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Dans la peau d’Alexandre Mercier, arbitre de National 2 !

Du jeu, des émotions, du plaisir, du respect, du partage. Et parfois un peu de tension ! 13heuresfoot a suivi la journée d’Alexandre Mercier, arbitre Fédéral 4, lors du match Colmar – Saint-Quentin du 2 septembre. Un récit riche et passionnant qui met en valeur une fonction décriée.

Alexandre Mercier, aux centres, en compagnie de ses deux assistants. Photo Ligue Grand Est Football

A tout juste 37 ans, Alexandre Mercier fait partie des arbitres très expérimentés de la catégorie, à l’instar de Romain Zamo, Yann Gazagnes, Guillaume Janin, Philippe Lucas ou encore Julien Schmitt. Tous comptent plusieurs centaines de matchs de National 2 et dénotent un peu dans cette catégorie F4 qui est un vivier de jeunes, voire de très jeunes arbitres qui seront amenés à officier beaucoup plus haut dans les saisons à venir.

Mais la présence de ces hommes au sifflet très expérimentés est importante : ils apportent leur vécu dans ce groupe d’arbitres. De plus, ils officient lors de rencontres prétendues plus « compliquées » que les autres. Après avoir raté sa chance durant deux à trois saisons pour monter en championnat National 1, Alexandre assume parfaitement son statut mais n’en reste pas moins ultra- motivé à l’idée d’officier sur les terrains de National 2, où il prend beaucoup de plaisir.

13heuresfoot a suivi Alexandre pendant un match de National 2 entre Colmar à Saint-Quentin, au Colmar Stadium (samedi 2 septembre), son premier de la saison « au centre », après avoir officié le lundi précédent comme 4e arbitre lors de la rencontre de Ligue 2 entre Annecy et Saint-Etienne (les arbitres fédéraux 4 officient principalement en National 2 mais peuvent aussi officier comme 4e arbitre en Ligue 2 plusieurs fois dans la saison).

Avec le délégué. Photo Ligue Grand Est Football

Chef d’entreprise la semaine et papa de deux jeunes enfants, l’emploi du temps d’Alex, qui parvient à concilier toutes ses activités très complémentaires, est très chargé. Sa riche carrière dans l’arbitrage lui apporte un plus considérable dans sa gestion d’entreprise où les similitudes, notamment dans le management, sont nombreuses, que ce soit avec son personnel ou avec les joueurs sur le rectangle vert.

Cette plongée en totale immersion dans la peau d’Alexandre Mercier, qui a accepté d’être suivi pendant une journée la préparation et de suivre le déroulement de son match de National 2, permettra de mieux comprendre le quotidien des hommes en noir.  L’occasion aussi de mieux connaitre une fonction souvent décriée par méconnaissance des règles mais surtout par méconnaissance des hommes qui l’exercent. Dans la peau d’un arbitre de National 2, comme si vous y étiez !

« Monsieur l’arbitre, pas comme la semaine dernière ! »

14h15 – Départ pour le match

Question logistique, c’est plutôt simple aujourd’hui avec l’un des plus courts déplacements de la saison pour cet arbitre de la ligue Bourgogne Franche-Comté. 1h45 de route suffiront pour rejoindre Colmar (Haut-Rhin). Les arbitres sont tenus d’arriver au stade au minium 1h30 avant le coup d’envoi mais Alexandre aime bien arriver en avance et ainsi prendre de la marge pour palier tout éventuel problème sur la route. Le trajet en voiture est mis à profit pour appeler les collègues arbitres – qui pour certains sont des amis -, et prendre de leurs nouvelles, partager leurs expériences. Alexandre appelle son ami Antoine Valnet qui officie le même soir sur l’affiche de Ligue 2 Grenoble-Bastia. Il l’encourage et lui souhaite un bon match. Les arbitres sont souvent seuls en déplacement mais très solidaires entre-eux. C’est un partage au quotidien.

