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National / Hervé Della Maggiore (FBBP 01) : « Il n’y a pas beaucoup de reconnaissance du travail »

L’entraîneur qui avait permis à Bourg-en-Bresse/Péronnas de découvrir la Ligue 2 en 2015, et qui vient à nouveau de conduire son club en National, se livre à une introspection. Il évoque sa personnalité et son image, loin des codes du milieu actuel, et regrette de ne pas être jugé sur ses résultats.

Par Anthony BOYER / Photo de couverture : Photo Vincent Chabrier – @2v.production

Photo Benjamin Prudhomme

L’image. La communication. Les réseaux. Autant de critères dont tient compte aujourd’hui la plupart des dirigeants au moment de choisir un entraîneur.

L’image, la communication, les réseaux, ce n’est pas vraiment la tasse de thé d’Hervé Della Maggiore.

Le natif de Rillieux-la-Pape, près de Lyon, préfère ou préférerait qu’on le choisisse pour ses qualités d’entraîneur, celles qui lui ont permis de conduire Bourg-Péronnas (devenu ensuite le FBBP 01) du CFA2 à la Ligue 2 ! Celles qui lui ont permis, aussi, d’accéder en National voilà quinze jours, toujours à la tête du FBBP01, dont il a repris les rênes en février dernier après le départ de Jordan Gonzalez pour l’OL Academy, plus de cinq ans et demi après son dernier match sur le banc du club burgien, un barrage perdu face à Grenoble.

Avec Villefranche, en 2021. Philippe LE BRECH

Pour le coach de 51 ans, qui cumule la fonction de manager général au FBBP 01, ne pas être « dans le moule » ou « funky » est un problème aujourd’hui. Et ce n’est pas le seul écueil. Si la simple évocation du nom « Della Maggiore » devrait obligatoirement faire penser à l’épopée de Bourg-en-Bresse, où il a passé dix saisons consécutives de 2008 à 2018 avec les succès que l’on sait, la réalité est parfois différente. Et cruelle. Parce qu’elle vous rattrape. Et cette réalité, ce sont ces quatre barrages perdus : avec Bourg donc (2018), le Gazelec Ajaccio (2019) et Villefranche deux fois (2021 et 2022). Facile, donc, de le réduire à ça. Trop facile selon lui. Injuste même. « Je ne suis pas un homme de barrages, mais je suis un homme de derbys ! »  en plaisante-t-il aujourd’hui, même si la cicatrice n’est pas refermée.

Son image, sa carrière, les fameux barrages donc, Hervé Della Maggiore parle de tout ça avec une franchise et une lucidité déconcertante. Il parle aussi de ce qui l’anime : vivre des émotions, même s’il ne les montre pas toujours. Partager des aventures humaines. Et retrouver le monde professionnel : s’il y parvient, c’est que celui qui l’aura choisi ne se sera pas fié aux apparences et aura cherché à briser la glace. C’est ça que Della Maggiore, sur le marché compte tenu de l’avenir incertain du FBBP01, demande. Qu’on le prenne pour ses qualités. Qu’on le comprenne.

Interview / « J’ai un sentiment inachevé »

Photo Philippe Le Brech

Hervé, quand vous avez repris le FBBP 01, début février, vous avez perdu 4-0 à domicile contre Fleury… Comme départ, on a connu mieux…
Forcément, on ne s’y attendait pas trop, même si les derniers matchs avant mon arrivée et avant le départ du coach (Jordan Gonzalez) avaient été un peu plus compliqués, dans le contenu et dans les résultats. Mais là, en prendre 4…. On se dit « merde », ça fait un peu tâche, surtout qu’on était quand même régulier.

En fait, les joueurs étaient très affectés pour moi. Ils avaient fait du lobbying pour que cela soit moi qui prenne la suite de Jordan, parce que ce n’était pas forcément l’idée de départ ni ma volonté.

