de coups durs, de promesses non-tenues et de plusieurs périodes de chômage.

Mais en explorant parfois les côtés les plus obscurs du foot, il a en tiré une grosse force mentale. « Souvent, ça ne s’est pas joué à grand-chose pour que ça bascule du bon côté pour moi, regrette-t-il. Il m’a manqué ce petit facteur chance, la bonne opportunité au bon moment et la rencontre avec le coach qui me ferait entièrement confiance. Mais je n’ai jamais rien lâché, même lors des périodes où je n’avais pas de club. J’ai du caractère et de l’éducation. Je n’ai jamais renié mes valeurs et mes principes. Quand j’ai dû quitter un club pour ces raisons, je n’ai jamais hésité à le faire. Bien sûr que j’aurais pu mieux réussir. Mais je n’ai pas de regret. Quand j’arrêterai, je serai quand même satisfait de ma petite carrière. Je n’ai pas eu une enfance facile et plus jeune je n’étais pas formaté pour faire une carrière pro. Je n’étais pas prédestiné à signer dans des centres aussi réputés que l’INF ou Auxerre. Quand je fais le bilan, j’ai quand même vécu de belles choses. »

Pour 13heuresfoot, depuis le Népal, il a longuement déroulé le fil de sa carrière commencée en Seine-et-Marne et qui l’a donc mené d’Auxerre en Asie, en passant par la région parisienne (Ivry), la Corse (CA Bastia), la Belgique (RFC Liège), l’Hérault (Agde) et la Normandie (Granville, Rouen).

« A Auxerre, j’ai ma part de responsabilité »

Avec Lalitpur City. Photo DR / Lalitpur City

Après des débuts en Seine-et-Marne, à Savigny-le-Temple et Le Mée, il intègre l’INF Clairefontaine. « Honnêtement, j’y suis arrivé par hasard. C’est un éducateur du Mée qui m’a inscrit aux tests. J’ai passé les différentes étapes. Je n’aurais jamais pu imaginer les réussir. J’étais à des années lumières de tout ça. »

Mais l’aventure à Clairefontaine n’a duré qu’un an. Il rebondit en 14 ans Fédéraux à Brétigny (91) où il est en internat. Le club est partenaire de l’AJ Auxerre qui le recrute en U15. « J’ai été tout de suite surclassé. J’ai été sélectionné en équipe de France et j’ai rapidement signé un contrat pro de 5 ans à 17 ans. Tout est allé vite, j’étais indépendant financièrement et tout allait bien. »

Photo Bernard Morvan – FCR

Malgré une vingtaine de bancs en Ligue 1 et Ligue 2, une inscription sur la liste du club pour la Ligue des Champions, il n’a jamais disputé le moindre match en équipe première et est toujours resté le numéro 3 dans la hiérarchie des gardiens auxerrois. « Objectivement, j’ai ma part de responsabilité. Peut-être qu’à un moment, je n’ai pas assez travaillé. Mais on ne m’a pas, non plus, toujours fait confiance. Lors de ma dernière saison, quand Olivier Sorin, se blesse, le coach Bernard Casoni a préféré faire venir un autre gardien, Geoffrey Lembet, plutôt que de m’utiliser en doublure de Donovan Leon. Cela m’a vraiment déçu. J’étais dégouté. Je savais que mon histoire avec Auxerre allait s’arrêter surtout que le club redescendait en L2. Les deux-trois derniers mois ont été difficiles à vivre. »

« Quand tu passes d’Auxerre à Ivry, ça fait un choc »

Sous le maillot d’Ivry. Photo Bernard Morvan

Après avoir participé au stage des chômeurs de l’UNFP, il reste plusieurs mois sans club avant de signer à Ivry, mal en point en National 2, en novembre 2014. « Je n’avais rien. Avec le recul, j’ai compris que c’était logique. J’avais un salaire d’un pro, j’étais un jeune espoir qui n’avait encore rien prouvé. Même pour une place de doublure en National, c’était compliqué. Signer en N2, c’était un défi. Je me suis dit, « soit tu veux rebondir en gagnant ta vie avec ta passion, soit tu décroches et te lance dans le monde actif »… Le N2, c’est quand même assez regardé et ça permettait aussi que mon nom tourne un peu. Après, passer d’Auxerre à Ivry où on s’entrainait le soir, sur un synthé, forcément que ça fait un choc. Mais au final, ça a été une expérience très bénéfique. »

Le gardien dispute 15 matchs mais Ivry est relégué en National 3 à la fin de la saison. « Ça s’est mal fini avec cette descente. Mais sur un plan personnel, ça m’a fait du bien de retrouver le monde amateur. J’ai rencontré des mecs tops. »

« Au CA Bastia, la meilleure saison de ma carrière »

Avec le CA Bastia. Photo Philippe Le Brech.

