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Davy Ngoma : « En France, je ne trouvais pas ce que je voulais »

Formé à l’Amiens SC, l’attaquant Davy Ngoma a connu un début de carrière tellement tourmenté qu’il en a fait une dépression. Après avoir rebondi au Luxembourg, il s’épanouit aujourd’hui en SuperLiga Roumaine, au FC Hermannstadt.

Une formation à Amiens, un tour de France de plusieurs saisons des clubs de N2 et N3 sans s’y imposer, la République Tchèque puis le chômage et la dépression avant un rebond au Luxembourg. À 28 ans, l’attaquant francilien – il est né à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines – Davy Ngoma a connu une carrière parsemée d’embûches. Mais il n’a jamais renoncé. Il évolue désormais au FC Hermannstadt en 1ère division roumaine, où il est pleinement épanoui. Il est revenu en toute franchise sur son parcours pour 13 heuresFoot.

« Dans le foot, on te juge aussi sur les apparences »

Technique, rapide et explosif sont les premiers mots qui viennent lorsqu’on voit Davy Ngoma jouer. C’est lors d’un match de Gambardella en U19 avec le CS Brétigny que le Mantois de 28 ans se fait repérer par son adversaire du jour, l’Amiens SC. « Ils ont pris contact avec mon club pour que j’aille faire un essai chez eux. »

Issu de la même génération que Tanguy Ndombélé, le Francilien s’engage avec le club picard où il jouera trois saisons. « Je n’avais pas tous les codes. Pour moi, le foot, c’était le meilleur qui joue et ça s’arrête là, tu fais bien ton boulot, tu restes focus. Mais il y a plus que ça. Dans le foot, il y a beaucoup de paramètres que tu ne maîtrises pas forcément : bien s’entendre avec tout le monde, l’esprit de groupe, le savoir vivre, faire attention à ta manière de parler, comment tu t’habilles, le regard des autres. On regarde tout dans le foot, même ta coupe de cheveux peut te porter préjudice. On ne te juge pas que sur tes qualités de footballeur mais aussi sur ton apparence. »

En trois ans, il n’effectue qu’une seule apparition en équipe première, en National, lors de la dernière journée de la saison 2014-15 au Red Star (3-3), quand il rentre à la 87e minute. En fin de contrat et en manque de temps de jeu, il décide de partir à l’été 2016.

« J’ai fait ma première dépression. Je ne dormais plus, manger était compliqué »

Entre 2016 et 2021, le franco-congolais effectue un mini-tour de France : Epinal (National), Tarbes (N2), Bourges 18 (N3), Avoine-Chinon (N3), Canet-en-Roussillon (N3), il ne parvient pas à se stabiliser ni à vraiment s’imposer dans un club. « Je ne trouvais pas ce que je voulais. Ce n’était pas un plaisir pour moi de changer de club chaque année mais je pense qu’on ne se stabilise que quelque part quand on est à l’aise sur et en dehors du terrain. À Canet-en-Roussillon (15 matchs, 1 but) ça s’est bien passé. La première saison, le championnat a été arrêté par la Covid mais on a été champions de N3. La deuxième saison, il y a eu un changement de coach et c’est la que j’ai cassé mon contrat. »

Pendant plusieurs mois, il reste sans club. Mais en février 2021, Davy s’envole en République Tchèque pour signer son premier contrat professionnel au FK Blansko, club de 2e division : « J’ai rencontré de supers préparateurs physiques, Fabrice Numeric et David Saban, qui sont devenus des proches. Parmi eux, il y en a un qui avait joué dans les pays de l’Est et qui avait un contact en République Tchèque. C’est comme ça que j’ai pu effectuer un essai au FK Blansko. »

Après 12 matchs, 2 buts et seulement 5 mois passés au club, Davy décide de rompre son contrat en juillet 2021. « J’ai rencontré, par l’intermédiaire d’un ami à moi, une agente qui devait m’aider à me libérer de mon contrat. Elle parlait tchèque. Par la suite, elle m’a vendu monts et merveilles. Le temps de m’apercevoir de la supercherie, le mercato estival était déjà fermé. »

« La coupe d’Europe c’est exceptionnel, c’était une victoire pour moi »

Une mauvaise rencontre et le jeune attaquant se retrouve sans club à 25 ans. Cinq mois après l’euphorie de la signature de son premier contrat professionnel, il doit faire face à la dure sévérité du monde du football. « Psychologiquement, cette période était très dure. C’est la pire que j’ai vécue jusqu’à aujourd’hui. J’ai fait ma première dépression. Je ne dormais plus. Manger était compliqué. J’étais perdu dans mes pensées. Plus de football, plus d’argent, plus rien. C’était le retour à cette réalité que j’avais quittée. Malgré tout, tu t’entraînes, ça m’a fait du bien d’être accompagné psychologiquement par mes préparateurs physiques. J’essayais d’être la meilleure version de moi-même. Je ne le faisais pas pour quelqu’un d’autre, je le faisais pour moi. »

Après six mois de travail acharné sans club, le coup de fil salvateur lui vient du Luxembourg. « Un jour, un agent m’appelle et me propose d’aller faire un essai au RacingvFC Union Luxembourg. Avant ça, j’ai pu discuter avec le directeur sportif de l’époque, Ilies Haddadji, et le projet de jouer la coupe d’Europe m’a beaucoup excité. J’ai foncé. »

