Présent à Pacy-sur-Eure depuis qu’il a 12 ans, l’actuel directeur technique et coach de l’équipe seniors de Régional 1 a tout connu sous le maillot Ciel et Blanc, notamment les campagnes de National quand le club de l’Eure jouait dans la cour des grands. Témoin du passé, il est, à 39 ans, le garant des valeurs et de l’état d’esprit qu’on lui a inculqués.
Reportage : Timothée Coufourier, à Pacy-sur-Eure.
Franck Paillette a eu plusieurs vies dans le football. Il les a toutes vécues à Pacy. Ses années en jeunes ? À Pacy. Sa carrière seniors ? À Pacy. Ses fonctions d’entraîneur et de directeur technique ? À Pacy aussi ! Impossible de dissocier l’homme de ce club où il a tout connu, où il s’est construit, et où il tente aujourd’hui de transmettre les valeurs que les anciens lui ont apprises.
Novembre 2023. Stade de Pacy-Ménilles. Franck Paillette nous accueille : « Aujourd’hui, quand vous arrivez ici, au stade, il y a toujours un petit qui va vous serrer la main ou vous faire un signe pour dire bonjour. » Le directeur technique et entraîneur des seniors R1 (depuis 2019) ne se trompe pas. C’est exactement ce qui se produit. On a l’agréable impression de faire partie de la famille en croisant tour à tour les jeunes du club, d’une grande politesse. Ce respect démontre l’état d’esprit qui règne au Pacy Ménilles RC, un club « historique » de Normandie, qui continue de prôner la solidarité, l’esprit de famille et la vie associative. Des valeurs qui traversent les générations, parfaitement illustrées par Franck Paillette, 39 ans, dont 27 ans de présence ici !
Des années de National aux épopées en Gambardella, en passant par la reconstruction du club après la relégation administrative en CFA (2011) puis le dépôt de bilan (2012), la formation « made in Pacy Ménilles », l’ancien attaquant symbolise la richesse du club au maillot « ciel et blanc » floqué du château de Ménilles. Il est le témoin du passé. Alors, qui mieux que lui pour parler des années fastes, quand Pacy affrontait Reims, Troyes, Guingamp, Strasbourg, Cannes, Paris FC, Niort, Laval, Amiens, Rouen ou encore Gueugnon ? Qui mieux que lui pour parler du présent ? C’est l’histoire d’une ville de l’Eure de 5000 habitants qui a joué dans la cour des grands…
Interview
« Tu ne peux pas réussir à Pacy sans le bon état d’esprit »
Comment décrire le club de Pacy-Ménilles ?
C’est un club familial où il fait bon vivre. Un mélange entre un projet compétitif et un gros projet associatif et éducatif. La partie éducative est notre priorité même si la volonté de retrouver l’élite sportive est aussi très présente. L’aspect compétitif, j’en parle surtout pour le côté jeunes. On bosse, on a de bons éducateurs, on a insisté sur leur formation. Le gros projet, c’est d’être proche des jeunes. C’est ce qui permettra au club de vivre. Aujourd’hui, le niveau National, comme on l’a vécu avant, comme moi je l’ai vécu puisque j’y ai joué, on en est quand même assez loin. Au-delà de ça il faut les finances. Aujourd’hui, Pacy-Ménilles a retrouvé ses licenciés : on a entre 500 et 550 licenciés, ce que l’on n’avait plus avant. Ça, c’est plutôt bien. On a aussi un président, Hedy Boudjelil, qui est passionné de football, passionné par son club, ambitieux, toujours en quête de progrès. Peut-être qu’on n’y arrivera pas tout de suite mais en tout cas l’ambition est là. On veut retrouver un haut niveau de compétition, aussi bien en jeunes qu’en seniors. Si Pacy-Ménilles joue en National 2 un jour, ce sera beau.
Cet état d’esprit, ce sont vos éducateurs qui l’inculquent, dès l’école de foot alors…
Vous avez vu les petits qui vous serrent la main ou vous font un signe pour dire bonjour ? Ça fait partie des valeurs. Ça paraît simple, normal, mais ça se perd. Une chose très importante qu’on m’a toujours inculquée depuis je suis au club, ce sont les couleurs, l’identité bleu ciel et blanche. Le rouge ici, c’est interdit ! C’est comme ça. On essaie de transmettre ça. Quand tu viens t’entraîner, tu es en bleu ciel et en blanc. Ce sont des couleurs qui sont portés depuis longtemps. Comme celles du Racing club de France. Peu de clubs jouent comme ça.