Il monte alors d’un niveau en signant au CA Bastia en National, comme doublure de Mathieu Pichot. Le 30 octobre 2015, l’entraineur Christian Bracconi le titularise à Marseille Consolat (victoire 2-1). « Mon premier match de National. J’étais en feu… Le coach m’a dit qu’à partir de là, il allait me faire jouer. Mais il a été remplacé par Stéphane Rossi qui est redevenu entraineur (il était passé directeur sportif). Il a remis Mathieu (Pichot), qu’il avait recruté. J’avais vraiment les boules car j’avais été performant lors des matchs que j’avais joués. »

Photo Philippe Le Brech

A la fin de la saison, il s’apprête à refaire une nouvelle fois ses valises malgré son année de contrat restant. « Vu comment les choses s’étaient passées, je ne voulais pas rester pour être numéro 2. J’avais déjà prévenu le propriétaire de mon appartement que j’allais lui rendre les clés. Mais je l’ai vite rappelé pour lui dire que je restais finalement ! »

Car entre-temps, Mathieu Pichot avait en effet décidé de revenir en Vendée, aux Herbiers. « Stéphane Rossi m’a dit que j’allais débuter la saison comme titulaire. Et je pense avoir réalisé la meilleure saison de ma carrière. » Il dispute 29 matchs et figure en fin de saison parmi les trois gardiens nommés aux trophées du National avec Simon Pontdemé (Chambly, qui sera élu) et Dan Delaunay (QRM). Seul accroc dans cette saison, le 7-1 encaissé à Sedan début mai. « C’était l’un de mes pires matchs. Mais j’étais fatigué mentalement et physiquement. »

Photo Philippe Le Brech

Jean-Daniel Padovani, sa doublure et son… entraîneur des gardiens, le remplace pour finir la saison. « Je ne lui en ai pas voulu, c’était logique ». Le CA Bastia qui vit ses dernières heures sous cette appellation avant de fusionner avec le FC Borgo, est relégué en National 2. « J’étais déçu de ne pas avoir maintenu le club. A l’époque, j’avais beaucoup de clubs qui me suivaient parmi les meilleurs de National, Pau, Lyon-Duchère, Boulogne… Mais ça ne s’est pas fait. Je n’étais pas gourmand, j’étais au minimum de la charte au CAB, mais on me disait que j’étais trop cher pour un gardien… Mentalement, ça a été dur à vivre alors que je sortais de ma meilleure saison. »

« Une aventure courte mais magnifique à Liège »

Photo Philippe Le Brech

Comme en 2014 après son départ d’Auxerre, il se retrouve au chômage. « Je suis rentré chez moi en région parisienne et j’ai repris le même cheminement : pôle emploi, entraînement en salle et avec un préparateur, plus des séances avec le FC Melun qui était en Régional 1. »

Sans perspective, il rebondit in-extremis au RFC Liège, un club de 4e division belge, le 31 janvier 2018. « Une aventure courte mais magnifique », estime-t-il. Elle a débuté par un coup de fil et seulement trente minutes pour prendre sa décision. « Il était 16 heures. Le mercato fermait à 23 h 30 et j’avais 4 h 30 de route pour aller à Liège. Au départ, je n’étais pas très emballé. Mais ma femme m’a persuadé de tenter le coup. Je suis arrivé à 22 heures au stade. Le coach des gardiens a fait rallumer les lumières. Il m’a dit qu’il voulait me voir. Au bout de 20 minutes, il m’a dit que c’était OK et j’ai signé. Le lendemain, ma femme arrivait avec deux valises ! ».

Photo Bernard Morvan – FCR

Lors de son premier match, il stoppe deux pénaltys face à l’Olympique Charleroi. Le début de la « BaltusMania » au stade de Rocourt. « J’ai noué une belle relation avec les gens là-bas. Humainement, c’était le top. Sur les réseaux, quand je poste quelque chose sur le club, je reçois toujours beaucoup de messages et de commentaires même 5 ans après. C’est beau de se dire qu’on a marqué les gens simplement par ce qu’on est alors que je ne suis resté que quatre mois. On est monté, c’était vraiment des beaux moments à vivre. Il y avait plus de 3 000 personnes au stade ».

