Le nouvel entraîneur du Royal Excelsior Virton, en D3 Belge, revient sur son parcours et évoque à nouveau son départ de Chambly. Le Red Star, son club de coeur, revient forcément dans les conversations, mais il est concentré à 100 % sur sa nouvelle mission, dans un club racheté par le champion du Monde N’Golo Kanté.
Fabien Valéri a surpris tout son monde cet été. Du moins le monde du football. Après trois exercices très probants en National 2, d’abord à la tête de Paris 13 Atlético – une seule défaite en 9 matchs et une première place la première saison avant l’arrêt pour cause de Covid puis une accession en National la saison suivante – puis à la tête du FC Chambly Oise – 3e place avec 57 points, un total supérieur à deux des quatre promus en National -, il a, d’un commun accord avec ses dirigeants, annoncé son départ de l’Oise, après avoir stoppé la série noire et permis au club de retrouver le sourire après deux relégations d’affilée (Chambly évoluait encore en Ligue 2 en 2020-2021).
Et comme le milieu du foot est un microcosme, un village où tout se sait, les rumeurs ont rapidement envoyé l’ancien milieu de terrain du Red Star au… Red Star ! Le « Red », son club de coeur, où il a passé 13 ans de sa vie, entre 1987 et 2000, dont 8 dans la peau d’un joueur professionnel.
Une rumeur ? Pas vraiment en fait. L’intéressé ne s’en est jamais caché : il faisait partie d’une short list pour prendre la succession de Habib Beye, envoyé vers d’autres contrées (Amiens, Sochaux, Paris FC ?) par ces mêmes rumeurs !
Problème, le consultant de Canal +, sous contrat jusqu’en 2024 avec « l’Etoile Rouge », est finalement resté en poste, « contrariant » les plans du natif de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), qui rêvait, 23 ans après son départ de Bauer pour Naval et la D2 portugaise, d’un retour dans son club, dans ce stade flambant neuf où on pouvait encore parfois le croiser un soir de match.
« Je ne voulais pas prendre Chambly en otage »
« C’est vrai, j’espérais le Red Star. On ne va pas refaire l’histoire, a-t-il confié. J’ai résilié à Chambly parce que je ne voulais pas leur faire à l’envers. Je ne voulais pas prendre le club en otage, sachant que j’étais dans une « short list » au Red Star. Alors j’ai préféré qu’ils préparent la saison du mieux possible, avec un nouvel entraîneur, quitte à ce que je me retrouve sans rien, ce qui était encore le cas d’ailleurs il n’y a pas si longtemps, avant que le projet Virton ne s’offre à moi. Vous savez, dans ce métier, il faut être prêt, il faut saisir les opportunités, confesse le tout récent titulaire du BEPF. »
Virton. Le plus francophone des clubs belges, situé dans la province la plus au Sud du pays, celle de Luxembourg. Vous avez sans doute entendu parler du Royal Excelsior Virton, club limitrophe de l’Hexagone, tout juste relégué de Challenger Pro League (Division 2) en Nationale 1, l’équivalent français du National. Car le 29 juin dernier, le club de la Wallonie a officialisé son rachat par le champion du monde 2018, N’Golo Kanté !
« Là, je suis dans ma chambre d’hôtel, à Longwy (Meurthe-et-Moselle), à 20 km de Virton. Je suis arrivé lundi (l’entretien a été réalisé vendredi 4 août). J’ai signé vendredi dernier et, le temps de m’organiser, je suis rentré le week-end chez moi pour aller chercher mes affaires. Je ferai encore un autre aller-retour histoire d’aller chercher d’autres affaires. Comme je suis à Villiers-sur-Marne, ce n’est pas très loin. Mais je compte m’installer à 40 ou 50 km de Metz, de manière à être à 15 ou 20 minutes du stade. Mon épouse me rejoindra avec ma petite fille Mila. Mon grand fils, Lucas, va rester à Paris : il s’est engagé à Paris 13 en N2, et le second, Matteo, va y rester aussi, c’est plus pratique pour lui pour l’école »
N’Golo Kanté, un gage de sérieux et d’ambition
Passé par le National à Boulogne-sur-Mer (2012-13) avant de connaître la carrière qu’on lui sait (Caen, Leicester, Chelsea), le milieu de terrain international Kanté (53 sélections, 2 buts), qui vient de s’engager à Al-Ittihad en Arabie saoudite, a donc pris la succession de l’homme d’affaires luxembourgeois Flavio Becca.
