Le président de Bourg-en-Bresse (National) revient sur son arrivée en 2021 et se montre offensif à l’égard de l’ancienne direction qui a, selon lui, « caché des choses ». Il porte un regard lucide sur son ancien métier, et assure avoir tourné la page, et aussi sur de nombreux sujets qu’il évoque avec un certain recul.
C’est peut-être l’âge qui veut ça. Quand on a 50 ans, on fait le bilan ! David Venditelli (il en a 52 aujourd’hui) est devenu l’actionnaire majoritaire du FBBP01 en juillet 2021, à tout juste 51 ans, un âge où certains se posent des questions ou veulent changer d’activité. Non pas que son ancienne activité ne fonctionnait pas, loin de là – il a fondé à l’âge de 29 ans la société Score Agencies, dont il était à la fois actionnaire majoritaire, président et « acteur » avec son métier d’agent de joueurs dans le milieu du football -, simplement, il a vu l’évolution du milieu qui, conjuguée aux sollicitations et au désir d’apporter quelque chose, de se servir de cette expérience, lui ont fait franchir le pas.
Extrêmement discret dans les médias, une caractéristique née sans doute de son ancienne profession qui l’obligeait à oeuvrer de cette manière, dans l’ombre (il fut notamment l’agent d’Eric Abidal, Kurt Zouma, Christophe Galtier ou encore Alexandre Lacazette, pour ne citer que les plus connus), David Venditelli a accepté de se livrer comme sans doute il ne l’a jamais fait auparavant.
Administrateur de plusieurs entreprises, David Venditelli évoque son arrivée à Bourg en juillet 2021 où, dit-il, « Si j’avais su, je ne serais pas venu », ou tout du moins, « j’aurais procédé différemment ». Et bing !
Des regrets ? Aucun. Juste des constats. Et là, le Lyonnais, qui a fréquenté le centre de formation de l’OL dans ses jeunes années avant d’embrasser une carrière amateur en National et en CFA (Lyon-Duchère, Besançon, Saint-Priest et aussi Chasselay en DH), est sans concession.
Comment passe-t-on du métier d’agent à celui de président d’un club de National ?
C’est une succession d’opportunités et de sollicitations. J’avais déjà été sollicité en 2019 avant la Covid. On m’avait sondé pour voir si j’étais ouvert ou disposé à entrer dans un club, et c’est vrai qu’à partir de ce moment-là, ça a suscité une interrogation chez moi. Même quand j’exerçais mon métier d’agent, avec la société que j’avais créée en 1999 avec un associé, et dans laquelle j’étais actionnaire majoritaire, j’avais toujours voulu fonctionner en entreprise. On avait été à l’époque la première agence française à apporter tous les services dont pouvaient avoir besoin les joueurs pendant et après leur carrière. En 1999, il y avait une certaine mentalité, une certaine idée aussi de l’approche sportive autour des joueurs de football, mais au fur et à mesure, on a vu que la valeur ajoutée qu’il pouvait y avoir entre un conseiller par rapport à un autre n’était plus le critère numéro 1 du choix, mais plutôt une course à la surenchère économique. Je suis parti de cette réflexion-là, de cette interrogation qui m’a amené à me dire « pourquoi pas ». Et j’ai eu l’opportunité avec Bourg-en-Bresse, après la Covid, d’intégrer le capital du club.
