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Hugo Chambon (Saint-Quentin) : « Mentalement, c’est fort ce que j’ai fait »

Malgré la 11e place de son club, l’Olympique Saint-Quentinois, en National 2, et une situation personnelle compliquée, l’attaquant natif de Lyon (26 ans) n’a pas lâché et a tiré son épingle du jeu avec 19 buts, donc 16 en championnat. De quoi lui ouvrir de nouvelles perspectives.

La saison qui vient de s’achever n’a pas été un long fleuve tranquille pour Hugo Chambon. Parti à la découverte des Hauts-de-France en signant l’été dernier à l’Olympique Saint-Quentin, pensionnaire du groupe B de National 2, Hugo a connu une saison riche et mouvementée.

Pour cet attaquant au physique imposant, d’1m87, l’acclimatation a été très délicate. Mais avant d’arriver en territoire axonais, le lyonnais de naissance, malgré son jeune âge (26 ans), a connu une carrière atypique au travers d’une expérience « unique et très enrichissante » selon ses propres mots, au Canada.

Après avoir évolué en jeunes successivement à l’AS Saint-Priest puis à l’Etoile FC Fréjus/Saint-Raphaël, un contact a mis le Canada sur sa route, à l’été 2016, à l’orée de ses 20 ans.

L’expérience canadienne

Après un essai concluant, Hugo reprend alors ses études pour évoluer en foot universitaire canadien, aux Carabins, à Montréal, et évolue en Première ligue de soccer du Québec. Une première année couronnée de succès :  On a gagné le championnat dès la première saison, ce qui nous a donné le droit de participer à la Canada championship ».

Parallèlement à ces performances sportives, Hugo a pu obtenir un diplôme en communication à l’université de Montréal.

Le buteur français ne retient que du positif de cette aventure sur le continent américain.

« Une très belle expérience, j’ai rencontré des personnes avec qui je suis resté très proche, j’ai découvert une autre culture, un autre football, cela m’a permis de grandir dans tous les domaines. » Côté « approche football », il s’est dit « étonné du niveau canadien. Physiquement, le style de jeu est plus direct qu’en France ».

Mais c’est davantage au niveau de l’environnement que le buteur a été bluffé avec « des infrastructures dignes des clubs professionnels, un staff médical à disposition, des vestiaires confortables. Tout est fait pour mettre le sportif dans les meilleures conditions ». Un environnement qui ne laisse que des bons souvenirs à l’attaquant de son expérience à l’étranger.

Le buteur est revenu dans l’hexagone début 2020, juste avant la Covid, aux Lusitanos Saint-Maur. Une expérience en National 2 écourtée par les circonstances sanitaires et qui n’a pas permis de lui laisser le temps de découvrir ce championnat.

Ce ne sera finalement que partie remise pour celui qui réalisera une saison pleine en 2021-2022 avec Grandvillars, en N3 (15 buts et 7 passes décisives). Le temps était donc venu de redécouvrir le niveau de National 2 avec l’Olympique Saint-Quentinois. Après une adaptation très difficile, l’attaquant explose tous les compteurs au retour de la trêve hivernale, et devient une véritable machine à marquer. Ses statistiques sont impressionnantes, avec 19 buts inscrits (16 en championnat en 27 matchs, c’est à dire presque la moitié des buts de son équipe, et 3 en coupe de France en 3 matchs) et un seul pénalty.

« Des joueurs ont demandé ma présence… »

Hugo, vous avez commencé la saison en tant que titulaire puis on ne vous a plus vu sur la feuille de match en fin d’année civile, comment avez-vous vécu cette période ?
En fait j’ai eu une petite gêne musculaire en octobre. J’ai dû passer des examens, le temps de la cicatrisation. Quand je reviens (le 22 octobre 2022), je marque le but vainqueur contre Colmar (1-0, après être entré en jeu à quelques minutes de la fin !), ensuite je suis à nouveau sur le banc à Wasquehal. Nous sommes menés 3-0 quand je rentre. Je parviens à marquer un but et suis à quelques millimètres d’égaliser de la tête au bout du temps additionnel. Je suis encore remplaçant la semaine suivante à Fleury. Je ne redeviens titulaire en championnat que contre Besançon (défaite 1-0 à domicile).

