Dans le laboratoire de Cédric Rullier à Rumilly-Vallières

L’entraîneur du promu haut-savoyard en National 2, qui a passé 12 ans à Chambéry, est un « chercheur » en ébullition permanente et en quête de progression : ça tombe bien, son club, qui respire la sérénité, aussi ! Son credo : travail, plaisir et intensité.

Par Anthony BOYER / Photos : 13HF et GFA Rumilly-V.

Avec son adjoint Damien Guerrier.

Il faudra sans doute attendre encore un peu avant de savoir où se situera exactement le GFA Rumilly-Vallières en N2 cette saison. Mais après deux matchs de championnat (succès 3-1 face à Toulon et match nul 2-2 à Cannes après avoir mené 2 à 0), l’on peut d’ores et déjà parier que l’équipe de Cédric Rullier sera bien plus qu’un poil à gratter. Surtout que, après une saison exceptionnelle en National 3 (17 victoires, 7 nuls et seulement 2 défaites, 54 buts marqués, 22 encaissés, 2e meilleur bilan des onze poules réunies derrière Poitiers avec 58 points), où le coach avait axé son discours sur la résilience, elle semble avoir pris la mesure de l’étage supérieur, dans une poule sud – sud/ouest au style différent, en axant cette fois sur son discours sur… la combativité.

À 40 ans, le natif de Belley, dans l’Ain, « Comme Pierre Sage » fait-il remarquer – il fut d’ailleurs son adjoint à Chambéry en CFA2 de février à juin 2013 -, n’est plus un coach en apprentissage mais continue d’apprendre des autres. « Pierre, qui est mon référent, disait que j’étais une éponge. C’est vrai, j’apprends des autres. Je suis un autodidacte. J’observe, je regarde, et puis je me dis « ça s’est bien, ça non… » et après, ça fusionne dans ma tête ! »

Structuré, méthodique, organisé

Le stade des Grangettes, à Rumilly (ici contre Toulon, pour la J1 de National 2, le 17 août dernier).

Ça fusionne tellement que son esprit n’est jamais vraiment tranquille. Un véritable laborantin ! Cédric Rullier est en permanence dans la réflexion. Après 45 minutes d’entretien, l’ex-coach de Chambéry (2010-2018 et 2019-2023) et de Lyon-Décines (2005-2011), qui vit à Saint-Alban-Leysse, à 30 minutes de Rumilly et à 40 minutes du centre d’entraînement de Vallières, ne peut plus masquer sa personnalité, quand bien même sa discrétion, qui saute aux yeux, nous rappelle cet adage qui lui sied à merveille : pour vivre heureux, vivons caché !

Mais Rumilly-Vallières et son coach structuré, méthodique, posé, organisé, pointilleux, carré, qui ne laisse rien au hasard, ne peuvent plus se cacher bien longtemps. Les Haut-Savoyards veulent exister, mais il faudra montrer les muscles. Ils veulent surprendre, mais il faudra innover. Sans cela, il sera difficile de vivre une saison sereine et paisible, à l’image de l’ambiance et de l’esprit qui règnent dans leur commune et au club.

À quelques heures de recevoir Andrézieux au stade des Grangettes, Cédric Rullier s’est confié : il a raconté son parcours et dévoilé quelques-unes de ses méthodes de travail. Sans jamais oublier de parler des bénévoles, l’une des forces du GFA, de ses dirigeants, de ses joueurs et de son staff étoffé. À Vallières et à Rumilly, deux communes limitrophes, les conditions de travail et de match sont dignes du National et les moyens mis à disposition sont conséquents.

Avant, il y a eu Evian-Thonon-Gaillard. Aujourd’hui, il y a Annecy. Demain, il y aura peut-être Rumilly. En attendant, entrez dans le laboratoire de Cédric Rullier, vous verrez, c’est très intéressant !

Interview

« Je suis un dingue de l’organisation ! »

Entretien réalisé avant la victoire 4 à 0 face à Andrézieux-Bouthéon (J3)

Cédric, peux-tu nous raconter ton parcours de footballeur, joueur puis entraîneur…
Quand j’avais 16/17 ans, je jouais en U17 Nationaux à Bourg-en-Bresse. Je me suis blessé, j’ai eu une pubalgie que je n’ai jamais vraiment soignée. J’ai joué en réserve à Bourg et à l’âge de 22 ans, j’ai basculé sur le métier de coach. J’ai débord été préparateur physique chez les jeunes, je m’occupais aussi un peu de la réathlétisation des seniors. Puis je suis passé co-entraîneur en DH (Régional 1) à Lyon-Décines à 23 ans, puis entraîneur. Ensuite, je suis allé à Chambéry, à Annecy, re-Chambéry et enfin au GFA Rumilly-Vallières depuis le début de saison 2023.