« Il y a des choses surprenantes en France liées au métier d’agent »
Au départ, président, ce n’était pas forcément votre volonté…
Ce qui m’intéressait, ce n’était pas tant de prendre la présidence, en effet, mais de mettre un place un projet sportif, de voir aussi si toutes mes années passées sur les terrains – J’ai été joueur, je suis passé par le centre de formation de l’OL, j’ai eu des sélections nationales de jeunes -, si tout ce que j’avais pu emmagasiner dans le football, pouvait servir, si j’avais des idées intéressantes à mettre en place. La présidence est venue naturellement, mais ce n’était pas une ambition chez moi. A Bourg, je suis arrivé avec un partenaire économique mais il est reparti immédiatement… Parfois, les gens qui ne connaissent pas l’environnement du foot commencent à avoir des paillettes dans les yeux, et se disent qu’avec quelqu’un comme moi, qui a côtoyé le haut voire le très haut niveau grâce aux joueurs et aux clubs avec lesquels j’ai collaborés, et qui m’ont fait confiance, eh bien ils vont pouvoir manger une part du gâteau plus grande que la mienne. Sur le principe, ça ne me dérange pas, sauf que ce n’était pas convenu comme ça au départ, dans les accords écrits. Du coup, on a dû mettre fin à notre collaboration avant même qu’elle ne démarre, et c’est comme ça que je me suis retrouvé à la tête du club. Donc voilà. C’est un constat sur mon métier d’agent et une opportunité qui m’ont conduit à Bourg.
Vous évoquez l’évolution du métier d’agent, de l’entourage, mais il a changé à ce point ?
Oui, et ce n’est pas de la faute des joueurs ou des familles, c’est juste que les générations ont changé. J’ai pris de l’âge aussi. Quand j’ai commencé, j’avais 29 ans, et quand je m’adressais à des joueurs de 16 ou 17 ans pour leur parler de football, on était axé sur leur évolution sportive. Ce n’est pas pareil lorsque l’on a 49 ou 50 ans, car forcément, il y a un décalage générationnel. Donc oui, j’ai eu envie de faire autre chose, même s’il y a encore des familles très intéressantes dans le football, qui accompagnent bien leurs enfants. Il ne faut pas faire de généralités, mais il y a tout de même des choses surprenantes liées au métier d’agent, surtout en France.
Vous disiez avoir été sollicité en 2019, avant la Covid : c’était déjà pour entrer au capital d’un club ?
Non, c’était des sollicitations pour intégrer une cellule de recrutement ou en prendre la direction. L’idée que j’avais, si je n’avais pas fait cette opération-là avec Bourg, c’était de rester dans mon agence et de proposer de nouveaux services aux clubs de L1 et surtout de L2, afin d’externaliser une grande partie de leur recrutement, avec un interlocuteur propre aux clubs.
« La fibre entrepreneuriale, c’est familial »
Cette fibre entrepreneuriale, peut-on dire que c’est une vocation chez vous ? Vous avez de qui tenir…
Avant le football, j’ai travaillé dans le monde de l’entreprise, notamment dans le groupe familial, les transports Venditelli. C’est vrai que je suis issu d’une famille d’entrepreneurs, mon grand-père et mon père ont commencé comme chauffeur-routier, puis la société s’est développée, mon frère y a travaillé aussi avant moi. On y a vécu une aventure professionnelle et familiale extraordinaire. Cela m’a permis de voir autre chose que le foot et de découvrir le monde de l’entreprise de l’intérieur; ça m’a aussi beaucoup apporté dans l’accompagnement des joueurs : par exemple, ça permet de relativiser certains de leurs problèmes et d’avoir un recul nécessaire sur la qualité des contrats qui sont proposés, parce que la vraie vie, je la connais, alors que quand j’étais au centre de formation de l’OL, je ne la connaissais pas. Donc voilà, je pense que la valeur ajoutée que l’on apportait aux joueurs avec ma société d’agents, c’était celle-ci.
Au FBBP01, vous êtes venu avec votre frère Philippe : c’est important de l’avoir à vos côtés ?
Au travers de ma société DV Invest, on est rentré, avec mon frère, dans le capital du FBBP01. Alors oui, c’est important de l’avoir avec moi, car il a encore plus de recul sur nos opérations; de plus, il siège au Conseil d’administration de beaucoup d’entreprises, donc il a une vraie expertise là-dedans, c’est une sécurité pour moi, notamment dans la réflexion stratégique que j’ai à mener. On a 5 ans d’écart. C’est mon aîné. On a déchargé les camions ensemble, on a livré ensemble, on est allé voir les entraînements à Gerland à vélo ensemble quand on était gamins. Et on a la fibre entrepreneuriale, c’est dans nos gênes, dans notre ADN.