Le coach me fait ensuite comprendre qu’il ne compte plus sur moi. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est d’être écarté du groupe lors du 32e de finale à Belfort en coupe de France (8 janvier 2023). J’ai vraiment compris qu’il ne comptait pas sur moi.

On vous imagine très affecté mentalement : de quelle manière parvenez-vous à retourner le cours de l’histoire en votre faveur sur la phase retour ?
J’avoue que j’ai reçu des offres similaires financièrement à l’OSQ… Pendant mon absence, les résultats du club ne sont pas bons. Le 30 janvier, le coach m’appelle pour me dire que des joueurs ont demandé ma présence. Le dernier jour du mercato, j’appelle le coach pour l’informer que j’ai une offre : c’est le dernier jour où je peux partir et l’entraîneur me répond « tu restes, je compte sur toi ». Le match suivant, contre Bobigny, je marque, et là, je vais devenir titulaire indiscutable pour le reste de la saison.

Côté mental, c’est une épreuve difficile que tu as eu à vivre pour un sportif, qui plus est pour un buteur dont on sait combien l’aspect psychologique est primordial…
Pour moi, mentalement, c’est très fort ce que j’ai fait… Je n’ai rien lâché en inscrivant 12 buts sur la deuxième partie de saison. Cette saison, qui a été très difficile, m’a fait grandir et passer un cap. Je n’en veux pas forcément au coach, ils savent qu’ils ont eu tort, ça s’est passé comme ça. Sincèrement, j’ai vécu ça comme un manque de respect à l’époque mais maintenant, c’est de l’histoire ancienne, et j’ai grandi.

« Aller plus haut »

Hugo Chambon a donc vécu une saison riche en émotions au sein du club des Hauts-de-France. Le buteur ne veut en conserver que des souvenirs positifs en dépit des événements et de l’issue sportive (rétrogradation en N3), même si, à l’heure où l’on écrivait ces lignes, l’OSQ peut encore miser sur un éventuel repêchage).

Collectivement, le meilleur buteur « se dit satisfait des performances du groupe. On avait peu de moyens par rapport à d’autres clubs, on avait fait avec nos armes et le maintien ne s’est joué qu’à des détails infimes ».

Avec des performances aussi remarquables et remarquées, le choix du futur club se pose donc logiquement. Posé et tranquille, Hugo Chambon affirme ses ambitions : « Aller plus haut pour pouvoir démontrer ce que je sais faire, dans un club ambitieux avec un projet ambitieux ». Il ne s’interdit pas non plus une seconde expérience à l’étranger. L’attaquant souhaite encore et toujours travailler plus particulièrement dans certains domaines comme « le jeu dos au but et mon jeu de tête où je ne suis pas assez performant ».

« On ne refait pas l’histoire »

Pour celui qui a fait preuve d’une efficacité à toute épreuve durant la deuxième partie de saison, un match lui reste en tête et qui est peut être le tournant dans la course au maintien : la défaite à domicile contre Wasquehal sur le score de 2 à 1.

« Dans cette rencontre, j’ai deux occasions franches dans les cinq premières minutes mais je ne les convertis pas, peut-être étonné d’avoir des occasions aussi franches en début de match. C’est un des matches les plus frustrants de la saison avec la défaite à Besançon alors que nous menions 2 à 1 à la 72e minute. On ne refait pas l’histoire mais c’est dommage. Il y avait moyen de se maintenir mais malheureusement, avec 38 points cette saison, c’était insuffisant pour rester en National 2 ».

En joueur de surface, Hugo Chambon a su démontrer toute l’étendue de son talent en N2, la suite de sa carrière l’amènera sans aucun doute à découvrir d’autres aventures (il a des touches en National et en Ligue 2), toujours avec le même mental, à toute épreuve !

Hugo Chambon, du tac au Tac

Meilleur souvenir sportif à ce jour ?
Au Canada, le championnat universitaire 2019 à Montréal que nous avons disputé à domicile.

