Grégory Campi : « Quand je perdais un match, j’avais honte ! »

L’ex-entraîneur adjoint de Bryan Bergougnoux à Thonon Evian Grand Genève, passé notamment par l’AS Monaco, raconte son parcours marqué par des expériences hyper-enrichissantes dont il s’est imprégné et inspiré, comme en Italie à Bari, où la notion de travail fut omniprésente, mais aussi en Belgique et aux États-Unis.

Par Olesya Arsenieva / Photos : Thonon Evian GG et DR

Photo Thonon Evian Grand Genève

Pur monégasque, Grégory Campi (48 ans) a été formé à l’AS Monaco, qu’il a rejoint en U11. Malgré un parcours semé d’embûches et freiné par les blessures, il a découvert de nombreux pays (Italie, Belgique, États-Unis) et des styles de jeux différents tout au long de sa carrière, durant laquelle il a évolué à Rouen, au Gazélec Ajaccio, à Lille, à Bari, à l’Impact de Montréal, à La Louvière et à Sanremo.

En 2008, juste après la fin de sa carrière pro, il a créé son premier restaurant « Alden T » (restauration rapide de pâtes) dans son quartier monégasque de Fontvieille. Un jeu de mots qui fait référence aux pâtes « al dente », avec le T pour « mes enfants Théo et Thiago », explique-t-il. Depuis, il a mis son magasin en gérance, football oblige, il a aussi ouvert une autre franchise à Beausoleil en 2022 et s’apprête à en ouvrir une troisième.

Monaco III, Villefranche/St-Jean/Beaulieu

Mais l’ancien milieu offensif ne s’est pas uniquement reconverti comme entrepreneur. Il effectue en parallèle une carrière sur le banc comme entraîneur. Il ambitionne le plus haut niveau et essaye de transmettre son expérience à la nouvelle génération.

Après avoir dirigé l’équipe III de l’AS Monaco (PHB, PHA, DHR et DH) puis l’équipe fanion de la JS Villefranche/Saint-Jean/Beaulieu en National 3, il fut, jusqu’en juin dernier, l’adjoint de Bryan Bergougnoux à Thonon Evian Grand Genève FC, en National 2. Dans l’attente de nouvelles opportunités, il est revenu sur son riche parcours pour 13HeuresFoot.

« Je ne voulais pas être identifié au petit monégasque qui réussit à Monaco »

Sous le maillot de l’AS Monaco. Photo DR

Quand il est pensionnaire du centre de formation de l’AS Monaco, Grégory Campi prend la décision de partir jeune loin de sa région natale. « Je suis parti parce que je ne voulais pas être identifié au petit monégasque qui réussit à Monaco. Je voulais voir un monde différent à 15-16 ans. Il y avait un entraîneur que j’aimais énormément au centre de formation, Carlos Lopez, qui était à Rouen. Il me voulait vraiment et j’avais eu un flash ! Il fallait que je parte là-bas. C’était une ville pour moi très sombre, très noire à l’époque. T’as 15-16 ans, tu viens de Monaco, de la Côte d’Azur… Mais j’étais tellement affamé et je pense que j’ai fait le bon choix. »

Arrivé au FC Rouen en U19, Greg poursuit sa formation dans le club normand. « J’ai joué en équipe réserve qui était en National 2 à l’époque (CFA). Je signe mon premier contrat pro à Rouen et la troisième année quand je dois intégrer l’effectif pro, avec lequel je faisais déjà des apparitions, le club se casse la gueule et disparaît. Du coup je me retrouve libre. » En effet, en 1994, le club rouennais tombe de Division 2 en National avant de déposer le bilan l’année suivante, en 1995.