La gagne, la formation et l’aspect stratégie/tactique

Tu as commencé tôt à entraîner : c’est quelque chose que tu avais déjà en tête ?
J’ai su assez vite que je voulais devenir coach. La préparation physique, c’était bien, mais pour mon enrichissement personnel, cela avait ses limites, même si c’est un volet important. Là, cela fait 10 ans que je n’en ai plus fait. En fait, j’avais envie d’explorer le domaine tactique, parce que ce que je préfère, c’est la statrégie, faire progresser les joueurs et gagner, bien sûr ! Mon truc c’est : la gagne, la formation, la tactique/stratégie. Quand j’ai switché sur les seniors, à 23 ans, j’étais d’abord co-entraîneur à l’UGA Lyon-Décines avec un ancien joueur, Nasser Bechoua (« l’homme aux 300 buts », bien connu dans le foot amateur rhodanien et ex-attaquant de Vaulx-en-Velin), qui gérait le management, un domaine dans lequel je ne me sentais pas encore à l’aise à l’époque. Moi, je m’occupais des séances. C’est après que je suis devenu entraîneur tout seul.

A Bourg, tu as aussi bossé sur un projet sur un développement de club, non ?
Oui, à Décines aussi. Et surtout à Chambéry : le club avait coulé quelques années après son 1/4 de finale (en 2011) de coupe de France (mise en liquidation judiciaire en 2015), ce qui fait qu’il est passé de CFA2 à DHR (Régional 2). On a monté un projet de re-développement du club, on a réussi à remonter en deux ans en National 3, on a profité qu’il y a avait quatre montées de R1 aussi; Chambéry, ça reste un bon club formateur.

Sur ton CV, il est écrit que tu es diététicien-nutritionniste…
Quand j’étais à Décines, je faisais des études de nutritionniste à Chambéry, et j’ai obtenu un DUT de diététique, du coup, j’ai eu l’opportunité de travailler à l’hopital de Chambéry, ma ville. Mes parents sont de Aiguebelette-Le-Lac, c’est juste à côté, à 15 minutes. Je suis attaché à cette ville, je suis Savoyard ! Aujourd’hui, je suis toujours fonctionnaire, mais en « dispo ».

Mais c’est vrai que ce métier de nutritionniste, je l’ai longtemps mené en parallèle du football. J’avais pris une première « dispo » quand je suis allé à Annecy pendant deux ans (de 2018 à 2020), et quand je suis revenu à Chambéry (en novembre 2019, en parallèle d’Annecy), je me suis remis à faire les deux. L’an passé aussi, mais j’ai 3 enfants, alors je me suis remis en « dispo » pour GFA (Rumilly). Ma passion, c’est quand même plus le foot. J’aime gagner, or dans la nutrition, si ce n’est de faire perdre du poids aux gens, de les amener à mieux manger, il n’y a pas cet aspect de la gagne, même si c’est super-intéressant. Je vais là où je prends du plaisir. J’ai cette sécurité d’emploi qui fait que, si demain je dois arrêter ou si on m’arrête, je peux retrouver mon travail, je n’ai aucun problème avec ça. Je ne vis pas dans la peur. Je suis libéré. Parce que dans le foot, on sait bien que l’on a des contrats à durée réduite.

« La diététique, c’est dans les moeurs »

C’est parce que tu es diététicien-nutritionniste que tu es « fit » ?
Je suis un bon mangeur mais en volume, je ne mange pas des masses, je privilégie la qualité et puis je sais ce qu’il faut manger, ce qui est bon pour le corps. La nutrition, c’est dans les moeurs ! Et puis j’ai été prépa physique aussi, donc les deux mélangés, forcément… On essaie de s’entretenir !

