Coupe de France : Nicolas Cloarec (Plabennec), le spécialiste

L’entraîneur de Plabennec (National 3) disputera samedi face à Grenoble (L2) un 16e de finale, le dixième de sa carrière ! Le Breton ouvre son livre de souvenirs et dévoile la recette !

Lorient, Clermont, Concarneau, La Montagne et Plabennec ne l’avaient pas attendu pour réussir de (très) jolis parcours en Coupe de France ! Mais Nicolas Cloarec, comme joueur à Lorient et à Clermont, puis comme entraîneur à Concarneau, la Montagne et Plabennec, a connu les grands frissons des exploits à répétition. Et l’aventure continue à Plabennec (N3) qui reçoit Grenoble (L2) samedi en 16es de finale. Le dixième 16e de « Nico »! Rencontre avec un spécialiste de la Coupe de France.

Nicolas Cloarec, le joueur

Il n’était pas sur le terrain pour la finale et la demi-finale mais le trophée figure à son palmarès : Nicolas Cloarec a gagné la Coupe de France avec le FC Lorient (L1) en 2002 contre le SC Bastia (1-0). Et en 2005, après avoir sorti Lyon en 8e de finale (1-1, 4-3 aux tab), il est allé jusqu’en quarts de finale, à Monaco (1-0), avec le Clermont Foot (L2), qui avait déjà connu un quart de finale, en 1997, contre Nice (1-2), après avoir éliminé le PSG (4-4) aux tirs au but (4-3) en 8es de finale.

Nicolas Cloarec, l’entraîneur

Photo Philippe Le Brech

Son intronisation au poste d’entraîneur de l’équipe A de l’US Concarneau (CFA 2), en 2009, a précédé de quelques mois l’élimination du FC Nantes (L2) à Guy-Piriou (3-0 ) ! Ce n’était qu’un 7e tour, avant l’élimination au 8e tour à… Plabennec (2-0), mais c’était déjà un exploit qui en appellera d’autres après la montée en CFA : quatre 16es de finale quasi à suivre, contre Guingamp (L1) en 2014 (élimination 2-3 après prolongation), Dijon (L2) en 2015 (qualification 1-0), Troyes (L1) en 2016 (élimination 1-3), et Granville (N2) en 2018 (élimination 3-2 après prolongation). L’US Concarneau avait déjà connu deux 16es de finale de Coupe de France (Brest en 1982 et Limoges en 1986), mais Nicolas Cloarec va exploser le record en menant ses troupes jusqu’en quarts, en 2015, lors d’un final héroïque, au Moustoir à Lorient, contre Guingamp (L1, à nouveau élimination 1-2).

A l’US Montagnarde (R1), où deux équipes de National (le Stade Briochin et… l’US Concarneau) sont tombées aux tirs au but en 2020-21, le natif de Concarneau a pris la suite de Pierrick Le Bert et accroché un nouveau 16e de finale, contre Saumur (N3) : 3-3, élimination aux tirs au but… Le record du club (deux 8es de finale contre Rouen en 1999 et contre Monaco en 2002) n’était pas loin. A Plabennec (N3) depuis le début de cette saison, Nicolas Cloarec (il est titulaire du BEPF) approche désormais aussi le record de son nouveau club qui, lors de son épopée de 2009-10, avait poussé le curseur jusqu’en 8e de finale (élimination 4-0 à Auxerre) après avoir sorti deux équipes de Ligue 1 : Nice en 32es (2-1) et Nancy en 16es (0-2). Si, à l’occasion de son dixième 16e de finale, ce samedi, le Breton (45 ans) égale le record plabennécois en éliminant Grenoble (L2), il visera ensuite celui qu’il détient avec Concarneau.

C’est quoi le truc en plus en coupe ?