Malheureusement, il n’a pas pu s’inscrire sur la durée à Liège. « L’offre de prolongation n’est jamais arrivée. Je n’avais pas joué les play off. Le titulaire qui était blessé et que j’avais remplacé est revenu. Il était prévu qu’il soit vendu, ce qui m’aurait permis de prolonger. Mais il est finalement resté. »

« Agde, je n’étais pas très chaud au départ …»

Photo Bernard Morvan – FCR

Le gardien francilien se retrouve une nouvelle fois sans club alors que les championnats ont repris. « J’étais monté avec mon club en Belgique, mais c’est comme si personne ne l’avait vu. »

En septembre 2018, il reçoit un appel du directeur sportif d’Agde, un club de National 3. « J’avais posté une annonce sur le site Foot National. Il l’a vu et m’a laissé un message en me disant, « Je ne pense pas que ça va t’intéresser de jouer en N3 mais je tente ma chance quand même »… Je l’ai rappelé et on a discuté. Mais au départ, je n’étais pas très chaud. La N3, je l’avais connu à 16 ans et là, j’en avais 26. Ça m’éloignait encore de la L2 et du National. J’avais peur de me faire encore plus oublier. »

Mais il a quand même relevé le défi. « Avec ma femme, on traversait une période compliquée sur le plan personnel. On avait besoin de changer d’air. Elle m’a dit, « si tu es prêt à faire une saison en N3, on y va et on verra ce que ça donne ». Au final, je ne l’ai pas regretté. J’ai été bien accueilli et on a fait une bonne saison. »

Baltus était même prêt à rempiler dans l’Hérault. « Agde ne pouvait plus faire le même effort que lorsqu’ils m’ont recruté mais on était en négociations. C’est en sortant du bureau que j’ai reçu un appel de Granville. »

« Jouer l’OM avec Granville, une récompense après mes galères »

A la signature au Lalitpur City. Photo DR / Lalitpur City

Avant de signer, le gardien avait posé ses conditions. « Je leur ai dit que j’étais intéressé mais je ne venais pas pour m’asseoir sur le banc. Ils m’ont dit qu’un jeune gardien allait arriver en prêt mais qu’ils avaient besoin d’un gardien d’expérience et qu’il n’y aurait pas de hiérarchie établie. Je suis donc partie dans l’idée de me dire : « bats-toi pour montrer ce que tu vaux »…»

Lors de la première journée de National 2 au FC Mantois, c’est Marvin Galitin, prêté par Caen, qui est titularisé. « Le coach, Johan Gallon, ne nous avait rien dit. Je l’ai appris au dernier moment. Forcément, ça a eu du mal à passer. Mais j’ai accepté son choix. Après, quand on réfléchit bien, on se dit que c’était un peu pipé d’avance vu les liens que Johan Gallon avait avec Caen. C’est son club, sa ville. Il avait toujours voulu y revenir (NDLR: c’est le cas depuis cet été comme manager de l’association). Dans cette logique, c’est compréhensible qu’il privilégie le gardien prêté que Caen. Moi, il m’a laissé la Coupe de France où on a fait un beau parcours. »

Photo Bernard Morvan – FCR

Le 17 janvier 2020, en 16e de finale contre l’OM au Stade Michel-d’Ornano devant 20 000 spectateurs, le gardien a sans doute réussi l’un des meilleurs matchs de sa carrière. Pendant 75 minutes, il tient les attaquants de l’OM en échec, se montrant décisif sur des tentatives de Payet, Kamara, Lopez, Strootman ou Benedetto. « Jouer l’OM, c’était une récompense après mes années galères. Je me suis dit « tu n’as rien à perdre, si tu fais un grand match, il y aura forcément quelqu’un au stade ou devant sa TV, qui te remarquera. Et si tu passes à travers, tant pis »… J’ai fait 5 ou 6 arrêts. J’étais en feu. Mais à la 75e minute, on prend un rouge et on craque en encaissant trois buts. S’il n’y a pas le rouge, on peut les emmener en prolongations. Pour moi, ce match a eu des grosses répercussions. Mes agents me disaient qu’il y avait des clubs du dessus qui me sondaient. Moi, je me suis dit, ça y est, c’est reparti… Mais la covid est arrivée. Et là, plus personne n’appelait. Tout ça, c’est un peu le résumé de ma carrière. »

« A Rouen, ils ont créé un loft pour moi »

Photo Bernard Morvan – FCR

Mais l’ambitieux FC Rouen (N2) se positionne. Baltus se retrouve face à un dilemme. « Soit je restais à Granville où j’aurais pu avoir plus de temps de jeu, soit j’allais à Rouen qui avait un gros projet mais en prenant le risque de rester sur le banc. »

