FC Chauray (National 2) : à chacun son identité !

Après avoir failli associer son nom avec celui des Chamois Niortais, l’institution rayée de la carte, le désormais premier club des Deux-Sèvres, promu de N3, poursuit seul son développement, écrit sa propre histoire et entend se stabiliser tant sportivement que financièrement.

Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : Philippe LE BRECH, 13HF, Jules SAUVAGET et Michel DUBUS

Photo de couverture : FC Chauray / Jules SAUVAGET

Et si c’était ça, le charme du football ? Passer d’un stade de National 2 qui a connu la Ligue 1 ou la Ligue 2 (Cannes, Bordeaux, Istres, Nîmes, Beauvais, Créteil, Toulon, par exemple) à un autre qui a connu… enfin, qui n’a pas connu grand chose pour le moment, et qui ressemble plus à un stade de « Régional » !

Car en arrivant au stade municipal de Chauray, il faut un peu se pincer le nez pour croire que c’est du semi-pro, du foot de haut niveau. Et pourtant, ici, on joue bien en National 2 ! Même le nom de l’adversaire du jour en championnat, le FC Montlouis, ne confère pas à cette rencontre une connotation « N2 ». Chauray-Montlouis, bienvenue dans l’autre football !

L’ombre des Chamois

Le stade municipal de Chauray. Photo 13HF

Voir Chauray, Montlouis ou quelques autres à ce niveau-là a pourtant quelque chose de fantastique. C’est la preuve qu’il y a encore de la place pour ce football champêtre, ce football de village, ce football de clocher bien ancré localement. C’est la preuve qu’il y a encore la place pour de belles histoires. Et ça tombe bien, le FC Chauray est en train d’en écrire une nouvelle, après celle tristement refermée en avril dernier, quand le tribunal de commerce de Niort a liquidé ce qu’il restait de l’association des Chamois, l’institution locale.

Parce que Chauray, ville mutualiste sans centre-ville mais avec une impressionnante zone artisanale et commerciale (La zone Mendès France, qui compte 600 entreprises et 7500 emplois, est le principal financier de la CAN, la communauté d’agglomération niortaise), a toujours vécu dans l’ombre du voisin, du « géant », Niort, situé à seulement… 10 km !

Photo 13HF

Forcément, avec sa disparition au printemps, et l’accession inattendue du « petit » de National 3 en National 2, deux ans seulement après avoir quitté le Régional 1, s’est posée la question de « récupérer » l’appellation « Chamois Niortais », de pouvoir se « substituer » au club qui a passé 31 saisons en D2/L2 même connu la D1 en 1987/1988.

Le sujet a été lancé, mais la raison a prévalu : l’on ne remplace pas comme ça, d’un coup de crayon, une telle marque, une telle entité, au simple prétexte de vouloir rester dans le coeur des gens et de faire perdurer l’image.
Le FC Chauray a son histoire à écrire et, surtout, a sa propre identité, comme l’explique plus loin son président, David Rullier (rien à voir avec Cédric Rullier, l’entraîneur du GFA Rumilly en N2 !).

« Le National 2, ça n’a rien à voir ! »

Le 11 de départ à Dinan-Léhon. Photo Philippe Le Brech

Il est 17 heures. Les portes du stade municipal de Chauray ouvrent. Sur la pelouse dont la qualité saute aux yeux – quel billard ! -, les deux équipes s’échauffent. Le long de la main courante et tout autour du terrain, les dirigeants et bénévoles s’activent, notamment le président, qui est partout : claquements de bises, grands sourires, pas de course, il est partout et a un oeil sur tout : « Le N2, ça n’a rien à voir avec le N3 » lance-t-il quand il pose pour la photo !