A la question « c’est quoi le truc en plus en Coupe de France », Nicolas Cloarec explique son expérience personnelle. « Quand tu es joueur, en coupe, il y a un cap à passer, et souvent c’est l’envie de ne pas avoir la honte de te faire sortir par une équipe inférieure qui te booste. Quand tu as connu ça, pas seulement des éliminations, mais des humiliations, et pour moi c’était en 2007 à Scaër (DHR, l’équivalent de la R3), au 4e tour avec l’US Concarneau (CFA 2 = N3), et que tu deviens ensuite coach, c’est cette envie, cette force pour ne pas revivre ça, et pour te mettre à la place du petit, que tu dois transmettre à tes joueurs. Il a fallu détester perdre ces matchs pour adorer les gagner ». Et contre les clubs hiérarchiquement supérieurs ? La réponse de Jacques Piriou, le président de l’US Concarneau : « Notre ancien entraîneur, Nicolas Cloarec, est très très fort pour ça dans ses causeries d’avant-match ».

« L’histoire de Plabennec en coupe doit nous pousser ! »

Son dixième 16e de finale !

VAINQUEUR FINAL AVEC LORIENT (L1). « Pour moi, 2001, c’est une année particulière, je viens de perdre mon père en août, je suis meurtri, Christian Gourcuff, qui me donnait beaucoup de temps de jeu, est parti, Angel Marcos est arrivé, je joue moins alors que c’est ça qui m’aurait fait du bien. J’avais pris la décision de partir, mais c’est là qu’ Yvon Pouliquen arrive et décide de garder tout le monde. Il y a le maintien à essayer d’aller chercher, la Coupe de la Ligue, la Coupe de France, quand on est dedans, on lutte. En Coupe de France, je n’ai joué ni la finale ni la demi-finale mais j’étais dans les tribunes au stade de France. C’était fantastique. C’est là que, trois semaines plus tôt, on venait de perdre en finale de la Coupe de la Ligue contre Bordeaux (3-0), et c’est pour ça qu’on a gagné la finale de la Coupe de France contre le SC Bastia (1-0). On avait identifié le truc, on s’était familiarisé avec le stade de France. Bastia perd contre nous pour les mêmes raisons qu’on avait perdu contre Bordeaux ».

1/4 DE FINALE AVEC CLERMONT-FOOT (L2). « J’ai connu trois belles saisons à Clermont mais la première a été difficile car j’arrive seul. C’est à Clermont que j’ai connu ma femme (Béatrice Osty, la championne de cross -country, qui a repris une pharmacie à Clohars-Carnoët, dans le Sud-Finistère, en 2009). Au début, j’ai poussé un corps qui n’était pas prêt à lutter et j’ai accumulé beaucoup de pépins musculaires. Les deux autres saisons, c’est mieux. Et il y a ce parcours en Coupe de France pour finir en 2005. En 32es, on se qualifie aux tirs au but sur synthétique à Vesoul (CFA), après on élimine le Sporting Toulon Var (CFA). Et il y a surtout la qualification en 8es de finale aux tirs au but contre Lyon (1-1, 4-3 aux tab). Et après, on sort en quarts à Monaco (défaite 1-0). Là, c’est vraiment la Coupe de France. Ici ça ressemble plutôt souvent à la Coupe de Bretagne ».

Christian Rose Cornouaille Photo

JUSQU’EN 1/4 AVEC CONCARNEAU (CFA). « Les trois premiers 16es à Concarneau, contre Guingamp (L1) en 2014 (défaite 2-3, ap), contre Dijon (L2) en 2015 (victoire 1-0), et contre Troyes (L1) en 2016 (défaite 1-3), alors qu’on est en CFA (N2), l’objectif, en plus de la qualification, c’est de mettre dans la tête des joueurs, à travers ces matchs, que l’on peut aller chercher le National. On y arrive en 2016, et derrière, en 2018, on perd le quatrième 16e à Granville (N2) qui venait d’éliminer Bordeaux (L1). On était alors plus centré sur l’objectif maintien, c’était la priorité. Il y a bien sûr eu aussi le quart de finale contre Guingamp (L1) à Lorient, en 2015 (défaite 1-2), mais le plus beau match de coupe, sous la casaque concarnoise, c’est la première rencontre contre Guingamp en 2014. Il y a tout de ce que représente la coupe dans ce match. Il y a un temps de merde, il pleut, il fait froid, le terrain est lourd, et le stade déborde tellement il est plein. Je me rappelle être sorti des vestiaires et voir de la fumée qui s’élevait du public. C’était la chaleur humaine. Comme je savais que le terrain allait se dégrader, j’avais choisi de garder Killian Gargam et Stephen Quemper sur le banc et de les faire rentrer façon dragsters. Et Killian nous met deux buts : une frappe digne de la Champions League et une tête qui nous met en transes car on mène durant la prolongation. Finalement, on est éliminé 3 à 2 mais le scénario était incroyable ».

