Fabien Mercadal :
l’homme des collines

L’ex-entraîneur de Caen (L1), Paris FC, Dunkerque ou encore Quevilly Rouen (L2) est le parrain du site ! Rencontre avec ce passionné au caractère bien trempé qui a longtemps côtoyé le « foot d’en bas » à ses débuts avant de grimper les échelons jusqu’à devenir entraîneur en Ligue 1 !

Qui mieux que lui ? Qui mieux que Fabien Mercadal pour inaugurer 13heuresFoot ? Son profil est apparu comme une évidence lorsqu’il s’est agi de trouver un ambassadeur.
Avril 2022. Fabien est avec son staff, dans son bureau, au stade Diochon, à Rouen. Encore un peu sonné par la défaite de son équipe, QRM, la veille, face à Nîmes. Il n’a pas vraiment le temps de gamberger, il rejoue dans deux jours à Nancy. Il ne réfléchit pas non plus longtemps lorsqu’on lui présente 13heuresFoot : sans hésitation, il accepte d’en devenir le parrain. Rendez-vous est donc pris à l’inter-saison pour le reportage d’ouverture !
Juin 2022. QRM est maintenu en Ligue 2. Fabien Mercadal a remporté les trois derniers matchs officiels de la saison, dont deux en barrages aller-retour face à Villefranche. Il est rentré chez lui, à Vinon-sur-Verdon, pas loin de Manosque, dans les Alpes de Haute-Provence. Soulagé. Avec le sentiment du devoir accompli. C’est là qu’il nous accueille. 8h45. Il est en avance au San Vero, la brasserie du cours dans le village, où une photo de Jacques, son papa, décédé en mars dernier, est affichée derrière le comptoir.
A Vinon, Fabien est chez lui. Avec ses amis qui sont une deuxième famille. Avec ces gens qu’ils aiment et qui l’aiment. Il est apaisé parmi les siens : « Je me sens bien ici, je me sens à l’aise, je suis moi-même, les gens me connaissent vraiment, ils ne me jugent pas par rapport à un filtre médiatique, c’est appréciable. Un entraîneur c’est un homme. Réussis ta carrière d’homme avant celle d’entraîneur me disait mon père. »

« La vraie vie, elle est là, autour de moi, à Vinon »

Le rendez-vous commence par des tournées de cafés. Les habitants du village défilent. Tous sont si sympathiques. Authentiques. Le milieu du football paraît si loin… et si près à la fois : le ballon rond est dans toutes les conversations ! Les Bleus, l’équipe de Vinon, l’OM, les jeunes, les sujets ne manquent pas ! « Bien sûr, je suis capable à partir d’un croissant, là, d’en faire des miettes pour les disposer sur la table comme si c’était des joueurs ! Mais la vraie vie, elle est là, autour de moi. Le foot, c’est une prison dorée. Ce que je retiens de ces deux dernières années à Dunkerque et à QRM, c’est que je pouvais vivre sans le foot. Or, avant, je ne pensais pas que j’en étais capable. L’année dernière, pendant 6 mois, je suis allé aux champignons, je me suis régalé. Je n’ai pas peur que l’on m’oublie. Si je n’avais plus le foot, cela ne me rendrait pas malade, j’ai d’autres passions ».
9h15 : on appuie sur « enregistrer ». Fabien Mercadal ne fait pas la différence. Off, pas off, il parle sans filtre. Il ne joue pas un rôle. Et raconte son parcours d’entraîneur, qui l’a vu démarrer avec les 18 ans Ligue de Gap avant d’arriver tout en haut, en Ligue 1, au Stade Malherbe de Caen. Un exemple pour tous les autre coachs « d’en bas », sans nom, sans un grand passé de joueur, comme lui. Pour eux, c’est tellement plus dur d’y arriver.
11h25. On n’a pas vu le temps passer. Il faut y aller. Une séance de kiné attend Fabien, qui espère être en forme dimanche pour le match des commerçants à Gréoux-les-Bains. « Je vais jouer … mais sur le banc je pense ! » Comme d’hab, finalement !