Cet été, le stade de Chauray, où la main courante permet une grande proximité avec la pelouse, où quelques rangées de gradins devant la buvette – l’incontournable lieu de vie – sont très vite remplies, s’est doté de deux petites tribunes démontables mais couvertes de 100 places chacune. C’est simple, on dirait un kit. Entre les deux nouveaux espaces, trône la vieille tribune, d’environ 100 places également. Capacité du stade en places couvertes : 300. Capacité du stade : 1500 ! Le club s’est déjà approché de cette jauge lorsque, en National 3, la saison passée, 1300 personnes avaient assisté au match face à la réserve professionnelle d’Angers.

Un départ plutôt correct

L’entrée des joueurs à Dinan-Léhon. Photo Philippe Le Brech

Ce soir, contre Montlouis, 600 personnes sont présentes, dont un certain Pascal Gastien, venu en voisin et en ami, et de Cherif Djema, le directeur sportif de Bayonne, prochain adversaire. 600, c’est pas mal, mais c’est un peu moins bien qu’au match précédent (900) remporté dans le temps additionnel face à Lorient (1-0, but de Balamine Cissé à la 90’+2), mais cela fait tout de même du monde compte tenu de la configuration des lieux.

Comme partout, il y aura forcément un peu plus de monde si les résultats, plus que corrects pour l’instant (2 victoires, 1 nul à Granville et 2 défaites à Dinan-Léhon et Locminé), sont au rendez-vous et si le jeu prôné par le coach Fabrice Fontaine, plutôt technique et de position, est toujours au rendez-vous.

L’entraîneur Fabrice Fontaine. Photo Philippe Le Brech

Fabrice Fontaine, c’est 19 mois au FC Chauray (il est arrivé fin février 2024 en remplacement de Jérémie Delenne) et 20 ans aux Chamois Niortais ! Quand l’histoire vous rattrape… Depuis son intronisation sur le banc, qui avait à l’époque fait couler de l’encre, notamment dans son ancien club, l’OL Saint-Liguaire Niort (R2), lequel, par la voix de sa présidente, Katia Poncelet, avait déploré certaines « méthodes » – « Mais tout est rentré dans l’ordre », assure David Rullier -, le Réunionais (il est né à Saint-Denis) de 49 ans a bien redressé la barre.

Fontaine a tout d’abord assuré le maintien en N3 qui était loin d’être gagné à son arrivée, avant de finir en tête de sa poule la saison passée, 2 points devant la réserve de Nantes. C’est simple, depuis qu’il est là, l’ancien formateur, préparateur physique et adjoint en pro des Chamois affiche un bilan de 44 % de victoires en championnat (18 en 41 matchs) et signerait volontiers pour une telle « stat » en National 2 cette saison !

À l’issue de l’important succès des coéquipiers de l’ex-portier des Chamois Niortais en Ligue 2, qui a connu la Ligue 1 à Dijon, l’international béninois Saturnin Allagbé, face à Montlouis, concurrent direct pour le maintien (2-1, buts de Pierre-Bertrand Arné et de l’ex-guingampais Tieri Godame, sur deux passes de  Jérémy Grain), le président David  Rullier (45 ans) et l’entraîneur Fabrice Fontaine ont répondu à quelques questions, histoire de faire le tour du propriétaire, de comprendre encore mieux la philosophie du club et d’évoquer les ambitions et les axes de progression.

Fabrice Fontaine :

« On doit toujours apprendre de l’autre »

Photo 13HF

Né à Saint-Denis de la Réunion, Fabrice Fontaine (49 ans) arrive en métropole à l’âge de 15 ans, pour intégrer le centre de formation des Chamois, où il va finalement tout connaître ! Il devient ensuite le préparateur physique du Centre (de 2004 à 2009) avant d’enchaîner avec les pros (de 2009 à 2019). Dans la même période, il est aussi parfois adjoint, comme avec Patrice Lair en 2018/2019, qu’il suivra la saison d’après à Guingamp. En 2021, pour la première fois, il entraîne une équipe seniors, à La Rochelle, en Régional 1, pendant deux saisons. Puis on le retrouve sur le banc de Saint-Liguaire (R2) à Niort, pendant 6 mois jusqu’à ce que le club de Chauray ne vienne le débaucher, fin février 2024.