Si la stabilité n’a pas été le point fort du RE Virton ces dernières saisons, où de gros problèmes financiers ont vu le jour et où de nombreux coachs se sont succédé, dont certains bien connus en France – Pablo Correa (Nancy), Christian Bracconi (Ajaccio) et son adjoint Nicolas Gennarielli, un ancien du CA Bastia et Bastia Borgo -, cela n’a pas effrayé Fabien, qui préfère regarder devant.
« Quand cela ne s’est pas concrétisé avec le Red Star, j’ai eu un appel d’une personne qui m’a demandé si le projet de Virton pouvait m’intéresser. Sincèrement, je ne connaissais pas ce club. On m’a présenté et expliqué le projet. Ce qui a été fait avant… Moi je ne suis pas comme ça, je respecte le travail de mes prédécesseurs. J’arrive avec ma façon de faire, avec mes idées. Je ne vais pas faire de copier-coller. Je vais m’adapter aussi à l’environnement, à ma direction, c’est quand même une toute nouvelle page là. Après, sur Virton, je savais juste que la Direction venait de changer complètement et que N’Golo Kanté avait pris la présidence. Il fallait aussi que je me rende compte de tout ça sur place : je ne voulais pas signer là-bas sans savoir où je mettais les pieds, c’est normal. J’ai trouvé le projet cohérent, ambitieux, et le fait que N’Golo Kanté soit propriétaire du club, ça m’a rassuré. Je me suis dit, « s’il met les pieds ici, c’est pour faire quelque chose chose de bien. Sa présence est un gage de sérieux et d’ambition. Il s’est entouré de personnes qu’il connaît bien et qu’il a mis en place. Ils ont envie de bien faire. Après, ça reste de la Division 3 belge, un niveau qui se situe, d’après mes informations, entre le National 2 et le National en France. Donc ça reste un bon championnat, avec des bonnes équipes. J’espère faire une bonne saison, progresser avec le club. On verra. Je vais faire du mieux possible. »
Le mieux possible et… rapidement : dès le samedi 19 août, à 18h, Virton disputera un match de coupe de Belgique (coupe Cofidis) contre Bocholt (Nationale 2). Une qualification lui offrirait un calendrier chargé, avec quatre matchs en quinze jours, dont celui de la reprise du championnat, le 30 août, à Antwerp, contre la réserve.
Le Red Star, partie remise ? « J’espère ! »
A Virton, Fabien n’est pas parti tout seul. Son adjoint à Chambly, Benjamin Garault, l’a suivi. Lui aussi est dans le même hôtel. D’ailleurs, durant l’entretien, Benjamin passera par là, un ordi sous le bras !
A Chambly, on a tourné la page : le club présidé par Fulvio Luzi s’est attaché les services de Stéphane Masala, l’ex-coach des Herbiers en National (finaliste de la coupe de France en 2018 après avoir éliminé … Chambly en demi-finale à Nantes) et de l’US Créteil en National 2.