« J’allais dans les clubs qui me désiraient »

Pour sa première saison comme entraîneur, Grégory Campi remporte la Coupe Côte d’Azur et accède en PHA avec l’AS Monaco III (Photo DR)

À partir de ce moment-là, le jeune milieu de terrain effectue ses choix de manière différente : « Je rebondis au Gazelec Ajaccio en National 1. J’allais dans les clubs qui me désiraient. Je ne forçais jamais mon agent à aller taper aux portes. Dès qu’il y avait un club où je sentais que j’étais désiré, j’y allais…. C’est comme ça qu’il y a eu ce choix bizarre de quitter la Série A pour aller en MLS. C’est juste que le club de l’Impact de Montréal me voulait. Ils s’étaient déplacés pour me voir. Après avec ma femme, on a eu les enfants très tôt et on voulait une culture pour eux. Aujourd’hui mes enfants parlent italien et c’est top. »

Après deux ans pleins passés en Corse, Grégory s’en va une première fois au LOSC. « Quand j’arrive du Gazelec à Lille, je sors de deux belles saisons. Le LOSC me fait signer un an avec Jean-Michel Cavalli, adjoint de Jean Fernandez. Je suis à Lille et en tant que jeune joueur, tu ne joues pas au début en pro, ils m’envoient en réserve. Un match se passe très mal et je prends 6 mois de suspension, ma saison est tronquée. Je m’étais très mal comporté. En fin de saison, le club ne m’a pas renouvelé. »

« Bari, mes plus belles années sportives »

Joueur, entraîneur et … entrepreneur : devant son restaurant Alden T, quartier Fontvieille, à Monaco (Photo DR)

En janvier 1998, le monégasque s’engage dans le club italien de Bari. Un club où il a évolué pendant 4 saisons en Série A sans forcément avoir du temps de jeu. Cette aventure, il la décrit comme la plus belle de sa vie. « Quand je suis arrivé à Bari, j’étais devenu professionnel. J’ai vraiment commencé mon métier de joueur pro à Bari. C’est là que j’ai compris ce qu’était l’exigence, le travail, le doute, la peur, la pression. Je suis tombé dans le truc où tu commences à avoir 2000 ou 3000 personnes qui viennent voir les entraînements, à sortir du stade après les entraînements et prendre 10 minutes pour signer des autographes et faire des photos, etc. C’est là où je me suis dit « là je suis footballeur ! ».

« La notion de travail en Italie est incommensurable par rapport à d’autres championnats, poursuit-il. Le travail physique à l’époque était incroyable, le travail tactique aussi. En arrivant à Bari, j’ai mis beaucoup de temps à accepter que je ne m’amusais plus. J’arrivais à l’entraînement, je savais que j’allais travailler physiquement et tactiquement. Les jeux Banide de Monaco (Gérard Banide, formateur à l’AS Monaco, Ndlr), c’était presque fini. Par contre, tu avais la chance tous les week-ends de jouer contre les meilleurs joueurs du monde. C’était exceptionnel. Même si je n’ai jamais été un titulaire à Bari, je me comportais toujours de la sorte. Je savais que je n’allais pas jouer mais à l’entraînement, je ne lâchais pour être là quand le coach ferait appel à moi. »

Photo DR

« J’ai peut-être fait une petite erreur en restant autant de temps. J’aurais peut-être dû partir en Série B, jouer, me faire mon nom en Italie. Mais j’étais tellement pris par le fait de vouloir y arriver, de vouloir m’imposer en Série A. Je ne regrette rien mais après 4 ans, il y n’avait pas beaucoup de temps de jeu, juste 300 présences sur le banc, ou sur la feuille de match. En Italie, à l’époque, tu pouvais avoir 20 joueurs, quasiment tout le groupe. Tous les week-ends je vivais des moments de rêve dans les plus beaux stades d’Europe. Mais peut être que si c’était à refaire, j’aurais plus écouté mon père et mon agent qui me disaient « Va te faire de la cerise en Série B, va marquer des buts et tu reviendras à Bari après », mais comme j’étais une tête dure, j’ai voulu m’imposer. Je ne regrette rien. »

« Les Etats-Unis, un cadre de vie exceptionnel »