16h05 – Arrivée au stade

Les officiels ont toujours un emplacement réservé à leur véhicule dans les stades. Alexandre est attendu par le service sécurité du club recevant qui l’accueille en compagnie des délégués et des deux arbitres assistants. Les poignées de main sont nombreuses avec l’ensemble des dirigeants Alsaciens avant d’arriver dans le vestiaire.

16h10 – Café d’avant match

Comme il est de coutume, l’accueil des arbitres se fait autour d’un café. Direction la salle de réception du Colmar Stadium pour le délégué et les trois arbitres. Le Président Colmarien Marc Nagor se joint à ce moment convivial avec le Président du club de l’Olympique Saint-Quentin, Didier Dubois, tout juste arrivé au stade. Un moment d’échange privilégié entre deux présidents passionnés où chacun fait part de ses difficultés pour exister dans ce championnat de National 2.
Les deux clubs ont mal démarré leur championnat (défaite 3-0 à Auxerre pour Colmar, défaite 4-0 à domicile face à Bourg-en-Bresse pour St-Quentin). Marc Nagor, le président Colmarien, « charrie » amicalement Alexandre Mercier : « Mr l’arbitre, vous ne ferez pas comme la semaine dernière où on nous a sifflés deux pénaltys en première mi-temps ! »

16h25 – Reconnaissance, visite et vérification du terrain

Reconnaissance du terrain.

Il est tant maintenant pour nos trois arbitres de se rendre sur la pelouse du Colmar Stadium pour vérifier la conformité du terrain (traçage, état de la pelouse, vérification des filets). C’est aussi un moment d’échange plus intimiste entre arbitres. Les assistants dépendent de la Ligue régionale du club recevant : une occasion de faire plus amples connaissances. David Demir, l’assistant 1 (coté banc de touche), est un jeune arbitre spécifique assistant qui ambitionne d’atteindre le niveau fédéral. Camille Bidau, l’assistant 2, est pour sa part arbitre central en National 3 et à déjà derrière lui une belle carrière d’arbitre régional.

16h40 – Retour aux vestiaires

Equipements dans le vestiaire.

Retour aux vestiaires où le délégué Nourredine Aït Mouloud a préparé les équipements des deux équipes, gardien compris, afin que l’arbitre principal valide les couleurs et détermine par la même occasion la tenue dans laquelle le trio va officier.
Les arbitres peuvent maintenant se préparer et rentrer tranquillement dans leur match.

16h45 – Signature de la feuille de match par les capitaines

C’est un moment toujours important afin de faire connaissance avec les capitaines. Alexandre Gisselbrecht, le capitaine Alsacien, est le premier à pousser la porte des vestiaires. Alexandre Mercier l’accueille sous le ton de la boutade « Ah vous êtes capitaine cette saison… c’est grâce au magnifique but que vous aviez mis la saison dernière lorsque je vous avais arbitré contre la réserve de Metz ?! » Le ton est donné ! L’ambiance est détendue. Les hommes se connaissent et se respectent. Youssef Sylla, le capitaine de Saint-Quentin, pose pour sa part le décor d’entrée : « C’est la première fois que je suis capitaine, je ne sais pas ce qu’il faut faire ! » L’homme en noir le met à l’aise et le rassure : « Ne vous inquiétez pas, on va vous guider ». Tout est conforme, les protagonistes peuvent se serrer la main et partir à l’échauffement.

16h55 – Briefing avec le délégué et consignes aux assistants

Briefing entre les arbitres et le délégué.

C’est maintenant l’heure pour les officiels de rentrer dans le vif du sujet. Avec le délégué, c’est l’organisation de la rencontre qui est évoqué (gestion des blessés et des remplacements, pause fraicheur, validation des équipements, etc.). Avec les arbitres assistants, Alexandre rentre plus dans le détail des consignes techniques du match : « Prenons le temps dans nos décisions, le jeu donne les réponses ». Le mot d’ordre est « plaisir et sérieux ». Néanmoins, il faut être vigilant quant aux contestations et les distinguer de la frustration : « La frustration, ça monte haut rapidement mais ça redescend aussi vite. Ce sont des passionnés qui ont préparé leur match, il faut les laisser vivre leur match et faire preuve de discernement. »

17h16 – Départ pour l’échauffement

Avant l’échauffement.