Photo 13HF

Fabrice, vous découvriez le N3 l’an passée et cette saison le N2 : peut-on dire que vous êtes encore un entraîneur en apprentissage ?
Je pars du principe que je suis en apprentissage depuis 20 ans ! Et je le serai toujours, avec l’envie de mettre des projets en place, avec des axes de réflexion, quelques certitudes, des idées. À Niort, j’ai souvent été dans l’ombre de quelqu’un, et dans ces cas-là, on travaille par rapport à lui et pour lui, pour la bonne conduite de son projet, en essayant de lui apporter ses idées, ses compétences, ses connaissances. Vous savez, en côtoyant des coachs, et j’en ai côtoyé quelques-uns, on apprend beaucoup humainement, techniquement, professionnellement, donc il y a des relations qui se nouent. J’ai croisé six coachs en pro à Niort, certains de manière très courte. Quand j’étais à la formation avec Pascal (Gastien), Philippe Hinschberger, avec qui je n’ai pas travaillé, était une personne qui m’inspirait, dans la philosophie notamment. On essaie toujours de tirer le maximum de ce que l’on apprend des autres, de s’en inspirer. Comme on s’inspire des plus grands, Arteta, Guardiola. Et aussi des formateurs que je croise à Clairefontaine. On échange beaucoup. Je pense que dans le foot, on doit apprendre de l’autre.

Le FC Chauray ne fait pas partie des grosses écuries en N2 : ce serait donc une déception de ne pas se maintenir ?
Ce serait un échec. Mais ce n’est que du football. On va tout faire pour être en N2 l’an prochain. Mon discours avec les joueurs, ce n’est pas du tout de dire que c’est une anomalie d’être là et qu’il faut se contenter de ça, non, mon discours, c’est de gagner tous les matchs. Après, c’est une culture à insuffler. Les joueurs ont compris le message. J’essaie d’instaurer une exigence, une ambition. On construit dans ce sens. Bien sûr que dans notre poule, il y a des clubs avec plus de moyens, mieux structurés, avec de meilleurs joueurs, mais s’il suffisait d’avoir plus d’argent pour gagner des matchs, hormis le PSG, cela se saurait.

Photo Philippe Le Brech

Votre équipe a la chance de s’entraîner la semaine à René-Gaillard : ce n’est pas rien tout de même…
C’est une chance, oui, cela montre aussi que l’on se donne les moyens de bien travailler. On s’entraîne six fois par semaine, le matin, et le mardi, on double les séances. On a trouvé le site de René-Gaillard par incidence, après la fin de l’histoire des Chamois Niortais, sinon on ne l’aurait pas eu. C’est fonctionnel, il y a plus de place, on a un vestiaire entier pour 25 joueurs quand on en avait deux de 15 places avant, le terrain est tondu et tracé, et dédié à l’entraînement de la N2.

C’est un luxe mais cela va dans le sens de notre projet : d’un côté, on est plus exigeant avec les joueurs, de l’autre, il faut être en capacité de les mettre dans les meilleures conditions afin qu’ils s’expriment du mieux possible. On améliore les conditions d’entraînement comme on a améliore les conditions de match, de déplacement.

Au stade, à Chauray, on a aussi mis en place un réceptif cette saison, deux nouvelles petites tribunes de 100 places. Et puis la qualité du terrain est top, c’est l’un des meilleurs de N2. Après, il reste le travail et ce qu’on y met. Et ça, c’est moi qui maîtrise les ingrédients. C’est important de créer un spectacle chez nous, que les gens soient bien. On n’est vraiment pas loin d’un fonctionnement semi-pro, avec de l’accompagnement médical, un médecin, un kiné référent… On travaille aussi avec des ostéopathes, des podologues. En fait, je m’appuie sur ce qui a été fait aux Chamois.