Fabien Valéri, lui aussi, a tourné la page. Mais ce projet, au FC Chambly Oise, y croyait-il ? La question mérite d’être posée. Parce que son départ a aussi pu être interprété comme cela : « Je ne suis pas du tout parti parce que je ne croyais pas au projet mais uniquement parce que j’avais mon rêve dans ma tête, celui d’entraîner le club dans lequel j’ai joué pendant 13 ans, où j’ai signé mon premier contrat pro. Le Red Star, c’est le club qui m’a donné ma chance en pro, qui m’a le plus marqué, qui me tient le plus à coeur. Donc entraîner un jour ce club, c’est mon rêve. c’est comme ça. Vous savez, l’idée, c’est de progresser, de franchir des paliers. Bry-sur-Marne, UJA Maccabi, Paris FC, Paris 13, Chambly… Pour l’instant, ça s’est bien passé partout. Je ne pense pas avoir trop de casseroles derrière moi ! »
Dans les colonnes du Parisien, il déclarait même : « Il faut savoir prendre des risques ». Aujourd’hui, il tempère : « Des risques, n’exagérons pas… Ce n’est pas vital. Ce n’était pas une question de vie ou de mort (sic). Quand je pars de Chambly, je me dis que, quand même, j’ai fait des bonnes choses ces dernière saisons, et que si ça ne se fait pas avec le Red Star, j’aurai des touches dans quelques mois, quand ça va rebouger, quand, malheureusement, des entraîneurs seront en difficulté. J’aurais peut-être été sollicité dans un bon projet de National 2 ou peut-être même en National, on ne sait pas, mais avec le spectre des 6 descentes… On l’a vu la saison passée, les présidents ont la pression. Donc, quand vous me parlez de risque, je dis « pas tant que ça ». Je préférais me retrouver sans rien plutôt que de ne pas tenter ma chance au Red Star, même si je n’étais peut-être pas forcément leur choix numéro 1. J’avais des chances, pas plus, pas moins que d’autres. Au Red Star, ils savent que je suis du club, les supporters me saluent quand je vais voir des matchs. » Alors, partie remise ? « J’espère (rires) ! »
Virton, un stade qui ressemble (un peu) à Bauer !
Côté objectif, la direction de Virton n’a mis aucune pression : « Ce sera de faire du mieux possible. On a déjà une équipe à reconstruire car il manque beaucoup de joueurs et on n’a pas énormément de temps devant nous. Il faut faire un bon recrutement. Le match de coupe de Belgique va arriver vite. Le championnat aussi. »
N’Golo Kanté non plus, ne devrait pas tarder à arriver. « J’aimerais bien le rencontrer, ça va se faire, je sais qu’il vient une à deux fois par mois au club. »
Virton, c’est aussi un stade. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le stade Yvon-Georges ressemble un peu à celui… du Red Star !!! « Exactement, vous ne vous trompez pas ! C’est ce qui m’a plus quand j’ai visité les installations. Le stade m’a sauté aux yeux. Je l’ai trouvé chaleureux, fermé, les supporters sont proches des joueurs, il y a du vert partout. C’est un terrain un peu à l’ancienne. J’ai effectivement vu beaucoup de similitudes avec le stade Bauer. On a fait 800 personnes en amical, contre contre le RFC Seraing (D2, 1-1), ça chante, il y a beaucoup de passion, il est situé dans le centre-ville, les gens vont boire un coup avant le match. On peut faire, d’après ce qu’on a mis, 3000 personnes si ça tourne bien. »
Le Red Star n’est jamais très loin ! D’ailleurs, il n’est qu’à 3 heures de route à peine ! « Oui, j’essaierai d’y retourner une fois, un lundi peut-être, si c’est possible ! Ce n’est pas très loin finalement, mais priorité à mon nouveau club, hein ! »
« Les clubs ont besoin de sécurité, de garanties, avec des CV… »