« Si j’avais voulu faire ce que certains ont pensé que j’allais faire… »
L’image de l’agent n’est pas très bonne, vous le savez…
L’image de « l’ancien agent » n’est pas forcément valorisante, c’est vrai. Mais j’étais actionnaire majoritaire et Directeur général de la société d’agents, et effectivement, j’avais cette « connotation » d’agent, c’est là que j’en reviens à l’image de la profession : à juste titre en France, et j’insiste sur le « à juste titre », son image n’est pas bonne, qu’il soit en activité ou qu’il ne le soit plus. Je ne sais pas si c’est culturel mais à l’étranger, on voit bien que les regards ne sont pas les mêmes, que les relations avec les structures qui accompagnent les joueurs sont différentes. L’image de l’agent fait peur en France parce que ça travaille mal. Le métier a été décrié, mais ce qui me pose un problème, c’est lorsque les médias mettent en avant certains agents qui n’ont pas de joueur ou pour certains qui ont un casier judiciaire… Donc à partir de là, on ne peut pas parler de valorisation de l’image du métier en mettant en avant des personnages comme ça.
Ne souffrez-vous pas de l’image de « président-agent », ou de « l’ancien agent devenu président » ?
Dans mon nouveau métier, dans ma nouvelle fonction au FBBP01, je n’en souffre pas, non, mais je sais par la Fédération que des confrères ont envoyé des courriers pour savoir si ce que j’étais en train de faire à Bourg-en-Bresse était bien légal. Cela m’a valu une convocation à la FFF avec mon avocat, pour expliquer ce que j’étais en train de faire, sachant qu’en amont, j’avais déjà écrit au service juridique de l’instance en leur exposant ma situation et mon projet. Le plus décevant, c’est de s’apercevoir que ces courriers émanent de certaines personnes que l’on croise le vendredi soir en match et qui vous serrent la main. Je le dis, tous les joueurs que l’on a accompagnés avec mon agence ne viennent pas au FBBP01 et ne viendront pas au FBBP01. Même si j’aurais aimé voir Alexandre Lacazette en attaque et Christophe Galtier sur le banc (sourire…). Il ne faut pas tout mélanger. J’ai tourné la page, mais vous avez raison, l’image de « l’ancien agent », ça interpelle les gens. Vous savez, sur l’aspect économique, j’ai plus perdu que gagné pour l’instant : si j’avais voulu faire ce que certains ont pensé que j’allais faire, je serais resté dans mon agence, j’aurais mis en place, comme font beaucoup de clubs mal intentionnés, un président et des actionnaires, comme ça j’aurais pu faire les deux activités, j’aurais pu conseiller de prendre des joueurs de mon agence, mais là, je n’aurais pas été dans la légalité, alors que j ai tout fait pour l’être. Mais voilà, il y a toujours des interrogations et des délations. Pendant 20 ans, la FFF m’a questionné. Aujourd’hui, cela me coûte beaucoup d’argent, parce que c’est le modèle économique des clubs de National qui veut ça; je ne suis pas le seul président dans ce cas-là. Je prends plus de coups qu’autre chose, mais je ne m’arrête pas à ça.
« Mon arrivée à Bourg a été mal préparée »
Vous êtes à la tête du FBBP01 depuis un an et demi : qu’est-ce que cela vous inspire ?
Si c’était à refaire, et je ne dis pas ça par rapport à Bourg-en-Bresse, je n’irais pas. Parce que mon arrivée à été mal préparée, mais là, c’est de ma responsabilité. En tout cas, je n’irais pas comme ça, aussi peu accompagné, sans structurer mon arrivée. Il existe une deuxième raison : on nous a cachés tout ce qui était possible de cacher, à tel point qu’aujourd’hui nous sommes en réflexion avec nos avocats, parce qu’il s’est passé des choses inadmissibles avant notre arrivée, mais ça, malheureusement, je ne pouvais pas le savoir avant. Nous sommes en train de travailler pour réparer les erreurs du passé alors que je suis venu pour un projet futur. C’est ça qui est très difficile. Donc, si je devais refaire quelque chose un jour, ailleurs, je ne le referais pas comme ça. Je mettrais un point d’honneur à être meilleur dans la préparation de mon arrivée, parce que, encore une fois, c’est moi le responsable. L’audit que nous avons réalisé serait beaucoup plus pertinent. J’ai aussi appris…
Qu’avez-vous appris ?