Samedi dernier, avant le coup d’envoi face à Montlouis, le club a reçu le trophée de champion de N3. Photo 13HF

C’est quoi, votre philosophie à vous ?
Partager avec les joueurs cette rigueur et cette expérience du haut niveau, en l’adaptant à leur niveau et leurs caractéristiques, et prôner quelque chose qui m’a beaucoup séduit en côtoyant Pascal Gastien, je veux parler de cette notion de possession, de maîtrise du jeu et des éléments, le jeu court, être acteur techniquement, avec un gros impact, du caractère. Il faut être athlétique, imposer notre jeu court, construit, où on doit déstabiliser, déséquilibrer l’adversaire, en cherchant le joueur libre.

Je suis inspiré de ce football de position, le jeu d’intensité athlétique, le jeu collectif, tout en responsabilisant le joueur, qui est au centre de tout ça, sa nature, comment il est, comment il agit. Je ne peux pas demander autant de choses à un joueur si ce n’est pas une bonne personne. C’est ce que j’aimais chez Pascal (Gastien). Aujourd’hui, on surfe sur ce qui a été mis en place l’an passé, il y a les prémices de quelque chose. Pour l’instant, je suis satisfait de l’écoute, de l’application qui est mise. Mais j’ai un handicap : j’ai été préparateur physique, donc avec moi, les joueurs ne peuvent pas se cacher sur ce plan-là (rires) ! En plus, on a les GPS, la data, la vidéo, tout ça amène beaucoup d’éléments. Dès que le joueur a une excuse, on a les solutions.

Le coach célébré et porté en triomphe après l’accession en N2, sur le terrain du TA Rennes, la saison passée. Photo Michel Dubus / FC Chauray

Pascal Gastien était présent au match contre Montlouis…
Avec Pascal, on communique. Le lendemain du match, il m’a envoyé un texto. Bien sûr, je suis à son écoute, c’est normal, il a un gros vécu, c’est une belle personne qui prône le jeu et l’humain, qui met le joueur et le club en avant. Avoir rencontré des gens comme lui, comme Franck Azzopardi, Laurent Cadu, Jean-Philippe Faure, des gens du cru, ça me permet de rester les pieds sur terre. Avoir rencontré des joueurs comme Djiman Koukou, qui est revenu à Saint-Liguaire, Quentin Bernard ou Jimmy Roye, qui est dans le staff à Laval, et tant d’autres, aussi… Je suis attaché à cette identité, ces valeurs. Je pense qu’on a ce devoir de générer ça, de fidéliser les joueurs dans cette optique, mais c’est dur, parce que la société avance plus vite que nous. Pour en revenir à Pascal Gastien, il est inspirant pour les joueurs. Je profite de l’article pour le remercier de tout ce qu’il m a apporté. Il aime le foot. Il mérite le respect. Il a été entraîneur joueur en R1 à Saint-Liguaire, il a entraîné en Ligue 1 ! Il a tout connu sauf la Ligue des champions ! Son parcours est exceptionnel.

Avant le coup d’envoi face à Montlouis. Photo 13HF

La disparition des Chamois, où vous avez passé tant d’années, ça vous a fait quoi ?
J’ai passé plus de 20 ans entre les murs de René-Gaillard, j’y ai vécu des bons moments, j’y ai connu ma femme, mes enfants sont « Chamois » mais en 2014, un nouveau projet a été mis en place après le départ de Pascal Gastien, malheureusement, le virage pris n’a pas été maîtrisé. C’était une bombe à retardement qui s’est accélérée à partir de 2017 (avec l’arrivée de Mikaël Hanouna) avec un déclin, et ça fait mal, car beaucoup de personnes ont travaillé, cadres techniques, bénévoles, pour faire remonter ce club de CFA en 2009 à Ligue 2, et même aux portes de la Ligue 1. Et tout ça a été balayé par la faute de quelques personnes. Pourtant, on avait prévenu, mais il n’ont pas écouté… L’appât du gain, la méconnaissance du milieu et la bêtise impunie… Je reste mesuré dans mes mots, mais je suis fâché et énervé. On a éteint un club, on a rayé de la carte un club.