Du coup, cela permet de donner plein de billes aux joueurs dont on sait que, parfois, l’alimentation n’est pas le point fort ?
On essaie d’être attentifs là-dessus mais je préfère déléguer ça au staff médical, qui est de très bonne qualité à Rumilly. Je dirais même qu’il est de niveau National / Ligue 2. Je ne peux pas prendre toutes les casquettes même si j’y veille, comme pour ce qui est de la collation d’avant-match, du repas d’avant-match, d’après match, je veille aussi à l’hydratation, à l’hygiène de vie, à la récupération, etc. Et la récupération, dans cette poule A de National 2, avec de très longs déplacements, va être très importante, ça sera une force. Par exemple, on va aller à Anglet, à côté de Biarritz, eh bien c’est 12 heures de bus pour nous, 24 heures aller-retour, ce n’est pas possible, ça laisse des traces. Il faudra allier les moyens financiers avec la stratégie de récupération, on va voir si on peut y aller en avion.

« On est serein ici »

Tu as passé 12 ans sur le banc de Chambéry, en deux fois : pourquoi être parti à Rumilly l’an passé ?
Le métier d’entraîneur, c’est des cycles. Comme dans une entreprise, tu arrives, tu montes, tu stabilises, tu redescends, et au bout d’un moment, il faut partir quand on ne s’y retrouve plus totalement, même si changer de club n’est pas évident; Chambéry est, comme Rumilly, aussi un club très familial. Avec beaucoup de bénévoles aussi, très bien organisé chez les jeunes. Mais en termes de ressources financières, ce ne sont pas les forces de Rumilly-Vallières. Les deux clubs se ressemblent vraiment, la différence se fait sur les moyens, en particulier sur les moyens mis en place pour l’équipe Une.

J’adore cet esprit familial dans le foot, que j’ai largement retrouvé ici, au GFA, où on a énormément de bénévoles : dernièrement, on a eu un tournoi, il y avait 100 bénévoles ! Waouh, je n’avais jamais vu ça ! Ils sont accueillants, bienveillants, et ça prend aux tripes. Le GFA Rumilly allie plusieurs choses essentielles : il n’y a pas de pression; les quatre présidents sont très organisés et avec eux, on se sent « libres », alors qu’il y a beaucoup de pression dans le foot et que ce n’est pas forcément bon; le club est aussi très organisé, avec beaucoup de ressources humaines, de moyens financiers, de belles infrastructures : comme c’est une association de deux clubs, on bénéficie d’un centre d’entraînement magnifique à Vallières, de niveau « club de National », avec une pelouse d’entraînement de qualité Ligue 2 rien que pour nous. Une salle d’activation / musculation vient d’arriver cette année, on a un synthétique dernière génération, un terrain d’honneur à Rumilly réservé aux matchs. On a tout pour s’épanouir. On est serein ici.

Comment peut-on fonctionner avec quatre présidents ?
Là encore, cela se fait en bonne intelligence. Chacun a son rôle, ses prérogatives, et il n’y pas de dépassement de fonction. Luc Chabert s’occupe du volet financier et du partenariat. François Baudet de la communication et du partenariat également; Bernard Vellut, l’ancien président de Rumilly, qui me racontait la semaine dernière lors du déplacement à Cannes qu’il n’avait pas raté un match à l’extérieur en près de 20 ou 30 ans, est plus sur la logistique. Enfin, Bruno Piccon s’occupe de la structure jeunes. En fonction de ce que l’on a à demander, on s’adresse à l’un ou à l’autre. Ils se complètent et sont amis, très soudés. Je n’oublie pas non plus Ludovic Jourdain, le directeur sportif, qui est un historique du club, dont l’aide m’est précieuse.

« On ne connaît pas la puissance de ce club »

C’est quoi l’objectif sportif de Rumilly, qui est plutôt considéré comme un club de N3 dans l’esprit des gens…
On ne connaît pas la puissance de ce club. J’ai longtemps été opposé à Rumilly quand j’entraînais Chambéry, j’ai vu la différence depuis l’association des deux communes, Rumilly et Vallières. Le club a pris une grande dimension. Parce que j’ai connu l’époque quand Vallières jouait en Régional 2, d’ailleurs on les avait doublés à la dernière minute du championnat avec Chambéry pour monter en Régional 1, et j’ai connu l’époque quand Rumilly jouait en Régional 3 !

On a les moyens pour rester largement en National 2, maintenant, il y a des choses à apprendre, même si le club a déjà appris de sa descente en N3 en 2022, un an après leur parcours en coupe de France (demi-finaliste en 2021, éliminé par l’AS Monaco). L’objectif est de rester humble, de s’installer en N2, et pourquoi pas de le voir arriver un jour en National, mais on ne connaît pas encore les moyens financiers et humains.