Pire souvenir sportif ?
Ne pas avoir été retenu dans le groupe pour disputer le 32e de finale de coupe de France à Belfort, le 8 janvier 2023 (défaite 3 à 1 de l’OSQ)

Plus beau but marqué ?
Contre Belfort en championnat cette saison, le 18 février, une reprise du volée du pied gauche. Après j’ai déjà mis des retournées acrobatiques mais j’étais plus jeune.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Tout simplement parce que depuis tout petit, j’aime ce sport.

Ta plus belle boulette ?
A 13 ans, je me souviens d’un match où sur un ballon dans notre surface de réparation, je ne sais pas pourquoi mais j’ai eu le réflexe de claquer le ballon de la main façon volleyeur. Un geste incompréhensible.

Un geste technique préféré ?
Le double contact.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Qualité, je dirais instinctif. Pour le défaut, je m’énerve tout seul, je me frustre tout seul.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Au Canada à Montréal.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Je n’en ai pas.

Le club où tu as failli signer (il y a prescription) ? Tabor Sezana (D1 Slovène)

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
Naples.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Liverpool, Anfield Road

Un public qui t’a marqué ?
Au Canada lors du quart-de-finale de coupe en 2019, il y avait énormément de monde pour jouer contre York.

Un coéquipier marquant ?
Aboubacar Sissoko, joueur professionnel au Canada, un super joueur et un homme super.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling dans le jeu ?
Ianis Abida au Canada.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ? Allan Saint-Maximim ; j’ai joué contre lui à l’époque où j’étais à Fréjus Saint-Raphaël.

L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Bobigny cette saison au match aller, où nous avions perdu 4 à 1.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Omar Krein (Canada).

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ? David de Oliveira (côtoyé en jeunes à Fréjus Saint-Raphaël).

Une causerie de coach marquante ?
Une causerie en grec exclusivement, d’un coach au Canada, avec le traducteur à côté, ça m’avait marqué.

Une causerie de coach que tu n’as jamais comprise ?
C’était aussi au Canada, une causerie de Pat Raimondo.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Quand j’avais 13 ans, je suis parti à un match en oubliant mes chaussures. J’ai dû acheter des chaussures neuves en route pour pouvoir disputer la rencontre.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ? Abdelaziz Barrada, que j’ai côtoyé aux Lusitanos Saint-Maur.

Des rituels, des tocs ?
Je mets de la mousse sur mes protèges tibias pour les faire tenir et du Vaporub avant chaque match.

Une devise ?
Ne rien lâcher, tout vient à point à qui sait attendre.

Un match de légende ? OL- OM (5-5), le 8 novembre 2009.

Un modèle de joueur ? Fernando Torres.

Ta plus grande fierté ?
Les titres gagnés au Canada.

Un plat, une boisson ?
Pizza, Ice tea.

Loisirs ?
Le basket, le tennis, j’aime le sport en général, les voyages et être avec mes proches.

Acteurs, actrice ?
Will Smith.

Un film culte ?
La cité de Dieu.

Le dernier match que tu as regardé à la TV ? France-Grèce le 19 juin (la veille de l’entrevue)

Le dernier match auquel tu as assisté en spectateur (en dehors de ton club) ?
Je suis allé voir jouer mon ancien club, Grandvillars, en championnat. Après notre déplacement à Belfort en février, j’étais resté sur place pour aller rendre visite le lendemain à mon ancien club.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué et hypocrite.

Carrière joueur :
Son CV. Hugo Chambon, né le 10 août 1996 à Lyon. Attaquant.
AS Saint-Priest (2008-2011) : Fréjus Saint-Raphaël (2012-2015) : Amnéville (2015-2016) : Montréal/AS Blainville (foot universitaire/semi professionne) (2016-2020) : Lusitanos Saint-Maur (2020-2021) : Grandvillars (2021-2022) : Olympique Saint-Quentin (2022-2023).

 

Texte : Marc-Antoine Goullieux / Mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : Olympique Saint-Quentinois et L’Aisne Nouvelle