Photo Philippe Le Brech

JUSQU’EN 16ES AVEC L’US MONTAGNARDE (R1). « C’est Pierrick Le Bert qui a commencé cette aventure de la Coupe 2020-21, au poste de coach, avec la Montagne. Moi je n’ai pris que le train en marche et il était sur les bons rails jusqu’aux 16es de finale. Après avoir sorti deux équipes de National aux tirs au but, l’US Concarneau (5e tour) et le Stade Briochin (32es de finale), plus Dinan-Léhon (N3) au 8e tour (1-0), aller à Saumur, c’était le tirage que l’on craignait. C’est à l’extérieur et contre un adversaire qui est sur une bonne dynamique en championnat de N3. On fait match nul (3-3) et on perd aux tirs au but (4-3), mais même si on passe ce n’est pas un exploit. En coupe, à ce niveau, ce que l’on espère c’est aller assez loin pour se frotter aux pros et, au pire, sortir avec les honneurs ».

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JUSQU’EN 16ES (POUR L’INSTANT) AVEC PLABENNEC (N3). A l’occasion de Plabennec (N3) – Grenoble (L2), samedi prochain (18h), Nicolas Cloarec va donc connaître le dixième 16e de finale de sa carrière de joueur et d’entraîneur. Le nouveau coach de Plabennec pourrait en profiter pour égaler le record du club (8e de finale à Auxerre en 2010)… « Sur un malentendu, on prend. C’est chez nous, dans un stade plein, et Grenoble peut avoir la tête à sa course à l’accession en Ligue 1. En tout cas, le calendrier de Ligue 2 nous a offert la chance de pouvoir aller superviser l’adversaire à Guingamp (vendredi dernier). On n’est pas au mieux en championnat mais la coupe et l’histoire de Plabennec doivent nous pousser. Pour moi, Plab’ a été un très grand club de National en coupe et, avec Jérémy Pinvidic, on a dans notre équipe le dernier très grand joueur amateur en activité en Bretagne. Jérémy c’est 15 ans à Plab’, trois 16es de finale avec le club (Nancy, Lille et Cannes), un 8e de finale (à Auxerre), cinq matchs de coupe contre des pros de Ligue 1 ! C’est ce que je vais dire à mes gars dans les vestiaires et ça doit leur mettre la bave aux lèvres. S’ils n’ont pas envie de jouer ce genre de match, il faut qu’ils aillent faire autre chose ».

Nicolas Cloarec du tac au tac

« La frappe de Gargam avait retourné le stade à Concarneau »

Sur le banc de l’AS Vitré. Photo Philippe Le Brech

Votre plus belle qualification en Coupe de France ?
Contre Lyon avec Clermont en 1/8e de finale en 2004-05 (1-1, 4-3 aux tab).

L’élimination la plus dure ?
A Scaër (4e tour), comme joueur, en 2007, avec l’US Concarneau.

La plus grande émotion ?
Le 16e de finale avec Concarneau contre Guingamp (L1), dans un stade Guy-Piriou plein comme un oeuf (6200 spectateurs). C’est une élimination (2-3, ap) mais il y avait tout dans ce match.

La plus grande fierté ?
Avoir gagné la Coupe de France avec Lorient.

Le match de Coupe de France que vous voudriez refaire ?
Scaër (DHR) – Concarneau (CFA 2) : 3-1. Une humiliation après laquelle j’ai décidé d’arrêter de jouer au foot. J’arrivais à un carrefour et c’est l’élément déclencheur.

Votre plus grande troisième mi-temps après une qualification ?
Sûrement dans les années concarnoises. Mais il y en avait eu aussi une belle à Clermont… A tel point que l’on avait été bien soulagé quand on avait appris que le match suivant était reporté.