A la sortie du tunnel, Alexandre croise les deux coachs (Jean-Guy Wallemme pour Colmar et Johan Jacquesson pour Saint-Quentin). Il les salue et échange très rapidement quelques mots pour tisser un premier contact. Il fait très chaud en ce début septembre en Alsace mais la préparation athlétique est primordiale pour bien débuter le match.

17h45 – Retour aux vestiaires

C’est l’heure des derniers préparatifs. Rappel de la philosophie mise en place aux assistants : « Si les joueurs acceptent, on laisse jouer aux maximum ». Il faut maintenant procéder à la vérification de l’identité des joueurs via la feuille de match informatisé. Les joueurs sont dans le tunnel. La tension monte. La concentration est à son maximum. Le son de la musique monte et les 22 acteurs accompagnés des 3 arbitres pénètrent maintenant sur le terrain. Après la séance protocolaire et les traditionnelles poignées de main avec les coachs, le jeu peut enfin commencer.

18h – Coup d’envoi

Juste avant le match aux vestiaires.

Le début de match est assez soporifique avec deux équipes timides qui sont clairement en recherche de repères. Il faut attendre la 13e minute pour voir le public Alsacien se réveiller après deux corners consécutifs pour les locaux. Le match est très calme mais l’arbitre doit néanmoins rester concentré. A la 17e, l’une des premières fautes du match est grossière. La semelle de l’attaquant Saint-Quentinois est haute sur le milieu défensif Alsacien. Fort heureusement, il n’y avait pas beaucoup d’intensité dans le geste mais Alexandre n’hésite pas une seconde et sort rapidement le premier – et seul ! – carton jaune du match. L’arbitre a mis son empreinte sur le match et a montré son seuil de tolérance.
La pause fraicheur ne donne pas plus d’allant aux équipes et en contre, dans le silence total, Saint-Quentin ouvre le score sur sa première occasion, à la 33e (0-1). Malgré la frustration colmarienne qui monte, la fin de la première mi-temps est gérée avec beaucoup de communication et de sourire auprès des joueurs de la part de l’homme en noir.

18h45 – Mi-temps

Contrôle de la feuille de match et de l’identité des joueurs.

Avec la chaleur étouffante, les trois arbitres profitent de la pause pour s’hydrater et se reposer. Pas de problème majeur à souligner sur ce premier acte. Malgré une rencontre peu emballante, Alexandre Mercier insiste lourdement auprès du délégué et de ses assistants sur le fait de rester bien concentré lors de la seconde période.

19h – Reprise de la seconde période

Jean-Guy Wallemme a changé de système de jeu et son équipe revient sur le terrain avec de biens meilleures intentions. Les locaux égalisent rapidement et les 600 spectateurs présents poussent leur équipe. Malheureusement pour eux, 4 minutes après cette égalisation, Saint-Quentin repasse devant grâce à une magnifique frappe de Mathis Colin qui vient se loger sous la barre transversale du gardien Magate Ndiaye, impuissant. Trois minutes plus tard, Alexandre Mercier siffle un penalty en faveur des visiteurs. La faute est indiscutable même si le défenseur Colmarien Loïc Meyer réclame une faute sur lui au préalable. Florent Stevance ne se fait pas prier et donne deux longueurs d’avance à son équipe (1-3).
La physionomie est tout autre dans cette seconde période. Cette fois, l’arbitre central a beaucoup plus de travail.
A la 70e, Colmar profite d’un cafouillage sur corner pour réduire le score (2-3). Les défenseurs de Saint-Quentin réclament une faute sur le but mais son vite remis dans le droit chemin par leur coach : « Arrêtez de contester, gardez votre énergie ! Vous croyez que vous allez faire annuler le but ?! »

Protocole d’avant-match.