Avec du recul, et même si tu étais à Chambéry à ce moment-là, comment expliques-tu que le GFA soit tombé en N3 un an après son épopée ?
Je pense que le club ne connaissait pas suffisamment le National 2. Les infrastructures étaient en cours de développement mais ce n’était pas encore ça; le staff était plus resserré et tout était concentré sur l’entraîneur (Fatsah Amghar), c’était les prémices du staff médical, bref, tout était « en cours de », et en National 2, si tu es « en cours de »… c’est dur. Ils avaient surtout joué en coupe de France la saison d’avant, et pas beaucoup en N2 à cause de la Covid. Et ici, cette épopée en coupe, ça a soudés les gens, on le ressent, cela a été une étape importante dans l’histoire du club.

Comment s’est passée ton arrivée au GFA ?
Cela faisait plusieurs fois que le club me contactait, notamment quand ils ont arrêté avec Fatsah (Amghar), début 2022, en N2, mais moi j’aime bien aller au bout des saisons et je ne me voyais pas laisser mes joueurs à Chambéry, du coup il y avait eu ce contact qui avait été riche, et ensuite, il y a eu l’arrivée de Michel Poinsignon au club, dont j’étais l’adjoint à Annecy; cela a facilité la venue.

« J’ai beaucoup appris, notamment sur moi-même »

Axel Raga, l’attaquant qui avait couru 12,2 km à Cannes, déjà auteur de 2 buts en 2 matchs, est sur sa lancée de la saison passée. Photo David Gengembre – Thomas Bourgeois

As-tu des modèles de coach ?
Dans mes modèles amateurs, l’un de mes référents, c’est Pierre Sage : quand on est formé en Rhône-Alpes, c’est un peu un laboratoire de la Fédération, où on teste la méthode globale, le « tout par le jeu », « tout par le foot », même la prépa athlétique… Avant, tout cela était assez théorique et d’entraîner avec Pierre à Chambéry, c’était riche, parce que lui avait déjà traduit cela en pratique.

Les joueurs, ce qu’ils veulent, ce sont des choses simples, de la pratique, et Pierre est un modèle là-dessus, tout comme David Guion fut un modèle pour moi dans le management et dans les connaissances tactiques (il fut adjoint de David Guion à Chambéry en 2010-11), voilà… J’ai pris un petit peu de tout le monde; Helder Esteves à Annecy m’a appris aussi des choses sur la notion tactique, dans le domaine des attaquants. Michel Poinsignon, avec qui on s’est souvent suivi, m’a apporté sur la gestion humaine des joueurs, il est à la fois dur et proche. Etre adjoint des ces entraîneurs-là, c’est riche, cela m’a permis d’apprendre, notamment sur soi-même.

Comment as-tu géré la période adjoint à Annecy (N2) et coach à Chambéry (N3) ?
C’est une période qui a duré 6 mois. Le club de Chambéry était dernier, et comme les dirigeants sont très proches de ceux d’Annecy, cela a facilité ma venue. C’était sans doute aussi le moment que je reprenne le rôle de numéro 1, parce qu’il y avait eu beaucoup de mouvements à Annecy, dans un club qui avait beaucoup d’ambition. Là, même si Chambéry était dernier, j’avais un petit peu moins de pression. C’était dur d’avoir deux équipes. C’est même impossible : au début, j’étais très attaché à Annecy, on jouait la montée en National, et petit à petit j’ai switché, j’étais plus à Chambéry, où on a assuré le maintien, c’était fort aussi (Annecy est monté en National la même année). Il fallait choisir. J’ai choisi Chambéry.

« J’ai un oeil sur les constructeurs »

D’autres références ?
Je regarde tout, l’aspect tactique, le management, la posture du coach, ça mouline ! Je n’ai pas de référent en particulier. Ce qu’a réalisé Franck Haise il y a deux saisons à Lens, dans un club familial, c’est fort. Arsène Wenger, sa carrière longue, ça me parle, pour moi qui suis resté longtemps à Chambéry, et aussi 7 ans à Bourg, 6 ans à Décines, j’ai aussi un oeil sur les constructeurs. En ce moment, je regarde beaucoup PSG, l’aspect tactique et le management de Luis Enrique. Ce n’est pas facile de trouver un juste milieu entre le management autoritaire, un peu à l’ancienne, et le management participatif, que la Covid a accentué : aujourd’hui, on est plus dans un management empathique, dans lequel on est proche des joueurs, à l’écoute.