SES EXPERIENCES DE COACH

  •  Gap (2004-2008) : « amitié et construction »

J’ai commencé avec les 18 ans Ligue de Gap, où j’étais responsable des jeunes pendant un an. C’est peut-être la saison qui m’a laissé les plus beaux souvenirs. On s’est éclaté. Puis j’ai eu la réserve en DHR. J’ai recruté Cyril Théréau à Laragne en DHR, qui a ensuite évolué au très haut niveau (Fiorentina, Chievo Verone, Udinese) ou encore Belkacem Zobiri. Puis j ai remplacé Daniel Bréard à la tête de l’équipe première de CFA (N2) en fin de saison : on s’est sauvé de justesse. Puis je reste 3 ans à la tête de l’équipe. On finit toujours en haut de tableau (notamment 4e en 2007 et 2e en 2008). Gap, c’était une construction de club. Je faisais arbitre de touche pour les U13, je jouais avec la réserve, et entre les éducateurs, c’était une amitié. D’ailleurs, j’y suis retourné y’a pas longtemps voir un match, et en fait je n’ai rien pu voir, je n’ai fait que parler !

  • Amiens (2008-2012) : « Je ne pense pas que je referai adjoint »

Je voulais voir autre chose après Gap. Je rencontre d’abord Pascal Dupraz qui souhaite que je vienne avec lui à Croix-de-Savoie comme adjoint, puis finalement je rejoins Thierry Laurey à Amiens en Ligue 2, comme adjoint. J’avais joué contre lui en amical. Là, ça a été la découverte du milieu pro, avec le coté positif et le coté négatif. Ensuite, il y a eu Serge Romano et Ludovic Batelli. Après coup, je pense que je n’étais pas fait pour être adjoint, et je ne pense pas que je le referai. Je me souviens d’un article du courrier Picard où Rachid Touazi, le journaliste, disait qu’il y avait deux numéros 1 à la tête de l’équipe. C’est vrai que j’avais du mal à mourir avec les idées des autres, que je n’aime pas être dirigé. J’ai ce problème avec la hiérarchie, mais j ai joué mon rôle, je l’ai fait. J’ai été loyal. Mais il y a eu la fameuse bagarre à Metz qui m’a valu six mois de suspension : c’est un acte manqué. Je le regrette. Je me suis excusé auprès du petit Kevin Diaz. J’avais raison sur le fond car des propos racistes avaient été proférés à l’encontre de Rafik Saïfi, mais pas sur la forme.

  • Dunkerque (2012-2016 et 2020-2021) : « Une histoire d’amour au départ »

Quand j’arrive, en CFA, on monte en National dès la première année ! On finit devant Chambly avec 103 points et eux 99 points, c’est rare ! On avait gagné chez eux à la 88e ! C’est devenu un derby contre eux, ça « cognait » fort ! Chambly montera l’année d’après. A Dunkerque, c’est une histoire d’amour au départ. J’ai été adopté par tout un peuple. J’ai eu du mal à payer le resto ! J’ai aimé la ville, la mer, le vent, j’ai besoin de ça ! J’ai aimé les gens, le côté festif, le carnaval. Après la montée, il y a eu des bons maintiens, 5e et deux fois 6e. J’y suis revenu quatre ans plus tard en Ligue 2 et sportivement, la saison s’est bien terminée avec le maintien, d’un point, à la dernière journée. Mais il y avait des gens qui ne souhaitaient pas travailler avec moi. J’ai entendu dire que je prenais beaucoup de place : c’est vrai, je l’avoue, je prends de la place ! Les gens m’aimaient bien et ça gênait, je pense. J’avais une exigence envers mon staff aussi, et certains ont dit que je les faisais trop travailler. J’arrivais avent eux et je partais après eux. Je bossais beaucoup et je les amenais à bosser beaucoup aussi parce qu’on en avait besoin. Parfois, il y avait un manque d’exigence. On a laissé le club en L2 avec deux ventes (Ibrahim Cissé et Harouna Sy) qui ont rapporté près de 500 000 euros au club, c’est pas mal.

