L’entraîneur évincé d’Avranches en mars dernier se livre à coeur ouvert. Il espère rebondir dans le monde pro ou, à défaut, en National. Pour séduire son futur employeur, il mise sur sa singularité, son authenticité et son énergie débordante. Et beaucoup d’autres choses encore !
Par Anthony BOYER / Photos Bernard MORVAN (sauf mentions spéciales)
Ce qui frappe quand on creuse un peu dans la personnalité de Damien Ott, c’est ce décalage entre son âge, 58 ans, et son désir toujours intact d’apprendre et de se nourrir des autres. Son discours transpire la soif de progresser alors même que le natif de Bale – « Mais je ne suis pas Suisse, rectifie-t-il d’emblée ! » – entraîne depuis bientôt 25 ans !
Son CV (il a entraîné à tous les échelons de DH à Ligue 1) et son expérience (11 saisons en National tout de même…) pourraient être un moyen facile de se reposer sur ses lauriers mais le Haut-Rhinois, qui revendique la fibre alsacienne, a toujours envie d’aller plus haut, et rêve même, secrètement, de s’asseoir sur un banc de Ligue 2 dans un rôle de numéro 1 (il était adjoint en L2 et L1). « Malgré mon expérience, je veux encore progresser ».
A 58 ans, Damien Ott parle football comme quelqu’un de 38 ans, même s’il est conscient que la concurrence est féroce avec une nouvelle génération de jeunes coachs qui émerge sur le marché. Une génération qu’il qualifie de « très bonne, talentueuse et respectueuse ».
Un coach identitaire
A 58 ans, donc, l’ancien professeur d’éducation physique et sportive – sa mise en disponibilité a pris fin cette année et il a démissionné de l’Education nationale – est encore frais. Physiquement aussi, il fait bien plus jeune que son âge – ça doit être le vélo ! – mais sait qu’il doit se battre contre ce qui pourrait apparaître comme un frein, même s’il y a de sacrés contre-exemples : « Eric Roy fait des trucs incroyables avec Brest, tout comme Didier (Santini) à Rodez ».
Pourtant, pour la première fois depuis qu’il entraîne, le téléphone sonne moins chez lui à Colmar, là où il est retourné après son éviction d’Avranches, en mars dernier, un épisode douloureux sur lequel il revient dans cet entretien. « Il faut qu’un président mise sur l’authenticité et la singularité. J’ai confiance en la méritocratie. Je ne me mets aucune barrière, au contraire, j’ai envie de découvrir d’autres façon de fonctionner. »
Pendant 45 bonnes minutes, Damien Ott, qui s’était notamment révélé sur le banc avec les Sports Réunis de Colmar à la fin des années 2000 et au début des années 2010, en CFA puis en National, revient sur sa personnalité « singulière » et sur des notions qui lui sont chères, qui le caractérisent, le poursuivent et, osons l’écrire, l’habitent : transmission (un de ses mots préférés), énergie, valeurs, vibration, émotion, travail, rigueur, fidélité, humilité, authenticité, générosité, résilience, et, bien entendu, passion. Cela fait beaucoup de mots pour un seul homme. Un homme complexe, qui a pu, à un moment donné dans sa carrière, être complexé, mais qui se sent libéré aujourd’hui. Un homme envoûtant qui, un peu malgré lui, a fait de ses causeries sa marque de fabrique. Cette image qui lui colle à la peau, réductrice selon lui, le coach, qui se définit comme identitaire, explique également comment il est parvenu à s’en défaire, après avoir enrichi sa palette tactique.