Quelles sont vos ambitions dans les catégories de jeunes ?
Pour les U16, on voudrait retrouver le Régional 1, un très beau championnat, super-intéressant. On a l’espoir d’y arriver parce qu’on a quelques générations qui sont bonnes, avec un excellent état d’esprit. Tu ne peux pas réussir à Pacy sans avoir le bon état d’esprit, sans ce côté collectif, sans se « savoir vivre ensemble ». C’est ce qui fait qu’ici, il n’y a que des passionnés. Les éducateurs, ce sont des passionnés du club. C’est pour ça aussi que ça fonctionne. On a une école de foot qui fonctionne, où on a toujours du monde, où l’on souhaite avoir des équipes de qualité. C’est quelque chose de très important. Le but, c’est de pérenniser ça. C’est d’en bas qu’on progresse, en partant des équipes de jeunes, et non l’inverse.
« Le petit poucet qui grandit »
Quels ingrédients ont permis au club de rester plusieurs années en National (de 1998 à 2001 puis de 2008 à 2011) ?
A l’époque c’est Laurent Hatton et Patrick Vallée qui ont la charge de l’équipe technique et ça fonctionne parce que ce sont des gens du cru. Laurent Hatton, c’est son père qui a créé le club. Il a une connaissance totale de l’environnement. C’est un meneur. Il faut aussi avoir les moyens financiers, savoir s’entourer. Il faut un tas d’ingrédients. Il a fait progresser le club petit à petit et a commencé à fidéliser. Énormément de monde s’identifiait au club. Pacy, c’est le petit poucet qui grandit. Un club qui a fait un petit parcours en Coupe de France, qui avance avec ses moyens. Je dis toujours que c’est difficile car vous ne pouvez pas vivre qu’avec votre passé. Par contre, vous devez être capable de vous en servir, de vous appuyer sur ce qui a été bien fait. En 2023, on ne peut pas refaire la même chose à l’identique parce que les mentalités ont changé, de nombreuses choses ont évolué comme les comportements. La société évolue. Chacun son époque. Celle de Pacy Vallée d’Eure Football (PVEF) était très bonne. On a bien vibré, c’était super et j’aimerais bien revivre la moitié de ça. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’est plus pareil, tu n’avances plus de la même manière. C’est plus compliqué. Mais on connaît les valeurs indispensables et propres à notre club : la solidarité, l’aspect familial et l’aspect associatif.
Le club aurait-il pu s’inscrire davantage sur la durée en National ?
Je pense que ça aurait pu durer. Mais Pacy, c’est un petit village; il y a la partie financière, aussi. Quand on parle d’avoir un gros partenaire, peut-être qu’il en faudrait dix pour arriver à rivaliser financièrement. Dans le contexte actuel, les instances imposent tellement de critères que c’est compliqué. Au club, la majorité des dirigeants ont un travail à côté, ils sont bénévoles, donc ils ne sont pas toujours présents à l’association. A l’époque, on a quand même fini 4e de National et on a vu passer de grands joueurs avec qui j’ai toujours un lien aujourd’hui. Comme Gaël Angoula, actuellement arbitre professionnel, qui est un ami, ou Romain Thomas, l’actuel capitaine de Caen, que j’ai eu encore récemment au téléphone. Si vous leur demandez un avis sur le club, ils vous diront tous qu’ils ont été marqués par Pacy. Parce que Pacy, ça marque.