Avec le FBBP 01 en 2017. Photo Philippe Le Brech

Vous ne vouliez pas retrouver le banc ?
Ce n’est pas tant que je ne voulais pas, mais c’était surtout par rapport à mon planning déjà chargé (il occupe le poste de manager général depuis juillet 2023). Après, le 0-4, cela ne m’a pas affecté plus que cela. Je savais très bien que c’était un accident. On était tombé sur une très belle équipe de Fleury ce jour-là, d’ailleurs, leur coach, David Vignes, m’avait dit qu’il venait de faire leur meilleur match de la saison. On avait payé cash nos erreurs. Mais je n’avais pas été catastrophé. Je savais que les joueurs allaient repartir de l’avant.

« Je me suis construit tout seul »

A vos débuts d’entraîneur de l’équipe première à Bourg, en CFA2, en 2008, vous aviez aussi enchaîner quelques défaites…
Oui, mais on ne peut pas comparer avec mes débuts, c’est une autre histoire, un autre contexte.

Revenons justement à vos débuts : le premier club que vous avez entraîné, c’est Saint-Maurice-de-Gourdans ?
Oui, en 3e division de district. Dans le club de mon village, près de Meximieux, dans l’Ain. Je m’étais engagé là-bas sans penser que j’en ferais mon métier. Ensuite j’ai entraîné en Promotion d’Excellence (2e échelon départemental) au FC Luénaz, un regroupement de plusieurs communes (La Boisse, Montluel, Niévroz, Thil), parce que j’avais des collègues qui jouaient là-bas. D’ailleurs, c’est fou, parce que certains joueurs de l’époque me suivent encore et viennent voir des matchs à Bourg. Pour certains, ce sont encore mes amis. En fait, moi, je me suis formé et construit par moi-même. Je n’étais pas destiné à rester dans le foot mais à reprendre l’entreprise de mon père, ce que j’ai fait par la suite.

Photo Vincent Chabrier – @2v.production

Comment êtes-vous ensuite arrivé à Bourg-Péronnas ?
Le club cherchait un coach pour la réserve en DHR; à l’époque, il se reconstruisait. Le problème, c’est que je devais gérer mon entreprise en parallèle même s’il y avait encore mon père pour s’en occuper un peu (Della Maggiore Déco Passion) et j’étais aussi à 40 km. Mais j’avais envie de vivre une aventure humaine, et ça s’est bien passé : on a fini 1ers et on est monté en DH. Puis le coach de l’équipe Une (Pierre Mauron) a démissionné. Le président Gilles Garnier s’est mis à la recherche d’un nouveau coach. Là, j’ai été plébiscité par les joueurs, en l’occurrence Boris Berraud. Ils voulaient que ce soit moi. Dans un premier temps, j’ai refusé, j’ai hésité. Il fallait que je passe les diplômes, ce qui allait me prendre du temps, et puis j’ai accepté. On a perdu les 3 ou 4 premiers matchs je crois et après ça, j’ai dit au président, « Ce n’est pas pour moi ». Là encore, les joueurs ont fait du lobbying et le président m’a dit de ne pas lâcher. Derrière, on a enchaîné les victoires, et on est monté en CFA. Trois ans plus tard, en National. Et trois ans plus tard en Ligue 2. En parallèle, j’ai passé mes diplômes, même si j’avais forcément une dérogation pour entraîner quand je faisais monter l’équipe. J’ai vendu l’entreprise familiale quand on est montée en L2, lors de la 3e année en National, en 2015, et on est resté 3 ans à ce niveau.

Sur le banc du Gazelec Ajaccio, en 2018. Photo Philippe Le Brech

Vous parliez de Boris Berraud, joueur emblématique du club dans les années 90-2000 : il est un de vos adjoints cette saison ?
Oui. C’est un fidèle. Même à l’époque, c’était déjà le cas : car tous les clubs pros lui tournaient autour, mais il n’a jamais voulu partir. Il est encore passé au bureau ce matin pour prendre les dernières nouvelles. Même si le club jouait en 3e division de district, il serait là… C’est un amoureux du club, il sera toujours là.