Interview
« Transmettre ma passion et mon énergie »
Damien, revenons sur tes débuts de joueur tout d’abord…
Après mes études de STAPS à Nancy, j’ai été muté à Péronne dans la Somme pour enseigner, et comme il y avait Saint-Quentin pas loin, j’y suis allé, je me suis entraîné avec eux et j’ai signé en Division 3 ! C’était vraiment une autre époque ! Le club venait de descendre de D2. Mais je n’ai jamais réussi à franchir ce palier, à jouer en pro. Pour moi, le franchir dans le rôle d’entraîneur, c’est un défi. C’est pour cela que je ne lâche rien. Il me manque ce statut d’entraîneur principal en Ligue 2, même si j’ai connu ce niveau, et aussi la L1, mais comme adjoint (de Laurent Batlles à Troyes). Mais cela n’a pas la même valeur. Quand tu es adjoint, tu accompagnes un projet, tu n’as pas les mêmes émotions.
A quel poste jouais-tu ?
J’étais meneur de jeu, milieu relayeur, mais il m’a manqué de l’agressivité, de la hargne, des choses que, paradoxalement, j’ai en tant qu’entraîneur. En fait, comme entraîneur, je suis exactement l’inverse de ce que j’étais joueur !
D’où vient cette envie d’être entraîneur de foot ?
C’est ma fibre, c’est ma passion des gens, des joueurs, c’est l’amour de transmettre. Mes défis, c’est ça : c’est réussir en misant sur le collectif, en associant des gens, une équipe, et mettre du ciment dans les briques que constituent l’effectif.
« Mon parcours, c’est ma richesse »
Comment as-tu basculé de professeur d’EPS à entraîneur de foot ?
D’abord, le sport, c’est ma passion. Quand j’ai arrêté ma carrière de joueur, je voulais rester dans ce milieu, parce que j’étais passionné par le foot. J’avais des facultés à pouvoir transmettre. J’ai toujours voulu transmettre ma passion et mon énergie.
Tu n’avais pas encore de plan de carrière ?
Aucun ! Même si entraîner était ma passion et même si j’avais cette fibre de transmettre, je ne savais pas où ça allait me mener. C’est pour ça que j’ai commencé avec des jeunes à Mulhouse, puis avec la réserve, puis avec la Une, puis je suis passé par une équipe de District, et ensuite il y a eu Colmar… J’ai touché un peu à toutes les catégories, 17 ans Nationaux, DH, N3, N2, National, mon parcours, c’est d’une richesse incroyable. J’y suis allé progressivement.
« Aller chercher des ressources insoupçonnées »
Tu es un entraîneur plutôt…
Je suis un entraîneur de transmission d’énergie, de valeurs. C’est ça qui me caractérise avant tout, au-delà de l’aspect purement tactique. J’arrive à faire que les joueurs se dépassent. J’aime vibrer. On est là aussi pour transmettre des émotions, c’est pour ça que ma référence, c’est Klopp : quelle énergie ! Je veux que mes équipes transpirent cette générosité, cette passion, cette hargne. C’est ça qui me motive. Je suis un coach qui ne lâche rien. Ce qui me caractérise aussi, c’est la résilience.
Justement, toute cette énergie, parviens-tu à la canaliser ? Toutes ces émotions, parviens-tu à les gérer, à ne pas te laisser déborder ?
Sur le terrain, je pense que je me canalise bien, je n’ai jamais été suspendu, j’ai toujours été respectueux. Après, ce qui me passionne, ce sont les causeries d’avant match : c’est là où je vais emmener les joueurs avec moi, où je vais les faire se dépasser, où je vais transmettre quelque chose. Je veux qu’ils aillent là où ils ne pensaient pas pouvoir aller. J’ai envie de ce football généreux, énergique. Je suis dans l’émotion. On apprend mieux dans l’émotion, on s’en sert pour aller chercher des ressources insoupçonnées. Pour moi, c’est ça le rôle de l’entraîneur.
« Je suis un entraîneur beaucoup plus complet aujourd’hui »
Mais on ne peut pas te résumer à un entraîneur uniquement bon en causeries ?
J’ai pris conscience que c’était ma force au début et c’est devenu parfois une faiblesse parce que les générations ont évolué et ont besoin de découvrir d’autres choses. C’est pour ça que la découverte de la Ligue 2 et de la Ligue 1 avec Laurent (Batlles) à Troyes m’a beaucoup apporté dans l’approche tactique notamment, qui certainement m’a manqué dans la première partie de ma carrière.