Pendant ces quelques semaines de disette, l’ancien joueur passé également par Istres, Cannes et Paris FC en National, et qui a terminé sa carrière en CFA, à Viry-Châtillon, à 36 ans, a pu mesurer la difficulté d’un marché où l’on retrouve souvent les mêmes coachs, où les « jeunes » entraîneurs n’ont pas toujours la chance de prouver leurs qualités ni la confiance des présidents qui aiment être « sécurisés » par des CV plus garnis. « C’est vrai, le marché est compliqué. Quand j’étais en réserve en National 3 au Paris FC, si personne ne m’avait donné la possibilité d’aller en National 2, je n’aurais jamais réalisé ce que j’y ai réalisé avec Paris 13 et ensuite avec Chambly. Le président Frédéric Pereira m’a donné cette chance d’entraîner en N2 au Paris 13 Atlético, ce qui m’a permis d’avoir d’autres sollicitations de N2. Je n’avais pas encore le BEPF donc je ne pouvais pas encore prétendre entraîner en National. Mais ça m’a permis de montrer ce que j’étais capable de faire. En France, les championnats se réduisent, donc ça fait moins de postes à pourvoir. Moi, mon rêve, c’est d’entraîner en Ligue 1 mais bon, déjà qu’en National c’est difficile… Les clubs, je pense, ont un peu peur de donner leur chance à un entraîneur qui n’a jamais entraîné à ce niveau-là. Alors que pour moi, ça reste du foot. »
Autre écueil : l’image. Celle d’un coach qui, pour l’heure, n’a entraîné qu’en région parisienne. N’a-t-il pas peur que certains dirigeants se disent « Fabien Valéri, il ne peut entraîner que là… ? »
La réponse de l’intéressé fuse : « Pour le savoir, il faut donner sa chance ! Avant que je n’entraîne en National 2, on ne savait pas si j’en serais capable. Si on ne donne pas la chance d’aller ailleurs, comment voulez-vous savoir ? Pour moi c’est pareil, ce n’est pas que je ne veux pas, c’est juste que je n’ai pas eu l’opportunité. Joueur, je suis parti à l’étranger, j’ai aussi joué en Province. C’est comme avec un joueur en centre de formation : tant qu’on ne le met pas en équipe pro, on ne saura pas s’il a le niveau. On entend souvent dire « non, il est trop juste », ok, d’accord, met-le, essaie-le, et on verra bien ! Si tu le n’essaies pas… Les clubs ont peur. Ils ont besoin de sécurité, de garantie. Ils sont peut-être, je dis bien « peut-être », un peu frileux. Parce qu’il y a de très bons entraîneurs en National 2 qui ne sont pas moins bons que des entraîneurs de Ligue 2. Le foot, c’est le même partout. Le terrain est pareil. Après, vous avez de meilleurs joueurs ou de moins bons, et il y a la question du management, de l’humain. Les joueurs restent avant tout des hommes. Sauf dans les très très grands clubs, il faut gérer les égos plus qu’ailleurs. »
Fabien Valéri, du tac au tac
« J’aime les joueurs ! »
Meilleur souvenir sportif de joueur ?
C’est à la fois un bon et un mauvais : on fait demi-finale de la coupe de la Ligue en 2000 avec le Red Star face à Gueugnon, on avait fait un super-parcours, on avait éliminé Lille, Nîmes, Saint-Etienne, Sedan.
Pire souvenir sportif de joueur ?
Justement, ce match… Une grande déception parce qu’on se fait rejoindre deux fois au score dont la deuxième fois dans le temps additionnel, sur une action litigieuse : on ne sait pas si le ballon est sorti en touche ou pas, on s’est arrêté de jouer, bon, c’est comme ça… Benjamin Clément voit le ballon du latéral gauche sortir en touche, il lève la main, il s’arrête, mais l’action continue, y’a un centre, on court vers notre but, Abdoulaye Meïté et moi, Amara Traoré la prend du genou, on court vers notre but… C’est un miracle ce but… En plus, on tire sur le poteau juste après. Dans la séance de tirs au but, on a eu le penalty de la gagne. Puis Jean-Marc Branger rate son tir au but, c’est comme ça, c’est le regret de ma vie. J’aurais pu être au Stade de France devant 80 000 personnes. J’étais capitaine. Cela aurait fait un derby face au PSG.