On apprend énormément quand on est à la tête d’un club. Il y a autre chose qui est difficile dans l’appréhension d’un projet comme celui-ci, c’est le domaine sportif, qui représente seulement 10 ou 15 % du boulot; le reste, ce ne sont que des ennuis, des soucis, mais tous les présidents ont ce même problème. Tout cela ne m’empêche pas de mettre en place mon projet. A Bourg-en-Bresse, on est en train de faire un travail remarquable au niveau de la partie commerciale pour repartir au contact des acteurs économiques, de la communauté d’agglomération, du département, car ils ont été snobés quand le club était en Ligue 2, lorsque le club vivait sous perfusion des droits TV. Nous, on veut se rapprocher des acteurs économiques, regagner leur confiance : on sait que ce sera long, c’est un gros travail. Mais nous avons des satisfactions tout de même, je pense à nos 17 ans Nationaux, 3es de leur poule, ou à nos 19 ans Nationaux, qualifiés pour les 32es de finale de Gambardella (l’entretien a été réalisé juste avant l’élimination aux tirs au but contre Torcy, Ndlr). Avoir ces deux équipes au niveau « national », ce n’est pas rien : c’est un petit pan de mon projet qui est d’intégrer des jeunes dans le groupe de l’équipe première. Regardez Amine El Ouazzani qui est parti à Guingamp en L2 : quand on est arrivé au club, il s’entraînait le soir avec la réserve; c’est une vraie satisfaction. On a d’autres jeunes dans le groupe de l’équipe première, que l’on a fait grimper l’été dernier.
Vous attentiez-vous à ce que ce soit aussi difficile pour l’équipe en National ?
Le National… Tous disent la même chose : on n’a pas les moyens économiques de tout assumer et pourtant on a les mêmes frais qu’en Ligue 1 ou qu’en Ligue 2. On va à Borgo, on va à Dunkerque, on traverse la France. Tout le monde dit « Oui, c’est vrai, on n’est pas assez aidé », ok, mais personne n’appuie sur le bouton. Il faut que l’on se mette autour de la table pour essayer d’aider ce championnat. Des cinq grands pays européens de football, la France est la seule à ne pas reconnaître le National comme professionnel ! Pour autant, quasiment la moitié des clubs sont professionnels et affrontent des clubs amateurs où il y a aussi des joueurs salariés. Ensuite, et ça c’est de notre responsabilité, on doit se battre sur les droits TV du championnat National. Aujourd’hui, il n’y a pas de valorisation à faire sur le National, car il y a une telle commercialisation du football, une telle offre, que les gens ne vont pas se battre pour regarder du National à la télé; sauf peut-être des matchs à enjeu en fin de saison. Donc l’approche doit être différente : est-ce que le football français a intérêt à avoir un National très fort ? Je pense que oui. On l’a vu en coupe du Monde, avec beaucoup de joueurs dans des sélections nationales qui sont passés par le National. On en voit d’autres en France, qui sont venus alimenter des clubs de Ligue 1 et Ligue 2. Aujourd’hui, les clubs de L1 et de L2 préfèrent que leurs jeunes aillent jouer en National plutôt qu’en N2 voire en N3. Le football français doit soutenir ce championnat. Pour ces jeunes joueurs et pour alimenter le football professionnel. Encore faut-il que tous les acteurs aient envie de le faire.
Vous dîtes cela, parce que vous êtes en National : mais tiendriez-vous le même discours si vous étiez à la tête d’un club de L1 ou de L2 ? Auriez-vous envie d’aider le National ?