La tension monte au fil des minutes. Alexandre Mercier est obligé d’intervenir auprès de Jean-Guy Wallemme après qu’un joueur soit sorti sur saignement. Une incompréhension.
Les changements se multiplient. L’assistant N°1 et le délégué ne chôment pas dans ce second acte. Alexandre Mercier annonce 5 minutes de temps additionnel. L’air est irrespirable pour le banc des visiteurs qui se lève à chaque coup de sifflet, pensant que le match est terminé. L’homme en noir est obligé d’intervenir pour faire assoir tout le monde !
Finalement au bout du bout du temps additionnel, et après une dernière occasion « immanquable » loupée par un attaquant de Colmar, les trois coups de sifflet final sont donnés. Les verts de Colmar rentrent aux vestiaires le regard noir et la tête basse, pendant que les joueurs de Saint-Quentin savourent au bout de l’effort.

19h55 – Retour aux vestiaires

Les trois arbitres rentrent aux vestiaires avec le sentiment du devoir accompli. Alexandre félicite son équipe : « Notre arbitrage a été compris et accepté ! » Après un retour au calme, il est temps de remplir les formalités administratives de la feuille de match pour clôturer cette rencontre.

20h30 – Sortie des vestiaires

Après la douche, les officiels quittent les vestiaires pour la traditionnelle collation d’après match. Dans le couloir, Alexandre Mercier échange quelques mots avec le coach de Saint-Quentin, exténué de son match mais très satisfait du résultat. Alexandre et ses collègues se retrouvent sur le parvis du stade, avec les partenaires (à la demande de l’arbitre) et sont parfaitement reçus par le président Nagor. Quelques partenaires et dirigeants viennent saluer l’homme en noir du jour et le félicitent de sa prestation malgré la défaite de leur équipe. C’est le moment d’échanger aussi sur le penalty accordé aux visiteurs. Le dialogue est courtois et respectueux. La discussion se prolonge longuement entre l’arbitre et le Président de Colmar. Les deux hommes échanges sur ce championnat de National 2 si intéressant. Ce sont deux personnages qui retrouvent les mêmes valeurs de partage et de plaisir dans cette passion commune qu’est le ballon rond.

21h30 – Fin de soirée

Les lumières du stade s’éteignent les unes après les autres. Il est temps pour le trio arbitral de saluer les dernières personnes présentent et de se diriger vers leur voiture pour le chemin du retour ! Certaines soirées d’après matchs peuvent paraître longues et compliquée pour des arbitres qui se retrouvent seuls face à eux même lorsqu’ils ont des doutes ou que le match s’est mal passé. Les arbitres sont avant tout des êtres humains, qui exercent cette fonction par passion et qui, à l’instar des équipes, peuvent connaître des joies mais aussi des désillusions.
Ce soir, en quittant le Colmar Stadium après une dernière « mousse », Alexandre Mercier peut apprécier cette belle soirée comme il les aime. Avec du jeu, des émotions et du partage. Pourtant, dès le lendemain, il faudra reprendre le rythme infernal de sa vie professionnelle tout en préparant ses deux prochaines échéances : Selongey – Moulins en National 3 (samedi 9 septembre) puis Boulogne-sur-Mer – Granville en National 2 vendredi 16 Septembre.

Alexandre Mercier, du tac au tac

Meilleur souvenir dans l’arbitrage ?
Arbitre de centre sur un 8e tour de coupe de France au stade Bollaert entre le RC Lens et Wasquehal (le 4 décembre 2016, qualification de Lens 2 à 0). Les matchs de coupe de France avec les amis sont toujours aussi de très bons souvenirs.

Pire souvenir dans l’arbitrage ?
Je n’ai pas de pire souvenir. L’arbitrage, ce n’est pas toujours facile, mais j’ai toujours essayé de trouver une source de plaisir dans chaque match.