C’était donc déjà Gilles Garnier le président à vos débuts en 2008 ?
Oui, je crois qu’il était président depuis un an ou deux, mais il était déjà partenaire du club et membre du bureau avant. Avec Gilles, on a une relation qui dépasse le cadre du football : et si je suis revenu au club en début de saison dernière, c’est aussi pour lui. Il a insisté. Je voulais l’aider sur le projet de reprise (Gilles Garnier est revenu à la tête du club l’été dernier, cinq ans après avoir démissionné du poste de président).

Revenons à votre retour sur le banc cet hiver : après Fleury, vous avez enchaîné les bons résultats…
Oui, la suite a été bien plus glorieuse. On a fait 7 victoires et 2 nuls avant de s’incliner une deuxième fois à Auxerre, à l’avant-dernière journée.

« Le foot a pas mal dégusté à Bourg »

Photo Mathieu Sixdennier

Cette accession en National, c’est une revanche, une fierté ?
Il n’y a pas de revanche. Mais de la fierté. Celle d’avoir remis le club sur les rails, sportivement du moins. Parce que c’est vrai qu’ici, à Bourg, le football a pas mal « dégusté » ces dernières saisons. On a retrouvé des valeurs identitaires, des valeurs d’humilité, celles qui nous avaient déjà permis à l’époque d’accéder jusqu’en Ligue 2. Mais de là à dire qu’on allait monter… Ce n’était vraiment pas programmé. On a bâti le staff et l’effectif en une quinzaine de jours avec le président, mais tout le monde a bien appréhendé le contexte. On a eu un groupe exceptionnel, qui sait aujourd’hui la difficulté dans laquelle on est. On ne leur a jamais caché les choses. Le club, on l’a repris alors qu’il était en difficulté. On ne savait pas si financièrement on allait pouvoir le relever, mais grâce à ces valeurs, on a obtenu des résultats sportifs.

Sur le banc du Gazelec Ajaccio, en 2018. Photo Philippe Le Brech

Pas de sentiment de revanche, vraiment ?
Non. Si l’on regarde mes saisons précédentes, à Villefranche, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir : quand j’arrive là-bas, on est 14e, et on est arrivé à faire les barrages d’accession en Ligue 2 en fin de saison. La deuxième saison, tout le monde pensait que l’on n’arriverait pas à digérer les barrages perdus (contre Niort, qu’on aurait dû mal à se maintenir, et en fin de compte on refait les barrages (contre QRM), ce qui était exceptionnel. La troisième saison a été plus compliquée, surtout au début, mais on a fini en trombe et terminé 6e après avoir fini deux fois 3e.

« On ne cache rien : le trou est de 600 000 euros »

Avant Villefranche, il y a eu le Gazelec Ajaccio…
Le Gazelec, ça a été une aventure qui m’a beaucoup fait progresser : je me suis aperçu là-bas de ce qu’était le monde professionnel. Je sortais de Bourg où j’étais avec des amis plus qu’avec des collègues de travail. Même si on a fait 3 saisons de Ligue 2 avec Bourg, c’était un contexte familial, alors qu’au Gazelec, je suis passé d’un monde où « tout le monde est beau, tout le monde est gentil » à un football plus professionnel et ça m’a fait mûrir. A Villefranche, le contexte était un peu similaire à ce que j’avais vécu à Bourg-en-Bresse. Aujourd’hui, je me retrouve à Bourg, à l’instant T, dans une situation difficile, même si sportivement on a fait tout ce qu’il fallait pour remettre le club sur les rails.

Photo Vincent Chabrier – @2v.production

Vous parliez des difficultés actuelles du FBBP01 : dans les médias, l’on parle d’un dépôt de bilan…
On a ce problème d’actifs qui nous plombe : en fait, on a appris le jour de notre dernier match de la saison (contre Saint-Quentin, victoire 5-3) que le bail emphytéotique qui liait l’agglomération avec le centre d’entraînement de Péronnas, était arrivé à son terme. Et que donc, le centre n’appartient plus au club. Donc on sort de nos actifs et voilà… Ce n’est même pas une histoire d’argent, je peux vous le dire, parce qu’on a été dans l’économie cette saison, où certains joueurs ne touchaient pas grand-chose. On a réussi à équilibrer les comptes en fin de saison, ce que nous a demandé la DNCG, et ce malgré les moratoires que l’on rembourse tous les mois, par rapport aux dettes antérieures.