Maintenant, je pense être un entraîneur beaucoup plus complet. Parfois, j’ai l’impression que je dois me battre contre ça. Effectivement, c’est un souci, mais j’ai réussi à passer cette étape-là depuis mon passage à Troyes et aussi mon dernier passage à Avranches, parce que, peu de gens en parlent, mais la saison précédente, si on ne perd pas des points sur tapis vert, on est 6e… 6e ! Avec les moyens que l’on avait, avec le projet de jeu que l’on avait ficelé. Non, sincèrement, j’ai réussi à passer cette étape là.
« Je souffrais toujours du syndrome de l’imposteur »
Est-ce que cela signifie qu’avant, tu faisais un complexe ?
Oui. J’ai dû aller chercher ma légitimité et je l’ai obtenue grâce au BEPF et à cette aventure avec Laurent en L2 et en L1, parce que je souffrais toujours du syndrome de l’imposteur. J’étais le mec qui venait de nulle part. Je faisais des complexes. Je souffrais d’un manque de confiance en moi. C’est hyper paradoxal parce que de la confiance, j’en donnais aux autres. C’est sans doute pour ça que j’ai des difficultés à retrouver quelque chose, parce que ce côté singulier fait réfléchir les dirigeants.
Puisque l’on parle de « causeries », celle avec Avranches face au PSG en coupe (2017, 1/4 de finale) a tourné en boucle : as-tu conscience que beaucoup t’ont jugé là-dessus ?
Tout le monde parle de cette causerie parce qu’elle était filmée mais ce n’était pas la plus impactante. C’était une causerie parmi tant d’autres, sauf que là, on affrontait le PSG, donc elle a été médiatisée, et on a vu que je véhiculais des émotions. Au tour précédent, contre Strasbourg, j’étais complètement habité, la préparation du match avait été beaucoup plus intense et importante.
« Mon CV et ma singularité parlent pour moi »
Y a-t-il eu une erreur de casting dans ta carrière de coach ?
Pas une erreur mais une grosse déception : ma période à Bourg-en-Bresse, un club magnifique. J’aurais bien voulu m’y installer mais cela n’a duré qu’un an. J’ai mal évalué la difficulté d’un club qui descend de Ligue 2 en National. Je pensais que ça serait facile de remonter et cela ne l’a pas été. Sans avoir eu de véritables problèmes avec qui ce soit au club, je me suis rendu compte que je n’étais pas à ma place là-bas. Je suis déçu de ne pas y avoir réussi.
Le club où tu as failli signer ?
Aucun. Je n’ai jamais eu affaire à des agents jusqu’à présent, parce que j’ai toujours eu un coup de téléphone qui a fait que j’ai pu rebondir, et ça fait 20 ans maintenant… Bon, j’ai un agent, mais… On n’en parle pas (rires) ! Mais en moment, le téléphone ne sonne pas : ça ne m’affole pas, non, mais ça m’inquiète. Je suis conscient que la niche de clubs potentiels qui peuvent me correspondre n’est pas énorme. Mon CV et ma singularité parlent pour moi, par contre, pas ma communication parce que je me mets rarement en valeur, je ne suis pas quelqu’un qui va sur les réseaux sociaux ou qui entretient mon image, et peut-être que ça me joue des tours.
« Tout ce que j’ai vécu, c’est d’une richesse incroyable »
Ton meilleur souvenir sportif ?