Justement, oui. Lorsque je suis arrivé ici, voilà ce qu’on m’a dit « tout est prêt pour avoir un centre de formation à Bourg-en-Bresse, il faut juste remonter en L2 et reprendre le statut pro », etc. Sauf que c’est une aberration pour un club comme Bourg-en-Bresse d’avoir un centre de formation avec 35 ou 40 stagiaires, parce que ça coûte beaucoup trop d’argent. Et sans manquer de respect pour eux ou leurs familles, ceux qui viendront à Bourg seront là parce qu’ils n’auront pas été pris à Lyon ou à Saint-Etienne, Grenoble, Annecy ou Clermont, ça veut dire qu’on serait le 5e ou 6e choix. Et vendre du rêve à des jeunes pendant des années, pour qu’à 18 ou 19 ans ils aillent faire un autre métier, ce n’est pas ce que je veux. Je ne veux pas vendre du rêve. Mais je veux les accompagner. C’est pour cela que si j’étais en Ligue 2, je me tournerais plus vers le National, qui est un championnat nettement supérieur au N2, de par son intensité ou la qualité des joueurs. J’irais vraiment recruter en National, je prêterais des joueurs ou j’en recruterais, plutôt que de mettre en place un centre de formation qui, de toute façon, coût trop cher au club.
Vous n’êtes pas né de la dernière pluie pourtant… Toutes ces difficultés, vous saviez que vous alliez les rencontrer…
Si je vous ai dit OK pour cet entretien, c’est pour parler, et sans langue de bois. Quand je fais réaliser un audit et qu’on me cache que, en cas de perte du statut professionnel, le bail emphytéotique que l’on a devient caduque, et que je le découvre il y a seulement quelques mois, alors que ni la société mandatée pour réaliser l’audit, ni les avocats du club, ni la ville, ni l’agglo, ni l’ancien président n’étaient au courant… Pourtant, comme vous dites, j’ai le sentiment de ne pas être né de la dernière pluie. Et quand je découvre aussi qu’au niveau social, il s’est passé certaines de choses, et là pour le coup je vais faire de la langue de bois pour protéger les anciens salariés, je ne peux pas le savoir. Il se passera ce qu’il se passera après ma déclaration, et il y a énormément de choses… Quand on nous présente dans l’audit une activité commerciale avec un chiffre d’affaire « sponsoring » mélangé avec de l’échange de partenariat, il y a un vrai impact sur la trésorerie. Alors oui, on a signé une garantie d’actif et de passif (GAC) que l’on va certainement actionner, voilà, encore une fois, j’ai une grande part de responsabilité, mais je pense que l’on nous a cachés des choses volontairement, et je pense très franchement que cela ne vient pas de l’ancien président, mais plutôt de l’ancien directeur général, et là, j’ai des preuves à l’appui. Cette personne a fait du mal au club. mais ce n’est pas le moment de régler les problèmes avec lui.
Aujourd’hui, selon vous, quelle est la réelle place du FBBP 01 ? Doit-il devenir un club pro ou rester un bon club amateur ?
C’est également la question que je me pose, que l’on se pose avec les collectivités : qu’est ce que l’on veut faire du FBBP01 et du football dans l’Ain ? Je n’ai pas la réponse. Est-ce que je me suis trompé de cible ? Cela voudrait dire qu’il n’y a pas la place pour le football professionnel à Bourg et mettre en place nos idées : c’est possible, je ne le sais pas. Je ne sais pas si le FBBP01 est un très joli club amateur ou si il peut devenir un club référent dans le monde professionnel. On a aussi un problème, c’est le stade Verchère, qui est le terrain du rugby, car vous le savez, Bourg est une terre de rugby et ça, il faut le respecter. Néanmoins, l’évolution du stade Verchère a été faite grâce au foot, qui a dû s’adapter au cahier des charges de la Ligue de football professionnel quand il est monté en Ligue 2, et là, la ville de Bourg-en-Bresse, la communauté d’agglomération ont joué le jeu en le réhabilitant. Aujourd’hui, effectivement, le rugby fait plus de monde que le foot et parvient mieux à valoriser et optimiser le stade Verchère, qui est un très beau stade. On a vraiment de belles installations avec Péronnas aussi, où on a un joli centre d’entraînement, qui coûte cher, certes, mais qui n a rien à envier à des clubs de Ligue 2. C’est évident, à Bourg, on a l’outil pour être en Ligue 2, mais après, est-ce qu’on a la mentalité, tous ensemble, pour y être ? Je ne sais pas.