Par contre, la perte de cet actif plombe notre bilan. On ne cache rien : le trou est de 600 000 euros. Pour un club de National, ce n’est pas non plus une somme rocambolesque, ce qui explique que l’on soit très sollicité par des investisseurs, mais le foot est un milieu de spéculation, donc on reste très attentif à ça, on ne veut pas que le club perde son identité et ses valeurs qui lui ont permis par le passé et encore cette saison de gravir des échelons. Avec des anciens, on est revenu au club l’an passé pour réincarner ça, et on s’aperçoit que ça marche à nouveau. On n’a pas fait tout ça pour tout casser. On essaie de trouver des solutions en interne, de mobiliser, mais ce n’est pas simple.

« J’ai du mal à comprendre certains choix de clubs »

En 2017, en discussion avec Rafik Boujedra, un de ses anciens joueurs au FBBP 01. Photo Philippe Le Brech

Hervé, revenons aux barrages : ça vous affecte que votre nom soit lié à ces quatre barrages perdus en cinq ans ?
Pfff… Voilà, dans ma carrière, j’ai été sollicité, j’ai fait des entretiens avec des clubs quand j’étais dans des périodes sans travail, ou quand j’étais en fin de contrat, ou même encore un, là, tout récemment, il y a trois semaines : aujourd’hui, j’ai du mal à comprendre certains choix de clubs. Je ne vous cache pas que je me demande si les clubs regardent les parcours, les CV, s’il essaient de connaître le coach qu’ils ont en face d’eux. Ils couchent des noms sur des listes, sans trop étudier la personne. Il y a sans doute du lobbying, je ne sais pas trop comment cela se passe, mais je suis assez surpris de la manière dont les choses se passent et des choix qui sont faits. J’ai du mal à me faire à ça, car je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de reconnaissance du travail. Il y a beaucoup de recherche de médiatisation, c’est pour ça que ça me fait plaisir quand je vois des garçons comme Pierre Sage, qui a été mon adjoint à Bourg, qui vient de nulle part, être capable de faire ce qu’il fait à l’OL. Un profil comme lui qui émerge, ça fait du bien à la profession, sinon personne n’ouvrirait les yeux. Pour en revenir aux barrages… Je les aurais gagnés, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui…

Photo Vincent Chabrier – @2v.production

Racontez-nous ces barrages…
Le premier, en 2018, c’est avec Bourg (contre Grenoble) : bon, celui-là, ça ne m’a pas surpris, on était au bout d’une histoire, on sortait d’une saison très difficile, à un moment donné on était même relégable et on est arrivé à accrocher la place de barragiste, ce qui était déjà un exploit. Je jouais avec le 3e ou le 4e gardien, en défense j’avais des milieux offensifs, on a fini sur les rotules… C’était une déception parce qu’on quittait la Ligue 2 mais pas forcément une surprise. Après ça, je me suis retrouvé au chômage. J’ai eu quelques sollicitations, d’ailleurs j’en avais déjà eues avant, mais je n’avais jamais voulu partir de Bourg, parce que j’étais dans le confort, et sans doute que je ne voulais pas me mettre en danger. J’aurais peut-être dû partir… C’est peut-être un de mes regrets. Une erreur sans doute même.

« Ce scénario, je ne le souhaite à personne »

Au Mans, avec l’ex-entraîneur du Mans FC, Richard Déziré. Photo Philippe Le Brech

Et puis il y a eu le Gazelec Ajaccio…
Oui, j’ai l’équipe en cours de saison, en Ligue 2. Quand on ne choisit pas le groupe avec lequel on travaille, c’est un peu plus délicat pour mettre les choses en place, malgré tout, il fallait « se serrer les fesses » pour se maintenir en Ligue 2 et ensuite j’aurais eu carte blanche pour construire mon groupe, mais ça ne s’est pas passé comme ça et on a subi un coup du sort, auquel je ne m’attendais pas du tout, car on s’est retrouvé barragiste à l’issue de la dernière journée de championnat alors que l’on n’avait jamais été dans cette position, ni même jamais relégable. On a a loupé 4 penalties sur les 5 dernières journées… On en aurait marqué un ou deux, on aurait eu un ou deux points de plus…