En plus, Gueugnon a gagné la finale…
Je n’ai pas pu regarder la finale, impossible, et alors, quand j’ai su que Gueugnon avait gagné, ce fut pire… La même saison, on perd en 8e de finale contre Lyon en Coupe de France avec le Red Star : on mène 1 à 0 et Govou, qui effectue ses débuts, entre et claque deux buts à la fin ! Là, pas de regret, c’était la classe.
Meilleur souvenir d’entraîneur ?
La montée de N2 en National avec Paris 13.
Pire souvenir d’entraîneur ?
Une élimination à Pagny-en-Moselle au 8e tour avec l’UJA Maccabi (N3), avec une erreur d’arbitrage à la fin, que l’arbitre a reconnue ensuite. On aurait dû bénéficier d’un penalty et on prend un but dans le temps additionnel. C’est dommage. Financièrement, pour un petit club comme le nôtre, cela aurait été bien. Ce fut un gros sentiment d’injustice.
Combien de buts marqués dans votre carrière ?
25 ! Pour un milieu de terrain, c’est pas mal ! Je mettais un ou deux buts par saison, sauf une saison, j’en ai mis 9 au Portugal en D2 portugaise, à Naval, ce qui m’a permis d’aller à Coimbra en D1 portugaise avec Jean Alves, on a eu arthur jorge aussi, et des très bons joueurs, dont plusieurs internationaux.
Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
J’ai toujours été passionné par ce jeu, dès mon plus jeune age. Mon père était footballeur amateur. Je le suivais partout et dès que j’ai eu l’âge de jouer, je me suis inscrit au club du Stade de l’Est Pavillonais, à Pavillons-sous-Bois : c’est le club du papa de Kylian Mbappé, Wilfrid Mbappé, et de son oncle, Pierre. C’est aussi le club des Mboma. Pour la petite histoire, mon père entraînait Wilfrid Mbappé en cadets ! Quand je les croise, ils me demandent des nouvelles de mon papa. Le stade de l’Est, ils s’en souviennent ! J’y ai joué jusqu’à l’âge de 13 ans. Après, j’ai été repéré en sélection départementale du 93, le Red Star est venu me chercher. J’y ai joué en minimes, en cadets nationaux, en 17 ans Nationaux, il y avait Marlet, Agasson, Mauricio, puis j’ai intégré l’équipe B, avec Gueret, Gonzalve, Vasquez-Garcia, je commençais déjà à m’entraîner avec les pros de Herbin et Repellini, et lors de la saison 1992-93, j’ai commencé à jouer. Le premier de ma génération à intégrer l’équipe pro, ce fut Steve (Marlet), après y ‘a eu Vasquez-Garcia et moi. Et je ne suis plus sorti de l’équipe pendant 8 ans. Je suis le 5e plus capé de l’histoire du Red Star, avec 220 matchs. Le premier c’est Jean-Luc Girard avec 285 matchs.
Steve Marlet, un de vos meilleurs amis ?
Oui ! On a aussi fait le Bataillon de Joinville ensemble en 1993-94 avec Micoud, Letitzi, Makelele, Sibierski, Danjou, Santini, Perez, Videau, Libbra, Lefebvre, Sanchez, Ba, Renou, Clapson, Bedrossian, Laspalles, Carnot, Abou, Laville, Djetou, Candela et j’en oublie !
Votre plus beau but ?
Contre Niort, je récupère le ballon, je fais un appui avec Samuel Michel et je reprends de volée en pleine lucarne de 25 mètres. C’était Thomas Debenest dans les cages , qui est ensuite venu chez nous, alors je l’ai chambré pas mal de fois (rires) !
Un geste technique préféré ?