J’en ai beaucoup ! Mon quart de finale contre le PSG en coupe de France (2017) et aussi le fait d’avoir éliminé le RC Strasbourg au tour précédent, parce que c’était particulier pour moi, c’était quelque chose de grandiose, il y avait une certaine émotion. Il y a eu aussi toute mon aventure aux SR Colmar, avec cette accession en National (en 2010) et ces cinq saisons qui ont suivi (2010 à 2015) : je suis un entraîneur très identitaire et je me suis retrouvé dans cet esprit colmarien, alsacien. J’étais très imprégné de ce club là. Dans les bons souvenirs, il y a aussi l’obtention de mon BEPF, pour moi qui venait de nulle part. J’ai toujours franchi des étapes, progressé, à force de travail, alors, être accepté à ce diplôme, ne pas avoir lâché, c’est sans doute ma plus belle fierté. Tout ce que j’ai vécu, c’est d’une richesse incroyable. En fait, mes meilleurs souvenirs, c’est tout ce que j’ai vécu.
Ton pire souvenir sportif ?
Le limogeage de Colmar. Pour être un bon entraîneur, dit-on, il faut avoir été viré une fois. Effectivement, cela a été la fin du monde au début mais finalement, ce fut un mal pour un bien puisque j’ai découvert d’autres horizons, d’autres méthodes de travail, et j’ai enrichi mon CV, je me suis enrichi de plein d ‘expériences, Avranches, Bourg, Troyes… Là aussi, je me dis que ce n’est pas la fin de la route, il va forcément se passer quelque chose, même si je me rends compte que c’est difficile de rebondir.
Colmar, c’était ton premier limogeage ?
Oui, au bout de sept saisons, ça s’est mal terminé sur la fin. Finalement, j’ai trouvé un parallèle avec Avranches où il y a eu une longue période aussi dans ce club, et il y a eu ce mois de mars, comme à Colmar… Deux clubs ont paniqué, et voilà. C’est cruel, tout de même, en fin de saison, comme ça, surtout que je n’ai toujours pas les explications.
« On ne peut jamais bien digérer un limogeage »
Le départ d’Avranches, en mars dernier, c’est digéré ?
Non. On ne peut jamais bien digérer un limogeage comme ça. Il y a deux sentiments : l’ego en prend un coup et je dois forcément faire un constat d’échec, car des choses n’ont pas fonctionné. Et il y a aussi un sentiment de soulagement, celui d’être sorti de cette atmosphère de travail négative et de cette relation toxique que j’avais avec le directeur sportif (Xavier Gravelaine, Ndlr).
Et Colmar ?
Colmar, ce sont mes racines, c’est ancré en moi, j’avais du sang vert qui coulait dans mes veines, pas seulement parce que le club jouait en vert, mais parce que j’avais cette fibre alsacienne. J’agis beaucoup sur le développement d’une énergie, d’une âme, sur ce sentiment d’appartenance, et Colmar, c’était ça, c’était moi et je m’y retrouvais. La cicatrice ne s’est jamais refermée, alors qu’avec Avranches, je vais passer à autre chose. Ce que j’appréciais beaucoup à Avranches, c’était ma relation avec mon président Gilbert Guérin (décédé en octobre dernier), cette amitié profonde qui dépassait le cadre sportif.
Voir Colmar qui redescend en National 3, même s’il peut y avoir un repêchage, ça te fait quoi ?
j’ai encore quelques relations là-bas, mais les amis que j’ y avais n’y sont plus. C’est un club alsacien mais je ne suis plus du tout concerné par leur projet.
« La fidélité a disparu à Avranches »
Pourquoi est-ce que Mulhouse n’y arrive pas ?
C’est un problème d’hommes. Il n’y a jamais eu les bonnes personnes. Les projets n’ont jamais été bien portés. Le club n’a pas été bien géré. Et j’ai l’impression aussi que le sport à Mulhouse n’est pas considéré par la municipalité : tous les sports de haut niveau y ont disparu. Quand j’y étais, j’avais une relation paternelle avec Joseph Klifa, le président. La situation de Mulhouse m’attriste. Ce club a toujours vécu dans le passé et a été géré par des hommes du passé, qui ne donnait pas trop la confiance à des jeunes.
C’est quoi les valeurs de l’Alsace dont tu parlais ?