« Le passé, on ne nous l’enlèvera jamais »
Vous devez avoir de nombreux souvenirs en tête…
Plein ! J’en ai deux principaux. Le premier c’est avec les U15 DH, quand on est monté en 14 ans Fédéraux. Plus tard, avec les U19 Nationaux, on luttait pour le maintien, et on a gagné la Coupe de Normandie aussi. Et il y a aussi l’année de CFA en seniors avec l’accession en National, lors de la saison 2007-2008, c’était énorme : on était un mélange entre l’ancienne et la nouvelle génération. Des joueurs cadres et confirmés comme Olivier Hameau, Patrick Bisson, Jean-Charles Denoyers et des plus jeunes dont je faisais partie. Le début de saison de CFA avait été un peu chaotique. Puis il y a eu un déclic lorsque nous sommes allés en Guadeloupe pour la Coupe de France, un grand moment ! On s’est pourtant fait éliminer aux tirs au but, d’ailleurs je loupe le mien et ça, je m’en souviendrai toute ma vie. Mais en termes de vie de groupe, c’était fabuleux. Après ça, on a enchaîné de nombreuses victoires, jusqu’au match face à Rouen, dans notre stade, avec 2800 personnes où on l’emporte 2-1 (avril 2008, journée 25). A la fin de la saison, on monte en National ! L’accession, la fête au club, la communion collective… c’était fabuleux ! C’était l’année des accessions puisqu’on est monté avec la réserve et avec les U18 aussi. C’était la montée d’un club. C’est une grosse réussite. On ne nous enlèvera jamais tout ça. Je sais que je n’aurais jamais vécu la même chose ailleurs. Et puis, de le vivre en étant un enfant du club, ça n’a pas de prix. C’était magnifique. Je souhaite à plein de personnes, à plein de gamins du club, de connaître ça. Je garde aussi en mémoire des accessions de Régional 1 à National 3, mais c’était comme éducateur, donc c’est différent.
Les accessions sont souvent les meilleurs souvenirs sportifs…
En CFA, quand on monte en National, je joue mais moins que les années précédentes parce que j’ai une pubalgie. Même blessé, je vis à l’intérieur du groupe. Je me déplace en bus avec les éducateurs, comme à Valenciennes pour le dernier match à l’extérieur (victoire 2-1) et ça ne m’empêche pas d’être boute-en-train, de chanter, et ça montre l’état d’esprit. J’ai des images fabuleuses, des classeurs entiers dans l’armoire de mon bureau avec tout l’historique du club. Lorsqu’on en ouvre un, on ne s’arrête plus de les parcourir.
Des joueurs avec lesquels vous avez partagé ses moments sont toujours au sein du club ? Jean-Charles Denoyers fait partie de l’encadrement du club. Il est avec nous sur les U14. William Dos Santos, responsable des gardiens, a joué dans les cages en National, ça aussi c parlant. On a connu toutes les épopées ensemble. Plusieurs éducateurs actuels ont connu cette époque alors qu’ils étaient de jeunes supporters et venaient voir les matchs de National. Ils jouent maintenant en équipe première, comme Romain Tanty, qui est le responsable de l’école de foot, ou Julien Hiolle, éducateur au club, présent depuis les U7. De manière générale, les joueurs qui passent par Pacy savent où ils se trouvent, ils n’oublient pas.
« Remonter en National 3 serait déjà beau »
Comment avez-vous géré la période de reconstruction après le dépôt de bilan en 2012 ?
Au départ, ça été une reconstruction lente et difficile. Nous sommes passés de 500 licenciés à 150. Il a fallu batailler pour continuer, pour survivre. Il a fallu retrouver des licenciés, expliquer aux gens que le club continuait de vivre, que les équipes de jeunes étaient toujours présentes. Le club est là, le terrain est là. Il a fallu que les municipalités nous aident, nous soutiennent, croient en notre projet et comprennent que la ville de Pacy passait par le foot et son club. On a galéré. On était onze seniors à nous entraîner à la reprise : pour jouer en DH, c’était très compliqué. Il faut réussir à tenir, savoir prendre des claques tout en s’accrochant. Si on a réussi à le faire, c’est parce qu’on a été solide sur l’équipe éducative, qui est la priorité. Sans cet élément, nous n’aurions pas pu continuer. Certains éducateurs ont un vécu, un passé. C’est ce qui fait que le club va avancer. Le reste suit car le foot, c’est un sport populaire qui attire les regards.
Pacy peut-il atteindre à nouveau le National ?
C’est compliqué, même s’il ne faut jamais dire jamais. Mais il faut être réaliste et lucide. Aujourd’hui le club est en Régional 1. Maintenant, ça reste du sport, avec la vérité des résultats, qui fait que c’est que ce n’est pas forcément avec la meilleure équipe sur le papier que cela suffira. C’est avec l’ensemble des ingrédients mis. Évidemment, je ne vais pas vous répondre « non » parce qu’on est ambitieux. Mais tout de suite, là, le National, ce n’est pas possible pour Pacy.