J’avais des petits crochets « exter » courts, en plein course, j’étais capable de m’arrêter rapidement en crochetant pied droit, en gardant bien le ballon derrière mon pied, d’éliminer le joueur avec ma vitesse et de repartir de l’autre côté.
Qualités et défauts sur un terrain ?
La technique. La clairvoyance. L’intelligence de jeu. J’avais un gros volume de jeu. Je courais beaucoup. Mais je manquais d’explosivité et de puissance pour casser les lignes. Le volet athlétique, c’est ça qui me manquait.
Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir dans le jeu ?
Au Red Star, on a fait des belles saisons, notamment les premières, quand on jouait la montée. J’y ai toujours pris du plaisir.
Et sur le banc de l’entraîneur ?
J’aime les joueurs, ils essaient de mettre en place le jeu que je souhaite que l’on produise, donc c’est difficile de répondre à ça… Au Paris FC, avec la réserve, en N3, c’était très intéressant de faire progresser les joueurs. Au Paris 13, c’était une aventure humaine, plaisante, et en termes de résultat, c’était difficile de faire mieux : 1er l’année du covid avant l’arrêt puis 1er l’année d année. J’ai connu trois montées avec Bry, des maintiens avec l’UJA Alfortville sans moyens ou avec des moyens quasi nuls, on a fait une très bonne année à Chambly…
Comment avez-vous atterri à Bry-sur-Marne ?
Quand la fin de ma carrière de joueur est arrivée, j’ai fini à Viry en N2 à presque 37 ans, le club de Brie m’a sollicité pour prendre l’équipe première qui évoluait en première division de district; mon fils y jouait à l’époque en U6/U7 donc j’allais souvent au club le samedi, et c’est comme ça que les contacts se sont noués, qu’on a appris à se connaître. J’en ai parlé à Stéphane Cabrelli le coach de Viry, afin de savoir si je pouvais jouer le samedi avec Viry en championnat et entraîner parallèlement Bry, si ce n’était pas gênant. Les entraînements de Viry étaient le soir, donc ça n’a pas posé de problème, et avec Bry, on est monté en PH, en DHR et en DSR, trois fois de suite ! Ce fut une aventure humaine top ! On a encore beaucoup de contacts entre nous, avec les joueurs de Bry, on a d’ailleurs un groupe Whatsapp, les « Bry forever », on a plaisir aussi à se revoir entre anciens. Bry, c’est aussi ce qui m’a permis d’embrayer sur un club de National 3, à l’UJA Maccabi Paris (ex-UJA Alfortville), où j ‘ai fait 3 ans. Ensuite, j’ai fait 4 ans au Paris FC, 2 ans à Paris 13 et donc une saison à Chambly.
Vous avez mis les mains dans le cambouis à Bry ?
Exactement, on touche à tout, on s’entraînait sur un terrain rouge, j’étais épaulé par Cédric Nicoletti, qui est devenu mon ami, on a appris à se connaître là-bas, on ne s’est plus lâché depuis ! Brie, ça a été l’expérience qui m’a fait aimer ce métier et aller le plus haut possible. Humainement c’était une aventure humaine forte. Même à ce niveau-là, une montée ça reste une montée, c’est beaucoup de joie.
Question facile : le club de votre coeur ?
Le Red Star ! Mais j’ai vécu aussi une super-expérience au Portugal. Un jour, si j’ai une possibilité d’y entraîner, j’irai; mon expérience de joueur là-bas s’était bien passée; parfois, je faisais la traduction pour le coach ! Mon premier fils, Lucas, est né à Coimbra, où j’ai joué en D1 à l’Académica.
Votre 2e club de coeur ?
Le Paris FC, j’y ai joué 4 ans et demi et j’y ai été éducateur pendant plus de 4 ans, donc au total ça fait presque 9 ans ! J’y ai beaucoup appris aux côtés de Pierre Dréossi au recrutement des pros. Une bonne expérience.
Pas d’erreur de casting alors ?
non franchement, non.