Au club depuis 2018, Jonathan Monteiro est en effet bien installé dans les buts rouennais. « J’ai finalement choisi de tenter ma chance. C’est le contrat de 2 ans, qui me donnait une stabilité, qui a fait la différence. Depuis Bastia, j’ai déménagé chaque année, connu des périodes sans club. C’était un peu fatiguant. »

Photo Philippe Le Brech

Sans surprise, c’est Jonathan Monteiro qui enchaîne les matchs. Baltus doit attendre le 12 février 2022 pour enfin débuter en National 2 face à Châteaubriant. « Un nouvel entraineur était arrivé (Maxime d’Ornano) et je me disais que les cartes seraient peut-être redistribuées. Mais il n’y a pas eu de changement. C’est le foot… J’ai joué deux matchs car l’autre gardien s’est blessé puis il m’a ressorti de l’équipe. »

Un mois après, Jonathan Monteiro est victime d’une rupture du tendon d’Achille. C’est Baltus qui finit la saison. Sur les 10 derniers matchs qu’il dispute, Rouen est invaincu et remonte à la 4e place au classement final. « J’avais fait mon boulot, j’avais été performant », estime le gardien qui se voit offrir une prolongation d’un an avec une année en option en cas de montée et une autre s’il dispute au moins 20 matchs. « Je savais que j’allais débuter la saison, donc je ne pouvais pas refuser ce contrat », reconnaît-il.

Photo Philippe Le Brech

Il dispute les 12 premiers matchs jusqu’au choc contre le Racing, le 2 décembre 2022 (2-2). Monteiro reprend sa place et c’est du banc que Baltus participe à la montée de Rouen en National. « J’ai ma part de responsabilité car j’ai été un peu moins performant à un moment. Mais ça arrive à tous les joueurs, même aux plus grands, d’avoir un petit coup de mou… Mais tout n’a pas été très clair. Monteiro avait beaucoup de soutiens en interne et en externe. Je savais que la moindre brèche que j’allais leur laisser, ils allaient s’y engouffrer. Parfois, lui a joué blessé. Mais moi, j’avais cette clause de 20 matchs. Avec la Coupe, j’en étais à 15 quand j’ai été sorti… J’ai serré les dents, je suis retourné sur le banc et j’ai été irréprochable alors que j’aurais pu foutre le bordel. Mais je n’ai pas fait de vagues. Je vais mourir avec mes valeurs et mon éducation. Au final, on est monté. Sur le coup, ça fait plaisir. Je pense y avoir contribué. Mais finalement, contrairement avec celle acquise en Belgique, je ne ressens pas la même émotion. OK, on est monté mais après ? Ce qui s’est passé a tout gâché. »

Photo Philippe Le Brech

Le FC Rouen a effet décidé de se séparer de ses trois gardiens. « J’ai accepté leur choix mais il était hors de question que je m’assoie sur l’année de contrat qu’ils me devaient. On a négocié et je n’ai rien voulu lâcher. En faisant ça, je prenais le risque de me retrouver sans club. Ensuite, Rouen a tout fait pour me faire craquer. Ils ont joué avec mon avenir. Ils ont appelé des clubs mais j’étais black-listé. »

Les relations se tendent. « Ils ont créé un loft pour moi. Je n’avais plus le droit d’aller dans les vestiaires ni de croiser mes potes avec qui j’étais monté. Ça a duré 20 jours. L’UNFP s’est inquiété de ma situation. Finalement, on a trouvé un accord avec le président. J’ai obtenu ce que je demandais. »

Le 20 juillet dernier, il est libre. S’il a quelques contacts (Blois, Jura Dolois), la plupart des clubs ont déjà bouclé leur recrutement au poste de gardien. « Je n’étais pas aigri mais j’étais quand même un peu saturé d’avoir vécu tout ça. Le foot devient de plus en plus malsain. Il y a de moins en moins de place pour l’humain et la passion. Quand les championnats ont repris, j’ai totalement coupé et j’en ai profité pour partir loin avec ma femme et mon fils. J’en avais besoin. »

« A Katmandou, je teste ma ma capacité mentale. »

Photo Philippe Le Brech

Niveau foot, c’est aussi une aventure exotique qui s’offre à lui. « Je devais signer dans un club de Tanzanie, c’était fait à 80 %. Mais encore une fois, il y a truc qui a capoté au dernier moment. »
C’est donc au Népal à Lalitpur City Football club qu’il a atterri début novembre pour un contrat de deux mois. « Dans ma situation, le Nepal, c’était une opportunité à saisir. Mais sur le plan familial, j’ai fait un gros sacrifice en laissant ma femme et mon fils de 4 ans. Je teste ma capacité mentale à encaisser l’éloignement et la séparation. »