La Réunion, cela ne vous manque pas ?
Il faut y retourner de temps en temps… Là, cela fait déjà deux ou trois ans que je n’y suis pas retourné.

David Rullier :

« Il faut que le Niortais réécrive son histoire »

David Rullier. Photo 13HF

Quand et comment êtes-vous arrivé à la tête du club ?
J’occupe ce poste de président depuis 2022, et je suis au club depuis 2018. Je suis Mellois d’origine (habitant de Melle, à 30km de Niort), mais j’habite à Fressines, à 10km de Chauray. Avant d’arriver, j’ai passé deux ans au club de Saint-Florent. Dans ma jeunesse, j’ai joué au niveau régional et départemental, et j’ai été jeune arbitre de Ligue.
Je suis arrivé au FC Chauray par l’intermédiaire de mon fils, que j’ai inscrit au foot, et je me suis lié d’amitié avec la secrétaire générale, Ginette Morisson, malheureusement celle-ci est tombée gravement malade, avant de décéder. C’est elle qui m’a fait rentrer au secrétariat puis je suis entré au comité directeur. Ensuite, il y eu des problèmes avec l’ancien président. Il n’y avait plus un sou dans la trésorerie. Là, il a fallu rebâtir une équipe, c’est comme ça que je suis devenu président.

Avant le match, le « prez » court partout ! Photo 13HF

C’est difficile d’être président d’un club ?
Non, mais être un président de club de National 2 oui (rires) ! Il y a un monde d’écart quand même avec le N3, c’est beaucoup plus protocolaire en N2, et c’est plus poussé au niveau financier, pour l’établissement des budgets, par exemple. Il faut avoir beaucoup plus de connaissances. Je ne le cache pas, je ne suis qu’un simple salarié d’une pharmacie (il est responsable d’achat), ça va très vite… J’avais dit que j’arrêterais quand on monterait en N2 ! Là, on fait la passation de pouvoir, on réfléchit à un nouvel organigramme et à une nouvelle organisation pour les années futures, voire l’année prochaine. Il ne faut pas se voiler la face, un président doit avoir des compétences que je n’ai pas, cela ne sert à rien de s’obstiner, il faut d’abord penser au club, le pérenniser, avec les bonnes personnes à sa tête. Le club ne m’appartient pas, je ne suis que de passage.

Vous n’êtes donc pas ce président mécène comme on le voit souvent…
Non. On a un pouvoir social OK, mais il faut aussi avoir un pouvoir financier. En N2, cela n’a pas plus rien à voir. Je prends souvent exemple sur l’Aviron Bayonnais qui se structure, qui a créé une SAS pour gérer son équipe fanion, avec une asso à côté, on doit tendre vers ça. Bayonne, c’est un club que je suis, j’y vais chaque été, j’y suis encore allé et je suis allé voir leur terrain, qui est catastrophique en ce moment, et pour l’attache niortaise, il y a Karim Fradin là-bas.

La buvette du stade, lieu incontournable le soir des matchs ! Photo 13HF

Quel est le budget de fonctionnement du club ?
On va arriver à 800 000 euros (300 000 pour l’équipe première) contre 650 000 l’an passé. On a un des plus petits budgets de la poule de N2 avec Locminé. Le club a sa masse salariale encadrée, donc on fait attention à ce que l’on fait.