Photo Thonon Evian Grand Genève

À la surprise générale, en 2001, Grégory Campi s’engage à l’Impact de Montréal pour évoluer en MLS. « J’ai signé là-bas parce que je n’avais pas beaucoup de temps de jeu à Bari. J’avais tellement envie de jouer que le premier club où j’ai senti qu’on voulait me faire jouer, j’y suis allé, et c’était l’Impact de Montréal. Je suis arrivé blessé là-bas, je suis revenu trop tôt parce qu’on était en galère de résultats. J’ai repris et je n’ai pas fait la saison que je voulais, un peu parce que j’ai eu du mal à revenir, aussi parce que je me disais que je n’avais pas forcément fait le bon choix. Le choc thermique est incroyable. T’arrives de Série A et tu passes d’un des meilleurs entraîneurs italiens à …. pas tout à fait un prof de gym, mais presque… Maintenant, c’est très structuré là-bas. A l’époque dans les années 2000, les entraîneurs, c’était des Américains. Nous, c’était un Canadien. C’était compliqué. Il n’y avait pas la structure professionnelle que je m’attendais à avoir, le niveau technique encore moins. Ils rattrapaient tout ça par les contrats, l’argent et la vie. Le cadre de vie était exceptionnel. »
Malgré deux ans de contrat, Greg demande à être libéré après une saison pour rebondir en Europe.

« Je passe d’un effectif de Série A à jouer à Schiltigheim ! »

Photo Thonon Evian Grand Genève

Après une quatrième opération au même genou, le monégasque s’engage tout de même avec le LOSC. « Je reviens à Lille après Montréal. Il n’y avait plus un seul dirigeant de l’époque (rires). Je suis revenu avec Claude Puel et Laurent Roussey. J’ai passé une très très belle année mais pareil, ce fut difficile de m’imposer. Sur le moment, je le vis super mal mais je ne lâche rien et si je dois citer une de mes plus belles saisons, c’est celle-là. C’est une saison incroyable. A chaque fois que le coach m’envoyait en réserve, j’y allais bien que quelque temps avant, j’étais dans un effectif de Série A. Là, je me retrouvais à aller jouer à Schiltigheim, à Fleury, etc. Je marque une vingtaine de buts en CFA malgré tout. Claude Puel me fait jouer 4-5 matchs mais je ne lâche rien jusqu’au dernier jour. Ça a été une grande fierté pour moi de me dire « Putain, le coach il t’a fait voir le diable mais toi, t’as jamais rien lâché ». Je m’étais fait opérer pour la quatrième fois du même genou entre Montréal et Lille donc c’est vrai que Lille avait tenté un coup et je pense qu’ils étaient restés sur ça aussi. Sur le fait que j’étais un joueur un peu handicapé. Mais je ne voulais pas entendre parler de ça. C’était l’époque où Lille avait des joueurs de fou (Cheyrou, Bodmer, Moussilou), c’était compliqué mais pas de regrets. »

« A la Louvière, une équipe de mercenaires »

Finalement, c’est en Belgique, à 29 ans, que Greg Campi retrouve du temps de jeu à haut niveau. En 2004, il s’engage à La Louvière en première division Belge (Jupiter Pro League). Il compte 11 titularisations en championnat lors d’une saison riche en émotions. « Je retrouve beaucoup de temps de jeu, avec un coach, Albert Cartier, qui me correspondait, très agressif, qui ne lâchait rien, et des entraînements durs. Forcément, tu joues comme tu t’entraînes et à l’entraînement, c’était des combats. Le coach avait voulu faire une équipe de mercenaires, des joueurs de qualité mais qui avaient galéré comme moi, Gunter Van Handenhoven, Mario Espartero, Wagneau Eloi, Silvio Proto. À Noël, on est premier, on va en demi-finale de la coupe de Belgique, on vit une saison incroyable. »

« Monaco c’est 2 km² »

Photo Thonon Evian Grand Genève

Sa carrière de joueur pleine de rebondissements Greg, il l’achève à Sanremo, en Italie, à 25 kilomètres de Monaco. « J’ai fini là-bas, en Série C, parce que j’avais un kiffe : c’était de jouer à côté de chez moi. C’est à 20 minutes de Monaco, et ce kiffe de partir de chez moi le matin, aller faire mon métier et revenir le soir tout en faisant ma passion et mon métier, il fallait que je le fasse. »