  • Tours (2016) : « de Fabulous Fab à Merdoulous Fab ! »

C’est un mauvais choix, dans un club compliqué, même si j’ai gardé de l’affection pour le président Jean-Marc Ettori, mais il était conflictuel avec tout le monde. Lui et moi, ça faisait deux hommes avec un caractère fort. Pourtant c’est un super club. En fait, ça a fait l’effet inverse de dunkerque, parce que je le defendais. Mon fils a dit un jour quelque chose qui m’a marqué : « Papa, à Dunkerque tu étais Fabulous Fab et à Tours tu es devenu Merdoulous Fab ! » Je suis passé du statut d’adoré à celui de détesté, parce que je représentais le président, avec qui je suis toujours en contact, et que je n’ai jamais trahi.

  • Paris FC (2017-18) : « J’ai regretté d’être parti »

    Photo Bernard Morvan
    Photo Bernard Morvan

Oui j ai regretté d’en être parti en 2018. J’ai pris mon pied là-bas. J’ai aimé Dunkerque mais j’ai encore plus apprécié le PFC, avec un groupe extraordinaire, bâti au départ pour évoluer en National. Le dépôt de bilan de Bastia a permis le repêchage du club en L2 alors qu’il avait perdu deux fois 1 à 0 en barrage aller-retour contre Orléans. Je me revois faire les licences avec Pierre Dreossi avant le premier match à Clermont, « Lui il est qualifié, lui non, lui oui… » J’ai adoré travaillé avec Pierre Dreossi, professionnel et rigoureux. Pourtant, en début de saison, le président Pierre Ferracci était inquiet, car on avait recruté beaucoup de joueurs « amateurs ». La saison précédente, il y avait plus de « noms » : avoir des « noms », ça protège un peu. Là, j’ai préféré travailler avec des joueurs entre guillemets inconnus plutôt qu’avec des noms. Il y a moins d’égoïsme en général avec ce type de joueurs. A Paris, j’habitais dans le XIVe, ma famille était restée à Tours. J’avais trouvé un bar, où y’avait que des supporters du PSG. Je me suis fait copain avec eux, et c’était rigolo quand y’avait l’OM qui jouait !!! J’ai aimé les supporters parisiens : contre Clermont à la dernière journée ils sont rentrés dans le bus, j ‘ai fini en slip !

  • Caen (2018-19) : « Je me suis renié »

On n’est pas relégable à la trêve, et c’est là mon regret, car je n’ai pas assez de force pour imposer un recrutement à ce moment-là. J’ai fait un peu le timide. Or je sais qu il faut que l’on recrute mais je n’arrive pas à imposer cela, je découvrais la L1, l ‘aspect médiatique, j’ai perdu ce qui faisait ma force avant. Pour la seule fois de ma carrière, j’ai fait attention à mon image, je n aurais pas dû, je n’ai pas toujours été moi-même. On ne descend que d’un point mais peut-être que si j’avais été moi-même, on se serait maintenu… J’ai voulu faire des compromis, alors que j’aurais dû rentrer dans le tas car j’étais sûr de moi. On aurait dû recruter à la trêve. Je me suis dit « Qui je suis pour imposer quelqu’un ? » Je me suis peut-être un peu renié. J’ai protégé le club et ça m’a joué des tours, et les médias m’ont mis la rouste. Ils attendaient que je balance sur le club, sur son fonctionnement. J’ai aimé le stade, les plages du débarquement. Je n’ai pas eu le temps de m’intégrer à la ville en revanche.

  • Cercle de Bruges (2019) : « Je me suis senti impuissant »

Je me suis fait avoir. Je signe mon contrat à Monaco, avant de partir en Corse. Pourtant j’adore le championnat belge, je le connais bien, j’allais voir souvent des matchs quand j’étais à Dunkerque. Le stade du Cercle de Bruges, c’est quelque chose ! Mais je me retrouve avec des joueurs très jeunes. Trop jeunes. Autant à Tours et à Caen, j’ai fait des erreurs, autant là, je me suis senti impuissant. J’étais malheureux. On demandait des joueurs expérimentés. On a un point de retard quand on démissionne tous, et à la trêve, le club en a 7 ou 8 de retard. Et là, le club recrute des joueurs internationaux ! Et se sauve d’un point. La saison a été mal gérée. C’est un regret. Car c’est un beau championnat. La ville est magnifique et j’aime la rigueur chez les Flamands.