On n’a que deux salariés à plein temps, en dehors des joueurs sous contrat : on va à la DNCG en novembre, nos comptes vont être épiés, on ne peut pas faire n’importe quoi. On a entre 35 et 40 équipes, la plupart des équipes jeunes sont en R1 ou R2. La réserve seniors est en R2. La mairie de Chauray a refait les terrains cet été, elle met beaucoup la main à la patte, mais il manque un terrain en synthétique. Contrairement au nord deux-sèvres, il n’y en a pas dans le sud deux-Sèvres, hormis à Celles-sur-Belle et Saint-Liguaire. On a quand même 4 terrains.

C’est quoi, l’objectif ?
C’est de pérenniser, stabiliser et structurer le club en N2 en seniors et avoir des jeunes à un niveau très intéressant afin de fournir des joueurs. Mais pour avoir des bonnes équipes en jeunes, il faut aussi avoir de bons éducateurs, comme Johan Agnel, titulaire du DES, que j’ai récupéré d’Angers (passé aussi par … les Chamois !), et pour avoir de bons éducateurs diplômés, il faut pouvoir les payer. Un mécène est arrivé, Olivier Bodin (Burger King), qui nous a aidés.

Deux petites tribunes couvertes comme celle-ci ont été installées cet été. Photo 13HF

Comment avez-vous vécu la disparition des Chamois Niortais ?
Quand les Chamois ont disparu, il y a eu une réflexion au sein du club. On s’est posé beaucoup de questions. La mairie est venue nous chercher, elle voulait savoir si on voulait faire une association « chamois niortais », si on voulait récupérer le nom prestigieux, cela aurait pu être intéressant mais on savait qu’en interne, cela ne passerait pas. On a des gens au club qui n’y étaient pas favorables. En fait, pour des questions d’identité, nous, comme d’autres clubs (Niort Saint-Liguaire par exemple), on n’arrivait pas à se projeter, on a perdu du temps et de l’énergie là-dessus. Finalement, on a bien fait de ne pas y aller. Ce qui est malheureux, c’est que l’identité « Chamois niortais » a disparu, on est Chauray, on n’est pas loin, il y a aussi Saint-Florent à côté. Il faut que le Niortais réécrive son histoire. Mais les Chamois Niortais, c’est fini.

La joie des joueurs après le but dans le temps additionnel contre Lorient, fin août ! Photo Michel Dubus / FC Chauray

En fin de compte, dans cette histoire, on voit bien qu’il y a le sportif d’un côté, et la politique de l’autre, qui a voulu imposer ce titre « Chamois niortais ». Mais comme la mairie n’a rien fait pour sauver les Chamois Niortais, je pense, c’est mon avis, qu’ils ont proposé cela pour redorer leur blason, leur image. Ils voulaient juste que le nom apparaisse. Mais on sait aujourd’hui que l’on ne peut plus utiliser le nom « Chamois Niortais », d’ailleurs le club de Saint-Florent a dû revoir sa nouvelle appellation à cause de cela, parce que c’était une marque déposée, brevetée. Sur le site de la Ligue, c’est écrit Saint-Florent, et non pas Chamois Niortais Saint-Florent.

Aujourd’hui, on a conclu un pacte avec Saint-Flo. On arrête de s’agresser. Je connais beaucoup de gens dans ce club, mais quand il y a la politique au milieu… En bonne intelligence, on a trouvé des accords de principe pour l’utilisation du stade René-Gaillard, où s’entraîne notre équipe de N2 la semaine, pour le prêt de matériel aussi. Chacun doit avancer de son côté. On a signé des conventions. On ne doit pas être là pour s’envoyer des injures sur les réseaux.

La joie après le succès face à Montlouis. Photo Jules Sauvaget.

Avez-vous récupéré des joueurs issus des Chamois ?
On a récupéré une trentaine de jeunes entre U10 et U12, on a récupéré des U17 nationaux pour jouer en U18 R1 chez nous, alors pourquoi pas accéder en U19 Nationaux, ça serait intéressant. D’un point de vue politique, le lycée de la Venise Verte a été attribuée au club de Saint-Florent pour les sections sportives, ce qui est logique, et beaucoup sont allés à Saint-Flo, mais il y a de la place pour tout le monde. La section sportive du lycée est gérée par les éducateurs de Saint-Flo, le collège par le District. À nous de montrer que l’on travaille aussi bien, sinon mieux.