Grégory Campi peut également se considérer comme international. Il compte 4 sélections avec l’équipe de la principauté. « Il y a la sélection nationale monégasque. On ne joue jamais rien parce que ce ne sont pas des footballeurs, ce sont des mecs qui bossent. Par exemple il y a un championnat à Andorre. Monaco, non, c’est 2 km². La sélection nationale existe toujours. Ils m’avaient invité à jouer. Ce ne sont que des amis, on se connait tous. Ça a été une super expérience. On avait joué contre le Vatican mais je peux dire que je suis international (rires). C’est sympa de te retrouver avec tes copains avec qui tu as grandi sur un match international. »

« En France, c’est « Oui mais… » »

Après tous ses voyages, il peut désormais avoir du recul sur le football pratiqué dans les différents pays. « Les mentalités changent complètement selon les pays. L’Italie, c’est vraiment un football malin, vicieux, physique. La Belgique, c’est le don de soi, c’est à l’anglaise, « kick and rush » pendant 95 minutes, ça court, ça défend, ça attaque. La MLS, c’est plus fantaisiste, technique. Là où je me retrouve le moins c’est en France. La France, c’est le « Oui mais ». Le coach dit un truc, le français dit « oui mais ». Je suis comme ça en tant qu’entraîneur : si je te dis que c’est bleu, c’est bleu. Je suis ton référent. Si j’ai un référent et qu’il me dit que c’est bleu, je dois lui faire confiance, il n’y a pas de « Oui mais ». Encore aujourd’hui tu ne retrouves pas ça. Il n’y a pas ce cadre en France. Alors que dans les autres pays où j’ai joué, il y a un cadre, un respect des consignes. »

« Ces années d’amateurisme vont m’aider au plus haut »

Photo Thonon Evian Grand Genève

La saison passée, Grégory Campi fut entraîneur adjoint de l’équipe de National 2 à Thonon Evian Grand Genève, aux côtés du coach Bryan Bergougnoux.

« Quand j’ai commencé à comprendre qu’une équipe pouvait me ressembler, j’ai compris que je voulais être coach. J’ai compris ça quand j’ai commencé à entraîner. Quand je jouais, je ne voulais pas devenir entraîneur. Ma première expérience, je l’ai eue à l’AS Monaco, avec l’équipe 3 du club. On a fait 3 montées et on a gagné deux coupes de la Côte d’Azur. C’est l’équipe Une de l’Association ASMFC. On est montés jusqu’en Régional 1. La première année, le président de l’association me demande de récupérer l’équipe qui était à l’époque en PHB. J’ai fait appel à mes amis anciens pros, comme Stéphane Porato ou Jan Koller pour venir m’aider et prendre encore du plaisir. Et après, sont venus se greffer Gaël Givet, Ludovic Giuly, etc. Une sacrée équipe ! On est monté et là j’ai passé mes diplômes. Je veux aller le plus haut où je peux aller, en faisant les choses proprement, en ne brûlant pas les étapes. Je suis très fier de ça. J’ai commencé en 2011 et chaque année je fais un « step » plus haut. C’est une fierté parce que je pense que si j’ai la chance d’aller au haut niveau, toutes ces années d’amateurisme vont m’aider dans la gestion humaine. »

« Les jeunes pensent plus à leur téléphone qu’à gagner des matchs »

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Désormais, à 48 ans, il observe avec recul l’évolution dans le football. « Les générations de jeunes ont évolué. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas conscience de ce que c’est que de perdre un match. Quand je perdais un match, à l’époque, j’avais honte de regarder ma femme et mes enfants dans les yeux. Je l’ai encore aujourd’hui. Mais les jeunes d’aujourd’hui, eux, ce n’est pas leur faute… C’est les nouvelles générations : ils pensent plus à leur téléphone qu’à être sur le terrain pour gagner des matchs. Une descente pour un club, c’est un drame et les jeunes n’en ont pas conscience. Comme ils n’ont pas conscience qu’un titre pour un club, gagner quelque chose, à n’importe quel niveau, c’est exceptionnel. Techniquement, l’aspect physique a également évolué. Nous on était des sportifs de haut niveau mais aujourd’hui c’est des athlètes les mecs. A l’époque, tu jouais contre Ronaldo ou Thierry Henry, ils allaient vite mais t’en avais qu’un ou deux qui allaient vite. Aujourd’hui ils vont tous vite ! Dans une équipe de 10 joueurs, même le gardien va vite. A l’époque nos gardiens, c’était 1m80-85 maximum. Tous les gardiens avec qui j’ai joué, pas un ne dépassait 1m90 et aujourd’hui ils font tous plus d’1m90. »