Photo GFA Rumilly-V.

Tu es un coach plutôt comment ?
Un tacticien, parce que j’adore la tactique, avec un management participatif. J’ai une anecdote : la saison passée, Vincent Di Stefano a marqué beaucoup de penalties et cette année, j’ai des nouveaux attaquants qui ne comprennent pas forcément, du coup, j’ai décidé de changer ça et de varier,et j’ai opté pour plusieurs tireurs de penaltys. En plus, en National 2, on est plus « visibles » qu’en N3, donc avoir plusieurs tireurs, ce n’est pas plus mal : on a en parlé avec Vincent et avec les attaquants Axel Raga et Soro Doumbouya, et on a défini ça. C’est important que les joueurs se disent que le coach peut changer d’avis, que ce n’est pas une tête de lard.

Je fais participer les joueurs mais je mets un cahier des charges. Je me suis aperçu que, l’année avant mon arrivée, l’équipe n’avait jamais gagné après avoir été mené : je me suis dit, « Il faut changer ça, il faut être résilient ». On a choisi le capitaine, Nicolas Garby, par rapport à cet aspect-là, et on a fait 7 ou 8 retours au score, dont 5 victoires je crois et cette fameuse victoire à Cosne-sur-Loire, pour la montée, où on marque à la 90e. Ce n’était pas facile de changer parce que le capitaine, avant, c’était Alexis Peuget, qui a une grosse expérience du monde pro, du coup, Alexis est vice-capitaine, les deux joueurs ont adhéré, c’est cohérent. Il y a 5 ou 6 autres leaders, chacun avec une mission, tous ont surnoms, des adjectifs qualificatifs, comme l’artificier par exemple !

Je fonctionne beaucoup avec les leaders : je pense que la saison est une histoire que l’on essaie de créer. La saison passée, le thème de notre histoire, c’était donc la résilience. Cette année, c’est la combativité. l’esprit soudé. C’est la clé, selon moi, en National 2. Contre Toulon, on a été très combatifs; à Cannes, on était sur l’esprit soudé, je n’avais jamais vu ça la saison passée. Sur l’aspect tactique, on a des choses à corriger, mais par contre, dans l’état d’esprit, c’était incroyable : notre attaquant Axel Raga a couru 12,2 kilomètres. 12,2 kilomètres ! C’est très rare de voir ça.

Le mental, c’est 25 % de la performance

Tout cela fait partie d’un processus…
C’est ça ! Mes étapes sont : créer une ambiance, une cohésion de groupe. Ensuite, créer un système dans lequel le joueur se sent bien, dans lequel je suis très organisé, parfois trop, parce que je suis un dingue de l’organisation. Enfin, c’est assembler les joueurs dans ce système. Après ça, on peut commencer à travailler sereinement sur différents secteurs comme les secteurs tactique, physique, athlétique, mental. On a un préparateur mental d’ailleurs : c’est 25 % de la performance. Bien souvent, dans les clubs amateurs, c’est une personne du staff qui le fait mais chez nous, c’est une tierce personne. J’en reviens à la cohésion et au système : quand tu as ces deux choses-là, après, tu peux travailler sereinement.

Ton système de prédilection ?
On joue en 3-4-3, on peut jouer en 3-5-2, en 4-3-3 ou en 4-4-2. La saison passée, on avait commencé en 4-4-2 ou 4-1-4-1, mais on n’a pas trouvé nos repères et très vite, on a switché vers une défense à 3. Je pense qu’au départ on doit s’adapter aux joueurs que l’on a. On teste, on voit. Et ensuite ce sont les joueurs que tu vas choisir après qui vont se coller au système. Je préfère imposer notre système à l’adversaire.

« Le joueur doit correspondre aux valeurs du coach »

Le staff avec Damien Guerrier et à gauche l’entraîneur des gardiens, Florent Gerbier.

Comment prépares-tu les matchs ?
J’ai un adjoint, Damien Guerrier. On est très complémentaire. Il faut qu’il soit l’inverse de ma personnalité. Il est là depuis longtemps et s’occupe de l’adversaire; moi, je ne m’occupe pas de ça. Il envoie beaucoup d’enthousiasme, il est passionné, ça m’aide énormément aussi. On a deux préparateurs athlétiques Alexandre Monteiro et Rémi Porcheron qui nous a rejoint, afin de plus individualiser, plus professionnaliser le secteur, en particulier la force/vitesse, on utilise beaucoup la salle d’activation / muscu.