Chauray est désormais le premier club en Deux Sèvres : vous sentez-vous investi d’une mission ?
La mission est déjà d’avoir une vraie valeur sportive et financière. On ne veut pas faire comme les Chamois Niortais, liquidés, parce qu’on aura vu trop grand, trop fort et trop haut. On est le plus gros club du département, oui, on se sent investi d’une mission, oui, mais on ne doit pas faire n’importe quoi. Cela ne doit pas être au détriment du financier. On ne veut pas se prendre une deuxième étiquette Hanouna dans la figure !

Photo 13HF

La montée en N2, sincèrement, vous y pensiez l’an passé ?
Non ! On est monté à la dernière journée, à TA Rennes. Mais ce n’était pas l’ambition du club. Juste après le match, on a profité de l’instant présent avec mon trésorier, Florian Rodriguez, et on s’est dit « on fait quoi maintenant » ? Bon, déjà il faut préparer la transition. Si on ne pérennise pas le club en N2, on le pérennisera en N3.

Le niveau du N2, vous le trouvez comment ?
Je trouve qu’il n’y a pas un club au-dessus des autres. Hormis Lorient qui m’a impressionné, pour l’instant, je ne vois pas trop de différences entre nous et les autres équipes.

Vous allez bientôt disputer un match à René- Gaillard…
Oui, on va accueillir Bordeaux (le 1er novembre) sur le stade des Chamois, afin d’accueillir les supporters, pour des questions de sécurité.

Photo 13HF

À Chauray, on a vu un public plutôt… spectateur !
Oui ! Le Niortais n’est pas animateur, c’est un consommateur. Ici, les gens viennent au foot comme ils vont au théâtre ou au cinéma.

Vous diriez que vous êtes un président plutôt comment ?
Je suis convivial et dans l’arrondi, j’aime faire plaisir à tout le monde, c’est peut-être un défaut parce que parfois il faut savoir trancher.

C’est quoi, la particularité du club ?
C’est un club qui a toujours eu une connotation bling-bling, un peu le « richou », alors que ce n’est pas du tout ça. J’essaie depuis 4 ans de fédérer ou de re-fédérer autour du club, de l’ouvrir sur les autres. Je ne souhaite pas qu’il soit refermé sur lui-même.

Un mot sur le coach, Fabrice Fontaine, que vous êtes allé chercher il y a 19 mois…
On était sur 7 défaites en 8 matchs en janvier/février 2024. On a remplacé Jérémy Delenne par Fabrice Fontaine, qui était l’un des cinq titulaires d’un DES dans le coin, avec notamment Jean-Philippe Faure, Karl Tourenne ou encore Gérard Nicol. Fabrice, on a bien fait de le prendre ! Il sort des Chamois Niortais aussi. Et puis regardez les résultats, ils parlent d’eux-mêmes.

National 2 / Journée 6 : vendredi 19 septembre 2025, à 19h30, au stade Didier Deschamps, Aviron Bayonnais FC – FC Chauray.

Photo Philippe Le Brech
Photo Philippe Le Brech
Photo Philippe Le Brech
Photo Philippe Le Brech
Jérémy Grain, à l’origine des deux buts de son équipe face à Montlouis. Photo 13HF
Et voilà, ça se passe comme ça, au FC Chauray ! Photo 13HF
  • Texte : Anthony Boyer / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Philippe Le Brech, 13HF, Michel Dubus et Jules Sauvaget.
  • Suivez-nous sur nos réseaux sociaux (Facebook, X et Instagram) : @13heuresfoot
  • Visitez le site web 13heuresfoot
  • Un commentaire, une suggestion, contactez-nous (mail) : contact@13heuresfoot.fr