Votre plus grand coup de gueule en Coupe de France ?
Sûrement à la mi-temps d’un match où tu sens que ton équipe va au tas.

Votre joueur le plus marquant en Coupe de France ?
Le plus fort, quand je jouais, Seydou Keita, et le plus talentueux, Pascal Feindouno. Tous les deux à Lorient. Et en tant qu’entraîneur, à Concarneau, Christophe Gourmelon, devant, pour ses qualités de tueur devant le but, et derrière, Guillaume Jannez, pour ses qualités pour défendre son but.

Le plus beau but marqué ?
La frappe de Killian Gargam qui retourne le stade Guy-Priou en 16es de finale contre Guingamp (L1) en 2014 à Concarneau (2-3, ap).

Le pire but encaissé ?
Avec Concarneau (CFA) en 2015, le premier but de Guingamp (L1), en quarts de finale au Moustoir à Lorient (1-2), alors qu’on était bien dans le match.

Sur le banc de l’AS Vitré. Photo Philippe Le Brech

Le plus bel arrêt de gardien ?
Avec Concarneau aussi, avant ce quart de finale contre Guingamp, le péno qu’Ivan Seznec arrête lors de la séance des tirs au but à Croix (0-0, 1-4 aux tab). Une panenka. Je vois encore sa main qui va chercher le ballon.

Le plus beau stade en Coupe de France ?
Comme joueur, le Stade de France, et comme entraîneur, le stade Guy-Piriou à Concarneau.

Le plus beau déplacement ?
A Croix avec Concarneau. Le premier déplacement en avion privé : 15 000 € pour vingt personnes. Il ne faut pas avoir la main qui tremble pour signer le chèque.

L’avant-match le plus problématique ?
Je ne sais pas mais s’il y a quelque chose qui cloche dans l’organisation avant le match c’est sûrement la faute de Marcel (Marzin), comme on disait en rigolant à Concarneau.

L’après-match le plus jouissif ?
Croix. C’était tellement particulier. C’est un match que l’on ne pouvait pas gagner et que l’on a réussi à ne pas perdre pour aller aux tirs au but et se qualifier. Et derrière, il y a un quart de finale quand même.

La plus grosse prime en Coupe de France ?
Pas une prime de match, une prime pour un parcours. A Lorient, le président Jégouzo avait décidé de diviser en deux la dotation Coupe de France. Une moitié pour le club, l’autre pour les joueurs, en répartissant au prorata du nombre du matchs joués.

Le plus beau message d’encouragement avant un match de Coupe de France ?
Loïc Féry, le président du FC Lorient, avant notre 16e de finale avec la Montagne à Saumur (2021). Pour un club de R1 à l’époque, c’est beau.

Et le plus beau message de félicitations ?
Didier Deschamps, après la qualification pour les 16es de finale de Concarneau (CFA) à Poissy, en 2014. Jacques Piriou, le président, m’avait lu le texto qu’il avait reçu.

Votre joueur, actuel ou ancien, qui serait dans votre équipe-type en Coupe de France ?
On a beaucoup parlé de Concarneau, et pour Plabennec je ne sais pas encore, donc le duo Barry-Tison à la Montagne. Parfaits tous les deux pour relayer le coach sur le terrain.

Une anecdote en Coupe de France ?
La causerie d’avant-match d’Yvon Pouliquen à Paris (0-1), en quarts de finale, l’année où on gagne la Coupe (2002) avec Lorient. Il nous avait expliqué que la priorité était à la tentative de maintien en Ligue 1, et qu’en raison aussi de l’absence de joueurs retenus par la Coupe d’Afrique, il avait convoqué une équipe de seconds couteaux dont je faisais partie. Il avait gagné le match à la causerie.

Samedi 21 janvier 2022, 16e de finale de la coupe de France : Stade Plabennécois (N3) – Grenoble Foot 38 (Ligue 2), à 18h, au stade de Kervéguen.

Textes : Denis VERGOS / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr / Twitter : @2nivergos

Photos de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech et Christian Rose Cornouaille Photo