En janvier 2022, Davy Ngoma découvre le championnat luxembourgeois. « J’ai eu de la chance de trouver de la stabilité là-bas. Mentalement et dans mes finances, j’étais à l’aise, j’avais la paix. Donc j’ai pu prendre le temps de développer ma personnalité et travailler sur l’homme. Ensuite, j’ai laissé parler mon football. »

« La Roumanie, c’est l’opportunité que j’attendais »

Vainqueur de la Coupe du Luxembourg cette saison-là, (blessé, il n’a pas disputé la finale face à Dudelange), le Racing Luxembourg se qualifie pour les barrages de la Conférence League. Mais il est éliminé par le FK Cukaricki (Serbie). « La coupe d’Europe était une expérience exceptionnelle. C’était une grosse victoire pour moi. Quand j’arrive au Luxembourg, je n’ai pas joué depuis 6 mois, c’était compliqué. Du coup, je joue, mais je me blesse, je me fais une entorse du genou. Ce n’était pas facile. C’est arrivé juste avant la fin de saison et je sais qu’on va jouer la coupe d’Europe… Je suis en vacances à Punta Cana, je m’entraîne trois fois par jour à la salle, je voulais à tout prix revenir en forme et jouer donc je m’en suis donné les moyens. C’était une belle revanche pour moi. L’atmosphère de la coupe d’Europe est magique. »

Au Luxembourg, l’attaquant enchaine les matchs et réussit la meilleure saison de sa carrière sur le plan statistique (28 matchs, 7 buts en 2022-2023). Davy n’a alors qu’un seul objectif en tête : retrouver le monde professionnel qu’il avait quitté 2 ans plus tôt.

L’opportunité se présente à lui en Roumanie. « Quand un club de SuperLiga est venu, je n’ai pas hésité une seconde. C’était l’opportunité que j’attendais. Sportivement c’était la meilleure offre que j’avais sur la table. »

En août 2023, le Francilien s’engage dans l’élite roumaine au FC Botosani. Il enchaîne les matchs (9) et les bonnes performances pendant six mois avant de signer à la trêve hivernale au FC Hermannstadt. « Quand un club du haut de tableau comme ça vient te chercher, tu ne peux pas refuser. Le football roumain est un football physique, mais surtout très technique. J’ai été surpris du niveau technique des joueurs. » Avec déjà 13 matchs disputés en SuperLiga, l’attaquant ne compte pas s’arrêter là. « Le football est très complexe. Il y a beaucoup d’aspects à maîtriser. Je pense que j’ai éclos en mon temps. J’ai un seul objectif : devenir la meilleure version de moi-même et je verrai bien où ça me mènera. »

Davy Ngoma, Du tac au tac

« En Roumanie, c’est physique et surtout technique »

Ton meilleur souvenir sportif ?
Quand j’ai signé mon premier contrat professionnel au FK Blansko (République Tchèque).

Ton pire souvenir sportif ?
Mon passage à Tarbes : j’ai fait un mois et demi là-bas, ils ne voulaient plus me payer et le président m’a insulté.

T’as marqué combien de buts dans ta carrière ?
Aucune idée ! Je n’ai pas compté !

Ton plus beau but ?
Avec le Racing Luxembourg contre Le Progrès Niederkorn, je récupère la balle, passement de jambes et frappe pleine lucarne ! C’était le but de l’égalisation à 1-1. Mais c’est super dur de marquer des buts ! Je peux t’en citer d’autres (rires).

Ton poste préféré sur le terrain ?
Ailier droit.

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
C’est ce qui me procure le plus de plaisir.

Ton geste technique préféré ?
Le passement de jambes.

Tes qualités et défauts sur un terrain ?
Mes qualités : la technique, la vitesse, la vision du jeu. Mes défauts : mon jeu de tête (rires).

L’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Au Racing Luxembourg.

Le club où tu rêverais de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Au Milan AC.

Un match qui t’a marqué ?
Mon premier match en professionnel, en République Tchèque.

Un coéquipier qui t’a marqué ?
Il y en a plein (rires) ! Mais je dirais Alexandre Laurienté que j’ai côtoyé au Racing Luxembourg et Tanguy Ndombélé avec qui j’ai joué à Linas Montlhéry et Amiens.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Artur Abreu… Incroyable ! Quand je jouais au Racing, il jouait à Petange; actuellement il est à Differdange.

Un coach que t’aimerais revoir ?
William Prunier, il m’a entraîné à Canet-en-Roussillon.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Tanguy Ndombélé.

Une devise, un dicton ?
« A quoi bon gagner le monde si c’est pour perdre ton âme ? »

Tu es un joueur plutôt …
Calme et fou !

Un modèle de joueur ?
Thierry Henry.

Une idole de jeunesse ?
Je n’en avais pas.

Un plat ?
Alloco Pondu Crevette.

Tes loisirs ?
Passer du temps avec mes proches.

Film culte ?
La vie est belle.

Le milieu du football en deux mots ?
Rebondissement et compliqué.

Le championnat roumain en deux mots ?
Physique et technique.

 

Texte : Olesya Arsenieva / Twitter : @ArseneviaO

Photos : DR

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