Grégory Campi, du tac au tac

Ton meilleur souvenir sportif ?
Mon premier match en Série A Naples – Bari (2-2), le 16 mai 1998. Je rentre à la mi-temps c’était incroyable.

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Ton pire souvenir sportif ?
C’était la demi-finale de la Coupe de Belgique. Je jouais à La Louvière contre le FC Bruges. Elle m’a fait mal parce que dans toute ma carrière, je n’avais jamais joué de finale et là, en Belgique, j’étais en fin de carrière. Je la voulais tellement cette finale. Quand t’arrives en demi, il ne te reste qu’un match, tu joues le FC Bruges à la maison qui eux jouaient le titre en championnat. Ils n’avaient pas mis une équipe type. J’étais capitaine sur ce match là et on perd (1-0). Je m’étais projeté avant le match au stade du Roi Baudouin pour la finale mais trop se projeter ce n’est pas bon. La chute est terrible.

Tu as marqué combien de buts dans ta carrière ?
Je n’en ai pas mis beaucoup. J’en ai mis beaucoup en National à l’époque au Gazelec d’Ajaccio de 18 à 20 ans. Quand je suis monté en pro, j’ai marqué avec Bari en Coupe d’Italie contre Parme, jamais en championnat. En Coupe de France avec Lille. A La Louvière j’en ai mis deux en championnat.

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Ton plus beau but ?
Je l’ai marqué en réserve avec Lille, c’était un coup-franc pleine lucarne de 35 mètres.

Ton poste préféré sur le terrain ?
Milieu offensif.

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
Je n’ai pas choisi, je n’avais pas d’autre option, j’allais être footballeur. J’étais tellement passionné, je ne me suis jamais projeté pour faire autre chose que du foot.

Ton geste technique préféré ?
Le tacle.

Tes qualités et défauts sur un terrain ?
Le défaut de mes qualités : l’agressivité.

L’équipe où t’as pris le plus de plaisir ?
Bari en Série A, avec des joueurs champions du monde en 2006 ; Cassano, Zambrotta, Perrotta. Il y avait des champions du monde allemands comme Thomas Doll. Klas Ingesson aussi. Il n’y avait que des gentlemen. Quatre ans à Bari, ça a été les plus belles années de ma vie.

Le club où tu rêverais de jouer dans tes rêves les plus fous ?
A l’époque, la Juventus de Turin.

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Un match qui t’a marqué ?
Une grosse bagarre générale à Mezzavia en National avec le Gazelec d’Ajaccio contre Lyon – la Duchère, en 1995. Je débarquais du centre de formation de Rouen et j’arrivais au Gazelec. Je suis tout jeune. Je vois ce match à Mezzavia qu’il fallait qu’on gagne et les Corses, à l’époque, quand il fallait gagner un match… J’avais été impressionné par ce qu’ils avaient mis en œuvre pour gagner le match. A l’époque on pouvait se permettre des choses qu’on ne peut plus maintenant avec les caméras et les micros.