Surtout que les clubs se structurent de plus en plus, grandissent économiquement…
Les clubs se structurent mais nous aussi. Je pense qu’on en est capable mais il faut se structurer encore davantage pour aller chercher plus haut. C’est la priorité avant de vouloir chercher autre chose.
Sur le volet compétitif, vous avez déjà des objectifs à court ou moyen terme ?
A court terme, on aimerait bien retrouver le National 3. Après, il ne faut pas brûler les étapes. On voit bien que c’est difficile de sortir de la R1. Toutes les équipes se structurent. Dans notre groupe, on avait Villers-Houlgate qui est désormais en National 3 alors qu’on les a battus l’année dernière. Ils se développent bien. Nous aussi, nous avons un club structuré, on est labellisé. Maintenant il manque un petit truc pour aller plus haut, un petit déclic. A long terme, on souhaiterait atteindre le National 2, ce serait le top. Là, je parle seulement des seniors mais ce qui me pousse, en tant que responsable technique du club, c’est que mes équipes de jeunes accèdent à des championnats plus élevés. La R1 déjà serait bien pour les U16. Ensuite c’est la locomotive du club qui va faire avancer l’ensemble des équipes. L’équipe seniors est une vitrine donc si elle accède en National 3, ça va aider.
Un regard sur la R1 seniors à un 1/4 de la saison ?
Pour l’instant, elle est plutôt décevante. Je ne peux pas dire que c’est un début de saison réussit. On a 2 victoires, 3 nuls et 3 défaites (et un match en retard). On a aussi tendance à dire qu’on n’est pas à notre place mais on y est. Fin novembre, on a affronté Gisors, qui est 1er : on a perdu 3-2. On aimerait être plus performant collectivement et dégager un état d’esprit conquérant pour aller chercher plus haut. Je préfère dix fois être moins fort mais m’éclater. J’ai confiance en mon groupe, je sais qu’on a de la qualité. Pour l’instant, il manque de la confiance et ce petit déclic qui va nous permettre de basculer. Après, on n’a fait que 8 matchs. On a aussi une équipe réserve qui fonctionne bien et qui est dans le même esprit. C’est plaisant, les mecs sont présents et ça c’est vraiment bien.
« Mon club, c’est ma vie »
Comment avez-vous atterri à Pacy ?
J’avais 12 ans. Je jouais à Bréval dans les Yvelines et j’ai été invité par Pacy au tournoi de Illiers-l’Évêque dans l’Eure, le club d’Olivier Hameau, c’est marrant. C’est Manu Huet qui m’a fait venir. C’est le point de départ. J’étais déjà passionné de football mais je faisais aussi du tennis et d’autres activités sportives. Après j’ai arrêté. Pour l’anecdote, je connaissais déjà Pacy de nom car à ce moment-là, il venait de disputer un 32e de finale de coupe de France contre Montpellier (en 1996) et tout le monde ne parlait que de ça. En fait, la coupe de France avec Pacy, ça m’a marqué. Je vois encore des vidéos, des cassettes de ce match. Pacy était connu grâce à ça et j’ai été attiré par le club. C’est venu comme ça, avec le tournoi et cette histoire. Pacy c’est un club important. C’est comme Rouen : on aime ou on n’aime pas ce club, c’est une vraie terre de football. Mais Rouen, c’est rouge : l’opposé de Pacy ! J’ai toujours connu la rivalité sportive entre les deux. C’est une place forte OK, mais le reste, ça ne me parle pas trop… Ce sont deux clubs différents. Rouen, c’est la ville. Et quand on voit ce qu’ils mettent en place, leur communication, ils insistent beaucoup plus aujourd’hui sur le Rouge, sur les valeurs. Aujourd’hui, ils sont en National avec des valeurs.