  • Quevilly Rouen (2021) : « Je voulais me challenger »

La ville de Rouen est magnifique. Avec l’expérience, je me suis rendu compte qu’il fallait aussi s’imprégner de l’endroit où on était, prendre du temps pour soi. Du coup, j’allais manger en ville le soir. J’ai un peu plus profité. Au club, j’ai trouvé un climat très favorable et des gens super sympas. Je me suis mis au défi de sauver ce club, je ne pensais qu’à ça, avec un bon staff. A Dunkerque, ça rechignait un peu, mais là, avec William Louiron (il siffle)… ça taffe ! Je ne peux pas oublier QRM, où je fête mes 50 ans, d’ailleurs, ils m’ont offert le maillot avec le numéro 50 ! J’ai perdu mon père en mars, mon épouse m’a rejoint, je joue les barrages, il y a ce match arrêté à Nancy et j’ai eu des petits ennuis de santé aussi. C’était la première fois que je prenais un club en cours de saison. Je savais que j’avais beaucoup à perdre en y allant mais je voulais me « challenger ». J’ai indiqué assez vite au staff qu’il fallait se préparer pour les barrages et je pense qu’on les a bien préparés. A Dunkerque, on a fait courir le bruit que j’avais « perdu » mes joueurs, ça m’a fait mal, c’était faux. A QRM, je n’ai recruté que trois joueurs en arrivant en janvier : j’ai plein de défauts, mais pas celui de ne pas savoir créer un groupe. Si tu es droit avec les joueurs, ils te le rendent bien. Le côté humain est important. Finalement, je me sauve deux fois de suite avec le plus petit budget de Ligue 2 ! Il y a eu le geste à Caen, aussi : là encore, je n’ai pas été bon sur la forme. Pourtant, ceux qui me connaissent m’ont dit que j’avais raison : un gars me traite « d’enc…. », me crache dessus, me rate, et ça atterrit sur mon directeur sportif. Je dois être suspendu, OK. Patrick Vieira, que j’apprécie beaucoup, fait une balayette à un supporter en Angleterre qui lui fait des doigts et pour lui c’est de la légitime défense. Je pense qu’on n’a pas le droit de jeter une bouteille sur Payet, on n’a pas le droit d’aller faire « chier » Vieira ni de jeter des piles sur le gardien de Nancy, comme lors de notre match avec QRM là-bas. Par contre, on a le droit de cracher sur Mercadal ??? Je n’ai pas été éduqué comme ça, à tendre l’autre joue, et je pense que c’est pour ça que j’ai entraîné en Ligue 1. Le voyou, ce n’est pas moi. Les gens de mon village, qui me connaissent, le savent. Il parait qu’à Villefranche, où j’étais en tribune, je me suis fait insulter pendant le match mais comme j’avais les oreillettes, je n’ai rien entendu : mon président, à la fin du match, m’a félicité pour mon comportement, car je n’avais pas réagi, mais je lui ai dit que j’avais les oreillettes !!!

FABIEN MERCADAL, DU TAC AU TAC

« A Gap, les jeunes me surnommaient le fou ! »