Une fierté dans l’arbitrage ?
Clairement ma longévité à ce niveau avec cette 13e année comme arbitre de la Fédération.

Un regret ?
Le fait de n’avoir jamais réussi à gravir la marche menant au National et de ne pas découvrir le monde professionnel.

Le match le plus dur que tu as eu à arbitrer ?
Un derby Marignane – Martigues en février 2018. C’était un match à enjeu car les deux équipes jouaient la montée en National. Il y avait énormément de rythme et de tension. Au bout d’un quart d’heure de jeu, je me sentais déjà vidé.

Un club que tu as connu en championnat de France et que tu regrettes de ne plus pouvoir arbitrer ?
Un souvenir qui me revient c’est le club de Steinseltz en Alsace. Ils étaient montés une saison en CFA2. C’était un tout petit stade perdu au milieu des vignes mais il y avait toujours beaucoup de spectateurs et un accueil très chaleureux.

Le joueur qui t’avait le plus impressionné sur un match ?
C’est d’actualité ! Je me souviens très bien de Kolo Muani qui m’avait vraiment impressionné alors qu’il jouait avec la réserve du FC Nantes lors d’un match à Borgo.

Un stade mythique ?
J’ai eu la chance d’arbitrer dans le stade de la Meinau de Strasbourg lorsque l’équipe première jouait en CFA. Je me souviens d’une rencontre contre Montceau-les-Mines devant plus de 13 000 spectateurs (victoire 3-0 de Strasbourg en octobre 2012).

Un stade atypique ?
Sans hésitation Imphy-Decize. Un club de la Nièvre qui jouait en CFA2. Un petit stade à l’anglaise avec un public très proche du terrain. Il y avait toujours beaucoup de monde, ça transpirait la passion.

Un coach marquant ?
J’aime beaucoup les coachs passionnés qui ont l’amour du foot à l’image de José Guerra (ex-Colmar). Dans un autre registre, j’ai beaucoup aimé la personnalité du jeune coach de Chamalières, Kevin Pradier.

Une anecdote de vestiaire ?
Lors d’un match de coupe de France assez compliqué, j’avais officié avec deux très bons amis en tant qu’arbitre assistant. Nous avions fait un gros match et en rentrant aux vestiaires, nous avions entonné très fort tous ensemble un chant de victoire comme peuvent le faire les équipes !

Arbitre fédéral : un parcours du combattant !

Photo Ligue Grand Est Football

Ils sont 48 cette saison ! 48 arbitres de la catégorie Fédéral 4 (F4) à officier chaque week-end sur les terrains de National 2 aux quatre coins de l’hexagone. Ces 48 arbitres ont la lourde mais non moins très intéressante tâche de faire respecter le règlement avec une grande homogénéité dans leurs décisions, de Boulogne-sur-Mer à Libourne comme de Haguenau à La Roche-sur-Yon en passant par Toulon ou Bourges !

Ces hommes en noir font partie des meilleurs arbitres de France et cette catégorie « Fédéral 4 » est un véritable vivier, riche des arbitres professionnels de demain. Mais avant de pouvoir officier sur les terrains de National 2 et porter fièrement l’écusson Bleu blanc rouge rêvé de tous les jeunes arbitres, il faut obtenir l’examen fédéral. Une étape très difficile mais primordiale où il y a beaucoup de candidats mais très peu d’heureux élus.

La réforme en cours des championnats nationaux va engendrer, cette saison encore, des conséquences cataclysmiques pour les clubs avec plus d’un tiers des équipes qui se verront rétrogradées à l’étage inférieur au printemps prochain.
Les points de chaque rencontre vont valoir très cher dès le début de saison et les arbitres auront donc un rôle primordial pour garantir le bon déroulement et l’équité des championnats.

338 euros pour un match de National 2

Avec les coachs Wallemme et Jacquesson avant le match.