Il a découvert un environnement totalement différent. « La Ligue du Népal veut grandir et se développer. Ca va progresser mais ils ont entre 5 et 10 ans de retard. Dans mon équipe, il y a Papa Ibou Kebé, l’ancien attaquant de Colmar qui a longtemps joué au Vietnam. Il m’a prévenu d’entrée : « Oublie ta mentalité européenne et tout ce que tu as connu car ici c’est une autre vision, c’est à nous de nous adapter pour avancer ». Tout se passe bien. On a été très bien accueillis. »

Pour l’instant, Jeffrey Baltus ne se projette pas plus loin que le 31 décembre, date de la fin du championnat. « L’an dernier, mon club a fini 4e. Cette saison, on veut être champions. En tant qu’étranger, je sais que je suis attendu. Je veux montrer ce que je sais faire. Je me concentre sur mes matchs. Pour la suite, on verra après. Mais je ne suis lucide. Je ne suis pas sûr que le championnat du Népal soit regardé par les clubs français (sourire). Mais cette expérience peut m’ouvrir des portes sur le marché asiatique. »

Jeffrey Baltus, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
L’Euro U17 2008 en Turquie. Il y avait belle génération avec Clément Grenier, Gaël Kakuta, Yannis Tafer, Enzo Reale, Alexandre Lacazette, Loïc Nego, Thomas Monconduit et tant d’autres. On perd en finale contre l’Espagne (0-4). Il y a aussi le 16e de finale de Coupe de France avec Granville face à l’OM en janvier 2020 (NDLR: il avait multiplié les sauvetages avant de devoir s’incliner en fin de match, 0-3).

Pire souvenir ?
Mon départ d’Auxerre en 2014.

Pourquoi avez-vous choisi le poste de gardien ?
Aucune idée… J’avais d’ailleurs commencé le foot à Savigny-le-Temple (77) en tant qu’attaquant…

Qualités et défauts ?
Humain et trop professionnel.

La saison ou le club ou vous avez pris le plus de plaisir ?

Photo Philippe Le Brech

Avec le CA Bastia en National en 2016-2017.

Le club où vous n’auriez pas dû signer ?
Aucun. Je suis content de tous les club ou je suis passé.

Le club où vous auriez rêvé de jouer, dans vos rêves les plus fous ?
Boca Juniors.

Un stade et un club mythique ?
Santiago Bernabeu et le Real Madrid.

Un public qui vous a marqué en National ou N2 ?
Dans les clubs où j’ai joué, celui de Rouen bien sûr. Comme adversaire, Strasbourg, Grenoble et Sedan.

Le coéquipier avec lequel vous avez le meilleur feeling sur le terrain ?
Thomas Monconduit que j’ai connu à Auxerre.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Thiago Alcantara en finale de l’Euro U17 contre l’Espagne.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
La génération 91 de l’INF Clairefontaine.

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Gérald Baticle, Christian Henna, Johan Radet lors de ma formation à Auxerre.

Un président ou un dirigeant marquant ?
Je citerais un dirigeant au CA Bastia, Eric Mura, un ancien joueur de l’OM.

Vos amis dans le foot ?
Il y en a beaucoup : Thomas Monconduit, Nico Burel, Nicolas Barthelemy, Clément Bassin, Valentin Sanson, Jeremy Grain, Antoine Bernasque…

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Il est à la retraite maintenant : Phillipe Violeau (Auxerre).

Des rituels, des superstitions des manies ?
J’ai un rituel particulier : il faut que mon sac soit prêt le lundi pour le week-end suivant… Donc après le match, toutes les affaires partent immédiatement à la machine et je fais mon sac tout de suite quand tout est prêt.

Que vous a-t-il manqué pour jouer plus haut ?
Le bon coach au bon moment je pense.
Un modèle de gardien ?
Iker Casillas et Gianluigi Buffon.

Le match de légende, c’est lequel pour vous ?
Liverpool – AC Milan, finale de la Ligue des Champions 2005.

Votre plus grande fierté ?
Ma famille.

Vos occupations en dehors du foot ?
Le golf, le padel et la vie de famille.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Beau et ingrat.

Région parisienne où vous avez grandi, Belgique, Corse ou Normandie où vous avez joué ?
Franchement tous. Chaque ville a son style et son charme.

Texte : Laurent Pruneta

Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech, Bernard Morvan et DR / Lalitpur City

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