– Meilleur souvenir de joueur ? La finale de la coupe des Alpes avec Manosque. On bat le Digne de Boghossian aux tirs au but et je marque le penalty de la victoire ! Derrière, je signe à l’OM !
– Pire souvenir de joueur ? Ma blessure quand j’étais à l’OM en amical contre Istres alors que je devais être titulaire contre Metz en championnat au Vélodrome car il y avait beaucoup d’absents. Je me suis « fracassé » ma cheville … et ma carrière.
– Meilleur souvenir de coach ? Avec les 18 ans Ligue de Gap. Je me souviens de cette relation avec ces jeunes. Quelques années après, l’un d’eux croise mon père au marché à Vinon-sur-Verdon et lui dit, en parlant de moi, « Il nous manque le fou » ! J’étais surnommé le fou !
– Pire souvenir de coach ? La descente avec Caen. La plus médiatisée aussi.
– Un joueur ? Cyril Théréau. On est allé le chercher sur le stabilisé de Laragne à 21 ans.
– Un club ? Un club que je n’ai pas entraîné, le SC Bastia, et que j’ai entraîné, le Paris FC.
– Un style de jeu ? J’aime le foot agressif, dans le sens noble. J’aime jouer vers l’avant, presser, faire mal à l’adversaire. J’aime le foot qui entraîne la foule. J’ai besoin de folie !
– Un but ? Celui de la main de Maradona contre l’Angleterre en coupe du Monde ! Et dans le même match, il marque un des plus beaux buts du siècle. Le foot, c’est le vice aussi !
– Un but casquette ? Avec l’OM, en réserve, je marque contre mon camp. Olmeta s’était fait expulser à Montpellier, Amada Jambay le remplace et sur une action, il rate sa prise de balle, le ballon lui tombe sur le mollet et file doucement vers le but : là, je tacle mais je la mets dans le but ! J’avais la rage contre tout le monde !
– Un stade ? Le stade Jan-Breydel de Bruges. Exceptionnel.
– Un coach ? Mon père. J’aimais sa façon de mettre en confiance ses joueurs. Il savait accrocher les gens. Sinon, en pro, Bielsa : je ne l’ai jamais lâché ! Il a fait du bon boulot à l’OM. Ce que j’aime chez lui c’est son côté secret, mystérieux, et le fait qu’il te donne des émotions. Parfois je ne comprends pas ce qu’il fait, il s’enferme dans ses croyances, c’est ce que j’aime chez lui.
– Une idole de jeunesse ? Je ne suis pas très « idole ». Quand j’étais petit, je préférais partir dans la colline plutôt que d’aller jouer au foot. Je ne suis pas passionné par le foot, je suis passionné par la pratique du foot : il faut que je sois acteur, entraîneur. J’ai besoin d’être dans l’action.
– Une équipe de légende ? Le grand Bastia des années 70.
– Tu parles souvent de Bastia … Ils m’ont déjà contacté par le passé, mais j’avais dit non, comme quoi, on peut aimer et dire non. Je n’ai pas envie de « voler » les clubs. Je ne me sentais pas l’homme idoine à cette période-là, tout simplement.
– Si demain tu n’es plus coach… Je serai chercheurs de cèpes !
– De vrais amis dans le football ? Léandre Chouya, mon agent, et Sébastien Gondouin, qui est à Tours, où il s’occupe des jeunes. Sinon il y a des gens que j’apprécie. Et si certains n’étaient pas joueurs, ce seraient mes amis, comme Malik Tchokounté par exemple, mais il y a encore cette barrière coach-joueur
– Un coach idéal ? Celui qui a la capacité de manager d’Onesta, la passion de Bielsa. J’aime Urios aussi, il est sans filtre : moi ça m’emmerde les filtres. J’ai besoin de vérité.
– Une ville, un pays ? Vinon ou Rapale en Corse. Je serais deux villages plutôt qu’une ville ! Et plutôt qu’un pays, je dirais une région, la Corse.
– Si tu n’avais pas été toi ? J’aurais aimé être Darwin ou Pasteur, quelqu’un qui sert à quelque chose.
– Un livre de chevet ? L’art de la guerre. Le président Ettori me l’avait offert à Tours en pensant que je ne le connaissais pas mais je le connaissais mieux que lui en fait !
– Musique ? En ce moment j’écoute Lavilliers, Carnet de vol. Ma mère m’a prêté le disque.
– Film ? Le grand bleu. Je me sens apaisé quand je me laisse couler dans l’eau. J’aime aller sous l’eau. C’est mon yoga à moi.
– Si tu n avais pas été footballeur ? J’aurais été garde-forestier.