Ce scénario des barrages avec le Gazelec (face au Mans), qui s’est joué à la dernière seconde, je ne le souhaite à personne. Un scénario fou. Un scénario catastrophe (Le Mans avait marqué à la dernière seconde par Soro, auteur d’un ciseau acrobatique, alors que sur l’action précédente, le Gazelec avait manqué un penalty). Il ne peut pas vous arriver pire. On fait ce qu’il faut en gagnant le match aller au Mans (2-1), et bon, vous connaissez le foot, à ce moment-là, tout le monde se dit, pour le match retour, que d’aller gagner au Gazelec… Bon, la cote du Mans devait être très élevée. Et on a vécu un scénario à la Hitchcock, et c’est le pire moment de votre carrière, de très très loin, qui arrive. Quel coach a vécu ça ? Aucun.

Sur le banc de Villefranche, en 2021. Photo Philippe Le Brech

Ensuite, le troisième barrage, avec Villefranche, c’est différent, et puis c’est dans l’autre sens, c’est pour une accession cette fois. Malgré le succès 3 à 1 à l’aller face à Niort, ça ne passe pas : le club a manqué d’expérience, on s’est peut-être enflammé trop vite, je ne le sentais pas bien pour le match retour.

Et pour le 4e barrage, toujours avec Villefranche, face à Quevilly Rouen, là, il n’y a pas discussion, pas photo, on sent l’adversaire beaucoup plus armé que nous. Donc moins de regret. Alors je ne suis peut-être pas un homme des barrages, mais je suis un homme des derbys ! Avec le Gazelec, on a gagné à l’aller et au retour contre l’AC Ajaccio, chose qu’ils n’avaient réalisé; à Villefranche ou avec Bourg, j’ai toujours remporté les derbys. Quand j’ai su que les barrages allaient être supprimés avec la refonte, là au moins je me suis dit, je n’aurai plus ça (rires) ! Après, ce n’est pas tant le fait de perdre ces barrages, c’est de se dire que l’on est proche de la Ligue 2 à chaque fois et qu’aujourd’hui, je suis à Bourg et j’entraîne en National 2, ça se joue à peu de choses… J’en reviens à ce que je vous disais : les clubs font des entretiens, puis font des choix, c’est usant, parce que la reconnaissance du travail n’est pas là.

Oui mais vous savez aussi comment c’est de nos jours : il faut aussi être vu, faire parler de soi, se montrer sur les réseaux, faire de la « com »…

Sur le banc du Gazelec Ajaccio, en 2018. Photo Philippe Le Brech

Exactement. Mais tant mieux pour ceux qui savent faire ça. Moi, ce n’est pas ma nature. J’ai envie que l’on me choisisse par rapport au travail que je fais. Quand j’ai des entretiens, que je vois les entraîneurs avec lesquels je suis en concurrence, que je regarde leur parcours, et quand je vois que je ne suis pas choisi, j’ai un peu de mal, mais ce sont sans doute eux qui ont raison, puisqu’ils sont choisis, avec moins de résultats que moi. J’ai été impliqué dans plusieurs projets, des clubs pros qui veulent remonter en L2, des clubs de N2 qui végètent et veulent monter rapidement, des choses que j’ai déjà réalisées, mais je ne sais pas…

« Je suis souvent dans des short-lits, mais… »