Ce sont des valeurs de travail, de rigueur, de fidélité, des valeurs que parfois on oublie comme l’humilité. Des valeurs de résilience qui me correspondent. Mon projet de jeu est basé sur ça, sur ces valeurs essentielles d’authenticité, de générosité, d’humilité, d’unité. Sans ça, je ne peux pas fonctionner. Colmar était un vrai bon club, identitaire, on jouait comme on pensait. Je n’ai pas pu le faire autant à Avranches, parce que je n’étais pas de là-bas, même si Gilbert (Guérin) avait ces valeurs-là, notamment de fidélité. Malheureusement, la fidélité a disparu avec la nouvelle direction.
Tu veux dire que Gilbert Guérin ne t’aurait pas limogé ?
On ne sait pas, mais en tout cas, cela ne se serait jamais passé comme ça. Je ne veux pas en rajouter.
« Après Avranches, j’ai reçu des messages magnifiques »
La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Toutes les saisons où on s’est maintenu. J’ai toujours entraîné des clubs programmés pour jouer le maintien, à petits budgets, donc ce sont mes 11 saisons de maintien.
Serais-tu prêt à aller en N2, un championnat qui va prendre une grosse dimension sportive ?
Je m’accorde une saison. Je préfère attendre un coup de fil pour la reprise, sinon on verra s’il y a des clubs en difficulté. Si je n’ai rien, j’attendrai un an et à ce moment là, je serai à l’écoute aussi des clubs de N2 et N3. Mais pas pour le moment.
Comment juges-tu l’évolution du National par rapport à tes débuts en 2010 ?
Avant, le jeu de transition et la maîtrise d’un jeu de contre efficace suffisaient, mais aujourd’hui, il faut maîtriser le jeu de possession, le jeu placé, les sorties de balles, etc. J’essaie de faire ce « mix » entre les deux. Le foot est influencé par les années Guardiola et il n’y a pratiquement plus que ça; quand tu discutes avec les joueurs, ils te disent qu’ils savent faire beaucoup de choses quand ils ont la balle, mais pas quand ils ne l’ont pas. Donc pour faire des efforts, quand ils n’ont pas le ballon, ça devient beaucoup plus difficile.
Le meilleur joueur entraîné ?
Sur le plan de la carrière c’est Jonathan Clauss, sinon, ce sont surtout des joueurs créatifs, comme Mehdi Boussaïd récemment à Avranches, Cédric Faivre que j’ai eu à Colmar, Jéremy Grimm, des joueurs qui me correspondaient, Salem Mezriche à Colmar, Victor Daguin à Avranches, et aussi Formose Mendy, un leader.
Des amis dans le foot ?
J’ai beaucoup de relations très très amicales avec de nombreux entraîneurs. Je me suis rarement embrouillé avec un coach. Suite à mon éviction d’Avranches, j’ai reçu des messages qui m’ont magnifiquement surpris, même de la part de coachs que je ne connais pas très bien, ça m’a fait chaud au coeur. Et puis il y a mes collègues du BEPF avec lesquels on a crée des liens incroyables, on a un groupe WhatsApp; récemment, j’étais avec l’un d’eux à Pau, avec Nico (Usai), qui était dans la même promotion. Tous, on s’entendait à merveille.
« Affronter Strasbourg a toujours été un défi »
Tes idoles de jeunesse ?
Les Verts de 76 m’ont marqué. Rocheteau, c’était mon idole absolu. Et puis il y a eu le RC Strasbourg de 1979 (champion de France) qui a définitivement acté ma passion pour le foot.
Tu es plutôt Strasbourg, Nancy ou Sochaux ?
Strasbourg ! J’ai la fibre alsacienne. J’aime bien Nancy parce que j’y ai fait mes études, et Sochaux parce géographiquement, c’était plus proche de Saint-Louis, où j’habitais. Mais c’est le Racing qui m’a fait vivre mes plus belles émotions.