– Une passion (autre que le foot) ? Les collines dans le Verdon, mêmes les autres collines, dans les Hautes-Alpes, vers Gap. Elles sont différentes. Ici, j’ai mes coins à champignons, je me les disputais avec mon père. Quand j’ai signé à QRM, les gars à Vinon étaient contents car du coup, ça leur a laissé quelques chanterelles (rires) ! Je connais bien mes collines ici !
– Le titre de ton livre, ce serait quoi ? J’espère qu’il n’y aura pas de livre sur moi, car je n’aime pas ce côté médiatique, de mise en avant, mais sinon, ce serait « Le résilient ».
– La première chose que tu fais le matin ? Je donne un os à mon chien et j’ouvre les volets : la première lumière qu’il faut voir, c’est celle du jour, c’est un conseil qu’un spécialiste du sommeil m a donné et que je te donne ! Je suis capable de reconnaître un endroit rien qu’en regardant la lumière que le ciel dégage.
– Une appli mobile ? Je n’ai que Facebook, c’est mon fils qui a créé la page, et un peu Linkedin.
– Une émission TV ? Rendez-vous en terre inconnue; celle avec Malik Bentalha était vraiment bien.
– Une couleur ? Le vert pour le Verdon et le bleu du ciel.
– Une boisson, un Plat ? L’eau pétillante corse Orreza et un plat de chanterelles, un truc simple.
– Un animal ? Ma chienne Maya, un Jack Russel.
– Un héros de science fiction ? Hulk ! On m a souvent dit que je lui ressemblais quand je m’énervais.
– Qualités, défauts ? Impulsif. Et fiable, comme une Skoda !
– Dernière folie ? Je me suis acheté un 4 x 4 pour aller dans la colline à 5 000 euros !
– Des tocs, des manies ? J’en ai pas mal, comme le pain à l’envers, pas d’habit neuf le vendredi…
– Une devise ? J’aime celle de Dunkerque, « Contre vents et marées », ça me correspond, et celle de Kipling, « Tu seras un homme mon fils ». Grâce à ce poème, tu peux te remobiliser à n’importe quelle période de ta vie.
– Tes rêves ? Que mes enfants soient heureux.
– Tes erreurs ? Toujours à cause de mon impulsivité. Dans le foot, il faut savoir se vendre, et je ne sais pas le faire. Je préfère dire ce que je pense, quitte à déplaire, même si je sais que, parfois, il vaudrait mieux mentir dans ce milieu. Ce qui me fait mal, c’est l’image que les gens qui ne me connaissent pas ont de moi. On me fait passer pour un mec qui ne respecte personne. On a donné une image de moi qui est erronée.
– Tes satisfactions ? Etre apprécié par les gens qui me connaissent vraiment.
– La différence entre le milieu du foot amateur et le milieu pro ? En fait, c’est le même sport, ce sont les mêmes contraintes sportives. Quand tu es entraîneur, tu t’investis totalement, sauf qu’en amateur, tu dois composer avec des joueurs qui, parfois, bossent à côté. Si je pourrais retourner en amateur ? Oui, même s’il y a ce souci de l’exigence, qui n’est pas le même en L1 ou en Régional 2. Mais la grosse différence, c’est le côté médiatique. Avec la presse locale, on arrive à avoir plus de connexions, ils sont moins tueurs. A Caen, j’ai trouvé que les médias nationaux survolaient le truc. Pour moi, il doit y a un aspect éducatif aussi, en plus de l’aspect économique. Aujourd’hui, des articles de Voici, ça ne m’ intéresse pas. Je n’ai pas trouvé le milieu des médias nationaux honnête. Y’a très peu d’articles de fond. C’est Facebook. Ma maman était journaliste à La Marseillaise. Elle m’a toujours dit que les journalistes, ils écrivent souvent ce que les gens veulent lire. Je ne mets pas tous les journalistes dans le même sac. Sans être supporter, le journaliste peut être bienveillant. A Tours, j’avais un journaliste qui me posait toujours la même question : « Comment faites-vous pour travailler avec ce président ? »…
– Le milieu du foot ? C’est un monde capitaliste où l’argent est au-dessus de tout, même si j’en profite, c’est vrai, mais pas à n importe quel prix; je n’ai jamais pris un euro sur un transfert d’un joueur et je n’ai jamais tourné autour d’un stade quand le coach était menacé, même à Dunkerque, mais là, j’habitais à côté su stade, j’y allais en supporter, et le coach n’allait pas se faire virer ! Ce sont les gens qui ont interprêté les choses. On m’a appelé quand le coach n’a pas été conservé. Et y’a eu une réflexion pour y aller. Les vrais « voyous » ce sont ceux qui font ça. Moi, j’aime le jeu, les joueurs, le management. Pas le milieu du foot.

Textes / Anthony Boyer

Photos DR (sauf mention)