Vous êtes l’homme d’un seul club, finalement…
Oui, en quelque sorte, puisqu’après Bréval, je n’ai plus bougé de Pacy. J’ai joué dans les catégories de jeunes jusqu’au niveau seniors. J’ai connu des belles années, je suis passé par toutes les équipes et j’ai surtout connu des personnes top, avec des vraies valeurs, qui sont importantes à mes yeux parce que ce sont elles qui m’ont transmis tout ça. La dernière personne, c’est Manu Huet a passé plus de 30 ans au club (il est aujourd’hui à la fédération marocaine de football). Avant, j’ai connu Laurent Hatton avec qui j’ai beaucoup travaillé. Tout comme Patrick Vallée, ex-entraîneur adjoint et responsable de la pré-formation, et qui m’a coaché chez les jeunes. Ce sont des personnes très importantes qui m’ont montré aussi le métier. Aujourd’hui, il y a mon président (Hedy Boudjemil) avec qui j’ai la chance d’avoir une relation particulière. Il avait joué au club en jeunes puis il était revenu pour encadrer la CFA2. On essaie de construire. C’est tellement kiffant. Je suis passionné par mon club. C’est ma vie en fait. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas envie de découvrir autre chose. Tu peux avoir envie de réaliser d’autres projets mais de bons projets, toujours autour du foot, du sport, du scolaire, des jeunes. C’est pour ça que j’ai la fibre, on me l’a transmise comme ça.
« Trouver des actions innovantes »
Après votre carrière de joueur, c’était logique de rester à Pacy en tant qu’entraîneur ?
C’était logique parce que j’ai toujours voulu être éducateur sportif. Et si je pouvais allier les deux, c’était top. Je me suis formé au métier quand je jouais encore. Pour se former au poste d’éducateur, il faut garder la forme. J’ai eu mes diplômes comme ça.
Vous êtes à la fois entraîneur de l’équipe première et directeur technique : comment mettez-vous tout ça en place ?
La direction technique, c’est être auprès des éducateurs, c’est être garant de la politique sportive du club. Je suis un peu multi-casquettes. Il faut gérer les partenariats, faire un peu d’administratif, c’est obligatoire. Après Je suis beaucoup sur le terrain. Ma place est aussi entraîneur, éducateur même, parce que je me considère comme un éducateur. Mon quotidien, c’est d’être tous les jours ici et réfléchir au bon fonctionnement. C’est d’être toujours innovant, de trouver des solutions pour aller chercher des actions différentes. L’année dernière, les jeunes sont allés au Maroc en voyage. On a organisé la Macron Cup, un gros tournoi U15 avec de nombreux clubs professionnels, un événement génial, qui a rassemblé la grande famille du club, les bénévoles. Le plus gros de mon travail, c’est la gestion sportive du club. La casquette d’entraîneur, c’est une passion. Maintenant il faut des résultats.
Vous avez connu plein de championnats différents, cela doit être enrichissant…
J’ai l’avantage d’avoir connu les 19 ans Nationaux, les accessions de U15 DH à U17 nationaux, les accessions U18 DH pour les U19 nationaux, le championnat DH seniors pour une montée en CFA2, la CFA et bien sûr le National. C’était une autre époque mais c’était de vraies expériences. Le championnat de National, c’était top. Parfois, on jouait le vendredi soir ou le mardi soir dans des stades comme Troyes, Reims, Cannes, Annecy où évoluait Evian Thonon Gaillard … J’ai joué à Guingamp, à Lorient, j’ai connu beaucoup de choses. De nombreux moments ressortent, ça forge l’expérience et développe les valeurs que j’ai connues, qu’on m’a inculquées. Je n’étais pas un joueur du niveau « National », je n’étais pas un titulaire mais j’ai eu la chance de connaître ça, elle est là la différence. J’ai vu ce que ce niveau demandait en termes d’exigence aux joueurs : Gaël Angoula, Romain Thomas, avaient cette exigence. Toutes ces belles choses m’ont enrichi. Mon métier, je l’ai appris comme ça : en regardant les éducateurs, en voyant, en formant, en étant joueur puis entraîneur.
Franck Paillette joueur et Franck Paillette dirigeant, ce n’est pas la même personne ?
Je dirais que c’est différent. Joueur, j’étais plutôt calme. J’ai été capitaine dans des équipes mais toujours calme et serein. J’observais beaucoup. Educateur, je suis plutôt l’inverse, je vis tout à fond, sans doute parce que j’ai toujours suivi le management de Laurent Hatton ou Manu Huet. Ils ont toujours été proches de leur équipe et à fond dès que la compétition commençait. Il faut aussi être capable d’évoluer. Aujourd’hui, par exemple, je me rends compte qu’il faut savoir se staffer, prendre du recul, j’ai besoin de regarder encore plus; ce qui a changé, c’est qu’on est très focalisé sur l’aspect social. Accompagner un joueur, c’est très important, bien plus qu’avant. Dix ans plus tôt, je ne vous aurais sans doute pas dit la même chose. J’ai beaucoup appris sur l’exigence d’un joueur. Aujourd’hui, on ne joue plus de la même manière. Récemment, je suis allé voir Rouen face à Villefranche en National : la vitesse de jeu est complètement différente qu’à mon époque; en revanche, en termes de réflexion de jeu, d’impact, de solidité, on était beaucoup plus fort que maintenant. Aujourd’hui, un jeune joueur a besoin que tout se passe bien sinon c’est très compliqué. Beaucoup de paramètres ont changé. Donc forcément, on s’adapte. C’est nécessaire.