Pourquoi n’êtes-vous pas choisi à votre avis ?
Je n’ai pas joué en pro, je n’ai pas créée de réseau avec les gens du milieu… Je suis réservé dans la vie, assez introverti. Je n’aime pas me mettre en avant… Par exemple, vous ne me verrez jamais poser en photo avec mes joueurs en train de lever les bras, je ne suis pas très expressif ou démonstratif. C’est vrai que je ne suis pas expansif, pas avenant. Même dans la vie de tous les jours, on me le dit. Je suis réservé, je ne suis pas trop « média », pas trop souriant, donc forcément, ça me joue des tours. Pourtant, j’ai de la personnalité. Mais attention, je « tiens » les entretiens normalement, là c’est différent, en général ça se passe bien, mais à l’arrivée, je ne suis pas pris. En, trois ans, j’ai fait énormément d’entretiens d’embauche. De toute manière, à chaque fois qu’il y a un coach qui part, même en Ligue 2, je suis souvent sur des short lists. Maintenant, je préviens les clubs, je leur dis de me juger sur le travail, sur les performances, sur ce que je peux amener. L’an passé j’ai fait 4 entretiens, j’ai eu de bons échos et à l’arrivée, j’ai pris une gifle. Je n’ai peut-être pas tout bien fait par rapport au fait de me mettre en avant, par rapport au lobbying, alors que c’est important dans ce métier, et c’est certainement quelque chose qui m’a manqué et qui me manque.

Ne souffrez-vous pas d’un manque de notoriété tout simplement ?

Avec Réginald Ray, un autre ex-coach du Mans. Photo Philippe Le Brech

Peut-être que je suis peu connu. A Villefranche, l’an passé, quand j’y étais, je devais être l’un des seuls à avoir 4 saisons de Ligue 2 pour moi, il n’y avait qu’un seul coach je crois qui avait déjà entraîné en Ligue 2, malgré tout, mon nom sort rarement dans les médias. Parfois, je suis dans des short lists, j’ai des entretiens, et pourtant, dans les journaux, sur les réseaux, mon nom n’apparaît pas. Peut-être que les journalistes ne me connaissent pas, alors qu’en National, j’ai peut-être l’un des plus gros parcours de coach, j’ai mes résultats pour moi, comme avec Villefranche, deux fois 3e, une fois 6e, mais mon nom ressort très peu, c’est comme ça.

Vous parliez de votre parcours, qui n’a pas été celui d’un joueur pro : justement, c’était quoi le vôtre ?
J’ai commencé à Montluel puis je suis parti à 12 ans à l’OL, j ai suivi un sports études, jusqu’à 18 ans, où je n’ai pas franchi le palier, et je n’avais pas été conservé. Ensuite je suis parti dans l’ancienne Division 3 à Lyon-Duchère, où j’ai passé 5 ans : on était même monté en Division 2 en 1990- 91 mais l’accession avait été refusée. Puis j’ai passé 5 ans à Saint-Priest, entre CFA et National, et au même moment, je suis rentré dans l’entreprise en bâtiment de mon père, ce qui me permettait de m’entraîner le soir. J’avais fait des études pour être conducteur de travaux. J’ai repris l’entreprise de mon père, j ai eu jusqu’à 10 salariés. A Saint-Priest, la plupart des joueurs était de Lyon, c’est ça qui faisait le charme. Ensuite, j’ai joué un an à Ain Sud foot et deux ans pour terminer à Plastics Vallée, le club d’Oyonnax, en DH. J’étais milieu de terrain polyvalent, puis j’ai fini latéral droit.

« Un sentiment d’inachevé »

Avec le FBBP 01, en 2017. Photo Philippe Le Brech

Votre aventure avec Bourg-Péronnas, c’est votre meilleur souvenir ?
Forcément, avec cette montée en Ligue 2 en 2015, qui est l’aboutissement d’un rêve. Surtout que la plupart des joueurs, à l’époque, n’avait jamais été professionnel. Un joueur comme le capitaine Yannick Goyon a même signé pro pour la première fois grâce à cette montée, à 34 ans !

J’aime les aventures humaines. C’est ce qui m’anime. C’est pour ça que je suis revenu dans ce club-là, à Bourg, l’été dernier. Mais chaque saison, j’ai vécu quelque chose, dans le monde amateur aussi, à mes débuts, ça a été aussi marquant qu’une saison en Ligue 2, même si ce n’est pas le même plaisir et les contraintes sont différentes.

Aujourd’hui, c’est quoi votre ambition ?
Ma volonté, c’est de retrouver la Ligue 2. Je suis persuadé que j’ai le niveau. J’aimerais bien revivre ça, parce que pour moi, c’est un sentiment inachevé.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr

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