Un coéquipier qui t’a marqué ?
Benoît Cheyrou au LOSC. Il m’a marqué par sa gentillesse et en terme football le mec savait tout faire. Tu ne restes pas 7 ou 8 ans à l’OM titulaire si tu ne sais pas tout faire et Benoît, que cela soit pied droit pied gauche, offensif, défensif…

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Footballistiquement, il m’avait impressionné. C’est plus un joueur de l’ombre. Phil Masinga à Bari m’a marqué en terme de prestance. C’était l’attaquant Sud-Africain. Quand il arrivait dans le vestiaire ou sur le terrain, t’avais presque envie de le vouvoyer. Il m’avait pris sous son aile et pendant 4 ans on a vécu de très belles choses.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Ronaldo (le Brésilien). Quand il était à l’Inter. Le deuxième qui m’a impressionné est très loin derrière, il n’y a pas photo. J’ai joué 4 ans contre l’Inter, je n’ai pas eu la chance de faire ne serait-ce qu’une minute mais du banc je bavais. Le mec incroyable, un joueur aussi fort, je ne savais pas que ça pouvait exister. D’être déjà sur la même feuille de match que lui pour moi c’était un truc de fou. Après t’avais Zidane, on avait échangé le maillot c’était top, mais R9 c’était au-dessus largement.

Photo Thonon Evian Grand Genève

Un coach que tu aimerais revoir ?
Eugenio Fascetti, l’entraîneur de Bari. Il m’a fait démarrer au très haut niveau. Il était déjà âgé à l’époque, il est resté 7 ans à Bari il a fait monter le club et l’a maintenu en Serie A pendant des années. Il a sorti des joueurs comme Cassano, Zambrotta. Aujourd’hui, on s’envoie de temps en temps des messages mais ça serait un plaisir d’aller parler avec lui. A l’époque c’était la Bible du football italien.

Une causerie de coach marquante ?
J’aimais bien les réunions d’avant match de Claude Puel (LOSC). C’était carré. On savait de A à Z ce qu’on devait faire ; pas de fioritures, pas de mots superflus. Que des mots pesés. Ça ne durait pas longtemps mais en termes de motivation, il est pas mal. Laurent Roussey était son adjoint, c’était une doublette incroyable par rapport à ça.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
De ne pas prendre de cartons. Je n’ai jamais compris et je ne dirai jamais à un joueur à moi de ne pas prendre de carton. Je prenais beaucoup de cartons mais je ne comprenais pas pourquoi on me disait ça. Si tu me dis de ne pas en prendre, je ne vais pas jouer avec mes qualités. C’est comme si je dis à un dribbleur de ne pas dribbler.

Photo Thonon Evian Grand Genève

Une anecdote de vestiaire ?
À Bari, Antonio Cassano était dans le groupe, il commençait un peu à éclore. On avait aussi Phil Masinga avec nous. C’étaient les deux attaquants. On avait la salle de soin séparée d’un mur de la salle de sport. En Italie, tu ne t’échauffes pas sur le terrain mais en salle. En haut du mur, il y avait des vitres. Phil était en train de se faire masser. C’était l’avant dernier match on jouait Parme à la maison, il fallait absolument une victoire pour se sauver (1999-2000). Notre force, c’était Phil, meilleur buteur. Antonio s’échauffe en salle avec le ballon, il met une grosse frappe et le ballon part sur la vitre en haut, elle se casse. De l’autre côté il y avait Phil qui se faisait masser, les bouts de verre lui rentrent dans les jambes, il ne peut pas jouer. On perd le match mais on gagne notre maintien le week-end d’après contre l’AC Milan.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Jérôme Rothen.

Une devise un dicton ?
Tu ne peux pas forcer les gens à t’aimer mais tu peux les forcer à te craindre.

Tu étais un joueur plutôt…

Avec le joueur ex-international de la République Tchèque, Jan Koller (en jaune), venu achever sa carrière avec l’équipe III de Monaco. (Photo DR)

…agressif.

Un modèle de joueur ?

Claude Puel.

Une idole de jeunesse ?
Maradona.

Un plat une boisson ?
Pâtes sauce tomate basilic et un verre d’eau.

Tes loisirs ?
Golf, surf, et je joue de batterie.

Un film culte ?
Rocky.

Le monde du football en deux mots ?
Une pourriture mais addictif.

 

Texte : Olesya Arsenieva / Twitter : @ArseneviaO

Photos : Thonon Evian Grand Genève et DR

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