Franck Paillette, du tac au tac
« Pacy restera toujours Pacy ! »
Meilleur souvenir sportif ?
Avec les U15 DH, les U19 Nationaux, la victoire en coupe de Normandie, et l’année de CFA pour l’accession en National. C’était énorme.
Le pire souvenir ?
La descente et le dépôt de bilan en 2012 parce que ça a été mal vécu. Sportivement Pacy s’est maintenu en National. C’est administrativement que l’on a été relégué d’abord en CFA (en 2011). Il faut se souvenir des mauvaises périodes car si aujourd’hui, nous sommes là à discuter de Pacy, si le club existe, c’est aussi grâce à ces périodes-là.
Des cartons rouges en carrière ?
Jamais. Pas un seul.
Des buts ?
Oui ! Beaucoup de buts en jeunes jusqu’en DH. Après j’en ai mis un petit peu moins. Mon dernier très beau but je le garde en tête, c’était contre Moulins en national. C’est peut-être même mon tout dernier but. Je me fais plaisir à le revoir, c’est un bon souvenir.
Si vous n’aviez pas été dans le foot, vous auriez fait quoi ?
Je pense que j’aurais été dans le sport quand même. Aujourd’hui l’âge avance, on essaie de regarder ce qu’on peut faire d’autre. Je pense que je suis quelqu’un de projet, plutôt tourné autour du sport, avec des valeurs éducatives. J’aime ça, j’aime entreprendre des choses aussi.
Vos qualités et vos défauts sur le terrain ?
J’étais un assez bon finisseur. Comme disait Laurent Hatton, le coach, j’étais le meilleur joueur à l’entraînement, devant le but j’étais toujours bon. Aussi, les appels, l’intelligence dans les déplacements. Pour les défauts, je manquais peut-être de l’agressivité nécessaire, même en étant attaquant, pour se montrer et être présent. Par moments, j’étais trop gentil et il faut parfois être individualiste.
La meilleure saison de Pacy ?
La meilleure saison que j’ai connue c’est celle l’accession en 2007-08, c’est la plus belle. C’est normal, on a touché le haut possible pour Pacy. Ensuite, on a une très bonne saison en National. La deuxième saison, on termine quand même en 4e position. une belle équipe avec grands joueurs comme Gael Angoula ou encore le 2e meilleur buteur de national Yassin El-Azzouzi, à côté de grands buteurs comme Cédric Fauré (Reims).
Est-ce que vous avez failli partir un jour du club ? Si oui, lequel ?
Non. J’avais fait un essai en jeunes à Amiens où j’ai pu me rendre compte du niveau d’intensité, d’exigence. Alors je suis rentré dans mon club travailler car je savais qu’il y avait du boulot. Mais je n’ai jamais eu envie de partir et je n’ai jamais demandé à partir. Une fois qu’on est à Pacy, on s’identifie beaucoup et on pense qu’on ne peut pas aller ailleurs, même si c’est peut-être bien… Je n’ai jamais voulu partir.
Le ou les joueurs emblématiques du club ?
Quand je suis arrivé en seniors, il y avait Olivier Hameau, qui était le vrai buteur du club. Évidemment, Jean-Charles Denoyers. Quand j’étais petit, il faisait des interviews avec nous. Il nous expliquait sa carrière car il a connu l’équipe de France Espoirs, les championnats d’Europe : il est champion d’Europe avec Anelka, Henry et consorts, ce n’est pas rien. Des joueurs marquants, il y en a eu. L’année 2008-2009, il y a eu Zakaria Gueye, qui était de la banlieue rouennaise. Il a réalisé des saisons de fous. Je pense aussi à Nordine Aguini, un magicien avec le ballon. En National aussi certains m’ont marqué par leur façon de jouer, leur énergie, en particulier Gaël Angoula, c’était le mec à ne pas enlever de l’équipe. Sofiane Bezzou et sa personnalité, on savait qu’il était là. Mais les emblématiques de Pacy c’est Patrick Bisson et Olivier Hameau. Des joueurs en plus avec qui j’ai joués. Avant, il y a eu aussi l’attaquant, « Poussin » Meslin (Nice, Bastia).