Géographiquement, le club souffre-t-il de sa position excentrée à l’Est ?
Non, quand on dit que Bourg est entre Lyon et Genève, ça parle tout de suite aux gens, d’ailleurs, on est en train de discuter avec des partenaires étrangers qui situent le club, voilà, après, on est dans une région qui bouge sportivement : dans l’Ain, il y a quatre clubs professionnels, très proches les uns des autres, avec Oyonnax et Bourg en rugby, la JLB basket et nous. Cela fait une grosse concurrence tout de même.
Sportivement, quand vous regardez le classement du National, n’avez-vous pas peur (*) ?
Si, mais toutes les équipes, tous les présidents vont répondre la même chose : on se projette sur le money-time, et il faudra voir à quel niveau de fraîcheur on sera à ce moment là, sauf que cette année, tout le monde joue quelque chose, alors évidemment, si on regarde derrière, la peur du vide peut devenir paralysante, donc il faut faire attention à ça. On regarde toujours devant, du moins c’est ce que l’on essaie de faire. En fait, il y a deux façons de voir les choses, deux politiques : pendant deux ans, on fait le strict minimum pour assurer le maintien en espérant que ce championnat devienne professionnel avec la Ligue 3, sachant que ce sont deux saisons à 6 descentes. Ou bien c’est de se dire que c’est justement le moment de monter en Ligue 2 parce que, après, avec seulement deux descentes de Ligue 2 en National, on aura plus de chance de se maintenir. C’est aussi pour ça que je suis agréablement surpris en National de voir les investissements que les clubs ont consenti cette saison pour construire leur effectif : ça donne un championnat avec de belles équipes. L’objectif, de toute façon, c’est de redevenir un club pro, soit en accédant en L2, soit en misant sur l’espoir de voir le National se transformer en L3. Si le professionnalisme passe par la Ligue 3, et même si je ne suis pas venu pour ça, on prendra aussi !
Vous avez vu, je ne vous ai pas parlé du coach Alain Pochat…
J’ai répondu à vos questions ! C’est vous qui avez choisi les sujets (rire) !
Vous l’avez conforté à Noël, donc le sujet est clos…
Exactement. Vous savez, la difficulté quand on arrête avec un entraîneur, au delà de l’aspect humain – ce n’est jamais un plaisir d’arrêter une collaboration avec un entraîneur -, c’est de savoir qui peut le remplacer et si on a des certitudes que ça ira mieux avec un autre ? On sait ce qu’on a, on connaît Alain Pochat, on va continuer ensemble. Après, cela m’amène à une vraie réflexion sur le statut de l’entraîneur qui, à mon sens, est aussi à repenser. Aujourd’hui, un entraîneur, il pense à sa carrière, à juste titre, il a des contrats de très courte durée, ce qui amène de la précarité. C’est donc difficile pour lui de s’inscrire dans un projet club car il a son propre projet à l’intérieur d’un autre projet. Il y a une grande réflexion à mener : les CDD sont-ils une bonne chose ou pas ? Est-ce que ce n’est pas mieux de les sécuriser au niveau contractuel ? Peut-être alors qu’ils intégreraient un peu plus le travail en collaboration avec la direction sportive et générale, car il y aurait cette garantie contractuelle. Je ne dis pas qu’il faille le faire systématiquement, mais c’est à étudier.
(*) Avant la 17e et dernière journée de la phase aller ce soir, le FBBP 01, qui recevra le leader Concarneau lundi 16 janvier au stade Marcel-Verchère, à 21h (en direct sur Canl + Sport), est 9e au classement avec 20 points et un match en retard à Dunkerque, à seulement 2 points devant le premier relégable, Villefranche.
Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 (et aussi @13heuresfoot)
Photo de couverture : LPP Sport
Photos : FBBP01, LPP Sport, Vorillon photography,