Le club où vous auriez rêvé de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Barcelone. Au niveau du jeu, ça fait rêver.
Un club que vous aimez bien ?
La Sampdoria de Gênes ! Mon père est de là-bas, je suis d’origine italienne, on y a des cousins aussi. J’ai eu la chance d’y voir des sacrés matchs et des sacrés joueurs.
Un stade mythique ?
Sentimentalement c’est le Marassi, l’ancien nom du stade de la Sampdoria de Gênes, et sinon le Nou Camp.
Un coéquipier marquant ?
Deux : Steve Marlet et Ted Agasson.
Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling sur le terrain ?
J’ai joué avec Steve (Marlet) dès les cadets nationaux. On s’entendait bien. On jouait les yeux fermés. Je pivotais, j’envoyais le ballon dans l’espace, il allait à 4000 à l’heure, je n’avais pas grand chose à faire, je pouvais même me tromper dans le dosage et il se débrouillait pour récupérer la balle. En fin de carrière, quand je jouais plus bas, je m’appuyais sur Ted Agasson qui jouait en 10. On se connaissait bien.
Le joueur perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
J’étais proche de Marko Filipovic à Istres, on était tout le temps en semble, on s’est un peu perdu de vue… Y’en aurait plein d’autres également.
Un coach perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
A la formation, au Red Star, les deux entraîneurs qui nous avaient bien fait progresser, c’était Patrice Lecornu et François Gil. Ils ont fait ce qu’était le Red Star dans les années 90. Je ne les ai pas vraiment perdus de vue même si on n’a plus beaucoup de contact, mais ils ont compté pour moi et pour beaucoup de jeunes du Red Star.
Un président marquant ?
Pierre Ferracci au Paris FC. Humainement, c’est vraiment une très bonne personne. Regardez ce que le club est devenu aujourd’hui grâce à lui. Quand j’y ai joué en National, on avait une bonne équipe mais on jouait au stade Dejérine, sur un terrain en herbe compliqué, les vestiaires c’était… Au niveau médical, logistique, tout était compliqué, et quand je vois tout ce qu’il a accompli en 10 ou 15 ans, avec le centre d’entraînement, le centre de formation féminin, le développement du club, les jeunes en 17 et 19 ans Nationaux, les féminines en D1, l’image… Il va, je le souhaite, réussir et parvenir à monter en Ligue 1, il le mérite. Je pense qu’il y arrivera.
Un modèle de joueur ?
Messi. Pour moi, c’est le meilleur joueur de l’historie du foot. On a tendance à oublier le Messi de 18 à 30 ans. On est critique aujourd’hui parce qu’il n’a plus les jambes. Mais les pieds… C’est un génie. Il est un peu plus fort que Maradona je pense.
Un modèle de coach ?
J’aime beaucoup Guardiola, je ne suis pas original. Quand on produit du jeu et quand on maîtrise ses matchs, qu’on a l’ascendant sur l’adversaire, je reste persuadé qu’on a plus de chance de gagner. Pour moi, il vaut mieux poser des problèmes plutôt qu’essayer de les résoudre. Et c’est plus plaisant pour tout le monde, pour les joueurs, les spectateurs.
Vous étiez un joueur plutôt ?
Technique.
Vous êtes un entraîneur plutôt ?
Tactique.
Y’a-t-il une méthode Fabien Valéri ?
Ma philosophie est simple. Je veux un cadre assez rigide mais pas trop non plus, avec une certaine liberté à l’intérieur de ce cadre là, pour qu’il y ait de la bonne humeur, etc. Sur le terrain, je veux du sérieux, du travail, de la concentration, de l’application, d’engagement. J’aime que les joueurs prennent du plaisir à l’entraînement, pour éviter la routine, pour qu’ils s’impliquent. En fait, c’est le ballon, le jeu, le plaisir.
Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photos : Eric Crémois – Photosports (sauf mentions spéciales)
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