Les dirigeants marquants ?
Le numéro un, c’est Manu Huet. Déjà, c’est un ami, mais au-delà de ça, c’est quelqu’un qui m’a tout appris. On avait une grande relation. Il m’a ouvert les portes de l’apprentissage, il m’a guidé. Laurent Hatton et Patrick Vallée m’ont aussi marqué. Laurent Hatton, c’était un meneur, à la fois directeur technique et présent avec les U9 ou les seniors. Le point commun entre tous, c’est la passion. Nous sommes tous passionnés du club, on est tous originaires de Pacy.
Un club rival ?
A mon époque c’était Rouen et non pas Évreux même si c’est un derby. Aujourd’hui, c’est plus Évreux.
Un joueur adverse qui vous a marqué ?
A l’époque en CFA et en National, on en a affronté pas mal. Sakho, Sagna, Berthod, Bréchet. En jeunes j’ai affronté Jimmy Briand, Le Tallec, Sinama-Pongolle, de vrais joueurs. Je me souviens d’un gardien qui nous avait marqué en jeune, c’était Kameni, champion olympique avec le Cameroun et qui jouait au Havre. Didier Digard en U15, c’était un top joueur. C’est devenu un super éducateur à Nice qui adore ce qu’il fait. Mathieu Bodmer aussi avec qui j’échange souvent, c’est un passionné de foot, c’est pour ça aussi qu’il réussit.
Une équipe que vous avez affrontée et qui vous a impressionnée ?
Rennes en jeunes, c’était impressionnant, vraiment très fort. Le Havre aussi, c’était très costaud. En seniors, je me souviens de Reims et de Troyes, en National, avec l’impression que le terrain était trop grand.
Un stade marquant ?
Auguste-Delaune Reims et le stade de l’Aube à Troyes, ce sont des beaux stades. Le stade atypique, c’était celui de Luzenac !
Une causerie marquante ?
Quand David Bechkoura (aujourd’hui adjoint de Michel Der Zakarian en Ligue 1 à Montpellier) avait les U18, avec Patrick Vallée, il a pris des U15 pour la Gambardella, dont mon coéquipier Jeremy Têtard et moi, et je me souviens de ce qu’il nous avait dit. Nous devions prendre nos responsabilités. C’est ce que l’on a fait et on a gagné, à Plouzané, en 32e. C’était magnifique. On avait perdu contre Guingamp après. a l’éducateur (aujourd’hui adjoint de Michel Der Zakarian en Ligue 1 à Montpellier), avec Patrick Vallée. On avait fait un beau parcours et la causerie était énorme, magnifique, préparée. Je me souviens aussi d’une causerie au château de Ménilles avec Manu Huet, quand on avait joué Caen en Gambardella. Et en seniors, les causeries de Laurent Hatton notamment l’une lors d’un déplacement marquant à Dunkerque, l’année de la montée, ils étaient 1ers : on perd 1 à 0 là-bas.
Une idole ?
Mon idole, c’était Jean-Pierre Papin, parce que c’était un top attaquant, un joueur de surface, qui ne se posait pas de question, très spontané. Il frappait « de partout », souvent il marquait en une touche. Un modèle. J’aimais beaucoup la qualité d’un Zidane aussi, évidemment.
Le milieu du foot en deux mots ?
Passionnel et abject. Il y a vraiment deux mondes bien distincts. Passionnel c’est pour l’esprit club, l’aspect associatif, éducatif, les jeunes.
Le club de Pacy en deux mots ?
Famille et passion. Le club est familial, « kiffant », identitaire. Mon club, c’est ça. Enfin, ça ne m’appartient pas, parce qu’un jour je ne serai plus là et d’autres personnes prendront la suite. Mais la passion du club restera. Même à 90 ans, Pacy, ça restera Pacy !
Texte : Timothée Coufourier – Mail : contact@13heuresfoot.fr
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