Cela a dû te faire quelque chose à chaque fois que tu as affronté le RC Strasbourg…
Oui, quand on les élimine en coupe avec Avranches, et aussi, j’ai un souvenir avec Colmar, en National, quand on gagne à La Meinau, alors que l’on perdait 1 à 0 à la pause. J’avais pété une durite, j’avais changé 3 joueurs et on avait gagné 2-1 ! Quel souvenir ! En fait, affronter Strasbourg, ça a toujours été un défi pour moi; je voulais leur montrer que j’existais.
« J’ai une inspiration débordante »
Tes passions en dehors du foot et de la famille ?
Le vélo, ça permet d’évacuer, de réfléchir. C’est une source d’inspiration exceptionnelle, un échappatoire, on a en besoin quand on est entraîneur. Toutes mes causeries viennent du vélo, elles sont préparées mais aussi intuitives. Il faut que ça vienne du coeur, de mes tripes. Le vélo m’aère, me stimule. J’ai une inspiration débordante. Quand j’en fait, je suis libéré. Je roule tous les jours au moins une heure et je fais une grosse sortie une fois par semaine. C’est chronophage mais j’en ai besoin pour mon équilibre professionnel et familial.
Pourrais-tu de nouveau occuper ce rôle d’adjoint, comme à Troyes ?
J’avais accepté ce poste parce qu’à l’époque je devais apprendre encore beaucoup de choses. Je l’ai fait dans un souci d’apprentissage, de progression. Là, maintenant, même s’il ne faut jamais dire jamais, ce n’est plus mon objectif. Je pense que j’ai plus à donner en tant que numéro 1. Mais à Troyes, j’ai trouvé ma place, j’ai appris des choses avec Laurent (Batlles), il y avait une relation de confiance et d’échanges, on a passé des supers moments, il me donnait des responsabilités, j’existais, j’avais l’impression de lui apporter quelque chose également. J’ai apprécié travailler avec lui et le reste du staff, on était devenu une vraie famille.
« Ce sont les relations humaines qui me guident »
Sur ton CV, il est indiqué que tu as entraîné à Village-Neuf (2002-2004) …
(Large sourire) C’est mon village, à côté de Saint-Louis ! Quand Mulhouse ne m’a pas conservé, je me suis demandé pourquoi ils ne me faisaient plus confiance alors je me suis lancé un défi. J’ai décidé d’aller dans le club de mon village, en District, pour essayer de transmettre ce que je savais, en essayant d’adapter mon discours à des joueurs de division 7 ou 8, dont le football n’était pas leur métier. C’était mon défi. On avait vécu une aventure humaine exceptionnelle. Les joueurs avaient adhéré. J’ai encore des contacts avec des joueurs de l’époque, d’ailleurs, l’un d’eux m’a invité récemment à manger chez lui ! Je suis resté deux ans à Village-Neuf et Mulhouse est revenu me rechercher en me disant « Viens nous aider »… « Donc maintenant, je viens vous aider, alors qu’avant j’étais un moins que rien ? » J’ai accepté, c’était une fierté qu’ils me rappellent, « Ah tiens enfin un peu de reconnaissance »… Le club était descendu entre-temps, je me suis mis un challenge personnel et on est monté de N3 en N2, là encore en adaptant mon discours. Ensuite, j’ai fait la même chose à Colmar, en passant de National 2 en National, avec ce défi de toujours faire progresser les joueurs et moi-même aussi. Village-Neuf, c’est de là que tout est parti en fait. Ma maman y habite encore. Les relations humaines y étaient incroyables, ce sont elles qui me guident.
Peut-on coacher en Ligue 1 ou Ligue 2 comme en National ?
Il y a des tas de codes et des principes à respecter en L1 et L2, mais sinon, c’est pareil. Il ne faut pas traiter le joueur en fonction de son statut; ce qui ma toujours guidé, c’est la méritocratie. En L1/L2, peut-être que, parfois, c’est moins évident. Ce qui est sûr, c’est que le binôme coach-président-directeur sportif doit fonctionner.
Un dicton ?
Oui, il y a en a un qui m’a toujours aidé orienté, c’est : « On ne transmet pas ce que l’on sait, on transmet ce que l’on est ».
Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr
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