Chaque mardi matin, les joueurs ont une séance avec que force/vitesse, en deux groupes. Les deux « PA » (préparateurs athlétiques ») s’occupent de ça, et on a le prépa mental le lundi et au match à domicile; il est dispo la semaine, et c’est aussi mon prépa mental personnel, je pense qu’on en a tous besoin. On a un entraîneur des gardiens, Flo (Florent Gerbier), qui est du club. Je crois beaucoup au développement de l’homme avant le joueur : tu peux avoir le meilleur joueur du monde, s’il ne se sent pas bien dans l’équipe, c’est mort. Donc il faut savoir qui on choisit : le joueur doit correspondre aux valeurs du coach. C’est un point d’important.

Tu mets aussi souvent en avant ton staff médical…
Parce que j’ai un staff vraiment haut de gamme. Pour le médical, j’ai Julien Tapiero, le docteur, médecin du sport, il a joué en CFA2, il est très présent; récemment, il est venu faire une échographie sur un joueur lors de notre stage à La Clusaz. Il est associé à trois kinés, au club depuis plusieurs années, qui viennent le mardi et le jeudi, plus le cabinet. Et aussi le soir des matchs à domicile et en déplacement. On a très peu de blessures : on n’a eu qu’une seule lésion musculaire pendant la préparation (Jeremy Fernandez), sinon on a eu des contusions, des fractures, et ces joueurs-là sont en phase de réathlétisation.

Le 11 qui a commencé la saison de N2 face à Toulon. Photo GFA Rumilly-V.

Tu utilises la vidéo ?
Oui, on fait un retour individuel à chaque joueur, chaque semaine. C’est très puissant. On regarde 10 ou 15 actions : ça, c’est moi qui le fais. Je ne sais pas si je serais capable de déléguer ça, ou une partie. Je passe 5 ou 6 heures le lundi à faire ça, à analyser le match individuellement ou collectivement : parfois, alors que l’on croit qu’un joueur a fait un match moyen, non, en fait il a fait un bon match. En direct, tu ne peux pas tout voir. Analyser l’adversaire, ligne par ligne, c’est très important : dans le bus retour de Cannes, Damien (Guerrier) était déjà en train d’analyser les deux premiers matchs de notre futur adversaire Andrézieux.

Cette saison de N2, tu la vois comment ?
Il y a trois zones, à nous de nous adapter, on devra être dans la combativité parfois; on a un autre état d’esprit dans le sud ouest, dans le Rhône-Alpes c’est un mélange des deux; ensuite, on doit avoir un plan, un projet de jeu que tu dois imposer, tout en anticipant les problèmes et les résoudre en direct. C’est un rapport de force. Parfois, les joueurs ne comprennent pas ça : quand j’étais à Annecy, c’est moi qui m’occupais de la présentation de l’adversaire et les joueurs avaient l’impression qu’on s’adaptait plus à l’adversaire que l’inverse et ça, ça m’a beaucoup aidé, du coup maintenant je fais plutôt l’inverse. Par exemple, la pause fraîcheur, en ce moment, m’aide beaucoup à réguler des choses.

4 points en deux matchs : pas mal comme début…
On aurait rêvé d’un tel début, on l’a fait, mais il faut switcher. On a célébré la victoire après Toulon, très bien, je suis attaché à ça, ça permet de vider ta charge mentale. Et le lundi, il faut passer à autre chose, c’est ce qui est difficile dans le foot, passer au match suivant. Deux phrases m’animent : celle de Nelson Mandela, « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends », car on apprend des victoires et des défaites, et aussi « le résultat est une conséquence ». Le résultat, tu ne peux pas agir dessus : tu peux faire le meilleur match de ta vie et perdre 1 à 0. Le foot c’est ça. Tu mets des moyens en oeuvre, là tu peux agir; plus tu es détaché du résultat et puis tu obtiens des résultats.

Championnat National 2 (poule A) – samedi 31 août 2024 : GFA Rumilly-Vallières – Andrézieux-Bouthéon FC, à 18h, au stade des Grangettes.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : 13heuresfoot et GFA Rumilly-Vallières

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