Après avoir commencé l’arbitrage dans son district gravi les étapes marche après marche, avec pour beaucoup le passage par la case « Jeune Arbitre de la Fédération » – ce qui permet d’arbitrer en championnat U17 et U19 Nationaux -, il faut terminer dans les meilleurs arbitres de sa Ligue afin de pouvoir être présenté à l’examen d’arbitre de la Fédération. Un parcours du combattant.

Chaque Ligue régionale propose ensuite des candidats à la direction technique de l’arbitrage, selon un quotas défini au prorata du nombre d’arbitres par Ligue. Pour démontrer ses compétences sur le rectangle vert, ces candidats F4 doivent satisfaire à un test physique très exigeant et obtenir une note minimum à l’examen théorique, en répondant à des questions sur les lois du jeu et sur des mises en situation.

Cet examen, qui se prépare pendant plusieurs saisons, demande un investissement considérable où seul le travail est récompensé. Les arbitres, même les plus prometteurs, peuvent s’arrêter dès cette étape à l’image d’Axel Gil, l’arbitre de la dernière finale de la coupe Gambardella, et qui a échoué à l’examen théorique au mois de Juin dernier et dont la carrière très prometteuse a connu un coup de frein.

Lorsque ces minimums sont atteints, les arbitres sont ensuite examinés sur le terrain avec des observations effectuées par des membres chevronnés de l’arbitrage Français sur des rencontres de National 2. En fin de saison, seul un certain nombre d’entre-eux sont retenus dans la catégorie Fédéral 4 et décroche le précieux sésame. Néanmoins, l’obtention de cet examen n’est pas une fin en soi. Les arbitres, comme les équipes, sont ambitieux et cherchent également à atteindre le niveau supérieur. D’autant plus qu’arbitrer à ce niveau est très compliqué. En effet, malgré des indemnités de match (338 € en N2) plutôt intéressante en plus des défraiements kilométriques, il est impossible financièrement de vivre de cette activité, contrairement à la grande majorité des joueurs qu’ils dirigent chaque week-end.

Joueurs/arbitres : de grande disparités

En National 2, les hommes en noir ont pour la plupart une activité professionnelle à coté. Il leur faut donc jongler entre la carrière professionnelle et celle d’arbitre qui demande trois entraînements hebdomadaires minimum, sans compter, bien sûr, le match du week-end. Et puisque l’on parle du match du week-end, là encore, il existe une grande disparité entre les joueurs et les arbitres : car si les clubs connaissent leur calendrier dès le début de saison, les hommes en noir, eux, apprennent leur désignation… dix jours avant le match ! Et ils doivent alors s’empresser de réserver leur train, leur hôtel, bref, d’organiser leur déplacement de A à Z. Pendant ce temps, les joueurs, eux, sont focus sur le match et n’ont pas de souci d’intendance.

Techniquement, là encore, l’écart est abyssal entre les joueurs qui profitent des mises en situation lors des entraînements quotidien ou des séances vidéo pendant que les arbitres planifient eux-mêmes leur préparation physique (rare sont ceux qui ont un coach personnel) et qu’ils se débrouillent par leurs propres moyens pour trouver les informations utiles sur les équipes à diriger, les staffs et le contexte du match.

Face à l’évolution de la structuration des clubs et à leur professionnalisation d’année en année, la direction technique de l’arbitrage est de plus en plus présente également auprès de ses arbitres pour essayer de leur apporter les meilleurs outils possibles à la bonne gestion des rencontres. Lors de cette saison 2023/2024, par exemple, ce sera la première fois que la catégorie d’arbitres Fédéral 4 aura deux rassemblements à Clairefontaine. Les années précédentes, l’ensemble des arbitres se retrouvaient en juillet dans l’antre du football Français pour se soumettre aux tests physiques et recevoir les consignes à appliquer tout au long de la saison. Les F4 auront également un second stage durant l’hiver, destiné à dresser un bilan de la première partie de saison et ajuster les directives.

Reportage : Aurélien Triboulet – Mail : contact@13heuresfoot.fr – Twitter : @Aurelref

Photos :  A. T. et Ligue Grand Est de Football

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